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ii','.,, & - Association du refuge des tortues

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savane. Mâ sensibilité m'empêche de laisser l'animal soulhirplus longtemps. Je lui porte un violent coup de bâton qui luifracasse le crâne. D€s goutles de sâng rouge perlent <strong>du</strong> museaud€ I'aninal inert€.Mboki n'a jamais été aussi proche et notre arrivée esr préruedans l€ courant de lâ nuit. Nous ne pouvons dissimuler notrejoi€ commune à l'idée de mettre un terme au voyage. Pourtânt,nous ne sommes pas arrivés au bout de nos peines. Peu avantlâ nuit, une crevaison stopp€ notre progression. La chambre àair endonmagée doit être réparée sur place. Les roues <strong>des</strong>ecours ont toules été utilisées. Assis sur <strong>des</strong> termitièreschampignons incassables, Paul et moi-même oùvrons deuxboîtes de sardines à l'huile. Nous dévomns ces charmantspetits poissons argentés avec <strong>des</strong> bâtons de Chigouang. C'estune sorte de bâton de manioc enveloppé dans ne plântenommée Ngongo, qui à défâut d'être ratriné pârvienr à calersolidement I'estomâc. En un peu plus d'une heure, la roue estrépaÉe. Nous repartons. A dix kilomètres de Mboki, le 4x4s'ârrête brusquement au mili€u de la piste. C'est une pannesèche. Tous les passagers <strong>des</strong>cendent <strong>du</strong> véhicule le sourire aÙ1lèvrcs. La succession de petits ennuis et la fatigue accumuléen €ntament en rien notre moral. Pendant que d'intensespapotages âniment le groupe, le chauffeur et le receveurlabriquent <strong>du</strong> carburant avec les moyens <strong>du</strong> bord : 10 litres depéhole ûélangés à fi litre d'huiie de moteur font I'âffaire. Unefois la pompe <strong>du</strong> moteur diesel amorcée, la voiture r€démarredans l'efferv€scence générale. Les alricains cùltiv€nt I'art deprivilégier le bon côté <strong>des</strong> choses même dans <strong>des</strong> situâtions quisemblent désespérées.ous arrivons à Mboki dans une nuit noire d'encre.Seules quelques larnpes à pétrole scintillent dansl'obscurité et trâhissent lâ réunion de quelqueshommesengagés dans de secrètes discussions. NousIouons une chambre dâns une mo<strong>des</strong>te auberge aux murs entorchis. Exténués de fâtigue, nous ne tardons pas à plongerdans un sommeii prcfond.Le 22 décembr€ 2006. Mboki n'aJâit jamais cessé d'êtr€ unvillage p€r<strong>du</strong> au fin fond de la brousse centrafricaine s'iln'avait pâs été décidé d'y établirun camps derétugiés <strong>des</strong>tinésà accueillir les populations <strong>du</strong> Soudan confrontées à lâ guerre.Les chrétiensont minoritaires et i'influ€nce musulmanestomniprésente. La vie <strong>du</strong> village est rlth.née pâr les allées etvenues entre le centre ville et lâ mosquée. Les musulmans etles chréti€ns vivenlen parfaite barmonie dans un village où lescortunerces se sont développés en un t€mps record. À châquecoin de rue, <strong>des</strong> dizaines d€ petites échoppesont installées.Chacun y propose ses ceufs, sâ pro<strong>du</strong>ction de légum€s, sonmanioc, ses pouleh et ses épices. Pariois, <strong>des</strong> femm€s debergers Peuls viennent acheter ou échanger <strong>des</strong> denrées rar€stel que le sucre ou le cafe. Vêtues de grands pagnes coloÉs,elles semblent glisser dans la rue poùssiéreùse principâle sousl'(eil attenlif de quelques badauds. Les méchouis attirentousles hornmes qui se regroupent autours de tables basses pourmanger <strong>du</strong> mouton grillé et boire un verre de thé brûlant. Lesovins sont égorgés par dizaines tous les mâtins et âvant midi,plus un 'eul morce<strong>du</strong> de \ iande n esl dr.ponibleNotre démarche consiste