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et le soft power chinois - ccifc

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Connexions 联L e magazine de la Chambr e de Commerc e <strong>et</strong> d’I n d u s t r i e Fr a n ç a i s e en Chine n o 5 3 m a r s 2010dossierShanghai 2010<strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong> <strong>chinois</strong>上 海 世 博 会 与 中 国 的 软 实 力中国法国工结商会双月刊• Focus :La Francedans l’Expo• Y-a-t-ilune bul<strong>le</strong>immobilière ?• Gros plansur Cantonwww.connexions.<strong>ccifc</strong>.orgVu d’ici « Youth self-portrait » par la photographe Yuan Yanwu《 童 年 自 画 像 》 摄 影 : 袁 燕 舞


Connexionsn o 5 3 mars 2 0 1 0542010L’exposition universel<strong>le</strong> de Shanghai 2010 est <strong>le</strong> prochain rendez-vous de la Chine avec <strong>le</strong> monde.年 上 海 世 博 会 是 中 国 与 世 界 的 再 度 聚 首 。©Imagine Chinafocus :La présence française à l’Expo 8 - 29rendez-vousA la une des médias 30Le dessous des chiffres 34L’état des lois 36l’actualitéLa rec<strong>et</strong>te d’Alibaba 38Actualité entreprises 40Des ballons d’Airstar pour éclairer en Chine 48l’entr<strong>et</strong>ienLe doub<strong>le</strong> « je » de Zhang Yaling 50Où en est <strong>le</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong> de la Chine ? 54François Godement « Une énorme ambiguïté… » 58Un concept à géométrie variab<strong>le</strong> 61La grande séduction 62Une image ambiva<strong>le</strong>nte 63La Chinafrique des médias 65Instituts Confucius : la culture officiel<strong>le</strong> à tous vents 66Quand <strong>le</strong> monde vient en Chine 68Vus d’Asie Centra<strong>le</strong>, Les atouts de la Chine 70Tourisme : un déficit d’image 72Quand la tradition devient commerce 74Rêve <strong>chinois</strong>, rêve américain ou rêve français ? 76Dong Qiang « la Chine manquede discours d’interprétation » 78Rêves de Chinawood 82A propos du film Kongzi (Confucius) 86Les tribulations d’un cinéaste <strong>chinois</strong> 86La Légende du roi Milu 88Il n’y a pas de best-sel<strong>le</strong>r mondial <strong>chinois</strong> 90Art contemporain : de la contre-cultureà l’intégration 92Les col<strong>le</strong>ctionneurs ont une vision plus ouverte 96Su Tong : Du “made in china” au “created in china” 98Portrait d’une génération d’architectes designers 100Les architectes étrangers en Chine 102Artisanat d’art : Christof<strong>le</strong> collaboreavec des artistes <strong>chinois</strong> 103Mode : p<strong>et</strong>its designers deviendront grands 104Un “glamour” de Chine 105L’essor des marques <strong>chinois</strong>es 106Benjamin Joffe : La Route de la soie numérique 108


2 0 1 0 年 三 月 号 第 5 3 期联结48Airstar : l’inventeur du ballon lumineux.Airstar: 气 球 灯 的 发 明 者© Imagine China73Tourisme : un déficit d’image. 旅 游 业 : 形 象 宣 传 得 不 够© Imagine China66L’institut Confucius de Novosibirsk (Russie).新 西 伯 利 亚 ( 俄 罗 斯 ) 的 孔 子 学 院© Imagine China136The Orchard en banlieue dePékin.京 郊 餐 馆 The Orchard© Imagine ChinaDe plus en plus de MBA 112Etudier en Chine 114R&D : l’élan positiviste 114Vivian Wu, Filip Noubel : Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong> 116Fait en Chine, lu par <strong>le</strong> monde 118Jeux de miroirs 120régions jumel<strong>le</strong>sCanton fait peau neuve 122La « Californie <strong>chinois</strong>e » 125CCIFC : De plus en plus d’entreprises françaises 126tourisme chineHegezhuang aux portes de Pékin,un village vert <strong>et</strong> protégé 136associationsA p<strong>le</strong>ines mains : … <strong>et</strong> <strong>le</strong> coeur au chaud 138cultureYuan Yanwu : souvenirs d’enfance 140Festival Croisements 2010 : entrez dans la danse 142Un chantier théâtral franco-<strong>chinois</strong> 145lire 146聚 焦 : 上 海 世 博 会 上 的 法 国11 法 国 在 上 海 世 博 会 插 上 三 色 旗13 法 国 大 区 也 参 展15 法 国 大 区 代 表 团15 从 大 溪 地 到 上 海 的 独 木 舟 之 旅17 达 索 打 造 第 一 个 全 球 3D 网 上 世 博 会19 欧 莱 雅 沉 浸 在 欢 乐 之 中23 法 国 国 际 水 秀 公 司 的 水 上 梦 幻 表 演23 法 国 Transe Express 剧 团 : 艺 术 交 流25 来 自 埃 顿 服 务 的 800 名 基 础 服 务 人 员23 凯 莱 集 团 的 绿 色 混 凝 土29 上 海 世 博 会 集 锦公 司 简 讯41 公 司 简 讯51 张 亚 玲 的 双 重 “ 我 ”57 专 栏 : 中 国 的 软 实 力 发 展 到 什 么 程 度 ?69 专 访 阳 狮 咨 询 中 国 首 席 代 表 安 韬 略73 旅 游 业 : 形 象 宣 传 得 不 够89 《 麋 鹿 王 》: 一 家 进 军 3D 领 域 的 民 营 企 业旅 游130 里 昂


FOCUS聚 焦Les dernières palissades vont bientôt tomber… 世 博 园 区 即 将 竣 工© Imagine ChinaQue la fête commence !Tout <strong>le</strong> monde l’attend. L’Expo deShanghai est une fête incontournab<strong>le</strong><strong>et</strong> la France y joue sa partition avec unforte majeur <strong>le</strong> 21 juin, jour de la fêtede la musique. Premier pays à avoirconfirmé sa participation, présenteà travers quatre pavillons, dont <strong>le</strong>pavillon France annoncé commeun des pavillons-phares de l’Expo,notre pays a décidé de s’investir aumaximum pour la réussite de Shanghai2010. Le président Sarkozy assisteraaux cérémonies d’ouverture. Desf<strong>le</strong>urons de l’industrie française ou deson art de vivre présentent <strong>le</strong>ur savoirfaire<strong>et</strong> de p<strong>et</strong>ites entreprises brillantestirent aussi <strong>le</strong>ur éping<strong>le</strong> du jeu. Aprèsavoir publié dès l’été 2008 un numérospécial présentant en avant-premièrel’exposition universel<strong>le</strong>, Connexions achoisi c<strong>et</strong>te fois de découvrir avec vousShanghai expo côté français. De l’Alsaceà Tahiti, de Dassault Systèmes à Adenservices, tous <strong>le</strong>s secteurs <strong>et</strong> toutes <strong>le</strong>srégions répondent présents. Spectac<strong>le</strong>s<strong>et</strong> organisations d’événements,construction <strong>et</strong> architecture, images3D, services de propr<strong>et</strong>é… dans cegrand carnaval, c<strong>et</strong> échange mondialoù chacun montre son expertise dansun climat de réjouissances, la vitrinefrançaise est bien garnie. Suivez <strong>le</strong> guide<strong>et</strong> rendez-vous dans la per<strong>le</strong> de l’Orientdu 1er mai au 31 octobre. •万 众 期 待 。 上 海 世 博 会 无 疑 是 一 个节 日 , 法 国 将 在 6 月 21 日 音 乐 节 这 一 天 高调 展 示 自 己 。 作 为 第 一 批 正 式 确 认 的 参 展国 之 一 , 通 过 四 个 展 馆 参 加 世 博 会 , 其 中的 法 国 国 家 馆 被 宣 布 为 标 志 性 的 世 博 馆 之一 , 法 国 决 定 为 2010 年 上 海 世 博 会 的 成 功举 办 投 入 最 大 的 努 力 , 倾 注 最 大 的 热 情 。法 国 总 统 萨 科 齐 将 出 席 开 幕 式 。 法 国 工 业及 其 生 活 艺 术 行 业 中 的 佼 佼 者 将 展 示 他 们的 专 长 , 优 秀 的 小 企 业 也 将 表 现 出 色 。《联 结 》 曾 在 2008 年 夏 出 版 了 一 期 世 博 会 预演 的 专 刊 , 此 次 , 它 选 择 与 您 一 起 去 揭 开法 国 参 加 上 海 世 博 会 的 面 纱 。 从 阿 尔 萨 斯到 大 溪 地 , 从 达 索 到 埃 顿 服 务 , 所 有 地 区和 所 有 行 业 都 会 到 场 。 在 这 场 世 博 盛 事上 , 法 国 安 排 了 表 演 和 活 动 , 进 行 建 设 和设 计 , 制 作 3D 图 像 , 承 担 保 洁 服 务 等 。 在这 场 国 际 交 流 中 , 每 个 人 都 在 喜 悦 的 气 氛中 展 示 其 专 业 特 长 , 法 国 的 展 示 橱 窗 布 置得 满 满 的 。 跟 随 向 导 , 让 我 们 相 约 东 方 明珠 —— 上 海 。 •Connexions / mars 2010


la présence française à l’Expo 上 海 世 博 会 上 的 法 国La France plante sondrapeau sur <strong>le</strong> site del’ExpoAvec l’Etat <strong>et</strong> <strong>le</strong>s régions, <strong>le</strong>s entreprises françaises serontprésentes en force à l’Expo. El<strong>le</strong>s sont intervenues danstoutes sortes de domaines, de la construction du site à sagestion en passant par son animation pendant la périodede mai à octobreLa résil<strong>le</strong> de béton du pavillon Francequadril<strong>le</strong> déjà l’horizon du site de l’expositionuniversel<strong>le</strong> de Shanghai, <strong>le</strong> long dela rivière Huangpu. Le chantier du bâtimentfrançais est pratiquement terminé<strong>et</strong> <strong>le</strong>s agendas de la communauté se remplissentpeu à peu en prévision des moisagités que va connaîtreShanghai la moitié de c<strong>et</strong>teannée. « Le pavillon françaissera un des pavillons prêtsau 1 er mai, ce qui ne sera pas<strong>le</strong> cas de tous <strong>le</strong>s pavillonsnationaux », confie ThierryMathou, Consul général sur <strong>le</strong>de France à Shanghai. Desjournées tests sont d’ail<strong>le</strong>ursprogrammées dès la 20 avrilpour rôder l’organisation<strong>et</strong> l’accueil. Premier pays àavoir confirmé sa participationà l’événement, la Francene compte pas passerinaperçue. Le président Nicolas Sarkozysera présent à la cérémonie d’ouverture<strong>et</strong> d’autres personnalités politiques,dont Gérard Larcher <strong>et</strong> Bernard Accoyer,respectivement présidents du Sénat <strong>et</strong>de l’Assemblée nationa<strong>le</strong>, ou encore FrédéricMitterrand, ministre de la Culture,devraient suivre pendant <strong>le</strong>s six mois del’exposition.Le point d’orgue de c<strong>et</strong>te présence françaisesera <strong>le</strong> 21 juin, date choisie pourêtre la Journée de la France sur l’Expo,qui clôturera une semaine française. « Ona r<strong>et</strong>enu <strong>le</strong> jour de la fête de la musiqueplutôt que celui de la Fête nationa<strong>le</strong> pourfaire un événement ouvert sur <strong>le</strong>s Shanghaiens,où la France crée <strong>et</strong> apporte« Dix millionsde visiteurssont attenduspavillonFrance, dont60% sur troissemaines.»quelque chose qui correspond bien auxambitions culturel<strong>le</strong>s de la vil<strong>le</strong> », précise<strong>le</strong> Consul général. Une étude menée parl’agence de communication Ogilvy placedéjà <strong>le</strong> pavillon France comme <strong>le</strong> deuxièmepavillon national que <strong>le</strong>s Chinois ontl’intention de visiter, juste derrière celuides Etats-Unis. « C’est unformidab<strong>le</strong> encouragementmais un sacré défien même temps », estime<strong>le</strong> Consul général.Au total, dix millions devisiteurs sont attendussur <strong>le</strong> pavillon pendant<strong>le</strong>s six mois de l’Expo,qui commencera sur <strong>le</strong>schapeaux de roue. « Onattend 60 % des visiteurssur trois semaines : cel<strong>le</strong>du 1 er mai pour l’ouverture,cel<strong>le</strong> du 1 er octobreavec la fête nationa<strong>le</strong><strong>chinois</strong>e <strong>et</strong> la dernière semaine d’octobre,avant la ferm<strong>et</strong>ure », résume FranckSerrano, représentant à Shanghai de laCOFRES (Compagnie Française pourl’Exposition Universel<strong>le</strong> de Shanghai). Cequi n’empêchera pas <strong>le</strong> pavillon Franced’avoir « des grands moments tous <strong>le</strong>sjours avec une exposition permanentede qualité », rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> responsab<strong>le</strong> dela COFRES, en faisant notamment allusionaux six chefs-d’oeuvre prêtés par <strong>le</strong>musée d’Orsay, qui constitueront un desclous du parcours.En-dehors du pavillon France, trois régions(Alsace, Rhône-Alpes <strong>et</strong> I<strong>le</strong>-de-France) auront <strong>le</strong>ur propre représentationsur <strong>le</strong> site <strong>et</strong> une agglomération, •••Ca<strong>le</strong>ndrierAvril30 au soir – cérémonie d’ouverture, enprésence de Hu Jintao, Nicolas Sarkozy<strong>et</strong> Alain Delon.Mai75 e anniversaire de Lancôme au PavillonFrance2 au 4 – Premier forum au pavillon desNations Unies, consacré à la santé. Ilouvre une série de forums qui se tiendronttout au long des six mois.6 – Ouverture, rue de Nankin du pavillon« hors <strong>le</strong>s murs » de Lil<strong>le</strong> Europe pourdeux mois <strong>et</strong> demi, en présence de MartineAubry.9 – Journée de l’Europe, avec une grande« Parade Européenne » multiculturel<strong>le</strong> àlaquel<strong>le</strong> participeront des troupes artistiques,musiciens, danseurs ou artistes derue. La veil<strong>le</strong> au soir, un orchestre européense produira.Juin18 – Forum francophone des affaires.21 – La journée de la France, en écho à lafête de la musique. El<strong>le</strong> viendra clore unesemaine française sur <strong>le</strong> site de l’Expo.Des concerts auront lieu <strong>le</strong>s 20 <strong>et</strong> 21 dontM, qui se produira sur une des scènes del’Expo.Juill<strong>et</strong>8/9 – L’Orchestre national de Lil<strong>le</strong> viendrajouer à Shanghai.14 – Buff<strong>et</strong> républicain organisé pour lacommunauté française sur <strong>le</strong> PavillonFrance.15 – Clôture du pavillon Lil<strong>le</strong>-Europe.Août30 – Journée de l’Espagne.Septembre20 – Journée de la Francophonie. Lespavillons francophones réuniront <strong>le</strong>ursefforts pour organiser une rencontre académiqueautour du thème « <strong>le</strong> françaislangue de la réussite », un jeu de piste sur<strong>le</strong> site de l’Expo <strong>et</strong> peut-être une soiréefrancophone musica<strong>le</strong> <strong>et</strong> gastronomique.Octobre1 er – Journée de la Chine, qui coïncideavec la fête nationa<strong>le</strong> de la Républiquepopulaire.7 – Journée du pavillon de Monaco.31 – Cérémonie de clôture <strong>et</strong> tenue d’unsomm<strong>et</strong> mondial sur <strong>le</strong> climat qui devraitdéboucher sur la « déclaration de Shanghai».Connexions / mars 2010


FOCUS聚 焦PratiqueSe rendre sur <strong>le</strong> siteLe site de l’Exposition se trouve sur <strong>le</strong>sdeux rives du f<strong>le</strong>uve Huangpu, entre <strong>le</strong>pont Lupu <strong>et</strong> <strong>le</strong> pont Nanpu. Il sera desservipar métro (lignes 4, 6, 7, 8, une partiede la ligne 5 <strong>et</strong> une ligne spécia<strong>le</strong>, la ligne13), bus (de la rue Xizang -Puxi- à différenteszones pavillonnaires du site) <strong>et</strong>bateau (la ligne du pont Puming <strong>et</strong> deuxautres lignes auxiliaires gratuites). Deuxdocks VIP <strong>et</strong> six embarcadères grandpublic naviguant sur cinq itinéraires réguliers<strong>et</strong> un itinéraire VIP transporteront,sur une même rive, <strong>le</strong>s visiteurs d’un pointà un autre de l’Exposition. L’accès au sitese fera ainsi par huit entrées terrestres<strong>et</strong> dix entrées nautiques. Les voiturespersonnel<strong>le</strong>s ne pourront pas accéder àl’intérieur du site.Les tarifs d’entréeL’entrée sur <strong>le</strong> site de l’Exposition universel<strong>le</strong>est payante avec tarif variab<strong>le</strong>en fonction du jour, tick<strong>et</strong>s de groupe,passes 3 <strong>et</strong> 7 jours ou soirée (après 17h).Chaque tick<strong>et</strong> n’est valab<strong>le</strong> que pourune seu<strong>le</strong> entrée. Réductions pour personneshandicapées, âgées, étudiants<strong>et</strong> enfants.Les bill<strong>et</strong>s d’entrée sont en pré-vente jusqu’au30 avril 2010 auprès de distributeursspécifiques : China Mobi<strong>le</strong> CommunicationsCorporation (CMCC) http://www.chinamobi<strong>le</strong>.com/en/; China Te<strong>le</strong>comhttp://en.chinate<strong>le</strong>com.com.cn/; Bank ofCommunications http://www.bankcomm.com/BankCommSite/en/index.jsp ; ChinaPost http://www.chinapost.cn/English/.Pour plus d’informations al<strong>le</strong>r sur http://www.consulfrance-shanghai.org/Visiter-l-Exposition-universel<strong>le</strong>.html?lang=frPendant l’Exposition, <strong>le</strong>s tick<strong>et</strong>s serontdisponib<strong>le</strong>s aux kiosques sur <strong>le</strong> site.Pour plus d’infos , quelques sites francophoneshttp://www.consulfrance-shanghai.org/Visiter-l-Exposition-universel<strong>le</strong>.html?lang=fr:site du Consulat de Shanghaihttp://www.shanghai2010.fr/ : site lyonnaisbilingue français –anglaishttp://www.pavillon-france.fr/?lang=fr/ :site dédié au pavillon françaishttp://www.paris-idf-shanghai2010.com/:site dédié au pavillon I<strong>le</strong> de Francehttp://fr.expo2010.cn : version francophonedu portail officiel de l’expoLa résil<strong>le</strong> blanche minéra<strong>le</strong> voulue par l’architecte Jacques Ferrier est déjà en place.法 国 建 筑 师 雅 克 . 费 里 耶 设 计 的 法 国 馆 白 色 网 格 围 护 已 经 建 好•••Lil<strong>le</strong>-Europe, va même instal<strong>le</strong>r uneambassade hors <strong>le</strong>s murs, dans <strong>le</strong> centrevil<strong>le</strong>de Shanghai pendant quatre moisà l’occasion de l’événement. Bordeauxaura, par ail<strong>le</strong>urs, son mois en septembresur <strong>le</strong> pavillon, consacré au vin. Uneoccasion pour Alain Juppé, maire de lavil<strong>le</strong>, de faire <strong>le</strong> déplacement.Forte présence des entreprises françaisesMais ce sont surtout <strong>le</strong>s entreprises françaises,qui seront en force à l’Expo. El<strong>le</strong>ssont intervenues dans toutes sortes dedomaines, de la construction du site àsa gestion en passant par son animationpendant la période de mai à octobre.Quatre grands groupes ont mis 1,5million d’euros sur la tab<strong>le</strong> pour figurercomme partenaires privilégiés du pavillonFrance. Pour LVMH, la présencesur l’exposition universel<strong>le</strong> de Shanghais’inscrit dans une tradition historique dugroupe, qui s’est associé à de nombreuseséditions. Une exposition rétrospectivereviendra d’ail<strong>le</strong>urs pendant six moissur <strong>le</strong>s différentes participations du mall<strong>et</strong>ier,au centre commercial du Plaza 66,haut-lieu du luxe en centre vil<strong>le</strong>, où LouisVuitton a son magasin-phare. A quelquesjours de la cérémonie d’ouverture, <strong>le</strong> mall<strong>et</strong>ierouvrira éga<strong>le</strong>ment deux boutiquesà Shanghai, de chaque côté de la rivièreHuangpu (à Pudong <strong>et</strong> à Puxi).Pour chaque sponsor, l’exposition universel<strong>le</strong>est une occasion unique de s’offrirune vitrine publicitaire de six mois, avecune audience de 95 millions de Chinoisattendus. « Nous sommes en Chinedepuis 1994 <strong>et</strong> c’est un marché très importantpour nous », souligne-t-on chezLafarge, un autre sponsor privilégié. Lecimentier a décidé de s’investir dansl’événement de façon inédite. « C’est lapremière fois que nous sommes sponsorspour une exposition universel<strong>le</strong> »,rappel<strong>le</strong> une représentante du groupe,basée à Paris. Même intérêt pour <strong>le</strong>sconsommateurs <strong>chinois</strong> du côté deSanofi-Aventis, qui emploie 3 700 personnesen Chine, second marché mondialannoncé en 2010 pour la vente demédicaments sans ordonnance. « Noussaisissons c<strong>et</strong>te occasion pour accroîtrela prise de conscience du public <strong>chinois</strong>sur <strong>le</strong>s questions de santé », explique <strong>le</strong>service communication du groupe françaisà Shanghai.Michelin ménage, pour sa part, <strong>le</strong> sus-© Imagine China10 Connexions / mars 2010


la présence française à l’Expo 上 海 世 博 会 上 的 法 国法 国 在 上 海 世 博 会 插 上 三 色 旗Le pavillon France en 3D. Le jardin “à la française” vertical.垂 直 的 法 式 花 园法 国 馆 三 维 效 果 图pense. Yves Chapot, représentant de lasociété en Chine, préfère ainsi taire <strong>le</strong>contenu de son installation. « Le pavillonétant sur <strong>le</strong> thème des cinq sens, nousanimerons une séquence sur l’ouïe, pourfaire prendre conscience des différentsniveaux de bruits dans un environnementurbain », confie <strong>le</strong> responsab<strong>le</strong> sansdonner davantage de détails. Le spécialistedu pneumatique s’est bien r<strong>et</strong>rouvédans <strong>le</strong> thème de l’exposition « Meil<strong>le</strong>urevil<strong>le</strong>, meil<strong>le</strong>ure vie », qui résonne « avec <strong>le</strong>positionnement du groupe depuis plusieursannées », selon Yves Chapot. MaisMichelin ne par<strong>le</strong>ra pas que pneumatique<strong>et</strong> pollution sonore sur <strong>le</strong> pavillon.Le groupe édite un numéro spécial deson emblématique guide sur Shanghai,comme il l’avait fait pour Pékin lors desJeux Olympiques de 2008. Une éditionen <strong>chinois</strong>, consacrée à la France, seraéga<strong>le</strong>ment en vente à la boutique dupavillon <strong>et</strong> <strong>le</strong>s coup<strong>le</strong>s qui se marierontsur place y auront droit en cadeau. Enfin,<strong>le</strong> célèbre Bibendum, symbo<strong>le</strong> del’entreprise c<strong>le</strong>rmontoise, accueil<strong>le</strong>ra <strong>le</strong>svisiteurs aux côtés de la mascotte du pavillon,Léon <strong>le</strong> chaton. • Julie Desné© DR© DR法 国 馆 的 混 凝 土 结 构 已 经 耸 立 在 黄 浦江 畔 的 上 海 世 博 园 区 。 法 国 馆 的 施 工 基 本接 近 尾 声 。 考 虑 到 为 期 半 年 的 上 海 世 博 会 将举 办 丰 富 多 彩 的 活 动 , 法 国 的 日 程 也 渐 渐 排满 。“ 法 国 馆 将 是 5 月 1 日 对 外 开 放 的 世 博 会展 馆 之 一 , 不 是 所 有 的 国 家 馆 都 能 做 到 这 一点 。” 法 国 驻 上 海 总 领 事 马 捷 利 介 绍 说 。 上海 世 博 园 区 4 月 20 日 起 将 进 行 数 日 试 运 行 ,以 完 善 组 织 和 接 待 工 作 。 作 为 最 早 确 认 参 加上 海 世 博 会 的 国 家 , 法 国 不 打 算 被 忽 视 。 法国 总 统 萨 科 奇 将 出 席 开 幕 式 , 参 议 院 议 长 热拉 尔 · 拉 尔 歇 、 国 民 议 会 议 长 阿 夸 耶 和 文 化部 长 弗 雷 德 里 科 . 密 特 朗 等 政 要 也 将 在 世 博会 期 间 到 访 。6 月 21 日 , 法 国 将 迎 来 参 加 世 博 会 的 最高 潮 , 这 一 天 是 法 国 周 结 束 的 日 子 , 它 被 选为 世 博 会 的 法 国 日 。“ 我 们 选 择 了 音 乐 节 这天 而 不 是 法 国 国 庆 日 奉 献 给 上 海 人 一 场 大 型活 动 。 在 活 动 中 , 法 国 为 上 海 创 造 并 带 来 一些 东 西 , 它 们 与 这 座 城 市 远 大 的 文 化 抱 负 非常 吻 合 。” 总 领 事 明 确 地 说 。 奥 美 公 司 所 做的 一 项 调 查 显 示 , 法 国 馆 成 为 中 国 人 希 望 参观 的 第 二 大 国 家 馆 , 紧 随 美 国 之 后 。“ 这 非常 令 人 鼓 舞 , 同 时 也 是 巨 大 的 挑 战 。” 总 领事 认 为 。 预 计 共 有 1000 万 人 在 为 期 6 个 月 的世 博 会 期 间 参 观 法 国 馆 , 目 前 世 博 会 开 始 全速 推 进 。“ 我 们 预 计 60% 的 参 观 者 将 集 中 在3 个 星 期 里 :5 月 1 日 开 幕 的 一 周 , 十 一 国 庆黄 金 周 和 闭 幕 前 10 月 的 最 后 一 周 。”2010 上海 世 博 会 法 国 参 展 局 驻 上 海 首 席 代 表 方 可(Franck Serrano) 总 结 道 。 但 这 些 不 会 妨 碍法 国 馆 “ 每 天 都 有 重 要 的 时 刻 配 合 高 质 量 的持 久 展 览 ”, 上 海 世 博 会 法 国 参 展 局 的 负 责人 重 申 , 并 特 别 提 到 从 法 国 奥 赛 博 物 馆 借 出的 6 幅 经 典 名 作 , 它 们 将 是 参 观 过 程 中 的 一大 亮 点 。在 法 国 馆 之 外 , 三 个 法 国 大 区 ( 阿 尔萨 斯 、 罗 纳 - 阿 尔 卑 斯 和 巴 黎 大 区 ) 将 在 城市 最 佳 实 践 区 进 行 展 示 。 里 尔 - 欧 洲 还 将 借世 博 会 之 机 在 上 海 市 中 心 进 行 为 期 4 个 月 的世 博 会 场 外 的 展 示 。 波 尔 多 市 也 将 于 9 月 在法 国 馆 内 举 办 葡 萄 酒 展 , 波 尔 多 市 市 长 阿兰 . 朱 佩 (Alain Juppé) 届 时 将 到 访 。世 博 会 更 是 法 国 企 业 展 示 的 舞 台 。5 月至 10 月 期 间 , 他 们 参 与 到 从 世 博 园 区 的 建设 到 管 理 、 活 动 组 织 等 各 个 领 域 中 。4 家 法国 集 团 各 出 资 150 万 欧 元 , 成 为 法 国 馆 的 首席 合 作 伙 伴 。 对 路 易 威 登 - 酩 悦 轩 尼 诗 集 团(LVMH) 而 言 , 参 加 上 海 世 博 会 符 合 集 团的 历 史 传 统 , 它 曾 参 加 过 许 多 届 世 博 会 。 另外 , 为 期 6 个 月 的 关 于 路 易 威 登 参 加 往 届 世博 会 的 回 顾 展 将 在 上 海 市 中 心 的 奢 侈 品 殿堂 —— 恒 隆 广 场 举 行 , 那 里 有 路 易 威 登 的 旗舰 店 。 距 世 博 会 开 幕 前 的 几 天 , 路 易 威 登 将有 两 家 新 店 开 张 , 分 别 位 于 黄 浦 江 的 两 岸( 浦 东 和 浦 西 )。对 每 个 赞 助 商 而 言 , 世 博 会 是 一 次 为期 6 个 月 的 绝 无 仅 有 的 宣 传 窗 口 , 预 计 将 有9500 万 中 国 参 观 者 。 另 一 家 首 席 合 作 伙 伴 拉法 基 集 团 强 调 说 :“ 我 们 1994 年 就 进 入 中国 , 中 国 是 我 们 非 常 重 要 的 市 场 。” 这 家 水泥 行 业 巨 头 决 定 以 前 所 未 有 的 方 式 参 与 世博 。“ 这 是 我 们 第 一 次 成 为 世 博 会 的 赞 助商 。” 拉 法 基 驻 巴 黎 的 一 位 代 表 提 示 说 。 在中 国 拥 有 3700 名 员 工 的 赛 诺 菲 - 安 万 特 集 团也 同 样 重 视 中 国 消 费 者 。2010 年 中 国 成 为 其全 球 第 二 大 非 处 方 药 市 场 。“ 我 们 希 望 借 此机 会 提 高 中 国 公 众 对 医 疗 问 题 的 认 识 。” 这家 法 国 集 团 驻 上 海 的 公 关 部 解 释 说 。米 其 林 则 保 留 悬 念 。 米 其 林 ( 中 国 )投 资 有 限 公 司 董 事 长 夏 逸 夫 更 倾 向 于 对 公 司参 与 世 博 会 的 内 容 保 持 缄 默 。“ 法 国 馆 以 五感 为 主 题 , 我 们 将 展 示 其 中 的 听 觉 系 列 , 提高 公 众 对 城 区 不 同 级 别 噪 音 的 关 注 。” 这 位负 责 人 透 露 说 , 但 未 给 出 更 多 细 节 。 米 其 林确 实 理 解 了 世 博 会 的 主 题 “ 城 市 让 生 活 更美 好 ”, 夏 逸 夫 认 为 , 这 个 主 题 与 “ 集 团 几年 来 的 定 位 不 谋 而 合 ”。 不 过 , 米 其 林 在 世博 会 上 将 不 光 谈 到 轮 胎 和 噪 音 污 染 。 集 团 还将 发 行 上 海 旅 游 指 南 , 就 像 2008 年 奥 运 会 期间 它 曾 出 版 过 北 京 旅 游 指 南 。 米 其 林 中 文 版的 法 国 旅 游 指 南 将 在 法 国 馆 的 小 商 店 里 有售 , 在 法 国 馆 参 加 浪 漫 婚 典 的 新 人 们 将 获赠 该 书 。 米 其 林 的 象 征 ——“ 轮 胎 人 必 比登 ” 也 将 和 法 国 馆 吉 祥 物 “ 乐 乐 ” 一 起 接 待参 观 者 。 •Connexions / mars 2010 11


FOCUS聚 焦La France des régions s’expose aussiSur <strong>le</strong>s 15 hectares consacrés aux meil<strong>le</strong>ures pratiques urbaines, vil<strong>le</strong>s <strong>et</strong> régions sont bienreprésentées.R h ô n e - A l p e s : b i o -habitat <strong>et</strong> vil<strong>le</strong> lumièreAu dernier étage du pavillon Rhône-Alpes,côté sal<strong>le</strong>, on pourra déguster <strong>le</strong>sspécialités du restaurant-éco<strong>le</strong> InstitutPaul Bocuse, ou, côté cuisine, observer l<strong>et</strong>ravail de la centaine d’apprentis <strong>chinois</strong>.La région a vu grand, 3311m², soit <strong>le</strong> plusgrand pavillon étranger de la zone (secondderrière celui de Shanghai), il seraplus vaste par exemp<strong>le</strong> que <strong>le</strong> pavillonnational du Brésil.Avant tout tourné vers <strong>le</strong> B to B, <strong>le</strong> bâtimentfait l’étalage des technologies desentreprises rhônalpines <strong>et</strong> françaisesnotamment en matière de performanceénergétique. Sur la mezzanine, quinz<strong>et</strong>otems perm<strong>et</strong>tront de visualiser desinformations sur <strong>le</strong>s grandes entreprisespartenaires. Les PME ont aussi mis la mainà la pâte avec la société ILEX paysage quioffre la conception de la roseraie installéeau pied du pavillon <strong>et</strong> un groupementd’industriels de la région a conçu <strong>et</strong> installél’éclairage des installations publiquesde la zone. « Nous apportons <strong>le</strong> conceptde “lumière sensib<strong>le</strong>“ soit une luminositédifférente selon <strong>le</strong>s espaces <strong>et</strong> <strong>le</strong>ursusages, avec laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s visiteurs sont eninteraction » explique Morgan Vansoen,chargé de proj<strong>et</strong> Expo 2010 pour la missionéconomique rhônalpine (ERAI).Chaque soir, un Show Lumière de 20minutes illuminera sols, bâtiments <strong>et</strong> habil<strong>le</strong>ral’ancienne cheminée industriel<strong>le</strong>au bord du f<strong>le</strong>uve Huangpu, emblèmede la zone.Un concept de “lumière sensib<strong>le</strong>” sur <strong>le</strong> pavillon Rhône-Alpes.罗 纳 - 阿 尔 卑 斯 大 区 馆 : 体 现 “ 感 性 灯 光 ” 理 念Une façade green-tech pour l’Alsace.阿 尔 萨 斯 大 区 馆 : 体 现 绿 色 科 技 的 建 筑 表 面© DR© DRAlsace : charme <strong>et</strong>technologiesTour de Pise de verre <strong>et</strong> de métal, <strong>le</strong> pavillonalsacien forme un parallélépipèdepenché à quarante cinq degrés <strong>et</strong> coifféd’une terrasse arborée. Le bâtiment m<strong>et</strong>en avant <strong>le</strong>s réalisations environnementa<strong>le</strong>sde la région. Et d’abord la réalisationdes huit agences d’architecture strasbourgeoisesqui se sont réunies dans <strong>le</strong>Un ruban b<strong>le</strong>u de 80m pour <strong>le</strong> pavillon I<strong>le</strong>-de-France, comme la Seine traverse Paris.巴 黎 大 区 馆 : 一 条 80 米 长 的 蓝 色 带 子 , 仿 佛 塞 纳 河 穿 过 巴 黎© DR12 Connexions / mars 2010


la présence française à l’Expo 上 海 世 博 会 上 的 法 国consortium l’AADI pour concevoir c<strong>et</strong>teambassade verte. La façade sud est unconcentré de technologies : des capteurssolaires analysent la température<strong>et</strong> l’enso<strong>le</strong>il<strong>le</strong>ment, si besoin de l’eau sem<strong>et</strong> à ruisse<strong>le</strong>r pour rafraîchir l’espace. Lesystème a déjà été testé dans une éco<strong>le</strong>de Bouxwil<strong>le</strong>r, à Shanghai il sera complétépar un système d’air conditionnésolaire.« A l’intérieur, la scénographie m<strong>et</strong> enavant <strong>le</strong>s images fortes de l’Alsace, l’Alsac<strong>et</strong>raditionnel<strong>le</strong> <strong>et</strong> romantique, d’un côté,de l’autre l’Alsace moderne explique MaryseDondril<strong>le</strong>, commissaire généra<strong>le</strong> dupavillon, sous <strong>le</strong> ciel des quatre saisons ».La visite se finira sur <strong>le</strong> traditionnel marchéde Noël alsacien. Le deuxième étagepourra être loué par différentes entreprises,<strong>le</strong> restaurateur installé au dernierétage y servira ses spécialités dans uneambiance de Stammtisch alsacienneParis/I<strong>le</strong>-de-France :autour du f<strong>le</strong>uveUn ruban b<strong>le</strong>u de 80m parcourt <strong>le</strong> pavilloncomme la Seine traverse Paris <strong>et</strong> sarégion. Il sert de support à la projectionde cinq courtes vidéos sur l’environnement,la vil<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s services urbains ou l’entreprise.La région valorise ses savoir-faire<strong>et</strong> ses innovations dans <strong>le</strong>s 600m² qui luisont réservés sous la hal<strong>le</strong> industriel<strong>le</strong>réhabilitée qu’el<strong>le</strong> partage avec d’autresgrandes métropo<strong>le</strong>s (Prague, Ozaka,...).Dans la catégorie « art de vie », Paris achoisi de présenter « Paris plage ». Nao,p<strong>et</strong>it robot de 60 cm déjà en service dansdes laboratoires <strong>et</strong> certaines universités,sera sa mascotte. La société francilienneAlderaban qui l’a conçu veut profiter del’Expo pour tester son grand frère Romeo,1m40, avant tout destiné à l’aide àla personne. Bardé de capteurs, équipéde caméras, il doit pouvoir re<strong>le</strong>ver sonmaître après une chute ou prévenir <strong>le</strong>ssecours.« Le pavillon ouvre ses espaces partenaires,70m² à ses sponsors ; entreprises,col<strong>le</strong>ctivités <strong>et</strong> institutionnels. » préciseYou Xing, responsab<strong>le</strong> du bureau de larégion à Shanghai. Les Ga<strong>le</strong>ries Lafay<strong>et</strong>tepar exemp<strong>le</strong> y déploieront <strong>le</strong>ur vision duchic parisien. • Emilie Torgemen法 国 大 区 也 参 展史 无 前 例 , 上 海 世 博 会 用 15 公 顷 的 面 积 打 造 城 市 最 佳 实践 区 。 众 多 城 市 和 地 区 报 名 , 希 望 能 在 世 博 会 的 这 片 区 域 展示 自 己 。 雄 鸡 啼 鸣 , 法 国 成 为 继 德 国 之 后 的 第 二 大 西 方 参 展国 家 。 法 国 展 馆 的 亮 点 有 :罗 纳 - 阿 尔 卑 斯 大 区 馆 : 生 态 居 住 区 与 照 明之 城在 罗 纳 - 阿 尔 卑 斯 大 区 馆 的 顶 层 的 大厅 旁 , 人 们 可 以 品 尝 保 罗 . 博 古 斯 (PaulBocuse) 厨 艺 学 院 餐 厅 的 特 色 食 品 , 或 者 在厨 房 旁 观 看 百 名 中 国 学 徒 做 菜 。 罗 阿 大 区 拥有 3311 平 方 米 的 巨 大 展 区 , 是 城 市 最 佳 实 践区 里 最 大 的 外 国 展 馆 ( 排 在 上 海 馆 之 后 的 第二 大 展 馆 ), 比 巴 西 国 家 馆 还 要 大 。展 馆 首 先 采 用 了 B to B 模 式 , 展 示 罗 纳 -阿 尔 卑 斯 大 区 及 法 国 企 业 的 技 术 , 尤 其 是 能源 方 面 的 成 就 。 在 中 二 楼 ,15 个 公 司 标 志 可以 让 人 们 很 醒 目 地 看 到 有 关 15 家 企 业 合 作 伙伴 的 信 息 。 中 小 企 业 也 亲 自 上 阵 , 比 如 欧 莅景 观 设 计 咨 询 公 司 (ILEX Paysage) 提 供 在展 馆 前 的 广 场 上 建 造 玫 瑰 园 的 设 计 。罗 阿 大 区 还 将 通 过 为 城 市 最 佳 实 践 区提 供 道 路 照 明 亮 相 , 这 些 照 明 设 施 由 其 企 业发 展 协 会 设 计 并 安 装 。“ 我 们 带 来 的 是 “ 感性 灯 光 ” 的 理 念 , 即 根 据 空 间 及 其 用 途 而呈 现 不 同 的 亮 度 , 这 样 参 观 者 就 会 与 灯 光互 动 。” 罗 纳 - 阿 尔 卑 斯 大 区 企 业 国 际 发展 协 会 2010 年 世 博 会 的 项 目 负 责 人 MorganVansoen 解 释 道 。 每 天 晚 上 , 一 段 20 分 钟 的灯 光 展 示 将 照 亮 地 面 和 建 筑 物 , 为 城 市 最 佳实 践 区 的 标 志 性 建 筑 —— 位 于 黄 埔 江 畔 的 老厂 烟 囱 披 上 盛 装 。阿 尔 萨 斯 大 区 馆 : 魅 力 和 技 术阿 尔 萨 斯 大 区 馆 是 一 座 用 玻 璃 和 金 属混 搭 而 成 比 萨 塔 , 构 成 一 个 呈 45 度 角 倾 斜的 六 面 体 , 顶 部 立 起 一 座 平 台 。 这 座 建 筑 重点 展 示 的 是 阿 尔 萨 斯 大 区 的 环 保 成 就 。 首先 , 这 是 斯 特 拉 斯 堡 8 家 建 筑 设 计 所 共 同 完成 的 成 果 , 他 们 聚 集 在 阿 尔 萨 斯 建 筑 设 计 所( AADI) 的 旗 下 , 设 计 了 这 座 绿 色 “ 使馆 ”。 南 面 的 一 侧 是 技 术 的 浓 缩 : 安 装 的 太阳 传 感 器 分 析 气 温 和 光 照 , 如 果 需 要 的 话 ,水 会 流 下 来 为 表 面 送 去 清 凉 。 这 套 系 统 已 经在 法 国 布 克 斯 维 莱 尔 的 一 所 学 校 里 测 试 过 ,在 上 海 还 加 装 了 太 阳 能 空 调 。“ 在 展 馆 内 部 , 布 景 强 调 的 是 阿 尔 萨斯 的 强 烈 印 象 , 一 方 面 是 传 统 浪 漫 的 阿 尔 萨斯 , 另 一 方 面 是 现 代 的 阿 尔 萨 斯 呈 现 在 四季 的 天 空 下 。” 阿 尔 萨 斯 大 区 馆 总 特 派 员Maryse Dondril<strong>le</strong> 解 释 道 。 参 观 以 阿 尔 萨 斯 传统 的 圣 诞 节 集 市 结 束 。 第 二 层 将 租 给 企 业 。设 在 最 顶 层 的 餐 厅 将 在 阿 尔 萨 斯 聚 餐 的 氛 围中 提 供 各 种 特 色 食 物 。巴 黎 / 巴 黎 大 区 馆 : 绕 河 而 行一 条 长 达 80 米 的 蓝 色 带 子 穿 过 展 馆 ,好 像 塞 纳 河 穿 过 大 巴 黎 地 区 。 它 用 来 投 射 关于 环 境 、 城 市 、 城 市 公 共 服 务 及 企 业 的 5 部短 片 。 巴 黎 大 区 在 翻 修 过 的 600 平 米 的 老 厂房 里 展 示 其 技 术 专 长 和 创 新 , 这 块 场 地 由巴 黎 和 其 他 大 城 市 共 同 使 用 ( 布 拉 格 、 大阪 等 )。 在 生 活 艺 术 部 分 , 巴 黎 选 择 展 示巴 黎 海 滩 。 高 60 厘 米 的 小 机 器 人 Nao, 已经 在 一 些 实 验 室 和 大 学 投 入 使 用 , 将 会 成为 展 馆 的 吉 祥 物 。 设 计 这 款 机 器 人 的 巴 黎 企业 Alderaban 希 望 通 过 世 博 会 测 试 Nao 的 哥 哥Romeo, 一 个 高 1.4 米 首 先 用 于 帮 助 人 的 机器 人 。Romeo 装 有 传 感 器 , 配 备 了 摄 像 机 ,在 主 人 摔 倒 后 能 够 将 其 扶 起 来 , 并 报 警 求救 。“ 大 巴 黎 地 区 展 馆 为 企 业 、 行 政 区域 和 机 构 赞 助 商 开 设 70 平 米 的 合 作 伙 伴 区域 。” 法 国 巴 黎 大 区 发 展 局 中 国 代 表 处 首 席代 表 游 行 明 确 表 示 。 比 如 , 老 佛 爷 商 场 将 在这 里 展 示 他 们 眼 中 的 法 式 优 雅 。 •Connexions / mars 2010 13


FOCUS聚 焦Lesdélégationsrégiona<strong>le</strong>sUne importante délégation d’une centainede personnes emmenée par MartineAubry sera à Shanghai au début dumois de juill<strong>et</strong>. Le déplacement est l’unde ceux pilotés par la Chambre de commerce<strong>et</strong> d’industrie française en Chine.« Accompagner des délégations d’entreprises<strong>et</strong> d’institutionnels fait partiede notre travail classique, beaucoup deCCI prennent prétexte de l’Expositionuniversel<strong>le</strong> pour mener une mission deprospection » explique Béatrice d’Estienned’Orves, directrice appui commercialCCIFC à Shanghai.Le groupe de Lil<strong>le</strong> <strong>et</strong> de la région Nord-Pas de Calais enchaînera échanges d’expérienceavec de grandes entreprisesnordistes installées à Shanghai (Décathlon,Auchan, Bonduel<strong>le</strong>, Roqu<strong>et</strong>te, <strong>et</strong>c) ;visite intelligente de la vil<strong>le</strong> <strong>et</strong> de l’Expopour explorer des solutions d’architecture<strong>et</strong> d’urbanisme ; visite du port eneaux profondes de Yangshan pour par<strong>le</strong>rlogistique, <strong>et</strong>c. La CCIFC participe éga<strong>le</strong>mentà l’organisation d’un séminaire derencontres avec <strong>le</strong>s hauts responsab<strong>le</strong>sde la municipalité de Shanghai autour del’orchestre national de Lil<strong>le</strong>, en concert àl’Oriental art center de Pudong <strong>le</strong> 8juill<strong>et</strong>. L’ensemb<strong>le</strong> du chef Jean-ClaudeCasadesus qui avait séduit <strong>le</strong>s mélomanes<strong>chinois</strong> lors de la tournée en Chineen 2007 est sûrement l’un des meil<strong>le</strong>ursambassadeurs de la région. Le Nord-Pasde Calais mise sur l’Expo <strong>et</strong> a prévu unereprésentation hors du site dans un templ<strong>et</strong>aoiste sur la rue de Nankin du 1 er maiau 15 juill<strong>et</strong>.C<strong>et</strong> espace de 650m² accueil<strong>le</strong>ra différentesexpositions dont « Futurotexti<strong>le</strong> ».On pourra y voir une robe de mariéefuturiste en dentel<strong>le</strong>s lumineuses, unecombinaison résistant à 300°C, un fil<strong>et</strong>« attrape nuages », un rideau énergisant,un store photovoltaïque ou des chauss<strong>et</strong>tesà base de b<strong>et</strong>terave. L’industri<strong>et</strong>exti<strong>le</strong> de la région est très impliquéedans <strong>le</strong> développement de ces texti<strong>le</strong>sdu futur. Méert, pâtisserie-salon de thé<strong>et</strong> véritab<strong>le</strong> institution lilloise, sera éga<strong>le</strong>mentde la partie.semb<strong>le</strong> du Pacifique r<strong>et</strong>rouvera sa terreHongkong <strong>et</strong> Shanghai. Au final, l’en-La CCIFC accompagnera aussi un groupementd’entreprises mené par la CCI de <strong>le</strong>s vents <strong>et</strong> <strong>le</strong>s courants. On dit que <strong>le</strong>sd’origine. La route est cel<strong>le</strong> imposée parStrasbourg <strong>et</strong> cel<strong>le</strong> de Lorraine à la fin Polynésiens partaient toujours contre <strong>le</strong>du mois de juin. Au programme : tour vent pour avoir l’assurance de rentrer faci<strong>le</strong>ment.Le voyage de 2010 réunira tousde l’Expo, événements <strong>et</strong> rendez-vousentre entreprises de la région <strong>et</strong> entreprises<strong>chinois</strong>es sur l’ensemb<strong>le</strong> du pays. de ces migrations.<strong>le</strong>s p<strong>et</strong>its r<strong>et</strong>ours de l’histoire millénaireUne mission d’entreprises de la région Après de longues recherches sur <strong>le</strong>s pirogues,Clément Pito a combiné savoir-faireCentre, de la Drôme <strong>et</strong> de la vil<strong>le</strong> du Havre,une autre venue de l’î<strong>le</strong> de la Réunionont déjà fait appel à la CCIFC pour se construire son embarcation. Les deux co-ancestraux <strong>et</strong> techniques modernes pourrendre à Shanghai c<strong>et</strong> été. C<strong>et</strong>te dernière ques ont été creusées dans deux falcatasveut profiter de la visibilité offerte par la géants, de grands arbres à l’écorce grise,semaine de la Réunion (fin août) dans <strong>le</strong>pavillon France. •Tahiti-Shanghai enpirogue àbalancierEn six mois, une pirogue traditionnel<strong>le</strong> àbalancier remontera <strong>le</strong> cours du tempsde 6000 ans pour faire <strong>le</strong> voyage inversedes migrations polynésiennes, de Tahitià la Chine.Une pirogue de dix-huit mètres pourrelier Tahiti à Shanghai pendant l’Expositionuniversel<strong>le</strong>, c’est <strong>le</strong> pari un peu foude Clément Pito, navigateur, <strong>et</strong> Hiria Ottino,ancien représentant de la Polynésiefrançaise à Pékin <strong>et</strong> auteur de différentsouvrages sur la culture <strong>chinois</strong>e. « Il s’agitd’un proj<strong>et</strong> de plus de dix ans qui devientréalité grâce au mécène, Joseph Laine »précise ce Tahitien passionné de Chine.Il y a six mil<strong>le</strong> ans, <strong>le</strong>s anciens Polynésiensont réalisé l’exploit de coloniser systématiquement<strong>le</strong> Pacifique, <strong>le</strong> plus vasteocéan du monde, de l’Asie vers <strong>le</strong>s î<strong>le</strong>s.En six mois, la pirogue de Clément Pito <strong>et</strong>Hiria Ottino prévoit de faire <strong>le</strong> voyage inversedes migrations, de Tahiti à la Chine.Les grandes aires de peup<strong>le</strong>ment serontdes esca<strong>le</strong>s du chemin du r<strong>et</strong>our : Tahiti,î<strong>le</strong>s Cook, Niue, Tonga, Fidji, Vanuatu, SantaCruz Islands, î<strong>le</strong>s Salomon, PapouasieNouvel<strong>le</strong>-Guinée Le long de c<strong>et</strong>te routeocéanienne, la pirogue embarquera descoéquipiers à chaque halte. Puis directionl’Asie : l’Indonésie, <strong>le</strong>s Philippines,des hauteurs de Punnauia, au Sud de Pape<strong>et</strong>e.Une fois évidés, <strong>le</strong>s fonds ont étéfendus, sans toucher aux extrémités, puislégèrement écartés, pour y insérer uneplanche <strong>et</strong> augmenter ainsi <strong>le</strong> volume decarène. Les bras, eux, sont faits en boisrouge. Le balancier servira de soute àmatériel pour <strong>le</strong>s batteries é<strong>le</strong>ctriques,<strong>le</strong> carburant, l’approvisionnement. Unedizaine de Polynésiens participeront àc<strong>et</strong>te aventure dont trois sur <strong>le</strong> bateausuiveur.Ce voilier suivra toute la traverséepour assurer la sécurité maritime <strong>et</strong> météorologiquede l’équipage. La pirogueel<strong>le</strong>-même disposera de matériels denavigation modernes <strong>et</strong> de moyens d<strong>et</strong>ransmission par satellite (Iridium) perm<strong>et</strong>tantla mise à jour d’un journal debord diffusé sur Intern<strong>et</strong>. Un moteur de40 chevaux servira à la fois pour la propulsiondans <strong>le</strong>s ports <strong>et</strong> la générationé<strong>le</strong>ctrique.Construction, équipements, logistique,ce voyage qui remontera en six mois la<strong>le</strong>nte migration des Polynésiens coûteapproximativement 80 millions Fcfp(environ 670 000 euros). Hiria Ottino <strong>et</strong>Clément Piton ont voulu que <strong>le</strong> voyagearrive en Chine pendant l’Expositionuniversel<strong>le</strong> de Shanghaï pour que <strong>le</strong>« r<strong>et</strong>our » des Océaniens en Asie, région-mèrebénéficie d’une couverturemédiatique optima<strong>le</strong>. Le départ de Tahitiest prévu en avril. •Emilie Torgemenhttp://blog.sina.com.cn/s/artic<strong>le</strong>list_1661727801_0_1.html14 Connexions / mars 2010


la présence française à l’Expo 上 海 世 博 会 上 的 法 国Le temp<strong>le</strong> taoïste de la rue de Nankin accueil<strong>le</strong>rala délégation Nord-Pas de Calais.上 海 南 京 路 的 道 观 将 接 待 法 国 北 加 莱 海 峡 大 区 的 展 览法 国 大 区 代 表 团一 支 由 Martine Aubry 率 领 的 百 人 代 表 团将 于 7 月 初 到 达 上 海 。 这 是 中 国 法 国 工 商 会安 排 的 行 程 之 一 。“ 陪 同 企 业 和 机 构 代 表团 是 我 们 的 传 统 工 作 , 许 多 工 商 会 借 世 博会 之 机 来 中 国 考 察 。” 中 国 法 国 工 商 会 商务 部 经 理 Béatrice d’Estienne d’Orves 解 释 道 。这 支 来 自 里 尔 和 北 加 莱 海 峡 大 区 的代 表 团 将 与 驻 上 海 的 法 国 北 部 大 企 业 ( 迪卡 侬 , 欧 尚 , 百 蔬 乐 , 罗 盖 特 等 ) 交 流 经验 ; 有 针 对 性 地 参 观 上 海 市 和 世 博 会 , 研究 城 市 规 划 和 建 筑 方 案 ; 参 观 洋 山 深 水港 , 讨 论 物 流 领 域 的 合 作 等 。7 月 8 日 , 里尔 国 家 管 弦 乐 团 在 浦 东 西 方 艺 术 中 心 举 办音 乐 会 之 际 , 中 国 国 法 国 工 商 会 还 将 参 与组 织 与 上 海 市 政 府 高 层 领 导 的 一 次 会 晤 。法 国 指 挥 大 师 让 . 克 罗 德 . 凯 萨 德 苏 (Jean-ClaudeCasadesus) 带 领 的 乐 团 2007 年 在 中国 巡 回 演 出 时 , 吸 引 了 大 批 中 国 乐 迷 , 此次 , 他 们 无 疑 是 北 加 莱 海 峡 大 区 最 好 的 宣传 大 使 之 一 。 北 加 莱 海 峡 大 区 对 世 博 会 寄予 厚 望 , 预 计 5 月 1 日 至 7 月 15 日 在 南 京 路上 的 一 座 道 观 里 进 行 一 次 世 博 会 场 外 的 展览 。这 块 650 平 方 米 的 展 区 将 接 待 各 种 展览 , 其 中 有 “ 未 来 纺 织 业 ” 展 览 。 在 此 人们 将 看 到 未 来 派 的 闪 光 花 边 的 婚 纱 、 可 以抵 御 300 度 高 温 的 连 身 防 护 服 、 集 雾 水 网 、产 生 能 量 的 窗 帘 、 光 帘 和 用 甜 菜 纤 维 制 成的 短 袜 。 北 加 莱 海 峡 大 区 的 纺 织 工 业 与 这© DR些 未 来 纺 织 技 术 的 发 展 紧 密 相 关 。Méert 糕点 店 - 茶 屋 , 名 副 其 实 的 里 尔 名 店 , 也 是 展览 的 一 部 分 。6 月 底 , 中 国 法 国 工 商 会 还 将 陪 同 斯 特拉 斯 堡 和 洛 林 工 商 会 带 领 的 企 业 代 表 团 。日 程 包 括 : 参 观 世 博 会 , 组 织 活 动 以 及 大区 企 业 与 中 国 各 地 企 业 之 间 的 会 谈 。 一 支来 自 法 国 中 部 大 区 、 德 龙 省 和 勒 阿 弗 尔 市的 企 业 考 察 团 以 及 另 一 支 来 自 留 尼 汪 岛 的考 察 团 已 找 到 中 国 法 国 工 商 会 来 安 排 今 年夏 天 来 上 海 的 行 程 。 后 面 这 支 考 察 团 希 望利 用 法 国 馆 留 尼 汪 周 (8 月 22-29 日 ) 提 供的 展 示 机 会 。La pirogue tahitienne prendra la mer enavril à destination de Shanghai.开 往 上 海 的 大 溪 地 木 船 将 于 2010 年 4 月 起 航从 大 溪 地 到 上 海的 独 木 舟 之 旅一 艘 传 统 的 浮 架 木 帆 船 将 用 六 个 月 的时 间 重 走 六 千 年 前 波 利 尼 西 亚 人 从 大 溪 地到 中 国 的 迁 移 之 路 。在 世 博 会 期 间 , 驾 驶 一 条 18 米 长 的 传统 浮 架 木 帆 船 从 大 溪 地 到 上 海 , 这 是 航 海家 Clément Pitohe 和 前 法 属 波 利 尼 西 亚 驻 华代 表 Hiria Ottino 有 些 疯 狂 的 想 法 。 后 者 曾 写过 数 部 关 于 中 国 文 化 的 专 著 。“ 多 亏 JosephLaine 先 生 的 赞 助 , 这 个 计 划 了 10 多 年 的 项目 才 能 得 以 实 现 。” 热 爱 中 国 的 大 溪 地 人Ottino 表 示 。六 千 年 前 , 古 老 的 波 利 尼 西 亚 人 完 成了 征 服 世 界 上 最 大 的 海 洋 —— 太 平 洋 的 壮举 , 从 亚 洲 来 到 了 太 平 洋 的 岛 屿 上 。 六 个月 内 ,Clément Pito 和 Hiria Ottino 驾 驶 的© DR独 木 舟 准 备 逆 着 迁 移 路 线 从 太 平 洋 的 大 溪地 岛 到 中 国 。 一 路 经 停 当 时 迁 移 过 程 中 的各 大 中 转 点 , 包 括 : 大 溪 地 、 库 克 群 岛 、纽 埃 、 汤 加 、 斐 济 、 瓦 努 阿 图 、 圣 克 鲁 斯群 岛 、 所 罗 门 群 岛 、 巴 布 亚 新 几 内 亚 。 在每 个 中 转 地 , 木 帆 船 会 搭 上 同 行 人 员 , 然后 朝 亚 洲 进 发 : 印 度 尼 西 亚 、 菲 律 宾 、 香港 和 上 海 。 最 终 , 整 个 太 平 洋 岛 屿 将 找 到自 己 的 本 源 。 寻 根 之 旅 受 到 风 和 水 流 的 影响 。 听 说 , 波 利 尼 西 亚 人 永 远 逆 风 出 海 ,以 保 证 可 以 容 易 返 回 。2010 年 的 航 行 将 汇集 数 千 年 迁 移 史 中 的 所 有 小 变 迁 。祖 传 技 能 与 现 代 技 术经 过 对 木 帆 船 的 长 期 研 究 ,ClémentPito 把 祖 传 技 能 与 现 代 技 术 相 结 合 , 造 出了 自 己 的 小 船 。 船 身 用 巨 大 的 栎 树 凿 成 ,这 种 灰 色 树 皮 , 像 Punnauia 那 么 高 的 大 树生 长 在 帕 比 提 ( 大 溪 地 的 首 都 ) 的 南 部 。凿 好 船 体 后 , 锯 开 底 部 但 不 能 锯 到 底 , 再稍 稍 分 开 , 往 里 插 进 一 块 板 , 以 便 增 加 吃水 量 。 桅 杆 是 由 红 木 制 成 的 。 浮 架 作 为 存放 电 池 、 燃 料 和 补 给 的 物 资 舱 。 十 几 名 波利 尼 西 亚 人 将 参 与 这 次 航 行 , 其 中 有 三 人在 随 船 上 。 这 艘 船 将 全 程 跟 随 独 木 舟 , 以保 障 全 体 船 员 的 航 海 中 和 恶 劣 天 气 下 的 安全 。 木 帆 船 自 身 将 配 备 现 代 航 海 设 备 和 卫星 传 输 方 式 , 可 以 更 新 网 上 发 布 的 航 海 日志 。 一 台 40 马 力 的 发 动 机 用 于 在 港 口 的 推进 和 发 电 。此 次 为 期 六 个 月 的 漫 长 的 波 利 尼 西亚 人 迁 移 之 旅 , 在 造 船 、 设 备 和 后 勤 等方 面 将 花 费 近 8000 万 波 利 尼 西 亚 法 郎 ( 折合 约 67 万 欧 元 )。Hiria Ottino 和 ClémentPiton 希 望 独 木 舟 在 世 博 会 期 间 到 达 上 海 ,为 了 呼 应 太 平 洋 群 岛 移 民 回 归 亚 洲 本 源 ,这 里 将 有 最 多 媒 体 的 报 道 。 独 木 舟 预 计 4 月从 大 溪 地 起 航 。 •Connexions / mars 2010 15


FOCUS聚 焦© DR © DRVisite en 3D du pavillon français depuis son PC, comme si on y était.从 电 脑 上 参 观 三 维 效 果 的 法 国 馆 , 如 同 身 临 其 境© DR© DRExpo 3D en ligne, la premièremondia<strong>le</strong> de Dassault SystèmesDu Déjeuner à Tahiti de Gauguin à la création d’une vil<strong>le</strong> du futur, Shanghai 2010 est l’occasionpour Dassault Systèmes de faire entrer <strong>le</strong> grand public dans son univers en 3DEntrer dans l’univers de Gauguin <strong>et</strong> flânerdans la scène paradisiaque de son Déjeunerà Tahiti… grâce à 3DVIA de DassaultSystèmes, <strong>le</strong> <strong>le</strong>ader des solutions 3D, cesera possib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> site en ligne du pavillonfrançais pendant toute la durée del’Exposition universel<strong>le</strong>.L’outil a permis d’élaborer une répliquenumérique du bâtiment de l’architecteJacques Ferrier : des millions de visiteurspourront ainsi entreprendre une promenadeen 3D à 360 degrés, en immersiontota<strong>le</strong>, à l’intérieur comme à l’extérieurdu pavillon français, découvrir son jardinvertical à la française… en passant <strong>le</strong>ursouris sur <strong>le</strong>ur écran d’ordinateur. Bonusvirtuel, ils pourront s’introduire dans n’importe<strong>le</strong>quel des chefs-d’œuvre exposésà Shanghai par <strong>le</strong> musée d’Orsay. Le pavillonprépare éga<strong>le</strong>ment des jeux avec lamascotte Léon <strong>le</strong> chaton.Le bureau chargé de la coordination del’Expo 2010 a aussi choisi la plateforme3DVIA pour créer la première édition virtuel<strong>le</strong>de l’histoire de c<strong>et</strong>te manifestation.Les quelques 5,28 km² du site de l’Exposeront ainsi accessib<strong>le</strong>s en ligne. Les visiteursvont pouvoir parcourir <strong>le</strong> site sur <strong>le</strong>srives du f<strong>le</strong>uve Huangpu, se déplacer d’unpavillon à l’autre, participer à différentesactivités interactives en 3D <strong>et</strong> assister à ladiffusion en ligne de manifestations réel<strong>le</strong>s.« L’outil 3DVIA perm<strong>et</strong> de vivre unevéritab<strong>le</strong> expérience de l’Expo, assureChristian Nardin, directeur Asie de DassaultSytèmes. D’autant qu’à la versionweb 1.0, s’ajoute une version 2.0, participative,de l’Exposition en ligne. » En eff<strong>et</strong>,<strong>le</strong> site Expo Online proposera éga<strong>le</strong>mentde bâtir la « Vil<strong>le</strong> du Futur » en s’appuyantsur <strong>le</strong> concept <strong>et</strong> <strong>le</strong> format des jeux enligne pour imaginer la vil<strong>le</strong> de demain,dans <strong>le</strong> cadre d’un proj<strong>et</strong> impliquant <strong>le</strong>sinternautes du monde entier. C<strong>et</strong>te versionvirtuel<strong>le</strong> de l’Expo sera prolongéeau-delà de la manifestation réel<strong>le</strong>.Une vision 3D pour tousDassault Systèmes a déjà collaboré avecl’Exposition universel<strong>le</strong>. L’entreprise participaitainsi à la dernière édition à Aichiau Japon, via une installation, sorte d’anémonede 5m de haut rendue vivante pardes projections sur sa paroi avec troisfilms en 3D — sur <strong>le</strong> thème de l’innovationdurab<strong>le</strong>. C<strong>et</strong>te fois, <strong>le</strong> géant françaisva plus loin. Déjà incontournab<strong>le</strong> dans<strong>le</strong>s milieux industriels, veut promouvoirsa vision de la « 3D pour tous » grâce àla dernière née des technologies maison3DVIA virtools.16 Connexions / mars 2010


la présence française à l’Expo 上 海 世 博 会 上 的 法 国Précurseurs dans <strong>le</strong> domaine de la 3Ddepuis la fin des années 70, <strong>le</strong>s ingénieurs,alors sous l’ai<strong>le</strong> de Avions MarcelDassault (aujourd’hui Dassault Aviation),ont d’abord créé des solutions 3D poursimu<strong>le</strong>r des surfaces d’avions.Depuis lors, via une croissance externerapide (29 acquisitions depuis 1999), ce<strong>le</strong>ader mondial propose des solutions 3Dpour accompagner l’ensemb<strong>le</strong> du cyc<strong>le</strong>de vie d’un produit, qui perm<strong>et</strong>tent deréduire <strong>le</strong>s coûts comme <strong>le</strong>s délais dudéveloppement.Ces logiciels perm<strong>et</strong>tent de concevoir untéléphone portab<strong>le</strong>, par exemp<strong>le</strong>, puis desimu<strong>le</strong>r sa chaîne de production ; de visualisersa texture ; d’étudier <strong>le</strong>s réactionsde ce mobi<strong>le</strong> putatif quand on <strong>le</strong> j<strong>et</strong>teà terre ; de communiquer entre <strong>le</strong>s designersaméricains, <strong>le</strong> bureau de sourcingturc <strong>et</strong> <strong>le</strong> centre de production en Chineou de tester son emballage auprès desconsommateurs dans <strong>le</strong> monde virtuel,avant de lancer sa production dans <strong>le</strong>monde réel.La Chine « formidab<strong>le</strong> laboratoire »La technologie mise en oeuvre lors del’Expo pour vivre ces expériences réalistesen 3D est déjà utilisée dans denombreux secteurs industriels tels quel’aéronautique, l’automobi<strong>le</strong>, <strong>le</strong> bâtiment,<strong>le</strong>s biens de consommation courante <strong>et</strong>l’habil<strong>le</strong>ment.Dassault Sytèmes est éga<strong>le</strong>ment en positiondominante sur <strong>le</strong> marché <strong>chinois</strong>.Le géant français est en eff<strong>et</strong> présent depuisde nombreuses années auprès desindustriels <strong>chinois</strong> grâce à un importantréseau de plus de 80 revendeurs. Depuis2005, Dassault systèmes a créé une filia<strong>le</strong><strong>chinois</strong>e qui compte aujourd’hui environ150 employés répartis dans six sites pourpiloter ces revendeurs.En 2008, sur 1,34 milliards d’euros derevenu, la zone Asie pacifique représentait23%. La Chine en particulier estun marché à surveil<strong>le</strong>r de près : « Pournos clients <strong>chinois</strong>, il y a deux aspects,la base existante encore réduite <strong>et</strong> <strong>le</strong>snouvel<strong>le</strong>s affaires, très prom<strong>et</strong>teuses»explique Christian Nardin. Troisièmepuissance économique bientôt numérodeux mondial, la Chine produit à tourde bras. « La Chine est un fantastiquelaboratoire pour nos technologies, •••达 索 打 造 第 一 个 全 球 3D 网 上 世 博 会“ 走 进 ” 法 国 后 印 象 派 大 师 高 更 的 世界 , 漫 步 于 他 在 大 溪 地 岛 上 的 画 作 《 餐 点 》如 天 堂 般 的 场 景 之 中 ...... 通 过 全 球 3D 解决 方 案 的 领 导 者 达 索 系 统 的 3DVIA 技 术 , 这将 在 整 个 世 博 会 期 间 的 网 上 世 博 法 国 馆 成 为可 能 。这 项 技 术 能 够 数 字 模 拟 出 雅 克 . 费 里耶 (Jacques Ferrier) 所 设 计 的 法 国 馆 : 在360 度 的 视 角 中 , 数 以 百 万 计 的 参 观 者 只 需轻 点 鼠 标 就 可 在 网 上 法 国 馆 内 外 自 由 参 观 ,欣 赏 垂 直 的 法 式 花 园 。 虚 拟 技 术 的 附 加 优势 : 参 观 者 能 够 步 入 法 国 奥 赛 博 物 馆 在 上 海世 博 会 展 出 的 任 何 一 幅 经 典 名 作 中 , 还 可 以与 法 国 馆 的 吉 祥 物 “ 乐 乐 ” 进 行 实 时 互 动 。2010 年 上 海 世 博 会 事 务 协 调 局 也 选 择3DVIA 技 术 平 台 建 立 世 博 会 史 上 第 一 个 “ 网上 世 博 会 ”, 人 们 可 以 从 网 上 参 观 占 地 约5.28 公 里 的 世 博 会 园 区 。 参 观 者 沿 着 黄 浦 江两 岸 走 遍 世 博 园 区 , 从 一 家 展 馆 逛 到 另 一家 , 参 加 各 种 3D 互 动 , 并 在 线 参 与 实 体 活动 。“ 由 于 参 与 性 的 web2.0 网 上 世 博 会 融入 到 web1.0,3DVIA 技 术 可 以 让 人 身 临 其 境 地参 观 世 博 会 。” 达 索 系 统 亚 太 区 总 裁 纳 凯 斯(Christian Nardin) 表 示 。 事 实 上 , 网 上 世博 会 网 站 还 号 召 全 球 网 友 参 与 到 打 造 “ 未 来之 城 ” 的 计 划 中 , 借 助 在 线 游 戏 的 概 念 和 模式 , 设 想 未 来 城 市 的 面 貌 。 此 届 网 上 世 博 会将 在 实 体 世 博 会 结 束 后 继 续 存 在 。3D for All 开 发 平 台达 索 系 统 与 世 博 会 的 合 作 不 是 头 一回 。 公 司 曾 参 加 过 上 届 日 本 爱 知 世 博 会 , 通过 5 米 高 的 银 莲 花 状 的 装 置 , 把 三 部 以 可 持续 创 新 为 主 题 的 3D 电 影 活 灵 活 现 地 投 射 在四 周 的 墙 壁 上 。 这 一 次 , 达 索 系 统 希 望 通 过最 新 诞 生 的 3DVIA virtools 技 术 推 广 自 己 的 3Dfor All 开 发 平 台 。自 上 世 纪 70 年 代 末 就 是 3D 领 域 的 先驱 , 马 尔 塞 勒 . 达 索 航 空 ( 今 为 达 索 航 空 )旗 下 的 工 程 师 们 首 先 开 发 了 模 拟 飞 机 表 面的 3D 解 决 方 案 。 自 此 , 这 家 全 球 领 先 的 高科 技 企 业 借 助 快 速 的 外 部 扩 张 (1999 年 以 来一 共 进 行 了 29 次 收 购 ), 为 产 品 全 生 命 周 期提 供 3D 解 决 方 案 , 减 少 费 用 并 缩 减 开 发 周期 。 比 如 , 这 些 软 件 可 以 用 来 设 计 一 款 手机 , 模 拟 其 生 产 线 , 显 示 其 构 造 , 研 究 手 机摔 在 地 上 的 反 应 , 使 美 国 设 计 师 、 土 耳 其 采购 办 公 室 和 中 国 的 生 产 中 心 之 间 实 现 多 方 交流 , 或 在 现 实 世 界 里 正 式 投 产 前 , 在 虚 拟 空间 里 测 试 消 费 者 对 包 装 的 反 应 。中 国 : 绝 佳 的 实 验 室在 世 博 会 上 应 用 的 3D 逼 真 体 验 技 术 已经 运 用 在 航 空 航 天 、 汽 车 、 建 筑 、 快 速 消 费品 和 服 装 等 诸 多 领 域 。 达 索 系 统 在 中 国 市 场上 也 占 据 着 主 导 地 位 。多 年 来 , 这 家 法 国 巨 头 在 中 国 凭 借80 多 家 零 售 商 的 庞 大 网 络 服 务 于 中 国 的 工 业企 业 。2005 年 达 索 系 统 成 立 了 中 国 分 公 司 ,如 今 拥 有 近 150 名 员 工 , 分 布 在 6 个 工 作 地点 , 负 责 零 售 商 的 管 理 。2008 年 , 亚 太 区 占 公 司 13.4 亿 欧 元总 收 入 的 23%。 中 国 是 要 特 别 关 注 的 市场 :“ 我 们 的 中 国 客 户 有 两 个 特 点 , 目 前的 客 户 群 还 比 较 窄 , 但 新 业 务 的 发 展 前 景良 好 。” 纳 凯 斯 解 释 说 。 作 为 全 球 第 三 大的 经 济 强 国 , 不 久 将 跃 升 至 第 二 位 , 中 国正 全 力 生 产 , 而 生 产 商 就 是 达 索 系 统 的 客户 。“ 中 国 对 我 们 的 技 术 而 言 是 一 个 绝 佳 的实 验 室 。 我 们 的 技 术 也 用 于 解 决 中 国 的 首 要问 题 —— 可 持 续 发 展 。 因 此 , 我 们 参 与 了 此届 以 “ 城 市 让 生 活 更 美 好 ” 为 主 题 的 世 博会 。”城 市 规 划 : 一 个 新 兴 市 场在 深 圳 ,13 部 计 算 机 通 过 3D 测 试 城 市 规划 方 案 。 在 中 国 , 复 杂 建 筑 的 建 设 通 常 借 助达 索 系 统 的 3D 设 计 和 模 拟 技 术 , 比 如 北 京奥 林 匹 克 体 育 场 及 上 海 的 国 际 金 融 中 心 。 两年 来 , 深 圳 使 用 更 为 先 进 的 3DVIA 技 术 , 通过 13 台 计 算 机 和 12 部 投 影 仪 将 整 个 城 市 的 模型 投 射 在 一 个 大 屏 幕 上 , 虚 拟 出 城 市 规 划 方案 。世 博 会 让 达 索 系 统 展 示 其 “ 大 众 ” 能力 : 像 吕 克 . 贝 松 和 詹 姆 士 . 卡 梅 隆 之 类 的 大导 演 独 具 慧 眼 , 将 达 索 系 统 的 软 件 用 于 电 影《 亚 瑟 和 他 的 迷 你 王 国 》 和 《 阿 凡 达 》 的 构思 。 这 些 技 术 还 可 以 作 为 公 关 和 市 场 营 销 工具 。 达 索 系 统 与 吕 克 . 贝 松 的 欧 罗 巴 电 影 公司 合 作 , 把 240 万 雀 巢 Chocapic 麦 片 盒 变 成电 脑 游 戏 操 纵 器 。 消 费 者 只 要 登 入 指 定 的 雀巢 网 站 , 通 过 网 络 摄 影 头 拍 下 麦 片 盒 背 面 ,就 可 以 驱 动 以 《 亚 瑟 和 他 的 迷 你 王 国 2》 作为 背 景 的 3D 游 戏 机 程 序 , 游 戏 机 里 的 光 球随 着 消 费 者 将 麦 片 盒 左 右 倾 斜 而 左 右 移 动 ,最 后 游 戏 机 内 的 迷 你 王 国 角 色 还 会 跳 出 包 装盒 。 纳 凯 斯 相 信 :“ 上 海 世 博 会 是 一 次 有 国际 影 响 力 的 盛 会 , 它 将 被 载 入 史 册 : 史 上 规模 最 大 的 世 博 会 , 也 是 第 一 届 网 上 3D 世 博会 。 我 们 认 为 此 届 世 博 会 将 被 争 相 效 仿 。”通 过 这 些 在 线 演 示 , 达 索 不 仅 希 望 说服 中 国 企 业 相 信 这 些 新 应 用 的 重 要 性 , 而 且希 望 全 球 市 场 也 确 信 这 一 点 。 •Connexions / mars 2010 17


