20 MARS 2013Grands classiques simonsnotes analytiques suiteLes variations sont regroupées en trois grands blocs quicorrespon<strong>de</strong>nt délibérément aux trois mouvements d’unconcerto. Le premier bloc comporte dix variations; laseptième donne à entendre le thème grégorien du DiesIrae, omniprésent dans la production <strong>de</strong> Rachmaninov.Ce thème est joué par le piano, auquel l’orchestre juxtaposele thème <strong>de</strong> Paganini. Le Dies Irae est réintroduitdans la dixième variation. Les variations 11 à 18 corres -pon<strong>de</strong>nt au mouvement lent, lequel n’est pas exemptd’incursions dans <strong>de</strong>s régions plus animées rythmiquement.La dix-huitième variation, hautement lyrique et passion née,constitue l’un <strong>de</strong>s passages les plus célèbres <strong>de</strong> toute lalittérature concertante pour piano. Un <strong>de</strong>rnier bloc (variations19 à 24) retrouve le rythme rapi<strong>de</strong> que l’on est endroit d’attendre d’un finale; peu avant la fin, le Dies Iraeest réitéré, réminiscence inattendue et trait d’humoursardonique avant la brève et brillante conclusion.jean sibelius (1865-1957)sympHOnie n° 5Jean Sibelius <strong>de</strong>meure l’une <strong>de</strong>s plus hautes figuresmusicales du XX e siècle, et assurément le plus grandsymphoniste scandinave. Né à Helsinki, en Finlan<strong>de</strong>, ilhésita d’abord entre le droit et la musique. Il fit ses étu<strong>de</strong>sen Finlan<strong>de</strong>, puis en Allemagne et en Autriche. De retourdans son pays natal, il s’installa à Järvenpää, non loind’Helsinki, où il passa plus d’un <strong>de</strong>mi-siècle en solitaire etavantageusement doté d’une pension à vie <strong>de</strong> l’État.Sibelius n’avait alors que 34 ans. Cet immense avantagelui permit d’écrire selon ses propres idéaux et <strong>de</strong> se livrerà <strong>de</strong> multiples expériences.Le catalogue <strong>de</strong> ses œuvres compte sept symphoniesécrites entre 1898 et 1924. Des différences esthétiquestrès marquées caractérisent ces ouvrages, dont certainesappartiennent résolument au courant romantique, alorsque d’autres – plus rares – reflètent un esprit cérébral etintellectuel parfois d’une surprenante austérité.La Cinquième symphonie fut créée le 8 décembre 1915,soit le jour même du cinquantième anniversaire ducompositeur. La version originale comportait quatremouvements, mais après d’importants remaniements,il n’en subsista que trois. Cette œuvre <strong>de</strong>meure la plusaccessible et sans doute la plus populaire <strong>de</strong>s symphonies<strong>de</strong> Sibelius, après la Deuxième symphonie. Son succès estdû en bonne partie au lyrisme qui la parcourt <strong>de</strong> bout enbout, <strong>de</strong> même qu’aux abondantes trouvailles orchestrales.Le premier mouvement comporte plusieurs changements<strong>de</strong> tempos et, du point <strong>de</strong> vue structurel, constitue l’une<strong>de</strong>s créations les plus originales <strong>de</strong> Sibelius. L’instrumentationréserve également <strong>de</strong> nombreuses surprises. Unpremier thème est énoncé aux cors; un second fait appelaux bois. Jusque-là, les cor<strong>de</strong>s, qui ne sont introduitesqu’à l’énoncé d’un troisième motif, n’ont encore rien joué.Le développement, extrêmement riche en contrastes <strong>de</strong>toutes sortes, s’ouvre par un passage fugué tendu. Aprèsune sonnerie <strong>de</strong> trompettes, qui marque un nouveauchangement <strong>de</strong> tempo, le mouvement prend l’aspectd’un scherzo.Suit une série <strong>de</strong> variations, élaborées non pas à partird’un thème à proprement parler, mais plutôt d’un motifrythmique, très simple au <strong>de</strong>meurant. Deux <strong>de</strong> ces variationsannoncent le second thème du finale. Ce <strong>de</strong>rnierest lui aussi caractérisé par la simplicité. Son premierthème, basé sur une figure en ostinato, est bientôt suivid’un second, déjà esquissé dans le mouvement précé<strong>de</strong>nt.Il s’agit d’un motif puissant aux accents impérieux et dontle ton héroïque n’est pas étranger aux événementspolitiques <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années 1910, alors que laFinlan<strong>de</strong> acquiert son indépendance.10 la marque le maGaZine <strong>symphonique</strong> <strong>de</strong> québec
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