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<strong>Une</strong> <strong>remarque</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>valeur</strong> <strong>absolue</strong> <strong>dans</strong> <strong>certains</strong> <strong>espaces</strong> <strong>de</strong> Sobolev ou <strong>de</strong> Besov.Pierre Gilles LEMARIÉ–RIEUSSET (plemarie@univ-evry.fr)Laboratoire Analyse et Probabilités, EA2172, Université d’Évry Val d’Essonne, 91025 Évry Ce<strong>de</strong>x, FranceRésumé :Nous démontrons, pour 1/2 < s < 1, l’équivalence entre <strong>la</strong> norme H s <strong>de</strong> f et celle <strong>de</strong> |f|.Abstract: Remark on the absolute value in Sobolev spaces. We show, for 1/2 < s < 1, the equivalencebetween the H s norm of f and the norm of |f|.1. Énoncé <strong>de</strong>s théorèmes.Définition 1 :Si 0 < s < 1, l’espace Ḣs (IR n ) est l’espace <strong>de</strong>s fonctions f localement <strong>de</strong> carré intégrable qui vérifient∫‖f‖ 2 |f(x) − f(y)|= Ḣ∫IR 2s n ×IR n |x − y| n+2s dx dy < +∞Nous allons démontrer le résultat suivant :Théorème 1 :Si 1/2 < s < 1, si f est une fonction continue <strong>de</strong> IR n vers IR, alors f ∈ Ḣs si et seulement si |f| ∈ Ḣs et ilexiste une constante C s,n > 0 qui ne dépend que <strong>de</strong> s et <strong>de</strong> n telle que‖ |f| ‖Ḣs ≤ ‖f‖Ḣs ≤ C s,n ‖ |f| ‖ḢsLe théorème s’étend au cas <strong>de</strong>s <strong>espaces</strong> <strong>de</strong> Besov Ḃs,p p :Définition 2 :Si 0 < s < 1 et 1 ≤ p ≤ +∞, l’espaceLebesgue qui vérifient‖f‖Ḃs,ppḂs,p p (IR n ) est l’espace <strong>de</strong>s fonctions f me<strong>sur</strong>ables pour <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong>= ‖ ‖f(x) − f(x + h)‖ p|h| s ‖ Lp ( dh|h| n ) < +∞On a alors le résultat suivant :Théorème 2 :Si 1 < p ≤ +∞ et 1/p < s < 1, si f est une fonction continue <strong>de</strong> IR n vers IR, alors f ∈ Ḃs,p p (IR n ) si etseulement si |f| ∈ Ḃs,p p (IR n ) et il existe une constante C s,p,n > 0 qui ne dépend que <strong>de</strong> s, <strong>de</strong> p et <strong>de</strong> n telle que‖ |f| ‖Ḃs,pp≤ ‖f‖Ḃs,pp≤ C s,p,n ‖ |f| ‖Ḃs,pp2. Le cas p = +∞.Le cas p = +∞ est trivial. L’espace Ḃs,∞ ∞ est l’espace <strong>de</strong>s fonctions höldériennes. Pour vérifier que f esthöldérienne si |f| l’est, il suffit <strong>de</strong> <strong>remarque</strong>r que si f(x)f(y) < 0 et si f est continue, alors (théorème <strong>de</strong>s <strong>valeur</strong>sintermédiaires) il existe z ∈ [x, y] tel que f(z) = 0. On écrit alors|f(x) − f(y)| ≤ ∣ ∣ |f(x)| − |f(z)|∣ + ∣ ∣ |f(z)| − |f(y)|1∣∣ ≤ 2‖ |f| ‖Ḃs,∞∞|x − y| s