FOCUS聚 焦•••nos outils servent aussi la problématiquecapita<strong>le</strong> qu’est en Chine <strong>le</strong> développementdurab<strong>le</strong>, d’où notre présenceà l’Exposition universel<strong>le</strong> dont <strong>le</strong> sloganest B<strong>et</strong>ter city b<strong>et</strong>ter life. » précise <strong>le</strong> directeurAsie.Urbanisme : un nouveau marchéA Shenzhen 13 ordinateurs perm<strong>et</strong>tentde tester en 3D <strong>le</strong>s proj<strong>et</strong>s d’urbanisme.Classiquement, la construction de bâtimentssophistiqués s’appuie en Chine sur<strong>le</strong>s solutions de conception <strong>et</strong> de simulation3D de Dassault Systèmes, comme entémoignent <strong>le</strong>s cas du stade Olympiquede Pékin ou du centre financier mondialde Shanghai. Plus sophistiqué, depuisdeux ans, la municipalité de Shenzhenutilise 3DVIA pour modéliser ses proj<strong>et</strong>sd’urbanisme sur une « maqu<strong>et</strong>te » del’ensemb<strong>le</strong> de vil<strong>le</strong> proj<strong>et</strong>ée sur un grandécran grâce à treize ordinateurs <strong>et</strong> douzeprojecteurs.L’Exposition universel<strong>le</strong> perm<strong>et</strong>tra àl’éditeur de logiciels d’illustrer ses compétences« grand public » : <strong>le</strong>s réalisateurscomme Luc Besson <strong>et</strong> James Cameronne s’y sont pas trompés, ils ont utilisé<strong>le</strong>s logiciels de Dassault Systèmes pourla conception de <strong>le</strong>urs films Arthur <strong>et</strong> <strong>le</strong>sminimoys <strong>et</strong> Avatar. Ces technologiespeuvent aussi servir d’outil de communication<strong>et</strong> de mark<strong>et</strong>ing. Dassault Systèmesen partenariat avec EuropaCorps, lasociété de production de Luc Besson, aainsi transformé 2,4 millions de paqu<strong>et</strong>sde céréa<strong>le</strong>s Chocapic en conso<strong>le</strong> de jeu.En se connectant sur <strong>le</strong> site de la marque,<strong>le</strong>s consommateurs pouvaient filmer <strong>le</strong>dos du paqu<strong>et</strong> par <strong>le</strong>ur webcam pour révé<strong>le</strong>r<strong>le</strong> monde en 3D des Minimoys, récupérerdes bou<strong>le</strong>s magiques <strong>et</strong> pour <strong>le</strong>splus adroits faire sortir un personnage dufilm Minimoys du paqu<strong>et</strong>. « L’Expo 2010à Shanghai est un événement de portéemondia<strong>le</strong>, c<strong>et</strong>te Expo va faire l’histoire :la plus grande de tout <strong>le</strong>s temps, el<strong>le</strong> estaussi la première en 3D. Nous pensonsqu’el<strong>le</strong> va faire de nombreux ému<strong>le</strong>s »veut croire Christian Nardin.Avec ces démonstrations en ligne, <strong>le</strong><strong>le</strong>ader de la 3D ne veut pas seu<strong>le</strong>mentconvaincre <strong>le</strong>s entreprises <strong>chinois</strong>es del’importance de ces nouvel<strong>le</strong>s applications,mais aussi <strong>le</strong> marché mondial. •Emilie TorgemenDes cadeaux de noce signés l’Oréal pour <strong>le</strong>s « mariés romantiques » du Pavillon France.欧 莱 雅 为 参 加 “ 法 国 馆 浪 漫 婚 典 ” 的 新 人 们 准 备 了 新 婚 礼 物L’Oréal en fêteSeu<strong>le</strong> société française à être sponsor général de l’Expo,L’Oréal célèbre ses 75 printemps à Shanghai 2010.Les hôtesses <strong>et</strong> <strong>le</strong>s touristes du pavillonFrance « <strong>le</strong> vaudront bien », eux aussi, l<strong>et</strong>emps d’une « Expo ». De mai à octobre, <strong>le</strong>géant français des cosmétiques qui fêterason 75 e anniversaire au pavillon France enmai, se lance dans une vaste opération depromotion qui devrait séduire plus d’unvisiteur. « En tant qu’entreprise française,nous soutenons la présence de la Franceà l’exposition universel<strong>le</strong> de Shanghai »,résume Clothilde Yang, directrice de lacommunication corporate pour L’Oréa<strong>le</strong>n Chine. A partir du 1 er mai, un tirage ausort sera donc organisé chaque jour avec,à la clé, un produit L’Oréal à gagner pour<strong>le</strong>s visiteurs <strong>et</strong> <strong>le</strong>s hôtesses du Pavillon severront, el<strong>le</strong>s, offrir une session de formationpour apprendre à se maquil<strong>le</strong>r dansla plus pure tradition du chic français.« El<strong>le</strong>s participeront à donner une bonneimage de la France », souligne la responsab<strong>le</strong>.Les plus gâtés seront sans doute <strong>le</strong>sjeunes mariés, qui participeront au « Mariageromantique » organisé par la Mairiede Tours sur <strong>le</strong> pavillon français. Commecadeau pour la noce, ils auront droit à uneboîte contenant des produits de beautépour el<strong>le</strong> <strong>et</strong> pour lui. L’Oréal compte surtoutm<strong>et</strong>tre en avant ses marques L’Oréal-Paris <strong>et</strong> Lancôme pendant ces six moisd’événements. Le pavillon France seraune bonne plate-forme pour <strong>le</strong> groupefrançais qui prévoit d’y fêter son 75 e anniversaire.Un clin d’œil à l’histoire de la marque,dont <strong>le</strong> fondateur avait présenté sonpremier parfum sur une autre exposition© Imagine China18 Connexions / mars 2010


la présence française à l’Expo 上 海 世 博 会 上 的 法 国universel<strong>le</strong>. C’était en 1935 à Bruxel<strong>le</strong>s.Mais l’entreprise française ne se contentepas d’intervenir sur <strong>le</strong> pavillon tricolore.« Nous sommes la seu<strong>le</strong> société françaiseà être éga<strong>le</strong>ment sponsor de l’Expo »,précise Clothilde Yang. Tous <strong>le</strong>s volontairesbénéficieront ainsi des produitsL’Oréal, « comme ils travail<strong>le</strong>ront en p<strong>le</strong>inair entre mai <strong>et</strong> octobre, nous avons surtoutpensé à des crèmes de protectionsolaire », confie la responsab<strong>le</strong>. Les troiscents hôtesses de l’Expo, sé<strong>le</strong>ctionnéespar la Ligue de la jeunesse de Chine, recevrontéga<strong>le</strong>ment une formation, sur<strong>le</strong> maquillage mais aussi sur la façon des’habil<strong>le</strong>r — comment marier <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs— ou encore sur l’art de recevoirdes VIP. Ces derniers auront éga<strong>le</strong>mentdroit à des cadeaux spéciaux. Côté tapisrouge, L’Oréal fera appel à ses ambassadeurs<strong>chinois</strong> pendant <strong>le</strong>s six mois del’Expo, mais <strong>le</strong> détail de la liste n’a pasencore été dévoilé. On sait en tout casque l’actrice Li Bingbing, qui incarne lamarque, sera présente, puisqu’el<strong>le</strong> estdéjà ambassadrice de Shanghai Expo.En écho au thème de l’exposition« Meil<strong>le</strong>ure vil<strong>le</strong>, meil<strong>le</strong>ure vie », L’Oréals’est éga<strong>le</strong>ment engagé sur <strong>le</strong> vol<strong>et</strong> environnemental.« Nous travaillons déjà enpartenariat avec des organisations nongouvernementa<strong>le</strong>spour encouragernos employés à utiliser <strong>le</strong>s transports encommun <strong>et</strong> à économiser <strong>le</strong>s ressourcescomme l’énergie ou l’eau », détail<strong>le</strong> ClothildeYang. Mi-mars, l’entreprise devraitlancer un site intern<strong>et</strong> www.loreal2010.com visant à sensibiliser <strong>le</strong> grand publicsur ces questions de protection de l’environnement.En interne, un vaste programmea été lancé pour faire concourir<strong>le</strong>s employés du groupe dans <strong>le</strong> mondeentier sur <strong>le</strong>s mécanismes possib<strong>le</strong>s pourrendre une vil<strong>le</strong> plus verte. Les idées serontsoumises sur l’intran<strong>et</strong> de l’entrepris<strong>et</strong>out au long du mois d’avril. L’auteur dumeil<strong>le</strong>ur proj<strong>et</strong> sera invité une semaine àShanghai pour visiter <strong>le</strong> site de l’exposition.« C’est une façon que nous avons defaire la promotion de l’Expo ail<strong>le</strong>urs dans<strong>le</strong> monde », résume la responsab<strong>le</strong>.. •Julie DesnéA suivre : www.loreal2010.com欧 莱 雅 沉 浸 在 欢 乐 之 中世 博 会 召 开 期 间 , 法 国 馆 的 礼 仪 小 姐和 游 客 们 也 “ 值 得 拥 有 ”。 从 2010 年 5 月 到10 月 , 法 国 化 妆 品 巨 头 欧 莱 雅 将 投 身 到 一 场声 势 浩 大 的 持 续 促 销 的 行 动 中 , 吸 引 不 止 一位 参 观 者 。“ 作 为 一 家 法 国 企 业 , 我 们 支持 法 国 参 加 上 海 世 博 会 。” 欧 莱 雅 ( 中 国 )对 外 交 流 及 公 共 事 务 部 总 监 杨 晴 红 表 示 。 自5 月 1 日 起 , 每 天 都 会 举 办 抽 奖 活 动 , 参 观 法国 馆 的 观 众 将 赢 得 一 款 欧 莱 雅 化 妆 品 。 法 国馆 的 礼 仪 小 姐 们 也 将 获 得 参 加 讲 座 的 机 会 ,学 习 纯 法 式 的 优 雅 化 妆 。“ 她 们 有 助 于 展 示良 好 的 法 国 形 象 。” 杨 晴 红 强 调 道 。 最 大 的宠 儿 是 参 加 法 国 图 尔 市 政 府 举 办 的 “ 法 国 馆浪 漫 婚 典 ” 的 中 国 新 人 们 , 他 们 将 得 到 为 新娘 和 新 郎 定 制 的 美 容 产 品 作 为 新 婚 礼 物 。 在世 博 会 举 办 的 六 个 月 里 , 欧 莱 雅 打 算 主 打 巴黎 欧 莱 雅 和 兰 蔻 两 大 品 牌 。 法 国 馆 对 欧 莱 雅而 言 是 一 个 很 好 的 平 台 ,5 月 , 公 司 准 备 在这 里 庆 祝 兰 蔻 品 牌 创 立 75 周 年 。 回 顾 一 下 兰蔻 的 历 史 , 该 品 牌 的 创 始 人 是 在 另 一 届 世 博会 上 发 布 了 兰 蔻 的 首 款 香 水 , 那 是 1935 年 的布 鲁 塞 尔 世 博 会 。然 而 , 欧 莱 雅 不 只 满 足 于 赞 助 法 国馆 。, 杨 晴 红 明 确 指 出 :“ 我 们 是 唯 一 一 家同 时 赞 助 世 博 会 的 法 国 企 业 。” 所 有 志 愿 者都 使 用 欧 莱 雅 化 妆 品 。“ 由 于 他 们 将 于 5 月至 10 月 期 间 在 露 天 工 作 , 我 们 特 别 想 到 了 防晒 产 品 。” 杨 晴 红 透 露 说 。 由 中 国 共 青 团筛 选 的 300 名 世 博 会 礼 仪 小 姐 还 将 接 受 化 妆及 着 装 培 训 , 学 习 如 何 搭 配 色 彩 及 接 待 贵 宾的 礼 仪 。 贵 宾 们 也 将 获 得 特 别 的 礼 物 。 在 嘉宾 方 面 , 欧 莱 雅 将 在 世 博 会 举 办 的 六 个 月 里邀 请 其 中 国 的 代 言 人 , 不 过 名 单 细 节 尚 未 透露 。 我 们 至 少 知 道 品 牌 代 言 人 中 国 影 视 演 员李 冰 冰 届 时 将 出 席 , 因 为 她 还 担 任 了 世 博 会代 言 人 。与 世 博 会 主 题 “ 城 市 让 生 活 更 美好 ” 相 呼 应 , 欧 莱 雅 在 环 保 方 面 也 作 出 承诺 。“ 我 们 已 经 与 一 些 非 政 府 机 构 合 作 , 鼓励 员 工 使 用 公 共 交 通 工 具 , 节 约 能 源 、 水 等资 源 。” 杨 晴 红 具 体 地 说 ,“3 月 中 旬 , 公司 将 推 出 www.loreal2010.com 网 站 , 引 起公 众 对 于 环 保 问 题 的 关 注 。 在 公 司 内 部 , 我们 已 经 启 动 了 一 项 全 球 员 工 参 加 的 大 型 竞 赛项 目 , 主 题 是 让 城 市 更 加 环 保 的 可 能 机 制 。各 种 创 意 将 在 4 月 份 通 过 公 司 局 域 网 提 交 。最 佳 方 案 的 作 者 将 受 邀 赴 沪 一 周 , 参 观 世 博会 。“ 这 是 我 们 在 全 球 其 他 地 区 推 广 世 博 会的 一 种 方 式 。” 杨 晴 红 总 结 道 。 •Connexions 46 L’Expo en avant-premièreA l’été 2008, Connexions avait déjàconsacré un dossier spécial trèscompl<strong>et</strong> à l’Expo. R<strong>et</strong>rouvez <strong>le</strong>sinterviews des concepteurs du pavillonfrançais (Jacques Ferrier, RudiBauer <strong>et</strong> l’agence Ter), du consul généralde France à Shanghai ThierryMathou <strong>et</strong> du responsab<strong>le</strong> des relationsextérieures de l’Expo Xu Bo…<strong>et</strong> toute l’information sur l’Expo <strong>et</strong>la vil<strong>le</strong> de Shanghai au http://www.connexions.<strong>ccifc</strong>.org/index.php/fre/content/view/full/139.Connexions / mars 2010 19


FOCUS聚 焦Parmi <strong>le</strong>s eff<strong>et</strong>s spéciaux d’Aquatique Show : un rideau d’eau sur <strong>le</strong>quel des images sont proj<strong>et</strong>ées. 在 法 国 国 际 水 秀 公 司 制 作 的 特 效 中 , 包 括 水 幕 投 影© DRLes fééries liquides d’AquatiqueShowUne PME strasbourgeoise, numéro un mondial, orchestre <strong>le</strong>s jeux d’eaux des cérémoniesd’ouverture <strong>et</strong> de clôture.Top secr<strong>et</strong>, <strong>le</strong>s cérémonies d’ouverture<strong>et</strong> de clôture de l’Expo comporterontdes jeux d’eau grandioses, un spectac<strong>le</strong>aquatique prendra aussi place sur<strong>le</strong> site quotidiennement. Mais chut, onn’en saura pas plus sur <strong>le</strong>s installationsavant <strong>le</strong> jour J. Si ce n’est que l’auteur deces exploits liquides est une entreprisefrançaise Aquatique show.Dans <strong>le</strong> marché de niche que représentent<strong>le</strong>s spectac<strong>le</strong>s d’eau <strong>et</strong> <strong>le</strong>s eff<strong>et</strong>s spéciauxaquatiques, c<strong>et</strong>te PME strasbourgeoiseest <strong>le</strong> numéro un mondial. Les équipesd’Aquatique show ont entre autres participéaux animations aquatiques duchâteau de Versail<strong>le</strong>s, Disneyworld, SeaWorld Floride, Dubai Shopping Festival...Création, montage, maintenance, ilss’occupent de tout. Ainsi sur l’Expositionde Shanghai, une vingtaine d’experts ené<strong>le</strong>ctronique, en hydraulique, en robotiqueferont <strong>le</strong> voyage pour s’assurer que <strong>le</strong>spectac<strong>le</strong> sera prêt à temps. « Nous devronsrépondre à des défis techniques :une partie des fontaines se trouvent enrivières salées, <strong>le</strong>s équipements bougentsur quelques mètres chaque jour en raisondes marées… Le tout dans un délaiserré. Si c’était simp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> bureau de l’Expon’aurait pas fait appel à nous » se réga<strong>le</strong>Dominique Formhals, PDG d’Aquatiqueshow.Derrière la féérie, il faut imaginer <strong>le</strong>s équipesloca<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s fenwicks, <strong>le</strong>s grues, <strong>le</strong>s bateauxnécessaires au transport de tonnesd’équipement.Une vente de plus de dix millionsd’eurosDes événements de c<strong>et</strong>te amp<strong>le</strong>ur ily en a peu dans son industrie : Coupedu monde de football une fois tous <strong>le</strong>squatre ans <strong>et</strong> Jeux olympiques d’été àla même fréquence, mais pas de Jeuxolympiques d’hiver, la température limite<strong>le</strong>s jeux d’eau. « L’Expo universel<strong>le</strong>est un marché important pour nous, <strong>le</strong>sfontaines sont ach<strong>et</strong>ées par la municipalitépour un montant qui dépasse dixmillions d’euros, nous sommes très, très,très heureux d’avoir été sé<strong>le</strong>ctionnés »précise Dominique Formhals.Le PDG <strong>et</strong> fondateur est tombé dans <strong>le</strong>bain à 24 ans. Un vrai conte de fées, jeuneétudiant en droit, il concoctait une ani-20 Connexions / mars 2010


la présence française à l’Expo 上 海 世 博 会 上 的 法 国mation « très primitive » à base de tuyauxd’arrosage pour <strong>le</strong> 25 e anniversaire de lachora<strong>le</strong> de son père. Les bonnes féesce jour-là avaient <strong>le</strong> titre d’agents artistiqueségarés dans la sal<strong>le</strong> de spectac<strong>le</strong>strasbourgeoise. El<strong>le</strong>s lui proposent un<strong>et</strong>ournée d’un an avec <strong>le</strong> cirque Bouglione.Dominique Formhals a tout appris sur<strong>le</strong> tas, depuis il s’est entouré d’experts.« Nous sommes numéro un mondialparce que nous étions précurseurs. Enlocation, aucun de nos concurrents nepossède ne serait ce que 20% de notrematériel. » précise <strong>le</strong> patron alsacien. L’entrepriserestée 100% familia<strong>le</strong> compt<strong>et</strong>rente-cinq salariés à Strasbourg entre <strong>le</strong>siège <strong>et</strong> l’atelier <strong>et</strong> enregistre un chiffred’affaires de 20 millions d’euros.La Chine déjà premier marchéL’Asie représente déjà la moitié du chiffred’affaires contre 30% pour l’Europe, <strong>le</strong>reste se répartit entre <strong>le</strong> Proche-Orient,essentiel<strong>le</strong>ment Dubai <strong>et</strong> <strong>le</strong> Qatar, <strong>et</strong> laRussie qui a connu un n<strong>et</strong> ra<strong>le</strong>ntissementl’an passé. La Chine est déjà <strong>le</strong> premiermarché, Dominique Formhals comptebien qu’il continue de se développer.Des partenaires à Ningbo ont permis àAquatique show de prendre positiondans c<strong>et</strong>te vil<strong>le</strong> de la côte Est, ils ont installé<strong>le</strong> spectac<strong>le</strong> aquatique permanentde la municipalité depuis plusieurs années.A Canton, Aquatique show vientd’instal<strong>le</strong>r ses j<strong>et</strong>s d’eau dans <strong>le</strong> cirquepermanent Chimelong, la location pourun an s’élève approximativement à200 000 euros. A Macao, la société créeen collaboration avec Franco Dragone, <strong>le</strong>m<strong>et</strong>teur en scène du Cirque du so<strong>le</strong>il, ungrand spectac<strong>le</strong> avec danseurs <strong>et</strong> acrobatesdans une piscine pour <strong>le</strong> CasinoCity dream. « Avec l’Expo, nous espéronsaccroître encore notre visibilité dans<strong>le</strong> pays, explique Dominique Formhals,particulièrement grâce aux six mois despectac<strong>le</strong>s, vitrine de nos savoir-faire. » Lasociété est détentrice d’une vingtaine debrev<strong>et</strong>s. Et <strong>le</strong>s risques de contrefaçon ?Il suffit d’innover toujours, répond l’ancienbidouil<strong>le</strong>ur de tuyaux d’arrosage. Lesclients qui contactent Aquatique showexigent du sur-mesure. •Emilie Torgmenwww.aquatic-show.comLes parades délirantes de Transe Express.Transe ExpressEchange artistique« Viens voir <strong>le</strong>s comédiens, voir <strong>le</strong>s musiciens,voir <strong>le</strong>s magiciens qui arrivent... »Vingt-six artistes vont arriver de la Drômepour rejoindre un proj<strong>et</strong> un peu fou misen place par la région Rhône-Alpes avec<strong>le</strong> bureau de la culture de Shanghai pourl’Exposition universel<strong>le</strong> : trois troupesde spectac<strong>le</strong>s de rue françaises s’allientchacune à un « correspondant » <strong>chinois</strong>pour offrir une grande parade délirante<strong>et</strong> interculturel<strong>le</strong> : l’Orient orchestre.Transe Express prépare ses rou<strong>le</strong>mentsde tambours en harmonie avec l’OrientalJiangzhou Drum Theatre. « Accorder nostambours « à la française » à des percussions<strong>chinois</strong>es crée un vrai lien entre artistesmais aussi avec <strong>le</strong> public <strong>chinois</strong> quiy r<strong>et</strong>rouvera plus faci<strong>le</strong>ment ses repères »prêche avec conviction Claudia Caterinchargée de diffusion de Transe Express.Sa troupe qui a participé à des manifestationsmajeures tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s derniersJeux olympiques d’hiver à Vancouver,ceux d’Albertvil<strong>le</strong> en 1992 ou <strong>le</strong>s Portesde l’An 2000 <strong>et</strong> <strong>le</strong>s 2000 Coups de Minuità Paris coordonnera <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong>.La Grosse couture, fanfare au carrefourdes musiques du monde, du rock <strong>et</strong> dujazz, travail<strong>le</strong> avec l’institut de musiquede l’Université norma<strong>le</strong> de Shanghai. LesTranse Express 剧 团 令 人 兴 奋 的 表 演fabricants <strong>et</strong> animateurs de marion<strong>et</strong>tesgéantes <strong>le</strong> Caramantran font eux équipeavec une compagnie de dragons <strong>et</strong> delions, Shanghai acrobatic troupe star. Autotal, cinquante acteurs, musiciens, acrobates,marionn<strong>et</strong>tistes <strong>et</strong> percussionnistessont en train d’élaborer ce spectac<strong>le</strong>éphémère. Après un premier voyage derepérage en décembre pour identifier <strong>le</strong>spartenaires, <strong>le</strong>s échanges de partitions <strong>et</strong>de chorégraphies continuent à distance.Le final devait comporter l’arrivée demusiciens du ciel, transportés par unegrue, mais <strong>le</strong> bilan carbonne de ce deusex machina moderne est trop é<strong>le</strong>vé pourl’Expo, il sera remplacé par un numéro d<strong>et</strong>rapèze.Deux représentations sont prévues : <strong>le</strong>14 mai dans <strong>le</strong> parc de Zhongshan, <strong>le</strong>16 pour l’ouverture officiel<strong>le</strong> du pavillonRhône-Alpes sur l’ère des bonnes pratiques.On discute d’éventuel<strong>le</strong>s reprises <strong>et</strong>tournées de c<strong>et</strong>te collaboration exceptionnel<strong>le</strong>.•Emilie Torgemenwww.transe-express.comwww.lagrossecouture.com/www.caramantran.com(http:// www.worldtopdrum.com)© DRConnexions / mars 2010 21


FOCUS聚 焦Isolation <strong>et</strong> économie d’énergie, la Suède a choisi <strong>le</strong> béton cellulaire pour ses performances énergétiques.保 温 隔 热 和 节 约 能 源 , 瑞 典 馆 选 择 加 气 混 凝 土 来 提 高 能 效© DRLe béton vert de XellaLa société lyonnaise équipe huit pavillons. Une superbe vitrine pour ce champion quiexcel<strong>le</strong> en Chine.Le béton cellulaire Ytong de l’entreprisedéfend une approche verte de laconstruction. D’abord, <strong>le</strong> matériau en luimêmeperm<strong>et</strong> des économies d’énergiesubstantiel<strong>le</strong>s. Les innombrab<strong>le</strong>s trousd’air que comprend la matière assurentune isolation bien supérieure aux matériauxstandards, l’air étant un des meil<strong>le</strong>ursisolants. Dans <strong>le</strong>s constructions ordinaires<strong>chinois</strong>es, <strong>le</strong> niveau de conductivitéthermique est de 0,11, mais, grâce à un<strong>et</strong>echnologie européenne, il est de 0,09pour <strong>le</strong> béton Ytong, une première enChine. Concrètement, cela perm<strong>et</strong> demoins chauffer <strong>le</strong>s bâtiments l’hiver <strong>et</strong> demoins recourir à la climatisation l’été… unavantage de choix pour <strong>le</strong>s bâtiments del’Expo, qui devront subir la canicu<strong>le</strong> estiva<strong>le</strong>avec des pics à 40°C.Ils sont d’ail<strong>le</strong>urs nombreux à recourir àl’utilisation de ce matériau. L’entrepriseéquipe <strong>le</strong> Pavillon France <strong>et</strong> <strong>le</strong> pavillonRhône-Alpes, dans la zone des meil<strong>le</strong>urespratiques urbaines, mais aussi <strong>le</strong>spavillons du Maroc <strong>et</strong> de la Suède ; desbâtiments de première importancesur <strong>le</strong> site de l’Expo, tels que la sal<strong>le</strong> despectac<strong>le</strong> ou <strong>le</strong> pavillon thématique ; <strong>et</strong>enfin des pavillons d’entreprise, commecelui de General Motors / SAIC (ShanghaiAutomotive Industry Corporation) ou dela compagnie nationa<strong>le</strong> d’é<strong>le</strong>ctricité, laState Grid. « L’Expo donne une vision de lavie urbaine future, dont un des élémentsclé est l’architecture de pointe pour desbâtiments durab<strong>le</strong>s », résumait Jan Buck-Emden, Pdg de la filia<strong>le</strong> Ytong au sein dugroupe Xella, dans un communiqué del’entreprise en novembre dernier. Présentedepuis 1997 dans <strong>le</strong> delta du Yangze,Ytong est la première marque de bétoncellulaire en Chine avec une productionde 1,2 million de mètres cubes par an,sur des sites à Shanghai, Tianjin <strong>et</strong> dansla province du Zhejiang. Une chose estsûre, l’exposition universel<strong>le</strong> de Shanghaisera une formidab<strong>le</strong> vitrine pourla marque qui produit beaucoup dansla région Rhône-Alpes. Les défis à re<strong>le</strong>verpour l’événement ont été multip<strong>le</strong>s.Situé presqu’au centre de la vil<strong>le</strong>, <strong>le</strong> sitede l’Expo était diffici<strong>le</strong> à approvisionneren matériel <strong>et</strong> <strong>le</strong>s délais de chantier ontété établis au plus court. Par ail<strong>le</strong>urs, si lastructure du béton cellulaire s’adapte trèsbien aux exigences environnementa<strong>le</strong>sdes bâtiments modernes, el<strong>le</strong> doit aussien respecter <strong>le</strong> design contemporain.Mais la contribution du béton Ytong audéveloppement durab<strong>le</strong> s’étend au-delàde son utilisation. Le groupe Xella s’efforced’inscrire son procédé de fabricationdans une démarche plus respectueusede l’environnement. Le poids — plusfaib<strong>le</strong> que celui d’un béton normal étantdonné la présence d’air dans <strong>le</strong> matériau— perm<strong>et</strong> un transport <strong>et</strong> une gestionde la chaîne logistique plus faci<strong>le</strong>s<strong>et</strong> moins gourmands en énergie. Sur <strong>le</strong>schantiers, il n’est pas nécessaire de faireappel à du matériel sophistiqué, des outilsnormaux suffisent à la découpe des blocsde béton. •Julie Desné22 Connexions / mars 2010


la présence française à l’Expo 上 海 世 博 会 上 的 法 国法 国 国 际 水 秀 公 司的 水 上 梦 幻 表 演高 度 机 密 : 世 博 会 开 闭 幕 式 将 有 雄 伟壮 观 的 水 上 表 演 节 目 , 在 世 博 会 场 每 天 也 将上 演 一 场 水 秀 , 但 在 世 博 会 开 幕 前 人 们 不 会知 道 更 多 细 节 。 我 们 只 知 道 这 些 水 景 项 目 的制 作 者 是 一 家 法 国 企 业 —— 法 国 国 际 水 秀 公司 。在 水 上 表 演 及 水 中 特 效 的 小 众 市 场中 , 这 家 来 自 法 国 斯 特 拉 斯 堡 的 中 小 企 业 在世 界 上 首 屈 一 指 , 它 曾 参 加 过 法 国 凡 尔 赛宫 、 美 国 迪 斯 尼 乐 园 、 弗 罗 里 达 海 洋 世 界 、迪 拜 购 物 节 等 水 上 表 演 项 目 。 创 意 、 安 装 、维 修 , 一 切 都 由 他 们 负 责 。 因 此 , 在 上 海 世博 会 的 项 目 上 , 将 有 20 多 名 电 子 、 流 体 及 自动 化 专 家 奔 赴 上 海 保 证 表 演 如 期 举 行 。“ 我 们 要 接 受 住 技 术 的 挑 战 : 部 分 喷泉 将 设 在 咸 水 河 上 , 设 备 因 为 潮 水 每 天 会 移动 几 米 …… 所 有 准 备 工 作 必 须 在 很 短 的 期限 内 完 成 。 如 果 简 单 的 话 , 世 博 局 也 不 会找 到 我 们 。” 法 国 国 际 水 秀 公 司 的 总 经 理DominiqueFormhals 兴 奋 地 说 。 在 美 仑 美 奂的 水 上 表 演 背 后 , 要 考 虑 当 地 的 工 作 团 队 ,比 如 叉 车 、 吊 车 、 运 送 数 吨 设 备 的 必 要 船 只等 。超 过 1000 万 欧 元 的 买 卖在 法 国 国 际 水 秀 公 司 从 事 的 行 业 中 ,规 模 如 此 巨 大 的 活 动 很 少 : 四 年 一 次 的 世界 杯 足 球 赛 , 夏 季 奥 运 会 也 是 四 年 一 次 ,但 冬 奥 会 不 行 , 温 度 限 制 了 水 上 表 演 。 世博 会 对 我 们 来 说 是 个 重 要 的 市 场 , 上 海 市政 府 以 超 过 1000 多 万 欧 元 的 价 格 买 下 了 喷泉 。 我 们 非 常 、 非 常 、 非 常 幸 运 地 被 选中 。”Dominique Formhals 说 。公 司 总 经 理 兼 创 办 人 D o m i n i q u eFormhals 早 在 24 岁 时 就 入 行 。 一 个 真 实 的 传奇 故 事 , 作 为 一 名 法 律 专 业 的 大 学 生 , 为了 庆 祝 他 父 亲 的 合 唱 队 成 立 25 周 年 , 他 用浇 水 的 管 子 进 行 了 一 场 别 开 生 面 的 表 演 。那 一 天 , 在 斯 特 拉 斯 堡 演 出 大 厅 里 奇 迹 般地 有 演 艺 经 纪 公 司 在 场 , 他 们 向 DominiqueFormhals 提 议 跟 随 Bouglione 马 戏 团 进 行 巡 回演 出 。 他 在 实 践 中 学 到 了 所 有 的 东 西 , 此 后他 身 边 一 直 聚 集 着 专 家 。“ 我 们 是 世 界 第一 , 因 为 我 们 是 最 早 涉 足 该 行 业 的 企 业 。 在租 用 设 备 方 面 , 没 有 一 家 竞 争 对 手 能 够 拥有 我 们 20% 的 设 备 。” 这 位 阿 尔 萨 斯 的 老 板说 。 公 司 为 100% 的 家 族 经 营 , 在 法 国 斯 特拉 斯 堡 的 总 部 和 工 作 室 有 35 名 员 工 , 营 业 额达 2000 万 欧 元 。中 国 已 经 是 最 大 的 市 场亚 洲 占 法 国 国 际 水 秀 公 司 营 业 额 的50%, 而 欧 洲 只 占 30%, 其 余 分 布 在 近 东 ,主 要 是 迪 拜 和 卡 塔 尔 , 还 有 俄 罗 斯 , 但 去 年俄 罗 斯 增 长 明 显 放 缓 。 中 国 已 成 为 最 大 的 市场 ,DominiqueFormhals 预 计 中 国 市 场 会 继续 发 展 。 宁 波 的 合 作 伙 伴 已 经 让 公 司 在 这 座东 部 沿 海 城 市 占 有 一 席 之 地 , 多 年 来 , 他 们长 期 在 这 座 城 市 布 置 水 景 。 在 广 州 , 公 司 刚刚 在 长 隆 国 际 马 戏 大 剧 院 安 装 了 喷 泉 , 一 年的 租 金 就 达 到 近 20 万 欧 元 。 在 澳 门 , 公 司 与太 阳 马 戏 团 的 导 演 Franco Dragone 合 作 , 在新 濠 天 地 赌 场 度 假 村 的 游 泳 池 里 与 舞 蹈 和 杂技 演 员 们 共 同 创 办 了 一 台 大 型 演 出 。“ 我们 希 望 通 过 世 博 会 进 一 步 提 高 我 们 在 中 国的 知 名 度 , 特 别 是 利 用 6 个 月 的 表 演 来 展示 我 们 的 特 长 。”DominiqueFormhals 解 释说 。 公 司 拥 有 20 多 项 专 利 证 书 , 至 于 被 仿冒 的 风 险 , 只 要 一 直 创 新 就 行 ,DominiqueFormhals 这 样 回 应 。 联 系 法 国 国 际 水 秀 公 司的 客 户 要 求 的 是 量 身 订 制 。www.aquatic-show.com法 国 Transe Express 剧 团 : 艺术 交 流“ 快 来 看 即 将 到 来 的 喜 剧 演 员 , 乐手 , 魔 术 师 的 表 演 吧 ……”, 来 自 法 国 多 姆省 的 26 位 艺 术 家 将 参 与 由 罗 纳 - 阿 尔 卑 斯 大区 和 上 海 文 化 局 联 手 为 世 博 会 打 造 的 有 些 疯狂 的 节 目 :3 个 法 国 街 头 艺 术 家 团 体 分 别 与一 个 相 应 的 中 国 演 出 团 体 联 合 奉 献 一 场 令 人兴 奋 的 跨 文 化 大 型 演 出 : 东 方 音 乐 会 。Transe Express 准 备 与 上 海 东 绛 州 鼓 乐团 联 合 演 奏 鼓 乐 ,“ 把 我 们 的 法 式 鼓 乐 融 合到 中 国 的 打 击 乐 中 , 在 艺 术 家 之 间 , 同 时 也与 中 国 观 众 产 生 一 种 真 正 的 联 系 , 他 们 会 更容 易 产 生 共 鸣 。”Transe Express 的 宣 传 负 责人 ClaudiaCaterin 满 怀 信 心 地 説 。 她 的 团 体曾 参 加 过 多 次 重 大 活 动 , 例 如 最 近 的 温 哥华 冬 奥 会 、1992 的 阿 尔 贝 维 尔 冬 奥 会 、 巴 黎2000 年 跨 年 以 及 2000 下 子 夜 钟 声 庆 典 , 这 次Transe Express 将 参 与 世 博 会 的 演 出 。介 于 世 界 音 乐 、 摇 滚 乐 及 爵 士 乐 之 间的 铜 管 乐 队 La Grosse Couture 将 与 上 海 师 范大 学 音 乐 学 院 一 起 合 作 。 巨 型 木 偶 的 制 作演 出 团 体 Le Caramantran 则 与 一 家 舞 龙 舞 狮团 和 上 海 明 星 杂 技 团 组 成 演 出 团 队 。 共 有50 名 演 员 、 乐 手 、 杂 技 演 员 、 木 偶 操 纵 师 以及 打 击 乐 手 正 在 策 划 这 场 短 暂 的 演 出 。 自 去年 12 月 第 一 次 来 中 国 考 察 寻 找 合 作 伙 伴 之后 , 谱 曲 和 编 舞 的 远 距 离 交 流 一 直 在 继 续 。最 终 的 演 出 本 来 包 括 由 吊 车 运 送 乐 手 从 天 而降 , 但 是 这 种 现 代 手 法 的 排 碳 量 对 于 世 博 会来 说 过 于 高 昂 , 它 将 被 空 中 杂 技 节 目 代 替 。两 场 演 出 已 经 确 定 : 一 场 5 月 14 日 在 中 山 公园 里 , 另 一 场 5 月 16 日 在 世 博 会 城 市 最 佳 实践 区 罗 纳 - 阿 尔 卑 斯 大 区 馆 的 正 式 揭 幕 仪 式上 。 相 关 人 员 正 在 讨 论 此 次 中 法 艺 术 团 体 的合 作 将 来 可 能 重 新 进 行 并 举 办 巡 演 。www.transe-express.comwww.lagrossecouture.comwww.caramantran.com(http:// www.worldtopdrum.com)凯 莱 集 团 的 绿 色 混 凝 土经 多 方 认 证 , 凯 莱 集 团 生 产 的 伊 通 加气 混 凝 土 可 保 证 建 筑 的 环 保 。 这 种 建 筑 材 料本 身 就 能 节 约 大 量 能 源 。 材 料 中 包 含 的 无 数气 孔 比 普 通 材 料 的 保 温 隔 热 效 果 好 很 多 , 因为 空 气 是 最 好 的 保 温 隔 热 体 之 一 。 在 中 国 的普 通 建 筑 中 , 导 热 率 为 0.11, 而 借 助 欧 洲 技术 , 伊 通 加 气 混 凝 土 的 导 热 率 为 0.09, 这 在中 国 是 最 好 的 。 具 体 地 说 , 这 种 混 凝 土 在 冬天 可 以 为 建 筑 少 供 热 , 夏 天 可 以 让 建 筑 少 用空 调 。 对 于 世 博 会 的 建 筑 , 这 是 选 择 这 种混 凝 土 的 一 个 好 处 , 因 为 它 们 要 耐 受 每 年6 月 至 9 月 袭 击 上 海 的 三 伏 天 ( 最 高 气 温 可 达40°C)。很 多 展 馆 使 用 这 种 建 材 。 凯 莱 集 团 为法 国 馆 、 城 市 最 佳 实 践 区 的 罗 纳 - 阿 尔 卑 斯大 区 馆 、 摩 洛 哥 馆 和 瑞 典 馆 提 供 建 材 , 也 为世 博 会 园 区 的 重 要 建 筑 , 例 如 演 出 大 厅 和 主题 馆 提 供 建 材 , 还 为 企 业 馆 , 例 如 上 海 通 用汽 车 、 国 家 电 网 提 供 建 材 。“ 世 博 会 展 示 的是 未 来 的 城 市 生 活 , 其 关 键 要 素 是 符 合 可 持续 发 展 要 求 的 尖 端 建 筑 技 术 。” 凯 莱 旗 下 的伊 通 公 司 总 裁 Jan Buck-Emden 在 去 年 11 月 的一 份 企 业 新 闻 稿 中 这 样 总 结 。伊 通 公 司 自 1997 年 进 驻 长 三 角 , 是 中国 第 一 大 加 气 混 凝 土 品 牌 , 产 量 达 120 万 立方 米 , 在 上 海 、 天 津 和 浙 江 均 有 工 厂 。 可 以肯 定 的 是 , 上 海 世 博 会 对 于 伊 通 是 个 极 好 的展 示 窗 口 , 它 在 罗 纳 - 阿 尔 卑 斯 大 区 产 量 很大 。 此 届 世 博 会 曾 面 临 的 挑 战 众 多 : 会 址 几乎 位 于 市 中 心 , 建 材 供 应 困 难 , 建 设 工 期短 。 另 外 , 即 便 加 气 混 凝 土 的 结 构 很 适 合 现代 筑 的 环 保 要 求 , 但 也 要 尊 重 现 代 建 筑 设 计的 风 格 。然 而 , 伊 通 混 凝 土 对 可 持 续 发 展 的 贡献 超 越 其 用 途 。 凯 莱 集 团 力 求 将 其 生 产 工 艺纳 入 最 环 保 的 方 式 。 由 于 在 这 种 建 材 里 有 空气 , 重 量 比 普 通 混 凝 土 轻 , 从 而 使 运 输 和 物流 管 理 更 容 易 , 耗 能 更 少 。 在 工 地 上 , 不 需要 用 复 杂 的 材 料 , 只 要 用 普 通 工 具 就 能 切 割大 块 混 凝 土 。 •Connexions / mars 2010 23


FOCUS聚 焦Brèves ExpoArte-Charpentier dessine laplace des CélébrationsTout au bout du monumental« Bou<strong>le</strong>vard de l’Expo » qui accueil<strong>le</strong><strong>le</strong>s visiteurs dès l’entrée, s<strong>et</strong>rouve la place des Célébrations.Au bord de la rivière Huangpu,l’espace est signé par un architectefrançais présent depuis longtempsen Chine : Jean-Marie Charpentier.Son agence, qui compte 26 personnesà Shanghai, a imaginé un grandespace de 15 600 mètres carrés, à lafois destiné à accueillir des grandsconcerts mais aussi <strong>le</strong>s visiteurs,dans une atmosphère de détente<strong>et</strong> de repos. Quand l’endroit ne serapas en « mode concert », des fontaines<strong>et</strong> des plans d’eau occuperont<strong>le</strong> terrain. « Nous avons fait remonter<strong>le</strong> f<strong>le</strong>uve Huangpu sur la place »,aime donner comme image ZhouWenyi, architecte de l’agence. Ledesign se veut sobre pour m<strong>et</strong>treen va<strong>le</strong>ur <strong>le</strong>s formes audacieusesdes bâtiments a<strong>le</strong>ntour que sontla sal<strong>le</strong> de spectac<strong>le</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong> centre decongrès. Un autre proj<strong>et</strong> du françaisest très attendu pendant l’Expo : unpâté de maison entier de la concessionfrançaise rénové, avec desanciens lotissements <strong>et</strong> des villasd’époque qui côtoieront des nouvel<strong>le</strong>sconstructions discrètes.AOS Realys construit <strong>le</strong> pavillonBelgo-européenLe cabin<strong>et</strong> franco-belge AOS-Realys conçoit <strong>et</strong> construit <strong>le</strong> pavillonbelge <strong>et</strong> l’espace européenhébergé dans ce même pavillonpour une enveloppe globa<strong>le</strong> deprès de 15 millions d’euros. Depuis2005 en Chine, la PME qui compte25 personnes dans ses bureaux deShanghai a déjà fait ses preuvesdans la vil<strong>le</strong> : la flagship store Porscheà Pudong, <strong>le</strong> centre de R&Dde Rhodia, celui de Saint Gobain...« Décrocher ce contrat nous perm<strong>et</strong>de démontrer que nous •••Les équipes d’Aden services prendront bientôt <strong>le</strong> relais des ouvriers…埃 顿 服 务 的 工 作 团 队 即 接 替 施 工 人 员 ( 进 驻 世 博 会 )Les 800 p<strong>et</strong>ites mainsd’ADEN ServicesMaintenance, sécurité, propr<strong>et</strong>é… En dix ans, Aden servicess’est imposée en Chine <strong>et</strong> se m<strong>et</strong> au service des autres – desmultinationa<strong>le</strong>s aux stars – pour que la fête soit parfaite.A côté des architectures plus origina<strong>le</strong>s<strong>le</strong>s unes que <strong>le</strong>s autres, des inventions« vertes » <strong>et</strong> de la fou<strong>le</strong>, vous ne <strong>le</strong>s verrezsûrement pas, mais 800 des p<strong>et</strong>itesmains de L’Exposition universel<strong>le</strong> seront<strong>le</strong>s employés d’ADEN Services. Monaco,<strong>le</strong> Luxembourg, la Grande-Br<strong>et</strong>agne ainsique deux autres pavillons ont déjà fait appelà la société française spécialiste desmétiers de la restauration col<strong>le</strong>ctive <strong>et</strong>de ceux du facilities management (sécurité,propr<strong>et</strong>é, maintenance industriel<strong>le</strong>...).Recrutement à tour de bras, formation aupas de charge, l’Expo est un formidab<strong>le</strong>outil de développement pour l’entreprisequi a ouvert il y a quelques mois unbureau à proximité du site pour dirigerde plus près c<strong>et</strong>te armée de gardiens,de « ayis », <strong>et</strong>c. « Les pays participantsétaient intéressés par nos dix annéesd’expérience en Chine. Parallè<strong>le</strong>ment,être certifiés norme ISO 9001 : 2000 estun plus dans un pays où la qualité est unepréoccupation constante » explique NicolasClément, directeur commercial <strong>et</strong>mark<strong>et</strong>ing Chine.Une société française qui rayonnedepuis la ChineLa société a décroché son premiercontrat en Chine en 1999. Joachim Poylo,son fondateur <strong>et</strong> PDG, est alors appelé àPékin par Promodès, qui veut construire<strong>le</strong> réseau de sécurité interne de son premiermagasin Continent. Ils avaient entendupar<strong>le</strong>r de l’activité d’ADEN Services,alors uniquement active au Vi<strong>et</strong>nam.Aujourd’hui l’entreprise a établi son siègeà Shanghai <strong>et</strong> enregistre un chiffre d’affairessupérieur à 50 millions d’euros, dont80% en Chine. C’est la spécificité de c<strong>et</strong>teentreprise française, qui rayonne depuis<strong>le</strong> marché <strong>chinois</strong> en Asie du Sud-Est, auMoyen-Orient <strong>et</strong> en Afrique, <strong>et</strong> est représentéeen Europe <strong>et</strong> en Australie.Au cinquième étage du siège shanghaien,<strong>le</strong>s experts de l’Operations CommandCenter surveil<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s usines, parcs industriels,magasins, <strong>et</strong>c. des différents clientssur une dizaine d’écrans. Une installationqui perm<strong>et</strong> d’intervenir en moins de cinqminutes grâce à un système d’a<strong>le</strong>rtes sophistiquéreliant <strong>le</strong>s sites au “Central”.La sécurité des visites de David Beckhamou de Sophie Marceau en Chine : signéeADEN Services. La surveillance du site ducentre de production de Huawei, l’un des<strong>le</strong>aders mondiaux des télécoms, à Hangzhou: signée ADEN Services. Après avoir© Imagine China24 Connexions / mars 2010


la présence française à l’Expo 上 海 世 博 会 上 的 法 国décroché des contrats auprès de clientsfrançais, Promodès, Sofitel, Saint-Gobain,puis de grandes multinationa<strong>le</strong>s tel<strong>le</strong>sque Siemens, Nestlé, GE ou L’Oréal, l’entrepriseséduit aujourd’hui des groupes<strong>chinois</strong> tels qu’Alibaba. « Pour l’instant, <strong>le</strong>sentreprises <strong>chinois</strong>es représentent 10%de nos clients, c<strong>et</strong>te part augmente rapidement» estime Catherine Ung, chargéedu développement commercial.Ils ont protégé David Beckham <strong>et</strong>Sophie MarceauLe credo de la société française : proposerdes standards internationaux à desprix locaux. Sur <strong>le</strong>s 12 000 salariés (dont8 000 en Chine), on compte très peu decols blancs. Du coup, il a fallu insistersur la formation des employés maisonorganisée dans des centres dédiés par<strong>le</strong>s quinze bureaux <strong>chinois</strong> disséminés àtravers <strong>le</strong> pays.Première activité historique, la restaurationcol<strong>le</strong>ctive fait peu à peu place àun portefeuil<strong>le</strong> de services à forte va<strong>le</strong>urajoutée. Les proj<strong>et</strong>s de gestion de bases-vie,formu<strong>le</strong> « tout compris » particulièrementappréciée par <strong>le</strong>s groupesindustriels <strong>et</strong> miniers, sont en p<strong>le</strong>inessor dans plusieurs régions isolées deChine <strong>et</strong> d’Asie. Dans <strong>le</strong> désert glacé duQinghai, ADEN Services a, par exemp<strong>le</strong>,organisé en 2007 la vie quotidienne desemployés de General E<strong>le</strong>ctric travaillantsur la construction de la ligne ferroviairela plus haute du monde entre Pékin <strong>et</strong>Lhassa. « C’est la vision d’ADEN Services <strong>et</strong>de son président Joachim Poylo, répondreaux besoins de nos clients pour qu’ilspuissent se concentrer sur <strong>le</strong>ur coeur demétier » explique Nicolas Clément.La société multiservices applique lastratégie du p<strong>et</strong>it pas : s’ils sont satisfaitsde <strong>le</strong>urs services de restauration,par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s clients <strong>le</strong>ur confient <strong>le</strong>n<strong>et</strong>toyage, puis la gestion de <strong>le</strong>urs sitesdans d’autres régions ou dans d’autrespays. Les contrats passés en Chine avecdes multinationa<strong>le</strong>s comme des compagniesloca<strong>le</strong>s ouvrent des portes : <strong>le</strong>sexperts d’Aden services accompagnentpar exemp<strong>le</strong> aujourd’hui des sociétésminières comme l’australien Anvil Miningou l’américain Caterpillar en Républiquedémocratique du Congo... •Emilie Torgemen来 自 埃 顿 服 务 的 800 名基 础 服 务 人 员在 一 个 比 一 个 更 独 特 的 建 筑 、 环 保设 计 及 人 群 之 中 , 你 肯 定 看 不 见 他 们 ,但 800 名 供 上 海 世 博 会 使 用 的 基 础 服 务 人员 将 由 埃 顿 服 务 的 员 工 担 当 。 摩 纳 哥 、卢 森 堡 、 英 国 和 另 外 两 个 展 馆 已 经 向 这家 专 业 从 事 团 体 餐 饮 及 设 施 管 理 服 务 ( 保安 、 保 洁 、 工 业 维 修 等 ) 的 法 国 公 司 提 出请 求 。 全 力 招 聘 人 员 并 加 紧 培 训 , 上 海 世博 会 对 埃 顿 服 务 而 言 是 一 个 绝 佳 的 发 展 途径 。 公 司 几 个 月 前 就 在 世 博 会 址 旁 设 立 了一 个 办 公 室 , 以 便 就 近 指 导 这 支 保 安 和 阿姨 的 队 伍 。 参 展 国 家 对 我 们 在 中 国 十 年 的从 业 经 验 很 感 兴 趣 。 同 时 , 公 司 取 得 了ISO9001:2000 认 证 , 这 在 质 量 一 直 为 人 们所 关 注 的 中 国 又 加 了 一 分 。” 埃 顿 服 务 中国 的 商 务 和 市 场 部 经 理 Nicolas Clément 解 释说 。一 个 从 中 国 市 场 绽 放 光 芒 的 法 国 公 司1 9 9 9 年 , 埃 顿 服 务 签 下 了 在 中国 的 第 一 份 合 同 。 公 司 创 始 人 兼 总 裁Joachim Poylo 当 时 被 法 国 零 售 商 普 美 德 斯(Promodès) 召 到 北 京 , 后 者 想 在 其 第 一家 门 店 康 地 祥 (Continent) 建 立 内 部 安 保系 统 。 普 美 德 斯 听 说 过 埃 顿 服 务 的 业 务 ,而 当 时 的 埃 顿 服 务 只 活 跃 在 越 南 。 如 今 公司 已 在 上 海 建 立 总 部 , 营 业 额 超 过 5000 万欧 元 , 其 中 80% 在 中 国 实 现 。 这 家 法 国 公司 的 特 殊 之 处 正 在 于 此 , 从 中 国 市 场 发 展到 东 南 亚 、 中 东 和 非 洲 , 并 在 欧 洲 和 澳 大利 亚 设 有 销 售 办 公 室 。在 上 海 总 部 的 5 层 , 行 动 指 挥 中 心 的专 家 在 十 几 个 屏 幕 上 监 视 着 不 同 客 户 的 工厂 、 工 业 园 及 商 店 。 借 助 连 接 中 心 和 现 场的 高 级 警 报 系 统 , 设 施 可 以 在 5 分 钟 内 处 理出 现 的 问 题 。大 卫 . 贝 克 汉 姆 或 苏 菲 . 玛 索 到 访 中国 的 安 全 由 谁 负 责 ? 埃 顿 服 务 。 全 球 领 先的 电 信 解 决 方 案 供 应 商 华 为 在 杭 州 生 产 中心 的 安 保 由 谁 负 责 ? 埃 顿 服 务 。 与 普 美 德斯 、 索 菲 特 、 圣 戈 班 等 法 国 客 户 , 以 及 与跨 国 公 司 巨 头 西 门 子 、 雀 巢 、 通 用 电 气 、欧 莱 雅 签 订 了 合 同 之 后 , 如 今 公 司 吸 引 了一 批 中 国 的 企 业 如 阿 里 巴 巴 , 负 责 商 务 开发 的 Catherine Ung 指 出 :“ 目 前 , 中 国 企 业占 我 们 客 户 总 数 的 10%, 这 一 部 分 增 加 得很 快 。”他 们 保 护 了 大 卫 . 贝 克 汉 姆 和 苏 菲 . 玛 索 的安 全埃 顿 服 务 的 座 右 铭 是 : 以 本 地 的 价 格提 供 符 合 国 际 标 准 的 服 务 。 在 12000 名 员 工中 ( 其 中 8000 人 在 中 国 ), 只 有 很 少 的 人是 白 领 。 因 此 , 应 该 坚 持 入 户 服 务 人 员 的培 训 , 这 是 由 分 布 在 全 国 15 个 办 事 处 所 指定 的 培 训 中 心 来 负 责 。埃 顿 服 务 的 第 一 项 历 史 业 务 , 团 体 餐 饮 逐渐 让 位 于 具 有 高 附 加 值 的 一 站 式 服 务 。 备受 工 业 和 矿 业 企 业 青 睐 的 基 本 生 活 管 理 项目 , 即 “ 一 切 全 包 ” 方 案 在 中 国 和 亚 洲 的许 多 偏 远 地 区 正 飞 速 发 展 。 比 如 在 青 海 省寒 冷 、 荒 无 人 烟 的 地 方 ,2007 年 , 埃 顿 服务 曾 负 责 安 排 通 用 电 气 员 工 的 日 常 生 活 ,当 时 他 们 正 在 修 建 世 界 上 海 拔 最 高 的 北 京至 拉 萨 的 青 藏 铁 路 。“ 满 足 我 们 客 户 的 需求 以 便 让 他 们 集 中 精 力 做 好 自 己 的 主 要工 作 , 这 就 是 埃 顿 服 务 及 其 总 裁 JoachimPoylo 的 设 想 。”Nicolas Clément 解 释 说 。埃 顿 服 务 采 取 一 步 一 个 脚 印 的 策 略 :如 果 客 户 对 其 餐 饮 服 务 感 到 满 意 , 就 会 委托 他 们 负 责 保 洁 , 然 后 委 托 他 们 管 理 在 其他 地 区 或 国 家 的 项 目 。 公 司 在 中 国 与 跨 国企 业 签 订 的 合 同 与 本 地 企 业 一 样 打 开 了 大门 : 埃 顿 服 务 的 专 家 正 为 澳 大 利 亚 的 安 维尔 矿 业 公 司 以 及 美 国 的 卡 特 比 勒 公 司 在 刚果 的 项 目 提 供 服 务 。 •Connexions / mars 2010 25


FOCUS聚 焦•••sommes capab<strong>le</strong>s de gérerdes proj<strong>et</strong>s comp<strong>le</strong>xes » expliqueBenoit Greindl. La société doit en eff<strong>et</strong>concevoir, construire c<strong>et</strong>te structureen forme de neurone avant dela démonter <strong>et</strong> la recyc<strong>le</strong>r après laclôture de l’exposition. En interne,<strong>le</strong> pavillon multiplie <strong>le</strong>s défis <strong>et</strong> <strong>le</strong>sespaces attribués aux différentesRégions <strong>et</strong> Communautés belges. Ily aura par exemp<strong>le</strong> un espace diamantaire,où <strong>le</strong>s visiteurs pourrontobserver la tail<strong>le</strong> des pierres précieuses,soit pour AOS-Realys des installationsde sécurité draconiennes.SIP un expert de la constructionau service des pavillons étrangersLes pavillons norvégien, vénézuélien,irlandais <strong>et</strong> celui des Emirats arabesunis ont déjà fait appel à l’expertisede la société de gestion de proj<strong>et</strong>sSIP. Très présents en Chine, SIP y réalis<strong>et</strong>rente-cinq proj<strong>et</strong>s chaque année,beaucoup d’usines mais aussi deslaboratoires, des supermarchés, deshôtels. Sur l’Expo, l’entreprise représente<strong>le</strong>s organisateurs des pavillonsnationaux ou <strong>le</strong>s architectes auprèsdes intervenants à toutes <strong>le</strong>s étapes :appel d’offre, construction, gestiondes chantiers, <strong>et</strong>c. La différence entre<strong>le</strong>s contrats <strong>chinois</strong>, base de négociation,<strong>et</strong> <strong>le</strong>s contrats à la mode occidenta<strong>le</strong>où la définition des risquesest très détaillée par exemp<strong>le</strong>, peutêtre déroutante pour <strong>le</strong>s entreprisesinternationa<strong>le</strong>s qui doivent travail<strong>le</strong>ren Chine parfois pour la premièrefois <strong>et</strong> dans des délais relativementcourts.GL events gère <strong>le</strong>s servicesSécurité, n<strong>et</strong>toyage, maintenance,hôtesses d’accueil, GL events fournira<strong>le</strong> personnel nécessaire à tousces services sur <strong>le</strong> pavillon taiwanais.Sur <strong>le</strong> pavillon chilien, l’entrepriseassurera <strong>le</strong>s mêmes servicesainsi que la gestion du restaurant,des boutiques. « Nos clients nousfont confiance parce que nous gérons35 sites dans <strong>le</strong> monde » •••Délires <strong>et</strong> technologiesDu Mexique à la Roumanie, de l’Afrique à la Suisse, commentnos voisins de toute la planète rivalisent aussi d’ingéniositépour célébrer 150 ans d’expositions universel<strong>le</strong>s.Conte de féesDerrière ses douze tours blanches, rouges <strong>et</strong> or, inspirées de costumestraditionnels féminins <strong>et</strong> d’anciennes vil<strong>le</strong>s de l’Oural trimillénaires,<strong>le</strong> pavillon russe a choisi de regarder la vil<strong>le</strong> comme un conte de féeséclairé avec des yeux d’enfants.Trois dunesLes trois dunes du pavillon des Emirats Arabes Unis conçu par Fosteravec des matériaux recyclab<strong>le</strong>s <strong>et</strong> écologiques, offre à l’intérieur l’abride <strong>le</strong>ur fraicheur <strong>et</strong> l’attrait de toutes nouvel<strong>le</strong>s technologies audio-visuel<strong>le</strong>s.Dentel<strong>le</strong> de boisEnveloppé dans sa dentel<strong>le</strong>de bois découpéeau laser <strong>et</strong> directementinspirée de motifs folkloriquescomp<strong>le</strong>xes, <strong>le</strong>pavillon polonais fascinepar son allure defeuil<strong>le</strong> de papier pliéegéante. Ah…al<strong>le</strong>r yécouter du Chopin…ou du rock !© Imagine China© Imagine ChinaOcre rougeL’extérieur du bâtimentest en acier ocre rouge,cou<strong>le</strong>ur de terre australienne.Conçu commeune sculpture moderne<strong>et</strong> organique, <strong>le</strong> pavillonaustralien invite au voyagedans son théâtre 3D demil<strong>le</strong> places, promesse defortes sensations.© Imagine China26 Connexions / mars 2010


la présence française à l’Expo 上 海 世 博 会 上 的 法 国Tournesols <strong>et</strong> pissenlitsLa façade évoque un troncd’arbre qui associe élémentsnaturels <strong>et</strong> technologie solaire(<strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s produisantl’é<strong>le</strong>ctricité du pavillon) <strong>et</strong>s’élève vers la douceur d’untoit paysagé, planté de tournesols<strong>et</strong> de pissenlits.© Imagine China© Imagine China© Imagine ChinaCirque du so<strong>le</strong>ilConçu en collaboration avec <strong>le</strong> Cirque du So<strong>le</strong>il, <strong>le</strong> pavilloncanadien offre un espace de spectac<strong>le</strong> à ciel ouvertentouré de trois structures. Un système de drainageperm<strong>et</strong>tra de recueillir l’eau de pluie.Cerfs-volants <strong>et</strong> papillonsSur <strong>le</strong> parvis du pavillon du Mexique, des dizaines de cerfs-volants sontplantés dans du gazon. Appelés náhuatl, ce qui veut dire « papillon », ilsseront, selon <strong>le</strong>urs créateurs, un symbo<strong>le</strong> de réf<strong>le</strong>xion pour une meil<strong>le</strong>urevil<strong>le</strong>.Le « grand huit »Sur <strong>le</strong> thème de « la rue joyeuse », <strong>le</strong> pavillon des Pays-Bas en forme de tulipe entraîne <strong>le</strong> visiteur surun « Grand huit » piétonnier qui m<strong>et</strong>tra en va<strong>le</strong>ur <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong>, l’environnement <strong>et</strong> laresponsabilité socia<strong>le</strong> des entreprises.© Imagine China© Imagine China© Imagine China••• explique Amaury Rostagnat,DGA de GL events Chine. Pour compléterson offre de service, la sociétéa récemment intégré French touch,une agence d’hôtesses.Urban Bar <strong>et</strong> ses cocktails surmesureC’est une jeune pousse chez <strong>le</strong>s entrepreneursfrançais de Shanghai,mais <strong>le</strong> spécialiste du conseil enmontage de bar est déjà devenuincontournab<strong>le</strong>. La société UrbanBar, qui propose notamment descréations de cocktails ou de la formationpour barmen, s’est associéeavec <strong>le</strong>s frères Pourcel pour concevoir<strong>le</strong> bar du restaurant 6 e sens. SébastienBonnefoi, fondateur <strong>et</strong> directeurde la p<strong>et</strong>ite entreprise, connaîtbien <strong>le</strong>s chefs montpelliérains pouravoir signé avec eux un ouvrage sur<strong>le</strong>s cocktails <strong>et</strong> la finger food intitulé« In’sensé », paru en 2007 aux éditionsSolar. Mais <strong>le</strong> Stéphanois d’originene s’arrêtera pas là pendant <strong>le</strong>ssix mois de l’Expo, il m<strong>et</strong> éga<strong>le</strong>menten place <strong>le</strong> bar Moët & Chandon, quise trouvera au rez-de-chaussée dupavillon <strong>et</strong> <strong>le</strong> bar Absolut (propriétéde Pernod-Ricard) au pavillon suédois.Art for the World s’exposeVingt sculptures monumenta<strong>le</strong>sprendront place sur <strong>le</strong> bou<strong>le</strong>vard del’Expo. Une équipe française, composéedu commissaire d’expositionAmi Barak <strong>et</strong> de la ga<strong>le</strong>rie parisienneJGM Ga<strong>le</strong>rie, est à l’origine d’un desplus gros proj<strong>et</strong>s artistiques de l’expositionuniversel<strong>le</strong> de Shanghai.Chaque oeuvre est signée d’un artistedifférent — onze sont <strong>chinois</strong><strong>et</strong> neuf viennent de l’étranger, dontdeux artistes français — <strong>et</strong> présenteune vision de l’urbanisation. Commandesdu Bureau de l’Expo, certainesde ces sculptures resterontsur <strong>le</strong> bitume shanghaien après lafin de l’exposition universel<strong>le</strong>, comme<strong>le</strong> Mirror Boat de Leung MeePing, l’aiguil<strong>le</strong> en acier de 12 mètresde haut de Liu Jianhua <strong>et</strong> •••Connexions / mars 2010 27


FOCUS聚 焦•••<strong>le</strong> coup<strong>le</strong> de pandas « He He »<strong>et</strong> « Xie Xie » de Zhang Huan.Pomme verteRépondant au doux nom deGreenopolis, <strong>le</strong> pavillon roumaina pris la forme d’unepomme verte, pour dégagerdes idées de santé, de connaissance,d’originalité, d<strong>et</strong>entation <strong>et</strong> d’éternité.Amazing France signe un magazinehaut-de-gamme pour <strong>le</strong> pavillon.Créée en 2005 à Shanghai, <strong>le</strong> semestrielAmazing France porte haut <strong>le</strong>scou<strong>le</strong>urs de la France en Chine. Atel point que la COFRES s’est laisséeséduire par ce p<strong>et</strong>it groupe depresse pour élaborer <strong>le</strong> magazine duPavillon France. Tiré à 600 000 exemplaires,ce numéro spécial sera distribuéen exclusivité sur <strong>le</strong> pavillon.Au départ, <strong>le</strong>s deux fondateurs de lapublication Fabien Roiron <strong>et</strong> MorganBonnard souhaitaient un magazinecapab<strong>le</strong> de promouvoir avec élégancel’art de vivre à la française.Aujourd’hui, <strong>le</strong> groupe de presses’étoffe <strong>et</strong> des numéros spéciauxconsacrés aux vins, aux montres ouencore aux chaussures de luxe viendronts’ajouter au portefeuil<strong>le</strong> des titresde Amazing Publications.www.amazingfrance.comBFM <strong>et</strong> Publicis ConsultantsUn marshmallow géantinaugurent une rubrique surImaginé à partir du proj<strong>et</strong> de banque de graines du Jardin botaniqueroyal de Londres, <strong>le</strong> pavillon britannique a la forme d’unl’Expo 2010gigantesque marshmallow aux murs recouverts de 60 000 tigesChine Hebdo, l’émission hebdomadaireconsacrée à la Chine deau rythme de la brise venue du f<strong>le</strong>uve.d’acrylique de 7,5 m, qui bril<strong>le</strong>ront de jour <strong>et</strong> de nuit <strong>et</strong> oscil<strong>le</strong>rontBFM Radio, réalisée avec radio 86,a lancé à 100 jours de ShanghaiExpo une rubrique hebdomadaireTrois terrains de footballGrand comme trois terrainsprésentée par Antoine Bourdeixde football <strong>et</strong> demi, <strong>le</strong> pavillonde l’Afrique est <strong>le</strong> plus(Publicis Consultants). Chine Hebdovaste des pavillons col<strong>le</strong>ctifs.est présentée par Philippe Marty <strong>et</strong>42 pays s’abriteront derrièrediffusée sur BFM Radio <strong>le</strong> samedises façades aux teintes vives,de 18h à 19h <strong>et</strong> <strong>le</strong> dimanche de 7hprotégées par une techniquede pulvérisation écologiqueà 8h. Toutes <strong>le</strong>s Fréquences de BFM<strong>et</strong> anti-rayon-ultraviol<strong>et</strong>.Radio, <strong>le</strong> streaming <strong>et</strong> <strong>le</strong> Podcastde l’émission sont disponib<strong>le</strong>s surhttp://www.bfmradio.fr <strong>et</strong> sur <strong>le</strong> sited’informations www.radio86.fr.France Inter à ShanghaiLe 30 avrill, France Inter présenteraune matina<strong>le</strong> d’informations endirect de la rue de Nankin. Au programme,entre 6h30 <strong>et</strong> 9h, des invités<strong>et</strong> des reportages pour par<strong>le</strong>r del’Expo <strong>et</strong> faire découvrir Shanghai.Une newsl<strong>et</strong>ter CCIFCBrindil<strong>le</strong>s d’osierOsier, tapas <strong>et</strong> flamenco. Le pavillon espagnol virevolteautour d’une structure d’acier recouverteToutes <strong>le</strong>s deux semaines, la CCIFCinforme ses membres. Tous <strong>le</strong>s événements<strong>et</strong> l’actualité de l’Expo.de brindil<strong>le</strong>s d’osier colorées <strong>et</strong> tressées par des•© Imagine Chinaartisans venus de tout <strong>le</strong> pays. Il se transforme, <strong>le</strong>soir venu, en cabar<strong>et</strong> gastronomique.© Imagine China© Imagine China© Imagine China© Imagine China28 Connexions / mars 2010


la présence française à l’Expo 上 海 世 博 会 上 的 法 国夏 邦 杰 设 计 世 博 庆 典 广 场世 博 庆 典 广 场 位 于 世 博 会 主 入 口 —— 壮 观 的世 博 轴 的 顶 端 。 庆 典 广 场 位 于 黄 浦 江 边 , 其设 计 出 自 一 位 进 入 中 国 已 久 的 法 国 建 筑 师 夏邦 杰 之 手 。 他 的 事 务 所 在 上 海 拥 有 26 名 员工 , 设 计 了 面 积 为 15600 平 方 米 的 场 地 , 既用 于 举 办 大 型 音 乐 会 , 也 为 参 观 者 提 供 了 休闲 场 所 。 当 不 举 办 音 乐 会 时 , 喷 泉 和 水 景 将覆 盖 这 片 区 域 。“ 我 们 把 黄 浦 江 水 引 到 广 场上 。” 事 务 所 的 设 计 师 周 雯 怡 希 望 达 到 这 样的 效 果 。 庆 典 广 场 的 设 计 比 较 朴 实 , 以 便 突出 周 围 建 筑 —— 演 艺 中 心 和 世 博 中 心 的 大 胆设 计 。 世 博 会 期 间 , 夏 邦 杰 的 另 一 个 项 目 也备 受 期 待 : 法 租 界 的 房 屋 改 造 , 一 些 老 街 区与 当 时 的 别 墅 毗 邻 的 不 太 张 扬 的 新 式 建 筑 。AOS Realys 打 造 比 利 时 — 欧 盟 馆法 国 、 比 利 时 建 筑 师 事 务 所 AOS-Realys 设 计并 建 造 比 利 时 馆 和 在 同 一 馆 内 的 欧 盟 展 厅 ,整 个 工 程 耗 资 近 1500 万 欧 元 。 这 家 中 小 企 业2005 年 进 入 中 国 , 在 上 海 办 事 处 拥 有 25 名 员工 , 并 已 在 上 海 表 明 其 实 力 : 浦 东 保 时 捷 旗舰 店 、 罗 地 亚 上 海 研 发 中 心 和 圣 戈 班 的 研发 中 心 等 。“ 签 下 这 份 合 同 使 我 们 能 够 证明 , 我 们 有 能 力 管 理 复 杂 的 项 目 。” 甘 德 理(Benoit Greindl) 解 释 说 。 公 司 要 设 计 并 建造 “ 脑 细 胞 ” 结 构 的 比 利 时 馆 , 并 在 世 博 会国 家 馆 的 组 织 者 或 建 筑 师 。 中 国 合 同 与 西 方合 同 的 差 异 让 那 些 第 一 次 在 中 国 开 展 项 目 且项 目 周 期 较 短 的 国 际 公 司 难 以 应 付 。 比 如 ,西 方 合 同 对 风 险 的 定 义 非 常 细 致 , 而 中 国 合同 则 不 同 。GL Events 提 供 场 馆 管 理 服 务GL Events 为 台 湾 馆 提 供 安 保 、 保 洁 、 维 护 、礼 仪 小 姐 等 所 有 设 施 服 务 所 必 需 的 人 员 。 在智 利 馆 , 公 司 除 了 提 供 相 同 的 服 务 外 , 还 要管 理 餐 厅 和 小 商 店 。 其 他 国 家 馆 也 会 陆 续 使用 该 公 司 的 服 务 。“ 初 到 中 国 , 管 理 一 个 展馆 是 非 常 困 难 的 。 我 们 的 客 户 对 我 们 十 分 信任 因 为 我 们 在 全 球 管 理 着 35 个 场 馆 , 而 且 我们 有 组 织 活 动 的 经 验 。” GL Events 中 国 副总 经 理 诺 艺 (Amaury Rostagnat) 解 释 说 。为 了 提 供 更 全 面 的 服 务 , 公 司 最 近 吸 纳 了 一家 管 理 礼 仪 小 姐 的 公 司 ——French Touch。Urban Bar 与 它 的 定 制 鸡 尾 酒Urban Bar 是 上 海 法 国 企 业 家 中 的 新 生 儿 ,不 过 这 位 酒 吧 咨 询 专 家 的 发 展 已 经 势 不 可挡 。Urban Bar 主 要 提 供 鸡 尾 酒 的 创 制 及 调 酒师 的 培 训 服 务 , 并 与 普 塞 尔 (Pourcel) 兄弟 合 作 打 造 法 国 馆 “ 第 六 感 ” 餐 吧 。 这 家 小企 业 的 创 始 人 兼 董 事 长 Sébastien Bonnefoi 与来 自 蒙 彼 利 埃 的 主 厨 普 塞 尔 兄 弟 熟 识 , 并中 国 ,9 件 来 自 外 国 , 其 中 法 国 2 件 , 用 来 展示 城 市 化 的 视 角 。 应 世 博 局 的 要 求 , 其 中 几件 雕 塑 将 在 世 博 会 结 束 后 永 久 留 存 , 如 梁美 萍 的 作 品 《 镜 舟 》(Mirror Boat)、 刘 建华 的 12 米 高 的 钢 针 作 品 (l’aiguil<strong>le</strong> en acier de12 mètres de haut)、 张 洹 制 作 的 两 只 大 熊猫 “ 和 和 谐 谐 ”。《 魅 力 法 国 》 成 为 法 国 馆 的 高 端 杂 志2005 年 创 刊 于 上 海 ,《 魅 力 法 国 》 季 刊 让法 国 在 中 国 大 放 异 彩 。 上 海 世 博 会 法 国 参展 局 受 到 这 家 小 出 版 集 团 的 吸 引 , 决 定 由其 担 纲 制 作 2010 年 上 海 世 博 会 法 国 馆 的 官 方杂 志 。 发 行 量 达 到 60 万 册 的 专 刊 将 于 2010 年5 月 至 10 月 在 法 国 馆 独 家 发 行 。 起 初 , 创 刊人 华 安 (Fabien Roiron) 和 伯 纳 德 (MorganBonnard) 希 望 制 作 一 本 能 够 优 雅 地 推 广法 式 生 活 艺 术 和 法 国 奢 侈 精 品 的 杂 志 。 如今 , 这 家 出 版 集 团 的 业 务 不 断 扩 充 : 今 年 年底 ,《 魅 力 意 大 利 》 将 重 新 出 版 , 以 葡 萄酒 、 钟 表 及 奢 侈 鞋 品 为 主 题 的 专 刊 也 将 落 入Amazing Publications 的 囊 中 。www.amazingfrance.comBFM 与 阳 狮 咨 询 开 办 关 于 2010 年 上 海 世 博会 的 每 周 专 栏中 国 周 报 (Chine Hebdo) 是 BMF Radio 与结 束 后 将 其 拆 除 并 回 收 处 理 。 在 内 部 , 展 馆与 他 们 合 著 了 一 本 介 绍 鸡 尾 酒 和 小 食 的 书Radio86 共 同 打 造 的 专 门 报 道 中 国 的 周 播增 加 了 挑 战 和 分 配 给 比 利 时 不 同 地 区 和 团 体的 展 区 。 比 如 , 钻 石 展 将 亮 相 比 利 时 馆 , 参观 者 可 以 在 这 里 观 察 宝 石 的 尺 寸 , 这 就 要 求AOS-Realys 安 装 严 格 的 安 保 设 施 。《In’sensé》, 该 书 于 2007 年 由 Solar 出 版 社出 版 。 不 过 , 这 位 来 自 圣 太 田 的 企 业 家 在 为期 6 个 月 的 世 博 会 期 间 将 不 止 做 这 些 , 他 还在 法 国 馆 的 一 层 和 瑞 典 馆 分 别 开 设 酩 悦 香 槟吧 和 绝 对 伏 特 加 吧 ( 隶 属 保 乐 力 加 集 团 )。节 目 , 在 距 上 海 世 博 会 召 开 还 有 100 天 之际 , 它 推 出 了 一 个 每 周 专 栏 报 道 此 次 空 前绝 后 的 世 博 会 。 与 上 海 世 博 会 指 定 的 公 关服 务 供 应 商 阳 狮 咨 询 合 作 , 这 个 栏 目 每 周介 绍 第 73 届 上 海 世 博 会 的 进 展 。 中 国 周 报SIP: 为 外 国 馆 服 务 的 建 筑 专 家由 PhilippeMarty 主 持 , 每 周 六 晚 18:00 至挪 威 馆 、 委 内 瑞 拉 馆 、 爱 尔 兰 馆 和 阿 联 酋馆 已 经 寻 求 SIP 项 目 管 理 公 司 的 专 业 服 务 。“ 世 界 艺 术 展 ” 进 行 露 天 展 览迎 接 游 客 的 世 博 园 区 主 干 道 —— 世 博 轴 上 将19:00 和 每 周 日 早 7:00 至 8:00 播 出 。 所 有BFM Radio 的 频 道 、 流 视 频 和 播 客 可 在 http://SIP 已 在 中 国 深 深 扎 根 , 每 年 完 成 35 个 项展 出 20 件 宏 伟 的 雕 塑 作 品 。 由 展 览 专 员 Amiwww.bfmradio.fr网 站 以 及 专 门 关 于 中 国 的目 , 包 括 很 多 工 厂 , 还 有 实 验 室 、 超 市 及 酒店 。 在 此 届 世 博 会 上 , 面 对 招 标 、 建 设 和 施工 管 理 等 各 个 阶 段 的 参 与 方 ,SIP 代 表 着 各Barak 和 巴 黎 法 国 密 特 朗 艺 术 中 心 组 成 的 法 国团 队 策 划 了 上 海 世 博 会 的 大 型 艺 术 展 之 一 。每 件 作 品 出 自 不 同 的 艺 术 家 之 手 ,11 件 来 自信 息 网 站 www.radio86.fr 上 获 取 。 上 海 世 博会 专 栏 由 阳 狮 咨 询 中 国 首 席 代 表 安 韬 略(Antoine Bourdeix) 主 持 。 •Connexions / mars 2010 29


