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laresponsabilit é desgouvernantsn° 9 2 - Pouvoirs

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C H R I S T I A N B I D É G A R A Y6porte sa part de vérité. Pendant longtemps, en effet, le prince n’a rendude comptes qu’à Dieu, laissant les ministres, tel Rémy d’Orque, payerà leur place pour des fautes qu’ils n’avaient souvent pas commises.Héritage de ces temps magico-religieux, l’irresponsabilité du chef del’État est encore aujourd’hui un principe intangible malgré la conversiondes régimes à la démocratie, excepté les cas, rarissimes, de haute trahisonou crime considérable… comme le fait d’avoir été renversé par unerévolution, battu militairement ou pris la main dans le sac. Le principede responsabilité ne concerne donc le plus souvent que les gouvernementset c’est en Angleterre qu’il s’est peu à peu affirmé par transformationde procédures pénales souvent arbitraires en règles coutumièresdu régime représentatif, puis parlementaire et démocratique.D’abord, la responsabilité n’y a été que pénale et selon deux modalitésdiscutables : le Bill of attainder et l’impeachment. Sorte de jugementpénal en forme législative inventé au XVI e siècle, le Bill of attainder a permisà Henri VIII et à Élisabeth I re qui dominaient encore leur Parlementde lui faire prendre des lois contre leurs adversaires en les privant de toutegarantie car ces textes pouvaient rétroagir et requalifier des faits pourmieux les sanctionner. Plus tard, quand le Parlement s’est rebellé contrele monarque et s’est emparé du pouvoir, les Bills of attainder ont étéabandonnés au profit d’une procédure judiciaire médiévale, l’impeachment,sortie des oubliettes parce qu’elle réservait l’initiative des poursuitesà la Chambre des Communes et lui permettait ainsi de s’attaqueren toute légalité aux favoris et aux agents du roi 2 avant de s’en prendreau monarque lui-même 3 . De pénal et individuel, le principe est ensuitedevenu politique et collectif. « Mieux vaut démission que décollation ! »se sont dit Walpole en 1742, puis Lord North et ses ministres en 1782.Ces précédents firent jurisprudence et la simple menace d’impeachmentfinit par entraîner la démission ministérielle, et la disparition par désuétudede cette procédure pénale.Mais la responsabilité politique n’avait encore rien de démocratique.De mauvais procédé de basse justice, elle était devenue une règlecoutumière du gouvernement représentatif anglais dont la nature aristocratiqueet ploutocratique est bien connue. Aussi eut-elle quelque malà s’acclimater hors d’Angleterre. Tout en maintenant la procédured’impeachment pour les cas exceptionnels de « trahison, corruption et2. Francis Bacon, le duc de Buckingham, Laud, Strafford.3. Charles I er Stuart a été décapité le 30 janvier 1649.

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