Le taxi, solution d’avenir pour les mobilités urbainesColloque international IVM, Lisbonne, 20-21 sept. 2007Communication de Julien Le TellierOn distingue deux types de locataires d’agréments de grands taxis (dans les deux cas, ilspossèdent les véhicules) :i) le locataire qui exploite directement son véhicule et l’agrément loué. Il exerce lemétier de chauffeur : il conduit et entretient le véhicule qui lui appartient. Ce casest très fréquent en milieu rural ou dans les villes petites et moyennes ;ii)le locataire n’exploitant pas directement son véhicule et l’agrément loué. Dans lesgrandes villes, le locataire met l’agrément à la disposition d’un chauffeur (ouplusieurs) qui lui verse(nt) une partie du chiffre d’affaires sur la base d’un montantfixé (par jour ou mensuellement) entre les deux parties.Le locataire exploitant un agrément de taxi, soit directement soit par l’intermédiaire d’un (ouplusieurs) chauffeur(s) est chef d’une micro-entreprise. Il dispose de l’outil deproduction « agrément + véhicule » ensuite loué aux chauffeurs qui fournissent leur force detravail et se rémunèrent en fonction du chiffre d’affaires réalisé. Il n’existe pas de contratofficiel entre les propriétaires ou locataires d’agréments et les chauffeurs de taxi.Dans les nombreux cas de locations d’agréments de taxi (difficiles à évaluer), les propriétairessont des rentiers qui perçoivent l’usufruit du contrat de location. Ils jouissent du droitd’exploitation de l’agrément qui représente une délégation de mission de service public detransport et qui génère des micro-entreprises. L’agrément représente ainsi un privilège délivréde façon clientéliste pour fidéliser le bénéficiaire en lui permettant de prélever sa dîme.Autorisant des personnes à conduire n’importe quel taxi et délivrés par les Provinces et lesPréfectures, les « permis de confiance » 12 offrent à leurs titulaires la possibilité d’exercer lemétier de chauffeur et de se mettre à la disposition des propriétaires et locataires d’agréments.Les permis de confiance délivrés par l’administration créent une opportunité d’accéder à unemploi de chauffeur (donc à une activité rémunératrice, génératrice de revenus).12 Les permis de confiance sont obligatoires pour exercer le métier de chauffeur. L’aptitude des chauffeurs estcontrôlée par examen après vérification du casier judiciaire vierge.8
Le taxi, solution d’avenir pour les mobilités urbainesColloque international IVM, Lisbonne, 20-21 sept. 2007Communication de Julien Le Tellier1.2. Les taxis collectifs, un moyen de transport artisanal ?« Par transport artisanal on entend une activité à petite échelle où la propriété estatomisée et l’exploitation assurée individuellement par chaque chauffeur » (Chanson-Jabeuret al., 2005, p. 60). Ici, le terme artisanal apparaît approprié pour désigner les grands taxis :moyen de transport composé d’une multitude de micro-entreprises, acteurs privés et peuconcentrés, capacité d’organisation individuelle et collective. Cependant, l’appellationtransport artisanal renvoie souvent à des transports institutionnalisés présentant à la fois uneconcentration de micro-entreprises mais aussi des formes d’informalité et de non-conformité àla loi. L’artisanal serait ainsi à la charnière entre légal et informel 13 . Or, les taxis collectifsmarocains se distinguent des transports informels dans la mesure où ils font l’objet d’uneréglementation spécifique. Les grands taxis sont contrôlés par les forces de l’ordre 14 : parexemple, tous les véhicules et les chauffeurs sont « pointés » une fois par jour par les servicesde la sûreté nationale (police) au « bureau des taxis » de la ville dans laquelle ils sont« basés » (et par la gendarmerie dans les communes rurales).Malgré des pratiques illégales, les taxis collectifs présentent une organisation procédurale etcomplexe. Ils sont placés sous l’autorité de plusieurs institutions (agréments, taxes et impôts)et l’activité des chauffeurs est régie par des règles précises. Renforcées après l’indépendance(notamment en 1963), les lois sur les grands taxis remontent à l’époque coloniale. En partieinapplicable, la législation est à l’origine de problèmes et comporte les germes de pratiquesinformelles. Toutefois, les bases réglementaires sont solidement ancrées et les principesdiffusés pendant le Protectorat perdurent. Les bases réglementaires ne sont pas remises encause par les circulaires et les amendements ni par la loi 16/99 votée sous le gouvernementd’alternance d’Abderhamane Youssoufi (1998-2002).13 Pourtant, l’artisanat n’appartient pas au secteur dérégulé ou non réglementé, encore moins informel. Ce n’estque par extension que le Petit Robert définit artisanal par ce qui « se dit d’une activité ou d’une exploitation pasassez organisée et industrialisée ». Dans le même ordre d’idées, selon les mots de la géographie : « dans leTiers-Monde, l’artisanat est étroitement associé à l’économie de l’ombre » (Brunet et al., 1992, p. 46).14 Lors du pointage quotidien, les agents d’autorité notent les numéros du taxi et du permis de confiance, ainsique les lignes sur lesquelles les chauffeurs circulent. Le chauffeur indique dans quelle station il travaille, mais lepolicier peut lui ordonner de changer de ligne ; c’est une forme de régulation de l’activité pour équilibrer larépartition des taxis collectifs dans les différents terminaux (mais cela peut également représenter une porteouverte sur la corruption).9
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