头 条 新 闻A la une des médiasPar Renaud de SpensCes cyber-justiciers qui construisent l’Etat de droitIls ne sont pas inscrits au barreau, mais défendent <strong>le</strong>scitoyens. Ils n’ont pas de carte de journaliste, mais plusieurscentaines de milliers de <strong>le</strong>cteurs. Ils ne portent pas demasques, parfois seu<strong>le</strong>ment un pseudonyme. Leur rapièreest un clavier, <strong>le</strong>ur destrier une connexion Intern<strong>et</strong>, <strong>et</strong> s’ilssignaient d’un Z, cela serait aussi pour « Zhongguo. » Cesont <strong>le</strong>s Zorro <strong>chinois</strong> du XXI e sièc<strong>le</strong>. Nombreux, motivés <strong>et</strong>courageux, ils sont, comme <strong>le</strong> héros de Johnston McCul<strong>le</strong>y,au service des p<strong>et</strong>ites gens, des sans-grades, des victimesde tous <strong>le</strong>s abus de droit. Mais ce ne sontpas seu<strong>le</strong>ment des justiciers : ils participentconsciemment à l’édification d’un Etat de« Ladroit.De simp<strong>le</strong>s citoyensCertes, l’opinion <strong>chinois</strong>e a encore unecertaine réticence à s’exprimer publiquementsur <strong>le</strong>s questions politiques <strong>et</strong> socia<strong>le</strong>s. Uneexpression humoristique décrit c<strong>et</strong>te attituderéservée : « je vais juste ach<strong>et</strong>er de la sauce desoja » (wo jiu qu da jiangyou 我 就 去 打 酱油 ). C’est ce qu’un passant avait répondu àun micro-trottoir de la télévision cantonaiseen 2008, voulant indiquer qu’il était réfractaireà l’interview.Toutefois, <strong>le</strong> relatif anonymat <strong>et</strong> la stimulationintel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> des échanges Intern<strong>et</strong>contribuent aujourd’hui à éroder c<strong>et</strong>te méfiance. En parallè<strong>le</strong>à la libération de l’expression publique, de plus en plusde citoyens s’engagent dans un activisme altruiste. Outre ladéfense de l’environnement, la protection des droits individuels(weiquan 维 权 ) face à la bureaucratie <strong>et</strong> aux potentatslocaux attire de plus en plus de vocations.Un cyber-justicier peut être à peu près n’importe qui.Etudiants, ouvriers, autodidactes, hommes d’affaires,voire chômeurs, ils ont en commun de s’investir eux-mêmesde missions de salut public. Zhu Kongjian ( 朱 孔 剑 )protectiondes droitsindividuelsface à labureaucratieattirent deplus en plusde vocations.»s’autoproclame par exemp<strong>le</strong> « combattant anti-corruption,journaliste d’investigation indépendant ». S’ils choisissentsouvent un nom de plume comme un nom de guerre, ilsse montrent en général à visage découvert, n’hésitant pas àpublier <strong>le</strong>ur numéro de téléphone. Cela témoigne de <strong>le</strong>urcourage, <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur perm<strong>et</strong> de recueillir des témoignages devictimes.Souvent plus accessib<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s avocats ou la plupart des« vrais » journalistes, ces Zorro <strong>chinois</strong> tirent presque tous<strong>le</strong>ur détermination d’une histoire personnel<strong>le</strong>ou familia<strong>le</strong>. « Le boiteux qui courtnu », explique par exemp<strong>le</strong> qu’il est membredu Parti, mais que la différence entre<strong>le</strong>s idéaux de la propagande <strong>et</strong> la pratiquedu pouvoir l’a profondément b<strong>le</strong>ssé. Enconséquence, il affirme n’avoir de cesseque de dénoncer sans relâche <strong>le</strong>s manquementsà l’Etat de droit, quel<strong>le</strong>s que soient<strong>le</strong>s conséquences. Cependant, la plupart deces activistes ont en général la prudence d<strong>et</strong>raiter d’affaires qui ne dépendent pas de<strong>le</strong>urs propres autorités loca<strong>le</strong>s, ce qui <strong>le</strong>srend presque tota<strong>le</strong>ment insensib<strong>le</strong>s auxpressions.Certains accèdent très vite à une notoriéténationa<strong>le</strong>, puis internationa<strong>le</strong>, commeZuola ( 佐 拉 ), un bloggeur pékinois de 26 ans, qui s’étaitspécia<strong>le</strong>ment rendu en mars 2007 à Chongqing pour interviewer<strong>le</strong>s fameux irréductib<strong>le</strong>s qui refusaient de quitter<strong>le</strong>ur maison promise à la démolition. Ils sont parfois plusrapides que <strong>le</strong>s journalistes. Juste au <strong>le</strong>ndemain des faits,« Le brigand courant après <strong>le</strong> vent » avait été à l’hôpital auchev<strong>et</strong> de la jeune Deng Yujiao, accusée d’homicide volontairealors qu’el<strong>le</strong> se défendait d’une tentative de violde la part d’un officiel ; l’affaire s’est révélée cel<strong>le</strong> qui a <strong>le</strong>plus bou<strong>le</strong>versé l’opinion <strong>chinois</strong>e en 2009. Enfin, •••30Connexions / mars 2010


头 条 新 闻A la une des médias••• quelques-uns comme Han Han ( 韩 寒 ) sont des intel<strong>le</strong>ctuelsqui militent ouvertement pour une transitiondémocratique.La plupart sont cependant quasiment inconnus en dehorsde <strong>le</strong>ur sphère d’activité, <strong>et</strong> s’occupent d’affaires moinssensib<strong>le</strong>s.Des affaires du quotidienAujourd’hui, aucune cause ne paraît insignifiante pour <strong>le</strong>sinternautes <strong>chinois</strong>. Récemment, Zhu Kongjian a enquêtésur une histoire de passage à tabac de citoyens par des policiersqui a eu lieu <strong>le</strong> 8 novembre 2009 à Guanyun dans <strong>le</strong>Jiangsu. Suite à une mésentente minime de voisinage, l’unedes parties, estimant être méprisée, a appelé sesproches, parmi <strong>le</strong>squels deux femmes policier,pour al<strong>le</strong>r battre l’autre partie. Zhu Kongjian apublié <strong>le</strong>s images d’une caméra de surveillance,obtenues grâce à une complicité loca<strong>le</strong>, quimontrent clairement la participation d’agentsde l’ordre à c<strong>et</strong>te agression, alors que <strong>le</strong>s victimessont en infériorité numérique <strong>et</strong> n’ontaucun geste belliqueux.L’une des victimes serait aujourd’hui détenuepour l’empêcher de porter plainte. L’informationa été diffusée très activement par toutun réseau d’internautes, qui ont contacté parexemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s auteurs de blogs populaires par <strong>le</strong>biais de messages privés ou de commentaires.En additionnant <strong>le</strong>s différents artic<strong>le</strong>s qui évoquentc<strong>et</strong>te affaire, on peut estimer que plus de200 000 internautes <strong>chinois</strong> en ont été a<strong>le</strong>rtés pendant lasemaine des vacances du nouvel an. Cela peut paraître horsde proportion avec la banalité de ce genre de « bavure »,qui arrive tous <strong>le</strong>s jours en Chine <strong>et</strong> ail<strong>le</strong>urs. Mais <strong>le</strong>s bloggeurs-justiciersutilisent ces incidents mineurs pour faireprogresser <strong>le</strong> respect des droits des personnes <strong>et</strong> restreindrel’arbitraire de l’autorité.L’appropriation du vocabulaire légal est significatif. Alorsque <strong>le</strong>s autorités affirment « construire l’Etat de droit », la« Desbloggeursjusticiersplupart des internautes prennent <strong>le</strong> postulat que celui-ciexiste déjà : « Comme la Chine est un Etat de droit, nousne pouvons pas tolérer que <strong>le</strong>s droits des individus soientbafoués. »Les bloggeurs-justiciers sont aussi en guerre contre <strong>le</strong>s discours<strong>et</strong> <strong>le</strong>s attitudes méprisantes des fonctionnaires. Unresponsab<strong>le</strong>, lors d’une réunion avec des pétitionnaires, <strong>le</strong>smenace t-il d’un « Le Parti Communiste peut tous vousexterminer » ? Sa photographie <strong>et</strong> l’enregistrement audiode l’incident sont immédiatement portés sur Intern<strong>et</strong>. Unhaut cadre de Shenzhen, pris en flagrant délit de tentativede viol d’une jeune ado<strong>le</strong>scente, veut-il intimider <strong>le</strong>s parentsde la victime en <strong>le</strong>ur disant qu’ils ne sontque des « trous-du-cul » (pimin 屁 民 )sans influence ni relations <strong>et</strong> ne serontécoutés par personne ? Une chanson« Nous sommes <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> des trous-ducul» est composée quelques jours plustard, fait <strong>le</strong> tour de la toi<strong>le</strong>, <strong>et</strong> finit parcontraindre <strong>le</strong>s autorités à limoger l’arrogantsuspect.Fauteurs de troub<strong>le</strong>s démagogues ouauxiliaires de justice aidant la Chine àse construire ? Le sergent Garcia <strong>chinois</strong>ne sait pas toujours comment juger cescyber-Zorro, <strong>et</strong> hésite entre endiguement<strong>et</strong> tolérance. Alors que <strong>le</strong>s grandsportails Intern<strong>et</strong> ont été fin 2009 discrètementenjoints de ne plus autant m<strong>et</strong>tre<strong>le</strong>s blogs en va<strong>le</strong>ur sur <strong>le</strong>ur page d’accueil, un porte-paro<strong>le</strong>du Bureau des Publications (GAPP, organisme qui gère lapresse <strong>et</strong> <strong>le</strong>s autorisation de publication) a rendu hommageen février 2010 aux communautés d’internautes <strong>et</strong> a notammentcité <strong>le</strong>ur action lors de l’affaire Deng Yujiao. « Intern<strong>et</strong>est aujourd’hui devenu, a t-il reconnu, un moyen pour <strong>le</strong>scitoyens de faire appel des injustices qu’ils subissent de lapart des autorités loca<strong>le</strong>s (shangfang 上 访 ) » •utilisent cesincidentspour faireprogresser <strong>le</strong>respect desdroits. »32Connexions / mars 2010


La référence en Chine pour apprendre <strong>le</strong> français在 中 国 传 播 法 语 的 榜 样15 Alliances Françaises,25 000 étudiantspar an, 2 800 000 heuresde cours par an15 所 法 语 联 盟 , 每 年 向 2 万 5 千名 学 生 教 授 280 万 小 时 的 课 程Les meil<strong>le</strong>urs résultats aux testsde langue française抢 占 法 语 水 平 考 试 榜 首La porte d’entrée pour <strong>le</strong>suniversités francophones法 语 留 学 语 言 水 平 通 行 证Une programmation culturel<strong>le</strong>haute en cou<strong>le</strong>urs全 年 不 间 断 多 彩 的 文 化 活 动275 professeurs, 17 500 m 2 de surfaced’enseignement, 45 000 documentsdisponib<strong>le</strong>s sur 1800 m 2 de médiathèques,325 manifestations culturel<strong>le</strong>s par an<strong>et</strong> 40 000 spectateurs275 名 教 师 ,17500 平 方 米 的 教 学 场 所 ,1800 平 方 米 的 多 媒 体 图 书 馆 收 藏 了 近 45000 册资 料 , 每 年 325 场 文 化 活 动 和 40 000 多 名 观 众www.afchine.org


数 字 背 后Le dessous des chiffres Par Yann Marin *Jusqu’où iront <strong>le</strong>s bul<strong>le</strong>s boursière <strong>et</strong> immobilière ?+ 106 %. Selon <strong>le</strong>s calculs effectués par StandardChartered, <strong>le</strong> prix de la terre constructib<strong>le</strong> au mètrecarré a connu une hausse de 106 % en 2009, <strong>et</strong> mêmede 147 % dans <strong>le</strong>s dix vil<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus chères, traduisant <strong>le</strong>stensions qui menacent <strong>le</strong> marché immobilier. Les ventesde biens immobiliers ont pour <strong>le</strong>ur part progressé de83 % en va<strong>le</strong>ur, tandis que <strong>le</strong>s prix au mètre carré (+7,8% sur 2009) ont n<strong>et</strong>tement rattrapé <strong>le</strong>s baisses observéesen début d’année. Bien que moins spectaculaire sur <strong>le</strong>smarchés boursiers, la hausse observée est néanmoins trèsimportante : l’indice composite de la bourse de Shanghaia augmenté de plus de 50 % au cours de l’année du buff<strong>le</strong>.La Chine souffre-t-el<strong>le</strong> pour autant d’un phénomène debul<strong>le</strong>s boursière <strong>et</strong> immobilière menaçant son développementà court terme ? Rien n’est moins sûr.Les arguments qui plaident en faveur de la thèse desbul<strong>le</strong>s sont connus : la politique monétaire devenue expansiveavec la crise a libéré <strong>le</strong>s banques qui ont accordéun montant record de crédits en 2009 (9 590 mds Rmb,soit 1 404 mds USD, contre 3 495 mds Rmb soit 512mds USD, en 2008). Une part importante de ces crédits(évaluée à 20 %) aurait été infusée dans <strong>le</strong>s marchés, générantdes comportements spéculatifs, soutenus par despolitiques fisca<strong>le</strong>s incitatives. Le raisonnement est correctmais oublie quelques-uns des termes de l’équation quipoussent à nuancer <strong>le</strong> propos.Premier élément à décharge : <strong>le</strong>s hausses observées surl’année 2009 sont à la mesure des baisses subies en 2008.Ainsi, si <strong>le</strong>s actions cotées ont progressé de plus de 50 %en 2009, el<strong>le</strong>s avaient perdu 65 % en 2008. Monté <strong>le</strong> 16octobre 2007 à 6 092 points, l’indice de Shanghai étaittombé à 1707 points <strong>le</strong> 4 novembre 2008 sous l’eff<strong>et</strong> successifde la politique monétaire restrictive menée par labanque centra<strong>le</strong> (début 2008) <strong>et</strong> de la crise financière (fin2008). Sur <strong>le</strong>s marchés immobiliers, la situation a étéde même nature, bien que plus comp<strong>le</strong>xe en raison de lasegmentation par types de biens (bureaux, résidentiel), parcatégorie <strong>et</strong> par vil<strong>le</strong>. Les marchés, rassurés par la réactivitédes autorités <strong>et</strong> <strong>le</strong>s résultats des politiques de soutien,connaissent aujourd’hui un phénomène de rattrapage <strong>et</strong>effacent la sur-réaction à la baisse observée l’année précédente.Deuxième élément : la Chine a connu une forte croissanceen 2009 (+8,7 %), el<strong>le</strong> a donc généré des richesses.Or, <strong>le</strong>s détenteurs de ces richesses ont cherché à <strong>le</strong>s placer.Les opportunités d’investissement restent relativement limitéesen Chine en raison du manque de développementdes marchés financiers (obligataires en particulier) <strong>et</strong> desrestrictions imposées dans la conception <strong>et</strong> la distributionde produits de placement par <strong>le</strong>s banques. Le régime dechange limitant <strong>le</strong>s opérations à l’étranger (de toute façonrendues peu rentab<strong>le</strong>s depuis la crise), <strong>le</strong>s investisseurs<strong>chinois</strong> ont pour l’essentiel accès aux dépôts bancaires(faib<strong>le</strong>ment rémunérés), au marché boursier <strong>et</strong> au marchéimmobilier pour rentabiliser <strong>le</strong>ur épargne. La hausse desmarchés reflète donc la concentration des placements sur<strong>le</strong>s deux segments <strong>le</strong>s plus développés : l’action <strong>et</strong> l’immobilier.Troisième élément : <strong>le</strong>s autorités monétaires sont attentivesà la situation des marchés <strong>et</strong> ont la capacité dereprendre <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong>. Probab<strong>le</strong>ment auraient-el<strong>le</strong>s souhaitéintervenir plus tôt <strong>et</strong> plus vite, mais <strong>le</strong> gouvernementa donné la priorité à la croissance car il craignait l’eff<strong>et</strong>dépressif d’une inf<strong>le</strong>xion politique donnée trop tôt. Les inquiétudesexprimées publiquement ont suffi à contrô<strong>le</strong>r labourse (qui évolue autour des 3 000 points depuis <strong>le</strong> moisd’août 2009). L’immobilier est devenu <strong>le</strong> principal suj<strong>et</strong>de préoccupation. Des mesures ont fina<strong>le</strong>ment été prisesdébut 2010 : certaines généra<strong>le</strong>s pour limiter l’expansiondu crédit (deux hausses successives du ratio de réservesobligatoires), d’autres plus ciblées, comme la limitationdes avantages fiscaux accordés pour l’acquisition d’un logementaux seuls primo-accédants.Les débuts de bul<strong>le</strong>s observés sur <strong>le</strong>s marchés boursier <strong>et</strong>immobilier ne devraient donc pas focaliser l’attention, <strong>le</strong>risque est encore lointain <strong>et</strong> <strong>le</strong>s chiffres exagèrent son importance.Il ne faudrait pas que la situation perdure, maisun resserrage trop rapide pourrait éga<strong>le</strong>ment conduireà enrayer une reprise encore fragi<strong>le</strong>. Tout est affaire d<strong>et</strong>empo, <strong>et</strong> <strong>le</strong> gouvernement <strong>chinois</strong> garde pour l’heure <strong>le</strong>sens du rythme •* Conseil<strong>le</strong>r financier, Service économique régional de Pékin34Connexions / mars 2010


法 制 天 地L’état des loisPar Hubert Bazin*La pratique du contrô<strong>le</strong> des concentrationsLe 1 er août 2008, la loi <strong>chinois</strong>e anti-monopo<strong>le</strong> entraiten vigueur, posant <strong>le</strong>s bases d’un droit de la concurrence<strong>chinois</strong>, <strong>et</strong> d’un contrô<strong>le</strong> des opérations de concentrationsqui ne s’appliquerait plus seu<strong>le</strong>ment aux entreprises étrangères,mais éga<strong>le</strong>ment aux entreprises domestiques. Cecontrô<strong>le</strong> préalab<strong>le</strong>, par <strong>le</strong> MOFCOM, est obligatoire dèslors que la concentration (une fusion entre entreprises,l’acquisition d’une entreprise par une autre, ou encorel’obtention de la capacité d’exercer une « influence décisive» sur une entreprise) atteint certains seuils de chiffresd’affaires : chiffre d’affaires mondial cumulé des parties àla concentration d’au moins 10 milliards de Rmb, avec aumoins deux parties ayant chacune 400 millions de Rmbde chiffre d’affaires en Chine, ou chiffre d’affaires cumuléen Chine d’au moins 2 milliards de Rmb, avec au moinsdeux parties ayant chacune 400 millions de Rmb de chiffred’affaires en Chine. Après dix-huit mois, il est encore troptôt pour tirer un bilan du contrô<strong>le</strong> des concentrations enChine, mais on peut toutefois discerner quelques traitsd’une pratique encore en cours de rodage.Même s’il a été adopté par <strong>le</strong>s Etats-Unis, l’Union Européenne<strong>et</strong> quelques autres grands pays, un contrô<strong>le</strong> préalab<strong>le</strong>des opérations de concentrations ne se justifie pasnécessairement. Il constitue une étape administrative relativementlourde qui conditionne la mise en œuvre d’uneopération d’acquisition, <strong>le</strong>s autorités administratives devantse prononcer sur l’impact concurrentiel du proj<strong>et</strong> sur<strong>le</strong> « marché pertinent » dans <strong>le</strong>quel la concurrence s’exerce.Selon que la tail<strong>le</strong> du marché pertinent est plus ou moinslargement définie, tant pour <strong>le</strong>s produits en cause quedans son étendue géographique, l’impact concurrentielde l’opération envisagée sera bien évidemment différent.L’exercice est donc délicat, nul<strong>le</strong>ment scientifique, <strong>et</strong>même si <strong>le</strong>s entreprises internationa<strong>le</strong>s trouvent une sécuritédans l’aval préalab<strong>le</strong> qui est donné à <strong>le</strong>urs proj<strong>et</strong>s,on pourrait tout aussi bien imaginer d’éviter un contrô<strong>le</strong> apriori, <strong>et</strong> de perm<strong>et</strong>tre aux gouvernements de démante<strong>le</strong>ra posteriori des situations de monopo<strong>le</strong>s ou d’oligopo<strong>le</strong>snées d’une trop forte concentration sur un marché donné,au détriment des prix <strong>et</strong> des consommateurs.Le choix d’un contrô<strong>le</strong> préalab<strong>le</strong> des concentrationspar <strong>le</strong>s autorités <strong>chinois</strong>es n’est pas neutre. Il traduit lavolonté de contrô<strong>le</strong>r la structure des marchés, comme <strong>le</strong>sautres « grands », <strong>et</strong> n’échappe pas au soupçon de serviréga<strong>le</strong>ment à interdire des opérations qui, sans être en tantque tel<strong>le</strong>s dangereuses en terme de concurrence, seraientcontraires à un intérêt national bien compris.Depuis l’entrée en vigueur de la loi anti-monopo<strong>le</strong>, <strong>le</strong>cadre rég<strong>le</strong>mentaire du contrô<strong>le</strong> des concentrations s’estétoffé de plusieurs textes d’application, qui apportent desprécisions sur <strong>le</strong>s conditions de notification d’une opération,la méthode de calcul des seuils de chiffre d’affairesentraînant l’obligation de notifier, la définition desmarchés pertinents ou la procédure d’examen suivie par<strong>le</strong> MOFCOM. On constate cependant que ce ministèrereste encore volontairement flou sur un certain nombrede questions importantes, <strong>et</strong> qu’il n’a par exemp<strong>le</strong> pasofficiel<strong>le</strong>ment pris position sur la situation des joint ventures,même si tout indique que ces dernières sont notifiab<strong>le</strong>s,ni sur la définition de ce qu’est un « contrô<strong>le</strong> ».Plus largement, la pratique d’examen des autorités auraitbesoin d’être améliorée <strong>et</strong> plus transparente. Les dossierss’empilant, <strong>le</strong>s délais d’examen ont tendance à s’allongerau-delà de ce que prévoient <strong>le</strong>s textes (en principe 30 jours,éventuel<strong>le</strong>ment prolongeab<strong>le</strong>s de 90 jours si <strong>le</strong> dossier, particulièrementdélicat, doit faire l’obj<strong>et</strong> d’un examen complémentaire),dans un contexte où <strong>le</strong>s autorités sont malà l’aise avec la notion de décision implicite d’acceptation.L’absence de transparence ou tout simp<strong>le</strong>ment d’informationschiffrées empêche dans nombre de cas une analyseprécise du marché, <strong>et</strong> la non-publication des décisionsdu MOFCOM (contrairement à l’Union Européennepar exemp<strong>le</strong>) ne facilite pas la constitution d’un soc<strong>le</strong> deprécédents utilisab<strong>le</strong>s.La décision largement commentée d’interdiction del’acquisition de Huiyuan par Coca Cola en mars 2009 amontré que <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>chinois</strong> des concentrations est devenuun nouvel obstac<strong>le</strong> dans la procédure d’approbationdéjà comp<strong>le</strong>xe des proj<strong>et</strong>s d’acquisition. Il reste à voir quelusage en feront <strong>le</strong>s autorités <strong>chinois</strong>es dans un contexteoù <strong>le</strong>s proj<strong>et</strong>s de <strong>le</strong>urs propres entreprises à l’étranger seheurtent aussi à des réticences gouvernementa<strong>le</strong>s, commeon l’a vu en Australie l’année dernière. •* Associé Gide Loyr<strong>et</strong>te Nouel Pékin36Connexions / mars 2010


商 务 简 讯 l’actualité / business chineDavid Wei, <strong>le</strong> Pdg d’Alibaba, <strong>le</strong> <strong>le</strong>ader du commerce B2B. 阿 里 巴 巴 首 席 执 行 官 卫 哲 ,B2B 电 子 商 务 领 军 人© Harold Thibault / Aujourd’hui la ChineLa rec<strong>et</strong>te d’AlibabaEn dix ans, <strong>le</strong> groupe Alibaba est devenu un géant mondial du e-commerce en faisantl’inverse de ce que font ses concurrents.L’aventure d’Alibaba a commencé sans argentmais avec des idées <strong>et</strong> une approchenovatrices.A l’instar d’App<strong>le</strong>, dont <strong>le</strong>s débuts dans unobscur garage de la côte ouest américainesont aujourd’hui légendaires, Alibaba estcréé en 1999 dans <strong>le</strong> p<strong>et</strong>it deux pièces deson fondateur, Jack Ma, situé dans la vil<strong>le</strong> deHangzhou à 180km de Shanghai.Dix-huit personnes sont présentes, el<strong>le</strong>sdisposent d’un maigre capital de 50 000euros mais sont animées de la ferme intentionde révolutionner <strong>le</strong> commerce en ligneentre entrepreneurs ou ce que l’on nommedésormais <strong>le</strong>s échanges « B2B » (business tobusiness).Dix ans plus tard, la PME a muté en géantéconomique international avec 18 000 employés,deux plates-formes Intern<strong>et</strong> dédiéesaux échanges en ligne <strong>et</strong> représente une va<strong>le</strong>urestimée à 50 milliards d’euros.Le service fondateur, alibaba.com, possède àce jour 11 millions d’inscrits dans <strong>le</strong> mondeen dehors de la Chine <strong>et</strong> 36 millions dansl’Empire du milieu. Chaque jour, ce sont pasmoins de 300 millions de dollars américainsqui circu<strong>le</strong>nt sur <strong>le</strong> réseau d’échange avecdes commandes venues du monde entier, ycompris du pô<strong>le</strong> Sud !« Le seul pays où nous sommes absents estla Corée du Nord car Intern<strong>et</strong> reste inaccessib<strong>le</strong>à la population », ironisait il y a peuDavid Wei, <strong>le</strong> PDG de la plate-forme B2Blors d’une conférence à la Chambre de commerce<strong>et</strong> d’industrie française de Pékin.Créé en 2003, taobao.com est un site devente au détail jouant sur <strong>le</strong> même créneauque <strong>le</strong> géant américain ebay.com. En Chine,<strong>le</strong> site accapare plus de 80% du marché local<strong>et</strong> représentait 3% du total des ventes audétail dans <strong>le</strong> pays en 2009 avec un objectifde 6% pour 2010.« Nous estimons que <strong>le</strong> e-commerce représenteraentre 35% <strong>et</strong> 40% du total desventes de ce type d’ici 10 ans » avanceavec confiance David Wei. Il faut dire queTaobao est déjà <strong>le</strong> plus grand supermarchéd’Asie avec des volumes de transactions dixfois supérieurs à ceux obtenus en Chinepar un géant de la distribution « offline »comme Carrefour.Stratégie du « up side down »La réussite fulgurante du groupe Alibabaest basée fina<strong>le</strong>ment sur une rec<strong>et</strong>te simp<strong>le</strong>: « faire exactement l’inverse des concurrents» ! A l’époque de la création d’Alibaba.com, <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> classique pour <strong>le</strong>s échangesB2B en ligne reposait sur l’idée de fairepayer une commission par transaction, <strong>le</strong>plus souvent à l’ach<strong>et</strong>eur. Les fondateursvont prendre <strong>le</strong> contrepied total du modè<strong>le</strong>en faisant payer <strong>le</strong>s vendeurs non pas partransaction mais sur un principe de « buff<strong>et</strong>à volonté ». Ces derniers souscrivent doncun forfait annuel à la plate-forme <strong>et</strong> peuventeffectuer autant de transactions qu’ils38Connexions / mars 2010


网 络 简 讯<strong>le</strong> veu<strong>le</strong>nt. A ce service basique s’ajoutentdes prestations supplémentaires <strong>et</strong> payantescomme la possibilité d’apparaître en têtede liste lors des recherches de fournisseurs.Pour <strong>le</strong>s ach<strong>et</strong>eurs, <strong>le</strong>s services sont tota<strong>le</strong>mentgratuits.« C’est exactement comme une soirée “entréelibre pour <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s” dans une discothèque,<strong>le</strong>s garçons sont prêts à payer cherpour obtenir un maximum de conquêtes <strong>et</strong>ils ne sont jamais rassasiés ! » explique avechumour <strong>le</strong> Pdg d’Alibaba.Même logique lors du lancement de Taobao.compuisqu’à l’époque la version<strong>chinois</strong>e de eBay captait plus de 80% dumarché local <strong>et</strong> que l’Américain possédaitune force de frappe financière n<strong>et</strong>tementplus importante. « Pour réussir, nous avonsdécidé de faire tota<strong>le</strong>ment l’opposé de notreconcurrent. S’il faisait payer un servicenous <strong>le</strong> faisions gratuitement, s’il interdisait<strong>le</strong>s contacts directs entre <strong>le</strong>s usagers, nous<strong>le</strong>s facilitions… En quelques années, nousavons capté l’essentiel du marché en répondantaux attentes de nos clients <strong>chinois</strong> »précise David Wei.A c<strong>et</strong>te technique de contrepied systématiques’ajoute un management agressif eninterne puisque chaque année, c’est 10%des employés jugés <strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s par rapportaux objectifs définis qui sont renvoyés.Une manière d’assurer <strong>le</strong> dynamisme deséquipes <strong>et</strong> de recruter des nouveaux ta<strong>le</strong>ntsen permanence, selon <strong>le</strong> dirigeant du géantmondial du B2B.Si <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> stratégique du groupe Alibabas’est avéré particulièrement fructueux,il n’est pas destiné à être reproduit telquel : « Si quelqu’un décide de nous copieren tous points, il n’a, selon moi, aucunechance de réussir. Par contre si, commenous l’avons fait, une entreprise arrive avecdes concepts innovants pour ses clients surun marché peu développé comme l’Intern<strong>et</strong>mobi<strong>le</strong> par exemp<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> a de forte chancede s’imposer assez rapidement » conclutl’entrepreneur <strong>chinois</strong>.Alors pour réussir sans argent dans l’Empiredu milieu comme dans <strong>le</strong> reste du monde,Alibaba démontre qu’il faut bien sûr savoirse creuser la tête mais aussi parfois se la m<strong>et</strong>treà l’envers ! • Nicol as Sr idiR<strong>et</strong>rouver la conférence de David Wei à la CCIFC Pékin <strong>le</strong> 27janvier 2010 : http://pro.01n<strong>et</strong>.com/editorial/511891/alibabagroup-<strong>le</strong>s-maitres-de-<strong>le</strong>-commerce-a-<strong>le</strong>chel<strong>le</strong>-plan<strong>et</strong>aire/Après Goog<strong>le</strong>, eBay pourrait bien quitter laChineDécidémment <strong>le</strong>s temps sont durs pour<strong>le</strong>s entreprises américaines du Web enChine. Après Goog<strong>le</strong>, il se pourraitbien qu’un autre grand du web doivereconsidérer sa présence sur <strong>le</strong> sol<strong>chinois</strong> : eBay. Les déboires du premiersite au monde en matière de e-commerce(276 millions de membres en2009) font moins la une des journauxque Goog<strong>le</strong>, <strong>et</strong> pourtant, l’année 2010pourrait bien lui être fata<strong>le</strong>.Que s’est-il passé en Chine ? En stratégiemilitaire on qualifierait c<strong>et</strong> événementde « r<strong>et</strong>ournement d’alliance ».Autrement dit, <strong>le</strong>s cartes ont changé demain <strong>et</strong> eBay va devoir jouer son aveniravec un très mauvais jeu.En Chine, eBay est en eff<strong>et</strong> allié depuis2006 avec la société hongkongaiseTOM Group. Ensemb<strong>le</strong>, ils ont crééune société commune pour développer<strong>le</strong> site de e-commerce EachN<strong>et</strong>. eBaya misé toute sa stratégie <strong>et</strong> tous ses espoirsde développement en Chine surc<strong>et</strong>te alliance.La mission de EachN<strong>et</strong> : essayer de rattraperla société Taobao, <strong>le</strong> géant localqui détient à lui seul près de 80% departs de marché.L’entente entre TOM Group <strong>et</strong> eBaya commencé à se dégrader à la vue desperformances décevantes de EachN<strong>et</strong>ces dernières années. Les millions dedollars engloutis par l’alliance TOM/eBay n’ont pas suffit à comb<strong>le</strong>r <strong>le</strong> r<strong>et</strong>ardde <strong>le</strong>ur « poulain » EachN<strong>et</strong>.Pire, de seconde plate-forme de e-commerceavec 8 à 9% de parts de marché,EachN<strong>et</strong> a même été rétrogradé à latroisième place du classement. La sociétés’est fait doub<strong>le</strong>r par un chal<strong>le</strong>ngerarrivé plus tardivement sur <strong>le</strong> marché,la société PaiPai appartenant au groupeIntern<strong>et</strong> Tencent.En Chine, où on ne fait jamais <strong>le</strong>s cho-ses à moitié, c’est un géant des entreprisesd’Etat, la Poste <strong>chinois</strong>e (ChinaPost) qui est venu bouscu<strong>le</strong>r c<strong>et</strong>te alliance.En octobre 2009, TOM Group<strong>et</strong> China Post ont lancé officiel<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>ur entreprise commune, dénommée« U<strong>le</strong> China », en m<strong>et</strong>tant en commun<strong>le</strong>urs forces respectives. Pour ChinaPost, la puissance de sa logistique avecson demi-million de postiers <strong>et</strong> sesdizaines de milliers de relais de poste.Pour TOM Group, son expérience due-commerce acquise avec EachN<strong>et</strong>,ainsi que ses monumenta<strong>le</strong>s bases dedonnées (utilisateurs enregistrés) : 300millions venant de ses services mobi<strong>le</strong>s,100 millions de son portail d’information(tom.com), 90 millions de servicesTom-Skype, <strong>et</strong> enfin 48 millions decontacts venant de EachN<strong>et</strong>.Pire encore, U<strong>le</strong> China va centrer sastratégie sur <strong>le</strong> segment <strong>le</strong> plus dynamique<strong>et</strong> <strong>le</strong> plus rentab<strong>le</strong> du e-commerceen Chine, à savoir <strong>le</strong> B2C (Businessto-Consumer).EachN<strong>et</strong> de son côté a pour nouvel<strong>le</strong>mission de se concentrer uniquementsur <strong>le</strong> segment C2C (vente de particulierà particulier), modè<strong>le</strong> qui arriveen fin de course <strong>et</strong> n’a jamais trouvé derentabilité réel<strong>le</strong>.Au total, eBay se r<strong>et</strong>rouve donc seul aubord de la route, son partenaire stratégiqueayant pris <strong>le</strong> large. A moinsd’un changement radical de stratégie,à l’heure de faire <strong>le</strong>s comptes, eBaypourrait bien décider de plier bagagesdès 2010.Peut-être de quoi conso<strong>le</strong>r Goog<strong>le</strong> deses propres mésaventures… •Patr ice Nor deyManaging Dir ector (Asia)L’Atelier BNP ParibasL’Atelier BNP Paribas est <strong>le</strong> centre de veil<strong>le</strong> technologique de BNP Paribas.Dans <strong>le</strong> cadre du programme DIGITAL CHINA, L’Atelier BNP Paribas conseil<strong>le</strong> <strong>le</strong>s entreprisesdepuis son bureau de Shanghai dans <strong>le</strong>ur stratégie e-commerce en Chine.www.asie.atelier.frConnexions / mars 2010 39


公 司 简 讯 l’actualité / entreprisesAir Liquide : 75 millions d’euros investispour deux aciéristesAir Liquide a signé deux contrats à longterme avec deux aciéristes en Chine <strong>et</strong> investira75 millions d’euros au total pourrépondre aux besoins de ces nouveauxclients. C<strong>et</strong> investissement conforte laposition de premier plan du groupe sur<strong>le</strong> marché <strong>chinois</strong> de l’acier. La Chine,plus gros producteur mondial d’acier(sa production a augmenté de 14 % en2009 pour atteindre un chiffre recordde 568 millions de tonnes — près de lamoitié de la production mondia<strong>le</strong>) cherchemaintenant à mieux utiliser sa capacitéde production d’acier. L’usage accrud’oxygène y contribue. Dans <strong>le</strong> cadre dupremier contrat, une unité de séparationdes gaz de l’air d’une capacité de 2 200tonnes par jour fournira de l’oxygène <strong>et</strong>de l’azote au groupe Bohai Steel à Tangshan,dans la province du Hebei (près deTianjin). Pour <strong>le</strong> second contrat, signéavec <strong>le</strong> groupe Jianbang à Linfen, dans laprovince du Shanxi, Air Liquide investiradans une unité d’oxygène de 800 tonnespar jour. Ces deux unités bénéficierontdes toutes dernières technologies d’AirLiquide Hangzhou, <strong>le</strong> centre d’ingénieried’Air Liquide. Leur mise en service estprévue au deuxième trimestre 2011. Jean-Marc de Royère, directeur de la société,membre du comité exécutif du groupesupervisant la zone Asie-Pacifique, adéclaré : « Nous remercions TangshanBohai Steel <strong>et</strong> Shanxi Jiangbang pour<strong>le</strong>ur confiance. Ces contrats témoignentde la capacité d’Air Liquide à répondreaux besoins de ses clients en Chine enmatière de sécurité, de fiabilité, de faib<strong>le</strong>consommation d’énergie <strong>et</strong> de rapiditédes délais de construction. Les économiesémergentes sont un relais de croissancepour Air Liquide. »www.cn.airliquide.com© DRLe <strong>le</strong>ader mondial de gaz industrielsrenforce sa position en Chine.工 业 气 体 的 全 球 领 先 企 业 —— 液 化 空 气 集 团 巩 固 了 在 中国 市 场 的 地 位EDF : 100 000 eurospour <strong>le</strong> futur lycéefrançais de PékinEn signant un chèque de 100 000 euros,<strong>le</strong> grand é<strong>le</strong>ctricien français est la premièreentreprise à verser une contributionpour soutenir <strong>le</strong> financement du futurlycée français international de Pékin,qui devrait voir <strong>le</strong> jour d’ici deux ans. Cedon s’inscrit dans <strong>le</strong> cadre d’une opérationde mécénat organisée par l’ADPE(Association pour <strong>le</strong> Développement desPartenariats d’Entreprises) pour <strong>le</strong>ver desfonds en nature ou en argent — déductib<strong>le</strong>de l’impôt sur <strong>le</strong>s sociétés en Franceà hauteur de 60% — destinés à financerà Pékin, mais aussi en Chine, voirehors de Chine, des lycées internationauxfrançais. C<strong>et</strong>te association à but non lucratif,créé en juin 2008, <strong>et</strong> dont <strong>le</strong> siègesocial se trouve à Paris au comité nationaldes Conseil<strong>le</strong>rs du commerce extérieur,a éga<strong>le</strong>ment reçu des promesses dedons en numéraire <strong>et</strong> en nature d’autresgrands groupes comme Air France,Areva, PSA, Safran, Schneider, Total <strong>et</strong>Voelia Environnement pour un montantà ce jour supérieur à 2 millions d’euros.Selon son président Gérard De<strong>le</strong>ens, <strong>le</strong>but de c<strong>et</strong>te <strong>le</strong>vée de fond est de faciliterla construction d’un lycée internationalaux standards des grands établissementsinternationaux, tout en évitant une augmentationtrop importante des écolages.Ces aides pourraient aussi contribuer àaméliorer la qualité environnementa<strong>le</strong> ou<strong>le</strong>s équipements du futur lycée.Selon l’AEFE, l’Agence pour l’EnseignementFrançais à l’Etranger, en chargedu proj<strong>et</strong> du lycée, <strong>le</strong> montant total prévisionnelde l’opération de constructionest de 16 M€, avec un financement quirepose sur l’apport en fonds propres del’agence de 2 M€, de fonds propres del’établissement de 3,84 M€ <strong>et</strong> sur un empruntde l’agence à hauteur de 10,16 M€.La charge financière de ce proj<strong>et</strong> (montantdes remboursements de l’emprunt +loyer annuel du terrain) sera assurée parl’établissement moyennant une haussedes droits de scolarité, acceptée par <strong>le</strong>sparents d’élèves, inférieure à 25 % <strong>et</strong> répartiesur plusieurs années consécutives.L’AEFE souligne que ces prévisions se basentsur un financement assuré intégra<strong>le</strong>mentpar l’AEFE <strong>et</strong> <strong>le</strong> lycée français dePékin. Si des entreprises françaises installéesen Chine participent financièrementà ce proj<strong>et</strong>, <strong>le</strong> montant de <strong>le</strong>ur participationviendra en déduction de l’emprunt <strong>et</strong>diminuera d’autant la charge de l’établissement<strong>et</strong> l’augmentation des écolages.Prochain Forum« travail<strong>le</strong>r ensemb<strong>le</strong> »<strong>le</strong> 16 avril à PékinAprès Shanghai <strong>le</strong> 29 janvier 2010, laprochaine édition du Forum « Travail<strong>le</strong>rensemb<strong>le</strong> » aura lieu <strong>le</strong> 16 avril au NovotelPeace de Pékin. L’initiative lancéeconjointement par la Jeune ChambreEconomique, la CCIFC, Ubifrance <strong>et</strong> <strong>le</strong>sConseil<strong>le</strong>rs du Commerce Extérieur en2009, est devenue un rendez-vous attenduentre TPME <strong>et</strong> grands groupes françaisimplantés en Chine. Les rencontres40Connexions / mars 2010


或 教 学 设 备 的 改 善 。液 化 空 气 集 团 向 两 家 钢 铁 企 业 投 资7500 万 欧 元负 责 学 校 项 目 的 国 外 法 语 教 学 推 广 署( AEFE) 认 为 , 预 计 建 校 费 用 总 额 为1600 万 欧 元 , 资 金 来 源 有 : 国 外 法 语 教 学推 广 署 自 己 出 资 200 万 欧 元 , 学 校 自 筹 资 金液 化 空 气 集 团 与 中 国 两 大 钢 铁 生产 企 业 签 订 长 期 合 同 , 将 投 资 总计 7500 欧 元 以 满 足 这 两 家 新 客 户的 需 求 。 这 项 投 资 巩 固 了 集 团 在中 国 钢 铁 市 场 的 领 先 地 位 。 中 国 是世 界 上 最 大 的 钢 铁 生 产 国 (2009 年其 产 量 增 长 14%, 创 下 5.68 亿 吨 的新 纪 录 —— 几 乎 达 到 全 球 产 量 的 一半 ), 目 前 正 力 求 优 化 其 钢 铁 的 生产 能 力 。 增 加 氧 气 的 使 用 对 此 大 有帮 助 。 第 一 份 合 同 将 向 河 北 省 的 渤海 钢 铁 集 团 ( 毗 邻 天 津 ) 提 供 一 套日 产 氧 气 、 氮 气 量 达 2200 吨 的 空 分装 置 。 第 二 份 合 同 是 与 山 西 省 临 汾市 的 建 邦 集 团 签 订 的 , 液 化 空 气 集face à face entre entreprises perm<strong>et</strong>tentd’identifier des possibilités de collaborationsconcrètes. Les éditions organiséesen 2009 à Pékin <strong>et</strong> à Shanghai qui ontrassemblé 110 entreprises, dont 15 groupescotés au CAC40 ont débouché sur lasignature de plusiuers contrats apportantde nouveaux débouchés aux entreprisesfrançaises. Le forum couronné parl’attribution du trophée de la meil<strong>le</strong>urecontribution 2009 de l’UCCIFE, devraitêtre dupliqué dans d’autres communautésd’affaires dans <strong>le</strong> monde, selon unedécision concrétisée <strong>le</strong> 28 octobre 2009par la signature d’une Charte sous <strong>le</strong> patronnagede Madame Christine Lagarde.Pour tout savoir : www.forum-travail<strong>le</strong>rensemb<strong>le</strong>.frRecord de ventes pourDPCA en janvierDongfeng Peugeot Citroën Automobi<strong>le</strong>,la Joint-Venture entre Dong Feng Motors<strong>et</strong> PSA Peugeot Citroën a vendu en janvier37 128 voitures, soit un bond •••团 将 投 资 建 设 一 套 日 产 氧 量 为 800 吨的 空 分 装 置 。 这 两 套 装 置 将 蕴 含 集团 最 先 进 的 技 术 , 由 液 空 杭 州 ——集 团 在 华 的 工 程 中 心 设 计 制 造 , 并将 于 2011 年 第 二 季 度 投 入 运 营 。 液空 集 团 高 级 副 总 裁 兼 亚 太 地 区 总裁 、 液 空 集 团 执 行 委 员 会 委 员 戴 华业 (Jean-Marc de Royere) 说 :“ 我们 感 谢 唐 山 渤 海 钢 铁 集 团 和 山 西 建邦 集 团 的 信 任 。 这 些 合 同 彰 显 了 液空 满 足 中 国 客 户 在 安 全 、 可 靠 、 低能 耗 和 缩 短 建 设 周 期 方 面 需 求 的 能力 。 新 兴 经 济 是 液 化 空 气 集 团 增 长的 动 力 。”www.cn.airliquide.com法 国 电 力 公 司为 北 京 法 国 中 学 捐 助 10 万 欧 元法 国 电 力 巨 头 签 出 一 张 10 万 欧 元 的 支 票 ,成 为 资 助 两 年 后 建 成 的 北 京 法 国 国 际 学 校的 第 一 家 法 国 企 业 。 此 笔 捐 款 列 入 由 企 业合 作 关 系 发 展 协 会 (ADPE) 组 织 的 捐 助行 动 中 , 目 的 是 募 集 实 物 或 资 金 为 北 京 、中 国 乃 至 中 国 之 外 的 法 国 国 际 学 校 提 供资 金 , 能 为 法 国 企 业 减 税 高 达 60%。 该 协会 是 非 营 利 机 构 , 成 立 于 2008 年 6 月 , 总部 设 在 巴 黎 的 法 国 外 贸 顾 问 委 员 会 。 协会 还 得 到 了 其 他 大 集 团 捐 助 实 物 和 资 金的 承 诺 , 他 们 是 : 法 国 航 空 公 司 , 阿 海珐 , 标 致 雪 铁 龙 , 赛 峰 , 施 耐 德 电 气 ,道 达 尔 和 威 立 雅 环 境 服 务 集 团 , 捐 款 总额 至 今 已 超 过 200 万 欧 元 。 协 会 会 长 戴 林(Gérard De<strong>le</strong>ens) 认 为 , 本 次 集 资 的 目 的是 帮 助 建 立 一 所 符 合 国 际 大 型 教 育 机 构 标准 的 国 际 学 校 , 同 时 防 止 学 费 大 幅 上 涨 。这 些 资 助 可 以 促 进 未 来 法 国 学 校 教 学 环 境384 万 欧 元 , 推 广 署 贷 款 1016 万 欧 元 。 该 项目 的 财 务 支 出 ( 还 贷 款 加 上 场 地 年 租 金 )将 由 学 校 承 担 , 通 过 提 高 学 生 家 长 认 可 的学 费 , 涨 幅 低 于 25%, 分 摊 在 多 年 内 连 续收 取 。 国 外 法 语 教 学 推 广 署 强 调 , 这 些 预算 建 立 在 该 机 构 与 北 京 法 国 国 际 学 校 完 全承 担 的 筹 资 基 础 上 。 如 果 在 中 国 的 法 国 企业 能 够 参 与 该 项 目 的 集 资 , 它 们 投 入 的 资金 将 会 减 少 贷 款 , 同 时 减 少 学 校 的 负 担 和学 费 的 增 加 。第 二 届 “ 协 同 工 作 论 坛 ” 将 于 4 月 16 日 在北 京 诺 富 特 和 平 宾 馆 举 办继 2010 年 1 月 29 日 在 上 海 和 3 月 16 日 在 香 港之 后 ,“ 协 同 工 作 论 坛 ” 将 于 4 月 16 日 早8:00 至 下 午 16:45 在 北 京 诺 富 特 和 平 宾馆 举 行 , 随 后 还 将 在 法 国 大 使 馆 举 办 招 待会 。 这 一 活 动 是 2009 年 由 北 京 法 国 青 年 商会 、 中 国 法 国 工 商 会 、 法 国 企 业 国 际 开 发署 和 法 国 外 贸 顾 问 委 员 会 联 合 创 办 的 , 现已 成 为 驻 华 法 国 大 集 团 与 特 小 企 业 之 间 极为 期 待 的 一 次 聚 会 , 企 业 之 间 的 对 口 会 谈可 以 发 现 具 体 合 作 的 可 能 性 。2009 年 , 在北 京 和 上 海 轮 流 举 办 的 论 坛 聚 集 了 110 家企 业 , 其 中 15 家 集 团 是 巴 黎 CAC40 指 数 的上 市 企 业 , 最 终 签 订 了 为 法 国 企 业 打 开 销路 的 合 同 。 论 坛 被 法 国 海 外 工 商 会 联 盟 授予 “2009 年 最 佳 贡 献 奖 ”, 并 将 为 世 界 上其 他 商 业 团 体 所 效 仿 , 这 一 决 定 在 法 国 经济 工 业 和 就 业 部 长 拉 嘉 德 的 大 力 支 持 下 ,通 过 2009 年 10 月 28 日 签 署 的 一 项 文 件 来 具体 落 实 。 欲 了 解 详 情 , 请 登 陆www.forum-travail<strong>le</strong>r-ensemb<strong>le</strong>.fr神 龙 公 司 1 月 刷 新 销 售 记 录神 龙 汽 车 有 限 公 司 , 东 风 汽 车 与 法 国标 致 雪 铁 龙 集 团 的 合 资 企 业 , 1 月 销 售了 37128 辆 汽 车 , 比 2009 年 1 月 同 期 增 长130.71%, 比 2009 年 12 月 增 长 13%。 公司 由 此 创 造 了 新 的 月 销 售 记 录 。 •••Connexions / mars 2010 41


公 司 简 讯 l’actualité / entreprisesQuatre conseil<strong>le</strong>rs CCIFC nommés à PékinAu cours du dîner annuel du comité depatronage de la CCIFC Pékin, <strong>le</strong> 4 marsdernier, a été annoncée la nomination dequatre conseil<strong>le</strong>rs CCIFC. Ont ainsi éténommés : Ma Songde, vice-ministre duministère de la Science <strong>et</strong> de la Technologie,représentant à la 8 e <strong>et</strong> 9 e session dela Conférence consultative politique dupeup<strong>le</strong> <strong>chinois</strong>, maintenant en r<strong>et</strong>raite ;Mingjun Sun, actuel<strong>le</strong>ment consultantindépendant <strong>et</strong> secrétaire généralde l’association des anciens de l’ENAaprès avoir été en poste au ministèrede l’Emploi pendant neuf ans ; ElaineYang d’abord diplomate au ministèredes Affaires Etrangères de Chine avantd’occuper des fonctions de responsab<strong>le</strong>sdans des grands groupes internationauxen Chine (notamment Total <strong>et</strong> AXA),membre actif de la Chambre Européenne<strong>et</strong> membre du bureau de la CCIFCen 2007 <strong>et</strong> 2008 ; Hervé Machenaud,directeur exécutif du groupe, chargé dela production <strong>et</strong> de l’ingéniérie, est notammentà l’origine de l’expansion dugroupe EDF.L’objectif de ces nominations est d’épau<strong>le</strong>rla CCIFC dans son proj<strong>et</strong> de renforcementde ses liens avec la société <strong>et</strong> <strong>le</strong>monde économique <strong>chinois</strong>. La CCIFC© CCIFCDe g. à dr. : F. Guil<strong>le</strong>m<strong>et</strong>, Mingjun Sun, N. Aniel, Ma Songde,A. de Kermadec-BentzmannF. Bernard, s.e.m. H. Ladsous, Elaine Yang, Y. Boutin <strong>et</strong> J. Chol.a sollicité des personnalités représentantesdu monde des affaires en Chine, dela culture, des arts ou de l’administration<strong>chinois</strong>e. Leur mission fondée sur <strong>le</strong> bénévolatconsistera entre autre à répondreaux demandes des membres de la Chambresur ses suj<strong>et</strong>s d’expertise, à intervenirdans <strong>le</strong>s réunions <strong>et</strong> <strong>le</strong>s débats, à tenirinformée la Chambre des évolutions possib<strong>le</strong>sde l’environnement économique <strong>et</strong>rég<strong>le</strong>mentaire qui pourraient influencerLe 4 mars dernier étaient nommésconseil<strong>le</strong>rs CCIFC : ElaineYang, Ma Songde, Mingjun Sun<strong>et</strong> Hervé Machenaud.2010 年 3 月 4 日 , 杨 柳 、 马 颂 德 、 孙 明 君 和 马识 路 被 任 命 为 中 国 法 国 工 商 会 顾 问 。<strong>le</strong>s courants d’affaires en Chine <strong>et</strong> faciliter<strong>le</strong>s contacts uti<strong>le</strong>s.www.<strong>ccifc</strong>.org•••de plus de 130% sur janvier 2009<strong>et</strong> une hausse de 13% sur décembre2009. La JV établit ainsi un nouveaurecord mensuel de ventes. Les ventes deDongfeng Citroën s’élèvent à 25 127unités, soit une augmentation de près de190% sur janvier 2009, tandis que cel<strong>le</strong>sde Dongfeng Peugeot atteignent 12001 unités, ce qui constitue une haussede 61% sur janvier 2009. DPCA a éga<strong>le</strong>mentproduit en janvier 36 488 véhicu<strong>le</strong>s,soit un bond de près de 211% par rapportà janvier 2009. Grâce notamment auxnombreuses livraisons de C5, <strong>le</strong> chiffred’affaire du mois de janvier s’établit à3,752 milliards de Rmb (+ 200%).Le succès de DPCA en ce début d’annéeest porté par <strong>le</strong>s bel<strong>le</strong>s ventes de la C5(5 682 unités), de la C-Quatre (12 649unités), de la 307 (+74%) <strong>et</strong> de la 207(+172%).Gide Loyr<strong>et</strong>te Nouel aucoeur de l’acquisitionde Numonyx par MicronTechnology Inc.Gide Loyr<strong>et</strong>te Nouel (GLN) conseil<strong>le</strong>STMicroe<strong>le</strong>ctronics (STM), un des toutpremiers producteurs mondiaux de composantsé<strong>le</strong>ctroniques <strong>et</strong> de dispositifssemi-conducteurs, dans <strong>le</strong> vol<strong>et</strong> <strong>chinois</strong>de l’acquisition de Numonyx HoldingB.V. (Numonyx) par Micron TechnologyInc. (Micron). Créée en 2008, Numonyxest une joint venture spécialisée dans laproduction de mémoire flash fondée parSTM avec Intel Corporation (Intel) <strong>et</strong>Francisco Partners, <strong>et</strong> qui regroupe <strong>le</strong>s activitésNOR de Intel, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s activités NOR<strong>et</strong> NAND de STM.STM, Intel, Francisco Partners <strong>et</strong> Numonyxsont parvenus à un accord définitifavec Micron aux termes duquel cedernier acquerra Numonyx par <strong>le</strong> biaisd’un échange d’actions. La transactiond’un montant de 1,27 milliard USD viseà m<strong>et</strong>tre en commun <strong>le</strong>s points forts deNumonyx <strong>et</strong> ceux de Micron, dont sonimportant catalogue de produits mémoirespour ordinateurs <strong>et</strong> téléphonesportab<strong>le</strong>s. La transaction doit encore êtrevalidée par <strong>le</strong>s autorités rég<strong>le</strong>mentaires<strong>et</strong> sa réalisation reste soumise aux42Connexions / mars 2010


在 北 京 任 命 四 位 中 国 法国 工 商 会 顾 问3 月 4 日 , 中 国 法 国 工 商 会 在 北 京 万 达 索菲 特 大 饭 店 举 行 了 协 助 委 员 会 的 年 度 晚餐 , 法 国 驻 华 大 使 苏 和 阁 下 出 席 了 这 次晚 餐 会 。 会 上 , 中 国 法 国 工 商 会 会 长 甘安 懿 和 总 经 理 杨 磊 宣 布 任 命 四 位 中 国 法国 工 商 会 顾 问 。 被 任 命 的 顾 问 有 : 马 颂德 先 生 , 科 技 部 副 部 长 , 第 八 、 第 九 届全 国 政 协 委 员 , 现 退 休 ; 孙 明 君 先 生 ,曾 在 人 保 部 任 职 9 年 , 现 为 法 国 国 家 行 政学 院 中 国 学 友 会 独 立 顾 问 和 秘 书 长 ; 杨柳 女 士 , 曾 是 中 国 的 外 交 官 , 后 任 大 型国 际 集 团 驻 华 机 构 的 负 责 人 ( 主 要 在 道达 尔 和 安 盛 集 团 ), 欧 盟 商 会 的 活 跃 会员 以 及 中 国 法 国 工 商 会 2007 和 2008 年 理事 会 理 事 ; 马 识 路 , 法 国 电 力 集 团 亚 太区 总 裁 , 获 法 国 荣 誉 勋 位 骑 士 勋 章 。任 命 这 些 顾 问 的 目 的 在 于 帮 助 中 国 法 国工 商 会 加 强 与 中 国 社 会 和 经 济 界 的 联系 。 中 国 法 国 工 商 会 联 系 了 一 些 代 表 中国 商 界 、 文 艺 界 及 政 界 的 重 要 人 士 。 以义 务 工 作 为 基 础 , 这 些 顾 问 的 使 命 包 括回 答 商 会 会 员 在 各 自 熟 知 领 域 的 问 题 ;参 加 会 议 和 辩 论 会 ; 告 知 商 会 在 经 济 和法 规 环 境 方 面 可 能 的 变 化 , 这 些 变 化 可能 影 响 中 国 的 商 业 走 向 以 及 便 于 有 用 的联 系 。www.<strong>ccifc</strong>.org••• 东 风 雪 铁 龙 的 销 量 达 到 25127 辆 , 比2009 年 1 月 同 期 增 长 190.82%, 而 东 风 标 致的 销 量 达 到 12001 辆 , 比 2009 年 同 期 增 长61%。 神 龙 公 司 1 月 生 产 了 36488 辆 汽 车 ,比 2009 年 1 月 激 增 了 210.93%。 尤 其 凭 借C5 的 大 量 交 付 ,1 月 营 业 额 增 加 了 两 倍 ,达 到 37520 亿 元 。 神 龙 公 司 一 开 年 的 成 功 是由 东 风 雪 铁 龙 C5( 销 售 了 5682 辆 )、 东 风雪 铁 龙 世 嘉 ( 销 售 了 12649 辆 )、 东 风 标 致307( 增 长 74%) 和 207( 增 长 172%) 的 热卖 所 带 来 的 。基 德 参 与 Micron 收 购 Numonyx 的 业 务基 德 律 师 事 务 所 为 意 法 半 导 体 就 Micron 收购 Numonyx 中 国 部 分 的 业 务 提 供 咨 询 。 意法 半 导 体 是 世 界 最 大 的 电 子 元 件 和 半 导 体器 件 生 产 商 之 一 。Numonyx 是 意 法 半 导 体2008 年 与 英 特 尔 和 Francisco Partners 合 资 成立 的 闪 存 企 业 , 整 合 了 英 特 尔 的 NOR 业 务 和意 法 半 导 体 的 NOR、NAND 业 务 。意 法 半 导 体 、 英 特 尔 、FranciscoPartners 和Numonyx 与 Micron 达 成 了 一 项 最 终 协 议 。根 据 协 议 ,Micron 将 以 股 票 交 易 的 方 式 收 购Numonyx。 此 项 金 额 为 1.27 亿 美 金 的 交 易目 的 在 于 使 Numonyx 和 Micron 这 两 家 公 司 实现 强 强 联 合 , 其 中 包 括 为 电 脑 和 手 机 提 供大 量 的 内 存 产 品 。 此 项 交 易 还 要 经 过 监 管部 门 的 审 批 , 并 受 到 惯 常 成 交 条 件 的 影 响才 能 完 成 。 为 交 易 提 供 咨 询 的 基 德 顾 问 团队 设 在 北 京 , 由 合 伙 人 华 晓 军 和 资 深 协 调员 Marianne Ramel 组 成 。www.gide.com系 列 讲 座 - 中 国 今 日 法 治中 国 法 国 工 商 会 , 大 陆 法 系 基 金 会 与 法 国 文化 中 心 一 起 设 计 的 系 列 月 度 讲 座 。 讲 座 目的 :介 绍 中 国 法 律 及 此 领 域 的 专 家 ; 以 法律 的 角 度 探 讨 社 会 问 题 ; 在 全 球 化 及 中 国法 律 正 处 于 法 律 传 统 演 变 的 十 字 路 口 之 背景 下 , 讨 论 大 陆 法 , 并 赋 予 它 新 的 意 义 。系 列 讲 座 集 合 了 中 外 专 家 来 探 讨 时 下 的 热点 话 题 。 讲 座 将 对 广 大 参 与 者 开 放 : 公司 , 法 律 从 业 人 员 , 学 生 , 或 者 希 望 更 深入 地 了 解 中 国 法 律 演 变 的 朋 友 。第 一 期中 国 环 境 法 : 现 状 、 挑 战 与 未 来3 月 31 日 ,18 : 30-20 : 30, 北 京 法 国 文 化 中 心演 讲 者 : 王 灿 发 , 中 国 政 法 大 学•••conditions habituel<strong>le</strong>s de clôture.Cyc<strong>le</strong> de conférences« la Chine <strong>et</strong> son droit »La CCIFC, la Fondation pour <strong>le</strong> droitcontinental <strong>et</strong> <strong>le</strong> centre culturel françaisde Pékin ont conçu un cyc<strong>le</strong> de conférencesmensuel<strong>le</strong>s avec pour objectif defaire connaître <strong>le</strong> droit <strong>chinois</strong> <strong>et</strong> ses experts,d’aborder <strong>le</strong>s questions de sociétépar <strong>le</strong> droit, de débattre <strong>et</strong> de valoriser<strong>le</strong> droit continental dans la globalisation— <strong>le</strong> droit <strong>chinois</strong> étant de « tradition »civiliste. Réunissant des experts <strong>chinois</strong><strong>et</strong> étrangers autour de thématiques d’actualité,<strong>le</strong>s conférences sont ouvertesà un large public : entreprises, juristes,étudiants ou simp<strong>le</strong>s curieux de •••Connexions / mars 2010 43


公 司 简 讯 l’actualité / entreprisesVector Design Group signe <strong>le</strong> siègesocial de Handan HansteelLe cabin<strong>et</strong> international d’architecture<strong>et</strong> d’urbanisme co-fondé par l’architecteGabriel Delage en 2002 se voit confier<strong>le</strong> proj<strong>et</strong> du siège social de HandanHansteel, un des <strong>le</strong>aders mondiaux dela métallurgie, éga<strong>le</strong>ment un des principauxfournisseurs des matériaux duNid d’Oiseau. Handan Hansteel quia acquis un terrain de 130 000m 2 àproximité de son centre de production<strong>et</strong> du centre-vil<strong>le</strong> a souhaité qu’un hôtel5 étoi<strong>le</strong>s d’une capacité de 300 chambressoit associé à ses nouveaux bureaux.Pour répondre à la demande du géant del’acier, Gabriel Delage <strong>et</strong> son associé <strong>le</strong>designer Matthieu Augereau ont conçuune tour de verre de 150m de haut quisera un point de repère incontournab<strong>le</strong>dans une vil<strong>le</strong> où la hauteur maxima<strong>le</strong>des bâtiments est de 99 m. « Nous avonsimaginé un bâtiment unique intégrant<strong>le</strong>s bureaux <strong>et</strong> <strong>le</strong>urs services (cafétéria,sal<strong>le</strong>s de réunion <strong>et</strong> d’exposition, clubde sport…), la station de télévision deHansteel Group <strong>et</strong> l’hôtel. Ce comp<strong>le</strong>xeà l’echel<strong>le</strong> de son environement est associéà un très vaste jardin « à la française »intégrant un lac <strong>et</strong> une forêt d’arbresperm<strong>et</strong>tant de revitaliser ce quartier endéveloppement. La façade sud est uneImage en 3D du futur siège de HansteelGroup. 未 来 邯 钢 总 部 的 三 维 效 果 图sorte de grand rideau de verre en continuitéavec <strong>le</strong> paysage, la façade Nord estplus close, tournée vers la vil<strong>le</strong>. Dans lalogique de notre politique d’intégrationdans l’environnement, nous avons cherchéà optimiser <strong>le</strong>s économies d’énergieen proposant un bâtiment compact (dontla géom<strong>et</strong>rie répond aux contraintes climatiques)ainsi que divers systèmes liés auconfort intérieur en réponse à la pollutionenvironnante. » précise Gabriel Delage. Ledébut des travaux devrait avoir lieu avantla fin de l’année.© DR深 圳 维 度 艺 术 设 计 公 司签 下 邯 钢 总 部 大 楼 的 合同由 法 国 建 筑 师 Gabriel Delage 合 伙 创 办于 2002 年 的 国 际 性 建 筑 与 规 划 设 计 公 司承 接 了 设 计 邯 郸 钢 铁 集 团 总 部 大 楼 的项 目 ; 邯 钢 是 世 界 冶 金 业 的 领 先 企 业 之一 , 也 是 鸟 巢 钢 材 的 主 要 供 货 商 之 一 。邯 钢 在 距 其 生 产 基 地 不 远 、 市 中 心 的 位置 得 到 了 一 块 13 万 平 方 米 的 土 地 , 希 望建 起 一 座 有 300 间 客 房 接 待 能 力 的 5 星 级酒 店 与 其 新 办 公 室 配 套 。 为 了 满 足 这家 钢 铁 巨 头 的 要 求 ,Gabriel Delage 与 设计 师 合 伙 人 Matthieu Augereau 设 计 出 一座 高 150 米 的 玻 璃 大 楼 , 这 将 成 为 建 筑物 最 高 为 99 米 的 城 市 里 无 可 争 议 的 地标 。“ 我 们 设 想 出 一 座 独 一 无 二 的 建筑 , 兼 纳 办 公 室 和 服 务 设 施 ( 咖 啡 吧 、会 议 室 、 展 厅 、 健 身 房 等 ), 以 及 邯 钢集 团 的 电 视 台 和 酒 店 。 这 座 建 筑 综 合 体的 周 边 环 境 将 配 有 一 座 巨 大 的 法 式 花园 , 包 括 湖 和 树 林 , 能 够 重 新 为 这 片 发展 中 的 社 区 注 入 活 力 。 建 筑 的 南 表 装 上一 种 大 玻 璃 窗 帘 作 为 风 景 的 延 续 , 北 面朝 着 市 里 , 相 对 闭 塞 。 在 我 们 “ 融 入 环境 ” 理 念 的 指 导 下 , 我 们 力 图 最 大 程 度地 节 约 能 源 , 推 出 一 座 结 构 紧 凑 的 大 楼( 其 几 何 学 原 理 符 合 气 候 要 求 ) 以 及 符合 环 保 标 准 的 涉 及 室 内 舒 适 度 的 各 种 系统 。”Gabriel Delage 介 绍 说 。 工 程 将 于年 底 之 前 开 工 。••• l’évolution du droit en Chine. Premierrendez-vous : « Le droit de l’environnement<strong>chinois</strong>, caractéristiques,défis <strong>et</strong> perspectives » <strong>le</strong> 31 mars 2010 à18h30 au CCF de Pékin. La conférencesera présentée par Wang Canfa, professeurà l’université de droit <strong>et</strong> de sciencespolitiques de Chine, directeur du centred’assistance juridique des victimes dela pollution, elu. Inscriptions sur <strong>le</strong> sitewww.<strong>ccifc</strong>.org.Un quatrième point devente à Shanghai pourChristof<strong>le</strong>Présent à Shanghai depuis plus de dixans avec trois points de vente, Christof<strong>le</strong>vient d’inaugurer une quatrième boutiquedans <strong>le</strong> temp<strong>le</strong> du luxe, <strong>le</strong> Plaza 66.Ce magasin situé au quatrième étageprésente une large col<strong>le</strong>ction d’obj<strong>et</strong>s dedécoration, de tab<strong>le</strong> ainsi que des piècesexclusives de haute orfèvrerie. Symbo<strong>le</strong>de luxe <strong>et</strong> d’élégance, Christof<strong>le</strong> insuff<strong>le</strong>à chaque époque un nouvel art de vivre,tout en perpétuant l’esprit pionnier de ses© DRfondateurs il y a 180 ans. Avec ce nouveaupoint de vente à Shanghai, la marqueétend son implantation <strong>et</strong> se prépareà conquérir Pékin en 2010.www.christof<strong>le</strong>.comShanghai Triol'art de vivre franco<strong>chinois</strong>dans la capita<strong>le</strong>Les col<strong>le</strong>ctions <strong>et</strong> <strong>le</strong>s sé<strong>le</strong>ctions d’obj<strong>et</strong>sShanghai Trio seront disponib<strong>le</strong>s dans lacapita<strong>le</strong> <strong>chinois</strong>e à partir du mois de mai2010.L’enseigne shanghaienne ouvre sa premièreboutique pékinoise au cœur du récentquartier commerçant du “Village” àSanlitun.Des accessoires de mode (sacs, •••44Connexions / mars 2010