3. Le cas n = 1 et p < +∞.Dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> dimension 1, l’espace Ḃs,p p pour 1/p < s < 1 est composé <strong>de</strong> fonctions continues et nousallons montrer une version précisée <strong>de</strong> l’inégalité <strong>de</strong> Hardy [2] [6] :Lemme 1 :Si 1/p < s < 1 et 1 < p < +∞, il existe une constante C s,p > 0 telle que, pour tous a < b ≤ +∞∫ ba|f(x) − f(a)| p ∫|f(x) − f(y)||x − a| ps dx ≤ C s,p∫[a,b]×[a,b]p|x − y| 1+ps dx dyPreuve : Par convergence monotone, il suffit <strong>de</strong> traiter le cas b < +∞. Par invariance par trans<strong>la</strong>tion ou pardi<strong>la</strong>tation, on peut supposer a = 0 et b = 1. Quitte à régu<strong>la</strong>riser f en ω ∗ f avec ω ∈ D, on peut supposer que fest C ∞ et donc que le membre <strong>de</strong> gauche <strong>de</strong> l’inégalité est fini. On pose N(f) = ∫ ∫ |f(x)−f(y)| p[0,1]×[0,1] |x−y|dx dy et1+psA(f) = ∫ 1 |f(x)−f(0)| p0 |x|dx.psPour estimer A(f), on écritA(f) =∫ps 12 ps − ( 3 2 )ps0|f(x) − f(0)| p ∫ x/2x/3dydx|x − y|1+pset doncet finalement(A(f)) 1/p≤( ps2 ps − ( 3 2 )ps N(f)) 1/p+( ps2 ps − ( 3 2 )ps ∫ 10∫ x/2(A(f)) 1/p≤( ps2 ps − ( 3 2 )ps N(f)) 1/p+( 1 − 2 −ps2 ps − ( 3 2 )s A(f)) 1/px/3|f(y) − f(0)| p|x − y| 1+ps dy dx ) 1/pAppliquant les accroissements finis à 2 ps − 1 ps et à 4 ps − 3 ps , et puisque ps > 1, on voit quepermet <strong>de</strong> contrôler A(f) par N(f).Cette inégalité a pour corol<strong>la</strong>ires les lemmes suivants :1−2 −ps2 ps −( 3 2 )ps < 1, ce quiLemme 2 :Si 1/p < s < 1 et 1 < p < +∞, il existe une constante C s,p > 0 telle que, pour tout f ∈ Ḃs,p p (IR) et toutintervalle ouvert I tels que f(x) = 0 aux extrémités <strong>de</strong> I, on a‖f1 I ‖Ḃs,pp≤ C s,p ‖f‖Ḃs,ppLemme 3 :Si 1/p < s < 1 et 1 < p < +∞, il existe une constante C s,p > 0 telle que, pour tout f ∈intervalle ouvert I tels que f(x) = 0 pour tout x /∈ I, on a∫ ∫IR×IR|f(x) − f(y)| p|x − y| 1+ps dx dy ≤ C s,p∫ ∫I×I|f(x) − f(y)| p|x − y| 1+ps dx dy˙Ḃps,p(IR) et tout|f(x)−f(y)| p|x−y| 1+ps|f(x)−f(a)| p|x−a| psPreuve : On écrit I =]a, b[. On pose N(f) = ∫ ∫ dx dy, A(f) = ∫ dx (si a = −∞,I×IIon pose A = 0) et B(f) = ∫ |f(x)−f(b)| pI |b−x|dx (si b = +∞, on pose B = 0). Si f est nulle en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> I, on vérifiepsfacilement ‖f‖ p = N(f) + 2 Ḃps,pps(A(f) + B(f)) et on applique le lemme 1.Nous pouvons alors énoncer le lemme principal :2


