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Bilan à mi parcours du Plan de restauration et de ... - Ferus

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Concertation 54 – La concertation aurait pu être meilleureIl s’agit d’abord d’une faillite <strong>de</strong>s instances banales où <strong>de</strong>vraient être exa<strong>mi</strong>nées les interventionssur la faune sauvage, réintro<strong>du</strong>ctions ou renforcements compris. En France, dans le domaine <strong>de</strong>la nature <strong>et</strong> <strong>de</strong> la biodiversité, on s’est ingénié <strong>à</strong> créer <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> fausse concertation, conseilsdépartementaux dits “<strong>de</strong> la chasse <strong>et</strong> <strong>de</strong> la faune sauvage” <strong>à</strong> n<strong>et</strong>te do<strong>mi</strong>nante cynégétique, conseilsrégionaux <strong>du</strong> patrimoine naturel qui sont plus le havre <strong>de</strong>s protecteurs. Les co<strong>mi</strong>tés <strong>de</strong> massifssont celui <strong>de</strong>s élus <strong>et</strong> n’ont pas vocation <strong>à</strong> débattre sereinement <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s concernant la nature.Il n’existe nulle part <strong>de</strong> lieux qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> véritables échanges, <strong>à</strong> égalité <strong>de</strong>s partenaires, <strong>et</strong>favorise l’émergence d’une culture partagée.Il faut donc pour chaque programme inventer une nouvelle forme <strong>de</strong> concertation, <strong>et</strong> la <strong>mi</strong>se enplace <strong>de</strong> ses canaux <strong>de</strong>vient aussitôt un enjeu. Les partisans <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> commencent la phase <strong>de</strong>concertation avec un gros avantage puisqu’ils en connaissent les détails techniques, <strong>et</strong> ont prévu<strong>de</strong>s réponses <strong>à</strong> la plupart <strong>de</strong>s objections. Les adversaires qui ne sont pas toujours i<strong>de</strong>ntifiés audébut se sentent attirés sur un terrain qui ne leur est pas favorable, ils se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt si le fait <strong>de</strong>dialoguer ne sera pas interprété par leur “base” comme un aveu <strong>de</strong> résignation <strong>et</strong> d’acceptation <strong>du</strong>proj<strong>et</strong>. Au <strong>mi</strong>eux ils participent <strong>à</strong> quelques rencontres pour exposer leurs objections au proj<strong>et</strong>, aupire ils boycottent.Il n’est pas faux que la concertation aurait pu être bien meilleure en 2005 <strong>et</strong> 2006, en fait elleaurait <strong>du</strong> commencer après les pre<strong>mi</strong>ers lâchers “expérimentaux” <strong>de</strong> 1996-1997. Aucun <strong>mi</strong>nistreavant Serge Lepeltier n’a pris le risque <strong>de</strong> tirer calmement les enseignements <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te expérience,d’organiser <strong>de</strong>s discussions locales. La mort <strong>de</strong> Cannelle a déclenché un processus marqué <strong>du</strong> sceau<strong>de</strong> l’urgence, il ne s’agissait plus <strong>de</strong> débattre <strong>du</strong> principe mais <strong>de</strong>s modalités d’un renforcement <strong>de</strong>s<strong>de</strong>rniers ours survivants.Cela dit, il est particulièrement difficile <strong>de</strong> nouer un véritable dialogue s’agissant <strong>de</strong> l’ours dansles Pyrénées. Ce qui se dit dans les bureaux officiels d’une ad<strong>mi</strong>nistration traditionnellementapprochée avec méfiance n’a pas grand chose <strong>à</strong> voir avec ce qui se pense <strong>et</strong> se fait sur le terrain. Onaméliorera sûrement les apparences <strong>du</strong> débat, on ne parviendra probablement pas <strong>à</strong> une embelliespectaculaire. Les plus gros progrès se feront sans doute lors <strong>de</strong> contacts d’homme <strong>à</strong> homme, auplus près <strong>de</strong>s réalités locales, ce qui implique un savoir faire, une patience, <strong>de</strong>s moyens humainsdont ne dispose pas <strong>à</strong> ce jour l’ad<strong>mi</strong>nistration française qui travaille surtout par contacts avec lesporte-paroles <strong>de</strong>s principaux groupesconstitués.Le fonds d’écran <strong>de</strong>vant lequel se déroule plus ou moins bien la concertation n’est pas défavorable,puisque l’opinion publique est très largement pour la présence d’ours dans les Pyrénées. Mais ils’agit d’une majorité silencieuse, qui n’est ni prête <strong>à</strong> se mobiliser, ni disposée <strong>à</strong> prendre <strong>de</strong>s risquespour afficher ses préférences.L’opposition <strong>à</strong> l’ours s’est structurée <strong>et</strong> a constitué un bon réseau <strong>de</strong> relais politiques <strong>et</strong> médiatiques.Elle bénéficie <strong>de</strong> lobbyistes efficaces, qui emploient les rec<strong>et</strong>tes qui ont valu <strong>de</strong>s succès aumouvement “Chasse, Pêche, Nature <strong>et</strong> Tradition”.Nous sommes très favorables <strong>à</strong> la création d’instances permanentes <strong>de</strong> concertation <strong>et</strong> d’examenobjectif <strong>de</strong>s faits ainsi que <strong>de</strong>s arguments <strong>de</strong>s uns <strong>et</strong> <strong>de</strong>s autres, <strong>à</strong> l’instar <strong>de</strong> ce qui fonctionne pourle loup : groupe national (qui peut se réunir <strong>à</strong> Toulouse) <strong>et</strong> groupes départementaux. On a d’ailleursvu dans le rappel historique que ce ne serait pas une nouveauté sur ce dossier.Reste <strong>à</strong> espérer que ceux qui veulent imposer “pas d’ours” comme issue au débat n’opteront nipour la chaise vi<strong>de</strong>, ni pour la porte qu’on claque au bout <strong>de</strong> quelques séances. Les éleveurs alpinsne seraient sans doute pas mécontents si le loup disparaissait comme il est venu, mais ça ne lesempêche pas <strong>de</strong> siéger <strong>et</strong> <strong>de</strong> dialoguer sans abandonner leurs convictions profon<strong>de</strong>s.Les maîtres-mots <strong>de</strong> la concertation pour l’avenir doivent être «éviter les grand messes» <strong>et</strong> surtout«ne rien cacher». Sur ce <strong>de</strong>rnier point d’ailleurs l’ad<strong>mi</strong>nistration n’a pas failli volontairement dansle dossier <strong>de</strong> l’ours (au contraire, puisque nous lui reprochons <strong>de</strong> trop en dire sur la localisation <strong>de</strong>certains animaux), mais elle ne communique pas bien, c’est structurel, <strong>et</strong> elle <strong>de</strong>vrait davantages’appuyer sur <strong>de</strong>s organismes privés pour faire passer bien plus <strong>de</strong> messages au grand public, auxgroupes constitués <strong>et</strong> aux médias, <strong>et</strong> ne pas abandonner le terrain aux anti-ours.

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