公 司 简 讯 l’actualité / entreprises••• ••• 教 授 , 污 染 受 害 者 法 律 援 助 中 心 主任 。注 册 请 访 问 www.<strong>ccifc</strong>.org.昆 庭 的 第 四 家 专 卖 店 落 户 上 海拥 有 三 家 专 卖 店 的 昆 庭 在 上 海 落 户 已 有10 年 , 目 前 在 上 海 奢 侈 品 的 殿 堂 —— 恒 隆广 场 为 第 四 家 专 卖 店 揭 幕 。 专 卖 店 位 于 恒隆 广 场 四 楼 , 展 示 了 昆 庭 收 藏 的 众 多 家 居装 饰 品 、 餐 具 和 高 级 定 制 银 器 。 凭 借 银 器制 品 成 为 奢 华 和 优 雅 的 标 志 , 昆 庭 从 未 停止 过 创 新 , 并 引 领 着 各 个 时 代 的 生 活 艺 术风 尚 。 通 过 传 承 品 牌 创 立 人 的 前 沿 理 念 ,拥 有 180 年 的 专 业 技 能 和 顶 级 制 作 , 昆 庭 已在 全 球 范 围 内 发 展 成 功 。 随 着 新 专 卖 店 在上 海 开 业 , 昆 庭 扩 大 了 其 经 营 场 所 , 并 准备 2010 年 打 进 北 京 市 场 。www.christof<strong>le</strong>.com上 海 组 合 终 于 在 北 京 开 店上 海 组 合 体 现 不 同 文 化 的 饰 品 和 家 居 用 品将 从 2010 年 5 月 1 日 起 在 北 京 有 售 。 这 一 上principauté. •écharpes, poch<strong>et</strong>tes) <strong>et</strong> pour lamaison (plaids, housses de cou<strong>et</strong>te,nappes), une col<strong>le</strong>ction de vêtementsenfants, Shanghai Trio, crée des beauxobj<strong>et</strong>s pour tous <strong>le</strong>s jours au croisementde savoir-faire traditionnels <strong>chinois</strong> <strong>et</strong> dedesign moderne, en alliant des matièresnaturel<strong>le</strong>s à des tissus plus innovants.Fondé en 1998, Shanghai Trio engagédans la recherche d’un commerce durab<strong>le</strong>,emploie 45 personnes en Chine.www.shanghaitrio.comBureau Veritas impliqué dans laconstruction du pavillon Monacode l’EXPO 2010Le 18 Janvier dernier, Bureau Veritas asigné un contrat de supervision de la constructiondu pavillon de Monaco. Aprèscelui de la France, de l’Italie, de Madrid,de la région Rhones-Alpes, de la Suède <strong>et</strong>de la région I<strong>le</strong> de France, <strong>le</strong> pavillon deMonaco est la septième implication deBureau Veritas sur l’exposition universel<strong>le</strong>de Shanghai. Le pavillon de Monaco, situésur la rive Est de l’EXPO, exposera entreautres, <strong>le</strong>s éléments typiques de sonenvironnement naturel <strong>et</strong> urbain qui ontcontribué à la renommée mondia<strong>le</strong> de la海 品 牌 在 北 京 开 了 第 一 家 店 , 也 是 它 在世 界 上 的 第 10 家 销 售 点 —— 位 于 三 里 屯Village 商 业 区 的 中 心 。时 尚 服 饰 ( 手 提 包 、 围 巾 、 小 袋 ), 家 居用 品 ( 毛 毯 ), 儿 童 成 衣 , 上 海 组 合 设 计了 兼 具 中 国 传 统 工 艺 和 现 代 设 计 的 日 常 用品 , 结 合 了 天 然 的 材 质 与 创 新 的 布 料 。上 海 组 合 创 建 于 1998 年 , 投 身 于 寻 求 可 持续 的 商 业 发 展 , 在 中 国 拥 有 45 名 员 工 。www.shanghaitrio.com必 维 集 团 参 与 2010 年 上 海 世 博 会 摩 纳 哥馆 的 建 设2010 年 1 月 18 日 , 必 维 集 团 签 订 了 监 督 摩 纳哥 馆 施 工 的 合 同 。 继 法 国 馆 、 意 大 利 馆 、马 德 里 馆 、 罗 纳 - 阿 尔 卑 斯 大 区 馆 、 瑞 典 馆和 巴 黎 大 区 馆 之 后 , 摩 纳 哥 馆 是 必 维 集 团参 与 上 海 世 博 会 的 第 七 个 项 目 。 摩 纳 哥 馆位 于 上 海 世 博 会 园 区 黄 浦 江 的 东 岸 , 其 中将 展 出 摩 纳 哥 自 然 环 境 和 城 市 环 境 最 具 代表 性 的 元 素 , 这 些 元 素 使 摩 纳 哥 公 国 闻 名于 世 。 •46Connexions / mars 2010


publi-reportage 软 文 广 告Lancement de la nouvel<strong>le</strong> Peugeot 408 en première mondia<strong>le</strong> <strong>le</strong> 25 janvier à Pékin.2010 年 1 月 25 日 , 东 风 标 致 408 在 北 京 全 球 首 发 上 市© PSAPeugeot dévoi<strong>le</strong> en première mondia<strong>le</strong>à Pékin sa nouvel<strong>le</strong> 408Une étape déterminante de l’offensive de la marque auLion sur <strong>le</strong> premier marché automobi<strong>le</strong> du monde.Présentée en première mondia<strong>le</strong><strong>le</strong> 25 janvier à Pékin, la nouvel<strong>le</strong>Peugeot 408 est une nouvel<strong>le</strong> étapede l’offensive de la marque sur <strong>le</strong>premier marché automobi<strong>le</strong> aumonde.Ce nouveau tri-corps, statutaire <strong>et</strong> adaptéau marché <strong>chinois</strong>, vient ainsi renforcerl’offre produit de DongFeng Peugeot surun segment qui couvre plus de 45 % dumarché total.La nouvel<strong>le</strong> DF Peugeot 408 devrait ainsiperm<strong>et</strong>tre à la marque au Lion d’accroîtreses volumes de plus de 30 % en 2010par rapport à 2009, en doublant ainsi lacroissance prévue du marché.C<strong>et</strong>te berline tri-corps, à architecturesemi-haute, dessinée <strong>et</strong> conçue en communavec <strong>le</strong>s équipes du sty<strong>le</strong> Peugeot enEurope <strong>et</strong> en Chine, répond à trois objectifs:• incarner la modernité de la marque,• garantir une sécurité maxima<strong>le</strong>,• offrir une habitabilité incomparab<strong>le</strong>.La 408 suit la logique d’appellationde la marque au LionLe chiffre 4 est en rapport avec la dimensionde la voiture (4,68 m) <strong>et</strong> <strong>le</strong> positionnementdans <strong>le</strong> segment des berlines familia<strong>le</strong>sde moyen-haut de gamme. Le 0central signe l’appartenance à la marquePeugeot tandis que <strong>le</strong> 8 exprime la toutedernière génération du véhicu<strong>le</strong>.Avec c<strong>et</strong>te dénomination, la 408 trouvenaturel<strong>le</strong>ment sa place à l’intérieur de lagamme Peugeot actuel<strong>le</strong> <strong>et</strong> initie la sériedes 8, véhicu<strong>le</strong>s de dernière génération,au sein du marché Chinois.La DongFeng Peugeot 408, fruit des travauxde la joint-venture entre PSA PeugeotCitroën <strong>et</strong> <strong>le</strong> groupe Chinois DFM,est produite dans l’usine de Wuhan dans laprovince du Hubei en Chine, <strong>et</strong> se positionnecomme une des principa<strong>le</strong>s référencesdu marché avec un objectif de ventesde 100 000 unités en année p<strong>le</strong>ine. •全 球 首 发东 风 标 致 408 震 撼 上 市1 月 25 日 , 东 风 标 致 408 在 北 京全 球 首 发 上 市 。 这 是 标 致 汽 车 品 牌创 立 1 2 0 年 以 来 , 首 次 在 海 外 市 场全 球 首 发 其 最 新 一 代 车 型 。 这 不 仅显 示 出 中 国 市 场 日 渐 提 升 的 重 要 地位 , 更 凸 显 标 致 汽 车 乃 至 PSA 标 致 雪铁 龙 集 团 的 中 国 战 略 重 心 的 进 一 步确 立 。作 为 标 致 品 牌 的 全 球 车 型 ,408 在研 发 设 计 之 初 就 充 分 考 虑 并 立 足 于 包括 中 国 在 内 的 全 球 主 要 市 场 的 消 费 者需 求 , 是 一 款 为 消 费 者 悉 心 打 造 的 、具 有 欧 洲 技 术 血 统 的 魅 力 之 车 。 长 度超 过 4.68 米 、 宽 度 超 过 1.81 米 , 尤 其是 2.71 米 的 超 长 轴 距 , 足 以 让 它 在 同级 竞 争 对 手 中 跃 然 而 出 。 大 气 均 衡 的车 身 造 型 , 宽 敞 舒 适 的 大 器 空 间 , 精致 细 腻 的 内 饰 质 感 以 及 全 面 高 档 的 人性 化 智 能 装 备 , 令 其 拥 有 者 在 进 入 座舱 的 瞬 间 即 可 领 略 超 然 气 度 , 尽 享 从容 自 在 的 驾 乘 感 受 。 在 中 国 进 行 全 球首 发 之 后 ,408 还 将 陆 续 投 放 到 世 界其 它 市 场 增 长 强 劲 的 国 家 和 地 区 。此 次 上 市 的 东 风 标 致 408 系 列 共 有7 款 车 型 , 分 为 舒 适 版 、 豪 华 版 、 尊 贵版 三 种 配 置 版 本 , 以 配 备 CVTS-II 技 术 的2.0L 发 动 机 为 主 打 产 品 。 •Connexions / mars 2010 47


中 小 企 业 简 讯 l’actualité / PMELe show organisé pour <strong>le</strong> lancement du dernier film de Jackie Chan à Pékin.成 龙 新 片 首 映 礼 在 北 京 举 行© Imagine ChinaDes ballons d’Airstar pour éclairer en ChineCréé en 1994, l’inventeur <strong>et</strong> <strong>le</strong>ader mondial du ballon éclairant Airstar, déjà présent dansquarante pays, s’attaque au marché <strong>chinois</strong>.« Airstar est devenu la lumière référenceau cinéma ». Diffici<strong>le</strong> de contredire StéphaneBihorel, <strong>le</strong> directeur Chine de l’entreprise,lorsqu’il énumère quelques-unesdes multip<strong>le</strong>s grosses productions dans<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s ballons éclairants d’Airstaront été utilisés : Avatar, Titanic, MissionImpossib<strong>le</strong>, Harry Potter, <strong>et</strong>c. Et cesuccès commence à s’épanouir en Chine.D’autant mieux que, pour pénétrer <strong>le</strong>marché, Stéphane bénéficie d’un soutiende poids, en la personne de Jackie Chan.Plus qu’un sponsor, « il est notre partenaire.C’est sur <strong>le</strong> tournage de Rush Hourque Jackie a découvert Airstar. Il a immédiatementeu envie de distribuer nosproduits... » La star du film d’action s’estdonc engagée financièrement dans <strong>le</strong> bureauinstallé il y a deux ans à Hong Kong,<strong>et</strong> a contribué à faire découvrir <strong>le</strong>s ballonséclairants sur <strong>le</strong>s plateaux asiatiques.Un éclairage homogèneCe système d’éclairage homogène à 360°,inventé en 1994 par Pierre Chabert, semb<strong>le</strong>a priori relativement simp<strong>le</strong> : unesource lumineuse habillée d’un tissu quiperm<strong>et</strong> de multiplier sa puissance éclairante« par deux ou par trois ». Mais laforce du produit se situe surtout dans sasoup<strong>le</strong>sse d’utilisation. D’abord, ces ballonsfabriqués en France sont faci<strong>le</strong>s <strong>et</strong> rapidesà instal<strong>le</strong>r. L’idéal pour une équipede secours qui doit établir rapidement undispositif de sécurité. Ce n’est pas un hasardsi <strong>le</strong>s pompiers de Paris, de New York<strong>et</strong> de Tokyo notamment, <strong>et</strong> dernièrementen mission sur la catastrophe d’Haïti, sesont équipés chez Airstar. Son étanchéité,l’absence d’éblouissement <strong>et</strong> d’ombres48Connexions / mars 2010


portées, ainsi que son rendu très prochede la lumière naturel<strong>le</strong> en font par ail<strong>le</strong>ursun système très uti<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> travail denuit sur <strong>le</strong>s chantiers de construction.C’est dans ces deux domaines d’applicationque <strong>le</strong>s ventes en Chine ont <strong>le</strong> mieuxcommencé, depuis l’ouverture des bureauxde Shanghai <strong>et</strong> de Pékin en 2009.Une implantation qui est intervenueconcomitamment à l’obtention du prixPME « CCI International Chine », quirécompense <strong>le</strong> proj<strong>et</strong> de développementen Chine continenta<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus prom<strong>et</strong>teur.Avec la naissance de la Wofe fin avril <strong>et</strong>l’implantation prochaine dans des vil<strong>le</strong>scomme Shenzhen <strong>et</strong> Tianjin, <strong>le</strong> potentielde développement semb<strong>le</strong> important.Pour autant, <strong>le</strong> « démarrage est un peu<strong>le</strong>nt », reconnaît Stéphane Bihorel. « Cen’est pas faci<strong>le</strong> de faire évoluer <strong>le</strong>s mentalités.En Chine, nous sommes dansla culture du ‘’on achète, on utilise, <strong>et</strong>on j<strong>et</strong>te’’. Or nos produits sont conçuspour durer plusieurs années... » En plus,<strong>le</strong> haut niveau de technicité génère uncoût é<strong>le</strong>vé que peu de Chinois sont prêtsà m<strong>et</strong>tre aujourd’hui. Pourtant, « dèsque l’on peut faire des démonstrations,c’est magique, <strong>le</strong> produit <strong>le</strong>ur plaît beaucoup.» Le directeur en veut pour preuveque des contrefaçons ont déjà été trouvéesà Shenzhen...Dans sa démarche commercia<strong>le</strong>, StéphaneBihorel veut « garder autant quepossib<strong>le</strong> la main mise sur la distribution,en conservant en particulier la partie cinéma.Pour <strong>le</strong> reste, il faudra rester prochedes distributeurs, <strong>et</strong> développer une« approche éducative » de la présentationdu produit.Autre objectif affiché : développer la partieévénementiel<strong>le</strong>. Des shows comme lasoirée Jackie Chan, pour <strong>le</strong> lancement dufilm Litt<strong>le</strong> Big Soldier, au stade de Wukesong(voir photo). « J’aimerais éga<strong>le</strong>mentfaire davantage de sur mesure pour <strong>le</strong>sclients. Par exemp<strong>le</strong> proposer de reproduireen ballon <strong>le</strong>s mascottes b<strong>le</strong>ues del’Exposition Universel<strong>le</strong> de Shanghai ».Une occasion rêvée pour séduire une foispour toutes <strong>le</strong>s ach<strong>et</strong>eurs <strong>chinois</strong>. •Manuel R a mbaudPour en savoir plus : w w w.Aistarlight.comAirstar 的 灯 光 开 始 在 中 国 大 放 异 彩“ Airstar 已 成 为 电 影 拍 摄 中 参 照使 用 的 照 明 设 备 ”。 当 公 司 中 国 区 经理 Stéphane Bihorel 举 出 用 Airstar 气 球 灯拍 摄 的 电 影 巨 作 中 的 其 中 几 部 时 , 如《 阿 凡 达 》,《 泰 坦 尼 克 号 》,《 谍中 谍 》,《 哈 里 波 特 》 等 , 我 们 很 难去 反 驳 他 所 说 的 话 。 而 且 , 这 一 成 功开 始 影 响 中 国 , 更 加 可 喜 的 是 , 为 了进 入 中 国 市 场 ,Stéphane 得 到 了 电 影界 重 量 级 人 物 成 龙 的 支 持 。 他 不 仅 仅是 赞 助 者 ,“ 也 是 我 们 的 合 作 伙 伴 ,成 龙 是 在 拍 摄 《 尖 峰 时 刻 》 时 发 现了 Airstar。 他 马 上 想 要 代 理 我 们 的 产品 ……” 因 此 , 成 龙 为 2 年 前 公 司 香 港办 事 处 的 成 立 投 资 , 并 在 亚 洲 舞 台 上推 广 气 球 状 照 明 设 备 。这 一 360 度 亮 度 均 匀 的 照 明 系 统 是由 Pierre Chabert 在 1994 年 发 明 的 , 理 论上 说 比 较 简 单 : 用 布 罩 住 光 源 从 而 使亮 度 增 加 2-3 倍 。 但 产 品 的 长 处 主 要 在于 其 使 用 的 灵 活 性 。 首 先 , 这 些 在 法国 生 产 的 气 球 灯 安 装 起 来 简 单 快 捷 ,对 于 一 个 要 迅 速 搭 起 安 全 设 施 的 救 援队 而 言 是 理 想 之 选 。 巴 黎 、 纽 约 和 东京 及 最 近 在 海 地 地 震 中 执 行 任 务 的 消防 队 员 们 都 使 用 Airstar 的 照 明 系 统 并 非偶 然 。 此 外 , 气 球 灯 的 防 水 性 、 无 眩光 、 无 阴 影 以 及 接 近 自 然 光 的 特 点 对建 筑 工 地 夜 间 施 工 来 说 也 是 非 常 有 用的 照 明 系 统 。自 从 2 0 0 9 年 上 海 和 北 京 办 事 处建 立 以 来 , 正 是 在 这 两 个 应 用 领 域里 , 产 品 在 中 国 的 销 售 一 开 始 就 非常 好 。 这 两 个 办 事 处 的 设 立 伴 随 着Airstar 荣 获 “ 中 国 国 际 工 商 会 ” 最 佳中 小 企 业 奖 应 运 而 生 。 这 一 奖 项 用于 奖 励 在 中 国 大 陆 最 有 前 途 的 发 展 项目 。 随 着 4 月 底 全 资 公 司 的 建 立 以 及今 后 在 深 圳 和 天 津 等 城 市 的 落 户 , 发展 的 潜 力 似 乎 很 大 。 然 而 ,StéphaneBihorel 承 认 :“ 启 动 有 些 慢 ”。“ 让人 们 改 变 观 念 不 容 易 。 在 中 国 , 我 们处 在 “ 购 买 , 使 用 , 扔 掉 ” 的 文 化 之中 。 而 我 们 产 品 是 为 了 使 用 多 年 而 设计 的 ……” 而 且 , 高 技 术 技 能 产 生 高费 用 , 只 有 少 数 中 国 人 准 备 现 在 投入 使 用 。 然 而 , “ 一 旦 我 们 做 些 展示 , 很 神 奇 , 他 们 非 常 喜 欢 我 们 的 产品 。” 深 圳 已 经 发 现 了 仿 冒 品 , 这 位经 理 以 此 证 明 产 品 非 常 受 欢 迎 。在 商 业 推 广 中 ,Stéphane Bihorel 希 望 “ 尽 可 能 掌 握产 品 的 销 售 , 尤 其 要 保 留 电 影 部 分 的销 售 。 至 于 其 它 行 业 , 应 该 与 代 理 商紧 密 联 系 , 同 时 开 展 介 绍 产 品 的 培训 ”。另 一 个 确 定 的 目 标 : 开 发 大 型 活动 。 比 如 成 龙 在 北 京 五 棵 松 体 育 馆 为电 影 《 大 兵 小 将 》 举 行 的 首 映 礼 。( 见 图 片 )“ 我 也 希 望 为 客 户 提 供 更多 量 身 制 作 的 方 案 , 比 如 建 议 把 上 海世 博 会 的 蓝 色 吉 祥 物 做 成 气 球 灯 ”。一 次 最 后 吸 引 中 国 买 家 的 绝 好 机 会 。 •Connexions / mars 2010 49


专 访 l’entr<strong>et</strong>ienLe doub<strong>le</strong> « je » de Zhang YalingZhang Yaling, à 47 ans, a réussi. Directrice généra<strong>le</strong> <strong>et</strong> représentante d’ArchosAsia Ltd, el<strong>le</strong> est revenue au pays en 2003 pour vendre <strong>le</strong> MP4 après un séjour de14 ans en France. Auteur d’un blog très suivi, vice-présidente de l’Association desimplantations étrangères de Shenzhen, c<strong>et</strong>te hyperactive fut aussi représentante(sans droit de vote) des Chinois d’outremer lors de la 11 e session de l’Assembléeconsultative du peup<strong>le</strong> <strong>chinois</strong> (CPPCC) .Zhang Yaling, directrice généra<strong>le</strong> d’Archos Chine,Connexions : Comment vous êtes-vous r<strong>et</strong>rouvée enFrance au début 1990 ?Zhang Yaling : J’ai suivi mon mari physicienchercheur invité au CNRS. A l’époque, j’aidû démissionner de mon poste de professeurde droit pénal à l’université Zhenfadaxue,( 中 国 政 法 大 学 ) une des meil<strong>le</strong>uresde Pékin, où j’avais enseigné 5 ans. A la findes années 80, même avec un bon poste,tout <strong>le</strong> monde voulait s’exi<strong>le</strong>r. On était prêtà devenir plongeur pour partir à l’étranger.Les jeunes Chinois d’aujourd’hui ont dumal à saisir <strong>le</strong> décalage de l’époque entrenotre niveau de vie <strong>et</strong> celui de l’Occident.J’ignorais ce qu’était un supermarché,une sal<strong>le</strong> d’eau chez soi. Pour eux, c’est del’histoire ancienne. Pour moi, c’est l’histoirede ma vie.C. : Avez-vous éprouvé un choc culturel en arrivanten France ?Z. Y. : A la fin des années 80, il était si diffici<strong>le</strong>de quitter la Chine qu’une fois partie,on se sentait libre, presque au paradis.Mais l’arrivée en France fut rude. J’avais entête des romans, des films, je rêvais d’unevie roya<strong>le</strong> <strong>et</strong> je me suis r<strong>et</strong>rouvée à Gif-sur-Yv<strong>et</strong>te dans un deux pièces de 40 mètrescarrés à la décoration bana<strong>le</strong>. Je me suisinscrite à l’Alliance française, j’ai cherchédes p<strong>et</strong>its boulots. J’ai repris des études demode, puis d’économie. J’ai travaillé chezRené Château Vidéo, pour des agencesde voyage <strong>chinois</strong>es qui me perm<strong>et</strong>taientde garder <strong>le</strong> contact avec la Chine tout envoyageant gratuitement. J’ai même passéun BEP de couture.Mon obsession : mieux connaitre la culturefrançaise. En Chine, un proverbe ditque « s’habil<strong>le</strong>r, manger, habiter <strong>et</strong> voyager( 衣 吃 住 行 ) sont <strong>le</strong>s quatre clés d’uneculture ». Je me suis attelée à c<strong>et</strong>te tâche d<strong>et</strong>out mon cœur.C. : Pourquoi entrer chez Archos ?Z. Y. :Je suis entrée par la p<strong>et</strong>ite porte en1999 à 37 ans comme stagiaire. J’avaisun DESS d’économie français en poche.C<strong>et</strong>te PME de haute technologie me plaisaitparce qu’el<strong>le</strong> représentait <strong>le</strong> futur. Et,contrairement aux grandes compagnies,el<strong>le</strong> avait vraiment besoin de quelqu’uncomme moi. Ils avaient commencé à fabriqueren Chine, <strong>et</strong> cherchaient des composants.J’ai négocié tout de suite un postede cadre.C. : Pourquoi emmener Archos en Chine ?Z. Y. : A mon entrée dans la société début2000, Archos venait de lancer sur <strong>le</strong> marché<strong>le</strong> premier baladeur MP3 du monde.J’ai insisté trois ans auprès du fondateur,Henri Crohas, pour l’exporter en Chine.J’étais persuadée qu’il fallait <strong>le</strong> faire <strong>le</strong>plus tôt possib<strong>le</strong> pour occuper <strong>le</strong> terrain<strong>et</strong> cela coïncidait avec mon désir de revenirau pays, la tête haute, avant 40 ans, enrapportant quelque chose d’uti<strong>le</strong> pour laChine. Aujourd’hui, je suis prête à faire lamême chose pour la France. Les Chinoisse sont développés tel<strong>le</strong>ment vite qu’ilsont maintenant p<strong>le</strong>in de bonnes idées : <strong>le</strong>snouvel<strong>le</strong>s PSP <strong>chinois</strong>es à 300 Rmb, avec<strong>le</strong>s mêmes fonctions <strong>et</strong> une bonne qualité,<strong>le</strong>s nouveaux mini-portab<strong>le</strong>s PC à 1 500Rmb.C. : Que représente pour vous la France ?Z. Y. : C’est mon pays d’adoption. Il faitpartie de ma vie. J’y vais une semaine tous<strong>le</strong>s trois mois. Je cherche à favoriser <strong>le</strong>sliens entre mes deux pays.C. : Quels messages faites-vous passer ?Diffici<strong>le</strong> de résumer en trois phrases.Concrètement, quand je rencontre un50Connexions / mars 2010


专 访 l’entr<strong>et</strong>ienZhang Yaling a créé un blog très fréquenté. 张 亚 玲 的 博 客 点 击 率 很 高 。••• C. : Vous avez créé un blog1 . Pourquoi ?Z. Y. : Pour développer <strong>le</strong>s affaires. Commej’étais assez connue dans mon domaine en2006, une agence de relations publiquesest venue me chercher pour faire un blogsur <strong>le</strong>s hautes technologies. J’ai préféré luidonner un côté plus sentimental pour attirer<strong>le</strong>s Internautes. En expliquant ma vieentre la France <strong>et</strong> la Chine au service d’uneentreprise de haute technologie, je chercheà accrocher des jeunes clients potentielspour Archos. C’est ma façon de faire dumark<strong>et</strong>ing.C. : Pourquoi c<strong>et</strong>te fidélité à la société Archos… ?Z. Y. : Je ne remercierai jamais assez Archos.Dans <strong>le</strong>s années 90, la vie en France étaittrès dure pour <strong>le</strong>s Chinois. Mon patronm’a donné une « scène », m’a permis derentrer en Chine, d’y faire librement ceque je souhaitais. Je travail<strong>le</strong> beaucoup, jeprends très peu de vacances. Archos, c’estma vie professionnel<strong>le</strong>. En Chine, c’estmon enfant. J’ai recruté toute l’équipequi est très fidè<strong>le</strong>.C. : De Shenzhen, comment voyez-vous changer laChine ?Z. Y. : Je tiens à préciser que mon pointde vue est celui d’une personne d’originepékinoise. Shenzhen, métropo<strong>le</strong> dusud, est très différente de Pékin. C’estune grande vil<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong>, une vil<strong>le</strong>d’émigrés, peuplée de gens simp<strong>le</strong>s, modestes<strong>et</strong> réalistes, pour qui l’argent est<strong>le</strong> signe essentiel de la réussite. Mais <strong>le</strong>schoses changent….Avec des amies qui ontréussi dans <strong>le</strong>s affaires, nous avons crééun groupe de poésie. Nous organisons dessoirées « chic ». Nous parlons décoration.Au début de mon séjour, en 2003, j’avaisplus de mal à rencontrer des gens qui partagentmes goûts. Aujourd’hui, mes amiesse rendent compte que, pour être heureuses,el<strong>le</strong>s ont besoin d’autre chose que d’argent.Ces femmes libres, certaines divorcées,commencent à s’intéresser vraimentau monde hors de Chine. El<strong>le</strong>s veu<strong>le</strong>ntm’accompagner quand je vais en France,pour al<strong>le</strong>r au-delà d’une première visite oùel<strong>le</strong>s ont fait des sauts trop brefs sans rienvoir, ni sentir. El<strong>le</strong>s veu<strong>le</strong>nt séjourner unesemaine, vivre à la parisienne…. Pourel<strong>le</strong>s, la vraie culture vient d’Europe plutôtque des Etats-Unis.C. : Comment voyez-vous la Chine d’ici 20 ans ?Z. Y. : Il y a 20 ans, <strong>le</strong>s Chinois se sentaient« paysans ». Maintenant ils ont la têtehaute. Les femmes se sentent aussi élégantesque <strong>le</strong>s Européennes. Si ma générationne par<strong>le</strong> pas anglais, <strong>le</strong>s jeunes s’exprimentdans la langue des étrangers, ce qui <strong>le</strong>urdonne confiance en eux. Je suis persuadéeque la Chine va s’exprimer de plus en© DRplus sur la scène internationa<strong>le</strong> sur tous <strong>le</strong>splans : politique, économique <strong>et</strong> culturel.Mais il lui faut garder un équilibre.J’ai vécu des moments très durs. Mon pèreétait un aristocrate mandchou, considérécomme droitier. J’ai connu une enfanc<strong>et</strong>errib<strong>le</strong>. Mais aujourd’hui ma vie enChine ressemb<strong>le</strong> beaucoup à ce qu’el<strong>le</strong>était en France. Fina<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s Français <strong>et</strong><strong>le</strong>s Chinois se ressemb<strong>le</strong>nt. Ils sont un peucompliqués, marqués par <strong>le</strong>ur culture.C. : Comment faites-vous pour vous positionnerentre la France <strong>et</strong> la Chine ?Z. Y. :Je me sens très proche des femmesfrançaises mais avec <strong>le</strong>s Chinois, surtouts’ils ne par<strong>le</strong>nt pas de langues étrangères,je ne dis pas que je me sens française. Celavoudrait dire que je me désolidarise de mafamil<strong>le</strong>, de mon groupe. Les vicissitudesde la vie m’ont obligée à réfléchir <strong>et</strong>, entravaillant dans une grande société française,j’ai pu vivre des expériences uniques.Aujourd’hui j’ai rencontré tel<strong>le</strong>mentde sortes de Français dans des situationsdifférentes que je me sens partout à l’aise.Je n’éprouve plus de choc culturel.La plus forte image que je r<strong>et</strong>iens de Parisc’est cel<strong>le</strong>-ci, triste mais très subti<strong>le</strong> : aubord de la Seine, près de l’Eglise américaine,en novembre, je vois avancer devieil<strong>le</strong>s personnes seu<strong>le</strong>s promenant <strong>le</strong>urchien. Il n’y a plus de feuil<strong>le</strong>s aux arbres,la terre est sèche. C<strong>et</strong>te marche solitaireévoque <strong>le</strong>s derniers jours d’une vie, la find’un film. Pour moi, <strong>le</strong> charme de Paris,c’est c<strong>et</strong>te mélancolie automna<strong>le</strong> qui mefait réfléchir. Paris m’a beaucoup donné<strong>et</strong> je veux <strong>le</strong> lui rendre en l’aidant à vendre<strong>le</strong> « rêve français ». Je suis convaincueque pour vendre des produits français, ilfaut savoir allier l’image de la France <strong>et</strong> deses produits. J’ai vendu mes MP3 Archos,sous <strong>le</strong> slogan 品 味 法 国 时 尚 « l’élégance<strong>et</strong> la mode française ». Si Ipod, notreconcurrent était <strong>le</strong> Coca-cola américain,Archos serait <strong>le</strong> bon vin, <strong>le</strong> raffinement<strong>et</strong> la grâce, l’exception. Derrière un produitfrançais, il ne faut jamais oublierqu’il y a la France. •Propos r ecueillispar A nne Garrigue<strong>et</strong> Sophie L avergne1son blog jusqu’à 3 million de clics2 全 国 政 协 第 十 一 届 第 一 次 会 议 海 外 列 席 委 员52Connexions / mars 2010


••• 人 口 的 城 市 、 居 住 着 简 单 、 朴 实 、注 重 实 际 的 人 , 对 他 们 来 说 , 有 钱 是 成功 的 主 要 标 志 。 但 是 , 事 情 在 改 变 ......我 与 生 意 上 成 功 的 朋 友 创 办 了 诗 社 。 我们 组 织 一 些 高 雅 的 晚 会 , 聊 聊 装 饰 。2003 年 , 我 刚 到 深 圳 的 时 候 , 很 难 找 到与 我 兴 趣 相 投 的 人 。 如 今 , 我 的 朋 友 们明 白 除 了 钱 , 她 们 还 需 要 其 它 东 西 才 能觉 得 幸 福 。 这 些 自 由 的 女 性 , 一 些 离 婚了 , 开 始 对 中 国 之 外 的 世 界 产 生 浓 厚 的兴 趣 。 当 我 去 法 国 的 时 候 , 她 们 想 陪 我做 一 次 深 入 的 而 不 是 像 她 们 第 一 次 走 马观 花 地 游 览 。 她 们 想 住 上 一 个 星 期 , 过巴 黎 人 的 生 活 ...... 对 她 们 来 说 , 真 正 的 文化 来 自 欧 洲 , 而 不 是 美 国 。《 联 结 》: 您 怎 么 看 二 十 年 后 的 中 国 ?2 0 年 前 , 中 国 人 觉 得 自 己 是 “ 乡 下人 ”。 现 在 他 们 昂 起 头 来 。 中 国 女 性 感觉 自 己 与 欧 洲 女 性 一 样 优 雅 。 如 果 说 我这 一 代 人 不 说 英 语 , 那 么 现 在 的 年 轻 人则 会 用 外 语 表 达 , 这 让 他 们 更 有 自 信 。我 坚 信 , 中 国 将 在 国 际 舞 台 上 的 政 治 、经 济 和 文 化 领 域 越 来 越 多 地 说 出 自 己 的想 法 。 然 而 , 她 必 须 保 持 一 种 平 衡 。我 曾 经 历 过 非 常 艰 难 的 时 期 。 我 父 亲 是满 族 贵 族 , 被 打 成 右 派 , 我 的 童 年 生 活很 苦 。 但 现 在 , 我 在 中 国 的 生 活 与 我 在法 国 的 生 活 非 常 接 近 。 归 根 结 底 , 法 国人 与 中 国 人 十 分 相 似 : 他 们 有 些 复 杂 ,带 着 各 自 文 化 的 烙 印 。《 联 结 》: 您 是 怎 么 把 自 己 定 位 于 中 国和 法 国 之 间 的 ?我 觉 得 自 己 很 像 法 国 人 , 但 是 和 中 国 人在 一 起 的 时 候 , 尤 其 如 果 他 们 不 说 外 语的 话 , 我 不 会 说 我 觉 得 自 己 很 法 国 。 就是 说 , 我 不 想 脱 离 我 的 家 庭 和 圈 子 。 生活 的 起 起 落 落 迫 使 我 思 考 , 通 过 在 一 家法 国 大 企 业 里 工 作 , 我 能 够 获 得 独 有 的经 历 。 时 至 今 日 , 我 碰 到 过 在 不 同 情 形下 各 种 各 样 的 法 国 人 , 因 此 我 可 以 到 处应 付 自 如 。 我 不 再 感 到 有 文 化 的 冲 突 。我 对 巴 黎 最 强 烈 的 印 象 , 是 她 的 忧 郁 但却 非 常 微 妙 :11 月 , 塞 纳 河 畔 的 美 国 教堂 附 近 , 我 看 见 老 人 带 着 他 的 狗 独 自 前行 。 树 上 已 经 没 有 树 叶 , 地 上 干 干 的 。孤 独 的 行 走 令 人 想 起 生 命 的 最 后 时 日 ,电 影 的 结 局 。 对 我 来 说 , 这 正 是 巴 黎 之美 , 正 是 这 种 秋 日 的 感 伤 让 我 思 考 。 巴黎 给 予 了 我 很 多 , 我 希 望 通 过 帮 助 她 推销 “ 法 国 梦 ” 作 为 回 报 。 我 深 信 , 为 了推 销 法 国 的 产 品 , 必 须 把 法 国 的 形 象 与她 的 产 品 结 合 起 来 。 我 是 在 “ 品 味 法 国时 尚 ” 的 广 告 语 下 销 售 我 的 爱 可 视 MP3。如 果 我 们 的 竞 争 对 手 苹 果 iPod 是 美 国 的可 口 可 乐 , 爱 可 视 则 是 美 酒 、 精 致 和 优雅 、 特 例 。 在 法 国 产 品 的 背 后 , 永 远 不Les + de la Domiciliation :• Obtenez des conseils personnalisés :aide au portage de vos employés, tutorat <strong>et</strong> coaching VIE...• Bénéficiez d’un appui pour vos proj<strong>et</strong>s de développement(recrutement, prospection, traduction…)• Participez gratuitement aux groupes de travail <strong>et</strong>à de nombreuses conférences• Rejoignez un réseau de 1200 membresContacts :ShanghaiPékinCéline JiangRose ZhangTél : +86 (021) 6132 7100 Tél : +86 (010) 6512 1740domiciliation@<strong>ccifc</strong>.org zhang.rose@<strong>ccifc</strong>.org要 忘 记 有 法 国 。 •Simplifiez-vousla ChineDomiciliez-vousà la CCIFCUne interface de travail opérationnel<strong>le</strong> :- Des bureaux privés <strong>et</strong> meublés,intégrés aux locaux de la CCIFC- L’accès gratuitaux équipements communs- Un support administratif- Une signalétique personnaliséewww.<strong>ccifc</strong>.orgCantonYang Fan FannyTél : +86 (020) 8186 8585yang.fan@<strong>ccifc</strong>.orgConnexions / mars 2010 53


dossier© Imagine ChinaOù en est <strong>le</strong> <strong>soft</strong>专栏SommaireEchanges p.58« Une énorme ambiguité », FrançoisGodementRuanshili ou Qiaoshili ?La grande séductionUne image ambiva<strong>le</strong>nteLa Chinafrique des médiasLes instituts ConfuciusShanghai Expo : <strong>le</strong> monde en ChineLa Chine vue d’Asie centra<strong>le</strong>Tourisme : un déficit d’imageChine éternel<strong>le</strong>Planète JeunesCulture p.78« La Chine manque de discoursd’interprétation » Dong QiangRêves de ChinawoodA propos du film ConfuciusWang Xiaoshuai, <strong>le</strong>s tribulations d’uncinéaste <strong>chinois</strong>Du côté de la 3D : la légende du roiMiluEdition : à la recherche d’un best-sel<strong>le</strong>rmondialL’Art contemporain s’intègreLa ga<strong>le</strong>rie Shang’Art54Connexions / mars 2010


<strong>power</strong> de la Chine ?Design p.98Du “made in China” au “created inChina”, Su TongPortrait d’une génération d’architectesdesignersLes architectes étrangers en ChineArtisanat d’Art : Christof<strong>le</strong> collaboreavec des artistes <strong>chinois</strong>Mode : p<strong>et</strong>its designers deviendrontgrandsUn “glamour” de ChineL’ essor des marques <strong>chinois</strong>esInnovation p.108La Route de la soie numérique,Benjamin JoffeDe plus en plus de MBALes universités attirent <strong>le</strong>s étudiantsétrangersR&D, l’élan positivisteMédias p.116Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong>, Viven Wu <strong>et</strong>Filip NoubelFait en Chine, lu par <strong>le</strong> mondeJeux de miroirs, Caroline PuelShanghai 2010. Une fois de plus laChine attire sur el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s projecteursde toute la planète. Deux ans après<strong>le</strong>s JO, c’est l’occasion pour l’empire duMilieu de montrer à nouveau sa capacitéde séduire <strong>et</strong> d’attirer mais aussi sa force deproposition, son <strong>le</strong>adership. C’est aussi pour<strong>le</strong> gouvernement un moyen de faire voir <strong>le</strong>monde à son peup<strong>le</strong> <strong>et</strong> de lui donner unechance d’être fier d’être <strong>chinois</strong>.Shanghai 2010 f ait donc par tieintégrante d’une véritab<strong>le</strong> stratégie •••Connexions / mars 2010 55


DOSSIER专 栏Le Premier ministre Wen Jiabao à la tribune de Boao Forum en 2009. ••• du <strong>soft</strong> <strong>power</strong> de la part du pouvoir<strong>chinois</strong>. Par <strong>soft</strong> <strong>power</strong>, nous entendonsla force d’attraction d’une culture, d’unpays, sa capacité à séduire par sesœuvres, ses découvertes,ses modè<strong>le</strong>s, ses va<strong>le</strong>urs.Bien évidemment, lacréation contemporaine<strong>et</strong> l’innovation font partieinté gr a nte d e ce t tecapacité, mais aussi lacapacité de diffuser sesmodè<strong>le</strong>s <strong>et</strong> ses va<strong>le</strong>urs.Le Premier ministre WenJiabao a d’ail<strong>le</strong>urs souligné<strong>le</strong> 5 mars dernier lors deson discours d’ouverturedevant l’Assemblée nationa<strong>le</strong>populaire, « l’importancedu développementculturel <strong>et</strong> des échanges culturels avecl’étranger pour renforcer l’influence internationa<strong>le</strong>de la culture <strong>chinois</strong>e. »Quel<strong>le</strong>s solutions aux grands problèmes,quel regard esthétique, quel<strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs— dans <strong>le</strong> cinéma, l’art, <strong>le</strong>s industriesculturel<strong>le</strong>s, l’éducation— la Chine peut-el<strong>le</strong>proposer au monde ? Comment diffus<strong>et</strong>-el<strong>le</strong>son image <strong>et</strong> sa culture ? Avec quel« Wen Jiabao asouligné <strong>le</strong> 5mars dernierl’importancedu développementculturel <strong>et</strong>des échangesavecl’étranger… »succès ? Quels sont <strong>le</strong>s défis qu’el<strong>le</strong> doitre<strong>le</strong>ver ? Où en est sa créativité ? Autant dequestions auxquel<strong>le</strong>s nous avons essayéde répondre en faisant appel à des experts<strong>chinois</strong> ou internationaux.Le dossier comporte cinqparties.Dans la première, nousessaierons de faire <strong>le</strong> pointsur <strong>le</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong> <strong>chinois</strong>— définition, défis…— enfaisant appel à des expertsde politique internationa<strong>le</strong>.Nous nous intéresseronsà l’histoire de l’image dela Chine, à la définitionpar <strong>le</strong>s Chinois du <strong>soft</strong><strong>power</strong>, à la façon dontShanghai 2010 s’intègredans c<strong>et</strong> te stratégie.Nous observerons <strong>le</strong> fer de lance de ce<strong>soft</strong> <strong>power</strong> : <strong>le</strong>s instituts Confucius. Nousirons voir éga<strong>le</strong>ment comment s’exercede fait ce <strong>soft</strong> <strong>power</strong> dans des pays nondéveloppés <strong>et</strong> non-occidentaux, en Asiecentra<strong>le</strong> ou en Afrique. Nous verronscomment <strong>le</strong> tourisme soutient ce <strong>soft</strong><strong>power</strong>, comment des jeunes voient <strong>le</strong> rêve<strong>chinois</strong> <strong>et</strong> comment l’image de la Chinedans <strong>le</strong>s pays développés occidentaux estencore liée à ses traditions.Dans la seconde partie nous nousintéresserons plus particulièrement àla création culturel<strong>le</strong> contemporaine.A travers <strong>le</strong>s domaines <strong>le</strong>s plus en vue(cinéma, art contemporain, édition), nousnous efforcerons de comprendre <strong>le</strong>s défisque posent la création <strong>et</strong> son exportationà la Chine <strong>et</strong> à ses créateurs. Nous nousinterrogerons aussi sur <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs que laChine veut présenter au monde <strong>et</strong> sur <strong>le</strong>discours d’interprétation qu’el<strong>le</strong> porte el<strong>le</strong>mêmesur sa culture.Dans une troisième par tie, nousobserverons comment la Chine souhaitepasser, dans ses industries, du « made inchina » au « created in China ». Qu’il s’agissed’architecture, d’artisanat d’art, de modeou de beauté, comment la Chine peaufineses productions pour monter dans l’échel<strong>le</strong>de va<strong>le</strong>ur. Comment el<strong>le</strong> se sert aussi desmarques pour améliorer son image àl’étranger.Nous verrons ensuite jusqu’où la Chineinnove sur Intern<strong>et</strong>, dans ses modè<strong>le</strong>sd’entreprises <strong>et</strong> d’affaires, comment el<strong>le</strong>attire <strong>le</strong>s ta<strong>le</strong>nts dans ses universités, seslaboratoires ou ses éco<strong>le</strong>s de commerce.56Connexions / mars 2010


DOSSIER专 栏François Godement,directeur stratégie de Asia-centre.« Une énorme ambiguïté… »Historien, spécialiste renommé de la Chine <strong>et</strong> des relations internationa<strong>le</strong>sen Asie orienta<strong>le</strong>, François Godement, a fondé en 2005,<strong>le</strong> Asia-centre de Sciences-Po.Connexions : Quel<strong>le</strong> est votre définition du <strong>soft</strong> <strong>power</strong> <strong>et</strong> en quoi c<strong>et</strong>tedéfinition s’applique-t-el<strong>le</strong> à la diplomatie <strong>chinois</strong>e ?François Godement : Il y a une énorme ambigüité dans c<strong>et</strong>te notionde <strong>soft</strong> <strong>power</strong>. A l’origine, selon <strong>le</strong> stratège américain Joseph Nye,il s’agissait de la capacité par ses va<strong>le</strong>urs, l’attractivité de sa culture<strong>et</strong> de ses institutions, de devenir un modè<strong>le</strong> <strong>et</strong> d’amener <strong>le</strong>s autresà vouloir ce que vous vou<strong>le</strong>z, quelque chose à mi-chemin entre unsystème de va<strong>le</strong>urs <strong>et</strong> un système d’intérêts, où entrait une part derelations. Aujourd’hui, la notion recouvre aussi bien <strong>le</strong> marché deséchanges économiques, la force commercia<strong>le</strong>, la compétitivité.On n’évoque pas la même chose quand on par<strong>le</strong> du <strong>soft</strong> <strong>power</strong><strong>chinois</strong> actuel ou du <strong>soft</strong> <strong>power</strong> américain de l’après-DeuxièmeGuerre mondia<strong>le</strong>. Ce dernier parlait de la liberté <strong>et</strong> du chewinggum— mais, d’abord, de la liberté — <strong>et</strong> d’un modè<strong>le</strong> de distractionculturel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong>. Le <strong>soft</strong> <strong>power</strong> <strong>chinois</strong> par<strong>le</strong> de l‘attractivité desmarchandises, de la capacité à réaliser des proj<strong>et</strong>s de constructionrapidement, <strong>et</strong>, beaucoup moins, d’un Hollywood <strong>chinois</strong> <strong>et</strong>, moinsencore — même si certains <strong>le</strong> font — d’un système de va<strong>le</strong>urs<strong>chinois</strong>.C. : On ne par<strong>le</strong> donc pas de la même chose quand on évoque la rivalitésino-américaine croissante en matière de <strong>soft</strong> <strong>power</strong> ?F. G. : Absolument. A noter qu’au sein de l’équipe Obama, unepersonnalité très influente au département d’Etat, Anne-MarieSlaughter, qui a travaillé un an à Shanghai avant d’entrer dansl’administration, défend l’attractivité du modè<strong>le</strong> américain àtravers la liberté d’accès à Intern<strong>et</strong>, aux réseaux de communicationmodernes qui peuvent redonner du lustreaux va<strong>le</strong>urs politiques <strong>et</strong> sociéta<strong>le</strong>s incarnées par <strong>le</strong>s Etats-Unis.C. : La notion de <strong>soft</strong> <strong>power</strong> en Chine a évolué dans <strong>le</strong> temps. Les autoritéssemb<strong>le</strong>nt aujourd’hui préférer <strong>le</strong> terme de « diplomatie publique », quel<strong>le</strong>place accordent-el<strong>le</strong>s au <strong>soft</strong> <strong>power</strong> dans l’élaboration de <strong>le</strong>ur diplomatie ?F. G. : Il y a plusieurs niveaux de <strong>soft</strong> <strong>power</strong> envisagés par <strong>le</strong>s stratèges<strong>chinois</strong>. D’abord, un niveau très large de va<strong>le</strong>urs minima<strong>le</strong>sinternationa<strong>le</strong>s, définies en creux. Par rapport au « consensus deWashington », la notion d’un « consensus de Pékin » — ce n’estpas un Chinois qui a inventé l’expression qui n’est pas reconnueofficiel<strong>le</strong>ment en Chine —, se réfère en fait au modè<strong>le</strong> élaboréau milieu des années 50 dans <strong>le</strong>s relations entre la Chine <strong>et</strong> l’Inde.C’est un modè<strong>le</strong> de non-interférence, de non-intervention, de souverain<strong>et</strong>é,de résolution pacifique des conflits. En creux, se dessineun système de relations internationa<strong>le</strong>s sans <strong>le</strong>s caractéristiquesacquises après la Guerre froide : intervention extérieure, normescontraignantes pour des pays souverains. Il s’agit presque du négatifdu système international né après la Guerre froide ; non pasun contre-modè<strong>le</strong>, mais une forme de refus, de prudence par rapportà l’extension du système international. Voyez la conférencede Copenhague : la Chine s’est trouvée non à l’avant-garde d’unecoalition mais au centre d’un groupe de pays qui ne voulaient pasde normes léga<strong>le</strong>s qui s’imposeraient — en particulier aux paysen voie de développement — mais seu<strong>le</strong>ment d’un consensusou d’initiative volontaire. L’attractivité de la Chine à l’égard d’uncertain nombre de pays, c’est d’abord qu’el<strong>le</strong> propose un systèmeinternational a minima.Un autre aspect du <strong>soft</strong> <strong>power</strong> pour <strong>le</strong>s stratèges ou économistes<strong>chinois</strong>, c’est la capacité à proposer un modè<strong>le</strong> de managementdes affaires publiques <strong>et</strong> des entreprises. Il y a là un paradoxe. LaChine est à la fois <strong>le</strong> pays où on peut observer, quand on soulève<strong>le</strong> couverc<strong>le</strong> d’une très grande agglomération comme Chongqing,58Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力Shanghai Lujiazui financial district. 上 海 陆 家 嘴 金 融 中 心 区© Imagine Chinaqu’el<strong>le</strong> est rongée par la corruption, la mafia, la mauvaise administration.Et, en même temps, c’est <strong>le</strong> pays qui avance <strong>le</strong> plus rapidementdans la construction de ses infrastructures ou de cel<strong>le</strong>s despays en voie de développement, même s’il n’est pas toujours <strong>le</strong>plus efficace en termes de dépenses. Si la Chine areçu la maîtrise des deux tiers des autoroutes Est-Ouest algériennes, si el<strong>le</strong> est un des plus grandsconstructeurs potentiels de chemins de fer à travers<strong>le</strong> monde — ce n’était pas <strong>le</strong> cas il y a seu<strong>le</strong>mentcinq ans —, c’est qu’il y a là un modè<strong>le</strong> de gestion<strong>et</strong> de coordination des proj<strong>et</strong>s, une capacité del’Etat de fonctionner avec des entreprises privéesou des entreprises d’Etat autonomes. L‘efficacité<strong>chinois</strong>e devient en el<strong>le</strong>-même un argument de<strong>soft</strong> <strong>power</strong>. On en voit la trace jusque dans <strong>le</strong> filmde Hollywood 2012, dont <strong>le</strong> scénario raconte uneespèce de fin du monde. Quand il s’agit de sauverune partie de l’humanité avec des arches de Noé« La Chinefait sonentrée dansla psychémondia<strong>le</strong>par <strong>le</strong> biaisde sonmodernes, Hollywood confie à la Chine la tâche de <strong>le</strong>s construire <strong>le</strong>plus rapidement possib<strong>le</strong>. On observe alors ce mélange fascinantde cadres <strong>et</strong> d’officiers <strong>chinois</strong> supervisant un exode mondial <strong>et</strong>construisant une base pour <strong>le</strong>urs vaisseaux sur <strong>le</strong> toit du monde auTib<strong>et</strong>, non loin d’un moine qui ressemb<strong>le</strong> au Dalaï-lama. On y voitque la Chine fait son entrée dans la psyché mondia<strong>le</strong> par <strong>le</strong> biaisde son efficacité économique.C. : En quoi <strong>et</strong> comment <strong>le</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong> perm<strong>et</strong>-il à la Chine d’influencer <strong>le</strong>reste du monde ?F. G. : Deux remarques. Une grande partie du <strong>soft</strong> <strong>power</strong> <strong>chinois</strong>s’adresse d’abord aux Chinois <strong>et</strong> non au reste du monde. La majeurepartie de la rhétorique <strong>chinois</strong>e — discussions sur <strong>le</strong> confucianisme,l’éco<strong>le</strong> <strong>chinois</strong>e de diplomatie, l’exemplarité <strong>chinois</strong>e — neefficacitééconomique. »déborde guère de la Chine. Il y a aussi des barrières linguistiques.Les instituts Confucius ne semb<strong>le</strong>nt pas avoir beaucoup d’échoau-delà de la formation à la langue comme outil. En même temps,on observe un effort énorme en Chine pour développer une sociétéde médias <strong>et</strong> de consommation à l’occidenta<strong>le</strong>,mais contrôlée par <strong>le</strong>s autorités politiques. Il y a làvraiment un modè<strong>le</strong> distractif, éducatif, informatif<strong>chinois</strong> qui influence <strong>le</strong>s classes moyennes <strong>chinois</strong>es.La capacité de produire quantité de téléfilms historiquesou éducatifs, avec des budg<strong>et</strong>s certainementsupérieurs à ceux des chaînes occidenta<strong>le</strong>s, l’existencede multip<strong>le</strong>s émissions de débat — y comprissur <strong>le</strong>s affaires internationa<strong>le</strong>s, avec des participantsinternationaux —, <strong>le</strong> versant commercial de l’affaireGoog<strong>le</strong> — on connaît bien l’aspect de la censure <strong>et</strong>de l’intrusion, mais moins l’aspect de la concurrence<strong>chinois</strong>e avec ses modè<strong>le</strong>s de moteurs de rechercheplus adaptés aux sensibilités loca<strong>le</strong>s —, montrentqu’on a affaire à un système de distraction <strong>et</strong> de propagande nouveau,qui n’a jamais existé dans <strong>le</strong>s régimes autoritaires, sauf peutêtredans l’Al<strong>le</strong>magne du début des années trente. Ce modè<strong>le</strong> estfascinant. Seu<strong>le</strong>ment, il par<strong>le</strong> d’abord <strong>et</strong> surtout aux Chinois.Deuxième remarque : on par<strong>le</strong> beaucoup de l’attractivité de laChine, du point de vue de l’apprentissage de la langue vis-à-visdes étrangers, notamment asiatiques. Mais il faut se souvenir quel’ouverture est toute aussi grande dans l’autre sens. Aujourd’hui,<strong>le</strong> nombre de Chinois anglophones est peut-être supérieur aunombre d’Indiens anglophones. En 2009, 1,3 million d’étudiants<strong>chinois</strong> sont partis étudier à l’étranger. Il est clair qu’on est entrédans un processus de globalisation, d’influence réciproque.Il est par contre extrêmement diffici<strong>le</strong> de prédire ce qui •••Connexions / mars 2010 59


DOSSIER专 栏•••va prédominer au sein des classes moyennes<strong>chinois</strong>es : un modè<strong>le</strong> de communication <strong>et</strong> de va<strong>le</strong>urs<strong>chinois</strong>es ressuscitées par <strong>le</strong>s autorités, ou <strong>le</strong> marchéglobal <strong>et</strong> l’individualisme des va<strong>le</strong>urs à l’occidenta<strong>le</strong> ?C.: Le modè<strong>le</strong> de <strong>soft</strong> <strong>power</strong> à la <strong>chinois</strong>e que vous décrivez semb<strong>le</strong> d’abordêtre à usage interne, plutôt centripète que centrifuge…F. G. : Effectivement, <strong>et</strong> sans vouloir faire de l’histoire de pacotil<strong>le</strong>,on y entend comme un écho des grandes dynasties <strong>chinois</strong>es <strong>et</strong>en particulier de la dynastie Qing avec sa capacité à être f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>vis-à-vis de ses voisins en terme de titres, d’association symbolique(vestimentaire, par exemp<strong>le</strong>) des autres cultures, tout en étant extrêmementrigide en termes de maîtrise politique. Bien des grandesmanifestations esthétiques du régime — à commencer par lascénographie des JO de 2008 — témoignent d’une nostalgie pour<strong>le</strong> classicisme tardif de la cour des Qing. On <strong>le</strong> devine, <strong>le</strong>s Chinoisindividuels sont <strong>le</strong> plus souvent à mil<strong>le</strong> lieues de c<strong>et</strong>te nostalgie.C. : La Chine a aujourd’hui des ressources qui lui perm<strong>et</strong>tent de faire jouerla diplomatie du chéquier. D’autre part, <strong>le</strong> hard <strong>power</strong> gagne du terrain avecun budg<strong>et</strong> de la défense en constante progression, comme en a témoigné<strong>le</strong> 60 e anniversaire de la « Libération ». Quel rô<strong>le</strong> joue aujourd’hui <strong>le</strong> <strong>soft</strong><strong>power</strong> à côté du hard <strong>power</strong> ?F. G. : Il existe une approche <strong>chinois</strong>e traditionnel<strong>le</strong> — renouveléeaujourd’hui — de panacher <strong>le</strong> hard <strong>power</strong>, la coercition,avec du <strong>soft</strong> <strong>power</strong> qui est un appel à une« On glisselogique d’intérêts mutuels. Typiquement, la Chinea complètement adopté la rhétorique win win du trop vite dulibre échange, dont el<strong>le</strong> bénéficie aujourd’hui. <strong>soft</strong> <strong>power</strong>D’un autre côté, el<strong>le</strong> utilise évidemment ses atoutsvers unefinanciers dans des objectifs réalistes <strong>et</strong> très précis.La diplomatie des voyages officiels <strong>chinois</strong>, des analyseplacements financiers, c’est cel<strong>le</strong> des matières premières,de l’énergie. Il y a même une tentative de des avantageséconomiquemonopo<strong>le</strong>, par exemp<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s terres rares. On acomparésaffaire à une puissance éminemment réaliste.Deuxièmement, l’entreprise militaire est gigantesque.La Chine a <strong>le</strong> deuxième budg<strong>et</strong> militaire<strong>chinois</strong>. »mondial. Son armée est cel<strong>le</strong> qui croît <strong>le</strong> plus viteen termes de forces de projection. Malgré tout l’édifice de visitesbilatéra<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong> reste fermée, coopère peu, y compris dans l’Océanindien où el<strong>le</strong> côtoie ses homologues. Cela pose évidemment desquestions. On célèbre souvent l’importance du contingent <strong>chinois</strong>dans <strong>le</strong>s opérations de maintien de la paix. Mais c’est un fait presqu<strong>et</strong>echnique, dont on a énormément de mal à tirer des conséquencesstratégiques. Tout cela est d’une très grande opacité.C. : Concrètement, pouvez-vous revenir sur l’influence <strong>chinois</strong>e en Afrique,au Proche-Orient ou en Amérique du Sud ? Les opérations <strong>chinois</strong>es de séductionà l’égard du monde s’adressent-el<strong>le</strong>s plus au Sud qu’à l’Occident?F. G. : On est entré dans une période où, dans l’opinion démocratiquedes grands pays développés, la Chine n’a jamais eu aussimauvaise presse, du moins depuis trente ans. Une série d’initiativesa écorné son image. A la périphérie <strong>chinois</strong>e aussi, l’opinionpublique est devenue méfiante, principa<strong>le</strong>ment à l’égard desdéveloppements militaires ou d’un excès d’influence politique. Jefais référence aux sondages d’opinion 2008-2009, où apparaît l<strong>et</strong>hème de l’inquiétude dans la périphérie maritime de la Chine :Japon, Corée, Taiwan, Asie du Sud-Est, alors qu’on observe avec<strong>le</strong> phénomène Obama un renouveau d’intérêt pour <strong>le</strong>s Etats-Unisconsidérés comme un partenaire plus stab<strong>le</strong> <strong>et</strong> moins intrusif. Dece point de vue, l’ascension <strong>chinois</strong>e se paie de poussées d’inquiétudeou même d’hostilté.Par contre, si vous al<strong>le</strong>z vers <strong>le</strong> monde en développement, dansdes zones d’influence nouvel<strong>le</strong>s pour la Chine, il est clair que cel<strong>le</strong>ciexerce une très grande attraction. En Afrique, c<strong>et</strong>te attractionrepose d’abord sur des bases traditionnel<strong>le</strong>s. Le modè<strong>le</strong> d’aide<strong>chinois</strong>, qui date des années 60-70, est issu du neutralisme sur <strong>le</strong>plan diplomatique, de la « troisième voie » sur <strong>le</strong> plan social (à l’exportation,<strong>le</strong> modè<strong>le</strong> <strong>chinois</strong> ne prônait pas la col<strong>le</strong>ctivisation). Ilreste extrêmement populaire en Afrique orienta<strong>le</strong> notamment,chez des élites tiers-mondistes <strong>et</strong> antioccidenta<strong>le</strong>s. Ensuite, vousr<strong>et</strong>rouvez l’extraordinaire efficacité de la machine de distributioncommercia<strong>le</strong> <strong>chinois</strong>e à tous <strong>le</strong>s niveaux. Les Africains accèdentaujourd’hui à la société de consommation par <strong>le</strong> biais des marchandises<strong>chinois</strong>es <strong>et</strong> même des commerçants <strong>chinois</strong>. On entendbeaucoup dire que l’arrivée de probab<strong>le</strong>ment un million d<strong>et</strong>ravail<strong>le</strong>urs <strong>et</strong> de commerçants <strong>chinois</strong> en Afrique va susciter desaigreurs <strong>et</strong> des hostilités intercommunautaires. Mais on oublieque <strong>le</strong>s p<strong>et</strong>its commerçants <strong>chinois</strong> accrochés au grand systèmede distribution national, remplacent des gens quivivaient de positions de monopo<strong>le</strong>. L’arrivée dela Chine est bénéfique sur <strong>le</strong> plan de la concurrence.Même <strong>le</strong>s Indiens, <strong>le</strong>s Japonais, <strong>le</strong>s Coréens,<strong>le</strong>s Taïwanais, inqui<strong>et</strong>s de la montée de la Chineen Afrique, s’y m<strong>et</strong>tent <strong>et</strong> donnent de l’assistance.S’instal<strong>le</strong> une offre compétitive, qui bénéficie grandementaux Africains. Il ne faut pas se focaliser sur<strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s intercommunautaires qui se produisentici <strong>et</strong> là, notamment autour de chantiers <strong>et</strong> demines, à cause de la façon dont des entrepreneurs<strong>chinois</strong> peuvent parfois traiter <strong>le</strong>urs employésafricains. Globa<strong>le</strong>ment, je crois que, pour l’instant,l‘Afrique regarde de façon positive l’arrivée de l’offreéconomique <strong>et</strong> humaine <strong>chinois</strong>e.C’est indiscutab<strong>le</strong>ment la même chose au Proche-Orient. En Irak, laquasi-totalité des biens de consommation du nouvel Irak issu de latutel<strong>le</strong> américaine sont des marchandises <strong>chinois</strong>es. Quant à l’Iran,on par<strong>le</strong> beaucoup de ses liens diplomatiques <strong>et</strong> stratégiques avecla Chine, mais il faut se souvenir que l’un des candidats aux présidentiel<strong>le</strong>sen 2004, Rafsandjani avait pris comme modè<strong>le</strong> de sacampagne un développement à la <strong>chinois</strong>e, même si aujourd’hui,la Chine ne soutient pas du tout <strong>le</strong> « parti vert ».En Amérique du sud, c’est plus compliqué. Au Brésil, même si <strong>le</strong>président Lula est extrêmement prudent vis-à-vis de la Chine, laChine est une puissance industriel<strong>le</strong> <strong>et</strong> technologique concurrente.D’autres, comme Chavez au Venezuela, se tournent vers la Chinepar hostilité vis-à-vis des Etats-Unis. La Chine devient indubitab<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> partenaire privilégié de beaucoup d’Etats, devant <strong>le</strong>s EtatsUnis. Mais, à nouveau, j’ai peur qu’on glisse trop vite du <strong>soft</strong> <strong>power</strong>vers une analyse économique des avantages comparés <strong>chinois</strong>,ce qui génère une confusion complète. •Propos recueillis par Anne Garrigue60Connexions / mars 2010


DOSSIER专 栏Chongqing, une campagne de « manifestation de joie populaire » à la veil<strong>le</strong> du 60 e anniversaire de la République populaire de Chine.重 庆 万 人 大 笑 迎 国 庆 60 周 年© Imagine ChinaLa grande séductionDepuis 2007, Pékin considère officiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong> comme la meil<strong>le</strong>ure stratégie pourfaire accepter au monde la montée en puissance accélérée de la Chine.Barthélémy Courmont,docteur en science politique,chercheur à l’IRIS 1 <strong>et</strong>au CET 2 , professeur invitéà l’UQAM 3 (Montréal), estl’auteur d’un récent ouvrageintitulé Chine, la grande séduction, essaisur <strong>le</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong> <strong>chinois</strong>, paru chez Choiseul2009.Connexions : Vous avez choisi <strong>le</strong> mot « séduction» pour votre titre. Or actuel<strong>le</strong>menton sent plutôt monter un sentiment anti<strong>chinois</strong>en Occident, notamment aux Etats-Unis ? Pensez-vous qu’aujourd’hui la Chinecontinue à séduire hors de ses frontières ?Barthélémy Courmont : On constate effectivementune forme de sentiment anti<strong>chinois</strong>en Occident, qui s’explique notamment par<strong>le</strong>s inquiétudes que soulève la montée enpuissance de la Chine, tant dans ses aspectséconomiques que politico-stratégiques.C’est d’ail<strong>le</strong>urs sur ce point que <strong>le</strong>s Etats-Unis, qui restent la première puissance soustous <strong>le</strong>s aspects, sortent particulièrementdu lot. Mais ce sentiment se doub<strong>le</strong> d’unefascination pour la Chine, qui s’impose dans<strong>le</strong> monde entier. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s Etats-Unisne sont pas <strong>le</strong> monde, <strong>et</strong> l’Occident nonplus. Dans ce que <strong>le</strong>s pays occidentauxnomment, avec un certain mépris, <strong>le</strong> Sud,la Chine s’impose de plus en plus. La stratégiede <strong>soft</strong> <strong>power</strong> de Pékin, si el<strong>le</strong> se veutgloba<strong>le</strong>, vise en priorité ses régions.Enfin, <strong>le</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong> est, en Chine, unestratégie du gouvernement depuis 2007.Comme toute stratégie, son succès seramesuré à l’aune de la manière dont il est accepté.Et sur ce point, même si Joseph Nyese montre admiratif du <strong>soft</strong> <strong>power</strong> <strong>chinois</strong>,il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agirad’un succès sur <strong>le</strong> long terme.C. : Qu’est-ce qui séduit <strong>le</strong> plus à l’extérieurvenant de Chine : sa culture contemporaine outraditionnel<strong>le</strong>, son modè<strong>le</strong> de développement,son aide financière ou technologique ?B. C. : Tout à la fois. Et de manière irrémédiab<strong>le</strong>.Avant de devenir un <strong>soft</strong> <strong>power</strong>, laChine s’est imposée comme un sticky <strong>power</strong>selon <strong>le</strong>s termes du politologue américainWalter Russel Mead 4 , c’est-à-dire unepuissance incontournab<strong>le</strong>, parce que sondynamisme économique en fait une destinationde plus en plus importante. Ainsi,même <strong>le</strong>s voisins de la Chine, peu enclinsà s’émerveil<strong>le</strong>r de ce qu’el<strong>le</strong> représente, serésignent désormais à accepter la montéeen puissance <strong>chinois</strong>e, <strong>et</strong> cherchent à s’enrapprocher. Le Japon, la Corée du Sud, <strong>et</strong>même Taiwan sont ainsi irrésistib<strong>le</strong>mentaspirés par la Chine. C’est donc plus pardéfaut que la Chine séduit, son modè<strong>le</strong>restant parallè<strong>le</strong>ment souvent •••62Connexions / mars 2010


Une image ambiva<strong>le</strong>nteLe <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力Raffinement, intelligence, culture,richesseL’image positive de la Chine se formeau XIII e sièc<strong>le</strong>, avec <strong>le</strong> récit de MarcoPolo, qui constitue l’un des livresprofanes <strong>le</strong>s plus lus au Moyen-Age. Il témoigne d’un esprit ouvert– <strong>le</strong> jeune Marco a quitté Venise à12 ans ; il est de surcroît enjolivé parquelques éléments fabu<strong>le</strong>ux. LesJésuites comme Matteo Ricci qui vontdécouvrir la Chine à partir de la fin duXVII e sièc<strong>le</strong> marchent sur ses pas. Leursl<strong>et</strong>tres sont lues dans tous <strong>le</strong>s grandssalons, alors que l’aristocratie s’extasiesur <strong>le</strong> raffinement des porcelaines deChine. C’est ce qu’Etiemb<strong>le</strong> a appelé« L’Europe <strong>chinois</strong>e ». C<strong>et</strong>te passionprovoque paradoxa<strong>le</strong>ment la ruinedes Qing, puisqu’el<strong>le</strong> pousse <strong>le</strong>smarchands occidentaux à ouvrir <strong>le</strong>marché <strong>chinois</strong>, recourrant pour celaaux interventions militaires <strong>et</strong> aux« traités inégaux ».Cruauté, hypocrisie, animalité,cupiditéL’image négative est très tôt associéeà la légende para-biblique de Gog<strong>et</strong> Magog, peuplades réprouvées àpeine humaines, chassées par dieu sur<strong>le</strong>s marches de la terre, <strong>et</strong> s’apprêtantà défer<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong> monde <strong>le</strong> jour dujugement dernier. Réactivée lors desinvasions mongo<strong>le</strong>s <strong>et</strong> tartares (quel’on qualifie de « hordes », termeemprunté à la zoologie), el<strong>le</strong> constitue<strong>le</strong> fondement que ce qui est appelé« <strong>le</strong> péril jaune » à la fin du XIX e sièc<strong>le</strong>.Pour justifier <strong>le</strong> sac du Palais d’Eté<strong>et</strong> l’intervention militaire des huitpuissances en 1860, un discours anti<strong>chinois</strong>est élaboré, <strong>et</strong> l’empereurd’Al<strong>le</strong>magne Guillaume II n’hésite pasà évoquer une revanche sur <strong>le</strong>s Hunsd’Attila pour demander à ses troupesde ne pas faire de quartier.Renaud•de SpensJardin <strong>chinois</strong>, François Boucher vers 1740. Luxe <strong>et</strong> luxuriance, beauté <strong>et</strong>raffinement : jouant sur <strong>le</strong>s mythes de la corne d’abondance <strong>et</strong> du paradisperdu, la Chine est un rêve <strong>et</strong> sera bientôt une invitation au voyage.弗 朗 索 瓦 · 布 歇 的 油 画 《 中 国 花 园 》, 创 作 于 1740 年 。 奢 华 与 富 饶 , 优 美 与 高 雅 : 通 过 表 现 丰 饶 角 和 失 乐园 的 神 话 , 中 国 是 一 个 梦 , 不 久 将 是 一 份 旅 行 的 邀 请 。Comme toute figure de l’altérité (voir <strong>le</strong>s travaux d’Edward Saïd), la Chine a aussi uneforte attraction érotique – couverture d’un roman de Bob Morane en 1967. Le contextesuinte de rouge sang, de démons menaçants <strong>et</strong> reptiliens. Le héros est attaché à labouche d’un dragon, comme happé par la Chine. La méchante arbore <strong>le</strong> sourire énigmatique<strong>et</strong> cruel qui est la signature de la “race jaune”.鲍 勃 · 莫 若 尼 的 小 说 封 面 节 选© DR© DRConnexions / mars 2010 63


