27 MARS 2013<strong>symphonique</strong> à souhaitnotes analytiques suiteIl est intéressant d’observer que les sept parties <strong>de</strong>l’œuvre se regroupent dans une symétrie en miroir, tantà l’égard <strong>de</strong>s paroles que <strong>de</strong> l’organisation musicale.Ainsi, les première et <strong>de</strong>rnière sections reposent sur lapaix dans la mort; en plus <strong>de</strong> se vouloir paisibles etlumineux, les <strong>de</strong>ux morceaux comportent <strong>de</strong>s élémentscommuns, comme c’est aussi le cas <strong>de</strong>s numéros <strong>de</strong>ux etsix, en dépit <strong>de</strong> textes plus sombres. Les troisième etcinquième parties sont dominées par une voix solo, latroisième suggérant la douleur et les lamentations, lacinquième apportant la consolation. Enfin, le quatrièmemouvement constitue un épiso<strong>de</strong> pivot, une courteméditation sur le bonheur <strong>de</strong> la vie éternelle.C’est par une réflexion sur la consolation que s’ouvre lapartition. Malgré sa relative sérénité, elle maintient unton grave – et la chose est aussi vraie sur le planmusical, puisque les violons en sont absents (ainsi queles clarinettes, du reste). De délicates touches <strong>de</strong> harpeviennent l’alléger à l’occasion.Le « Denn allles Fleisch, es ist wie Gras » (« Car toutechair est comme l’herbe ») constitue peut-être le passagele plus troublant et l’une <strong>de</strong>s plus hautes inspirations<strong>de</strong> Brahms. Il s’agit d’une sorte <strong>de</strong> marche funèbre (à troistemps!), d’une intensité parfois insoutenable et conditionnéepar un motif <strong>de</strong> timbale rappelant singulièrement lacélébrissime cellule rythmique <strong>de</strong> quatre notes du <strong>de</strong>stin<strong>de</strong> la Cinquième <strong>de</strong> Beethoven. La section centraleapporte un instant d’espoir et <strong>de</strong> lumière.Un baryton entame le troisième mouvement : le solisteincarne l’homme, seul et confiant face à son Créateur.Le chœur lui fait écho. Une fugue reposant entièrementsur une pédale <strong>de</strong> ré <strong>de</strong> timbale et contrebasses (accordéesun ton plus bas) suggère la justice et la protection divines.Le morceau central, « Wie lieblich sind <strong>de</strong>ine Wohnunge,Herr Zebaoth! » (« Que tes <strong>de</strong>meures sont aimables »), eststrictement choral – et résolument optimiste. C’est le pivot<strong>de</strong> l’œuvre.Suit l’unique solo <strong>de</strong> soprano, un ajout consenti parBrahms après plusieurs critiques qui reprochaient àl’œuvre son absence <strong>de</strong> message ré<strong>de</strong>mpteur. Cet airavec chœur, superbement inspiré et qui possè<strong>de</strong> l’intimité<strong>de</strong> la musique <strong>de</strong> chambre, constitue l’unique passage untant soit peu « christique » <strong>de</strong> la partition.Construction complexe et admirable, le « Denn wirhaben hie keine bleiben<strong>de</strong> Statt » (« Car nous n’avonspas ici-bas <strong>de</strong> séjour permanent ») fait notammentréférence à la trompette du Jugement <strong>de</strong>rnier. Ce« Trumpet Shall Sound » (air bien connu du Messie <strong>de</strong>Haen<strong>de</strong>l) version Brahms résonne avec fracas – enmettant notamment les trombones <strong>de</strong> l’avant puisqueles Allemands parlent non pas <strong>de</strong> trompette, mais <strong>de</strong>« trombone du Jugement » (Posaune). À ces imprécationss’enchaîne une fugue triomphale, majestueux « gloire àDieu » qui conclut ce mouvement dans un souffle puissantd’éternité, baigné <strong>de</strong> quelques instants proprementparadisiaques.Pour conclure ce Requiem allemand, Brahms nous offreun chœur extatique dont le texte est tiré <strong>de</strong> l’Apocalypse– le « Livre <strong>de</strong> la révélation ». C’est enfin la délivranceéternelle qui suit les luttes terrestres. Le compositeurénonce quelques mesures du tout premier chœur peuavant <strong>de</strong> conclure dans la douceur et la paix.18 la marque le maGaZine <strong>symphonique</strong> <strong>de</strong> québec
MARC HERVIEUXvous offre sescoups <strong>de</strong> cœur ...Des chansons populaires françaiseset québécoises enregistrées avecl’<strong>Orchestre</strong> <strong>symphonique</strong> <strong>de</strong> <strong>Québec</strong>.RetrouvezNon, je ne regrette rienLe Blues du businessmanLe Vaisseau d’orLa quêteet plus encore...ACD2 2640 Photos : Julien Faugère / ATMAÀ PARAÎTRE LE 19 MARS PROCHAINATMACLASSIQUE.COM