Lemme 4 :Si 1/p < s < 1 et 1 < p < +∞, il existe une constante C s,p > 0 telle que, pour tout f ∈ Ḃs,p p (IR), siΩ f = {x ∈ IR / f(x) ≠ 0} et si Ω f = ∑ k∈K I k, K ⊂ IN, est <strong>la</strong> décomposition <strong>de</strong> Ω f en intervalles ouvertsdisjoints, on a∑k∈K∫|f(x) − f(y)|∫I p ∫ ∫|f(x) − f(y)| p∑∫|f(x) − f(y)|k ×I k|x − y| 1+ps dx dy ≤IR×IR |x − y| 1+ps dx dy ≤ C sk∈K∫I pk ×I k|x − y| 1+ps dx dyPreuve : On pose f k = 1 Ik f, I k =]a k , b k [. Enfin, on note ∆ = ∑ k∈K I k × I k . En remarquant que |f(x)| p =∑k∈K |f k(x)| p , on écrit (avec <strong>la</strong> convention1|c−x| ps = 0 si c = −∞ ou c = +∞) :∫ ∫IR×IR|f(x)−f(y)| p|x−y| 1+ps dx dy =≤≤∑∫ ∫|f(x)−f(y)| p∆ |x−y|∫ ∫I 1+ps|f(x)−f(y)| pk ×I k∑ k∈K|x−y|∫ 1+ps|f(x)−f(y)|k∈K∫I pk ×I kOn conclut alors en appliquant à f k les lemmes 2 et 3.dx dy + ∫ ∫ IR×IR−∆dx dy + 2 p ∑ k∈K∫|x−y| 1+ps dx dy + C s∑k∈KLe théorème 1 <strong>dans</strong> le cas n = 1 est alors une conséquence directe du lemme 4.4. Le cas n > 1.|f(x)−f(y)| p|x−y|dx dy∫ ∫x∈I 1+ps|f(x)| pk , y /∈I k|x−y| 1+psdx dyI k|f(x)| p (1|x−a k | ps +1|b k −x| ps ) dxPour traiter le cas général, on utilise les coordonnées sphériques : on a‖f‖ p Ḃ s,pp= 1 2∫S n−1 ∫IR∫IR n |f(x + ρσ) − f(x)| p|ρ| 1+spdx dρ dσpuis en écrivant x = y + tσ avec y ∈ σ ⊥‖f‖ p Ḃ s,pp= 1 2∫S n−1 ( ∫ σ ⊥ ( ∫ IR×IR|f(y + (ρ + t)σ) − f(y + tσ)| p|ρ| 1+spdt dρ ) )dy dσLa démonstration <strong>de</strong>s Théorèmes 1 et 2 <strong>dans</strong> le cas général se ramène donc au cas n = 1.5. Un exemple d’application.Comme exemple d’application, nous allons considérer le problème <strong>de</strong> <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong>s solutions faibles <strong>de</strong>l’équation quasi-géostrophique dissipative. Notons Λ = √ −∆ l’opérateur <strong>de</strong> Cal<strong>de</strong>rón. Pour 0 < α ≤ 1, l’équationquasi-géostrophique dissipative (QG α ) est l’équation :⎧⎨ ∂ t θ + ⃗u. ∇θ ⃗ = −Λ 2α θ⃗u = (−R⎩2 θ, R 1 θ)θ(0, .) = θ 0où R j est <strong>la</strong> transformation <strong>de</strong> Riesz R j = 1 √ −∆∂ j . Le terme d’advection ⃗u. ⃗ ∇θ peut se réécrire div(θ ⃗u) et on peutdonc considérer les solutions peu régulières <strong>de</strong> l’équation modifiée :⎧⎨ ∂ t θ + div(θ ⃗u) = −Λ 2α θ⃗u = (−R 2 θ, R 1 θ)⎩θ(0, .) = θ 0En 2008, Marchand [5] a étudié le cas d’une donnée initiale θ 0 ∈ L p ; pour 2 ≤ p < +∞, il a établi l’existence <strong>de</strong>solutions faibles qui vérifient <strong>de</strong> pluspour t > 0,∫ t ∫‖θ(t, .)‖ p p + p03θ|θ| p−2 Λ 2α θ dx ds ≤ ‖θ 0 ‖ p p


où l’intégrale double donne une contribution positive, comme le montre l’inégalité <strong>de</strong> Córdoba [4] [∫2∫|Λ α (|θ| p/2 )| 2 dx ≤ pθ|θ| p−2 Λ 2α θ dx.Cette inégalité montre que |θ| p/2 appartient à L 2 t Ḣα , ce qui entraîne que |θ| appartient à L p Ḃp2α/p,p . Cependant,<strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction θ elle-même restait obscure.En col<strong>la</strong>boration avec D. Chamorro, nous avons montré <strong>dans</strong> [3] une inégalité plus précise, pour 0 < α < 