DOSSIER专 栏•••critiqué par ces différents pays, <strong>et</strong>beaucoup d’autres d’ail<strong>le</strong>urs. Mais, commedirait Deng Xiaoping, « peu importe lacou<strong>le</strong>ur du chat tant qu’il attrape <strong>le</strong>s souris»…Au niveau de la stratégie de Pékin, c’est essentiel<strong>le</strong>ment<strong>le</strong> caractèreplurimillénaire de la culture<strong>chinois</strong>e qui est mis en« Deuxapprochesavant. Le <strong>soft</strong> <strong>power</strong> n’estpas ainsi tota<strong>le</strong>ment artificiel,mais s’appuie sur <strong>le</strong> dans las’opposentconstat que la Chine disposed’une capacité d’at-définition dutraction qui ne demandait<strong>soft</strong> <strong>power</strong>. »qu’à se développer avec <strong>le</strong>soutien des pouvoirs publics. Un constatque <strong>le</strong>s dirigeants <strong>chinois</strong> tardèrent à dresser,quand on remarque, par exemp<strong>le</strong>, quela thèse de Nye était moquée à Pékin audébut des années 1990. Il s’agit donc d’unphénomène récent, <strong>et</strong> qui se développe àtrès grande vitesse.C. : Quels sont <strong>le</strong>s outils essentiels sur <strong>le</strong>squelss’appuie la stratégie de <strong>soft</strong> <strong>power</strong> culturel dugouvernement <strong>chinois</strong> : médias, cinéma, institutsConfucius, édition, produits de consommation,autres ?B. C. : Tous ces outils sont pris en compte,<strong>et</strong> utilisés par <strong>le</strong>s autorités avec pour objectifde m<strong>et</strong>tre en avant <strong>le</strong>s atouts de laChine. Les instituts Confucius sont la facela plus visib<strong>le</strong> d’une offensive culturel<strong>le</strong>souhaitée <strong>et</strong> fortement assistée par <strong>le</strong>spouvoirs publics <strong>chinois</strong>. Mais la défensedu patrimoine culturel est aussi devenue,en quelques années, une obsession <strong>chinois</strong>e,qui continuera à se développer avecl’explosion touristique, un sentiment defierté nationa<strong>le</strong> confirmé, <strong>et</strong> la volonté dese positionner comme un modè<strong>le</strong> culturel.Là aussi, il s’agit d’une stratégie d’Etat.C. : Quels sont <strong>le</strong>s principaux succès <strong>et</strong> échecsque rencontre c<strong>et</strong>te stratégie de <strong>soft</strong> <strong>power</strong> dugouvernement <strong>chinois</strong> ?B. C. : La position officiel<strong>le</strong> de la Chine estque <strong>le</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong> est la meil<strong>le</strong>ure stratégieperm<strong>et</strong>tant une montée en puissance accéléréeacceptab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> reste du monde.Pour ce faire, l’objectif est d’utiliser toutes<strong>le</strong>s forces de la culture <strong>chinois</strong>e. Ainsi, <strong>et</strong> <strong>le</strong>sdirigeants <strong>chinois</strong> l’ont compris, si <strong>le</strong>s acquisculturels <strong>et</strong> historiques constituent des piliersdu <strong>soft</strong> <strong>power</strong>, c’est surtout la manièredont ils sont mis en avant qui détermineses succès sur la scène internationa<strong>le</strong>. C’estpourquoi, grâce à d’importants investissements,la Chine profite de grands événementsinternationaux pour présenter aumonde son meil<strong>le</strong>ur visage. La Chine ne secontente pas ainsi de développer son <strong>soft</strong><strong>power</strong>, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> m<strong>et</strong> en scène<strong>et</strong> <strong>le</strong> dote de moyensà la mesure de ses ambitionsinternationa<strong>le</strong>s.La dictature est un handicapde poids pour laChine, notamment dans<strong>le</strong>s incertitudes qu’el<strong>le</strong>soulève sur l’évolutionpossib<strong>le</strong> des tensions àl’intérieur même de la Chine. Ainsi, en sedéveloppant de plus en plus, <strong>et</strong> en faisantrayonner son modè<strong>le</strong> sur la scène internationa<strong>le</strong>,la Chine s’expose dans <strong>le</strong> mêm<strong>et</strong>emps à des critiques de plus en plus vives,à la fois de la part des sinophobes, on l’a vu,mais aussi <strong>et</strong> surtout de ceux qui souhaitentvoir <strong>le</strong> régime se démocratiser.C. : Y-a-t-il aujourd’hui consensus sur la stratégiede <strong>soft</strong> <strong>power</strong> au sein des pouvoirs politiques<strong>chinois</strong> ?B. C. : Pour <strong>le</strong>s pouvoirs publics <strong>chinois</strong>,deux approches s’opposent dans la définitionà apporter au <strong>soft</strong> <strong>power</strong>. La première,actuel<strong>le</strong>ment dominante, estime que <strong>le</strong><strong>soft</strong> <strong>power</strong> est étroitement lié à la culturede la Chine. C<strong>et</strong>te volonté de miser sur laculture <strong>chinois</strong>e est désormais la ligne officiel<strong>le</strong>des dirigeants. A l’occasion du 16 eCongrès du Parti communiste <strong>chinois</strong> endécembre 2002, <strong>le</strong> système de réformesdans <strong>le</strong> domaine culturel fut inauguré, avecpour objectif avoué, la mise en avant de laculture <strong>chinois</strong>e dans l’objectif stratégiquede servir <strong>le</strong>s intérêts de la nation. Il s’agissaitdu point de départ officiel d’une stratégieencore en marche.C’est parmi <strong>le</strong>s experts en relations internationa<strong>le</strong>squ’on trouve <strong>le</strong> deuxième grandcourant de réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong><strong>chinois</strong>. Pour eux, il convient de dépasser<strong>le</strong> simp<strong>le</strong> constat que la culture <strong>chinois</strong>eest un atout dans la quête de puissance dePékin, pour formu<strong>le</strong>r une véritab<strong>le</strong> stratégiemisant sur c<strong>et</strong> atout pour accélérer <strong>le</strong> processusde montée en puissance de la Chine.Ce courant de réf<strong>le</strong>xion est sensib<strong>le</strong>mentplus agressif que <strong>le</strong> précédent, notammenten ce qu’il défend <strong>le</strong> principe d’autres modesde développement de la Chine, qui nedoit pas se contenter de miser sur son <strong>soft</strong><strong>power</strong>, mais éga<strong>le</strong>ment accélérer la montéeen puissance de son armée, <strong>et</strong> des stratégiesagressives dans <strong>le</strong> domaine économique <strong>et</strong>commercial. Ce courant pourrait s’amplifierdans <strong>le</strong>s prochaines années, <strong>et</strong> confirmer lathèse d’une Chine de plus en plus décomp<strong>le</strong>xée<strong>et</strong> sûre de sa puissance.C. : Le <strong>soft</strong> <strong>power</strong> semb<strong>le</strong> aussi un outil stratégiqueà usage interne, flattant un certain nationalisme.Etes-vous d’accord ?B. C. : Tout à fait. Nous pouvons mêmeconsidérer que <strong>le</strong> nationalisme est au cœurde c<strong>et</strong>te stratégie de <strong>soft</strong> <strong>power</strong>. Les succèsindiscutab<strong>le</strong>s de la Chine depuis quelquesannées, qui ne sont que <strong>le</strong>s prémices dela montée en puissance de l’économie dela future première puissance mondia<strong>le</strong>, exposent<strong>le</strong> pays <strong>le</strong> plus peuplé de la planèteau contact avec l’extérieur, ce qui a poureff<strong>et</strong> d’exacerber un sentiment nationalistecanalisé <strong>et</strong> parfois instrumentalisé par <strong>le</strong>sautorités. Le sentiment de fierté nationa<strong>le</strong>en Chine se nourrit des multip<strong>le</strong>s optionsoffertes à Pékin. Comme il est de plus enplus diffici<strong>le</strong> d’ignorer la Chine, <strong>et</strong> que ceuxqui seraient tentés de <strong>le</strong> faire s’exposent àune implacab<strong>le</strong> mise à l’écart, d’autres prenantimmédiatement <strong>le</strong> relais, <strong>le</strong>s dirigeants<strong>chinois</strong>, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s Chinois dans <strong>le</strong>ur ensemb<strong>le</strong>,estiment de plus en plus que <strong>le</strong>ur pays estincontournab<strong>le</strong>, <strong>et</strong> qu’il accède pour c<strong>et</strong>teraison à un statut de superpuissance. C<strong>et</strong>tefierté nationa<strong>le</strong> sa traduit de plus en pluspar une forme d’arrogance.Sur un plan politique, la Chine se perm<strong>et</strong>aujourd’hui de dire « non », de refuser deplier sur certains suj<strong>et</strong>s sensib<strong>le</strong>s, comme<strong>le</strong>s droits de l’Homme <strong>et</strong> la démocratisationdu régime, <strong>et</strong> affirme ainsi sa puissance surla scène internationa<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> s’appuie pource faire sur l’assurance que lui confère sonstatut de grande puissance économique,<strong>et</strong> de géant devenu incontournab<strong>le</strong>. Onr<strong>et</strong>rouve ainsi, là aussi, c<strong>et</strong>te tentation del’arrogance qui pourrait à terme poser problèmedans la grande stratégie de séductionde Pékin, à moins qu’il ne s’agisse qued’une attitude délibérée, sorte de posturepost-<strong>soft</strong> <strong>power</strong>.• Propos recueillis parAnne Garrigue1Institut de recherche interdisciplinaire sur <strong>le</strong>s enjeux sociauxhttp://iris.ehess.fr/2centre d’études transatlantique http://www.centr<strong>et</strong>ransatlantique.fr/content/view/22/39/lang,fr/3Université du Québec à Montréal4http://en.wikipedia.org/wiki/Walter_Russell_Mead64Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力En janvier 2006, RCI lançait sa première fréquence FM à l’étranger, à Nairobi, capita<strong>le</strong> duKenya 2006 年 1 月 , 中 国 国 际 广 播 电 台 第 一 个 境 外 调 频 台 在 肯 尼 亚 首 都 内 罗 毕 开 播La Chinafrique des médiasDepuis 10 ans, <strong>le</strong> gouvernement s’applique à conquérirl’opinion publique africaine.La Chine veut donner à l’Afrique uneimage positive de sa puissance à travers<strong>le</strong>s médias. Pour cela, el<strong>le</strong> est décidéeà déployer des moyens importantsselon une stratégie à deux vol<strong>et</strong>s. D’unepart, une action des médias <strong>chinois</strong>sur <strong>le</strong> terrain, avec une implantationdans <strong>le</strong>s principaux pays où Pékin a desintérêts économiques ou des relationsprivilégiées avec <strong>le</strong>s gouvernementslocaux. D’autre part, des programmesde coopération multilatéra<strong>le</strong>. A celas’ajoutent des proj<strong>et</strong>s bilatérauxplus techniques, comme la mise enorbite en mai 2007 d’un satellite decommunications pour <strong>le</strong> compte duNigeria. Ce satellite géostationnairequi couvre toute l’Afrique, une partiedu Proche-Orient <strong>et</strong> <strong>le</strong> sud de l’Europemarque une étape importante de lapénétration <strong>chinois</strong>e dans ce continent,en particulier dans <strong>le</strong> domaine destélécommunications.Priorité à la radioSur <strong>le</strong> terrain, <strong>le</strong>s autorités <strong>chinois</strong>es ontchoisi de développer prioritairement<strong>le</strong>ur présence à travers la radio, <strong>le</strong> moyend’information <strong>le</strong> plus populaire enAfrique. Radio Chine Internationa<strong>le</strong>— qui ém<strong>et</strong> en 64 langues, ycompris en Espéranto — a renforcésa programmation en anglais <strong>et</strong> enfrançais destinée au continent africain.Actuel<strong>le</strong>ment, la diffusion des quelque200 heures de programmes de RCI ences deux langues se fait soit par ondescourtes, soit par la création de fréquencesloca<strong>le</strong>s. En janvier 2006, RCI lançait sapremière fréquence FM à l’étranger, àNairobi, capita<strong>le</strong> du Kenya. Au total, 19heures d’émissions quotidiennes y sontdiffusées en anglais, en swahili <strong>et</strong> en<strong>chinois</strong>. En français, on peut capter desinformations <strong>et</strong> des magazines produitspar RCI <strong>et</strong> diffusés sur la fréquenceFM dans trois pays Niger (4 stations),Sénégal (4) <strong>et</strong> Congo Brazavil<strong>le</strong> (1).Chacune d’el<strong>le</strong>s diffuse environ 12heures d’émissions quotidiennes. Il estprévu une implantation beaucoup plusdense, avec la possibilité de trip<strong>le</strong>r, voirequintup<strong>le</strong>r, <strong>le</strong> nombre de radios FMdiffusant la voix de la Chine en Afrique.Mais <strong>le</strong>s autorités <strong>chinois</strong>es ne secontentent pas de lancer des stationsloca<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>s voient beaucoup plusgrand <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent l’accent sur lacoopération en créant des partenariatsavec <strong>le</strong>s radios africaines. Parmi <strong>le</strong>s 150radios partenaires de RCI, un tiers sontafricaines. Ces partenariats comprennentl’envoi d’émissions clé en main, des coproductions,de l’aide technique, ainsique des échanges de personnel.Des démonstrations en ChineLe deuxième vol<strong>et</strong> de la stratégie<strong>chinois</strong>e dans <strong>le</strong> domaine del’information internationa<strong>le</strong> comprend© Imagine Chinadifférents exercices de démonstrationde son <strong>soft</strong> <strong>power</strong> dans sa capita<strong>le</strong>.El<strong>le</strong> a multiplié <strong>le</strong>s initiatives depuis2002 pour attirer <strong>le</strong>s décideurs <strong>et</strong> <strong>le</strong>spatrons des médias du monde entier,en particulier d’Afrique. Des séminairessur l’Information sont organisésrégulièrement soit à Pékin, soit dans <strong>le</strong>sprovinces. La responsabilité des rendezvoussino-africains revient à l’Office del’Information du Conseil des Affairesde l’Etat, comme lors du 4 e Séminairesur l’Information de septembre2007, réunissant 42 responsab<strong>le</strong>s del’information <strong>et</strong> des médias d’un<strong>et</strong>rentaine de pays d’Afrique. A Chengdu,où ce séminaire s’est poursuivi, <strong>le</strong>sparticipants ont lancé <strong>le</strong>s premiersmécanismes de coopération dans ladiffusion de l’information <strong>et</strong> dans laproduction d’émissions. Les médias<strong>chinois</strong> sont appelés à « produire » del’information spécia<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong>spays africains. « Nous voulons fairecesser <strong>le</strong>s reportages négatifs réaliséspar <strong>le</strong>s médias occidentaux sur l’Afrique<strong>et</strong> sur la Chine » a souligné <strong>le</strong> tchadienHoumadji Moussa Doumgor encaressant l’idée « d’instaurer un systèmede liaison entre <strong>le</strong>s médias <strong>chinois</strong><strong>et</strong> <strong>le</strong>s médias africains pour éviter lamarginalisation des pays en voie dedéveloppement ». Les participantsont appelé à la création de réseauxmédiatiques pour contrebalancer <strong>le</strong>sinformations « peu objectives » desmédias occidentaux sur <strong>le</strong>s pays endéveloppement dont la Chine veut être<strong>le</strong> chef de fi<strong>le</strong>.Le point d’orgue de ce deuxièmevol<strong>et</strong> de la stratégie <strong>chinois</strong>e a été <strong>le</strong>Somm<strong>et</strong> des Médias, qui s’est tenu àPékin en novembre 2009, réunissant300 représentants de 170 médiasinternationaux. Ce somm<strong>et</strong> a permisau président Hu Jintao de lancer « unappel au respect mutuel entre <strong>le</strong>smédias du monde », pour « contribuer àl’édification d’un monde harmonieux ».Les médias sont bien au cœur de lastratégie d’influence <strong>chinois</strong>e. •Luci<strong>le</strong> MonjauzeConnexions / mars 2010 65


DOSSIER专 栏Depuis 2004,la Chine sème ses institutsConfucius à la demandedes universités <strong>et</strong> descol<strong>le</strong>ctivités étrangères.Le ministère <strong>chinois</strong> del’Education (Hanban) qui<strong>le</strong>s pilote réfléchit encoreau contenu culturel qu’ilsdoivent diffuser.L’institut Confucius de Novosibirsk (Russie). Instituts Confucius : la culture officiel<strong>le</strong> à tous vents« Sans langage commun, <strong>le</strong>s affaires nepeuvent être conclues », lit-on dans LesAna<strong>le</strong>ctes de Confucius. Pékin l’a compris enlançant il y a six ans une entreprise sans précédentde diffusion de la langue <strong>chinois</strong>eà l’étranger, à l’initiative de l’ai<strong>le</strong> libéra<strong>le</strong> duParti. Ironie de l’histoire, c’est Confucius quia été « reconvoqué » en remplacement del’idéologie marxiste alors que son enseignement,d’abord abandonné par Sun Yat-sen,avait été par la suite dénoncé <strong>le</strong> 4 mai 1919comme obstac<strong>le</strong> au progrès, avant d’êtredéfinitivement rayé des tabl<strong>et</strong>tes par Mao.En 2004, un institut-pilote est testé enOuzbékistan, puis un premier ouvre àSéoul. Six ans plus tard, on compte 282 institutsConfucius dans 88 pays <strong>et</strong> 241 classes 1 .Le succès quantitatif est au rendez-vous,<strong>et</strong> 230 000 élèves (adultes, étudiants nonspécialisés en <strong>chinois</strong>) sont déjà passés sur<strong>le</strong>urs bancs, tandis que Pékin vise <strong>le</strong> chiffrede 1 000 structures pour 2020. Très présentsaux Etats-Unis, au Canada ou en Corée duSud, ils sont 14 en France, où l’enseignementdu <strong>chinois</strong> connaît un véritab<strong>le</strong> boom 1 .Inspirés du modè<strong>le</strong> des Alliances françaisesen Chine, <strong>le</strong>s instituts Confucius sont placéssous l’autorité du Hanban, l’agence duministère <strong>chinois</strong> de l’Education chargéede promouvoir la langue <strong>chinois</strong>e. « Si <strong>le</strong>pilotage est centralisé, l’initiative <strong>et</strong> la miseen œuvre sont déconcentrées », expliqueA<strong>le</strong>xandre Zieg<strong>le</strong>r, conseil<strong>le</strong>r culturel del’ambassade de France en Chine. Ainsi, lacréation d’un institut est souvent <strong>le</strong> fruitde la coopération entre une universitéfrançaise <strong>et</strong> une université <strong>chinois</strong>e. Pourdiffuser <strong>le</strong> <strong>chinois</strong>, <strong>le</strong> Hanban dispose parail<strong>le</strong>urs de très gros moyens. « Les institutssont à n’en pas douter <strong>le</strong> bras armé de lapolitique <strong>chinois</strong>e de la sinophonie, ce quiest légitime dans la mesure où <strong>le</strong> <strong>chinois</strong>acquiert une dimension internationa<strong>le</strong> »,observe Joël Bellassen, sinologue <strong>et</strong> premierinspecteur général de <strong>chinois</strong>. A c<strong>et</strong>aspect linguistique, s’ajoute éga<strong>le</strong>mentune dimension politique d’affirmation dela puissance <strong>et</strong> d’image, à travers la promotionde va<strong>le</strong>urs culturel<strong>le</strong>s. Pour ne paslaisser aux instituts Confucius <strong>le</strong> monopo<strong>le</strong>du rayonnement culturel, Ma Ying-jeoua d’ail<strong>le</strong>urs annoncé récemment, dans lalignée de Tchang Kaï-chek, <strong>le</strong> lancementd’ « Académies de Taïwan ».Outil de propagande ?Malgré l’engouement pour <strong>le</strong> mandarin,conséquence du poids économiquecroissant de la Chine, <strong>le</strong>s instituts Confuciusont pourtant tendance à inquiéter,<strong>et</strong> alimentent <strong>le</strong>s spéculations. Les hautsfonctionnaires <strong>chinois</strong>, réunis dans <strong>le</strong> bureaude contrô<strong>le</strong> du Hanban de Pékin, neseraient-ils pas en train de planter des dra-66Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力图 为 孔 子 学 院 书 法 教 师 王 健 霖 在 教 俄 罗 斯 学 生 写 书 法 。peaux rouges sur la carte du monde ? Lesmanuels d’enseignement ne laveraient-ilspas <strong>le</strong>s cerveaux ? « Colonies idéologiquesagissant sur <strong>le</strong>s diasporas », tel<strong>le</strong> est l’imagefantasmée des instituts, qui ne va pas sansrappe<strong>le</strong>r cel<strong>le</strong> du péril jaune.Etiqu<strong>et</strong>ant <strong>le</strong>s instituts Confucius commedes « outils de propagande », l’Inde, sœurennemie de la Chine, a déjà refusé <strong>le</strong> cadeaude Pékin. A Paris VII, Gil<strong>le</strong>s Guiheux,socio-historien, espère de son côté que <strong>le</strong>contenu culturel de l’institut se cantonneraaux ateliers de papiers découpés. Quant àJean-Philippe Béja, sinologue détachéau Centre d’études français sur la Chinecontemporaine, l’arrivée des instituts esttout simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> résultat de la faib<strong>le</strong>ssedes crédits publics accordés à l’enseignementdu <strong>chinois</strong>. « Ce sont des ressourcespour des systèmes d’enseignementaffamés. Personne n’est trop regardantsur la nature du don <strong>et</strong> plutôt que d’êtreen dehors des universités, <strong>le</strong>s institutsConfucius fonc tionnent dans <strong>le</strong>s© Imagine Chinafacs comme des cellu<strong>le</strong>s cancéreuses ».En Australie, Jocelyn Chey, professeur à l’universitéde Sydney <strong>et</strong> ancienne diplomate, aéga<strong>le</strong>ment a<strong>le</strong>rté l’opinion en 2007, faisantcampagne pour que l’institut Confucius nes’instal<strong>le</strong> pas dans <strong>le</strong>s mêmes locaux que <strong>le</strong>département d’études <strong>chinois</strong>es. « S’il étaitsur <strong>le</strong> campus, ce serait plusdiffici<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s enseignantsde préserver <strong>le</strong>ur liberté <strong>et</strong><strong>le</strong>ur indépendance », expliquait-el<strong>le</strong>.Enfin, dans un artic<strong>le</strong> intitulé« A quoi servent vraiment <strong>le</strong>sinstituts Confucius ? » paru enseptembre dernier, <strong>le</strong> journalistecanadien Fabrice de Pierrebourg2 , place la critique sur <strong>le</strong> terrain militaro-industriel.Rappelant que <strong>le</strong>s servicesde renseignements canadiens ont rédigéun rapport sur <strong>le</strong>s instituts Confucius, ilinterroge : « Se pourrait-il que c<strong>et</strong>te vasteentreprise de charme destinée à propagerune image positive de la Chine, à créer unevraie “sinomanie“, cache d’autres intentionsinavouées <strong>et</strong> malicieuses ? » Et d’avancerl’idée d’un « espionnage doux » dont <strong>le</strong> butserait de « drainer des informations scientifiques<strong>et</strong> technologiques ». Après tout,« plusieurs officiers de renseignement ontété placés à la tête ou parmi <strong>le</strong>s dirigeantsdu réseau Confucius. »Faib<strong>le</strong> harmonisationReste que sur <strong>le</strong> terrain, rien ne perm<strong>et</strong>vraiment d’alimenter la thèse du cheval deTroie. A 30 ans, Wang Huifeng, qui s’étaitportée volontaire pour enseigner dansun institut Confucius aux Etats-Unis, va ser<strong>et</strong>rouver à Monterrey, la troisième vil<strong>le</strong> duMexique. Il ne lui reste que quelques moispour apprendre des rudiments d’espagnol.Plutôt que de « colonies idéologiques »,mieux vaut par<strong>le</strong>r d’improvisation. LesChinois sont d’ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>s premiers à reconnaître<strong>le</strong>urs faib<strong>le</strong>sses : Xu Lin, directricegénéra<strong>le</strong> des instituts Confucius, déclaraiten décembre que <strong>le</strong>s instituts manquaientde matériel pédagogique, faute de traducteursappropriés. De fait, <strong>le</strong>s institutsne disposaient pas jusqu’à récemment deméthode d’enseignement de référence.« Après l’étape quantitative, analyse A<strong>le</strong>xandreZieg<strong>le</strong>r, <strong>le</strong>s instituts vont devoir consolider<strong>le</strong>ur proj<strong>et</strong> pédagogique, faute de quoi<strong>le</strong>ur image pourrait en pâtir ».« Pékin vise<strong>le</strong> chiffrede 1000structurespour 2020.»Autre élément à prendre en compte : ladoub<strong>le</strong> direction, <strong>chinois</strong>e <strong>et</strong> étrangère, desinstituts. En France, <strong>le</strong>s directeurs locaux (<strong>et</strong>non <strong>le</strong>s <strong>chinois</strong>) ont carte blanche. BlaiseThiérée, directeur de l’institut Confucius deRennes, se r<strong>et</strong>rouve même tout à fait auxcommandes, faute d’avoir pu recruter undirecteur <strong>chinois</strong>. « Nousne sommes ni une tribunede propagande, ni unorganisme anti-<strong>chinois</strong>,affirme-t-il. Les livres dudissident Cai Chongguo1sont en rayon <strong>et</strong> ça nepose aucun problème. »Au lieu d’être un labelhomogène, <strong>le</strong>s institutsdépendent donc beaucoup de la qualitéde la direction. A Arras, la directrice Jin SiYan, éga<strong>le</strong>ment professeur d’université <strong>et</strong>écrivain, propose par exemp<strong>le</strong> un cyc<strong>le</strong> deconférences avec <strong>le</strong>s experts <strong>le</strong>s plus reconnus.« Sur <strong>le</strong> terrain culturel, c’est <strong>le</strong> Hanbanqui nous suit », souligne-t-el<strong>le</strong>.Une autre faib<strong>le</strong>sse vient des décisionsd’implantation, davantage, comme on l’avu, <strong>le</strong> fruit d’opportunités que <strong>le</strong> résultatd’une stratégie calculée. Ainsi, <strong>le</strong> premierinstitut Confucius français est-il venu s’implanterà Poitiers, fief de Jean-Pierre Raffarin,<strong>et</strong> non à Paris. A cela s’ajoutent <strong>le</strong>s querel<strong>le</strong>sde clocher franco-françaises <strong>et</strong> sino-<strong>chinois</strong>es,<strong>le</strong> Hanban, sous tutel<strong>le</strong> du ministère del’Education, faisant par exemp<strong>le</strong> tout sonpossib<strong>le</strong> pour maintenir la distance avecl’ambassade <strong>et</strong> <strong>le</strong> ministère des Affairesétrangères.Alors, beaucoup de bruit pour rien ? Dansdes pays où l’offre culturel<strong>le</strong> sur la Chine foisonne,<strong>le</strong>s instituts auront du mal à imposerun discours officiel. Dans d’autres paysmoins armés, <strong>le</strong> risque existe. Pour l’heure,Pékin réfléchit encore au contenu à donnerà son message culturel, ce qui n’exclut pas,avertit <strong>le</strong> sinologue Jean-Pierre Cabestan,« de voir à terme <strong>le</strong>s instituts se transformeren structures aseptisées, diffusant uneculture folklorique. » Mais alors, qui écoutera<strong>le</strong> disque ? •Helène Duvigneau1. A la dernière rentrée, 25.675 élèves se sont engagés dansl’apprentissage du <strong>chinois</strong>, contre seu<strong>le</strong>ment 9.328 en 2004.2. rédacteur en chef du China Labour Bull<strong>et</strong>in3.http://fabricedepierrebourg.org/fr/2009/09/a-quoi-serventvraiment-<strong>le</strong>s-instituts-confucius/Connexions / mars 2010 67


DOSSIER专 栏« Le but de l’Expo, c’est de montrer aux Chinois ce qui se fait dans <strong>le</strong> monde avec une notion d’intégration à ce monde.»办 世 博 会 的 目 的 就 是 以 融 入 世 界 的 理 念 向 国 人 展 示 世 界 上 所 做 的 事 情 。© Imagine ChinaQuand <strong>le</strong> monde vient en ChinePour l’Expo, la Chine a choisi de communiquer sur son sens des responsabilités <strong>et</strong> sa capacitéà répondre aux problématiques mondia<strong>le</strong>s.Antoine Bourdeix, est <strong>le</strong>représentant de PublicisConsultants en Chine,l’agence de communicationfrançaise qui a remporté,l’an dernier, l’appeld’offre pour gérer <strong>le</strong>s relations publiquesde l’Exposition universel<strong>le</strong> de Shanghai en2010.Connexions : A la lumière des Années croisées(2003-2005), des Jeux olympiques <strong>et</strong> maintenantde l’« Expo 2010 » à Shanghai, quel<strong>le</strong> est la stratégiede communication du gouvernement <strong>chinois</strong> ?Antoine Bourdeix : Pour <strong>le</strong>s Années croisées,il y avait trois axes clairs de communicationdéfinis par <strong>le</strong> gouvernement <strong>chinois</strong> :la Chine éternel<strong>le</strong>, la Chine moderne <strong>et</strong> laChine des diversités. Pour l’Expo de Shanghai,on n’est plus du tout dans c<strong>et</strong> objectif.Là, c’est <strong>le</strong> monde qui vient en Chine. Et celafait plutôt partie de la stratégie de la Chinede montrer qu’el<strong>le</strong> est capab<strong>le</strong> d’organiserdes grands événements internationaux.D’autres pays l’ont fait avant dans <strong>le</strong> mêmeesprit. Le Japon a commencé dans <strong>le</strong>s années1970 <strong>et</strong> la Corée du Sud un peu après,avec des rendez-vous comme <strong>le</strong>s JO, laCoupe du monde de football ou encore<strong>le</strong>s expositions universel<strong>le</strong>s. Le Brésil oul’Afrique du Sud sont en train de suivre <strong>le</strong>même schéma. Cela participe à donner uneimage internationa<strong>le</strong> <strong>et</strong> une image de paysdéveloppé.Dans <strong>le</strong> cas de l’« Expo » de Shanghai, 95%des visiteurs viendront de Chine. Le premierpublic est <strong>chinois</strong>. Les organisateursattendent 3,5 millions d’étrangers [ndlr. 70millions de personnes sont attendues autotal pendant <strong>le</strong>s six mois de l’« Expo »],avec en premier lieu des Japonais <strong>et</strong> desCoréens. Mais l’impact médiatique, lui, vaêtre global.C. : Quel est <strong>le</strong> message que la Chine veut fairepasser à travers ces grands événements ?A. B. : Il s’agit pour la Chine de montrer sacapacité à organiser un grand événement<strong>et</strong> son ouverture. Le pays s’inscrit dans unmonde global, dans <strong>le</strong>quel son développementa sa place. Un développement sensé<strong>et</strong> plus responsab<strong>le</strong> vis-à-vis de questionscomme l’urbanisation. C’est un des grandsenjeux des pays asiatiques <strong>et</strong> des pays endéveloppement : voir comment repenser68Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力l’urbanisation <strong>et</strong> résoudre <strong>le</strong>s questions dedemain en la matière. Aujourd’hui pourl’Expo, on n’a plus c<strong>et</strong>te communicationsur la Chine traditionnel<strong>le</strong> <strong>et</strong> la Chine desdiversités (d’ail<strong>le</strong>urs limitée à Shanghai),comme on a eu pour <strong>le</strong>s Années croisées.On par<strong>le</strong> désormais de la Chine face à desproblématiques mondia<strong>le</strong>s.Par rapport aux JO, c’est encore différent.En 2008, il y avait un esprit compétitif, l’idéede gagner, l’idée de puissance <strong>et</strong> surtoutdu renouveau de la puissance <strong>chinois</strong>e.Pour l’Expo de Shanghai, ce n’est plus ça.Il y a davantage une idée de responsabilité.Le but du jeu, c’est de montrer aux Chinoisce qui se fait dans <strong>le</strong> monde avec une notiond’intégration à ce monde. La communications’est vraiment faite sur c<strong>et</strong> aspectinternational. On r<strong>et</strong>rouve <strong>le</strong> gigantisme,mais c’est plus propre à la Chine qu’unedémarche vraiment recherchée.C. : Comment s’est fait <strong>le</strong> choix d’un expert internationalpour gérer <strong>le</strong>s relations publiques del’« Expo » ?A. B. : Publicis Consultants avait déjà travaillésur l’Expo 2010 de Shanghai en 2001-2002pour la candidature de la vil<strong>le</strong>. Le BureauInternational des Expositions étant à Paris[ndlr. où <strong>le</strong> groupe Publicis a son siège],on travail<strong>le</strong> souvent sur <strong>le</strong>s candidaturesde vil<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s expositions universel<strong>le</strong>s.Dans ce genre d’événements, il est toujoursnécessaire d’avoir un groupe internationalpour rayonner dans <strong>le</strong> plus de pays possib<strong>le</strong>s.Aujourd’hui, <strong>le</strong>s groupes pouvantproposer ce service sont soit anglo-saxons,soit c’est Publicis ! Il n’y a pas d’entreprisesde communication <strong>chinois</strong>e présentedans autant de pays que nous. Et d’ail<strong>le</strong>urstous nos rivaux lors de l’appel d’offre par<strong>le</strong> Comité d’organisation de l’Expo étaientinternationaux.Et puis, on avait déjà travaillé avec ShanghaiExpo pour sa présence à l’exposition deSarragosse en 2008 <strong>et</strong> depuis sur d’autresproj<strong>et</strong>s en France, aux Etats-Unis, au Canada.Sur l’exposition universel<strong>le</strong> de Shanghai,Publicis Consultants fournit du conseil,gère <strong>le</strong>s relations publiques en-dehors deChine <strong>et</strong> dispense de la formation.. •Propos recueillis par Julie DesnéR<strong>et</strong>rouvez l’actualité de l’Expo 2010 avecPublicis Consultants sur <strong>le</strong> blog www.shanghai-expo-insights.com.当 世 界 来 到 中 国对 于 世 博 会 , 中 国 选 择 就 责任 感 和 应 对 世 界 问 题 的 能 力进 行 宣 传 。安 韬 略 , 法 国 传 播 公 司 阳 狮 咨 询 的 中国 首 席 代 表 , 该 公 司 去 年 投 标 成 功 ,成 为 2010 年 上 海 世 博 会 指 定 的 公 关 服务 供 应 商 。经 过 中 法 文 化 年 (2003-2005 年 ),北 京 奥 运 会 以 及 现 在 的 2010 年 上 海 世博 会 的 启 发 , 中 国 政 府 的 公 关 策 略 是什 么 ?对 于 中 法 文 化 年 , 中 国 政 府 确 定 了 3 大明 确 的 宣 传 重 点 , 即 “ 古 老 的 中 国 ,现 代 的 中 国 , 多 彩 的 中 国 ”。 对 于 上海 世 博 会 , 目 标 已 不 在 于 此 。 现 在 的目 标 是 全 世 界 来 到 中 国 , 这 是 中 国 显示 其 有 能 力 举 办 大 型 国 际 盛 会 的 战 略的 组 成 部 分 。 其 它 国 家 这 么 做 也 是 基于 一 样 的 想 法 。 日 本 , 随 后 是 韩 国 在上 世 纪 七 十 年 代 开 始 举 办 国 际 盛 会 ,如 奥 运 会 、 世 界 杯 甚 至 世 博 会 。 巴 西和 南 非 也 在 走 同 样 的 路 。 这 有 助 于 给人 国 际 的 和 发 达 国 家 的 形 象 。具 体 到 上 海 世 博 会 ,95% 的 参 观 者 将来 自 中 国 。 最 大 的 观 众 群 是 中 国 人 。组 织 者 期 待 有 350 万 名 外 国 参 观 者 (在 世 博 会 举 办 的 6 个 月 内 , 预 计 总 共有 7000 万 名 参 观 者 ), 首 先 是 日 本 人和 韩 国 人 。 而 媒 体 的 影 响 则 是 全 球 性的 。中 国 希 望 通 过 这 些 重 大 活 动 传 递 什 么信 息 ?中 国 要 显 示 其 举 办 重 大 活 动 的 能 力 及其 开 放 的 程 度 。 中 国 处 在 全 球 的 环 境中 , 它 的 发 展 有 自 己 的 位 置 。 针 对 诸如 城 市 化 等 问 题 , 需 要 更 加 合 理 、 更加 负 责 任 的 发 展 。 这 是 亚 洲 国 家 和 发展 中 国 家 面 临 的 巨 大 挑 战 之 一 , 即 如何 考 虑 城 市 化 并 解 决 未 来 在 这 方 面 产生 的 问 题 。 如 今 , 世 博 会 不 再 宣 传 中法 文 化 年 提 出 的 “ 古 老 的 中 国 , 多 彩的 中 国 ”。 人 们 从 此 谈 论 的 是 中 国 应对 世 界 的 问 题 。与 奥 运 会 相 比 , 世 博 会 还 有 不 同 之处 。2008 年 奥 运 会 , 有 一 种 竞 争 精神 , 获 胜 的 想 法 , 强 国 的 想 法 , 尤 其是 中 国 大 国 的 重 新 崛 起 。 上 海 世 博 会就 不 是 这 样 了 。 越 来 越 有 一 种 负 责 任的 想 法 。 办 世 博 会 的 目 的 就 是 用 融 入世 界 的 观 念 向 国 人 展 示 世 界 上 所 做 的事 情 。 公 关 确 实 是 在 国 际 的 层 面 进 行的 。 人 们 觉 得 世 博 会 规 模 庞 大 , 但 这与 中 国 自 身 有 关 而 不 是 刻 意 寻 求 的 。为 何 选 择 国 际 专 家 来 负 责 世 博 会 的 公关 ?2001 至 2002 年 , 阳 狮 咨 询 已 经 为 上 海争 办 2010 年 世 博 会 提 供 过 服 务 。 世 博会 的 管 理 机 构 国 际 展 览 局 设 在 巴 黎 (阳 狮 集 团 总 部 也 设 在 那 里 ), 我 们 的工 作 经 常 涉 及 到 争 办 世 博 会 的 候 选 城市 。 在 这 类 活 动 中 , 有 一 个 国 际 集 团在 尽 可 能 多 的 国 家 里 进 行 公 关 总 是 必要 的 。 如 今 , 能 够 提 供 此 类 服 务 的 集团 要 么 是 英 美 集 团 , 要 么 就 是 阳 狮 集团 , 还 没 有 一 家 中 国 的 公 关 企 业 像 我们 一 样 在 如 此 多 的 国 家 里 开 展 业 务 。再 说 , 在 世 博 会 组 委 会 的 招 标 中 , 我们 所 有 的 竞 争 对 手 都 是 国 际 集 团 。另 外 , 我 们 还 为 上 海 世 博 会 出 席2008 年 西 班 牙 萨 拉 戈 萨 世 博 会 和 后 来在 法 国 、 美 国 、 加 拿 大 的 项 目 提 供 过服 务 。 关 于 上 海 世 博 会 , 阳 狮 咨 询 提供 咨 询 服 务 , 处 理 中 国 之 外 的 公 关 事务 以 及 开 展 培 训 。请 登 陆 www.shanghai-expo-insights.c o m 博 客 网 站 了 解 阳 狮 咨 询 发 布 的2010 年 上 海 世 博 会 信 息 。 •Connexions / mars 2010 69


DOSSIER专 栏L’î<strong>le</strong> de Hainan, son so<strong>le</strong>il <strong>et</strong> ses plages de sab<strong>le</strong> fin sont devenus la Floride de l’Asie Centra<strong>le</strong> <strong>et</strong> de la Sibérie.海 南 岛 的 阳 光 和 沙 滩 闻 名 遐 迩 , 已 成 为 中 亚 和 西 伯 利 亚 的 度 假 胜 地 。© Imagine ChinaVu d’Asie Centra<strong>le</strong>Les atouts de la ChineAprès lui avoir tourné <strong>le</strong> dos, l’Asie centra<strong>le</strong> redécouvre la Chine dans quatre domaines :affaires, éducation, santé <strong>et</strong> tourisme.Filip Noubel, polyglotte,a grandi en Asie centra<strong>le</strong> àl’époque de la dominationsoviétique. Il est revenuy vivre de 1999 à 2006,après avoir fait des étudesà Pékin. Il a observé sur place la montée enpuissance de la ChineConnexions : La Chine est de plus en plus populaireen Asie centra<strong>le</strong>. Racontez-nous pourquoi<strong>et</strong> comment ?Filip Noubel : Pour comprendre, il faut faire unpeu d’histoire. Après des sièc<strong>le</strong>s de relationsentre la Chine <strong>et</strong> l’Asie centra<strong>le</strong> (via la Routede la soie.), la rupture des relations entre laRépublique Populaire de Chine <strong>et</strong> l’Unionsoviétique en 1961-1962 a dressé un murinfranchissab<strong>le</strong> qui n’est tombé qu’après1991. Pendant 30 ans, une génération, l’Asiecentra<strong>le</strong> a tourné <strong>le</strong> dos à la Chine <strong>et</strong> ceuxqui ont grandi dans <strong>le</strong>s années 60 — <strong>et</strong>qui sont au pouvoir — l’ont « oubliée ».Après 1991, l’Asie centra<strong>le</strong>, devenue indépendante,a dû trouver de nouveaux partenaires.Au début, el<strong>le</strong> s’est tournée versl’Occident. A c<strong>et</strong>te époque, la Chine n’étaitpas en haut de l’agenda. Mais rapidementdes désillusions ont obligé <strong>le</strong>s autorités àfaire preuve de réalisme <strong>et</strong> à se tourner vers<strong>le</strong>urs voisins immédiats, Indiens <strong>et</strong> Pakistanaisau Sud, Russes au Nord <strong>et</strong>, à l’Est, cemystérieux pays dont on ne connaissait pasgrand-chose. Le changement a d’abord ététrès politique. Sous la houl<strong>et</strong>te de l’Organisationde coopération de Shanghai 1 dont<strong>le</strong>s prémisses remontent à 1996, des premièresrelations de partenariat stratégiqueont été établies. El<strong>le</strong>s sont d’abord restéestrès loin de l’homme de la rue, puis, progressivement,l’impact des relations avecla Chine est descendu jusqu’aux simp<strong>le</strong>s70Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力citoyens dans quatre domaines essentiels<strong>et</strong> interconnectés : <strong>le</strong>s affaires (p<strong>et</strong>ites entreprises),l’éducation, la santé <strong>et</strong> <strong>le</strong> tourisme.C. : Comment s’est passé concrètement ce mouvementdont vous avez été témoin ?F. N. : Tout a commencé quand j’étais étudiantà Pékin, dans <strong>le</strong>s années 1995-1996. J<strong>et</strong>ravaillais dans <strong>le</strong> district russe de Yabaoluprès du parc Ritan, dit « la p<strong>et</strong>ite Moscou ».A c<strong>et</strong>te époque tout était lié au shutt<strong>le</strong> business: des Russes, des Européens de l’Estremplissaient des containers de marchandises<strong>chinois</strong>es pour <strong>le</strong>s expédier dans <strong>le</strong>urspays. Les habitants d’Asie centra<strong>le</strong> étaientattirés par <strong>le</strong>s opportunités d’affaires alorsque tous <strong>le</strong>s réseaux économiques avecl’Union soviétique étaient détruits. Maisceux qui venaient pour affaires ont vitecompris qu’il y avait autre chose. Ils ontcommencé à apprendre la langue, à avoirdes partenaires <strong>et</strong> des amis <strong>chinois</strong>. Ils ontdécouvert de nouvel<strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s. Ils ont réaliséque la Chine était un endroit sûr, pour <strong>le</strong>saffaires mais aussi dans <strong>le</strong>s rues. On pouvaity marcher la nuit, <strong>le</strong> système bancaire étaitcrédib<strong>le</strong>, des facteurs très importants dansdes pays où tout s’écroulait, où <strong>le</strong>s réseauxsociaux ne fonctionnaient plus. Les habitantsd’Asie centra<strong>le</strong> ont commencé à penserà envoyer <strong>le</strong>urs enfants étudier en Chinepour bénéficier d’un environnement sûr <strong>et</strong>d’études moins chères qu’en Occident.Pour c<strong>et</strong>te génération de parents, <strong>le</strong> faitqu’il s’agissait d’un système similaire à celuiqu’ils avaient connu en Union soviétique,avec des dortoirs par exemp<strong>le</strong>, était rassurant,plus proche, plus familier que ceux desEtats-Unis ou d’Europe.C. : Dans quel domaine avez-vous observé <strong>le</strong> plusgrand changement dans <strong>le</strong>s relations entre l’Asiecentra<strong>le</strong> <strong>et</strong> la Chine ?F. N. : L’éducation. Presque toutes <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>sque je connais, qui sont dotées d’uncertain bagage intel<strong>le</strong>ctuel <strong>et</strong> qui ont, toutes,de nombreux enfants, ont au moins unenfant étudiant en Chine. Les autres sontéventuel<strong>le</strong>ment en Russie, aux Etats-Unisou en Europe. Les frères <strong>et</strong> sœurs, quand ilsse r<strong>et</strong>rouvent, échangent <strong>le</strong>urs différentesperceptions. La Chine semb<strong>le</strong> la plus procheaujourd’hui. Les Etats-Unis géographiquementsont de l’autre côté de la planète.Et la Chine est devenue aussi « sexy » quel’Occident. Quand on vient d’Asie centra<strong>le</strong>où la plus grande vil<strong>le</strong> ne dépasse pas deuxmillions d’habitants, Pékin ou Shanghai suscitent<strong>le</strong> même choc que New York, Parisou Londres. Ce sont des mégalopo<strong>le</strong>s quine dorment jamais, cosmopolites, avec uneculture jeune très cool. La Chine, dernièrevenue, est aussi attirante que <strong>le</strong>s autres,mais sa proximité <strong>et</strong> son coût jouent en safaveur. Les parents peuvent faci<strong>le</strong>ment rendrevisite à <strong>le</strong>urs enfants <strong>et</strong> en profiter pourrapporter au pays un bien d’équipementdont ils manquent — chaudière, plomberie…L’Asie centra<strong>le</strong> <strong>et</strong> la Sibérie sont encoredans la culture des années 90, où touts’achète à l’extérieur. On combine doncaffaires, éducation <strong>et</strong> santé.F. N. : En une décade, on est passé d’unegrande ignorance à un grand intérêt. Celane veut pas dire que <strong>le</strong>s habitants d’Asiecentra<strong>le</strong> ne regardent pas ail<strong>le</strong>urs. Mais laChine a été réintégrée comme une optiondans <strong>le</strong> menu qui s’est diversifié. Cela dit,la Chine est encore mal comprise en profondeur,même si <strong>le</strong>s jeunes sont de bonsambassadeurs. Quelques instituts Confucius,des centres culturels — celui d’Almatyoccupe tout un immeub<strong>le</strong> de dix étages —,des restaurants <strong>chinois</strong> très populaires souventtenus par la minoritéLes habitants d’Asie centra<strong>le</strong> « <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s Hui (qu’on appel<strong>le</strong> « Dungan» en Asie centra<strong>le</strong>) 2 ,souffrent d’alcoolisme, demal au dos… <strong>et</strong> se soignent dotées d’untout cela ne suffit pas.en alliant <strong>le</strong>s deux médecines, bagageOn veut al<strong>le</strong>r vers la<strong>chinois</strong>e <strong>et</strong> occidenta<strong>le</strong>. DansChine, tout en craignant<strong>le</strong>ur shopping list, ils font un intel<strong>le</strong>ctuelde voir s’instal<strong>le</strong>r chezarrêt chez <strong>le</strong> docteur. Et des ont un enfant soi <strong>le</strong>s Chinois. C’est unemédecins <strong>chinois</strong> ouvrent désormaisdes cabin<strong>et</strong>s en Asie étudiant enquestion d’échel<strong>le</strong>. L’ensemb<strong>le</strong>de la populationcentra<strong>le</strong>. Quant au tourisme,la Chine est devenue <strong>le</strong> bordde mer de l’Asie centra<strong>le</strong>. C’estun tourisme de masse : Sanya,Chine.»d’Asie centra<strong>le</strong> — cinqpays 3 — représentemoins de cinquante millionsde personnes. ladans l’î<strong>le</strong> de Hainan au sud de la Chine, estdevenue la Floride de l’Asie centra<strong>le</strong> <strong>et</strong> dela Sibérie, remplaçant la Turquie trop chère.Pas besoin de par<strong>le</strong>r <strong>chinois</strong> ou anglais, toutest en russe. Et dans <strong>le</strong>s journaux de Vladivostok,la section météo indique <strong>le</strong> tempsqu’il fait à Hainan.C. : Plusieurs des 282 Instituts Confucius se trouventen Asie centra<strong>le</strong> où fut ouvert en 2004, <strong>le</strong>premier Institut Confucius — pilote — à Tachkent(Ouzbékistan). Quel rô<strong>le</strong> joue la stratégie gouvernementa<strong>le</strong><strong>chinois</strong>e dans c<strong>et</strong>te expansion del’influence <strong>chinois</strong>e, notamment de la langue ?F. N. : Je ne crois pas que <strong>le</strong>s instituts Confuciusjouent un rô<strong>le</strong> fondamental. Les genspréfèrent al<strong>le</strong>r sur place apprendre la langue.Mais il est clair que l’apprentissage du<strong>chinois</strong> progresse vite. Les parents envoient<strong>le</strong>urs enfants étudier à Xi’an ou Harbin, enparticulier, dans des éco<strong>le</strong>s spécia<strong>le</strong>mentconçues pour des étudiants d’Asie centra<strong>le</strong>,du Caucase, de Mongolie ou de Sibérie, quienseignent <strong>le</strong> <strong>chinois</strong> directement à partirdu russe. Au bout d’un an ou deux, <strong>le</strong>smeil<strong>le</strong>urs poursuivent <strong>le</strong>urs études pour obtenirdes diplômes, certains reviennent aupays travail<strong>le</strong>r comme interprète, d’autresencore se lancent dans <strong>le</strong>s affaires.C. : Quels sentiments inspirent la Chine : peur,simp<strong>le</strong> arithmétique incite à en rester auxliens économiques. Il n’y a pas de feuill<strong>le</strong> deroute claire. Et la Chine devra réfléchir à lameil<strong>le</strong>ure façon de se présenter.Certes, l’économie <strong>et</strong> <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> social<strong>chinois</strong> — la sécurité, la résolution desproblèmes de pauvr<strong>et</strong>é, de chômage, <strong>le</strong>sopportunités — fascinent, mais la Chineest aussi vécue comme une puissanceextérieure. Beaucoup d’habitants d’Asiecentra<strong>le</strong> ressemb<strong>le</strong>nt physiquement à desChinois, mais se perçoivent comme desEuropéens au sens russe du XIX e sièc<strong>le</strong> duterme. Les classes moyennes cultivées, dansce contexte culturel (éducation, cinéma, littérature),s’identifient plutôt à c<strong>et</strong>te Europe— pas l’Union Européenne — en ce quiconcerne <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs, la langue, la culture <strong>et</strong>— la religion ayant été bannie pendant desdécades — <strong>le</strong>s habitudes traditionnel<strong>le</strong>s, lanourriture, <strong>le</strong>s sty<strong>le</strong>s de vie.C. : Et <strong>le</strong>s jeunes ?F. N. : Il y a un fossé entre <strong>le</strong>s générations.Les parents sont plus européens. Les jeunesregardent davantage vers la Chine. Ilsécoutent de la musique <strong>chinois</strong>e. Ils onttous un iPod. Quant à déterminer si un iPodreprésente une part de rêve américain ou<strong>chinois</strong>, il faut savoir qu’en Asie centra<strong>le</strong>,animosité, espoir ? Y-a-t-il un rêve <strong>chinois</strong> en <strong>le</strong> téléphone mobi<strong>le</strong>, un rêve inaccessib<strong>le</strong>,est soudain à portée de la main Asie Centra<strong>le</strong> ?•••Connexions / mars 2010 71


DOSSIER专 栏•••grâce à la proximité de la Chine.Impossib<strong>le</strong> d’al<strong>le</strong>r à New York ach<strong>et</strong>er uniPod, mais si un cousin revient de Chine, ila souvent avec lui une vingtaine de iPodd’occasion qu’il revend bon marché. Cep<strong>et</strong>it appareil est désormais associé à unmode de vie <strong>chinois</strong>, à celui qui revient deChine avec un look particulier <strong>et</strong> son MP3<strong>et</strong> qu’ils appel<strong>le</strong>nt « <strong>le</strong> Chinois ». Cela créeune image forte pour <strong>le</strong> pays. N’oublionspas que l’Asie centra<strong>le</strong> reste très pauvre,sans industrie. Ce qui maintient <strong>le</strong>s gens envie c’est <strong>le</strong> shutt<strong>le</strong> business. 90% de ce que<strong>le</strong>s gens consomment vient d’ail<strong>le</strong>urs : del’Ouest, de la Russie, des émirats — autregrande découverte récente — <strong>et</strong> de laChine. A chacun son look. L’Asie centra<strong>le</strong>,très isolée il y a seu<strong>le</strong>ment 10 ans, s’estouverte. Dans <strong>le</strong>s capita<strong>le</strong>s, des boutiquesal<strong>le</strong>mandes ou des émirats voisinent avecdes boutiques <strong>chinois</strong>es… Chaque tenancierrapporte de ses voyages des denréesqui véhicu<strong>le</strong>nt une culture. Par exemp<strong>le</strong> àBichkek, on trouve partout des narguilés,interdits sous <strong>le</strong>s Russes car symbo<strong>le</strong>s dedécadence. Apportés par <strong>le</strong>s Turcs, ils sontdevenus un produit <strong>et</strong> un sty<strong>le</strong> de vie.L’Ouest a proposé ses vêtements cool, <strong>le</strong>sjeans, quelques restaurants. La Chine sesiPod <strong>et</strong> ses MP3 bon marché.C. : La Chine ne remplace donc pas l’Occident,mais s’ajoute au menu… ?F. N. : Exactement. La force de l’Asie centra<strong>le</strong>,soumise à tant d’empires <strong>et</strong> de cultures,c’est d’avoir su <strong>le</strong>s intégrer. L’indépendancene date que de 20 ans. Ces pays recherchentencore <strong>le</strong>ur identité. Ils avaient perdula Chinese connection. Ils viennent de la r<strong>et</strong>rouver<strong>et</strong> sa puissance économique renforceencore son attraction. Un exemp<strong>le</strong> :la présence des compagnies pétrolières<strong>chinois</strong>es dans la zone. Un pipeline de7 000 kilomètres a été construit pour transporter<strong>le</strong> pétro<strong>le</strong> du Turkménistan vers l’Europevia l’Azerbaïdjan, l’Arménie… Chacunespère, en faisant étudier <strong>le</strong> <strong>chinois</strong> à sonenfant, qu’il trouvera ainsi un travail dansune raffinerie du Turkménistan où son patronsera <strong>chinois</strong>. • Propos recueillispar Anne Garrigue1h t t p : / / f r. w i k i p e d i a . o r g / w i k i / O r g a n i s a t i o n _ d e _coop%C3%A9ration_de_Shanghai2Les Hui sont des <strong>chinois</strong> musulmans venus du Shaanxi auXVIIe sièc<strong>le</strong> qui représentent environ 100 000 personnessurtout présentes au Kazakhstan <strong>et</strong> Kirghistan3l’Asie centra<strong>le</strong> se compose de cinq pays : <strong>le</strong> Kazakhstan (16millions d’habitants), avec Almaty l’ancienne capita<strong>le</strong> <strong>et</strong>Astana la nouvel<strong>le</strong> capita<strong>le</strong>; <strong>le</strong> Kirghizstan (4,8 millions, capita<strong>le</strong>Bichkek); l’ Ouzbékistan (25,1 millions ; Tachkent); <strong>le</strong> Tadjikistan(Douchanbe, 6,7 millions) ; Turkménistan (Achkhabad,4,8millions) www.asie-centra<strong>le</strong>.com/Les soldats de la célèbre Armée de Terracotta à Xi’an attirent de moins en moins <strong>le</strong>s touristes举 世 闻 名 的 西 安 兵 马 俑 吸 引 的 外 国 游 客 越 来 越 少 。TourismeUn déficit d’imageLa Chine dispose d’une forte capacitéd’attraction touristique. Son patrimoineancien (34 sites classés par l’Unesco), sespaysages magnifiques, sa gastronomie,son artisanat, <strong>le</strong>s conditions d’accueil <strong>et</strong> unexcel<strong>le</strong>nt rapport qualité/prix ont de quoiséduire. Pourtant, malgré un quatrièmerang comme destination touristique mondia<strong>le</strong>(130 millions de voyageurs en 2008), <strong>le</strong>constat mérite d’être nuancé pour plusieursraisons.D’abord <strong>le</strong>s chiffres. Les 130 millions globauxincluent en fait 105 millions de touristesen provenance de Hong Kong, Macao<strong>et</strong> Taïwan. Non seu<strong>le</strong>ment ce chiffre est enbaisse de 1,4% par rapport à l’année précédentesur <strong>le</strong> total, mai si l’on ne garde que<strong>le</strong>s 25 millions de touristes qui viennentvraiment du monde non-<strong>chinois</strong>, c<strong>et</strong>tebaisse est encore plus forte (- 6,8%) <strong>et</strong> el<strong>le</strong>s’est accélérée en 2009 : - 9,8%.On observe donc une véritab<strong>le</strong> désaffectiondes visiteurs étrangers qui inquiètecertaines métropo<strong>le</strong>s touristiques commeXi’an où <strong>le</strong> tourisme représente 16% duPIB municipal. Pourtant il semb<strong>le</strong> que l<strong>et</strong>ourisme domestique, en augmentation, apris la relève avec 1 160 milliards de Rmb72Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力étrangers.de rec<strong>et</strong>tes en 2008 (environ 170 milliardsde dollars) <strong>et</strong> désormais 75% du total desvisiteurs.La tenue des JO, <strong>le</strong> tremb<strong>le</strong>ment de terredans <strong>le</strong> Sichuan <strong>et</strong> <strong>le</strong>s manifestations anti<strong>chinois</strong>esliées à la question tibétaineexpliquent sans doute la mauvaise performanceen 2008 qui fait suite à une forteaugmentation en 2007 (+ 17,5%).Déjà, après <strong>le</strong>s évènements de Tian An Menen 1989, la crise du SRAS en 2003, avait provoquéune chute.© Imagine ChinaAbsence de communication àl’internationalPourtant l’explication ne suffit pas. D’autrespays sont confrontés à ce type de problèmes(Indonésie, Egypte) <strong>et</strong> parviennentà en limiter la portée grâce à un importanteffort de communication. Le paradoxe dela Chine réside dans l’absence de politiquesà destination des étrangers malgré l’essortouristique. D’après Patricia Tartour, fondatricedu groupe français Maison de laChine spécialisé dans <strong>le</strong> tourisme vers laChine, la Corée <strong>et</strong> <strong>le</strong> Japon, l’office du tourisme<strong>chinois</strong> à Paris reste discr<strong>et</strong>, reçoit peu<strong>le</strong> public <strong>et</strong> ne s’occupe pas des professionnelsfrançais du secteur. « Il semb<strong>le</strong> que<strong>le</strong>urs équipes consacrent essentiel<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>ur temps à organiser <strong>le</strong>s séjours des délégationsen France <strong>et</strong> n’aient pas de budg<strong>et</strong>communication. » Invitée l’année dernièreà Chengdu pour la conférence internationa<strong>le</strong>sur la relance du tourisme, el<strong>le</strong> — <strong>et</strong>d’autres professionnels du secteur — onttenu un même discours sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> àsuivre de l’Inde ou du Maroc, qui organisentdes campagnes de communicationexemplaires tel<strong>le</strong> que « Incredib<strong>le</strong> India ».Fina<strong>le</strong>ment, pour l’instant, ce sont <strong>le</strong>sagences de voyage étrangères qui vendent<strong>le</strong> mieux la Chine à <strong>le</strong>urs compatriotes, en<strong>le</strong>s aidant à comprendre ce pays en évolutionsur <strong>le</strong>quel circu<strong>le</strong>nt des messages contradictoires.Qu’el<strong>le</strong>s soient mieux placéespour <strong>le</strong> faire n’est pas étonnant puisqu’el<strong>le</strong>sconnaissent bien <strong>le</strong> goût <strong>et</strong> l’imaginaire de<strong>le</strong>urs compatriotes, de la même façon que<strong>le</strong>s Chinois vendent sans doute mieux quepersonne la France à <strong>le</strong>urs concitoyens.La Chine a donc tous <strong>le</strong>s atouts nécessairespour attirer <strong>le</strong>s touristes étrangers, l’uniquebémol tenant aux limites de l’offre actuel<strong>le</strong>par rapport au potentiel du pays — <strong>le</strong>s infrastructurespour des produits tels que<strong>le</strong> balnéaire, la location de voiture sanschauffeur, <strong>le</strong>s habitats dans <strong>le</strong>s réservesnaturel<strong>le</strong>s… Mais pour Patricia Tartour, <strong>le</strong>problème est ail<strong>le</strong>urs : « L’intérêt [pour laChine] est profond <strong>et</strong> ce sera une montéeen puissance peut-être chaotique mais inéluctab<strong>le</strong>.Ce qui r<strong>et</strong>arde <strong>le</strong> processus c’estun déficit d’image parce que la Chine n’aaucune communication institutionnel<strong>le</strong>soutenue en matière de tourisme. » •Catherine Debeaumarché旅 游 业 :形 象 宣 传 得 不 够2008 年 , 中 国 以 接 待 1.3 亿 名 游 客 成 为 世 界 第四 大 旅 游 地 , 她 拥 有 真 正 的 吸 引 力 。 然 而 ,这 个 数 字 要 相 对 看 待 。 一 方 面 , 它 包 括 来 自香 港 、 澳 门 和 台 湾 的 游 客 , 他 们 占 总 数 的1.05 亿 以 上 。 另 一 方 面 , 与 上 一 年 相 比 , 游客 数 量 下 降 了 1.4%, 只 保 住 了 2500 万 来 自 国外 的 游 客 , 下 降 了 6.8%。2009 年 , 游 客 数 量继 续 减 少 , 与 2008 年 相 比 下 降 了 9.8%。即 便 如 此 , 中 国 旅 游 收 入 却 没 有 停 止 增加 —2008 年 旅 游 总 收 入 为 11600 亿 元 ( 约 合1700 亿 美 元 ), 这 是 由 国 内 旅 游 业 的 飞 速 增长 拉 动 的 , 国 内 旅 游 收 入 为 8750 亿 元 , 占 总收 入 的 75%。外 国 游 客 的 疏 远 让 西 安 感 到 不 安 ( 西 安 旅游 业 的 收 入 占 其 GDP 的 16%), 正 如 2008 年底 《 中 国 日 报 》 一 篇 文 章 的 题 目 所 见 证 的 那样 :“ 兵 马 俑 感 到 了 经 济 危 机 的 打 击 ”。游 客 数 量 的 减 少 或 许 是 2007 年 增 长 17.5% 的反 冲 , 以 及 奥 运 会 召 开 、 四 川 地 震 和 西 藏 问题 所 致 的 反 华 示 威 的 影 响 。 国 际 环 境 对 旅 游业 产 生 不 利 影 响 已 经 不 是 第 一 次 了 , 相 同 的现 象 在 1989 年 天 安 门 事 件 后 以 及 2003 年 非 典中 看 到 过 。其 他 国 家 像 印 度 尼 西 亚 和 埃 及 也 会 碰 到 此类 问 题 , 他 们 经 常 受 到 恐 怖 活 动 的 袭 击 , 但他 们 总 能 通 过 有 效 的 公 关 来 控 制 恐 怖 活 动 的影 响 。因 此 , 吸 引 力 就 起 了 作 用 。 愿 望 不 是 自 行产 生 的 , 需 要 被 鼓 动 ...... 通 过 有 效 的 旅 游 政策 。中 国 的 反 常 之 处 就 在 于 缺 乏 针 对 外 国 游 客 的这 种 政 策 , 即 使 其 旅 游 业 正 蓬 勃 发 展 。 法 国法 中 之 家 旅 行 社 ( 专 门 安 排 到 中 国 、 韩 国和 日 本 的 旅 游 ) 的 创 办 人 塔 图 尔 (PatriciaTartour ) 认 为 , 在 巴 黎 的 中 国 旅 游 局 鲜 为人 知 , 很 少 接 待 公 众 , 也 很 少 关 心 法 国 的 同行 。“ 他 们 的 团 队 似 乎 把 时 间 主 要 用 来 组 织赴 法 代 表 团 , 而 且 没 有 对 外 宣 传 的 预 算 ”。去 年 她 被 邀 请 参 加 成 都 的 一 次 振 兴 旅 游 业 的国 际 会 议 , 她 和 其 他 业 内 人 士 发 表 了 一 篇 关于 学 习 印 度 和 摩 洛 哥 模 式 的 演 讲 , 这 两 个国 家 组 织 了 一 些 值 得 效 仿 的 宣 传 活 动 , 例如 “ 不 可 思 议 的 印 度 ”。目 前 , 主 要 是 外 国 旅 行 社 在 向 它 们 的 同胞 推 销 中 国 , 尤 其 是 帮 助 他 们 更 好 地 了 解 这个 变 革 中 的 国 家 。 关 于 这 个 国 家 , 流 传 着 一些 矛 盾 的 信 息 。 外 国 的 旅 行 社 更 适 合 推 销 中国 , 这 一 点 都 不 奇 怪 , 因 为 它 们 非 常 了 解 自己 同 胞 的 喜 好 和 向 往 , 同 样 , 中 国 人 或 许 比任 何 人 都 能 更 好 地 向 自 己 的 同 胞 推 销 法 国 。无 论 如 何 , 中 国 拥 有 吸 引 外 国 游 客 的 一 切必 要 优 势 : 古 老 的 文 化 和 自 然 遗 产 ( 有 34 处被 列 入 联 合 国 教 科 文 组 织 的 世 界 遗 产 ), 优美 的 景 色 , 美 食 , 手 工 艺 , 接 待 条 件 和 极 高的 性 价 比 。 与 国 家 的 发 展 潜 力 相 比 , 唯 一 掣肘 的 是 目 前 所 提 供 的 旅 游 产 品 的 限 制 : 配 套的 基 础 设 施 依 然 不 够 , 例 如 海 水 浴 场 、 自 驾车 租 赁 、 自 然 保 护 区 的 居 住 等 。塔 图 尔 这 样 总 结 情 况 :“ 人 们 对 中 国 的 兴趣 浓 厚 , 这 将 保 持 强 有 力 的 上 升 势 头 , 或 许是 混 乱 的 , 但 是 不 可 阻 止 的 。 耽 误 这 一 进 程是 一 种 形 象 上 的 损 失 , 因 为 中 国 没 有 任 何 持久 的 在 旅 游 方 面 的 官 方 宣 传 。” •Connexions / mars 2010 73


DOSSIER专 栏Les arts martiaux <strong>chinois</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong>s arts énergétiques connaissent un véritab<strong>le</strong> engouement en Occident.中 国 的 武 术 和 气 功 在 西 方 备 受 推 崇© Imagine ChinaChine éternel<strong>le</strong>Quand la tradition devient commerceA la fois source de crainte <strong>et</strong> de fascination, la Chine s’est peu à peu imposée à partir duXIII e sièc<strong>le</strong> dans l’imaginaire occidental. Aujourd’hui, ce sont surtout des éléments de latradition <strong>chinois</strong>e qui attirent <strong>le</strong> plus <strong>le</strong>s Occidentaux.Sères, Cathay, cé<strong>le</strong>ste empire, terre desf<strong>le</strong>urs, terre des herbes, f<strong>le</strong>uve b<strong>le</strong>u, f<strong>le</strong>uvejaune, f<strong>le</strong>uve du dragon noir, grandemurail<strong>le</strong>… Voilà quelques pièces dupatchwork de la Chine éternel<strong>le</strong> encor<strong>et</strong>issé aujourd’hui par l’Occident. Aucommencement, <strong>le</strong> pays fut d’abord <strong>le</strong>symbo<strong>le</strong> du mystère de la fabrication dela soie, secr<strong>et</strong> gardé pendant 3000 ans. Lafascination des Occidentaux grandit plustard, à la <strong>le</strong>cture des premiers récits devoyageurs, marchands <strong>et</strong> missionnairesdu XIII e sièc<strong>le</strong>, <strong>et</strong> notamment de MarcoPolo. Dans c<strong>et</strong>te Chine dominée par <strong>le</strong>sMongols, <strong>le</strong>s ponts en pierre <strong>le</strong> disputentaux épices, soieries <strong>et</strong> pierreries… « Ildécrit une terre si envoûtante de parsa nouveauté qu’y pénétrer pouvait secomparer au fait de passer de l’autre côtéd’un miroir. C’est ce passage — d’uneEurope restée provincia<strong>le</strong> vers un empired’une éclatante étrang<strong>et</strong>é — qui confèreau récit encore aujourd’hui une qualitéquasi onirique », écrit la New York Reviewof books 1 .Si <strong>le</strong> thème de la Chine éternel<strong>le</strong> emprunteà Marco Polo, <strong>le</strong>s voyageurs n’ont pourtantpas toujours donné une image positivede la Chine. Au XVIII e sièc<strong>le</strong>, la mode des<strong>chinois</strong>eries associe de nouveau Chine <strong>et</strong>fantastique, <strong>et</strong> célèbre un univers hanté dedragons <strong>et</strong> de phœnix. Comme l’expliqueCyril<strong>le</strong> Javary, sinologue <strong>et</strong> traducteur74Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力du Yi Jing, <strong>le</strong> kaléidoscope de l’éternel<strong>chinois</strong> prendra d’autres cou<strong>le</strong>urs par lasuite. « Au XIX e sièc<strong>le</strong>, la Chine apparaîtcomme un pays colonisé, avec en toi<strong>le</strong> defond l’image, déformée par l’occupationmandchoue, de Chinois fourbes, sa<strong>le</strong>s,cruels, <strong>et</strong> portant la natte. » Aujourd’hui, laChine est aussi bien vue comme un paysà la civilisation cinq fois millénaire quecomme l’atelier du monde. A l’élémentde fantasme positif, parnature très vendeur, vient « Mêmecorrespondre l’élémentrepoussoir du fantasmenégatif.Tradition contremodernitéSi des fragments de culture<strong>chinois</strong>e pénètrent de plusen plus dans <strong>le</strong> quotidiendes Occidentaux — timbrespostaux à l’effigie des Ça faitsignes du zodiaque <strong>chinois</strong>— la Chine qui séduit <strong>le</strong>plus l’Occident, cel<strong>le</strong> du beau,fantasme positif, rest<strong>et</strong>rès associée à l’his-toireancienne. Inversement,vendre des artic<strong>le</strong>s rappelant trop laChine contemporaine n’est pas toujoursbien vu, comme l’explique VirginieFournier, patronne de Shanghai Trio,une boutique de mode <strong>et</strong> d’accessoiresfabriqués en Chine. « Au début, dans <strong>le</strong>ssalons, certaines personnes nous ontreproché de travail<strong>le</strong>r avec la Chine »,explique-t-el<strong>le</strong>. Depuis la PME a réviséson identité visuel<strong>le</strong> pour apparaître plusinternationa<strong>le</strong>.En France, la Chine éternel<strong>le</strong> se r<strong>et</strong>rouvedans l’univers baroque d’Antoine <strong>et</strong> Liliainsi que chez Nature & Découvertes,dont <strong>le</strong>s « théières à f<strong>le</strong>urs de cerisiers »sont présentées comme très en voguesous <strong>le</strong>s dynasties impéria<strong>le</strong>s. Revisitésà l’aune de l’histoire <strong>chinois</strong>e, <strong>le</strong>s obj<strong>et</strong>s<strong>le</strong>s plus banals apparaissent donc sousun jour nouveau, tel un tabour<strong>et</strong> que<strong>le</strong>s cordonniers <strong>chinois</strong> utilisent pour« s’asseoir à dix centimètres du sol ».La Compagnie française de l’Orient <strong>et</strong>de la Chine se positionne quant à el<strong>le</strong>depuis quarante-quatre ans sur l’artisanatde luxe, <strong>et</strong> ses boutiques ont des alluresapposé à unde musée. C<strong>et</strong>te Chine d’autrefois, voirehors du temps, fait aussi <strong>le</strong> bonheur desvendeurs de reproductions (vases Ming)<strong>et</strong> des antiquaires (vendeurs de pipes,pinceaux, cages à grillons des années30…). « Alors que <strong>le</strong> fait marquant du XXI esièc<strong>le</strong> fut l’enrichissement de l’Asie en unegénération, il semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s Occidentauxont arrêté <strong>le</strong> temps au chapitre où ilspossédaient <strong>le</strong> monde », analyse Cyril<strong>le</strong>Javary.Outre <strong>le</strong>s obj<strong>et</strong>s <strong>chinois</strong>,<strong>le</strong>s soins du corps, lamédecine traditionnel<strong>le</strong><strong>et</strong> <strong>le</strong>s arts énergétiquesrencontrent aussi un grossuccès. Ke Wen, 43 ans,est l’une des premièresambassadrices du qigong <strong>et</strong> du tai-chi enFrance. Depuis la créationde son association « LesTemps du Corps » 2 en1992, el<strong>le</strong> a formé plusde 500 professeurs <strong>et</strong>vient de publier unlivre visant à « offrir<strong>le</strong>s clés nécessaires àl’entr<strong>et</strong>ien de la santé par une méthodenaturel<strong>le</strong> utilisée par <strong>le</strong>s Chinois depuisdes milliers d’années ». Ke Wen, on <strong>le</strong>voit, m<strong>et</strong> l’accent sur la tradition, <strong>et</strong> s’enexplique : « Ce que la culture <strong>chinois</strong>epeut <strong>le</strong> mieux apporter à l’Occident, c’estc<strong>et</strong>te confiance instinctive en la vie, baséesur l’union de la matière <strong>et</strong> du souff<strong>le</strong>. EnChine, c’est à la fois un art de vivre <strong>et</strong> unephilosophie de la vie quotidienne. Depuisson origine lointaine, la culture <strong>chinois</strong>en’a jamais cessé de privilégier l’harmonie<strong>et</strong> l’équilibre au cœur du mouvementincessant de la vie ».C<strong>et</strong> engouement pour <strong>le</strong>s arts martiaux<strong>chinois</strong>, la jeune fédération française de qigong <strong>le</strong> mesure par la statistique : entre2002 <strong>et</strong> 2009, el<strong>le</strong> est passée de 4 585 à13 000 membres, pour un total de 40 000pratiquants réguliers. Le qi gong a mêmepénétré la sphère socia<strong>le</strong>, puisqu’on l<strong>et</strong>rouve aussi bien dans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s <strong>et</strong> <strong>le</strong>smaisons de r<strong>et</strong>raite qu’en milieu carcéral.A la popularité du qi gong répond cel<strong>le</strong>du taoïsme. Selon Frédérique Pons, desEditions Albin Michel, la traduction •••produit desupermarché,aujourd’hui<strong>le</strong> taoismefait vendre.mystérieux,brumeux.»Quand <strong>le</strong>s créateurs contemporains revisitent<strong>le</strong>s classiques…当 当 代 艺 术 家 重 新 看 待 古 典 作 品 ……© Imagine China© Imagine China© Imagine ChinaConnexions / mars 2010 75