dans un premier temps à avertir tousles villageois de l'objet de notre v€nue et ensùite à dépose. <strong>des</strong>pièges dans ious les milieux aquatiques propices à la présence<strong>des</strong> <strong>tortues</strong>. Pendant huitjours, nous nous €fTorçons de mtissertoute lâ zone en utilisant <strong>des</strong> pièges placés dejour comrnc denuit. Nous rendons visite à tous les villageois, les chefs dequartiers et les autorités locales. Aucune piste n'est sousestimée.Le moindre témoignage peut être déterminant dans laquête qui nous anime. Les premièr€s informâtions ne tardentpas à arriver et corroborent bien nos observations de terrain :la Cinixys de Bell de l'Est (Kinitlys be iana belia a) e* tJèscommune dans la région. Des enfants mâis aussi <strong>des</strong> chasseursnoùs âpportent <strong>des</strong> <strong>tortues</strong> vi ntes ainsi que <strong>des</strong> cârâpaces.Mâispas lamoinôe tortue aquatique. Et nospjègesontvi<strong>des</strong>.Le 30 décembre 2006. Un pêcheur prétend détenir un secretinportant au sujet d'une espèce de tortue mre. Accompagnépâr une dizâine de ses canara<strong>des</strong>, le vieil homne vient memconter son histoire hors <strong>du</strong> conlrnun- Nous prenons place àI'ombre d'unbosquet de hauts palmiers. D'une voix enrouéethésirânc, il nous fait part de son se,Jer : < J étdis sv lartuièrc pour rclewr nes Jikts. C'est une riyièrc située loind'ici pat àelà lalôftL Ce jout là, mes lilets n'ant sasné aucunpoisson. J atais la nalchance. Sù ]e chenin .lu rctaut, j'aiattrapé à la ligne une très {osse tortue. Je I'ai hissée d(lns I.lpirogue. J étais très heureÆ et je chantais Jbrt ma cha ce.Mais juste avant d'aftirer 6u yi age, la toû.rc s'est révei éeet e e s'est ewalée sous nes reÆ. Je n ai pas pu Ia rauraperElle est rctonbëe quelques nètres plus loin dans I eau de ldrtuièrc.|/oilà, mon secret, l4aunzou,je connais la ririèrc où les<strong>tortues</strong> ont <strong>des</strong> ailes et wlent aussi bien qu'un oiseau >.Lesyeux <strong>du</strong> vieil honn11e sont comme injectés de sang e! indiquentsa faiblesse pour ie Ngoulj, une eau de vie locale très fort€ ett.ès recherchée pêr les hommes. Lbistoire ne précise pas laquantité de Ngouli qu'il fâùt âbsorber pour assister à l'envold'une tortue aquatique.En longeant la rivière pour relever les pièges, nous capturonsDn s\perbe Naja nelanol?,/cd dont les prélèvements de peauefectués seront envoyés plus tard au Dr lvan Ineich <strong>du</strong>Muséum de Paris. Aujourd'hui. plusieurs torru€s aquatiquessont trouvé€s dans l€s nasses posées la veille au fond d€ I'eau.La pluie important€ tombée p€ndant la nuit a cerlainem€ntexciré les chéloniens. Lâ dizaine de torlues capturéesonrtoutes <strong>des</strong> Péluses de Chapjn (Pelusios chapinir. Ceïe tottueaqùâtique dont l'aire de répartition est circonscrite à l'AfriqueCentrâle (Centraftique, Cameroun, Gabon, Congo Bûzzaville,Congo Kinshâsâ) se rencontre dans les savanes. Elle y est trèsmême litre que la Cinixys de Bell de l'Est(Kinirys belliana heliana\ et la Pélomé<strong>du</strong>se rcùssâtre(Petone<strong>du</strong>sa subtulà).os efforts commencent à porter leurs fiuits. Tous lesjoùrs, de plus en plus de pêcheurs, de châsseurs.d'€nfânts et de cultivateurs nous apportent <strong>des</strong>tonues âquatiques. En règle générale, Ies <strong>tortues</strong> nesont pas rccherchées par les centrafricains rnais ils n'hésitentpas à les ramasser ou à les pêcher si l'opponunité se présente.EUes sont mangées dans les jours qui suivent ou conservéesplusieursemaines oumois <strong>du</strong>rant. Elles permeftront de pallier33 - LA TORTUE, N'70, Jr,iâ6 2003

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