1,‖θ‖ p Ḃ 2α/p,pp∫≤ C p,α ‖θ|θ| p−22 ‖ ≤ C2Ḣα p,α′θ|θ| p−2 Λ 2α θ dxLa démonstration utilisait <strong>de</strong>s propriétés élémentaires <strong>de</strong>s semi-groupes <strong>de</strong> diffusion [1]. Dans le cas 1/2 < α < 1,le théorème 1 permet une autre démonstration <strong>de</strong> cette inégalité.6. Remarques finales.Le théorème 2 est faux si f est à <strong>valeur</strong>s complexes ou si 0 < s < 1/p, comme le montrent les contre-exemplessuivants :a) fonction à <strong>valeur</strong>s complexes : prendre f(t) = ϕ(t)e iln |x|où ϕ ∈ D(IR), ϕ(0) = 1 et ϕ(x) = 0 pour |x| ≥ 1/2.b) cas 0 < s < 1/p : prendre g(x) = 1 ]0,1[ (x); on a g ∈ Ḃs,p p (IR) pour 0 < s < 1/p (et g peut être approximée ennorme Ḃs,p ppar <strong>de</strong>s fonctions continues); si f N = ∑ 2N−1k=0 (−1)k g(x − k), on a‖ |f N | ‖Ḃs,pp= ‖g( x2N )‖ Ḃps,p= (2N) 1/p−s ‖g‖Ḃs,ppet ‖f N ‖Ḃs,pp≥ N 1/p( ∫ 10∫ 211|x − y| 1+2s dx dy) 1/p<strong>de</strong> sorte que lim N→+∞‖ |f N‖f N| ‖Ḃs,pp‖Ḃs,pp= 0.Remerciements : Pour élémentaires que ces calculs soient, ils m’ont résisté <strong>de</strong>ux ans durant. L’étincelle <strong>de</strong>compréhension est venue <strong>dans</strong> <strong>la</strong> salle <strong>de</strong> réveil <strong>de</strong> l’hôpital <strong>de</strong> jour <strong>de</strong> l’Hôpital Robert Debré, au chevet <strong>de</strong> mafille au sortir <strong>de</strong> son opération. Merci à l’équipe soignante <strong>de</strong> cet hôpital pour savoir créer <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s circonstancesdifficiles une atmosphère sereine pour les jeunes opéré(e)s et leur famille!Références.[1] BAKRY, D., Functional inequalities for Markov semigroups. In Probability mea<strong>sur</strong>es on groups: recent directionsand trends, pp. 91–147. Tata Inst. Fund. Res., Mumbai, 2006.[2] BOURDAUD, G., Localisation et multiplicateurs <strong>de</strong>s <strong>espaces</strong> <strong>de</strong> Sobolev homogènes, Manuscripta Math. 60(1988), pp. 93–130.[3] CHAMORRO, D. et LEMARIÉ–RIEUSSET, P. G., Quasi-geostrophic equations, nonlinear Bernstein inequalitiesand α-stable processes, à paraître in Revista Matematica Iberoamer..[4] CÓRDOBA, A., CÓRDOBA, D., A maximum principle applied to Quasi-Geostrophic equations, Commun.Math. Phys. 249 (2004), 511-528.[5] MARCHAND, F., Existence and Regu<strong>la</strong>rity of Weak Solutions to the Quasi-Geostrophic Equations in the SpacesL p or Ḣ−1/2 , Commun. Math. Phys. 277 (2008), 45–67.[6] YOUSSFI, A., Localisation <strong>de</strong>s <strong>espaces</strong> <strong>de</strong> Lizorkin–Triebel homogènes, Math. Nach. 147 (1990), 107–121.4

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