DOSSIER专 栏••• du Yi Jing3 a connu un véritab<strong>le</strong>succès, avec 25 000 exemplairesvendus. Les experts en managementl’ont compris, tel Hervé Sérieyx, auteurde Dix <strong>le</strong>çons <strong>chinois</strong>es pour managersoccidentaux. « Même apposé à unproduit de supermarché, aujourd’hui,<strong>le</strong> taoïsme fait vendre, remarqueCyril<strong>le</strong> Javary. Ça fait mystérieux, beau,brumeux. » A noter aussi que <strong>le</strong> GrandPalais va consacrer pour la première foisune exposition au tao à partir du 31 mars.Une modernité styliséeSi <strong>le</strong> potentiel d’attraction de la Chine sesitue plus dans <strong>le</strong> passé, cela n’a jamaisempêché <strong>le</strong>s créateurs de revisiter laculture traditionnel<strong>le</strong>. On l’a vu avecdes obj<strong>et</strong>s du quotidien, qui, rattachésà l’histoire, prennent de l’épaisseur <strong>et</strong>transportent dans l’univers <strong>chinois</strong>.On <strong>le</strong> voit aussi à travers l’exemp<strong>le</strong> de lamarque de prêt à porter hongkongaiseShanghai Tang. Créée en 1994 parDavid Tang, el<strong>le</strong> est considérée commela première maison de luxe <strong>chinois</strong>e <strong>et</strong>possède 40 boutiques dans <strong>le</strong> monde.Le concept de Shanghai Tang consisteà mê<strong>le</strong>r un design chic <strong>et</strong> contemporainavec des éléments inspirés de la Chineclassique. « Shanghai Tang représentel’essentiel de cinq mil<strong>le</strong> ans de culture<strong>chinois</strong>e propulsée dans <strong>le</strong> XXI e sièc<strong>le</strong> »,résume <strong>le</strong> fondateur. Or d’après <strong>le</strong> PDGRaphaël Le Masne de Chermont, « <strong>le</strong>potentiel d’inspiration du patrimoine<strong>chinois</strong> est infini <strong>et</strong> extrêmement varié.Les <strong>chinois</strong>eries, <strong>le</strong> Shanghai des années30, <strong>le</strong>s meub<strong>le</strong>s épurés, c’est bien, maisla Chine c’est bien plus que ça. Nousinterprétons la tradition de manièrecontemporaine ». A la clé : la col<strong>le</strong>ctionprintemps 2010 « Love restraint » s’inspirede la façon dont <strong>le</strong>s Chinois expriment<strong>le</strong>urs sentiments amoureux. Preuve que<strong>le</strong> détail a son importance : pour dessiner<strong>le</strong>s motifs des robes en soie, <strong>le</strong>s stylistesont fait appel à des maîtres calligraphes.Revisité à l’aune de la modernité, l’éternel<strong>chinois</strong> semb<strong>le</strong> avoir de beaux joursdevant lui, y compris au cinéma, comme<strong>le</strong> montrent <strong>le</strong>s films de Wong Kar-wai. •Hélène Duvigneau« L’Amérique évoque d’abord un rêve pour <strong>le</strong>ur propre pays, celui de dépasser ce géantqui conserve jalousement son pouvoir sur <strong>le</strong> monde. » 美 国 首 先 令 人 想 到 的 是 一 个 对 自 己 国 家 的 梦想 , 超 过 美 国 的 梦 想 , 这 个 大 国 小 心 翼 翼 地 保 持 其 世 界 权 力 。Planète jeunesRêve <strong>chinois</strong>, rêve américain ou rêvefrançais ?Que représentent la Chine, <strong>le</strong>s Etats-Unis <strong>et</strong> la France pour <strong>le</strong>sjeunes étrangers qui viennent étudier <strong>et</strong> travail<strong>le</strong>r en Chine <strong>et</strong>pour <strong>le</strong>s Chinois qui étudient <strong>le</strong> français ?Une amie <strong>chinois</strong>e parlant français <strong>et</strong> travaillantà Pékin m’a d’abord malicieusementrépondu : <strong>le</strong> rêve américain se résume à« pouvoir, pouvoir », <strong>le</strong> rêve <strong>chinois</strong> à « argent,argent » <strong>et</strong> <strong>le</strong> rêve français à « loisirs,loisirs »… Explosion de rires des jeunesFrançais <strong>et</strong> Chinois autour de la tab<strong>le</strong>, quiont trouvé c<strong>et</strong>te caricature assez juste.Le rêve <strong>chinois</strong> : dynamisme, nouveauté<strong>et</strong> opportunitésDe fait, qu’on soit Chinois ou pas, la croissanceéconomique de l’Empire du milieu<strong>et</strong> ses promesses ont beaucoup à voiravec la fascination qu’il exerce. Mais passeu<strong>le</strong>ment. Presque tous <strong>le</strong>s sondés ontplacé <strong>le</strong> dynamisme de la Chine, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s innombrab<strong>le</strong>sopportunités que <strong>le</strong> pays peutoffrir, en matière de travail, mais aussi de découvertes<strong>et</strong> d’expériences variées, commepremier critère d’attraction.Certains Français ont pensé qu’avec undiplôme moyennement reconnu, ils auraientplus d’opportunités de construireune bel<strong>le</strong> carrière en passant par la Chine.Maxime a voulu tenter sa chance après unvoyage à Canton, <strong>et</strong> créer sa propre entreprisede sourcing, Laboit’Atout, plutôt quede s’inscrire à l’ANPE. D’autres se sont laissésattirer par l’envie de nouveauté, cherchant àfuir <strong>le</strong> quotidien français pour se confronterà la comp<strong>le</strong>xité de ce grand pays, qui imposeune constante attention.Plusieurs jeunes Asiatiques (Japonais,Coréens, Malaisiens, Indonésiens) évoquent© Imagine China76Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力éga<strong>le</strong>ment c<strong>et</strong>te dernière raison, ainsi que<strong>le</strong> resserrement des liens économiques entre<strong>le</strong>ur pays <strong>et</strong> la Chine <strong>et</strong> la possibilité pourdes jeunes sans grands moyens d’avoir unmeil<strong>le</strong>ur niveau de vie en Chine où <strong>le</strong> coûtde la vie est faib<strong>le</strong>. Plusieursd’entre eux sont éga<strong>le</strong>ment« Un rêvepartis pour rechercher desorigines <strong>chinois</strong>es oubliées.Le rêve français : qualité <strong>chinois</strong>de la vie <strong>et</strong> richesse culturel<strong>le</strong>La majorité des Chinois interrogésont choisi la languefrançaise comme un avantagecompétitif sur <strong>le</strong> marchéde l’emploi par rapport auxcohortes de jeunes diplômés parlant anglais,un atout supplémentaire pour travail<strong>le</strong>ravec l’Europe <strong>et</strong> <strong>le</strong>s pays africains.Le rêve français, lui, est placé sous <strong>le</strong> signedes loisirs, que ce soit pour <strong>le</strong>s Français quiévoquent la qualité de vie de <strong>le</strong>ur pays oupour <strong>le</strong>s étudiants <strong>chinois</strong> qui rêvent des artistesà Montmartre, de la richesse culturel<strong>le</strong>commun :la réductionfrançaise <strong>et</strong> de son industrie du luxe florissante.Une jeune Malaisienne travaillantà Pékin a résumé ainsi son idéal français :« plus que <strong>le</strong> seul produit du travail, l’idéequ’une partie de la vie est d’apprécier aumieux ce qu’el<strong>le</strong> a à offrir.»Rêve américain versusrêve <strong>chinois</strong>A cela s’oppose <strong>le</strong> rêveaméricain, qui renvoi<strong>et</strong>ous <strong>le</strong>s jeunes étrangers(non-Chinois) à sadéfinition classique, soit lapossibilité pour toute personnevivant aux Etats-Unis de prospérer par sontravail. Ils n’y croient pas pour autant, maisont en tête l’image de la famil<strong>le</strong> américainemodè<strong>le</strong>, qui ne dit rien aux Chinois.Ces derniers voient dans <strong>le</strong>s Etats-Unis <strong>le</strong>pays de la démocratie <strong>et</strong> de la liberté ainsique <strong>le</strong> plus grand diffuseur culturel mondial,<strong>le</strong> pays du cinéma <strong>et</strong> de la musique, deMacDo <strong>et</strong> KFC, <strong>et</strong>c.des inégalitésde richesse. »Cependant, l’Amérique évoque aussid’abord un rêve pour <strong>le</strong>ur propre pays : celuide dépasser ce géant qui conserve jalousementson pouvoir sur <strong>le</strong> monde.Quant aux étrangers, beaucoup pensentque <strong>le</strong> mythe du « tout est possib<strong>le</strong> en travaillantdur » a existé lorsque <strong>le</strong>s Etats-Unisétaient un jeune pays en croissance, commel’est la Chine aujourd’hui. Une partie durêve américain se serait donc transforméeen rêve <strong>chinois</strong>, à ceci près que l’ascenseursocial semb<strong>le</strong> déjà en panne pour de nombreuxChinois, cassé par <strong>le</strong> poids des inégalités; <strong>et</strong> que <strong>le</strong> rêve des jeunes Chinoisqui commencent à gagner <strong>le</strong>ur vie n’estpas de consommer, mais d’épargner pourach<strong>et</strong>er un logement <strong>et</strong> assurer sa sécuritéfuture.Une jeune Chinoise m’a d’ail<strong>le</strong>urs dit que, s’i<strong>le</strong>xistait un rêve <strong>chinois</strong> commun, c’était laréduction des inégalités de richesse <strong>et</strong> uneamélioration du niveau de vie pour touslorsque croît <strong>le</strong> PIB. •Catherine DebeaumarchéConnexions / mars 2010 77


DOSSIER专 栏Dong Qiang,est professeur à l’Université de Pékin.« La Chine manquede discours d’interprétation »Ami de l’écrivain Jean-Marie <strong>le</strong> Clézio <strong>et</strong> de l’architecte Paul Andreu,conférencier, auteur, éditeur, artiste <strong>et</strong> traducteur, Dong Qiangest l’un des intel<strong>le</strong>ctuels francophones <strong>chinois</strong> <strong>le</strong>s plus actifs. Il aparticipé activement dès 1995, à la création des éditions B<strong>le</strong>u deChine en France, spécialisées dans la traduction d’auteurs <strong>chinois</strong>contemporains. Traducteur de plus de vingt-cinq livres, il œuvredans <strong>le</strong>s domaines de la philosophie, de la littérature <strong>et</strong> des arts, <strong>et</strong>ceci dans <strong>le</strong>s sens franco-<strong>chinois</strong> <strong>et</strong> sino-français, ce qui est rare.Connexions : Que pensez-vous de la politique actuel<strong>le</strong> de développementdu <strong>soft</strong> <strong>power</strong> en Chine ?Dong Qiang : J’ai été un des premiers Chinois conscients de la nécessitéde mieux présenter la culture <strong>chinois</strong>e à l’étranger. Chinoisà Paris à la fin des années 80, je me suis rendu compte qu’il y avaittrès peu de choses sur la Chine <strong>et</strong> j’ai réagi en traduisant, en aidantà la création d’une maison d’édition. Aussi je vois d’un très bon œil<strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> gouvernement <strong>chinois</strong> se lance dans une politiquede promotion culturel<strong>le</strong> à l’étranger. Quand il monte des InstitutsConfucius, je ne peux qu’applaudir même si, dans <strong>le</strong> concr<strong>et</strong>, j’aibeaucoup de réserves.C. : Pourquoi ces réserves ?D. Q. : Dans <strong>le</strong>s instituts Confucius, on apprend à par<strong>le</strong>r <strong>le</strong> <strong>chinois</strong>,mais où tout cela mène-t-il ? On r<strong>et</strong>ombe trop vite sur un peu decuisine <strong>et</strong> de calligraphie, sur quelque chose de fade. Le vrai problèmede fond c’est que la Chine manque d’intel<strong>le</strong>ctuels capab<strong>le</strong>sde tenir un discours d’interprétation sur <strong>le</strong>ur propre culture. Quandon évoque <strong>le</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong> en Chine, on <strong>le</strong> trouve souvent associé àc<strong>et</strong> autre concept 核 心 价 值 观 (hexinjiazhiguan c’est-à-dire « va<strong>le</strong>ursnoyaux »). Or quel<strong>le</strong>s sont ces va<strong>le</strong>urs de base que la Chinepeut présenter au monde ? Aujourd’hui, on rem<strong>et</strong> sur scène Confuciusà travers <strong>le</strong>s études nationa<strong>le</strong>s (guoxue 国 学 ). Mais ce r<strong>et</strong>ouren arrière n’est pas bien digéré. La force d’une culture, c’est d’êtrecapab<strong>le</strong> de bien interpréter ses classiques. Or la Chine tâtonne,par<strong>le</strong> de Confucius, de Laozi, m<strong>et</strong> en va<strong>le</strong>ur des tombeaux récemmentdécouverts… sans savoir vers quoi tout cela va mener. C’estde l’archéologie. Nous savons organiser de grands événementscomme <strong>le</strong>s Jeux olympiques ou l’Exposition universel<strong>le</strong> mais nousn’arrivons pas à nuancer <strong>le</strong>s choses. Je ne vois personne capab<strong>le</strong>de nous expliquer pourquoi nous avons besoin des classiques, enquoi ils peuvent nous être uti<strong>le</strong>s. Je suis même incapab<strong>le</strong> de vousciter un nom d’intel<strong>le</strong>ctuel <strong>chinois</strong> qui écrit régulièrement des livresqui me nourrissent <strong>et</strong> m’éclairent.C. : On passe par un moment commun, depuis trois ou quatre ans, de prisede conscience de sa force qui justifie une forme de nationalisme <strong>et</strong> un r<strong>et</strong>ourà des thèmes liés à l’histoire <strong>et</strong> à la grandeur de la Chine. En mêm<strong>et</strong>emps, l’irruption du marché semb<strong>le</strong> réduire la possibilité de faire un travaild’auteur <strong>et</strong> on peine à relier l’ancien <strong>et</strong> <strong>le</strong> moderne. Qu’en pensez-vous ?D. Q. : Le cas du réalisateur Zhang Yimou est très parlant. Son filmsLes trois fusils est mauvais <strong>et</strong> a effaré <strong>le</strong> public <strong>chinois</strong>. Même chosepour Confucius. Ce n’est pas parce que l’intention est bonne qu’onaboutit à un bon résultat. On manque de direction généra<strong>le</strong>. LaChine aimerait créer des choses origina<strong>le</strong>s mais el<strong>le</strong> n’a pas encoreréussi, sauf dans l’architecture peut-être avec Ma Qingyun parexemp<strong>le</strong>. L’art contemporain a du succès, mais <strong>le</strong>s artistes <strong>le</strong>s plusconnus ne font rien de <strong>chinois</strong>. Ils sont <strong>le</strong>s descendants des Américains,du Pop art. Leur vraie force, c’est de regarder la réalité en face78Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力Dong Qiang, « Personnel<strong>le</strong>ment, j’agis tous <strong>le</strong>s jours en faveur de l’ouverture de la Chine.»董 强 说 :“ 作 为 个 人 , 我 每 天 都 在 为 中 国 的 开 放 而 行 动 ”。© Imagine China<strong>et</strong> de témoigner de l’évolution rapide de la société <strong>chinois</strong>e maisl’écart est trop grand entre c<strong>et</strong> art contemporain hyperréaliste, oùl’argent est roi, <strong>et</strong> un système hyperclassique d’études nationa<strong>le</strong>savec une interprétation au pied de la l<strong>et</strong>tre de Confucius <strong>et</strong> destentatives pour faire lire aux enfants des textes anciens. Et au milieu,on trouve une masse de gens qui essaie de vivre mieux, d’avoir unevoiture <strong>et</strong> une maison <strong>et</strong> qui conditionne <strong>le</strong> marché culturel.Il y a pourtant un secteur qui mérite d’être suivi, c’est celui destéléfilms qui véhicu<strong>le</strong>nt des va<strong>le</strong>urs contemporaines. C’est apparemmentmoins prestigieux que <strong>le</strong> cinéma qui fut l’arme principa<strong>le</strong>du <strong>soft</strong> <strong>power</strong> américain, mais contrairement à d’autres formesde productions culturel<strong>le</strong>s qui sont tel<strong>le</strong>ment marquées par <strong>le</strong>urorigine occidenta<strong>le</strong>, <strong>le</strong> téléfilm est un genre que <strong>le</strong>s Asiatiques ontpu se réapproprier faci<strong>le</strong>ment parce qu’il correspond un peu auroman f<strong>le</strong>uve traditionnel (roman par chapitres) comme Au bordde l’eau, Le rêve dans <strong>le</strong> pavillon rouge. C’est un phénomène très asiatique<strong>et</strong> cela a un impact beaucoup plus important en Chine que<strong>le</strong> cinéma. En principe, cela ne marche encore que dans <strong>le</strong> monde<strong>chinois</strong>. Mais dans <strong>le</strong> futur ?C. : Vous par<strong>le</strong>z d’un déficit de capacité d’interprétation. La Chine pourtantfait beaucoup par<strong>le</strong>r d’el<strong>le</strong>.D. Q. : La Chine fait par<strong>le</strong>r d’el<strong>le</strong> à cause de sa réalité, pas à causedes images ou des discours qu’el<strong>le</strong> crée. Et ce réel est tel<strong>le</strong>mentfort <strong>et</strong> puissant que cela donne à tout moment l’impression quela Chine va créer des images fantastiques. C’est c<strong>et</strong>te potentialitépermanente qui fascine.Pour construire notre discours d’interprétation, nous devronséclaircir ce paradoxe. La Chine est entrée dans la modernité par laforce des canons de l’Occident. Comme <strong>le</strong>s Chinois voulaient êtrepuissants, occuper une place dans <strong>le</strong> monde, beaucoup ont accepté<strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs occidenta<strong>le</strong>s, ont copié des modè<strong>le</strong>s occidentauxmais ils préfèrent ne pas trop en par<strong>le</strong>r. Il faut au contraire vanter<strong>le</strong>s origines <strong>chinois</strong>es de sa réussite. Dans <strong>le</strong>s aéroports, passentrégulièrement des vidéos d’hommes d’affaires qui ont réussi <strong>et</strong>expliquent <strong>le</strong>ur succès par <strong>le</strong>ur <strong>le</strong>cture de Confucius ou du Livredes Mutations. Ils donnent une interprétation moderne des Classiques,certes, mais il s’agit plutôt d’un usage direct, pragmatique,en prenant des phrases des classiques au pied de la l<strong>et</strong>tre, parfoisen réécrivant la phrase. Ils peuvent utiliser n’importe quel<strong>le</strong> notioncomme ils veu<strong>le</strong>nt. Ils ont raison puisqu’ils ont réussi.D’autre part, il ne faut jamais oublier qu’une vision nationalistepurement <strong>chinois</strong>e, ne perm<strong>et</strong> pas de comprendre la Chine moderne.La Chine n’est pas un bloc. La modernité depuis 100 ans acomp<strong>le</strong>xifié la Chine. Il y une dose très forte d’occidentalisation,en tout cas sur <strong>le</strong> côté « hard ». Les grands appartements sont tousaméricains. Le rêve <strong>chinois</strong>, c’est presque une copie du rêve américainaujourd’hui. Si on ne comprend pas ça, on ne comprendpas la Chine.C. : Quand on par<strong>le</strong> de <strong>soft</strong> <strong>power</strong> culturel à des Chinois, très souvent ils <strong>le</strong>voient comme une notion à usage interne : un r<strong>et</strong>our à une fierté culturel<strong>le</strong>,une forme de nationalisme ? Les Chinois s’intéressent-ils vraiment à <strong>le</strong>urrayonnement culturel à l’étranger ?D. Q. : La plupart du temps, <strong>le</strong> premier souci des Chinois n’est pas <strong>le</strong>rayonnement du pays à l’étranger. Tous <strong>le</strong>s Chinois — intel<strong>le</strong>ctuelscompris —, pensent que nous avons fait trop de bêtises, perdutrop de temps, que nous sommes dans une période de •••Connexions / mars 2010 79


DOSSIER专 栏«Les téléfilms sont un genre que <strong>le</strong>s Asiatiques ont pu se réapproprier faci<strong>le</strong>ment parcequ’il correspond un peu au roman f<strong>le</strong>uve traditionnel ». Ci-dessus : La série TV « DwellingNarrowness », <strong>le</strong> quotidien de deux soeurs pour s’en sortir dans une métropo<strong>le</strong>, rencontreun vif succès en Chine. 电 视 剧 是 一 种 让 亚 洲 人 更 容 易 找 到 归 属 感 的 类 型 , 与 长 河 小 说 有 些 一 致 。 上 图 : 电 视 剧《 蜗 居 》 讲 述 了 两 姐 妹 在 一 座 大 城 市 的 奋 斗 历 程 , 该 剧 在 中 国 大 获 成 功 。© Imagine China•••rattrapage <strong>et</strong> que nous ne voulons pas de perturbations.Nous sommes dans l’état d’esprit du sportif qui veutcourir <strong>le</strong> plus vite possib<strong>le</strong> <strong>et</strong> arriver au bout. Ce qui se passeà l’extérieur ne nous intéresse que si ça peut nous aider. Enmême temps, <strong>le</strong>s Chinois aiment ce qui donne de la face, recevoirdes compliments. Mais ce n’est pas <strong>le</strong> premier souci…C. : Dans une planète qui rétrécit, il y a pourtant ceux qui demandent descomptes à la Chine. Face à ces critiques, <strong>le</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong> n’est-il pas un moyend’attirer la sympathie, d’exercer un <strong>le</strong>adership moral ?D. Q. : Le plus souvent, vous <strong>le</strong> savez, la réponse <strong>chinois</strong>e c’est :« Nous avons encore beaucoup de problèmes à résoudre. Noussommes encore peu développés ». Et puis, en Chine, il y a c<strong>et</strong>teidée taoïste : un vrai pouvoir n’est pas éclatant. Tous <strong>le</strong>s Chinoisrecherchent un peu de puissance. Même un laobaixing, un <strong>chinois</strong>moyen, veut du pouvoir d’achat, un peu de puissance en tant queconsommateur.Et en même temps, <strong>le</strong>s Chinois savent que ce qui est tapeà-l’œiln’est pas la vraie puissance. On entend beaucoup cesjours-ci par<strong>le</strong>r de didiao 低 调 gaodiao 高 调 , basse <strong>et</strong> haute tonalité…Les Chinois aiment <strong>le</strong>s gens discr<strong>et</strong>s, de basse tonalité,mais puissants. En Chine, l’idée de séduire n’est pas forcémentconnotée positivement ou associée à la puissance. Et puis <strong>le</strong>sChinois sont pragmatiques. Ils pensent que si on présente unintérêt, on est attractif. Nul besoin d’effort particulier de séduction.L’autre viendra parce qu’il y gagne. Dans <strong>le</strong> taoïsme, d’ail<strong>le</strong>urs, l’eaun’a pas besoin de séduire, c’est une puissance passive mais trèsforte.C. : Selon vous, quels sont <strong>le</strong>s éléments essentiels qui perm<strong>et</strong>traient à laChine de mieux développer son <strong>soft</strong> <strong>power</strong> ?D. Q. : S’ouvrir. Personnel<strong>le</strong>ment, j’agis tous <strong>le</strong>s jours en faveur del’ouverture de la Chine. S’il n’y avait pas eu l’Inde, il n’y aurait pasde bouddhisme <strong>chinois</strong>. S’il n’y avait pas eu l’Occident, il n’y auraitpas eu de modernisation. La culture <strong>chinois</strong>e est forte parce qu’el<strong>le</strong>est capab<strong>le</strong> d’absorber, de siniser, mais aussi de s’adapter <strong>et</strong> dechanger. A Xi’an, la mosquée <strong>chinois</strong>e n’a rien à avoir avec unemosquée musulmane mais <strong>le</strong>s musulmans viennent y prier. L’espritest musulman, mais la forme est <strong>chinois</strong>e. Avec c<strong>et</strong>te force, laChine maintient une unité. C<strong>et</strong>te impression de non-changement,de rester toujours el<strong>le</strong>-même, c’est grâce à ses adaptations <strong>et</strong> seschangements qu’el<strong>le</strong> a pu se maintenir. C’est pour cela que suisfavorab<strong>le</strong> aussi à des grands évènements comme l’Exposition universel<strong>le</strong>.La Chine est intéressante en tant qu’el<strong>le</strong>-même, même siel<strong>le</strong> ne sait pas encore proposer des discours très intéressants. I<strong>le</strong>st bon que <strong>le</strong>s gens se déplacent <strong>et</strong> observent la réalité <strong>chinois</strong>edirectement. C’est <strong>le</strong> premier pas. Le jour où la Chine sera plusouverte, <strong>le</strong>s choses changeront. Et un vrai <strong>soft</strong> <strong>power</strong> va apparaitre.Mais c<strong>et</strong>te ouverture ne passe pas que par Intern<strong>et</strong>. Il faut venir surla terre <strong>chinois</strong>e. En surfant trop faci<strong>le</strong>ment, on n’entre pas dansla profondeur, dans <strong>le</strong>s détails. Personnel<strong>le</strong>ment, j’aime la terre<strong>chinois</strong>e. El<strong>le</strong> mobilise <strong>le</strong> corps comme l’esprit… Mais comme laChine fait aussi rêver par son côté cé<strong>le</strong>ste, il faut essayer d’injecterun peu de réalité dans ce rêve cé<strong>le</strong>ste ou un peu de rêve dans c<strong>et</strong>teréalité trop terre à terre. Pour moi ça c’est <strong>le</strong> plus grand défi culturelde la Chine ! . • Propos recueillis par Anne Garrigue80Connexions / mars 2010


avec l’Equipe France de l’appui des entreprises en ChineUne offre conjointe CCIFC/Ubifrance :Un contact privilégié avec <strong>le</strong>s autorités loca<strong>le</strong>s, aux côtés de l’Ambassadeur ou du Consul Général, avec <strong>le</strong>soutien du Service Economique de l’AmbassadeUn r<strong>et</strong>our d’expérience des entreprises déjà implantées dans ces vil<strong>le</strong>s.Des programmes individuels sur mesure : rencontres avec des entreprises <strong>chinois</strong>es <strong>et</strong> interlocuteurs ciblés, <strong>et</strong>/ou visites de sites sé<strong>le</strong>ctionnés en fonction des proj<strong>et</strong>s.Les vil<strong>le</strong>s choisies (programmées en 2010)Heilongjiang天 津TianjinXinjiangQinghaiGansuJilinMongolie IntérieureHebei LiaoningPékinNingxia ShanxiShandong大 连Dalian重 庆ChongqingTib<strong>et</strong>SichuanShaanxiChongqingHenanHubeiAnhuiJiangsuShanghaiZhejiangHunanGuizhouJiangxiFujianYunnanGuangxiGuangdong TaiwanCanton Hong Kong厦 门XiamenHainanVos interlocuteurs du programme « Chine Vil<strong>le</strong>s d’Avenir »Chambre de Commerce <strong>et</strong> d’Industrie Française en Chinewww.<strong>ccifc</strong>.orgClaire ZHANGAppui Commercial CCIFCTél : (+86 10) 6512 1740Courriel : zhang.claire@<strong>ccifc</strong>.orgMission économique-Ubifrance en Chinewww.ubifrance.frMarion LESPINEChef de pô<strong>le</strong> Intelligence Marchés, VIE,CommunicationTél : (+86 10) 6539 1300 ext. 160Courriel : marion.<strong>le</strong>spine@ubifrance.fr


DOSSIER专 栏Rêves de ChinawoodLes cinéastes <strong>chinois</strong> sont pris entre censure politique <strong>et</strong> exigence commercia<strong>le</strong>.Luisa Prudentino estcritique, spécialiste du cinémade Chine continenta<strong>le</strong>,chargée de cours àl’INALCO <strong>et</strong> auteur du Regarddes ombres, une histoiredu cinéma <strong>chinois</strong> contemporain.Connexions : Quand <strong>le</strong> cinéma <strong>chinois</strong> a-t-il commencéà se faire connaître hors de ses frontières ?Luisa Prudentino : Le tout premier film<strong>chinois</strong> qui a gagné un prix internationa<strong>le</strong>st Le chant des pêcheurs en 1935, au festivalinternational de Moscou. Mais c’est en1984, avec Terre jaune de Chen Kaige, que<strong>le</strong> monde a découvert <strong>le</strong> nouveau cinémad’auteur <strong>chinois</strong>. Montré à Hong Kong, ona crié au mirac<strong>le</strong>. Il est vrai que <strong>le</strong>s Chinoisreviennent de loin. Si <strong>le</strong>ur cinéma a pu renaîtrede ses cendres aussi vite, c’est que,même pendant la Révolution culturel<strong>le</strong>,<strong>le</strong>s films de propagande étaient techniquementaboutis. Quatre ans seu<strong>le</strong>mentaprès la réouverture des portes de l’Institut,a surgi la cinquième génération. El<strong>le</strong> a lancé<strong>le</strong> cinéma <strong>chinois</strong> dans une orbite internationa<strong>le</strong>.Ses succès se sont prolongés dans<strong>le</strong>s années 90, avec, entre autres, Epouses<strong>et</strong> concubines (Zhang Yimou) <strong>et</strong> Adieu maconcubine (Chen Kaige), mais aussi Vivre(Zhang Yimou) ou Le Cerf-volant b<strong>le</strong>u (TianZhuangzhuang) jamais diffusés en Chine.C. : Quel<strong>le</strong> image de la Chine véhiculaient <strong>le</strong>s nouveauxréalisateurs de la 5 e génération?L. P. : La Révolution culturel<strong>le</strong> avait massacrél’homme <strong>et</strong> ses idéaux de société parfaite.L’individu se r<strong>et</strong>rouvait meurtri, à nu. Lesnouveaux réalisateurs de la 5 e générationont montré c<strong>et</strong>te détresse. C’est évidentquand on compare un film de propagandecomme L’Orient est rouge où <strong>le</strong>s danseursremplissent tout l’écran, où pas un cheveune dépasse, avec Terre jaune où la campagnenue <strong>et</strong> rude exprime <strong>le</strong> désarroi del’individu.C. : Mais aujorud’hui avec certains films ou lacérémonie d’ouverture des JO, ne revient-onpas à l’esthétique des films de propagande ?L. P. : Tout à fait. Le film La Fondation d’unerépublique, sorti en 2009 pour <strong>le</strong> 60 e anniversairede la Libération, ou la cérémonied’ouverture des JO, c’est de la propagandepure <strong>et</strong> dure. Il ne s’agit plus de films d’offrandes1 , avec des buts bien précis. Mais ony r<strong>et</strong>rouve <strong>le</strong>s mêmes formes.Pourtant la Chine a changé.Le cinéma n’est plus seu<strong>le</strong>mentune arme idéologique.Il est devenu une industrie Yimouqui doit rapporter de l’argent.Il faut des grands spectac<strong>le</strong>s,avec une dimension ludique,qui remplissent <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s. Lesautorités essaient de trouverla rec<strong>et</strong>te mirac<strong>le</strong> pour plaireau grand public, tout en faisantpasser quelques va<strong>le</strong>urs. Quand onregarde La Fondation d’une République 1de Han Sanping, président de China filmgroup, c’est tout à fait ça. Mais ce film n’apas été diffusé à l’étranger. Il était à usageinterne.C. : Comment <strong>le</strong> cinéma <strong>chinois</strong> s’exporte-t-il ?L. P. : Pour comprendre comment <strong>le</strong> cinéma<strong>chinois</strong> s’exporte, il faut revenir sur <strong>le</strong>s trentedernières années. L’histoire se répète. Lapremière renaissance du cinéma <strong>chinois</strong>s’était faite après la Révolution culturel<strong>le</strong>.La seconde a eu lieu après la répression deTian an men. Les cinéastes de la 6 e générationsont devenus indépendants par nécessité.En juin 1989, aucun studio ne voulaitd’eux. Ils ont dû prendre <strong>le</strong> risque de tournersans passer par <strong>le</strong>s structures officiel<strong>le</strong>s,donc sans possibilité de diffusion dans <strong>le</strong>urpropre pays. Ce sont <strong>le</strong>s festivals étrangersqui <strong>le</strong>s ont fait connaître. C<strong>et</strong>te 6 e génération,née hors des structures officiel<strong>le</strong>s, sanscontraintes, a pu par<strong>le</strong>r de ce qu’el<strong>le</strong> voulait,de la réalité quotidienne, du malaise individueldans une société sans repère, qui allaitvers la modernité avec un revers de la médail<strong>le</strong>,qui souffrait du pouvoir grandissantde l’argent, confrontée à des situations depauvr<strong>et</strong>é, de prostitution. Bref, el<strong>le</strong> a abordétous <strong>le</strong>s thèmes qui fâchent. Et des nomstrès connus aujourd’hui ont commencé àapparaitre : Jia Zhang-ke, Wang Xiaoshuai,Lou Ye… Ensuite, la situation est devenueplus comp<strong>le</strong>xe. Devant <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s obscuresvidées — <strong>le</strong>s unités de travail ne donnentplus de bill<strong>et</strong>s gratuitement,la TV <strong>et</strong> <strong>le</strong>s dvdpirates font une forteconcurrence — <strong>le</strong>s autorités,gênées en outre defeindre d’ignorer ce dont<strong>le</strong> monde parlait, ontpassé en 2003, un accordavec <strong>le</strong>s chefs de fi<strong>le</strong> dumouvement du cinémaindépendant. En échanged’un assouplissementdans <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de censure, <strong>le</strong>s réalisateursont renoué <strong>le</strong> dialogue. Entre 2002 <strong>et</strong> 2004,<strong>le</strong> cinéma connut une période de grâce quia permis à la 6 e génération de tourner <strong>et</strong>diffuser chez el<strong>le</strong> ses films : Jia Zhang-kea réalisé The world, Wang Xiaoshuai Shanghaidream. Ils ont pu tourner <strong>le</strong>s films qu’ilsvoulaient en s’adressant à la fois aux publics<strong>chinois</strong> <strong>et</strong> étrangers. Mais ils se sont r<strong>et</strong>rouvésconfrontés à une autre réalité. Le public<strong>chinois</strong> n’était pas au rendez-vous. Leurscompatriotes préféraient se distraire avecdes blockbusters américains ou <strong>chinois</strong>, malgréquelques — rares — bonnes critiques,comme cel<strong>le</strong>s de l’excel<strong>le</strong>nte revue de cinémaDangdai dianying. Ils souffraient aussid’une mauvaise distribution de <strong>le</strong>urs filmsdans <strong>le</strong>ur pays, où n’existait toujours pasde circuit d’art <strong>et</strong> d’essai. Heureusement,<strong>le</strong>s choses changent <strong>et</strong> récemment unepremière sal<strong>le</strong> réservée au cinéma d’auteurs’est ouverte à Pékin, Moma Broadway 2 .C. : Y-a-t-il aujourd’hui un cinéma qui s’exporte <strong>et</strong>plaît à la fois aux Chinois <strong>et</strong> aux étrangers ?L. P. : Le public <strong>chinois</strong> aime <strong>le</strong>s films où ilse reconnaît. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> film de FengXiaogang If you are the one a fait un tabacen 2009. C’est une comédie légère •••« Le film Vivrede Zhangn’a jamais étédiffusé enChine. »82Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力Une famil<strong>le</strong> <strong>chinois</strong>e (Zuo you), 2006. Film de Wang Xiaoshuai avec LiuWeiwei, Jiayi Zhang <strong>et</strong> Chen Taisheng.《 左 右 》,2006 年 出 品 。 该 片 由 王 小 帅 导 演 ,刘 威 葳 , 张 嘉 译 , 成 泰 燊 主 演 。Les fil<strong>le</strong>s du botaniste de Dai Sije (2006).戴 思 杰 的 影 片 《 植 物 学 家 的 女 儿 》(2006 年 )Extrait de TheWorld (Shijie)de Jia Zhang-Ke(2004). 贾 樟 柯 的 影 片《 世 界 》(2004 年 )If You are the one de Feng Xiaogang. C<strong>et</strong>te comédie qui a fait un tabac en Chine en 2009 <strong>et</strong> a été bien accueillie lors de sa projection enFrance n’a pas encore trouvé de distributeur étranger. 冯 小 刚 的 影 片 《 非 诚 勿 扰 》。2009 年 , 这 部 喜 剧 片 在 中 国 大 获 成 功 , 在 法 国 放 映 期 间 也 备 受 欢 迎 , 但 还 未 找到 国 外 的 发 行 商 。© Imagine ChinaConnexions / mars 2010 83


DOSSIER专 栏Grand spectac<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> tournage de La Fondation d’une République…《 建 国 大 业 》 再 现 阅 兵 大 场 面© Imagine China… avec Han Sanping au cadre.韩 三 平 在 《 建 国 大 业 》 拍 片 现 场© Imagine China•••qui par<strong>le</strong> des aspects de la vie moderne<strong>chinois</strong>e. Un jeune gars cherche àse marier <strong>et</strong> se heurte à des fil<strong>le</strong>s qui ne<strong>le</strong> trouvent pas assez riche. Tout ça dansun langage très pékinois. Pour l’instant, cefilm de bonne facture <strong>et</strong> qui a séduit <strong>le</strong>sspectateurs français lors de sa diffusionau festival du cinéma <strong>chinois</strong> de Paris, n’apas trouvé de distributeur, parce qu’il estjugé trop « <strong>chinois</strong> ». On préfère des filmsde réalisateurs plus connus comme JiaZhang-ke. C’est un paradoxe. Les festivalsétrangers ont permis au cinéma indépendantd’exister mais ils ont fini par véhicu<strong>le</strong>rune image à sens unique du cinéma<strong>chinois</strong>. On dirait que seul un cinéasteindépendant mérite d’être distribué <strong>et</strong>que tout réalisateur officiel ne peut quefaire de mauvais films ! C’est d’autant plusdommage qu’aujourd’hui trop de jeunesréalisateurs <strong>chinois</strong> tournent moins par nécessitéintérieure que pour plaire aux étrangers— on me propose d’ail<strong>le</strong>urs régulièrementd’aider à écrire un scénario qui plairaaux étrangers. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> public français,même averti, ne suit plus systématiquement<strong>le</strong> cinéma <strong>chinois</strong> jugé trop sinistre.Fina<strong>le</strong>ment, en ce moment, ce qui marcheaussi bien en Chine qu’à l’étranger, ce sont<strong>le</strong>s films historiques exotiques, avec des artsmartiaux <strong>et</strong> des eff<strong>et</strong>s spéciaux commeLa Cité interdite, ou Héros (Zhang Yi Mou).C’est d’ail<strong>le</strong>urs c<strong>et</strong>te rec<strong>et</strong>te qu’ont vouluappliquer <strong>le</strong>s producteurs de Confucius(<strong>le</strong> groupe China Film, sous la houl<strong>et</strong>tede Han Sanping, <strong>le</strong> réalisateur tout puissantde La Fondation d’une République, <strong>et</strong>Hong Kong Dadi Entertainment), mais ilsont échoué. Je me demande si la pauvreréalisatrice Hu Mei (5 e génération) a vraimenteu son mot à dire... Les producteursont pris <strong>le</strong> film en main, ils se sont mêmeessayés à la production de jeux vidéos àpartir des scènes d’arts martiaux, mais envain. Le film n’est pas exportab<strong>le</strong> ; <strong>le</strong> scénarioest catastrophique. En ne voulantpas montrer la figure du sage, mais cel<strong>le</strong>d’un homme qui a voulu tenir tête au gouvernement,ils ont produit un film où, pendantdeux heures, on ne par<strong>le</strong> jamais del’enseignement de Confucius ! Le film, trèscritiqué sur l’Intern<strong>et</strong>, parfois avec beaucoupd’humour, n’a pas marché en Chine,malgré l’éviction d’Avatar pour éviter de luifaire de l’ombre pendant <strong>le</strong> Nouvel An.C. : Que pensez-vous de ce que certains appel<strong>le</strong>nt labatail<strong>le</strong> de Chinawood contre Hollywood. Correspondel<strong>le</strong>à une réalité ?L. P. : Oui ! Mais la Chine y va très doucement.Pour vaincre Hollywood, el<strong>le</strong> veutapprendre à utiliser <strong>le</strong>s mêmes ingrédients<strong>et</strong> <strong>le</strong>s mêmes rec<strong>et</strong>tes en <strong>le</strong>s sinisant. Après<strong>le</strong> succès d’Avatar, on va voir p<strong>le</strong>in de films<strong>chinois</strong> sous influence.C. : Vous n’imaginez pas un modè<strong>le</strong> original <strong>chinois</strong>de films à grand succès ?L. P. : Les Chinois sont surtout forts dansla sinisation d’un modè<strong>le</strong> d’origine étrangère.Ils ont pu, dans <strong>le</strong>s années 30, fairedes merveil<strong>le</strong>s en transposant <strong>le</strong> contenu<strong>et</strong> la forme du cinéma américain <strong>et</strong> soviétiquedans un contexte <strong>chinois</strong>. Ils ontsu puiser dans <strong>le</strong>ur patrimoine culturel,dans l’éthique <strong>et</strong> l’esthétique <strong>chinois</strong>es dequoi réaliser des films originaux. Avantguerre,Les anges des bou<strong>le</strong>vards reprenait<strong>le</strong> thème du film Le septième ciel de FrankBorzage. C’est la même histoire, mais c’estun film <strong>chinois</strong>, tant du point de vue ducontenu, parce qu’il montre la pauvr<strong>et</strong>é duShanghai des années 30, que du point devue de la forme parce que <strong>le</strong>s flash-backoriginaux s’inspirent dans <strong>le</strong>ur forme duprincipe du vagabondage (you), propre à84Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力Intimité <strong>et</strong> vie quotidienne dans Suzhou River de Lou Ye (2000)avec l’actrice Zhou Xun.娄 烨 的 影 片 《 苏 州 河 》 里 体 现 的 亲 密 和 平 常 生 活 。 上 图 : 主 演 周 迅© Imagine Chinal’esthétique des rou<strong>le</strong>aux <strong>chinois</strong> où <strong>le</strong> regardflotte librement d’une scène à l’autresans contrainte de perspective. De même,<strong>le</strong> cinéma de la 5 e génération, très influencépar la Nouvel<strong>le</strong> Vague française <strong>et</strong> notammentpar Truffaut, reste très <strong>chinois</strong>.Cependant, je m’interroge sur l’avenir. Avouloir faire du cinéma un moyen de gagnerde l’argent, je me demande quel<strong>le</strong>liberté on laisse aux auteurs, pris entre lanécessité de plaire au goût du public quise tourne vers des films commerciaux oùl’on ne doit pas réfléchir <strong>et</strong> une censurepolitique qui s’est renforcée depuis 2007.C. : Quel rô<strong>le</strong> joue <strong>le</strong> nationalisme dans la créationcontemporaine ?L. P. : Dans <strong>le</strong>s moments de crise de créativité,<strong>le</strong> cinéma <strong>chinois</strong> s’est toujourstourné vers son patrimoine national. Il ypuise l’inspiration que ce soit dans desépisodes de guerre — <strong>et</strong> <strong>le</strong> conflit sino-japonaisest <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> numéro 1 comme dansNanjing Nanjing — ou dans la littérature <strong>et</strong>il n’est pas anodin que la réalisatrice trèsconnue Li Shaohong sorte un remake duRêve du pavillon rouge 3 . S’ajoute à cela <strong>le</strong> faitqu’aujourd’hui, pour ne pas s’embêter avecla censure, <strong>le</strong>s réalisateurs reviennent vers<strong>le</strong>s grandes figures du patrimoine national.Pourtant, je ne pense pas qu’un Jia Zhangke,par exemp<strong>le</strong>, sera sensib<strong>le</strong> à ces sirènesnationalistes bon marché.C. : Comment s’exportent <strong>le</strong>s stars <strong>chinois</strong>es ?L. P. : El<strong>le</strong>s aussi doivent veil<strong>le</strong>r à <strong>le</strong>ur image<strong>et</strong> écouter <strong>le</strong>s autorités. Tang Wei a étémise à l’écart de toute production <strong>et</strong> manifestationsuite à sa participation au filmLust caution. Zhou Xun a préféré s’éloignerdes réalisateurs avec qui el<strong>le</strong> avait commencésa carrière (Lou Ye Suzhou river, DaiSijie Balzac La p<strong>et</strong>ite tail<strong>le</strong>use <strong>chinois</strong>e). Surdes injonctions indirectes des autoritéssoucieuses de l’image d’une actrice trèspopulaire, el<strong>le</strong> a refusé de jouer un rô<strong>le</strong>d’homosexuel<strong>le</strong> dans Les fil<strong>le</strong>s du botanistede Dai Sijie.C : Les cinémas de Hong Kong ou de Taiwan ontconnu un assez fort r<strong>et</strong>entissement à l’étranger (Inthe Mood for love, par exemp<strong>le</strong>). D’autre part, <strong>le</strong>scinémas japonais <strong>et</strong> coréens sont aussi très appréciés.Comment se situe <strong>le</strong> cinéma <strong>chinois</strong> du continent dansl’exportation des cinémas asiatiques ?L. P. : Les cinémas de Hong-Kong ou deTaiwan ont plus faci<strong>le</strong>ment accès à l’étrangercar ils sont tirés par de grands réalisateurscomme Wong Kar Wai ou Hou HsiaoHsien. D’autre part, <strong>le</strong>s hongkongais sont<strong>le</strong>s maîtres de la comédie <strong>et</strong> des films d’artsmartiaux.Le cinéma en provenance de Chine continenta<strong>le</strong>n’a pas connu une période decréation aussi fulgurante que son voisinjaponais, mais, depuis dix ans, <strong>le</strong>s réalisateurs<strong>chinois</strong> sont plus créatifs que <strong>le</strong>urscollègues japonais. En fait aujourd’hui, <strong>le</strong>cinéma d’Asie <strong>le</strong> plus impressionnant vude l’étranger est <strong>le</strong> cinéma coréen. On ytrouve à la fois un cinéma indépendant <strong>et</strong>une organisation loca<strong>le</strong> <strong>et</strong> internationa<strong>le</strong>d’exportation, parfaitement au point danstoutes ses composantes. •Propos recueillispar Anne Garrigue <strong>et</strong> Sophie Lavergne1Film de propagande réalise pour un but précis1http://www.dailymotion.com/video/xaromt_la-fondationdune-republique-report_shortfilms2http://www.echinacities.com/Cityguide/Beijing/news/New-Openings.aspx?n=43443Le Rêve dans <strong>le</strong> pavillon rouge, qui date du XVIIIe sièc<strong>le</strong>, est undes quatre grands romans de la littérature classique <strong>chinois</strong>e,avec l’Histoire des Trois royaumes, Le Voyage en Occident <strong>et</strong> Aubord de l’eau.Connexions / mars 2010 85


DOSSIER专 栏A propos du film 孔 子Kongzi (Confucius)par Jacques Lec<strong>le</strong>rc du SablonLors des études de <strong>chinois</strong>, j’étais « entréen confucianisme » par la porte 诚dans <strong>le</strong> texte du Zhong Yong 中 庸 , ceclassique <strong>chinois</strong> ! J’avais envie de voir<strong>le</strong> film Confucius, avec des amis <strong>chinois</strong>.J’ai apprécié la langue assez accessib<strong>le</strong>à mon oreil<strong>le</strong> étrangère, sans doute auprix d’un certain anachronisme. Parlaitonce putonghua standard à l’époque ?J’ai trouvé dans <strong>le</strong> choix de Chow Yunfatdans <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de Confucius une bonneidée : il est une sagesse ronde, souriante,convivia<strong>le</strong> <strong>et</strong> non-raide, sévère <strong>et</strong> triste.Heureusement quand même qu’il y ala tradition du « frapper de tambour »pour calmer ses nerfs politiques ! ZhouXun, dans <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de Nanzi la courtisane,est très bel<strong>le</strong>.Au-delà des acteurs, qu’ai-je vu ? Uncours de science politique décrivanttrois approches de la question dupouvoir. L’approche Confucius : <strong>le</strong>film m<strong>et</strong> en avant <strong>le</strong>s fondamentauxéthiques rigoureux qui feront laforce de la figure de Confucius dansla tradition <strong>chinois</strong>e depuis plus dedeux mil<strong>le</strong> ans. Mais ces principes neparviennent pas à porter <strong>le</strong>urs fruitspolitiques. Ils dégénèrent dans la force,puis la vio<strong>le</strong>nce du « légisme » postconfucéen.Le film montre assez bienla b<strong>le</strong>ssure mora<strong>le</strong> que c<strong>et</strong>te vio<strong>le</strong>ncelaisse sur Confucius.L’approche taoïste introduite dans <strong>le</strong>© Imagine Chinafilm par une improbab<strong>le</strong> conversationentre Laozi <strong>et</strong> Kongzi : r<strong>et</strong>ire-toi de lascène politique, laisse <strong>le</strong> pouvoir êtrece qu’il est <strong>et</strong> recu<strong>le</strong> pour être toimême.Ainsi va <strong>le</strong> monde. Recu<strong>le</strong>r pourse sauver dans une époque d’extrêmevio<strong>le</strong>nce. Selon Laozi, c’est toujours <strong>le</strong><strong>soft</strong> qui gagne fina<strong>le</strong>ment ! Y comprispar <strong>le</strong> sens de l‘humour. « Il faut savoirde temps en temps avoir l’air stupide »dit <strong>le</strong> Duc de Lu à son ministre Kongzi <strong>le</strong>jour de sa révocation !Enfin l’approche commune : la force <strong>et</strong><strong>le</strong> pouvoir des armes.La dernière image du film qualifieConfucius de « plus grand penseur,éducateur <strong>et</strong> savant »… Le messageest dans <strong>le</strong> non-dit : s’il est tout cela,il n’est pas autre chose, en particulierun modè<strong>le</strong> de dirigeant politique.Cela laisse toute sa place au systèmecommun de la force <strong>et</strong> à la penséefondatrice de la Chine actuel<strong>le</strong>, penséequi a théorisé c<strong>et</strong>te nécessité desarmes. Le r<strong>et</strong>our du vieux Kongzi auPays de Lu après tant d’années d’exil,est un message clair pour la dissidencede tous <strong>le</strong>s temps : aimer <strong>et</strong> servir <strong>le</strong>pays plus que soi-même ou touteautre chose ; rentrer au pays ; neplus chercher à y faire de la politique,r<strong>et</strong>ourner à ses chères études !On sera sensib<strong>le</strong> au dialogue <strong>et</strong> auximages de la rencontre de Konzi<strong>et</strong> de Nanzi, la dame de p<strong>et</strong>itevertu, concubine du Prince de Wei.Fina<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> système commun, <strong>le</strong>pouvoir qui tire son éping<strong>le</strong> du jeu,celui de la force, n’accepte pas que del’immoralité puisse surgir l’intelligencemora<strong>le</strong>, surtout en politique : Nanzi seratuée d’une flèche au cœur.L’incompatibilité fina<strong>le</strong> entre l’éthique<strong>et</strong> <strong>le</strong> pouvoir rend <strong>le</strong> film pessimiste,même si en chemin <strong>le</strong> bon ministrelibère l’esclave <strong>et</strong> sert <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>. Lamort donnée est l’argument final. Al’inverse d’un romantisme où la mortest la victoire de l’idée, ici la mort scel<strong>le</strong>sa défaite. Mort, où est ta victoire ?Kongzi appartient-il au <strong>soft</strong> <strong>power</strong><strong>chinois</strong> ? La stratégie de création dans<strong>le</strong> monde entier de multip<strong>le</strong>s InstitutsConfucius semb<strong>le</strong> <strong>le</strong> confirmer. Lefilm sert c<strong>et</strong>te stratégie. Il propose dediscerner qui a <strong>le</strong> dernier mot, du <strong>soft</strong><strong>et</strong> du hard. Le Confucius qui contribueéventuel<strong>le</strong>ment au <strong>soft</strong> <strong>power</strong> est plus<strong>le</strong> Maître-éducateur que l’hommepolitique, plus <strong>le</strong> rêve que <strong>le</strong> réel. •Wang XiaoshuaiLes tribulationsRéalisateur de la 6 e génération, WangXiaoshuai vient d’être décoré par laFrance de l’ordre de Chevalier des Arts <strong>et</strong>des l<strong>et</strong>tres après une brillante carrière àl’étranger.The Days (1993) son premier long métrage,réalisé à 27 ans, a été désigné par la BBCcomme l’un des 100 meil<strong>le</strong>urs films de l’histoiredu cinéma. En 1998, <strong>le</strong> film So clos<strong>et</strong>o Paradise, a été sé<strong>le</strong>ctionné au Festivalde Cannes dans la catégorie « Un CertainRegard », de même que Drifters (2003). Sonfilm Beijing Bicyc<strong>le</strong> a remporté l’Ours d’argentau Festival de Berlin 2001. ShanghaiDreams (2005) a obtenu <strong>le</strong> prix du jury auFestival de Cannes. Une famil<strong>le</strong> <strong>chinois</strong>e86Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力d’un cinéaste <strong>chinois</strong>(2008) a remporté l’Ours d’argent au Festivalde Berlin pour son scénario.Pourtant, comme d’autres cinéastes <strong>chinois</strong>qui défendent <strong>le</strong> cinéma d’auteur, WangXiaoshuai souffre dans son propre paysd’une diffusion restreinte, même si el<strong>le</strong> estautorisée depuis 2003. Ainsi Une famil<strong>le</strong><strong>chinois</strong>e n’est sorti que dans six vil<strong>le</strong>s. Actuel<strong>le</strong>ment,Wang Xiaoshuai prépare deuxfilms Chongqing blues en montage <strong>et</strong> Onzef<strong>le</strong>urs qui devait être financé par une contributionduFonds Sud.Connexions : Vous venez d’être décoré de l’ordre deChevalier des arts <strong>et</strong> des L<strong>et</strong>tres. Que vous apportec<strong>et</strong>te distinction ?Wang Xiaoshuai : Dans la Chine d’aujourd’hui,faire des films personnels est de plus en王 小 帅plus diffici<strong>le</strong>. Les investisseurs privilégient<strong>le</strong> profit plutôt que l’intérêt culturel <strong>et</strong> artistique.Je me demande tous <strong>le</strong>s jours si jedois continuer à faire ce que je fais. J’espèrepouvoir <strong>le</strong> faire mais, autour de moi, la pressioncommercia<strong>le</strong> est forte. En invitant desamis <strong>et</strong> des médias pour fêter c<strong>et</strong>te distinction,je cherche à susciter plus de confiancedans ce que je fais.C. : Quel<strong>le</strong>s images de la société <strong>chinois</strong>e vou<strong>le</strong>z-vousmontrer ?W. X. : Je cherche à transm<strong>et</strong>tre ma visiondes Chinois, de <strong>le</strong>ur vie quotidienne, dansune société en p<strong>le</strong>ine évolution. A l’instardes réalisateurs français de la nouvel<strong>le</strong>vague, je souhaite montrer ma façon depercevoir, en tant qu’artiste, la société ou la© Imagine Chinavie en général. J’établis ainsi un lien entrel’évolution historique <strong>et</strong> socia<strong>le</strong> de la Chine<strong>et</strong> mon point de vue personnel. C<strong>et</strong>te démarchepeut perm<strong>et</strong>tre des échanges richesentre <strong>le</strong>s cinéastes de ma génération<strong>et</strong> la France.C. : Quels sont <strong>le</strong>s thèmes que vous souhaitez aborder?W. X. : Le sens de la vie en général, <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>ursfamilia<strong>le</strong>s, la relation avec nos enfants,l’amour. Comment on perd tout cela dansune société de plus en plus matérialiste, obsédéepar l’argent. Mon prochain film serasur la jeunesse, à partir d’une expériencepersonnel<strong>le</strong>. Il a été rendu possib<strong>le</strong> par lacontribution du Fonds Sud (français).C. : Que pensez-vous des limites à la diffusion desfilms étrangers en Chine ?W. X. : On peut vouloir limiter <strong>le</strong>s films étrangerspour protéger sa production nationa<strong>le</strong>,mais fina<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s seuls films étrangersqui parviennent en Chine par des canauxofficiels sont <strong>le</strong>s films américains. C’estdommage. Le public <strong>chinois</strong> est trop peuen contact avec <strong>le</strong>s cinémas étrangers <strong>et</strong>passe directement des films nationaux àdes films purement commerciaux, sansavoir pu bénéficier d’un cinéma d’auteurplus personnel <strong>et</strong> plus riche.C. : Dans la diffusion de vos films — <strong>et</strong> des filmsd’auteurs —, quel rô<strong>le</strong> jouent <strong>le</strong>s films piratés ?W. X. : Avant <strong>le</strong>s films piratés, nous n’avionspas la possibilité de voir beaucoup de filmsfrançais, ni de diffuser mes films dont certains,interdits par la censure, n’ont pu êtrevus que grâce aux versions piratées. Resteque maintenant que je peux diffuser mesfilms, évidemment je suis contre. Diffici<strong>le</strong>fina<strong>le</strong>ment pour moi de dire si c’est bonou mauvais.C. : Pour une meil<strong>le</strong>ure diffusion, quels sont vos soutiensdans <strong>le</strong> monde du cinéma <strong>et</strong> à l’intérieur duparti communiste ?W. X. : En fait, aujourd’hui, même si <strong>le</strong>sautorités décident de la censure éventuel<strong>le</strong>d’un film, la sanction numéro 1 estcel<strong>le</strong> du marché. Même si un film d’auteurreçoit une autorisation, il doit faire face àla concurrence. C’est d’autant plus diffici<strong>le</strong>qu’il n’existe pas en Chine de circuit d’art <strong>et</strong>d’essai. Quant à la presse peop<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> préfèrepar<strong>le</strong>r d’histoires d’amour entre acteurs <strong>et</strong>actrices ou de chirurgie esthétique. •Propos recueillispar Anne GarrigueConnexions / mars 2010 87


DOSSIER专 栏Récompensé en Chine <strong>et</strong> en Europe, La légende du roi Milu est <strong>le</strong> premier succès de l’animation<strong>chinois</strong>e.在 中 国 和 欧 洲 获 奖 的 《 麋 鹿 王 》 是 首 部 最 成 功 的 国 产 动 画 大 片La légende du roi MiluUne compagnie privée à l’assaut de la 3D.de CITV new media group.E i s e nY a n g ,présidente t X uWu viceprésidentLa légende du roi Milu est <strong>le</strong> premier blockbusterde l’animation <strong>chinois</strong>e. Il a reçu enChine <strong>le</strong> prix Huabiao, une des plus hautesdistinctions. Inspiré d’une légende tirée duclassique littéraire Légendes des Montagnes <strong>et</strong>des mers, il raconte une histoire d’amour entreun prince <strong>et</strong> une jeune fil<strong>le</strong> transforméeen cerf. Le film a aussi été choisi pour fairepartie du « Green Library Project », un effortpour promouvoir l’environnement auprèsdes enfants. D’une durée de 90 minutes,sorti à l’occasion de la fête nationa<strong>le</strong> d’octobre2009 , il a reçu en décembre, à Liège,<strong>le</strong> prix du long métrage à la première éditiondu festival européen de la 3D. La technologiea été mise au point par la ChineseAcademy of Science <strong>et</strong> Zhongke Weiwodigital Technology Ltd. Il a été produit parune compagnie privée CITVConnexions : Pourquoi <strong>le</strong> thème du roi Milu?E. Y. : Le cerf Milu, connu en Occident sous<strong>le</strong> nom de cerf du père David , est un animalhybride qui n’existe qu’au Tib<strong>et</strong>. Il afailli disparaitre au début du sièc<strong>le</strong> dernier<strong>et</strong> fut sauvé in extremis par… un aristocrateanglais. C<strong>et</strong> animal donne un caractère<strong>chinois</strong> au film tout en représentant unsymbo<strong>le</strong> de la collaboration internationa<strong>le</strong><strong>et</strong> de la protection de l’environnement. Cefilm qui par<strong>le</strong> d’animaux, est universel <strong>et</strong>touche <strong>le</strong>s jeunes enfants, premier publicpour un dessin animé en Chine.C. : Quel<strong>le</strong>s ont été vos sources d’inspiration ?E. Y. : L’Amérique pour la technique car© Imagine Chinac’est un film d’animation en 3D. Le Japon,<strong>et</strong> particulièrement Hayao Miyazaki, pour<strong>le</strong> sty<strong>le</strong> des dessins. C’est un grand maître.C. : Comment votre film a-t-il été reçu en Chine <strong>et</strong> àl’étranger ?E. Y. : Il est sorti au moment du 60 e anniversaire.En Chine, il a reçu <strong>le</strong> prix Huabiao. Iln’a pas encore été ach<strong>et</strong>é à l’étranger maisil a gagné un premier prix au festival deLiège du dessin animé en 3D. Dans <strong>le</strong> domainede l’animé, <strong>le</strong> marché principal est àl’étranger car <strong>le</strong> marché des films d’animationen Chine n’est pas encore très mature.C. : Comment avez-vous financé <strong>le</strong> film ?E. Y. : Notre société CITV est à 100% privée.El<strong>le</strong> existe depuis dix ans. Nous travaillonsdans trois domaines — <strong>le</strong>s jeux é<strong>le</strong>ctroniques<strong>et</strong> vidéo, la production de dessinsanimés 3D (depuis 2007) <strong>et</strong> <strong>le</strong>s nouveauxmédias. C’est notre premier long métrage.Nous sommes aussi en train de tournerd’autres films avec des investisseurs américains.Nous sommes en contact avec desproducteurs français <strong>et</strong> japonais. Nouscherchons à l’étranger des soutiens artistiques— pour comprendre la formationdu goût à l’étranger — <strong>et</strong> financiers. Leprincipe : chacun apporte de l’argent <strong>et</strong>partage <strong>le</strong>s risques. Sinon on ne peut pascollaborer. Evidemment, avec Luc Besson,on paiera <strong>et</strong> on acceptera tout !C. : En quoi, à votre avis, <strong>le</strong>s goûts <strong>chinois</strong> <strong>et</strong> occidentauxdiffèrent-ils ?E. Y. : Pour <strong>le</strong>s spectateurs asiatiques, il estplus faci<strong>le</strong> d’accepter la transformation,qu’un humain devienne animal <strong>et</strong> inversement.Et puis, <strong>le</strong>s gens ne rient pas aumême moment.C. : La diffusion de la culture <strong>chinois</strong>e progresse-t-el<strong>le</strong>aussi vite que la place de la Chine en général dans<strong>le</strong> monde ?E. Y. : Tout <strong>le</strong> monde en Chine —privé <strong>et</strong>gouvernement — veut que <strong>le</strong>s produitsculturels étiqu<strong>et</strong>és made in China soientacceptés aussi faci<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong>s produitsindustriels made in China. Les Américainscontrô<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s produits industriels decréation dans <strong>le</strong> monde car c’est eux quien produisent <strong>le</strong> plus <strong>et</strong> tout <strong>le</strong> monde<strong>le</strong>s consomme. Et, à travers <strong>le</strong>urs produitsculturels, ils influencent <strong>le</strong> monde entier,y compris la Chine. En Chine, jusqu’ici, <strong>le</strong>système a séparé <strong>le</strong>s produits de consommation<strong>et</strong> la culture. La culture « pure »passe par <strong>le</strong> gouvernement <strong>et</strong> <strong>le</strong>s produits88Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力de consommation ne véhicu<strong>le</strong>nt pas forcémentnotre culture <strong>chinois</strong>e. Chez CITV,nous sommes plus attirés par <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> dediffusion culturel américain qui se sert desproduits culturels de masse pour véhicu<strong>le</strong>rla culture.C. : Il semb<strong>le</strong> qu’il y ait un écart entre ce que propose<strong>le</strong> gouvernement <strong>chinois</strong> <strong>et</strong> ce que recherche <strong>le</strong> publicétranger. Etes-vous d’accord ?E. Y. : Oui. Pour <strong>le</strong> moment <strong>le</strong> gouvernementpromeut des industries de loisirs traditionnels.Mais l’objectif pour l’industrie culturel<strong>le</strong>,c’est d’abord de plaire pour gagner del’argent. Il faut donc que la forme séduise.Ceci dit, <strong>le</strong> gouvernement <strong>chinois</strong> a toujoursconsidéré la promotion de la culturecomme une priorité. Il soutient aujourd’huicertains films — très peu dans notre cas.Mais s’il veut promouvoir la culture, il nesait pas toujours comment dépenser sonargent. C’est un « beau souci »...C. : Quels sont <strong>le</strong>s éléments de la culture <strong>chinois</strong>e quevous voudriez transm<strong>et</strong>tre ?Xu Wu : Nous voulons avant tout que nosfilms marchent. Pas nécessairement transm<strong>et</strong>treune histoire <strong>chinois</strong>e ou véhicu<strong>le</strong>run message. Quant au choix des thèmes,étant donnée la jeunesse de notre public,on ne peut pas choisir des thèmes tropdiffici<strong>le</strong>s.C. : Que pensez-vous du public <strong>chinois</strong> ?Xu Wu : Nous utilisons volontiers la métaphorede la fast food. En matière de consommationartistique, la grande majorité de noscompatriotes veut quelque chose qui vavite, du « fast art ». Ils ne veu<strong>le</strong>nt pas prendre<strong>le</strong> temps de cultiver un intérêt, commel’opéra par exemp<strong>le</strong>. Même si l’éducationdans <strong>le</strong>s arts, en musique par exemp<strong>le</strong>, sedéveloppe, el<strong>le</strong> me paraît aujourd’hui plusdestinée à aider <strong>le</strong>s jeunes à être davantagecompétitifs qu’à se cultiver en profondeur.Côté production, investir dans l’art plutôtque dans l’immobilier ou la bourse rapportemoins <strong>et</strong> surtout, avec un r<strong>et</strong>our surinvestissement à plus long terme. Nousavons mis deux ans à faire ce film maisnous croyons dans notre spécialité car el<strong>le</strong>a un seuil d’entrée é<strong>le</strong>vé. Nous sommesen train d’établir notre position <strong>et</strong> notremarque. •Propos recueillispar Anne Garrigue1http://www.miludeer.com/English.html2C’est un missionnaire lazariste français, <strong>le</strong> père Armand Davidqui a trouvé c<strong>et</strong> animal <strong>et</strong> qui l’a présenté dans <strong>le</strong> monde entier.Disparu au début du sièc<strong>le</strong>, il fut sauvé grâce aux bons soins enAngl<strong>et</strong>erre du duc de Bedford.《 麋 鹿 王 》: 一 家 进 军 3D 领 域 的 民 营 企 业专 访 中 视 互 动 新 媒 体 集 团 总 裁 杨 维 和 副 总 裁 吴 旭《 麋 鹿 王 》 1 是 首 部 最 成 功 的 国 产 动 画 电影 , 并 且 获 得 了 中 国 电 影 界 最 高 奖 项 之 一华 表 奖 。 本 片 取 材 自 古 籍 《 山 海 经 》, 讲述 了 一 段 人 类 王 子 与 麋 鹿 公 主 之 间 的 爱情 故 事 。 该 片 还 是 入 选 “ 绿 书 架 ” 行 动 的影 视 作 品 , 这 项 活 动 是 为 了 向 孩 子 们 宣 传环 保 的 理 念 。《 麋 鹿 王 》 片 长 90 分 钟 , 于2009 年 国 庆 节 档 期 上 映 , 同 年 12 月 , 在 比利 时 举 行 的 首 届 欧 洲 3D 电 影 节 上 获 得 了最 佳 长 片 奖 。 影 片 的 3D 技 术 由 中 科 院 和 中科 帷 幄 数 码 科 技 有 限 公 司 联 手 打 造 完 成 ,并 由 一 家 民 营 企 业 —— 中 视 互 动 集 团 出品 。《 联 结 》: 为 什 么 会 以 麋 鹿 作 为 电 影 的主 题 ?麋 鹿 , 在 西 方 以 “ 大 卫 神 父 鹿 ” 2 闻 名 , 是一 种 只 存 在 于 西 藏 的 杂 交 动 物 。 上 世 纪初 , 麋 鹿 几 乎 灭 绝 , 在 危 急 情 况 下 被 一 位英 国 贵 族 挽 救 。 这 种 动 物 赋 予 了 影 片 中 国的 元 素 , 并 且 带 有 国 际 合 作 和 环 境 保 护 的象 征 。 这 部 讲 述 动 物 的 电 影 适 合 所 有 人 观看 , 主 要 面 向 儿 童 这 一 中 国 动 画 片 的 最 大观 众 群 。《 联 结 》: 你 们 的 灵 感 源 泉 是 什 么 ?技 术 方 面 的 灵 感 来 自 美 国 , 因 为 这 是 一 部3D 动 画 电 影 。 关 于 动 画 片 的 风 格 , 其 灵 感来 自 日 本 , 尤 其 是 日 本 动 画 大 师 宫 崎 骏 。《 联 结 》: 国 内 外 如 何 评 价 你 们 的 电影 ?影 片 选 在 中 国 60 年 大 庆 之 际 推 出 。 在 国内 , 它 获 得 了 华 表 奖3优 秀 动 画 片 奖 。 在 国外 , 影 片 尚 未 发 行 , 但 在 比 利 时 举 行 的 欧洲 3D 电 影 节 上 荣 获 了 最 佳 长 片 奖 。 在 动 漫领 域 , 主 要 的 市 场 是 在 国 外 , 因 为 中 国 的动 漫 市 场 还 不 太 成 熟 。《 联 结 》: 你 们 是 如 何 为 电 影 筹 资 的 ?中 视 互 动 集 团 是 100% 的 民 营 企 业 , 已 经 运营 了 10 年 。 我 们 的 业 务 主 要 在 三 个 领 域 —— 电 子 游 戏 和 影 视 剧 、3D 动 漫 制 作 ( 始 于2007 年 ) 和 新 媒 体 。《 麋 鹿 王 》 是 我 们 制作 的 第 一 部 动 画 片 。 我 们 还 在 与 美 国 的 投资 者 合 拍 其 他 的 影 片 , 与 一 些 法 国 和 日 本制 片 公 司 也 有 联 系 。 我 们 在 国 外 寻 求 艺 术支 持 —— 为 了 了 解 外 国 观 众 的 品 味 , 以 及资 金 支 持 。 原 则 是 : 每 方 都 要 出 资 并 分 担风 险 , 不 然 就 无 法 合 作 。 当 然 , 如 果 是 与 吕克 • 贝 松 这 样 有 知 名 度 的 制 片 人 合 作 , 我 们会 出 钱 , 还 会 接 受 所 有 条 件 !《 联 结 》: 你 们 认 为 中 国 人 和 西 方 人 的品 位 有 何 不 同 ?对 于 亚 洲 观 众 , 他 们 更 容 易 接 受 人 变 成 动物 , 动 物 变 成 人 。 另 外 , 中 西 方 观 众 的 笑 点也 不 同 。《 联 结 》: 中 国 文 化 在 世 界 上 的 发 展 是否 与 其 整 体 地 位 的 上 升 一 样 快 ?在 中 国 , 所 有 人 包 括 个 人 和 政 府 都 希 望 贴上 中 国 制 造 的 文 化 产 品 如 同 中 国 制 造 的 工业 产 品 一 样 容 易 被 接 受 。 美 国 在 世 界 上 控制 了 创 意 产 业 的 产 品 , 因 为 他 们 制 作 得 产品 最 多 , 所 有 人 都 在 消 费 。 于 是 , 美 国 通 过自 己 的 文 化 产 品 影 响 全 世 界 , 包 括 中 国 。 中国 至 今 的 机 制 都 是 把 消 费 品 与 文 化 一 分 为二 。 单 纯 的 文 化 由 政 府 传 播 , 而 消 费 品 不一 定 承 载 中 国 的 文 化 。 在 中 视 互 动 , 我 们更 欣 赏 美 国 借 助 大 众 消 费 品 传 播 文 化 的 模式 。《 联 结 》: 中 国 政 府 希 望 传 播 的 文 化 似乎 与 外 国 大 众 希 望 了 解 的 有 一 定 差 距 。你 们 觉 得 呢 ?是 的 。 目 前 政 府 鼓 励 的 是 传 统 的 演 出 节目 。 但 文 化 产 业 的 目 标 首 先 是 娱 乐 赚 钱 ,因 此 形 式 必 须 要 吸 引 人 。 当 然 , 政 府 一 直把 推 广 中 国 的 文 化 作 为 优 先 考 虑 。 现 在 它也 支 持 一 些 电 影 —— 在 我 们 这 里 情 况 很少 。 虽 然 政 府 愿 意 推 广 文 化 , 却 不 知 钱 该如 何 花 。 这 的 确 是 个 美 丽 的 烦 恼 ......《 联 结 》: 你 们 希 望 传 播 哪 些 中 国 文 化的 元 素 ?吴 旭 : 我 们 首 先 希 望 制 作 的 电 影 叫 座 , 不一 定 要 传 播 一 段 中 国 的 历 史 或 承 载 某 一 信息 。 关 于 主 题 的 选 择 , 鉴 于 我 们 的 观 众 年龄 不 大 , 我 们 不 能 选 择 太 难 懂 的 主 题 。《 联 结 》: 你 们 如 何 看 待 中 国 观 众 ?吴 旭 : 我 们 很 愿 意 使 用 “ 快 餐 ” 这 种 比 喻 。在 艺 术 消 费 方 面 , 我 们 的 大 多 数 同 胞 都 喜欢 快 的 东 西 ,“ 快 餐 艺 术 ”。 他 们 不 想 花 时间 培 养 兴 趣 , 比 如 戏 剧 。 即 使 是 培 养 艺 术特 长 , 例 如 音 乐 方 面 , 我 觉 得 它 虽 然 发 展得 很 快 , 但 更 多 的 是 用 来 帮 助 孩 子 们 赢 得比 赛 , 而 不 是 加 强 自 我 修 养 。 制 作 方 面 , 在艺 术 领 域 里 投 资 比 在 房 地 产 或 股 市 里 的回 报 少 , 而 且 投 资 回 报 周 期 更 长 。 我 们 花了 两 年 的 时 间 拍 摄 这 部 电 影 , 但 我 们 认 为这 是 我 们 的 特 长 , 因 为 它 有 一 个 较 高 的 门槛 。 我 们 正 在 确 立 自 己 的 定 位 和 品 牌 。 •1http://www.miludeer.com/English.html2这 是 一 位 法 国 天 主 教 传 教 士 , 他 发 现 了 麋 鹿 并 把 它 介 绍 到 全 世 界 。麋 鹿 在 上 世 纪 初 曾 一 度 灭 绝 , 在 英 国 贝 福 特 公 爵 的 精 心 护 理 下 得 以幸 存 。3中 国 电 影 界 的 最 高 奖 项 之 一 。Connexions / mars 2010 89


DOSSIER专 栏Wang Anyi. 56 ans, Le chant des regr<strong>et</strong>séternels… Présidente de l’associationdes écrivains de Shanghai.© Imagine ChinaIl n’y a pas debest-sel<strong>le</strong>r mondial<strong>chinois</strong>Les éditeurs anglophones hésitent à prendre des risques alorsque <strong>le</strong> grand public ne <strong>le</strong>s suit pas.Su Tong. 47 ans, Riz, Epouses <strong>et</strong>Concubines qu’il a lui même adaptépour Zhang Yimou…Yu Hua. 50 ans, Vivre ! Porté à l‘écranpar Zhang Yimou, Un monde évanoui,Le Vendeur de sang, Brothers…Mo Yan. 54 ans. Le Pays de l’alcool,Beaux seins, bel<strong>le</strong>s fesses, La Mélopéede l’ail paradisiaque…Wang Shuo. 52 ans, auteur de bestsel<strong>le</strong>rs: L’hôtesse de l’Air, Dans la cha<strong>le</strong>urdu So<strong>le</strong>il…© Imagine China© Imagine China© Imagine China© DRE ric Abrahamsen,traducteur américainest co-fondateur du sitePaper-Republic, quipropose du conseil auxmaisons d’édition <strong>chinois</strong>esou étrangèresConnexions : Pourquoi avoir créé <strong>le</strong> site Paper-Republic?E. A. : Arrivé en Chine en 2001, j’ai commencéà publier en 2007 des traductions de nouvel<strong>le</strong>s<strong>et</strong> d’essais. J’ai deux traductions deromans en préparation: une fiction sur desfonctionnaires corrompus <strong>et</strong> un roman surdeux jeunes migrantes. Nous avons créé <strong>le</strong>site Paper-Republic 1 en 2006. Nous étionsun groupe d’amis partageant <strong>le</strong>s mêmesdifficultés à persuader <strong>le</strong>s éditeurs anglosaxons,plutôt en r<strong>et</strong>ard sur <strong>le</strong>s français, d<strong>et</strong>raduire des romans <strong>chinois</strong>. Il s’est d’abordagi d’échanges informels, puis nous avonsréalisé que <strong>le</strong>s maisons d’édition étrangères,qui manquent d’information sur laChine, consultaient régulièrement notresite. Une bourse des Arts Council de GrandeBr<strong>et</strong>agne nous a permis de devenir uneentreprise avec deux activités : l’édition <strong>et</strong> <strong>le</strong>conseil aux éditeurs. Nous souhaitons êtreune première étape pour de grosses agences— Andrew Nurnberg, Big App<strong>le</strong>, Zaikaimedia, Wilye agency…— avec <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>snous voulons travail<strong>le</strong>r, de préférence auxp<strong>et</strong>ites agences spécialisées sur la Chine.C. : Quels sont <strong>le</strong>s auteurs <strong>chinois</strong> <strong>le</strong>s plus connus dans<strong>le</strong> monde anglo-saxon ?E.A. : Dans l’ordre, Mo Yan, Su Tong <strong>et</strong> YuHua. Zhang Ailing, Wang Anyi, WangShuo ont aussi un public. Mais <strong>le</strong>s éditeursanglo-saxons attendent encore <strong>le</strong>best-sel<strong>le</strong>r qui fera exploser <strong>le</strong>s ventes <strong>et</strong>tirera <strong>le</strong> marché. Ils avaient espéré que LeTotem du loup de Jiang Rong ou Brothers deYu Hua feraient l’affaire. Mais ni <strong>le</strong>s critiquesni <strong>le</strong>s ventes n’ont été suffisamment excel<strong>le</strong>ntes.Et <strong>le</strong>s éditeurs anglo-saxons hésitentà prendre des risques. Penguin est la seu<strong>le</strong>maison d’édition qui a un bureau à Pékin.C.: Pourquoi ce faib<strong>le</strong> intérêt pour la littérature <strong>chinois</strong>e.Est-ce dû au sty<strong>le</strong>, au contenu, au rythme?E. A. : Les Anglo-Saxons ne sont pas guèrefriands de littérature traduite. Ils veu<strong>le</strong>nt du<strong>chinois</strong> pas trop « <strong>chinois</strong> ». Ils sont fatiguésdes suj<strong>et</strong>s tragiques sur la Révolution culturel<strong>le</strong>,la famine ou la vio<strong>le</strong>nce. Le sty<strong>le</strong> desécrivains <strong>chinois</strong> ne correspond pas nonplus vraiment à <strong>le</strong>urs attentes : <strong>le</strong>s romanssont longs, p<strong>le</strong>ins de détails, d’adjectifs <strong>et</strong>de métaphores alors que <strong>le</strong>s Anglo-Saxonspréfèrent des textes concis <strong>et</strong> plus rythmés.Il est vrai que Brother aurait gagné à êtreplus court. Mais, en Chine, <strong>le</strong> travail d’éditionlittéraire n’existe pas. Des correcteursvérifient <strong>le</strong>s caractères <strong>et</strong> la typo mais <strong>le</strong>sauteurs interdisent qu’on touche à <strong>le</strong>urstextes. Ils n’ont pas confiance dans <strong>le</strong> jugementlittéraire des éditeurs. Aussi, techniquementparlant, <strong>le</strong>urs romans ne sont pasaussi travaillés qu’en Occident.C. : Voyez-vous arriver de jeunes auteurs brillants ?E. A. : Il y a eu la mode des jeunes romancièressexy après Mian Mian. El<strong>le</strong> a duré deuxans. Aujourd’hui, on voit arriver une générationd’auteurs entre 28 <strong>et</strong> 35 ans, assezbonne. Je pense à Xu Zechen par exemp<strong>le</strong>.Un de ses romans vient d’être traduiten al<strong>le</strong>mand. Il raconte la vie quotidiennede jeunes vendeurs de CD à Pékin dansun sty<strong>le</strong> efficace qui perm<strong>et</strong> d’entrer dans<strong>le</strong>ur vie sans tomber dans l’exotisme. Jepense que cela correspond à l’attente des<strong>le</strong>cteurs occidentaux qui veu<strong>le</strong>nt pouvoir90Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力entrer dans l’histoire. Il y a, par ail<strong>le</strong>urs, pléthorede très jeunes écrivains de moins de25 ans, assez déconnectés de la vie réel<strong>le</strong>,qui publient sur <strong>le</strong> N<strong>et</strong> avec des millions de<strong>le</strong>cteurs, étudiants comme eux. Vite écrite,vite lue, c’est une littérature d’évasion, ungenre qui passe mal <strong>le</strong>s frontières. Mêmesi Harry Potter <strong>et</strong> <strong>le</strong>s vampires de StephenieMeyer ont bien marché en Chine, ce sontdes cas isolés. Le principe de l’édition enligne est de faire ach<strong>et</strong>er pour quelquesmaos <strong>le</strong>s chapitres d’un livre, écrits au fur<strong>et</strong> à mesure. Le modè<strong>le</strong> — la fiction sur téléphonemobi<strong>le</strong> — vient du Japon. En Chine,ça démarre très fort.C. : Vous avez écrit que <strong>le</strong>s fonctionnaires <strong>chinois</strong>avaient manqué l’opportunité de la foire de Francfortdédiée à la Chine en 2009. Pourquoi ?E. A. : Les fonctionnaires du Bureau des Publications(GAPP) ne sont pas des littéraires.Chargés du <strong>soft</strong> <strong>power</strong> <strong>chinois</strong>, ils veu<strong>le</strong>ntentendre <strong>le</strong>s étrangers louer <strong>le</strong>ur culture,gagner un Nobel de littérature <strong>chinois</strong> enévitant, à tout prix, des critiques contre <strong>le</strong>régime. Leur travail est purement politique.Ils ne comprennent ni <strong>le</strong>s écrivains, ni <strong>le</strong>straducteurs, encore moins <strong>le</strong>ur travail.C. : Quel rô<strong>le</strong> joue l’association des écrivains dans <strong>le</strong>dispositif ?E. A. : C<strong>et</strong>te association, dirigée parl’écrivain(e) Tie Ning, a pour rô<strong>le</strong> de manager<strong>le</strong>s auteurs en <strong>le</strong>ur trouvant un emploi,des salaires, des formations, des fonds pourpayer <strong>le</strong>s prix littéraires. Je ne crois pas, personnel<strong>le</strong>ment,à ce type de managementdirect par l’Etat des écrivains mais <strong>le</strong>urintervention peut être uti<strong>le</strong> <strong>et</strong> ils ne s’immiscentpas directement dans <strong>le</strong> contenu.Reste que <strong>le</strong>s écrivains sont conscients dece qu’ils doivent au gouvernement.C.: Vers quoi se dirige la restructuration du mondede l’édition?E.A. : De façon généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s maisons d’édition,privées <strong>et</strong> publiques, collaborent pouraugmenter <strong>le</strong>ur rentabilité. Le gouvernementa récemment reconnu qu’il était légalde publier librement, à condition que<strong>le</strong>s livres aient une autorisation officiel<strong>le</strong> depublication, ce qui perm<strong>et</strong> au gouvernementde garder une prise. Sur Intern<strong>et</strong>, pasde numéro ISBN 2 , mais c’est toujours <strong>le</strong> Bureaudes Publications qui contrô<strong>le</strong>. Shandalitérature 3 qui a rach<strong>et</strong>é 90% des sites webde littérature en Chine, se charge de fairerespecter <strong>le</strong>s consignes.Les publications sur Intern<strong>et</strong> de la nouvel<strong>le</strong>génération sont tota<strong>le</strong>ment déterminéespar <strong>le</strong> marché mais <strong>le</strong>s autres générationsécrivent encore pour eux-mêmes. Je suisoptimiste à long terme pour l’édition<strong>chinois</strong>e. La nouvel<strong>le</strong> génération n’écrit pasencore de bons romans mais el<strong>le</strong> s’exprimehaut <strong>et</strong> fort <strong>et</strong> n’a pas <strong>le</strong> même rapportà l’auto-censure qui reste très présente enChine. Les écrivains <strong>chinois</strong> <strong>le</strong>s plus âgés ontgrandi dans une société où ils se sentaienttenus d’être loyaux à l’égard du gouvernement.Même en colère, ils ne se sententtoujours pas autorisés à exprimer toute <strong>le</strong>urvision. Ma Jian 4 ose al<strong>le</strong>r au bout mais il vità Londres <strong>et</strong> a renoncé à publier en Chine.Les écrivains, qui sont restés <strong>et</strong> qui sont publiés,ont tous fait des compromis, d’abordavec eux-mêmes. Par contre, <strong>le</strong>s jeunesécrivains qui ont grandi après 1989, n’ontpas souffert pour s’intégrer au système. Ilsdiffusent une culture jeune, décomp<strong>le</strong>xée,un peu rebel<strong>le</strong>, à l’image de Han-Han, l’écrivainbloggeur, pilote de rallye <strong>et</strong> musicienqui bat tous <strong>le</strong>s records de clics. Personnene lit sa mauvaise fiction mais son blog estincontournab<strong>le</strong>.C.: Pensez-vous que l’édition papier risque de régresseravec l’Intern<strong>et</strong> ?E. A. : La liberté est plus diffici<strong>le</strong> hors duN<strong>et</strong>. Mais <strong>le</strong> manque de créativité a des racinesprofondes. Les écrivains <strong>chinois</strong>, quifont un excel<strong>le</strong>nt travail, souffrent sansl’adm<strong>et</strong>tre de l’autocensure. La société<strong>chinois</strong>e n’a pas appris à se regarder vivre.Les écrivains font œuvre uti<strong>le</strong> en aidant<strong>le</strong>urs compatriotes à reconnaître <strong>le</strong>ur histoire,à mieux se comprendre. La tâche esténorme, bou<strong>le</strong>versante. Tout est si compliqué,change si vite. Ils <strong>le</strong> font <strong>le</strong> mieux qu’ilspeuvent. Je regr<strong>et</strong>te seu<strong>le</strong>ment qu’il n’yait plus d’écrivains comme Wang Xiaobo,mon auteur préféré. Les dissidents russesavaient combattu à l’extérieur. En Chine,<strong>le</strong> conflit a été refoulé à l’intérieur des personnesel<strong>le</strong>s-mêmes. Je trouve dommageque <strong>le</strong>s écrivains n’écrivent plus <strong>le</strong>s livresqu’ils souhaitent vraiment écrire. Même s’ilsn’étaient pas publiés, ces livres seraient làpour <strong>le</strong> futur.Propos recueillis •par Anne Garrigue<strong>et</strong> Sophie Lavergne1http://paper-republic.org/2ISBN : International standart book number. Ce numéro estobligatoire pour toute parution. En Chine, ils ne sont accordésqu’aux groupes d’édition d’Etat, mais ceux-ci peuvent <strong>le</strong>scéder à des éditeurs privés.Mian Mian. 40 ans, Les Bonbons<strong>chinois</strong>, Panda Sex, Acid Lovers. Ses romansrestent interdits en Chine.Han Han. 28 ans, premier blogger<strong>chinois</strong>(blog.sina.com.cn/twocold) <strong>et</strong>pilote de rallye professionnel.Zhang Ailing. (1920-1957), Le chant duriz, Shanghai 1920-1940… Publiés sur<strong>le</strong> continent à partir de 1984.Ma Jian. 57 ans, La mendiante de Shigatze,Nouil<strong>le</strong>s Chinoises, Chemins depoussière rouge, Beijing coma… Seslivres sont interdits en Chine.Wang Xiaobo. (1952-1997), envoyédans <strong>le</strong> Yunnan en 1968 comme jeuneintel<strong>le</strong>ctuel. L’âge d’or…© DR© DR© IDR© Imagine China© Imagine ChinaConnexions / mars 2010 91


DOSSIER专 栏Art contemporain : de la contrecultureà l’intégrationL’attraction de l’art contemporain est <strong>le</strong> succès <strong>le</strong> plus éclatant de la culture <strong>chinois</strong>e à l’étranger.Mais jusqu’où création <strong>et</strong> officialisation peuvent-el<strong>le</strong>s faire bon ménage ?Bérénice Angremy s’occuped’art contemporainà Pékin depuis 2002. Directricede ThinkingHands, une société quiorganise des expositions<strong>et</strong> fait du consulting, el<strong>le</strong> a été à l’origine duFestival d’art contemporain de 798, <strong>et</strong> dirigeactuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> Caochangdi PhotoSpring– Ar<strong>le</strong>s in Beijing.Connexions : Pouvez-vous revenir sur la montée enpuissance de l’art contemporain <strong>chinois</strong> ?Bérénice Angremy : C’est une histoire courte— trente ans seu<strong>le</strong>ment — <strong>et</strong> rapide.La première phase va de 1979 à 1989. Jel’appel<strong>le</strong> « expérimentation <strong>et</strong> créationcontemporaine ». Un groupe d’avant-gardeautodidacte « Les Etoi<strong>le</strong>s » lance l’artcontemporain <strong>chinois</strong> — formes <strong>et</strong> discoursrevendiquant la liberté de créationen dehors du diktat du prolétariat — ens’exposant sur <strong>le</strong>s gril<strong>le</strong>s extérieures dumusée national NAMOC, haut-lieu de l’artofficiel. Les années 80 sont marquées parl’émergence <strong>et</strong> la maturation de ce qu’onappel<strong>le</strong> « la nouvel<strong>le</strong> vague », des artistessortis des Beaux Arts de toute la Chine quipratiquent toute forme d’expérimentationsdu dadaïsme — Xiamen Dada avec HuangYongping — au performance art en passantpar la photographie ou <strong>le</strong>s prémicesde la vidéo. Ces artistes reprennent à <strong>le</strong>urmanière ce qui s’est fait en Occident, sansjamais sombrer dans <strong>le</strong> « copié collé ».En février 1989, l’exposition China /Avantgardeau NAMOC marque un tournant. El<strong>le</strong>rassemb<strong>le</strong> plus de deux cents œuvres deprès de deux cents artistes. El<strong>le</strong> a été préparéependant des années par plusieurscommissaires dont Gao Minglu qui souhaitaientque la société reconnaisse l’artcontemporain. El<strong>le</strong> est immédiatementfermée par <strong>le</strong>s autorités — parce qu’uneartiste Xiao Lu a tiré sur son œuvre. Sonami Tang Song est emprisonné. L’histoirede l’art se fige. On quitte l’expo pour entrerdans Tian An Men.Commence alors la seconde période, cel<strong>le</strong>des expositions dans <strong>le</strong>s appartements. Lesréseaux <strong>et</strong> <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s se forment, la critique<strong>et</strong> <strong>le</strong> marché naissent. C’est <strong>le</strong> début desgrandes expositions. La scène artistiqueest moins créative <strong>et</strong> expérimenta<strong>le</strong>. El<strong>le</strong>consolide <strong>le</strong>s acquis. Des noms de courantssurgissent — political realism, cynicalrealism — inventés par <strong>le</strong>s nouveaux critiques,<strong>le</strong>s commissaires indépendants, quidésormais ont pris la relève des artistespour organiser des expositions en Chine<strong>et</strong> à l’étranger, une étape essentiel<strong>le</strong> pourêtre reconnu. Parmi eux, outre Gao Minglu,Li Xian Ting, Fan Di’an, aujourd’hui directeurdu NAMOC.Après 1992, l’art contemporain suit <strong>le</strong>sconsignes de Deng Xiaoping : enrichissezvous ! Dès 1996, a lieu la première vente auxenchères réalisée par Leng Lin, un critiqueaujourd’hui ga<strong>le</strong>riste. Entre 2000 <strong>et</strong> 2005, <strong>le</strong>sréseaux de distribution s’instal<strong>le</strong>nt. D’abord,<strong>le</strong>s ga<strong>le</strong>ries étrangères (trois en 2001 à Pékin),puis, de plus en plus <strong>chinois</strong>es à partirde 2007. En tout, on compte plus de cinqcents ga<strong>le</strong>ries en 2007, dont deux cents à« 798 ». Les nouveaux arrivants sont Chinois,formés sur <strong>le</strong> tas. Plus rarement des critiquesd’art, fatigués d’être sous-payés. Parallè<strong>le</strong>ment,de 2003 à 2005, se développe<strong>le</strong> quartier de Dashanzi art district « 798 »dont l’étonnant succès marque l’ouverturede l’art contemporain au grand public<strong>et</strong> aux médias. Pékin est reconnu devantShanghai, comme un centre culturel économiquementviab<strong>le</strong>.A partir de 2006, <strong>le</strong> marché mondial de l’artexplose. La première grosse vente d’artistes<strong>chinois</strong> a lieu à New York chez Sotheby’s auprintemps 2006 avec un chiffre d’affaires de100 millions de Rmb. Au deuxième semestre2006, la totalité des ventes d’art contemporaina dépassé 10 milliards de Rmb. Trèsvite, des bureaux de vente s’ouvrent à Pékin<strong>et</strong> Hong Kong, puis Shanghai, Nankin,Hangzhou, Taiwan. En 2008, on en comptait159 <strong>et</strong> <strong>le</strong> volume de <strong>le</strong>urs transactions avaittriplé entre 2005 <strong>et</strong> 2008. Côté prix, c’estde la folie ! En 2005, Pink de Zeng Fanzhi, undes dix artistes <strong>chinois</strong> <strong>le</strong>s plus populaires,était vendu à 75 000 dollars. En 2008, uneœuvre assez semblab<strong>le</strong>, de la série Mask,partait à 9,6 millions de dollars en 2008. L’artcontemporain, en Chine comme ail<strong>le</strong>urs,était devenu un investissement, une va<strong>le</strong>urrefuge.A partir de 2006-2007, <strong>le</strong>s autorités commencentà récupérer <strong>le</strong> réseau de l’artcontemporain, <strong>le</strong> plan quinquennal misesur la création de zones de développementdes industries créatives pour regrouper <strong>le</strong>scréateurs par catégories dans des clusters.L’idée vient de Grande-Br<strong>et</strong>agne. El<strong>le</strong> eststimulée par <strong>le</strong> succès de « 798 art district »qui apparait comme un modè<strong>le</strong>, certes unpeu chaotique, mais dont <strong>le</strong> succès ne sedément pas. Ce quartier né d’initiatives individuel<strong>le</strong>s(minjian) a favorisé la création,attiré des investisseurs étrangers <strong>et</strong> des touristes.Une fois réglés <strong>le</strong>s litiges avec <strong>le</strong> propriétaireque la reconnaissance officiel<strong>le</strong> duquartier a calmé, 798 devient l’enfant chérides autorités qui se l’approprient <strong>et</strong> créentex nihilo dans son voisinage « D Park ».Pour <strong>le</strong>s autorités, ces zones de développementdes industries créatives sont unefaçon de reconnaître l’utilité socia<strong>le</strong> de lacréation contemporaine tout en •••92Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力© Imagine ChinaSérie « Mask »,Zeng Fanzhi曾 梵 志 的 《 面 具 》 系 列Zhang Huan To Raise the water <strong>le</strong>vel in thefishpond. 张 洹 的 作 品 《 为 鱼 塘 增 高 水 位 》Xia Guo Qiang Headon 夏 国 强 的 作 品 《 撞 墙 》Zhang Xiaogang Bloodline张 晓 刚 的 《 血 缘 》 系 列© DR © DR© DR© DRHuang Rui « Chai-na (Demolition) /China », 2007.黄 锐 的 作 品 《 拆 - 那 /China》,2007 年Sans titre, Yue Minjun岳 敏 君 的 作 品Connexions / mars 2010 93


DOSSIER专 栏Stimulé par <strong>le</strong> succès de « 798 Art district », <strong>le</strong> plan quinquennal mise sur la création de zones de développement des industries créatives pour regrouper受 到 798 艺 术 区 成 功 的 启 发 , 十 一 五 规 划 押 宝 在 文 化 创 意 产 业 区 的 建 立 上 , 把 艺 术 创 作 者 们 按 类 别 集 中 在 一 个 个 群 落 里 。© Imagine China•••l’orientant <strong>et</strong> en contrôlant sondéveloppement. Le problème c’est qu’enChine, on croit trop qu’il suffit de reproduireà l’infini un modè<strong>le</strong> qui a fonctionné. Or, enréalité, <strong>le</strong>s seuls quartiers vivants sont ceuxqui ont été créés spontanément par desindividus. Et, souvent, c<strong>et</strong>te vie est étoufféedans l’œuf par l’intermédiaire des autorités.Voyez la polémique actuel<strong>le</strong> sur un proj<strong>et</strong>immobilier du Nord-Est de Pékin, qui menaceplusieurs quartiers artistiques dontCao Chang Di . Le gouvernement rachète<strong>le</strong>s terrains <strong>et</strong> <strong>le</strong>s revend à des promoteursimmobiliers. C’est ce qu’on appel<strong>le</strong> un pland’Etat. Au passage, <strong>le</strong>s p<strong>et</strong>its quartiers artistiques,certains de grande qualité, sontmenacés de disparition avec des lieux aussiexceptionnels que « Three Shadows PhotographyArt Center ». Une catastrophe !Sans compter qu’à force d’associer artcontemporain <strong>et</strong> industries créatives, onrisque d’en arriver à assimi<strong>le</strong>r production <strong>et</strong>création contemporaine, <strong>et</strong> à détruire tout<strong>et</strong>entative de création origina<strong>le</strong> <strong>et</strong> novatrice.C. : En décembre dernier est créée l’Académie de l’artcontemporain. Comment est-on passé si vite de lacontre-culture à l’intégration ?B. A. : D’abord, c’est un phénomène récent.Il y a trente ans, être artiste c’était encoreêtre en marge. Depuis cinq à six ans, l’artisteest au centre, voire sur <strong>le</strong> devant de la scène.On <strong>le</strong> surveil<strong>le</strong> en tant qu’image d’uneChine contemporaine <strong>et</strong> progressiste.Ensuite, il est erroné de croire que la créa-tion des artistes était dissidente à l’origine.Certes el<strong>le</strong> s’insurgeait contre un dictat decréation, mais el<strong>le</strong> visait à une reconnaissanceofficiel<strong>le</strong>. Les « Etoi<strong>le</strong>s » ont voulufaire <strong>le</strong>ur dernière exposition au NAMOCen 1980, tandis que <strong>le</strong>s organisateurs deChina / Avant-Garde ont attendu cinq anspour exposer dans un lieu officiel en 1989.Etre reconnu était extrêmement importantpour ces générations d’artistes baignéesdès l’éco<strong>le</strong> dans un système hiérarchique.D’autre part, s’il est vrai que <strong>le</strong> gouvernementconsacre encore une somme trèsfaib<strong>le</strong> à son budg<strong>et</strong> de la culture (autourde 0,39%), il a su confier à des responsab<strong>le</strong>sde qualité <strong>le</strong>s rênes de l’art contemporain.Fan Di’an est directeur du NAMOC, WangHuangsheng a longtemps été directeur duMusée de Canton. Grâce à eux, des événementsen Chine <strong>et</strong> à l’étranger, tels quela Bienna<strong>le</strong> de Venise, de Sao Paulo ou deCanton, se sont multipliés. C<strong>et</strong>te compétences’est accompagnée d’une volonténouvel<strong>le</strong> de la part de l’Etat de présenterlui-même <strong>le</strong>s grands proj<strong>et</strong>s d’exposition<strong>et</strong> de ne plus laisser l’initiative au privé quipourrait apporter des éléments critiques.Enfin, la dernière étape de c<strong>et</strong>te récupérations’est déroulée en décembre dernieravec la création soudaine d’une Académiedes arts contemporains. Etant donné lafaib<strong>le</strong>sse des budg<strong>et</strong>s culturels <strong>et</strong> la politiqueactuel<strong>le</strong> d’élimination des quartiersartistiques, je vois mal comment c<strong>et</strong>te démarchepourrait être autre chose qu’unevitrine pour montrer qu’on est une capita<strong>le</strong>« dans <strong>le</strong> coup ». Les vingt-deux artistes sollicitésont accepté sans se poser de questions,ni avant ni après. A mes yeux, la fautedes grands artistes actuels qui servent <strong>le</strong>régime actuel<strong>le</strong>ment n’est pas de donnerd’eux mêmes à <strong>le</strong>ur pays. C’est légitime !Mais ils devraient profiter de ces commandespour défendre <strong>le</strong>ur création origina<strong>le</strong>.C. : Quel regard neuf <strong>et</strong> original, quel<strong>le</strong> méthodesde travail, quels thèmes apportent aujourd’hui <strong>le</strong>sartistes <strong>chinois</strong> contemporains au reste du monde ?B. A. : D’abord, je tiens à faire la différence entre<strong>le</strong>s artistes <strong>le</strong>s plus connus qui se revendiquent<strong>chinois</strong> <strong>et</strong> se vendent très bien sur<strong>le</strong> marché mondial, <strong>et</strong> ceux qui se trouventêtre <strong>chinois</strong> mais ne l’affichent pas <strong>et</strong> sontsouvent moins célèbres. Les premiers, je <strong>le</strong>sappel<strong>le</strong> « <strong>le</strong>s made in China » — Yue Mijun,Zhang Xiaogang, Zeng Fanzhi. Ils peuventêtre excel<strong>le</strong>nts mais ils ont délibérémentaffiché une marque de fabrique qui <strong>le</strong>ur apermis d’attirer <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctionneurs. Cela abeaucoup stimulé un certain type de production.Pour moi, <strong>le</strong>s artistes <strong>le</strong>s plus novateursont souvent vécu à l’étranger — CaiGuoqiang, Chen Zhen, Huang Yongping,Huang Rui, Wu Shanzhuan … — <strong>et</strong> posentdes questions universel<strong>le</strong>s comme cel<strong>le</strong>s desmigrations par exemp<strong>le</strong>. Malheureusementcertains se sont enlisés. Cai Guoqiang, parexemp<strong>le</strong>, dont la création était basée sur <strong>le</strong>détournement des feux d’artifice, ne crée94Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力© Imagine China<strong>le</strong>s créateurs par catégories dans des clusters. Chen Zhen Purification Room (détails). 陈 箴 的 作 品 Purification Room© Imagine Chinaplus de la même façon depuis qu’il est entrécomplètement dans <strong>le</strong> système. En concevant<strong>le</strong>s feux des JO 2008, il s’est inscrit dansla construction d’une image <strong>et</strong> d’une culturenationa<strong>le</strong>s, dans <strong>le</strong> show. Pour lui, c’est unefaçon de réintégrer <strong>le</strong> sol <strong>chinois</strong> dont il a étéexilé pendant de nombreuses années.L’autre originalité des Chinois est de voirtout en grand, grâce à c<strong>et</strong> accès incroyab<strong>le</strong>à des matériaux <strong>et</strong> à une main-d’œuvre bonmarché, qui stimu<strong>le</strong> une production gigantesque<strong>et</strong> compliquée. Zhang Huan a unecentaine d’ouvriers dans son atelier, n’importequel peintre peut en avoir entre cinq <strong>et</strong>dix, voire trente. Ce système rapproche l’artcontemporain d’une production artisana<strong>le</strong> àgrande échel<strong>le</strong>, voire industriel<strong>le</strong>. Cela expliqueque <strong>le</strong>s jeunes artistes voient de plus enplus <strong>le</strong>ur métier comme une fonction, unemanière de gagner <strong>le</strong>ur vie.C. : Pensez-vous que la Chine, qui revendique de plusen plus un « modè<strong>le</strong> <strong>chinois</strong> » de diffusion de l’artcontemporain, risque d’influencer <strong>le</strong> reste du mondedans ce domaine ?B. A. : Nos interlocuteurs <strong>chinois</strong> font en eff<strong>et</strong>de plus en plus référence à un « modè<strong>le</strong><strong>chinois</strong> ». De quoi s’agit-il ? Tout système dediffusion de l’art contemporain s’appuie surdes relations entre différents acteurs : musées,commissaires privés indépendants,agents d’artistes, ga<strong>le</strong>ries, maisons de vente,critiques, médias <strong>et</strong> artistes. Au départ,en Chine, il n’y avait que <strong>le</strong>s artistes. Pourexposer <strong>le</strong>urs œuvres, ils ont commencépar payer : l’accrochage, la location de lasal<strong>le</strong>. Puis <strong>le</strong>s intermédiaires sont arrivés enmasse depuis cinq-six ans. Dès <strong>le</strong> départ,ce n’est pas <strong>le</strong> système occidental qui s’estmis en place. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s artistes, àde rares exceptions près, n’ont pas signéde contrat préférentiel avec une ga<strong>le</strong>riemais multiplié <strong>le</strong>s « points de vente ». Auniveau des musées nationaux, <strong>le</strong> nouveau« modè<strong>le</strong> <strong>chinois</strong> » impose la location de lasal<strong>le</strong>, y compris pour des expositions aussiprestigieuses que cel<strong>le</strong> de Turner, alors quepartout dans <strong>le</strong> monde, <strong>le</strong> musée est nonseu<strong>le</strong>ment censé inviter mais éventuel<strong>le</strong>mentpayer la location de l’exposition.On voit aussi arriver dans <strong>le</strong>s musées, desexpositions qui sont organisées par desga<strong>le</strong>ristes, avec mise en vente des œuvres.Finie la rénumération sur bill<strong>et</strong>terie. Lesartistes <strong>chinois</strong> ou étrangers peuvent économisersur <strong>le</strong> tarif de location s’ils laissentune œuvre. La plupart des musées n’ayantpas de col<strong>le</strong>ction, c’est une façon commeune autre d’acquérir des œuvres d’art. Et cemodè<strong>le</strong> s’exporte déjà ! Des ga<strong>le</strong>ries installéesen Chine organisent <strong>le</strong>s expositions àl’étranger, en se rémunérant sur la vente destab<strong>le</strong>aux. On entre dans un système mercantiliste.Il y a de moins en moins de critiquesd’art indépendants. Pourquoi restercommissaire ou critique sans argent alorsqu’on peut monter un espace <strong>et</strong> travail<strong>le</strong>ravec des musées <strong>et</strong> des maisons de ventesaux enchères ! Ce modè<strong>le</strong> conduit à un appauvrissementintel<strong>le</strong>ctuel <strong>et</strong> à une confusiondes responsabilités. Le ga<strong>le</strong>riste devientl’expert <strong>et</strong> remplace l’érudit. Des métiers secréent aux dépens d’autres. On fait venirdes expositions en <strong>le</strong>s faisant financer pard’autres. Les vieux schémas européens nepeuvent qu’être déstabilisés.A cela s’ajoute <strong>le</strong> fait qu’en Chine, onconstruit à tour de bras des musées sansavoir ni contenu à proposer, ni personnepour <strong>le</strong>s faire tourner. Toutes <strong>le</strong>s zones créativesen veu<strong>le</strong>nt un <strong>et</strong> cherchent à profiterd’accords d’échange avec <strong>le</strong>s Européens— notamment <strong>le</strong>s Anglais — pour envoyerdes jeunes Chinois se former dans <strong>le</strong>s muséeseuropéens <strong>et</strong> y apprendre <strong>le</strong> managementculturel. Des éco<strong>le</strong>s commencent à semonter en Chine dans ce domaine.Enfin, il faut garder en tête que pour <strong>le</strong>sartistes <strong>chinois</strong> comme pour <strong>le</strong>s organisateurs,ce qui se passe aujourd’hui est unerevanche sur <strong>le</strong> passé. Ils avaient été exclus.Ils sont sur <strong>le</strong> devant de la scène. Pourl’instant, ils ne font pas encore attention àl’art étranger. Ce qui <strong>le</strong>s intéresse, c’est dediffuser eux-mêmes l’image de <strong>le</strong>ur art, dece qu’ils sont. Pourquoi devraient-ils suivredes modè<strong>le</strong>s occidentaux ? Les artistes <strong>le</strong>splus chers, <strong>le</strong>s plus en vue, sont <strong>chinois</strong>. I<strong>le</strong>st temps de passer du « made in china » au« created in China ». • Propos recueillispar Anne GarrigueConnexions / mars 2010 95


DOSSIER专 栏Ding Yi Appearence of crosses (2007) 丁 乙 的 作 品 《 十 字 的 外 观 》Les col<strong>le</strong>ctionneurs ont unevision plus ouverteShang’ART est une des premières ga<strong>le</strong>ries à avoir défendu l’artcontemporain <strong>chinois</strong>.Wenjia Zhang dirige laga<strong>le</strong>rie ShanghART à Pékin,une ga<strong>le</strong>rie fondée àShanghai en 1995 par LorenzHelbling, devenue unedes ga<strong>le</strong>ries d’art contemporain<strong>le</strong>s plus influentes en Chine.Connexions : Comment est née ShanghART ?Wenjia Zhang : Lorenz Helbling a commencéà Shanghai dans son appartement aprèsavoir étudié l’art contemporain en Suisse <strong>et</strong>à l’université Fudan dans <strong>le</strong>s années 80. Al’époque, <strong>le</strong>s artistes contemporains <strong>chinois</strong>lui paraissaient intéressants <strong>et</strong> mûrs, mais ilsmanquaient d’intermédiaires pour <strong>le</strong>s promouvoirà l’étranger <strong>et</strong> en Chine. En 1996, ila ouvert sa ga<strong>le</strong>rie dans un corner de l’hôtelPortman. Il a contacté des commissairesd’exposition, des musées <strong>et</strong> persuadéHarald Szeeman, <strong>le</strong> futur commissaire dela Bienna<strong>le</strong> de Venise du passage du sièc<strong>le</strong>,de venir découvrir la force du mouvementd’art <strong>chinois</strong>. En 2000, il participe à la bienna<strong>le</strong>de Bâ<strong>le</strong>, en 2001 à la FIAC.ShanghART Gal<strong>le</strong>ry represente des artistesappartenant à différentes générations : LiShan, Liang Shaoji <strong>et</strong> Yu Youhan, à plus de65 ans, représentent la première générationde l’art contemporain. Ils ont commencéune carrière académique, puis sont partistravail<strong>le</strong>r pendant la Révolution culturel<strong>le</strong>. LiShan a vécu à New York. La seconde génération— Ding Yi, Geng Jianyi, Zeng Fanzhi,Zhou Tie Hai — née entre 1964 <strong>et</strong> 1966 <strong>et</strong>formée en Chine, est plus expérimenta<strong>le</strong>.La troisième —Yang Fudong, Xu Zheng,Yang Zhenzhong —, née dans <strong>le</strong>s années70 est plus versée dans l’art conceptuel, lavidéo, la photo. El<strong>le</strong> est plus individualiste,moins directement concernée par <strong>le</strong> politique.Et de nouveaux artistes tels que LiuWejian, Sun Xun <strong>et</strong> Zhang Ding sont entrain d’émerger.C. : Après <strong>le</strong> r<strong>et</strong>ournement du marché en 2008, oùen êtes-vous ?W. Z. : L’art contemporain <strong>chinois</strong> s’est bienstabilisé après 2008. Pendant trois-quatre© DRans, beaucoup d’investisseurs étaient arrivéssans vision de col<strong>le</strong>ction, pour gagnerde l’argent. Après la crise, <strong>le</strong>s vrais col<strong>le</strong>ctionneurssont restés. De 2004 à 2008, <strong>le</strong>regard extérieur du monde a beaucoupcompté. Maintenant c’est plus calme. Nousallons en profiter pour ouvrir notre ga<strong>le</strong>rieà des artistes étrangers, comme <strong>le</strong> JaponaisAraki. Quant aux ach<strong>et</strong>eurs, au début,ils étaient tous étrangers. Aujourd’hui, <strong>le</strong>sChinois représentent plus du tiers de nosclients. Ce sont des gens cultivés, qui ontde l’argent à placer. Ils peuvent développerune col<strong>le</strong>ction, avoir envie de montrer<strong>le</strong>ur statut ou bien de décorer <strong>le</strong>ur maison.Les motivations sont variées… Avant, <strong>le</strong>sétrangers cherchaient plutôt des œuvrescaractéristiques de la culture <strong>chinois</strong>e,comme <strong>le</strong> Pop politique. Maintenant, <strong>le</strong>scol<strong>le</strong>ctionneurs ont une vision plus diversifiée<strong>et</strong> plus ouverte.C. : Quels sont vos rapports avec la puissance publique? A partir de quand <strong>le</strong> gouvernement a-t-ilpensé qu’il était uti<strong>le</strong> d’intervenir sur <strong>le</strong> marché del’art contemporain ?W. Z. : A partir de 2004, <strong>le</strong> gouvernements’engage pour <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur ou pour <strong>le</strong> piredans l’art contemporain. On voit apparaîtredes quartiers de développement desindustries de création sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de« 798 », des subventions, des fondationsliées au ministère de la Culture pour aider<strong>le</strong>s ga<strong>le</strong>ries ou <strong>le</strong>s foires artistiques. En tantque Chinoise, je trouve ces subventionsbienvenues, même si nous n’en profitonspas. Un pays qui ne soutient pas sa culturen’est pas un pays normal. Mais cela peutposer des problèmes. C’est à la fois un problèmede compétence <strong>et</strong> un problème politique,mais je suis optimiste car des genscompétents ont été nommés. Il faut cependantre<strong>le</strong>ver l’ensemb<strong>le</strong> du niveau. Deplus en plus de Chinois étudient <strong>le</strong> managementculturel à l’étranger <strong>et</strong> reviennenttravail<strong>le</strong>r en Chine. Il y a beaucoup d’artistesrésidents étrangers qui s’instal<strong>le</strong>nt en Chineoù la scène artistique est vivante, même s’ilrègne une nostalgie de la Nouvel<strong>le</strong> Vaguedes années 80. Il manque cependant unesynergie entre <strong>le</strong>s différentes formes d’art<strong>et</strong> notre public reste trop restreint. Celatient à l’éducation, à la presse. C’est peutêtrepour la prochaine génération. •Propos recueillispar Anne Garrigue96Connexions / mars 2010


DOSSIER专 栏Su Tong, est <strong>le</strong> fondateur <strong>et</strong> directeur de l’Allianceindustriel<strong>le</strong> pour la création enChine (CCIA).Du “made in china” au“created in china”Su Tong, est <strong>le</strong> directeur de l’Alliance industriel<strong>le</strong> pour la créationen Chine (CCIA), une « entreprise socia<strong>le</strong> », qui regroupe desindustries créatives à Pékin <strong>et</strong> qu’il a fondée en 2004, à la veil<strong>le</strong> desJO d’Athènes.Connexions : Pourquoi avez-vous fondé l’alliance pour <strong>le</strong>s industries créatives?Su Tong : Il s’agit de la première alliance d’entreprises <strong>chinois</strong>es dontl’objectif est de promouvoir <strong>le</strong> concept « created in China ». En août2004, pendant <strong>le</strong>s jeux olympiques d’Athènes,nous avons organisé la première expo de photographiessur ce thème. Notre mission consisteà aider <strong>le</strong>s secteurs traditionnels, qu’il s’agisse defabrication ou de service, à intégrer <strong>le</strong> concept decréativité dans <strong>le</strong>ur démarche. Dans la provincede Hunan, par exemp<strong>le</strong>, nous avons aidé, à la demandede la municipalité de Liling, l’industrie dela porcelaine traditionnel<strong>le</strong>, qui était moribonde,à repartir. Nous avons favorisé sa promotion àl’occasion des jeux olympiques d’Athènes <strong>et</strong> dePékin. Nous <strong>le</strong>s avons aidés à faire revivre des procédés<strong>et</strong> des techniques disparus.Depuis 2007, nous coopérons avec <strong>le</strong> groupeGehua development, une entreprise d’Etat sous<strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de la municipalité de Pékin, pour créer« Depuis2009, avec<strong>le</strong> plan derelance dela créativité,<strong>le</strong> commerceculturel estencouragépar <strong>le</strong>sautorités. »une plate-forme internationa<strong>le</strong> : l’International Creative IndustriesAlliance Beijing (ICIA) qui veut promouvoir <strong>le</strong> design <strong>chinois</strong> àl’étranger. Nous avons adopté <strong>le</strong> statut d’entreprise socia<strong>le</strong>. Le butdes entreprises qui font partie de c<strong>et</strong>te alliance <strong>et</strong> qui relèvent d<strong>et</strong>ous <strong>le</strong>s secteurs de la création culturel<strong>le</strong> — design, managementculturel, publicité, investissement, production cinéma <strong>et</strong> de TV,architecture — est de promouvoir la culture <strong>chinois</strong>e tout en gagnantde l’argent. Nous avons déjà un espace dans la tour Gehuaà Pékin <strong>et</strong> nous allons ouvrir prochainement un nouvel espace auStade des travail<strong>le</strong>urs, toujours à Pékin. Y seront organisés des événementsà partir de la synergie entre entreprises membres, quipourront profiter à titre provisoire de bureaux mis à <strong>le</strong>ur disposition<strong>et</strong> de cafés <strong>et</strong> de restaurants déjà présents dans <strong>le</strong>Stade. Notre concept de synergie se rapproche de laconception d’un lieu comme « Dashanzi Art District798 », mais, alors que dans « 798 » chaque entité —ga<strong>le</strong>rie, restaurants, ateliers d’artistes — fonctionneséparément, dans notre proj<strong>et</strong>, c’est l’Alliance quicoiffe toutes <strong>le</strong>s activités.C. : Etes-vous la seu<strong>le</strong> Alliance en Chine à développer c<strong>et</strong>ravail de réunification sous un même chapeau ?S. T. : Non. Ces alliances pour la créativité, qui peuventprendre différentes formes, existent dans toutela Chine <strong>et</strong> s’intègrent dans une politique nationa<strong>le</strong>lancée dès 2005 par <strong>le</strong> gouvernement dans <strong>le</strong> cadredu 11 e plan quinquennal pour promouvoir <strong>le</strong>s industriesculturel<strong>le</strong>s. Le proj<strong>et</strong> a été repris dès 2006par la municipalité de Pékin, qui a financé l’espacede promotion pour la créativité <strong>chinois</strong>e que nous gérons dans latour Gehua. Officiel<strong>le</strong>ment, la politique de <strong>soft</strong> <strong>power</strong> <strong>chinois</strong>e aété lancée en 2007 pendant <strong>le</strong> 17 e congrès. Pour la première fois,98Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力A l’intérieur du très se<strong>le</strong>ct club des créateurs de Pékin, situédans la tour Gehua.在 北 京 歌 华 大 厦 里 国 际 文 化 创 意 产 业 联 盟 旗 下 的 顶 级 会 所© Anne Garrigue<strong>le</strong> président Hu Jintao a mentionné la nécessité d’augmenter <strong>le</strong><strong>soft</strong> <strong>power</strong> culturel de l’Etat. En 2009, un proj<strong>et</strong> de la relance del’industrie culturel<strong>le</strong> a été mis en place.C. : Concrètement, quels produits <strong>et</strong> quel<strong>le</strong>s images de la Chine vou<strong>le</strong>z-vouspromouvoir à l’international ?S. T. : Il y avait autrefois une forte influence <strong>chinois</strong>e en Europe, notammentau XVII e <strong>et</strong> XVIII e sièc<strong>le</strong>. Aujourd’hui, la Chine recommenceseu<strong>le</strong>ment à diffuser sa culture à l’étranger. L’effort n’est pas suffisant.Depuis 2009, avec <strong>le</strong> plan de relance de la créativité culturel<strong>le</strong>,<strong>le</strong> commerce culturel est encouragé. Mais il est encore trop tournévers l’intérieur. Il s’adresse au marché domestique plutôt qu’international.Le secteur des industries créatives manque d’ambition pourexporter ses produits <strong>et</strong> n’est pas assez conscient du soutien qu’ilpourrait apporter à la politique de <strong>soft</strong> <strong>power</strong> du gouvernement.Il y a des progrès cependant, d’année en année.C. : En France, la culture <strong>chinois</strong>e est mieux connue pour ses traditions quepour ses réalisations contemporaines. Que faites-vous pour améliorer lasituation ?S. T. : Notre première mission est de promouvoir la créativité <strong>chinois</strong>e,pour montrer comment la Chine peut contribuer à la culturemondia<strong>le</strong>. Notre deuxième mission est de promouvoir <strong>le</strong> designpour remplacer <strong>le</strong> « made in China » par <strong>le</strong> « created in China ». Onest encore loin du but, mais, en 2008, la vil<strong>le</strong> de Shenzhen a étécouronnée comme « vil<strong>le</strong> UNESCO de design », dans <strong>le</strong> cadre duRéseau des vil<strong>le</strong>s créatives de l’Organisation des Nations-Unies 1 .Pékin <strong>et</strong> Shanghai sont aujourd’hui candidates.Jusqu’ici, nous avons beaucoup copié <strong>et</strong> pas assez créé. Peut-êtreparce que <strong>le</strong>s investisseurs n’ont pas fait assez confiance aux créateurs<strong>chinois</strong> qui ont manqué d’occasions de faire <strong>le</strong>ur preuve. Maisc’est en train de changer. La tendance au développement est forte.La culture <strong>chinois</strong>e n’est pas une culture nationa<strong>le</strong> unique, el<strong>le</strong> estmélangée, diverse. Beaucoup d’éléments sont venus de l’étranger(Mongolie, Inde…). Il n’y a pas encore de rêve <strong>chinois</strong> mais noussommes en train de <strong>le</strong> construire.C. : Pourriez-vous nous citer un emblème du design <strong>chinois</strong> qui symboliseaux yeux du monde <strong>le</strong> rêve <strong>chinois</strong> ?S. T. : Le Nid d’oiseau.C. : Mais ce n’est pas une création purement <strong>chinois</strong>e. Herzog <strong>et</strong> de Meuron,<strong>le</strong> cabin<strong>et</strong> qui l’a conçue en collaboration avec Ai Wei Wei est suisse…S. T. : J’ai du mal à vous répondre. Dans la Chine contemporaine, iln’est pas faci<strong>le</strong> de trouver quelque chose qu’on peut promouvoirdans <strong>le</strong> monde entier <strong>et</strong> dont on se dise immédiatement « c’est<strong>chinois</strong> ».C. : Et Shanghai 2010, <strong>le</strong> pavillon <strong>chinois</strong>. Ne sera-t-il pas votre Tour Eiffel?S. T. : Si, c’est un symbo<strong>le</strong> de l’architecture <strong>chinois</strong>e contemporaine,même s’il est d’inspiration très traditionnel<strong>le</strong> avec sa cou<strong>le</strong>ur rouge<strong>et</strong> la structure impéria<strong>le</strong> de son toit, <strong>et</strong> son architecte en chef, HeJingtang, est <strong>chinois</strong> 2 ! •Propos recueillis par Anne Garrigue1L’UNESCO a motivé sa récompense par sa volonté de récompenser <strong>le</strong> dynamisme des industries dugraphisme <strong>et</strong> du design industriel de Shenzhen, <strong>le</strong> développement rapide des secteurs du contenunumérique <strong>et</strong> du design interactif en ligne, <strong>le</strong>s solutions innovantes dans <strong>le</strong> domaine du conditionnementalliant techniques de pointe <strong>et</strong> <strong>le</strong> respect de l’environnement, l’intégration du designau cœur de sa stratégie de transformation urbaine.2He Jingtang, 72 ans, concepteur en chef du pavillon <strong>chinois</strong> est membre de l’Institut d’architecturede l’Université de Technologie de Chine méridiona<strong>le</strong> <strong>et</strong> de l’Académie d’Ingénierie de ChineConnexions / mars 2010 99


DOSSIER专 栏Portrait d’une générationd’architectes designersIls ont entre 35 <strong>et</strong> 55 ans <strong>et</strong> innovent sur <strong>le</strong> premier marché mondial de la construction.Jérémie Descamps,urbaniste. Enfant à HongKong où son père travaillaitdans <strong>le</strong>s travaux publics,Jérémie Descamps, aprèsdes études de <strong>chinois</strong> àParis <strong>et</strong> en Chine (Canton <strong>et</strong> Harbin), puisun troisième cyc<strong>le</strong> d’urbanisme à Paris,a travaillé dans une éco<strong>le</strong> d’architecture(Paris Malaquais) qui venait d’ouvrir uneconvention avec l’Université de Tsinghua,puis avec Françoise Ged à l’Observatoirede la Chine à la Cité de l’architecturependant deux ans. Il a ouvert en 2007un cabin<strong>et</strong> d’urbanisme à Pékin, AtelierHuitième périphérique.Connexions : Que représente, à l’échel<strong>le</strong> de la Chine,la nouvel<strong>le</strong> génération d’architectes <strong>chinois</strong> que vousrpésentez dans votre ouvrage Positions ?Jérémie Descamps : Positions est <strong>le</strong> catalogued’une exposition organisée à la Cité del’architecture <strong>et</strong> du patrimoine en 2008. Ilvient après quinze ans de recherches <strong>et</strong>de liens avec des institutions <strong>chinois</strong>es.Françoise Ged <strong>et</strong> Frédéric Edelman sontallés à la rencontre des acteurs pourconnaître <strong>le</strong>ur philosophie.Tous <strong>le</strong>s proj<strong>et</strong>sprésentés sont des proj<strong>et</strong>s réalisés. Maisil faut reconnaître que ce mouvementpour une architecture plus exigeante estencore embryonnaire. Les architectesque nous avons présentés espèrent que<strong>le</strong>ur exemp<strong>le</strong> perm<strong>et</strong>tra un progrès parcontamination.C : Peut-on revenir sur <strong>le</strong>s premiers pas de c<strong>et</strong>tegénération ?J. D. : A la fin des années 90, des agencesinternationa<strong>le</strong>s de renommée mondia<strong>le</strong>avaient participé à des concoursinternationaux assez politiques pourprendre pied en Chine. Comme el<strong>le</strong>savaient besoin d’un relais, des architectes<strong>chinois</strong> <strong>le</strong>s ont rejoints <strong>et</strong> se sont faitconnaître. Puis, certains ont ouvert <strong>le</strong>urpropre agence. Beaucoup d’entre euxavaient étudié à l’étranger, en Europe ouaux Etats-Unis. Dans c<strong>et</strong>te génération, quia 35-45 ans, certains noms commencentà être connus. Yung Ho Chang, dirige <strong>le</strong>département d’architecture du MITI. Il aaussi sa propre agence en Chine AtelierFeichang Jianzhu. Ma Qing Yun, directeurde MADA s.p.a.m. à Shanghai, dirigeaussi <strong>le</strong> département d’architecture del’université de Californie du Sud, à LosAnge<strong>le</strong>s. Le travail de Wang Shu (Amateurarchitecte studio) basé à Hangzhou estparticulièrement suivi par <strong>le</strong>s critiquesétrangers.C. : Qu’est-ce qui caractérise précisément c<strong>et</strong>tegénération ?J. D. : Dans un univers où l’on construit àtour de bras des blocs posés n’importeoù, el<strong>le</strong> a en commun <strong>le</strong> souci de réaliserdes proj<strong>et</strong>s qui prennent en comptel’environnement <strong>et</strong> la dimension loca<strong>le</strong>.Quand on <strong>le</strong>ur demande quel rapportexiste entre la tradition <strong>chinois</strong>e <strong>et</strong> <strong>le</strong>urcréation contemporaine, ils répondentque c’est en puisant dans <strong>le</strong>s savoir-faire<strong>et</strong> <strong>le</strong>s spécificités loca<strong>le</strong>s, en cherchant desliens aux paysages, à la trame existante, àl’histoire d’un site qu’ils établissent c<strong>et</strong>tefiliation.Une autre caractéristique de c<strong>et</strong>tegénération est sa f<strong>le</strong>xibilité. Qi Xin,architecte à Pékin, qui a longtempsvécu en France, dit qu’il travail<strong>le</strong> enChine « dans un paysage incertain » en« tenant compte des aléas de la maîtrised’œuvre <strong>et</strong> d’ouvrage ». C<strong>et</strong>te générationd’architectes commence à avoir son motà dire face aux promoteurs <strong>et</strong> aux maîtresd’ouvrage, mais el<strong>le</strong> n’a pas, comme enEurope, la haute-main de la conceptionà la réalisation. Il lui faut faire preuvede soup<strong>le</strong>sse, savoir négocier avec <strong>le</strong>scommanditaires <strong>et</strong> <strong>le</strong>s maîtres d’ouvragedont certains sont innovants. Ainsi ZhangXin <strong>et</strong> Pan Shiyi de Soho ont fait appel àMa Qing Yun pour <strong>le</strong> Guanghua RoadSoho <strong>et</strong> à Cui Kai pour <strong>le</strong> Soho New Town.Dans l’ensemb<strong>le</strong>, c<strong>et</strong>te génération apourtant réalisé peu de proj<strong>et</strong>s à grandeéchel<strong>le</strong>, à cause de la tail<strong>le</strong> encore réduitede ses agences. Ce sont <strong>le</strong>s instituts (avecplusieurs centaines d’employés) liés auxautorités loca<strong>le</strong>s ou aux universités quioccupent <strong>le</strong> terrain. Certains architectesont des doub<strong>le</strong>s casqu<strong>et</strong>tes : Cui Kai, undes pionniers de c<strong>et</strong>te génération, està la tête de l’Institut d’architecture deChine tout en dirigeant aussi une p<strong>et</strong>iteagence plus expérimenta<strong>le</strong>. Pour pallier<strong>le</strong>s problèmes d’échel<strong>le</strong>, c<strong>et</strong>te générationfonctionne aussi en réseau, en synergie. Illui arrive de prendre col<strong>le</strong>ctivement desproj<strong>et</strong>s en attribuant des lots. Reste qu’el<strong>le</strong>ne représente encore qu’une goutted’eau dans l’océan d’une gigantesquedemande.C. : Etant donnée l’énorme demande, que <strong>le</strong>urmanque-t-il encore pour devenir une référencemondia<strong>le</strong> ?J. D. : Rattraper <strong>le</strong> temps de la transmission.Il n’y a pas encore eu une générationcomplète d’architectes designers. Onenseigne encore en université avec desméthodes anciennes pour former desexécutifs. La Révolution culturel<strong>le</strong> a toutarrêté pendant 10 ans. La formation arepris dans <strong>le</strong>s années 80, au momentde l’explosion urbaine. Tout a dû se faireen même temps. Comme l’économiefonctionne grâce à coups de grandsproj<strong>et</strong>s, <strong>le</strong>s architectes fraîchementdiplômés rejoignent <strong>le</strong>s rangs des grosinstituts qui construisent sans finesse.On entre pourtant dans une époque deréalisations plus qualitatives, avec plusde réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> territoire. Il y a de bonsmagazines (Urban China, ideal space)des sites Intern<strong>et</strong>, une vie critique •••100Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力Villa Shizilin (Pékin). Atelier Feichang Jianzhu, 2003. Chefs de proj<strong>et</strong>: Chang Yung Ho <strong>et</strong> Wang Hui. 北 京 柿 子 林 会 所 ,2003 年 , 非 常 建 筑 。 建 筑师 : 张 永 和 、 王 晖 。Siheyuan Aire(Pékin). Qi Xinarchitects andEngineers, 2007.Chef de proj<strong>et</strong> : QiXin. 似 合 院 ( 北 京 ),2007 年 , 齐 欣 建 筑 。 建 筑师 : 齐 欣 。Village de la Commune de la grande murail<strong>le</strong> (Pékin). Split House,Chang Yung Ho. 长 城 脚 下 的 公 社 —— 二 分 宅 , 建 筑 师 : 张 永 和© DR © DRVillage-hôtel de la vallée de jade (Liantian, Xi’an). AgenceMADA spam, 2008. Chef de proj<strong>et</strong> : Ma Qing Yun. 玉 山 酒 馆 ( 西 安 蓝田 ),2008 年 , 马 达 思 班 。 建 筑 师 : 马 清 运 。Village de la Commune de la grande murail<strong>le</strong> (Pékin). «See» and«Seen» House, Cui Kai. 长 城 脚 下 的 公 社 : 三 号 别 墅 《 看 与 被 看 》, 建 筑 师 : 崔 凯© DR© DR© DRConnexions / mars 2010 101


DOSSIER专 栏Les architectes étrangers en ChineL’Opéra national, conçu par Paul Andreu, est devenu un emblème de la capita<strong>le</strong><strong>chinois</strong>e.保 罗 . 安 德 鲁 设 计 的 国 家 歌 剧 院 已 经 成 为 中 国 首 都 的 象 征 性 建 筑Hier, la Chine montrait sa grandeurdepuis <strong>le</strong>s pavillons de la Cité Interdite ;aujourd’hui, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> fait à partir desfauteuils de l’Opéra national. « La Chinea besoin d’ouvrages exceptionnels pourmontrer au monde ce qui se passe dans<strong>le</strong> pays » affirme Tang Jun, architecteen chef du cabin<strong>et</strong> français Arep àPékin. « Le thème de l’Expo 2010 enest <strong>le</strong> dernier exemp<strong>le</strong>. Aujourd’huichaque vil<strong>le</strong> cherche à construire unenouvel<strong>le</strong> identité grâce à la constructiond’un opéra, d’un musée ou d’uncentre culturel », ajoute Zhou Wenyi,associée du cabin<strong>et</strong> Arte Charpentierà Shanghai. Récemment, <strong>le</strong> nombred’architectes étrangers installés en Chinea beaucoup augmenté. Les cabin<strong>et</strong>sfrançais, italiens, al<strong>le</strong>mands, anglais <strong>et</strong>même indiens f<strong>le</strong>urissent dans <strong>le</strong> pays.La Chine était, à la fin des années 1990,une terre vierge <strong>et</strong> l’ambition créatriceétrangère est regardée avec beaucoupd’estime.« Ici, il faut toujours apporter une va<strong>le</strong>urajoutée, un savoir-faire inspirant <strong>et</strong>faire preuve de capacité d’évolution »,explique F<strong>le</strong>ur des Diguères, directricegénéra<strong>le</strong> de Arep en Chine.En eff<strong>et</strong>, être architecte en Chine impliqueune façon de travail<strong>le</strong>r différente.« Ce que peut faire un architecte <strong>chinois</strong>est limité, explique Tang Jun, car il nedoit pas imaginer quelque chose d<strong>et</strong>rop diffici<strong>le</strong> à m<strong>et</strong>tre en place pourla structure, l’architecte <strong>et</strong> l’ingénieurtechnique travaillant séparément ». Lacréativité est cantonnée à la productiond’un dessin. L’innovation est souventfreinée par des obstac<strong>le</strong>s pragmatiques.Par contre, aux étrangers, tout, oupresque, est permis car ils sont là pour« apporter de nouveaux concepts,technologie ou méthodes <strong>et</strong> <strong>le</strong>s m<strong>et</strong>treen pratique » explique Tang Jun.« Les étrangers sont attirés en Chinepar la variété de secteurs où peuts’exercer <strong>le</strong>ur créativité» ajoute F<strong>le</strong>ur deDiguères. Fascinés par <strong>le</strong>s éléments del’architecture traditionnel<strong>le</strong> <strong>chinois</strong>e, telque <strong>le</strong> fengshui, ils s’en inspirent pourdonner une identité à <strong>le</strong>ur proj<strong>et</strong>s. « Pour<strong>le</strong>s Chinois c’est beaucoup plus diffici<strong>le</strong>d’harmoniser tradition <strong>et</strong> modernité,car constamment baignés dans deséléments traditionnels, ils sont moinsenclins à <strong>le</strong>s utiliser » selon Tang Jun.Pourtant, l’architecture <strong>chinois</strong>e serenouvel<strong>le</strong> <strong>et</strong> l’on voit émerger dejeunes ta<strong>le</strong>nts. « Il y a une grandeévolution en Chine concernant lacréativité, la modernité <strong>et</strong> l’imagede l’architecture <strong>chinois</strong>e, expliqueZhou Wenyi . Ceci concerne aussi bien<strong>le</strong>s auteurs de proj<strong>et</strong>s que ceux quiprennent <strong>le</strong>s décisions ou réalisent<strong>le</strong>s proj<strong>et</strong>s ». Certains jeunes cabin<strong>et</strong>smade in China sont désormais connusdans <strong>le</strong> monde entier. « On voit arriverune nouvel<strong>le</strong> génération d’architectes,dont certains ont suivi des formationsà l’étranger. Ils commencent à trouverun sty<strong>le</strong> en rapport avec <strong>le</strong>urs originesculturel<strong>le</strong>s, mais ils manquent parfoisd’expérience sur <strong>le</strong>s détails, <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur façonde considérer l’architecture comme des« folies » gagnerait à être maitrisée. ».Antonia Cimini•© Imagine China•••qui débute timidement pourdes raisons politiques. D’autre part,beaucoup de vil<strong>le</strong>s <strong>chinois</strong>es ont terminéla planification de <strong>le</strong>ur schéma directeur<strong>et</strong> reviennent sur <strong>le</strong>s détails où <strong>le</strong>sarchitectes ont un rô<strong>le</strong> important à jouer.C’est cela qui intéresse d’abord c<strong>et</strong>tegénération : travail<strong>le</strong>r avec <strong>le</strong>s autoritésloca<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> tissu urbain.Quant au r<strong>et</strong>entissement international dec<strong>et</strong>te génération, même si ses membresne sont pas encore aussi connus queRem Koolhaas ou Kengo Kuma, <strong>le</strong> fait queYung Ho Chang <strong>et</strong> Ma Qing Yun soient àla tête d’établissements internationauxprestigieux, est la preuve de son influencecroissante. Cel<strong>le</strong>-ci s’est opérée d’abordpar <strong>le</strong> biais des Eco<strong>le</strong>s d’architecture<strong>chinois</strong>es <strong>et</strong> occidenta<strong>le</strong>s, qui, depuisune décennie, ont largement accru<strong>le</strong>urs échanges. Ainsi en France, ont eulieu des ateliers de travail entre étudiants<strong>et</strong> professeurs <strong>chinois</strong> <strong>et</strong> français au coursdesquels l’étude du contexte urbain<strong>chinois</strong> — territoires à grande échel<strong>le</strong>,contraintes démographiques, tempsde conception très courts, aléas de lamaîtrise d’ouvrage... — ont modifié p<strong>et</strong>ità p<strong>et</strong>it la vision occidenta<strong>le</strong> de fabricationde proj<strong>et</strong>. Cela va de pair avec l’évolutionurbaine globa<strong>le</strong>. Des vil<strong>le</strong>s comme Dubai,Pékin ou Shanghai, où tout semb<strong>le</strong>possib<strong>le</strong> a priori, renouvel<strong>le</strong>nt l’approcheclassique du rô<strong>le</strong> de l’architecte, dela maîtrise d’ouvrage, <strong>le</strong> processus deproj<strong>et</strong>…Le proj<strong>et</strong> d’architecture n’est plustel<strong>le</strong>ment considéré comme une œuvreà part, mais comme <strong>le</strong> composant devastes puzz<strong>le</strong>s urbains, aux acteurs <strong>et</strong>possibilités multip<strong>le</strong>s. Avec la globalisationde ces modes de fabrication de la vil<strong>le</strong>, <strong>le</strong>sarchitectes <strong>chinois</strong> auront alors peut-êtredes réponses <strong>et</strong> des solutions à exporter,puisqu’ils tentent déjà de trouver dessolutions pour <strong>le</strong>ur propre pays.Propos recueillis par Anne•Garrigue1. Positions, portrait d’une nouvel<strong>le</strong> génération d’architectes<strong>chinois</strong>, catalogue de l’exposition conçue <strong>et</strong> réalisée parla Cité de l’architecture <strong>et</strong> du patrimoine / Institut françaisd’architecture, textes Frédéric edelman <strong>et</strong> Jérémie Descamps2. China architecture and design research group102Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力Artisanat d’artChristof<strong>le</strong> collabore avec des artistes <strong>chinois</strong>A travers <strong>le</strong>s vitrines de l’orfèvre de luxe se diffusent savoir-faire <strong>et</strong> création contemporaine.Fer de lance d’un artisanat français hautde-gammede réputation internationa<strong>le</strong>,l’argentier Christof<strong>le</strong> s’intéresse depuislongtemps à des techniques bien<strong>chinois</strong>es. « Nous utilisons déjà la laquede Chine », explique ainsi <strong>le</strong> directeur deChristof<strong>le</strong> en Chine, Benjamin Bilteryst.Jusque-là, l’orfévre utilisait c<strong>et</strong>te matière,<strong>chinois</strong>e par excel<strong>le</strong>nce,pour ses bijoux, essentiell e m e n t , e t l a c o l l e c -tion « laque de Chine » compte déjà de nombreux commeartic<strong>le</strong>s mais l’usage dec<strong>et</strong>te technique ancestra<strong>le</strong>pourrait s’étendre à d’autres se fontproduits de la gamme.rares.»« Nous avons des proj<strong>et</strong>savec un fabricant pourtravail<strong>le</strong>r la laque de Chine, sur des boîtesou sur des plateaux notamment », précise<strong>le</strong> responsab<strong>le</strong> français.Chrisof<strong>le</strong> ne cache ainsi pas son attirancepour l’artisanat <strong>chinois</strong> qui tend pourtantà disparaître, la conversion du pays à lamodernité ayant souvent emporté avecel<strong>le</strong> de précieux savoir-faire. Certainesrégions de Chine font toutefois encorede la résistance. Au sud de Shanghai, parexemp<strong>le</strong>, à Jingdezhen, se trouve unevéritab<strong>le</strong> expertise ancestra<strong>le</strong>. La p<strong>et</strong>itevil<strong>le</strong> de la province de Jiangxi, près de lafrontière avec <strong>le</strong> Zhejiang, est spécialiséedepuis presque deux mil<strong>le</strong> ans dans l<strong>et</strong>ravail de la céramique <strong>et</strong> de la porcelaine,qui ont pris <strong>le</strong>ur réel essor il y a unmillénaire. La vil<strong>le</strong> compte un institut deCéramique <strong>et</strong> est même considérée auniveau mondial comme la capita<strong>le</strong> de laporcelaine passée <strong>et</strong> présente.Des berceaux artisanaux commeJingdezhen se font cependant de plus enplus rares face à l’industrialisation du pays<strong>et</strong> <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs porte-paro<strong>le</strong>s du savoirfaire<strong>chinois</strong> restent <strong>le</strong>s artistes locaux. Uneréalité dont a bien conscience l’argentier« Les villagesartisanauxJingdezhenChristof<strong>le</strong> qui a choisi d’inviter la ChinoiseWang Xiaohui pour dessiner une piècepour la marque. Formée à l’Université deTongji à Shanghai dans <strong>le</strong>s années 1980,Wang Xiaohui est une artiste qui toucheà tout, aussi bien à la photo, à l’art, qu’audesign extérieur ou à la sculpture. Maisc’est sans doute pour ses sculptures <strong>et</strong>ses peintures qu’el<strong>le</strong> est <strong>le</strong>plus reconnue. « Cela faitdeux ans que nous noussommes liés d’amitié. Sontravail sur <strong>le</strong> symbolismem’avait alors interpellé »,confie Benjamin Bilteryst.Conquis, <strong>le</strong> Français avaitalors parlé de l’artiste<strong>chinois</strong>e. « Et <strong>le</strong> siège à Pariss’est montré intéressé »,raconte <strong>le</strong> directeur. La collaboration s’estdès lors rapidement mise en place. Unefois l’oeuvre réalisée par Wang Xiaohui, <strong>le</strong>sorfèvres de la marque ont travaillé à partird’un mou<strong>le</strong> de l’artiste pour reproduirela sculpture. El<strong>le</strong> est aujourd’hui exposéedans la boutique-phare de la marque àShanghai, située sur la célèbre Huashanlu, aux abords de la concession française.Christof<strong>le</strong> a l’habitude de travail<strong>le</strong>r avecdes artistes ou des designers de renom,à l’instar d’Andrée Putman ou de Ora Ïto. I<strong>le</strong>st dès lors peu étonnant que la marqueait montré de l’intérêt pour une artiste<strong>chinois</strong>e, d’autant que l’orfèvre n’en estpas à sa première collaboration avec laChine. « Nous avions déjà travaillé avecun artiste hongkongais pour une œuvreintitulée Main dans la main, représentantdeux mains qui s’entrelacent », rappel<strong>le</strong>Benjamin Bilteryst.C<strong>et</strong>te année, Wang Xiaohui a aussiréalisé un marque-page en argentpour Christof<strong>le</strong>. Un clin d’oeil au travaild’écrivain de l’artiste <strong>chinois</strong>e, qui vientde rééditer son livre Mon journal intimevisuel – 15 ans en Al<strong>le</strong>magne, qui devaitL’artiste <strong>chinois</strong>e Wang Xiaohui réalisedes modè<strong>le</strong>s pour Christof<strong>le</strong>. 中 国 艺 术 家 王 小慧 为 法 国 昆 庭 完 成 了 几 款 设 计sortir au moment de la foire du livre deFrancfort. La Shanghaienne a ainsi vécude longues années à Munich, où el<strong>le</strong>a gardé des attaches. Mais au-delà del’écho donné à sa plume, <strong>le</strong> marque-pagecommercialisé par l’argentier français estun emprunt au symbolisme <strong>chinois</strong>. Il ya d’abord <strong>le</strong> lotus, très présent dans <strong>le</strong>bouddhisme. « Le lotus, c’est la plantequi se régénère même si el<strong>le</strong> croît dans laboue », précise <strong>le</strong> directeur de Christof<strong>le</strong>en Chine. Il y a ensuite <strong>le</strong> chiffre « cinq »,symbo<strong>le</strong> de bénédiction.Chaque boutique de Christof<strong>le</strong> dans<strong>le</strong> monde choisit <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctions qu’el<strong>le</strong>décide d’exposer, mais après Shanghai,Benjamin Bilteryst « espère qu’il y auraun rayonnement » des œuvres de WangXiaohui. L’art <strong>chinois</strong> pourrait alors sepropager au niveau international à travers<strong>le</strong>s vitrines de l’orfèvre de luxe. •JulieDesnéwww.wangxiaohui.com© Imagine ChinaConnexions / mars 2010 103


DOSSIER专 栏© Imagine ChinaUn défilé Vivienne Tam, une des premières stylistes <strong>chinois</strong>es dont la notoriété a dépassé l’Asie. 谭 燕 玉 的 时 装 秀 , 她 是 国 际 顶 尖 的 华 裔 时 装 设 计师 之 一 , 其 知 名 度 已 超 出 亚 洲 。Mode : p<strong>et</strong>its designers deviendront grandsEncore inexistante dans l’univers très se<strong>le</strong>ct de la haute-couture, la Chine connaît un réveilcréatif depuis <strong>le</strong>s années 2000, encouragé en haut-lieu.En Chine, la mode n’est jamais qu’un refl<strong>et</strong>des rebondissements de l’histoire. SousMao, <strong>le</strong>s Chinois disaient d’un vêtementqu’il fallait « <strong>le</strong> porter neuf pendant troisans, usé pendant trois autres années <strong>et</strong>rapiécé pendant encore trois autres »... Dela qipao mandchoue, considérée sous laRépublique comme la quintessence de laféminité, au costume Sun Yat-sen <strong>et</strong> autrestricots albanais, des robes f<strong>le</strong>uries en cotonimporté d’URSS jusqu’à l’océan gris-kaki dela Révolution culturel<strong>le</strong>, chaque périodepolitique a imposé son sty<strong>le</strong>. Il aura falluattendre l’ère des réformes pour que lamode ne soit plus considérée comme unconcept « bourgeois » <strong>et</strong> pour voir ressurgirfantaisie <strong>et</strong> cou<strong>le</strong>urs. Désormais, <strong>le</strong>s Chinoisn’auront plus besoin de bons pour ach<strong>et</strong>ertrois à quatre mètres de tissu par an. Placeau polyester, aux pattes d’éléphant, auxcostumes occidentaux, aux mini-jupes,bref « aux sty<strong>le</strong>s ».Trente ans après, <strong>le</strong> paysage s’est étoffé.Les facs de mode ont f<strong>le</strong>uri, <strong>et</strong> la professions’organise : modélistes, stylistes, experts enmark<strong>et</strong>ing de mode se dotent de représentants,tandis que des jeunes créateurs apparaissent,prêts à en découdre avec l’étranger.C’est pour former ces jeunes pousses que lacélèbre éco<strong>le</strong> Esmod, créée en 1841 par <strong>le</strong>104Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力tail<strong>le</strong>ur de l’impératrice Eugénie, s’est installéeà Pékin en 2004. « La Chine est encorecataloguée comme un pays façonnier maisel<strong>le</strong> entend bien monter en gamme », commenteZora Gérault, directrice de l’éco<strong>le</strong>à Pékin. Preuve que <strong>le</strong>s choses bougent :des dizaines de concours sont organiséschaque année, avec à la clé de coqu<strong>et</strong>tesbourses.Certes, la robe portée l’an dernier parDong Qing, célèbre animatrice du gala duNouvel An sur CCTV, a créé la polémiquesur intern<strong>et</strong>. Copiée ? Pas copiée ? Certesaussi, Zora Gérault trouve <strong>le</strong>s vêtementsde ses étudiants trop « passe-partout » àson goût. « Leur créativité n’est pas encoredébordante, mais ils ont grandi avec beaucoupmoins de cou<strong>le</strong>urs qu’en Occident.Inconsciemment, ça joue. »Lu Liu 1 , 29 ans, appartient justement àla nouvel<strong>le</strong> génération des créateurs demode. Comme beaucoup de ceux qui ontpercé avant el<strong>le</strong> (Vivienne Tam, Sue Wong,Ma Ke), el<strong>le</strong> quitte son Pékin natal à 16 anspour une pension en Suisse, avant d’étudier<strong>le</strong> stylisme à Paris, puis à la prestigieuse ParsonsSchool de New York. Depuis, el<strong>le</strong> a ouvertsa boutique à Shanghai il y a deux ans,mais rien n’est faci<strong>le</strong>. « La mode <strong>chinois</strong>en’est pas encore mature. Chacun crée deson côté <strong>et</strong> personne ne sait dans quel<strong>le</strong>direction al<strong>le</strong>r. »De fait, si beaucoup de designers <strong>chinois</strong>sont invités à montrer <strong>le</strong>urs créations àl’étranger, <strong>le</strong> succès commercial n’est pastoujours au rendez-vous. Pauline Su, viceprésidentede l’Association de la Mode deChine, explique que <strong>le</strong>s créateurs ne manquentpas (plus de 200 studios à Pékin),mais qu’ils travail<strong>le</strong>nt souvent dans des p<strong>et</strong>itesstructures <strong>et</strong> pour un cerc<strong>le</strong> restreintde clients. « Sauf exception, <strong>le</strong>s marquesdes créateurs <strong>chinois</strong> ne sont pas très connuesen Chine <strong>et</strong> sont loin d’avoir <strong>le</strong> prestigede <strong>le</strong>urs homologues étrangères. »En attendant, tous <strong>le</strong>s grands noms de lahaute-couture se sont inspirés de la Chine.Tous aussi lorgnent sur <strong>le</strong> marché <strong>chinois</strong>,troisième pour <strong>le</strong> luxe. C<strong>et</strong>te année,Armani ouvrira 25 magasins en Chine,Hermès va lancer une marque en Chine<strong>et</strong> Chanel a ouvert une boutique amira<strong>le</strong>à Shanghai. • Hélène Duvigneau1http://lu1228.360fashion.n<strong>et</strong>/Un “glamour” de ChineDepuis l’avènement des pieds bandés,critère esthético-érotique lancé à la courimpéria<strong>le</strong> <strong>et</strong> pratiqué pendant plus demil<strong>le</strong> ans jusqu’au glamour hollywoodien,en passant par l’asexualité du maoïsm<strong>et</strong>riomphant, l’idéal féminin <strong>chinois</strong>apparaît une succession d’avatars. Saufsous l’ère Mao, un critère n’a pourtant paschangé, hérité de la poésie traditionnel<strong>le</strong> :la peau des femmes doit être claire, lisse <strong>et</strong>pure comme <strong>le</strong> jade. La peau mise à part,où en sont <strong>le</strong>s Chinois avec <strong>le</strong>ur beauté ?« Les Chinoises, qui prenaient encore pourmodè<strong>le</strong> l’Européenne aux yeux larges il ya dix ans, reviennent aujourd’hui vers desmodè<strong>le</strong>s plus asiatiques »,« Lesobserve Zhenzhen Lan,v i c e - p r é s i d e n t ede L’Oréal Chine. Avec lamondialisation, <strong>le</strong>s influencessont par ail<strong>le</strong>ursde plus en plus variées.« Chaque femme cherche<strong>le</strong> sty<strong>le</strong> de beauté quilui convient <strong>le</strong> mieuxparmi tous ceux qui luisont offerts, poursuit laChinoisesreviennentvers desmodè<strong>le</strong>s plusasiatiques.»spécialiste. Quant aux jeunes, ils n’hésitentpas à teindre <strong>le</strong>urs cheveux en blond <strong>et</strong>revendiquent <strong>le</strong> droit d’être acceptés telsqu’ils sont. »Si <strong>le</strong>s Japonaises ou <strong>le</strong>s Coréennes sontcertes très imitées, <strong>le</strong>s mannequins desmagazines féminins sont encore à 50%occidentaux. Le mensuel Beauty ouvreainsi son numéro de février avec une pubEstée Lauder montrant Gwyn<strong>et</strong>h Paltrowen tenue fine. Au milieu, une feuil<strong>le</strong> volantevante <strong>le</strong>s mérites des opérations desseins, très en vogue chez <strong>le</strong>s diplôméesayant des économies. Doub<strong>le</strong> paupière,nez plus étroit, pomm<strong>et</strong>tes arrondies…<strong>le</strong>s améliorations recherchées ne sont pastrès asiatiques.Autre illustration, caricatura<strong>le</strong>, de lapopularité des beautés occidenta<strong>le</strong>s :quand Mattel a ouvert en 2009 sonmagasin de six étages à Shanghai, <strong>le</strong>strentenaires n’étaient pas <strong>le</strong>s dernièresà se précipiter. Or 90% des Barbie enstock étaient blondes aux yeux b<strong>le</strong>us.« Chaque Shanghaienne veut être uneprincesse », expliquait une jeune femmeà un journaliste du Hufftington Post. Maistoutes <strong>le</strong>s Chinoises ne se rêvent pas enBarbie <strong>et</strong> font clairement la différenceentre fantasme <strong>et</strong> réalité. A titre d’exemp<strong>le</strong>,l’un des critères de beauté féminins quidomine avec la peau, est d’avoir unelongue <strong>et</strong> soyeuse chevelure noire.L’explosion du marché des cosmétiques(+10% par an selon <strong>le</strong> China Beauty Salon),a par ail<strong>le</strong>urs aidé <strong>le</strong>s Chinoises à affirmer<strong>le</strong>ur beauté. Dans <strong>le</strong>s années 1990, Yu SaiKan, Américaine née en Chine, avait déjàcassé la baraque en lançant une marque decosmétiques adaptés aux caractéristiquesfacia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> au grain de peau <strong>chinois</strong>. El<strong>le</strong>avait même lancé une wawa (poupée)anti-Barbie : Yu-Sai. « J’ai permis auxChinoises, bien avant mes concurrents,de concilier la spécificité asiatique avec latechnologie occidenta<strong>le</strong> »,explique-t-el<strong>le</strong>.P a r a l l è l e m e n t ,l’avènement de Gong Lisur <strong>le</strong> grand écran dèsla fin des années 1980,puis de Zhou Xun <strong>et</strong>Zhang Ziyi, a contribuéà populariser la beauté<strong>chinois</strong>e hors frontières.Chez <strong>le</strong>s hommes, ce sontsurtout <strong>le</strong>s acteurs deHong Kong (Tony Leung, Andy Lau) oud’origine hongkongaise (Daniel Wu), quise sont fait remarquer.Mais si <strong>le</strong>s stars <strong>chinois</strong>es gagnent del’influence, y compris dans <strong>le</strong> sport, sontel<strong>le</strong>spour autant devenues l’armée decharme de la Chine ? D’après Hong Huang,éditrice, bloggeuse <strong>et</strong> animatrice d’uneémission télé, la Chine aurait bien besoind’une tel<strong>le</strong> « armée », <strong>et</strong> de citer la phrased’un professeur de Beida, prononcée en2006 : « Un Yao Ming, une Zhang Ziyi sontplus efficaces que dix mil<strong>le</strong> Confucius ».Une idée qu’el<strong>le</strong> applique à la l<strong>et</strong>trepuisque son magazine iLook, sorti pourla première fois à Taiwan en janvier, faitsa couverture sur Zhang Ziyi. « C’est notrecontribution au <strong>soft</strong> <strong>power</strong> <strong>chinois</strong>. ».Reste que c<strong>et</strong>te armée de beaux <strong>et</strong> bel<strong>le</strong>sne se laisse pas si faci<strong>le</strong>ment enrô<strong>le</strong>r. Pourdes raisons de cœur, Gong Li est devenuesingapourienne. Quant à Zhang Ziyi <strong>et</strong>Zhou Xun, el<strong>le</strong>s ont obtenu la citoyenn<strong>et</strong>éhongkongaise, c<strong>et</strong>te fois pour desraisons pratiques. Dernier « transfuge »en date : <strong>le</strong> bébé de Yao Ming, bienparti pour naître aux Etats-Unis, doncdevenir citoyen Américain. •H. D.Connexions / mars 2010 105


DOSSIER专 栏L’essor des marques <strong>chinois</strong>esMême si la réputation du « made in China » ne décol<strong>le</strong> pas en Occident, quelques marques<strong>chinois</strong>es ont pourtant réussi à s’imposer comme des références dans <strong>le</strong>ur secteur. Les autresattendent <strong>le</strong>ur heure, se concentrant pour l’instant sur <strong>le</strong> marché intérieur.Goog<strong>le</strong>, L’Oréal, Nike, Nokia, Canon, BMW...Le classement BrandZ 2009 des 100 marquesmondia<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus puissantes réalisépar <strong>le</strong> cabin<strong>et</strong> Millward Brown 1 , reflète sanssurprise la domination des marques occidenta<strong>le</strong>s,notamment américaines. Numéro7, China Mobi<strong>le</strong> est consacré commepremier opérateur mondial de téléphoniemobi<strong>le</strong>. C’est aussi la seu<strong>le</strong> entreprise <strong>chinois</strong>e,hors secteur bancaire, à figurer dans laliste. S’il ne mesure pas la renommée directedes marques, ce classement traduit malgrétout la difficulté des marques <strong>chinois</strong>es àrayonner hors frontières.« Au village, sans prétention, j’aimauvaise réputation », chantaitBrassens. Serait-ce à cause dela mauvaise réputation qui,el<strong>le</strong> aussi, col<strong>le</strong> à l’étiqu<strong>et</strong>tedes produits <strong>chinois</strong>, que <strong>le</strong> fabricantd’appareils é<strong>le</strong>ctroménagersHaier a choisi un nomà consonance al<strong>le</strong>mande ? teursPourquoi un produit made inChina serait-il a priori moinsbon qu’un autre fabriqué enIndonésie ou au Mexique sice n’est pour des questionsd’image ? Selon l’étude madein China 2008 réalisée par <strong>le</strong>cabin<strong>et</strong> Interbrand auprès de700 professionnels non-<strong>chinois</strong>, seuls 6%des sondés affirment « aimer ach<strong>et</strong>er desmarques <strong>chinois</strong>es » <strong>et</strong> 68% jugent que <strong>le</strong>made in China nuit au développement deces marques. Malgré la couverture mondia<strong>le</strong>des produits <strong>chinois</strong>, <strong>le</strong>s marques, el<strong>le</strong>s,n’ont donc pas encore conquis <strong>le</strong> cœur <strong>et</strong>l’esprit des consommateurs étrangers.L’eff<strong>et</strong> loupe lié aux JO <strong>et</strong> à son statut degrande puissance émergente a par ail<strong>le</strong>urseu tendance à se r<strong>et</strong>ourner contre la Chine.Ainsi, l’exercice remarquab<strong>le</strong> de « représentationde soi » lors des JO a été mis cruel<strong>le</strong>menten échec par <strong>le</strong> scanda<strong>le</strong> du laitcontaminé. Or l’image d’un pays a un eff<strong>et</strong>halo pour ses marques.A la rescousse du « Made in China »Pour redorer <strong>le</strong> blason de son industrie,durab<strong>le</strong>ment écorné par des scanda<strong>le</strong>sà r<strong>et</strong>entissement international, dont <strong>le</strong>sépisodes ne sont pas toujours clos, Pékina lancé fin 2009 sur CNN une campagnede sauv<strong>et</strong>age du made in China. Pendant 4mois un spot de 30 secondes explique auxtéléspectateurs américains que <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s<strong>chinois</strong> sont aussifabriqués « avec <strong>le</strong>monde ». Made inChina, <strong>le</strong>s bask<strong>et</strong>s styléesde Nike seraientpeu de chose, expliquela pub, sans la« technologie sportiveaméricaine ».Jusqu’à présent,Pékin ne s’était pasvraiment démenépour aider <strong>le</strong>s fournisseurs<strong>chinois</strong> demarques étrangères,mais l’arrivée de lacrise a sans douterendu l’exercice plusurgent. Paradoxa<strong>le</strong>ment, explique <strong>le</strong> bloggeurKaiser Kuo sur Youku, <strong>le</strong> spot pourraitavoir un eff<strong>et</strong> contraire en renforçant l’idéeque l’atelier du monde est en Chine.Toujours est-il que pour l’instant, <strong>le</strong>ur principalatout, à savoir des prix compétitifs, perdson aspect positif dans la mesure où il estsouvent associé à une qualité médiocre ouà un risque pour la santé. Selon l’enquêted’Interbrand, <strong>le</strong>s marques <strong>chinois</strong>es rencontrentquatre types d’obstac<strong>le</strong>s à l’étranger :la réputation de mauvaise qualité (80%),«Pendantquatre mois, unspot de trentesecondesexplique auxtéléspecta-américains que<strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s<strong>chinois</strong> sontaussi fabriquésavec <strong>le</strong> monde. »l’absence d’avantages compétitifs en dehorsdu prix (53%), <strong>le</strong> ressentiment anti<strong>chinois</strong>(45%) <strong>et</strong> une mauvaise communication(31%). Sans travail sur <strong>le</strong>ur personnalité,comment attirer en eff<strong>et</strong> des consommateursétrangers ? Mais ces marques ont-el<strong>le</strong>svraiment besoin de s’exporter en <strong>le</strong>urnom sur des marchés occidentaux déjàarchi-mûrs ? « Pas forcément », répond NathalieBastianelli, experte en mark<strong>et</strong>ingancienne directrice généra<strong>le</strong> de HavasSports Chine, pour qui <strong>le</strong>s opportunités dedéveloppement se situent en priorité sur<strong>le</strong> marché intérieur. « Certains secteurs,comme l’automobi<strong>le</strong>, sont saturés à l’international,alors que <strong>le</strong> marché domestiqueest en p<strong>le</strong>in boom, obligeant <strong>le</strong>s marques<strong>chinois</strong>es à bâtir des stratégies coûteusesd’innovation, d’alliance ou de rachat si el<strong>le</strong>sveu<strong>le</strong>nt exporter. La décision de se concentrersur la Chine n’a rien à voir avec <strong>le</strong> faitqu’el<strong>le</strong>s soient <strong>chinois</strong>es. »Shopping hors frontièresDepuis l’entrée de la Chine à l’OMC en 2001,<strong>le</strong>s rachats ou tentatives de rachat parfoisspectaculaires de f<strong>le</strong>urons étrangers se sontmultipliés. Après avoir engrangé du capitalsur <strong>le</strong> marché domestique, <strong>le</strong>s entreprises<strong>chinois</strong>es rachètent hors frontières poursauter des étapes technologiques. FusionTCL-Thomson en 2004, rachat de la divisionPC d’IBM par Lenovo en 2005, ou du SuédoisVolvo (propriété de Ford), par Geely,encore inconnu en Occident… Très médiatisées,ces empl<strong>et</strong>tes ne sont pourtant pastoujours couronnées de succès. Parfois précipitées,réalisées à l’initiative d’acteurs pastoujours préparés, el<strong>le</strong>s reflètent néanmoinsun appétit croissant d’internationalisation.A l’exemp<strong>le</strong> de Lenovo, propulsé numéro4 mondial en ventes de PC, <strong>le</strong>s percées demarques <strong>chinois</strong>es à l’étranger existent,même si el<strong>le</strong>s ne sont pas toujours connues106Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力© Imagine China© Imagine China© Imagine China© Imagine ChinaLenovo, Buy your Dream, Li Ning, Haier, Tsingtao <strong>et</strong> China Mobi<strong>le</strong>… <strong>le</strong>s marques <strong>chinois</strong>es affichent des ambitions internationa<strong>le</strong>s.联 想 、 比 亚 迪 、 李 宁 、 海 尔 、 青 岛 啤 酒 、 中 国 移 动 等 中 国 品 牌 彰 显 出 国 际 化 雄 心 。© Imagine China© Imagine Chinadu grand public. « Parmi <strong>le</strong>s firmes <strong>chinois</strong>esqui émergent <strong>et</strong> conquièrent des marchésavec de gros moyens financiers, on trouve<strong>le</strong>s grandes sociétés d’Etat, dans l’énergienotamment », explique Vladimir Djurovic,fondateur de Labbrand 2 , un cabin<strong>et</strong>de conseil pour <strong>le</strong>s marques. L’exemp<strong>le</strong> del’équipementier télécoms Huawei, devenuen peu de temps, numéro 2 mondial dans<strong>le</strong> secteur des réseaux mobi<strong>le</strong>s (avec 20%des parts de marché 2009) <strong>et</strong> la bête noired’Alcatel Lucent, est très frappant. Que direaussi de CNPC (China National P<strong>et</strong>ro<strong>le</strong>umCorporation), partenaire des JO, qui a gagnéfin décembre <strong>le</strong> contrat d’exploitation d’unchamp pétrolier irakien avec <strong>le</strong> quatrièmegroupe pétrolier Total en partenaire minoritaire(25%) ?Bâtir des marques fortesOutre <strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s de marques dites « <strong>et</strong>hniques» diffusées auprès de la communautédes Chinois de l’étranger, tel<strong>le</strong> la bièreTsingtao, on trouve aussi des exemp<strong>le</strong>sd’acteurs privés, tels Haier <strong>et</strong> Li Ning, qui ontmisé dès <strong>le</strong> départ sur la construction d’uneimage de marque auprès des consommateursétrangers. « Ce sont des stratégiesconscientes <strong>et</strong> professionnel<strong>le</strong>s, souligneOlivier Vérot, expert en mark<strong>et</strong>ing <strong>et</strong>auteur du blog « Mark<strong>et</strong>ing en Chine » 3 . Entravaillant sur l’innovation, Haier a réussi às’imposer — aidé, il est vrai, par sa JV avecLiebherr — dans <strong>le</strong>s réseaux de distributionoccidentaux. « Il a innové sur <strong>le</strong>s fonctionnalitésen ciblant <strong>le</strong> public étudiant <strong>et</strong> s’estdonné pour mot d’ordre « Détruisez ce quin’est pas de bonne qualité », note VladimirDjurovic. Quant à Li Ning, ancien gymnast<strong>et</strong>rip<strong>le</strong> médaillé olympique aujourd’hui patrond’une marque de vêtements de sportéponyme, il a réalisé un coup de maître enallumant la vasque olympique lors de lacérémonie d’ouverture des JO. Certes, sonlogo imite <strong>le</strong> Swoosh de Nike <strong>et</strong> son slogan« Anything is possib<strong>le</strong> » rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> « Impossib<strong>le</strong>is nothing » d’Adidas, mais Li Ning nes’en soucie guère <strong>et</strong> affiche ses ambitionsinternationa<strong>le</strong>s. « Il a compris qu’il lui fallaitmultiplier partenariats <strong>et</strong> publicités à grandeéchel<strong>le</strong> pour gagner en crédibilité », observeNathalie Bastianelli. Accord avec l’ATP(tennis) ou avec la star du bask<strong>et</strong> Shaquil<strong>le</strong>O’Neal, contrat de sponsoring avec <strong>le</strong> clubde foot Espagnol, ou même avec la Caissed’Epargne… Li Ning sème ses graines.L’arrivée d’une nouvel<strong>le</strong> génération d’entrepreneurs,jeunes <strong>et</strong> polyglottes, va sansdoute renforcer à l’avenir l’influence desmarques <strong>chinois</strong>es à l’étranger. Dans l’automobi<strong>le</strong>,BYD créé <strong>le</strong> buzz avec son e6 100%é<strong>le</strong>ctrique, tandis que <strong>le</strong> patron d’Aigo, sociétéhigh-tech de produits multimédia,se rêve déjà en Samsung. Et si <strong>le</strong>s marques<strong>chinois</strong>es suivaient la voie de <strong>le</strong>urs cousinescoréennes ou japonaises ? •Hélène Duvigneau1Réalisé chaque année, <strong>le</strong> classement BrandZ évalue <strong>le</strong>smarques en fonction de <strong>le</strong>ur potentiel de création de va<strong>le</strong>urfinancière. Il s’appuie sur <strong>le</strong>s chiffres rendus publics par <strong>le</strong>sentreprises <strong>et</strong> sur l’appréciation de <strong>le</strong>urs clients.2www.labbrand.com3Blog : http://www.mark<strong>et</strong>ing-chine.com/Connexions / mars 2010 107


DOSSIER专 栏Benjamin Joffe est fondateur <strong>et</strong> CEO dePlus 8 Star.La Route de la soie numériqueBenjamin Joffe est Pdg d’un cabin<strong>et</strong> d’études stratégiquesspécialisé sur <strong>le</strong> marché Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> télécom en Asie de l’Est(Chine, Japon, Corée). Il observe attentivement la zone depuisune dizaine d’années <strong>et</strong> est impliqué dans deux startups dans<strong>le</strong> domaine du social gaming <strong>et</strong> de l’« expertcrowdsourcing ».Dans son secteur, l’innovation en matière de modè<strong>le</strong>s d’affaires(business model) est souvent originaire d’Asie.Connexions : Peut-on par<strong>le</strong>r d’innovation venant d’Asie de l’Est, <strong>et</strong> notammentde Chine, dans votre secteur Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> Te<strong>le</strong>coms ?B. J. : Avant de vous répondre, je tiens à préciser que par<strong>le</strong>r de lanationalité d’une idée n’a pas de sens. On peut seu<strong>le</strong>ment identifierdans quel pays une idée a réussi à trouver un marché important. Ilarrive fréquemment que des idées apparaissent indépendammentdans des lieux différents dès lors que <strong>le</strong>s conditions sont réunies. Laplus grande difficulté est d’arriver à comprendre l’environnementqui a permis à une innovation de prospérer, de ne pas simplifierexcessivement la description d’une innovation <strong>et</strong> d’éviter <strong>le</strong>s stéréotypesculturels. Un exemp<strong>le</strong> : si l’on dit que Tencent, <strong>le</strong> développeurde la messagerie instantanée QQ, est <strong>le</strong> « Facebook » ou <strong>le</strong> « MSN »de Chine, on n’explique rien. Souvent, il n’y a pas d’équiva<strong>le</strong>nt direct<strong>et</strong> l’important est justement dans <strong>le</strong>s différences.J’aime la métaphore du « darwinisme technologique ». Si <strong>le</strong>s premiersmodè<strong>le</strong>s d’affaires qui ont fonctionné dans <strong>le</strong> secteur surla plupart des marchés étaient américains <strong>et</strong> privilégiaient la recherched’information <strong>et</strong> <strong>le</strong>s revenus publicitaires, une fois arrivésdans des écosystèmes locaux, ces modè<strong>le</strong>s ont dû être adaptés<strong>et</strong> ont commencé à diverger. C’est <strong>le</strong> cas de Tencent, qui a commencésur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de ICQ, mais réalise maintenant 90% de sesrevenus grâce aux services à va<strong>le</strong>ur ajoutée, jeux <strong>et</strong> obj<strong>et</strong>s virtuels.Bien qu’encore très peu connue à l’étranger, — <strong>et</strong> encore plus malcomprise — Tencent est la troisième plus grande société Intern<strong>et</strong>du monde derrière Goog<strong>le</strong> <strong>et</strong> Amazon.J’emploie aussi volontiers l’image de la « Route de la soie numérique». Prenons l’exemp<strong>le</strong> des services question-réponse. C’estNaver en Corée du Sud qui, <strong>le</strong> premier, en a fait un succès massif.Hors de Corée, il a été copié par Yahoo (Yahoo Answers), puis parGoog<strong>le</strong>, qui n’a pu rattraper Yahoo <strong>et</strong> a fina<strong>le</strong>ment renoncé. Yahooa ensuite été copié par Baidu en Chine <strong>et</strong> <strong>le</strong>s Japonais l’ont adaptédirectement à partir de Naver. Peu importe que Naver l’ait inventéou pas, l’important est de noter ce qui marche, <strong>le</strong> comprendre <strong>et</strong>l’adapter quand cela peut l’être. Les idées circu<strong>le</strong>nt <strong>et</strong> peuvent avoirencore plus de succès hors de <strong>le</strong>ur lieu de naissance…C. : Pouvez-vous revenir brièvement sur l’histoire d’innovations venues d’Asiede l’Est ?B. J. : Pour prendre quelques exemp<strong>le</strong>s marquants : <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>économique <strong>et</strong> l’écosystème technologique de l’iPhone existe auJapon depuis 1999 <strong>et</strong> NTT DoCoMo avait lancé un « app<strong>le</strong> store »dès 2001. Diffici<strong>le</strong> de dire si App<strong>le</strong> a « adapté » ce modè<strong>le</strong> ou l’aréinventé… près de dix ans plus tard ! En Corée du Sud, où <strong>le</strong> gouvernementavait beaucoup investi dans <strong>le</strong>s infrastructures desréseaux, un journalisme citoyen efficace a pu se développer avecOhmynews 1 . Ce site d’information sur Intern<strong>et</strong> existe depuis dixans. Il compte 40 000 contributeurs <strong>et</strong> a même fondé une éco<strong>le</strong> dejournalisme pour former des « citizens reporters ». C’est Rue 89 dixans avant l’heure, <strong>et</strong> Ohmynews n’a cessé d’innover. Le site a même108Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力La comercialisation des jeux en ligne est un modè<strong>le</strong> qui a fait éco<strong>le</strong> en Corée, puisen Chine. 网 络 游 戏 的 商 业 运 营 模 式 在 韩 国 兴 起 , 然 后 来 到 中 国 。© Imagine Chinacontribué à élire un président alors que <strong>le</strong>s médias soutenaient <strong>le</strong>spartis classiques. Un modè<strong>le</strong> d’affaires qui a fait éco<strong>le</strong>, en Coréepuis en Chine, est celui de la commercialisation des jeux en ligne.Pour se défendre contre la copie, <strong>le</strong>s sociétés coréennes ont préféré<strong>le</strong>s jeux en ligne sur abonnement à la vente sur étagères. Lesmodè<strong>le</strong>s ont évolué rapidement, au fur <strong>et</strong> à mesure que montaitla concurrence : d’abord <strong>le</strong> logiciel gratuit <strong>et</strong> l’abonnement payant,puis des périodes d’essai gratuites, enfin <strong>le</strong> marché des obj<strong>et</strong>svirtuels. E<strong>le</strong>ctronic Arts, un géant du jeu vidéo américain, a licenciérécemment 1 500 employés <strong>et</strong> ach<strong>et</strong>é pour 300 millions de dollarsla société Playfish, créatrice de jeux sur <strong>le</strong>s réseaux sociaux sur <strong>le</strong>modè<strong>le</strong> de free-to-play. Dans <strong>le</strong>s réseaux sociaux aussi, la Corée aété très innovante puisque son service Cyworld, lancé en 1999,repose aussi sur des obj<strong>et</strong>s virtuels. Facebook fait encore 90% deson revenu par la publicité.C. : Et la Chine ?B. J. : La Chine a beaucoup appris de ses voisins, après avoir étéfascinée par <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> américain. Aujourd’hui, c’est el<strong>le</strong> qui a <strong>le</strong>marché des jeux en ligne <strong>le</strong> plus développé qui représente trois àquatre fois <strong>le</strong> marché coréen). Et, sur <strong>le</strong> marché des obj<strong>et</strong>s virtuels,l’addition des marchés japonais, coréen <strong>et</strong> <strong>chinois</strong> représentait en2009 plus de sept fois <strong>le</strong> marché américain, estimé à 1 milliard dedollars. En Chine, <strong>le</strong>s innovations sont rarement spectaculaires,ne serait-ce que parce que l’infrastructure Intern<strong>et</strong> n’est pas aussirapide que <strong>le</strong>s autres : <strong>le</strong>ur haut débit ne compte que 1 ou 2 mégasalors qu’en Europe, on en est à 5 mégas <strong>et</strong> au Japon à 100 mégas.Ils viennent seu<strong>le</strong>ment de lancer la 3G. Mais l’infrastructure <strong>et</strong> latechnologie ne sont pas tout. L’innovation peut être aussi au niveaudes concepts, des méthodes de mark<strong>et</strong>ing ou des aspects communautaires.En Chine, <strong>le</strong>s services s’adressent plutôt à un marchéde masse qui cherche du divertissement. El<strong>le</strong>s sont rarement issuesde technologies de pointe très coûteuses <strong>et</strong> risquées, sauf <strong>le</strong> peerto-peer2 très développé pour répondre aux limitations de réseau <strong>et</strong>à des exigences de faib<strong>le</strong> coût.En matière d’innovation, <strong>le</strong>s Chinois sont des entrepreneurs pragmatiques,qui essaient en général de limiter <strong>le</strong>s risques en commençantpar adapter une idée qui a déjà marché ail<strong>le</strong>urs. Tencentest devenu une superstar du N<strong>et</strong> en commercialisant, pour la premièrefois, une combinaison de messagerie instantanée avec desservices à va<strong>le</strong>ur ajoutée à faib<strong>le</strong> coût (musique de fond pour pageperso, jeux, avatars). El<strong>le</strong> a rajouté des jeux en ligne, des servicesmobi<strong>le</strong>s <strong>et</strong> a résolu initia<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s problèmes de paiement pourun public jeune, qui ne disposait pas de cartes de paiement, avec ladiffusion de cartes prépayées. En 2009, ses revenus seront de plusde 1,5 milliards de dollars, soit environ 3 fois ceux de Facebook. Lamarge n<strong>et</strong>te de Tencent est de plus de 40% !Aujourd’hui, dans <strong>le</strong> domaine des jeux en ligne, neuf sociétés <strong>chinois</strong>essont cotées en bourse alors que <strong>le</strong>s sociétés occidenta<strong>le</strong>s(E<strong>le</strong>ctronique arts, Ubi<strong>soft</strong>, Atari) sont en transition pour faire faceaux mutations du marché vers <strong>le</strong>s jeux en ligne <strong>et</strong> <strong>le</strong>s nouveauxmodè<strong>le</strong>s d’affaires, déjà utilisés en Asie depuis des années. C’estaussi un grand changement dans la gestion de la vie du jeu, devenuun service plutôt qu’un produit, qui a intégré dans son évolution<strong>le</strong>s souhaits des utilisateurs.C. : Qu’est-ce qui explique l’explosion de ces innovations en Chine ?Notre modè<strong>le</strong> pour l’expliquer est <strong>le</strong> « 5 C » : Copie, •••Connexions / mars 2010 109


DOSSIER专 栏En Chine, pour <strong>le</strong>s résaux sociaux, cinq grands s’affrontent, créant une concurrencequi force <strong>le</strong>s sociétés à innover. 中 国 五 大 社 交 网 站 鼎 立 , 造 成 的 竞 争 迫 使 企 业 去 创 新 。© Imagine China•••Compétition, Contrainte, Combinaison, Chine. Dans un paysqui compte de multip<strong>le</strong>s compagnies pour chaque service dominantaux Etats-Unis <strong>et</strong> en Europe (la Chine compte 5 « Facebook »,3 « Yahoo », 4 « Twitter », une demie douzaine de « Me<strong>et</strong>ic »), laconcurrence force <strong>le</strong>s sociétés à innover pour se différencier par<strong>le</strong>urs services, <strong>le</strong>urs stratégies mark<strong>et</strong>ing. L’innovation est souventune question de survie, lorsque <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s d’affaires d’origine nefonctionnent pas. Rien que pour <strong>le</strong>s réseaux sociaux, en Chine cinqgrands s’affrontent : Renren (ex Xiaonei), Kaixin 001, Q zone (parTencent), 51.com <strong>et</strong> la plupart des Chinois branchés sont présentssur plusieurs d’entre eux, parfois même sous plusieurs identités surun seul réseau, pour des usages variés. De plus, la croissance de laChine en a fait un pays d’entrepreneurs qui attire <strong>le</strong> capital risquedu monde entier.C. : Ces innovations sont-el<strong>le</strong>s reproductib<strong>le</strong>s ail<strong>le</strong>urs ? Influencent-el<strong>le</strong>s <strong>le</strong>reste du monde ?Parmi <strong>le</strong>s innovations identifiées, <strong>le</strong>s plus intéressantes sont auniveau des concepts, des innovations mark<strong>et</strong>ing <strong>et</strong> des modè<strong>le</strong>sd’affaires, dont un certain nombre sont adaptab<strong>le</strong>s à d’autresmarchés. Un exemp<strong>le</strong> : celui du réseau social P1, qui se concentresur la classe moyenne montante <strong>chinois</strong>e. Pour recruter des membres,<strong>le</strong>s fondateurs ont eu l’idée d’employer à temps partiel desjeunes qui proposent à des clients de ga<strong>le</strong>ries marchandes hautde-gammed’être photographiés gratuitement <strong>et</strong> d’être inscrits auréseau social ! Cela perm<strong>et</strong> de col<strong>le</strong>cter l’email puis <strong>le</strong> numéro de téléphonemobi<strong>le</strong> lors de la confirmation par SMS. L’employé à tempspartiel est rémunéré 10 Rmb (1 euro) par client qui confirme soninscription, soit l’équiva<strong>le</strong>nt d’une heure <strong>et</strong> demi de travail au MacDo. Un des fondateurs de ce réseau a été inspiré par un magazinesuédois qui prenait des photos dans <strong>le</strong>s night-clubs pour <strong>le</strong>s publiersur papier <strong>et</strong> en ligne. Ce type de modè<strong>le</strong> peut être reproduità condition de faire preuve de curiosité <strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre de côté sespréconceptions pour analyser <strong>le</strong>s succès asiatiques en profondeur.On en est encore loin.Le monde entier semb<strong>le</strong> faci<strong>le</strong>ment convaincu que ce qui estaméricain passe partout alors que ce qui est asiatique ne marchequ’en Asie. Les sociétés asiatiques qui réussissent, <strong>le</strong>s <strong>chinois</strong>es entête, achètent maintenant des marques, du savoir-faire <strong>et</strong> des distributeursen Occident. Tencent, Alibaba, Shanda, Haier, Lenovo,Huawei… se fondent très bien dans <strong>le</strong> paysage <strong>et</strong> avancent peu àpeu, laissant <strong>le</strong>urs concurrents débattre sur l’existence d’innovationen AsieC. : Quel<strong>le</strong> est la part du facteur culturel dans <strong>le</strong> succès de ces modè<strong>le</strong>s nésen Asie de l’Est ?B. J. : A la fin des années 90, j’ai souvent entendu justifier l’avancedes Japonais sur <strong>le</strong>s services mobi<strong>le</strong>s par des explications culturalistes: <strong>le</strong>s Japonais ont une culture indirecte ; ils préfèrent écrireque par<strong>le</strong>r ; ils sont tout <strong>le</strong> temps dans <strong>le</strong> métro ; ils n’ont pas dePC ; ils aiment <strong>le</strong> karaoké, <strong>le</strong> manga ; ils ont des p<strong>et</strong>its doigts ! Cesont des fautes de logique classique de confondre corrélation <strong>et</strong>conséquence ou de prendre un facteur amplifiant pour une cause.Le temps passant, on a vu apparaitre <strong>le</strong>s mêmes services dans <strong>le</strong>reste du monde, plus ou moins « réinventés », quand l’écosystèmeatteignait un niveau comparab<strong>le</strong>. On par<strong>le</strong> bien « d’air du temps »,c’est certainement valab<strong>le</strong> pour l’innovation. Il y a souvent des raisonsstructurel<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s un service ne marche pas, maiscomprendre <strong>le</strong>s raisons d’un succès <strong>et</strong> <strong>le</strong>s conditions nécessairesperm<strong>et</strong> d’anticiper avec davantage de chances d’avoir raison <strong>et</strong> nepas réinventer la roue. Fina<strong>le</strong>ment, pour maitriser un transfert, il fautbien connaitre <strong>le</strong>s deux cultures <strong>et</strong> <strong>le</strong>s deux marchés. •Propos recueillis par Anne Garrigue1Créé en 2000, version anglaise depuis 2005 <strong>et</strong> japonaise depuis 2006, 50 000 participants http://fr.wikipedia.org/wiki/OhmyNews2Modè<strong>le</strong> de distribution où l’on récupère du contenu de façon fragmenté à partir d’une multitudede sources110Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力Connexions / mars 2010 111


DOSSIER专 栏Leadership andmanagement in ChinaPhilosophies, theories and practicesÉd. par Chao Cahuan Chen <strong>et</strong> YuehTing LeeCe manuel sur <strong>le</strong> <strong>le</strong>adership est uneoeuvre assez pionnière. Les ouvragesuniversitaires en anglais sur <strong>le</strong><strong>le</strong>adership <strong>chinois</strong> ne sont pas légion.Encore moins ceux qui sont dirigés <strong>et</strong>écrits par des chercheurs d’origine<strong>chinois</strong>e. Chao Cahuan Chen <strong>et</strong> YuehTing Lee enseignent aux Etats-Unis,l’un est professeur de managementà Rutgers Business school <strong>et</strong> l’autreest professeur de psychologie <strong>et</strong>doyen de l’université de To<strong>le</strong>do. Ilsont rassemblé des textes écrits (sauf <strong>le</strong>dernier) par des Chinois. Leur ouvrageouvre sur <strong>le</strong>s origines des philosophiesdu <strong>le</strong>adership : <strong>le</strong> confucianisme<strong>et</strong> <strong>le</strong>s philosophies alternatives(taoïsme, légalisme, art de la guerrede Sunzi). Il se poursuit donc sur desenquêtes de terrain ou des réf<strong>le</strong>xionssur la situation contemporaine — <strong>le</strong><strong>le</strong>adership paternaliste, <strong>le</strong> <strong>le</strong>adershipcommuniste (Mao Zedong <strong>et</strong> DengXiaoping), <strong>le</strong> métissage des traditions<strong>chinois</strong>es <strong>et</strong> des théories occidenta<strong>le</strong>s.Il conclut sur l’artic<strong>le</strong> d’un expertoccidental George Bear Graen qui fait<strong>le</strong> point sur ce qu’apporte la Chine àl’approche mondia<strong>le</strong> du <strong>le</strong>adership.D’une <strong>le</strong>cture assez austère, c<strong>et</strong>ouvrage académique, extrêmementsérieux <strong>et</strong> référencé, peut servir decadre à une réf<strong>le</strong>xion personnel<strong>le</strong>.Il fait <strong>le</strong> point sur <strong>le</strong>s recherchesacadémiques dans des entreprises dumonde <strong>chinois</strong> depuis une vingtained’années. Il étudie en profondeur<strong>le</strong>s trois dimensions du modè<strong>le</strong>paternaliste : autorité, bienveillance<strong>et</strong> moralisme. Il détail<strong>le</strong> <strong>le</strong>s résultatsd’une grosse enquête de terrain sur<strong>le</strong>s <strong>le</strong>aders <strong>chinois</strong> contemporains quim<strong>et</strong> l’accent sur six caractéristiques :l’impor tance de la sincérité, lapoursuite de l’excel<strong>le</strong>nce, la nécessitéde l’harmonie, la voie du Milieu, laspécialisation <strong>et</strong> <strong>le</strong> managementscientifique. A. G.China Europe International Business School (CEIBS), un des meil<strong>le</strong>urs MBA de Chine, a créé deux中 国 最 好 的 MBA 商 学 院 —— 中 欧 国 际 工 商 学 院 建 立 了 两 所 研 究 中 心 。De plus en plus de MBAEn vingt ans, la Chine a créé plus de deux cents MBA, maisde management <strong>et</strong> de modè<strong>le</strong>s référencés.Edith Coron 1 est coach en<strong>le</strong>adership global <strong>et</strong> spécialisteen communication interculturel<strong>le</strong>.Basée à Pékin,el<strong>le</strong> a fondé <strong>et</strong> dirige EOCIntercultural Ltd.Connexions : Quand sont apparus <strong>le</strong>s MBA enChine ? Où en est-on aujourd’hui ?Edith Coron : Au début des années 80, il n’yavait que des entreprises d’Etat avec, auxcommandes, des ingénieurs en grandepartie formés à l’Eco<strong>le</strong> du Parti. Avec l’arrivéede multinationa<strong>le</strong>s, il a fallu trouverdes cadres qui intègrent des repères occidentauxdans <strong>le</strong>ur pratique. Les premiersMBA sont apparus il y a un peu moins devingt ans. Aujourd’hui, il y en a plus de 230dont certains sont excel<strong>le</strong>nts. Business WeekChina distingue en tête CEIBS ( Shanghai),Bimba (Pékin), Tsinghua (SEM avec Sloanede MIT) <strong>et</strong> Cheung kong business school(Shanghai). La majorité des MBA <strong>chinois</strong>reste cependant d’une qualité médiocre.L’ambition du gouvernement est d’augmenterencore de 24% <strong>le</strong> nombre desinscriptions dans <strong>le</strong>s business schools enChine <strong>et</strong> d’accréditer trente nouvel<strong>le</strong>s universitésà délivrer des MBA — actuel<strong>le</strong>mentel<strong>le</strong>s ont un peu moins de cent.C. : Quel<strong>le</strong> proportion de Chinois préfèrentaujourd’hui suivre un MBA en Chine?E. C. : Au départ, <strong>le</strong>s étudiants allaient seformer à l’étranger surtout aux Etats-Unis.Depuis quelques années, de plus enplus de jeunes Chinois préfèrent resteren Chine parce qu’ils veu<strong>le</strong>nt peaufineren priorité <strong>le</strong>ur réseau <strong>chinois</strong> <strong>et</strong> s’initier112Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力centres de recherche.manque encore de professeursaux modè<strong>le</strong>s occidentaux appliqués àpartir de la réalité <strong>chinois</strong>e. On constate,d’autre part, un fort intérêt de la part desétudiants étrangers pour <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ursMBA <strong>chinois</strong>. John Yang, doyen internationalde BImba, explique qu’il a dûimposer un quota d’étudiants étrangersdans son MBA pour éviter que <strong>le</strong>ur nombren’excède celui des étudiants <strong>chinois</strong>.C. : Voit-on émerger une sinisation des MBA<strong>chinois</strong> ?E. C. : On en est aux prémices. Les courssont en grande partie en anglais car <strong>le</strong>sprofesseurs des meil<strong>le</strong>urs MBA sont étrangersà 60%. C’est aussi une question de maturitéde marché. Au départ, <strong>le</strong>s programmesétaient des « copié-collé » de Harvard.Maintenant, on voit circu<strong>le</strong>r des études decas <strong>chinois</strong> (Haier, Lenovo, Wahaha). CEIBS© Imagine Chinavient de créer deux centres de recherche.Une des difficultés des éco<strong>le</strong>s de commerce<strong>chinois</strong>es est de trouver des intervenants.Il est encore tôt en Chine pour avoirsuffisamment de professeurs. Les éco<strong>le</strong>sont recours ponctuel<strong>le</strong>ment à des cadresou des CEO <strong>chinois</strong>. De même, on commenceseu<strong>le</strong>ment à publier des livres enanglais sur <strong>le</strong> <strong>le</strong>adership <strong>et</strong> <strong>le</strong> management<strong>chinois</strong>, alors que tous <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s occidentauxont été largement traduits en Chine.C. : Assiste-t-on à l’émergence d’un modè<strong>le</strong> <strong>chinois</strong>de <strong>le</strong>adership ?E. C. : Pour l’instant, je vois dans ma pratiquedes références constantes à des modè<strong>le</strong>shistoriques – Confucius, Mencius, <strong>le</strong> taoïsme,l’art de la guerre de Sunzi, mais aussiMao, Deng Xiaoping, voire Sun Yat-sen. Jevois circu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s « buzz words » : harmonie,voie du milieu, bienveillance mais dans laréalité quotidienne, <strong>le</strong> court terme, <strong>le</strong> pragmatisme,la volonté de gagner de l’argentdominent chez la majorité des cadres queje côtoie.En outre, il est important de distinguerentre hard skills <strong>et</strong> <strong>soft</strong> skills. Pour <strong>le</strong>s hardskills, ce qui a trait à la rationalisation <strong>et</strong> aucontrô<strong>le</strong> des méthodes de production— il y a un consensus pour appliquer <strong>le</strong>sméthodes occidenta<strong>le</strong>s qui ont fait <strong>le</strong>urpreuve. Par contre pour <strong>le</strong>s <strong>soft</strong>s skills, <strong>le</strong>sapproches managéria<strong>le</strong>s, j’entends souventdire par <strong>le</strong>s managers <strong>chinois</strong> : « onne peut pas faire du “copié-collé“. Ça nemarche pas ». On nous renvoie aux modè<strong>le</strong>shistoriques, mais on se rend compte,dans une pratique professionnel<strong>le</strong>, que laconnaissance réel<strong>le</strong> des va<strong>le</strong>urs <strong>chinois</strong>esclassiques reste superficiel<strong>le</strong>, même si onassiste à un regain d’intérêt.C. : Y a-t-il des tentatives concrètes d’adapter <strong>le</strong>sclassiques au monde de l’entreprise ?E. C. : C’est en train d’émerger, notammentdans <strong>le</strong> domaine de la responsabilité socia<strong>le</strong>d’entreprise, dans la manière de traiterson personnel, avec <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> du patronbienveillant. C’est une approche différentede l’approche pragmatique occidenta<strong>le</strong>. J’aides collègues de Singapour qui réfléchissentbeaucoup sur l’articulation des va<strong>le</strong>ursconfucéennes <strong>et</strong> de la responsabilité d’uncadre d’entreprise. Pour l’instant, j’entendsmoins ce discours en Chine continenta<strong>le</strong>.Les Chinois qui sont dans l’articulationEst-Ouest viennent plus souvent de Singapourou de Hong-Kong. Il y a aussi unproblème de qualité de la recherche. Beaucoupd’étudiants font des MBA en Chinepour obtenir un diplôme <strong>et</strong> des guanxiplutôt que pour développer un contenu.C. : Quel modè<strong>le</strong> alternatif proposent <strong>le</strong>s cadres<strong>chinois</strong> ?E. C. Tout a commencé quand <strong>le</strong>s enfantsde cadres supérieurs du Parti se sont engouffrésdans des MBA. Le Parti a recrutédes entrepreneurs <strong>et</strong> <strong>le</strong>s multinationa<strong>le</strong>sont commencé à promouvoir desChinois. Tout cela a modifié la donne. Lemanagement par <strong>le</strong>s cadres <strong>chinois</strong> seradifférent du management par <strong>le</strong>s cadresoccidentaux. Un manager <strong>chinois</strong> donneplus l’importance à la dimension humainede la relation, alors qu’en Occident, il fautparfois l’imposer. En même temps, émergeune dimension de fierté nationa<strong>le</strong>. Oncommence à percevoir une fin de recevoir,parfois liée à une certaine arrogance dessociétés étrangères en Chine qui ont vouluimposer <strong>le</strong>ur modè<strong>le</strong> en Chine <strong>et</strong> qui commencentà réfléchir à son adaptation.Reste qu’aujourd’hui <strong>le</strong> personnel encharge des RH, recruté avec peu d’expérience,peu de vision stratégique, est encore,en grande partie, immature. Mais desentreprises sont en train de donner unedimension stratégique aux RH : Motorola,Schneider…Sur <strong>le</strong> terrain, en tant que coach, j’observeque <strong>le</strong>s cadres <strong>chinois</strong> trentenaires ontune approche très pragmatique. Ils veu<strong>le</strong>ntréussir <strong>et</strong> ont un peu de mal à accepterde se rem<strong>et</strong>tre en question. Ils ne sont pastrès bons en <strong>soft</strong> skills. Dans la pratique, onen est paradoxa<strong>le</strong>ment à une applicationrelativement simp<strong>le</strong> du modè<strong>le</strong> , sans visiongloba<strong>le</strong>. Le développement des <strong>soft</strong>skills, on sait qu’il faut <strong>le</strong> faire. Mais on enest encore loin du but <strong>et</strong> il n’y a pas encorevraiment de livre de référence. •Propos recueillis par Anne Garrigue1http://www.eoc-intercultural.com/english/who-we-are/biography.html2CEIBS a été classé 22e mondia<strong>le</strong> par <strong>le</strong> Financial Times (2010).3http://www.chinaeconomicreview.com/industry-focus/in-themagazine/artic<strong>le</strong>/2009-07-01/Brain_drain.html*Selon <strong>le</strong>s statistiques nationa<strong>le</strong>s, en 2007, 4,4 millions de Chinoisont été diplômés de l’enseignement supérieur. 41 464 ont obtenuun doctorat dont 14 000 en tant qu’ingénieurs <strong>et</strong> un peu plus de3 000 dans <strong>le</strong> management4Pour améliorer l’adéquation des programmes aux besoins<strong>chinois</strong>, CEIBS a ouvert deux centres de recherche, l’un avecShanghai Lujiazui Development, l’autre avec Zhejiang UniversitySchool of Management.Connexions / mars 2010 113


DOSSIER专 栏Etudier en ChineCindy Arnold est déléguéeen Chine de SciencesPo.Connexions : Pourquoi <strong>le</strong>s étudiantsétrangers viennent -t-ilétudier en Chine ?Cindy Arnold : Selon <strong>le</strong> ministère de l’Education<strong>chinois</strong> 1 , de janvier à novembre 2008,223 499 étudiants étrangers avaient étudiéen Chine, venant de 189 pays <strong>et</strong> régions,soit une augmentation de plus de 14% parrapport à l’année précédente. Les plus fortscontingents viennent d’Asie (68,5%), 14,5%d’Europe, 11,8% d’Amérique , 3,9% d’Afrique<strong>et</strong> 1,2% d’Océanie. En tête, arrivent <strong>le</strong>s Coréensdu Sud (66 806), suivis des étudiantsen provenance des USA (19 914) <strong>et</strong> des Japonais(16 733). La France est au onzièmerang derrière <strong>le</strong> Kazakhstan, l’Indonésieou <strong>le</strong> Pakistan <strong>et</strong> juste devant la Mongolie.Dans <strong>le</strong> paysage de la mobilité internationa<strong>le</strong>,la Chine arrive en cinquième positionà peu près au niveau de l’Al<strong>le</strong>magne.Ces chiffres sont diffici<strong>le</strong>s à analyser. Ilfaut distinguer entre <strong>le</strong>s programmes quiperm<strong>et</strong>tent d’acquérir un diplôme <strong>et</strong> <strong>le</strong>sprogrammes de langue. La majorité desétudiants occidentaux viennent en Chinepour perfectionner <strong>le</strong>ur <strong>chinois</strong> <strong>et</strong> se familiariseravec un pays important. Ils restentsix mois ou un an. Par contre, <strong>le</strong>s étudiantsd’Afrique ou d’Asie viennent suivre des formationsdiplômantes, notamment techniques,après avoir appris la langue sur place.Certains Coréens ou Japonais choisissent laChine car <strong>le</strong>s études y sont moins chèresque chez eux <strong>et</strong> <strong>le</strong>s préparent à travail<strong>le</strong>ravec <strong>le</strong> pays. Ils peuvent être envoyés par<strong>le</strong>ur pays ou par <strong>le</strong>ur entreprise.C. : Quels sont <strong>le</strong>s efforts consentis par <strong>le</strong> gouvernement<strong>chinois</strong> pour encourager la venue d’étudiantsétrangers ?C. A. : Le gouvernement <strong>chinois</strong> multiplie<strong>le</strong>s bourses. En 2008, 13 516 étudiantsétrangers en Chine en ont bénéficié. Unchiffre en hausse de 33% par rapport àl’année précédente. En visite au Kazakhstan,Hu Jintao, par exemp<strong>le</strong>, a annoncé lamultiplication par deux du nombre desbourses pour <strong>le</strong>s étudiants kazakhs. Autreatout : <strong>le</strong>s frais d’inscription dans <strong>le</strong>s univer-sités <strong>chinois</strong>es restent modiques (de 600 à900 euros par an). Il suffit d’avoir obtenu unniveau 6 au HSK 2 .Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures universités <strong>chinois</strong>escherchent à attirer des étudiants étrangersvers des programmes diplômants enanglais <strong>et</strong> développent des doub<strong>le</strong>s diplômes.Ainsi, Sciences Po vient de créer deuxdoub<strong>le</strong>s diplômes avec Fudan à Shanghai<strong>et</strong> Beida à Pékin, qui ouvriront en 2010.La Chine augmente aussi son <strong>soft</strong> <strong>power</strong>grâce au classement Jiao Tong dit « classementde Shanghai 3 » qui lui perm<strong>et</strong> dejouer un rô<strong>le</strong>-clé dans <strong>le</strong> classement mondialdes universités. Au sein de ce classement,<strong>le</strong>s universités <strong>chinois</strong>es montentrégulièrement 4 .C. : Que signifie passer un an en Chine pour unjeune étudiant, français de Sciences Po ?C. A. : Nos étudiants ont, en général, commencél’étude du <strong>chinois</strong> à Sciences Po. Ilsviennent pour pratiquer la langue <strong>et</strong> pourvalider une première expérience asiatiqueuti<strong>le</strong> dans un cursus professionnel, ce n’estpas la qualité des formations qui <strong>le</strong>s attire.Leur objectif est de se perfectionner <strong>et</strong>mieux comprendre la réalité <strong>chinois</strong>e. Cecidit, encore peu d’entre eux sont à mêmede suivre des cours en <strong>chinois</strong>. Par ail<strong>le</strong>urs,la vie n’est pas chère, <strong>le</strong>s grandes vil<strong>le</strong>s sontexcitantes. En arrivant, ils peuvent éprouverun choc culturel <strong>et</strong> doivent s’adapter auxlourdeurs administratives, mais en généralils s’intègrent sans difficultés <strong>et</strong> sont très satisfaitsde <strong>le</strong>ur séjour. Beaucoup reviennentpour des stages professionnels. Le nombred’étudiants de Sciences Po qui veu<strong>le</strong>nt étudieren Chine continenta<strong>le</strong> tourne autourde 20 par an depuis 2004, <strong>et</strong> à peu prèsautant à Hong Kong, où ils peuvent al<strong>le</strong>rau-delà d’un apprentissage de langue.Les programmes en anglais qu’ouvrent <strong>le</strong>suniversités du Continent restent rares <strong>et</strong>chers. •Propos recueillis par Anne Garrigue1(Source d’information : http://www.cafsa.org.cn/index.php?mid=6)2test de langue. http://www.afpc.asso.fr/HSK/Presentation.php3http://www.<strong>le</strong>figaro.fr/international/2009/11/30/01003-20091130ARTFIG00002-universites-<strong>le</strong>s-secr<strong>et</strong>s-du-classement-de-shanghai-.php;4h t t p : / / f r . w i k i p e d i a . o r g / w i k i / C l a s s e m e n t _acad%C3%A9mique_des_universit%C3%A9s_mondia<strong>le</strong>s_par_l’universit%C3%A9_Jiao_Tong_de_ShanghaiLa recherche devrait représenter 2,5% du PIB en 2020,2020 年 , 我 国 研 发 投 入 占 国 内 生 产 总 值 2.5%, 目 前 已 达 到 1.5%。R&D : l’élan positiviLa recherche scientifique <strong>chinois</strong>e se déacadémique <strong>et</strong> d’un manque d’ambitioLorsqu’el<strong>le</strong> fut confrontée, à la fin de l’Empire,à la supériorité technologique occidenta<strong>le</strong>,la Chine s’est interrogée sur <strong>le</strong>ssavoirs occidentaux qu’il lui faudrait ounon adopter. Un sièc<strong>le</strong> plus tard, DengXiaoping prenait sans réserve <strong>le</strong> train del’innovation scientifique <strong>et</strong> tournait la pagedes errements de la Révolution culturel<strong>le</strong>.Aujourd’hui, c’est au tour du « développementscientifique » de Hu Jintao de prendre<strong>le</strong> relais, <strong>et</strong> la Chine vise la place de premièrepuissance scientifique. Les jeunesChinois se r<strong>et</strong>rouvent donc baignés dansune ambiance positiviste, marquée pardes hymnes à la science, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ursse tournent naturel<strong>le</strong>ment vers des étudesscientifiques.Certes, comme l’explique Stéphane Grumbach1 , directeur de recherche à l’INRIA 2 , lascience <strong>chinois</strong>e est encore peu visib<strong>le</strong> sur<strong>le</strong> plan international, mais sa croissance estimpressionnante <strong>et</strong> son potentiel sous-es-114Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力stecontre 1,5% aujourd’hui.veloppe très vite mais souffre de frauden en recherche fondamenta<strong>le</strong>.timé. Il suffit de citer quelques chiffres pours’en rendre compte : la Chine, qui investit1,5% de son PIB dans la recherche, souhaitemonter à 2,5% en 2020, soit l’équiva<strong>le</strong>nt del’objectif européen. Partie de rien, el<strong>le</strong> seclasse aujourd’hui en 3 e position par sonbudg<strong>et</strong> R&D (150 milliards de dollars), en 4 epar <strong>le</strong> nombre de ses publications.En plus d’investir, la Chine regorge ausside programmes de développement àéchéance de douze ans <strong>et</strong> a déjà un pied,voire deux, dans la plupart des grandsproj<strong>et</strong>s scientifiques internationaux (ITER,CERN…). Désireuse d’apprendre de l’extérieur,el<strong>le</strong> recrute <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs spécialistesdans Nature <strong>et</strong> Science, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s invite cordia<strong>le</strong>mentà venir piloter des programmes.Enfin, depuis récemment, el<strong>le</strong> réactive <strong>le</strong>sbourses d’études à l’étranger pour <strong>le</strong>s premiersde la classe, qu’el<strong>le</strong> assortit astucieusementd’une condition de r<strong>et</strong>our.C<strong>et</strong>te politique a fortement contribué à© Imagine Chinafaire sortir la Chine scientifique du désertoù el<strong>le</strong> se trouvait. Selon une étude Jülich,el<strong>le</strong> publie 3 principa<strong>le</strong>ment en chimie, physique,matériaux, médecine <strong>et</strong> biotechnologies.El<strong>le</strong> commence aussi à s’imposerdans des niches (nanotechnologies), <strong>et</strong>réalise une percée dans <strong>le</strong> domaine destélécommunications, tirée par son gigantesquemarché d’utilisateurs de mobi<strong>le</strong>s.Malgré ces succès, la recherche <strong>chinois</strong>en’est pourtant pas exempte de faib<strong>le</strong>sses.Récemment, un artic<strong>le</strong> du Quotidien duPeup<strong>le</strong> critiquait vivement l’absence decontrô<strong>le</strong> sur l’utilisation des budg<strong>et</strong>s cequi se traduit notamment par des achats« prestige » d’équipements de pointe.Par ail<strong>le</strong>urs, si la Chine publie beaucoup,la qualité des travaux demande encore àêtre améliorée. « Un artic<strong>le</strong> <strong>chinois</strong> est enmoyenne 3 à 4 fois moins cité qu’un artic<strong>le</strong>japonais ou européen », observe GeorgesPapageorgiou, ministre conseil<strong>le</strong>r à la délégationde l’UE de Pékin. Sur ce point, laChine est victime de sa politique de pressionà la publication, qui pousse <strong>le</strong>s chercheursà scinder <strong>le</strong>urs travaux pour gagnerplus, ou à frauder.Autre élément qui pourrait se révé<strong>le</strong>r handicapant,la Chine investit peu en recherchefondamenta<strong>le</strong>, pourtant fer de lancede l’innovation. Or comme <strong>le</strong> rappel<strong>le</strong>Robert Farhi, conseil<strong>le</strong>r adjoint pourla science à l’ambassade de France enChine, « la moitié des brev<strong>et</strong>s d’inventiondéposés en Chine <strong>le</strong> sont encore par desentreprises étrangères. » Pour que la Chinesuive la voie du Japon, il faudrait donc sansdoute qu’el<strong>le</strong> tab<strong>le</strong> moins sur <strong>le</strong> transfert d<strong>et</strong>echnologies, <strong>et</strong> que <strong>le</strong>s mentalités changent,notamment dans l’enseignement.Jean Dorey, directeur de l’éco<strong>le</strong> Centra<strong>le</strong>de Pékin, connaît bien ce problème. « EnChine, l’enseignement développe peul’esprit critique. Les professeurs se contententde présentations PowerPoint <strong>et</strong> <strong>le</strong>sexamens consistent à refaire des exercicesvus en cours ». Au pays de la vérité révélée,imagination critique <strong>et</strong> curiosité intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>,ingrédients précieux de la culturescientifique, ne sont donc pas, a priori, <strong>le</strong>spoints forts des jeunes Chinois. Ce sont cesmêmes critiques qui ont coûté son poste,l’an dernier, au ministre de l’Education.Dans une interview accordée <strong>le</strong> 9 marsau Global Times Zhao Zhiyun, directriceadjointe de l’ISTIC 4 , appel<strong>le</strong> à développeren toute urgence l’innovation. « Malgré <strong>le</strong>sinvestissements, la Chine manque encored’une recherche de qualité. (…) La prochaineétape sera d’encourager la curiositépour la science pure <strong>et</strong> de promouvoirl’exploration d’univers inconnus ».Autre gros problème : la fraude académique,qui n’est certes pas propre à la Chinemais prend tout de même des proportionsinquiétantes. Rien que <strong>le</strong> commerce desthèses atteindrait 100 millions d’€ par an<strong>et</strong> selon une enquête parue l’an dernier,sur 30 000 scientifiques interrogés, 55,5%connaissaient un fraudeur. Malgré ces handicaps,la recherche scientifique <strong>chinois</strong>edispose d’un atout souvent sous-estimé, àsavoir une bonne connaissance de ce quise passe dans <strong>le</strong>s labos étrangers, l’inverseétant beaucoup moins vrai. •Hélène Duvigneau1http://stephanegrumbach.blogspot.com/2Institut national de recherche en information <strong>et</strong> enautomatique (INRIA)3en volume de publications parues entre 1998 <strong>et</strong> 20074Institut de l’information scientifique <strong>et</strong> technique de ChineLe comp<strong>le</strong>xe du Prix NobelLa Chine, qui a inventé <strong>le</strong> papier <strong>et</strong> lapoudre à canon, manque encore d’unPrix Nobel autochtone. « Quand la Chineaura un Prix Nobel, el<strong>le</strong> pourra gagnerla Coupe du monde de foot », affirmait<strong>le</strong> président de l’Académie des Sciences,critiquant <strong>le</strong> manque d’esprit d’équipe.En octobre, Char<strong>le</strong>s Kao, Américanobritannique,est devenu <strong>le</strong> 8 e prix Nobeld’origine <strong>chinois</strong>e 1 . Les Chinois seconsidèrent généra<strong>le</strong>ment victimes dediscrimination. Pour Evelyne Micollier,anthropologue, l’aspect politique jouesans doute un rô<strong>le</strong>. Récompenser unChinois, ne serait-ce pas cautionner <strong>le</strong> régime? D’autres évoquent un manque d<strong>et</strong>ransparence de la recherche <strong>chinois</strong>e,ou y voient un problème systémique,<strong>et</strong> parient que <strong>le</strong> jour où un chercheurrévè<strong>le</strong>ra l’eff<strong>et</strong> des ondes é<strong>le</strong>ctromagnétiquessur la santé, Chinois ou pas, il aurases chances. En attendant son prix, Pékinoffre des ponts d’or aux meil<strong>le</strong>urs chercheurs<strong>chinois</strong> installés à l’étranger. H.D1 Avec Roger Tsien (chimie, 2008), Gao Xingjian (Littérature,2000), Daniel Tsui (Physique, 1998), Steven Chu (Physique,1997), Yuan Lee (chimie, 1986), Samuel Ting (physique,1976), Chen Yang (Physique, 1957) <strong>et</strong> Tsung-Dao Lee(Physique, 1957).Connexions / mars 2010 115


DOSSIER专 栏Vivian Wu, formatrice ex-correspondantedu South China Morning Post (SCMP)Filip Noubel, expert médias <strong>chinois</strong>Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong>Intern<strong>et</strong> est une fenêtre sur l’évolution rapide de la société <strong>chinois</strong>emais <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> qu’exerce sur lui <strong>le</strong> gouvernement a un impactnégatif très fort sur l’image de la Chine hors de ses frontières.Vivian Wu, ancienne correspondante du SCMP, <strong>et</strong> Filip Noubel,formateur auprès des médias <strong>chinois</strong>, analysent <strong>le</strong> rapport comp<strong>le</strong>xeentre Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>soft</strong> <strong>power</strong>.Connexions : Intern<strong>et</strong> ouvre-t-il vraiment une fenêtre sur la Chine pour <strong>le</strong>s nonChinois ?Vivian Wu : Avec plus de 600 millions d’usagers, Intern<strong>et</strong> est deplus en plus populaire. Il fait partie de la vie des gens, qui, pour laplupart des Chinois l’utilisent pour s’amuser, télécharger des films,de la musique, faire <strong>le</strong>ur courses. Par ail<strong>le</strong>urs, c’est un outil précieuxpour la presse étrangère, une façon de récupérer de l’information<strong>et</strong> de comprendre ce que pensent <strong>le</strong>s Chinois. Ces dix dernièresannées, correspondante de journaux anglophones, l’Intern<strong>et</strong> était,tous <strong>le</strong>s jours, ma source majeure d’informations de première main.Il existe beaucoup de mini-blogs, de versions <strong>chinois</strong>es des sitesinterdits (Fanfou.com pour twitter, kaixin.com pour Facebook). C’estun moyen rapide de récupérer des informations avant qu’el<strong>le</strong>s nesoient censurées. Les médias <strong>chinois</strong> étant toujours contrôlés,Intern<strong>et</strong> ouvre une fenêtre fraîche <strong>et</strong> réaliste sur la Chine, à conditionde lire <strong>le</strong> <strong>chinois</strong> !D’autre part, comme <strong>le</strong> gouvernement a pris conscience de l’intérêtque présente Intern<strong>et</strong> en anglais pour améliorer l’image de la Chine,des efforts ont été entrepris pour lancer des sites conçus avec soinpour répondre aux demandes de <strong>le</strong>cteurs tel<strong>le</strong>s qu’on <strong>le</strong>s imagine<strong>et</strong>, en même temps, pour convoyer l’image de la Chine souhaitée.C’est ainsi que sont nés sur <strong>le</strong> web Global Times (http://china.globaltimescn), Shanghai Daily (http://www.shanghaidaily.com),China Daily, China Radio International, CCTV international on line…Les sites sponsorisés sont différents des sites <strong>chinois</strong> en <strong>chinois</strong> où<strong>le</strong>s gens jurent, utilisent un langage très cru. Reste que, si on nepar<strong>le</strong> pas de suj<strong>et</strong>s trop sensib<strong>le</strong>s, ces sites ouvrent des fenêtresnouvel<strong>le</strong>s, par<strong>le</strong>nt de la vie urbaine, d’histoires drô<strong>le</strong>s.C. : En quoi Intern<strong>et</strong> s’est-il révélé un bon outil de <strong>soft</strong> <strong>power</strong> ?F. Noubel : La présence massive de la Chine sur Intern<strong>et</strong> montre sonpouvoir global. La croissance rapide de la Chine en ligne fascine, <strong>et</strong>suscite d’autant plus d’interrogations que 95% du contenu est en<strong>chinois</strong> <strong>et</strong> que la plupart des internautes étrangers ne lisent pas <strong>le</strong><strong>chinois</strong>. Il y a une énorme curiosité à l’extérieur de la Chine mais,pour l’instant, el<strong>le</strong> n’est pas satisfaite.V. Wu : Les étrangers savent qu’il existe un cyberword en Chinemais il <strong>le</strong>ur est fermé. Quelques sites cherchent à faire <strong>le</strong> pont.Plusieurs sont censurés en Chine (Yeeyan fermé en décembre,Danwei <strong>et</strong> Chinadigitaltimes). Parmi <strong>le</strong>s sites accessib<strong>le</strong>s, onpeut citer globalvoices.online (http://globalvoicesonline.org//world/east-asia/china), China dialogue sur l’environnement(http://www.chinadialogue.n<strong>et</strong>), très bon site bilingue consacréà l’environnement <strong>et</strong> China media project (http://cmp.hku.hk) duChina media study center de l’université de Hong Kong. Malgré<strong>le</strong>s bonnes volontés, ces ponts restent très limités <strong>et</strong> <strong>le</strong>s médiassponsorisés accroissent plutôt <strong>le</strong> fossé en utilisant un langage quin’est pas celui des Chinois sur <strong>le</strong> web <strong>et</strong> en ne se montrant jamaiscritiques. Leur absence d’ouverture s’explique par <strong>le</strong> fait que ces sitesne savent pas bien ce qu’attendent <strong>le</strong>s <strong>le</strong>cteurs anglophones. Et <strong>le</strong>gouvernement reste nerveux sur l’ouverture. Mais tout <strong>le</strong> monde, ycompris <strong>le</strong> gouvernement, réalise qu’il est important d’augmenterla communication <strong>et</strong> la compréhension mutuel<strong>le</strong>s alors qu’àl’heure actuel<strong>le</strong> l’image de l’Intern<strong>et</strong> <strong>chinois</strong> reste assez mauvaise àl’étranger <strong>et</strong> ne correspond pas à la réalité. La plupart des artic<strong>le</strong>s dela presse étrangère se focalise sur la liberté d’expression. Cela induit116Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力Des efforts ont été entrepris pour lancer des sites conçus avec soin, pourrépondre à la demande des <strong>le</strong>cteurs <strong>et</strong> convoyer l’image souhaitée de laChine. 为 了 推 出 设 计 精 良 的 网 站 , 满 足 读 者 的 需 求 以 及 传 递 中 国 希 望 塑 造 的 形 象 , 政 府 付 出 了 努力 。© Imagine Chinaun décalage dans <strong>le</strong>s perceptions. Les étrangers qui ne par<strong>le</strong>nt pas<strong>chinois</strong> se concentrent sur l’absence d’Intern<strong>et</strong> au Xinjiang ou chez<strong>le</strong>s plus pauvres, sans mesurer la diversité des usages d’Intern<strong>et</strong> enChine ou l’existence d’une opinion publique en Chine qui, en ligne,a un certain pouvoir.C.: Quel rô<strong>le</strong> joue Intern<strong>et</strong> pour l’ouverture vers l’extérieur des Chinois ?V. Wu : Les gens vraiment intéressés apprennent avec ingéniositéà surmonter <strong>le</strong> « firewall », mais la plupart des internautes veu<strong>le</strong>ntsurtout jouer, ach<strong>et</strong>er, regarder la TV… Sur Intern<strong>et</strong> la Pop cultureest omniprésente. On peut trouver des versions <strong>chinois</strong>es de tous<strong>le</strong>s magazines, des programmes internationaux reproduits dans uncontexte <strong>chinois</strong>.C. : En quoi Intern<strong>et</strong> aide-t-il la culture populaire <strong>chinois</strong>e à être mieux connue dans<strong>le</strong> monde ?F. N. : Jusqu’ici la Chine n’a pas su exporter sa culture populaire.El<strong>le</strong> manque de créations origina<strong>le</strong>s. La télévision CCTV achètebeaucoup de programmes mais el<strong>le</strong> en crée peu. En Asie centra<strong>le</strong>,où il y a beaucoup de TV par câb<strong>le</strong> venant de Chine à bon marché,<strong>et</strong> <strong>le</strong>s jeunes commencent seu<strong>le</strong>ment à poser quelques questionssur <strong>le</strong>s chanteurs <strong>chinois</strong>. En Europe <strong>et</strong> aux Etats-Unis, l’impact horsde la communauté <strong>chinois</strong>e reste faib<strong>le</strong>.V. Wu : Les intel<strong>le</strong>ctuels <strong>chinois</strong> par<strong>le</strong>nt beaucoup de l’absence deculture ou de va<strong>le</strong>urs à exporter <strong>et</strong> déplorent que <strong>le</strong>s étrangers nepuissent pas citer <strong>le</strong> nom de créateurs <strong>chinois</strong> ou que la Chine n’aitpas reçu de prix Nobel — probab<strong>le</strong>ment à cause de la pression subiedans <strong>le</strong>s années 50 <strong>et</strong> 60, <strong>le</strong>s intel<strong>le</strong>ctuels se sont auto-censurés <strong>et</strong>gardent un esprit moins libre (Ndrl : littéra<strong>le</strong>ment “restricted minds<strong>et</strong>”).Beaucoup produisent pour <strong>le</strong> pouvoir. Il commence à y avoir desproducteurs indépendants, mais <strong>le</strong> gouvernement n’encouragepas ce genre de démarche. Différents facteurs, l’éducation <strong>et</strong> labureaucratie, <strong>le</strong> manque d’efficacité du gouvernement, <strong>le</strong> langagela vitesse de changement de la société, expliquent la difficulté àexporter <strong>le</strong>s produits culturels <strong>chinois</strong>. Le problème, pour tout <strong>le</strong>monde, est de savoir comment faire passer des idées sur la Chinequand <strong>le</strong>s gens ont seu<strong>le</strong>ment 5% de <strong>le</strong>ur temps à lui consacrer.Jouer <strong>le</strong>s intermédiaires requiert un très bon niveau de langue, unecompréhension mutuel<strong>le</strong>. Il y a des Sino-Américains qui essaientde faire ce travail de communication mais ce ne sont pas de vraisChinois. Les gens ont des stéréotypes qui datent des années 80.Or, la Chine change tous <strong>le</strong>s jours. Devant la difficulté à décoder laChine, devant la masse des informations sur Intern<strong>et</strong>, <strong>le</strong> recours estencore de passer par <strong>le</strong>s sinologues.C. : Vous êtes des passeurs. Pour vous, existe-t-il un « rêve <strong>chinois</strong> » <strong>et</strong> comment <strong>le</strong>qualifieriez-vous ?V. Wu : La Chine pose une question mystérieuse : comment un sigrand pays avec un contrô<strong>le</strong> si strict peut-il avoir une économie quibouge aussi rapidement ? La Chine, ce n’est ni une terre romantique,ni une terre de rêve. c’est l’endroit où l’on peut devenir riche. Pour unjournaliste c’est une mine d’or mais ce n’est pas un endroit où vivreune vie simp<strong>le</strong> <strong>et</strong> agréab<strong>le</strong>. La Chine fait penser aux Etats-Unis d’il ya un sièc<strong>le</strong>.F. N. : Pour moi <strong>le</strong> rêve <strong>chinois</strong>, c’est la résilience. Etre russe ou <strong>chinois</strong>,c’est avoir avalé une pilu<strong>le</strong> amère. Cela pousse à créer quelquechose. La résilience est une qualité <strong>chinois</strong>e. Etre résilient, c’est créerde l’espace, quel<strong>le</strong>s que soient <strong>le</strong>s circonstances. C’est une va<strong>le</strong>uractive, positive. Regardez <strong>le</strong> livre Passagère du si<strong>le</strong>nce de FabienneVerdier. C’est un des meil<strong>le</strong>urs livres écrits sur la Chine. Calligraphe,el<strong>le</strong> a été initiée par des peintres à qui on avait cassé <strong>le</strong>s mains <strong>et</strong> quilui ont passé <strong>le</strong>ur art… •Propos recueillis pas Anne GarrigueConnexions / mars 2010 117


DOSSIER专 栏En 2009, <strong>le</strong> groupe Quotidien du Peup<strong>le</strong> a lancé <strong>le</strong> Global Times, en anglais, conformément au plan de communication vers l’étrangerpour <strong>le</strong>quel Pékin a débloqué un budg<strong>et</strong> de 45 milliards de Rmb. 按 照 国 家 对 外 公 关 战 略 , 人 民 日 报 社 2009 年 推 出 了 《 环 球 时 报 》 英 文 版 。 中 国 政 府 为 启 动 这项 战 略 斥 资 450 亿 元 。© Imagine ChinaFait en Chine, lu par <strong>le</strong> mondeEn 2008, <strong>le</strong> parcours chaotique de la flamme olympique révélait aux Chinois une antipathiecaractérisée envers <strong>le</strong>ur pays, tandis que <strong>le</strong>s médias <strong>chinois</strong> manquaient à <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> de parechocs.Depuis lors, la Chine s’est lancée dans un plan de communication offensif.Après avoir pensé pendant longtempsque communiquer auprès de l’étranger,c’était j<strong>et</strong>er de l’argent par <strong>le</strong>s fenêtres, <strong>le</strong>gouvernement <strong>chinois</strong> a fait volte-face en2008, mal remis du parcours cauchemardesquede sa flamme olympique. Pour sonplan de « com », Pékin a donc débloqué 45milliards de Rmb (4,8 milliards d’euros), soitplus que <strong>le</strong> budg<strong>et</strong> global de la BBC (4 milliardsd’euros). Un artic<strong>le</strong> du 21st Century,paru en février dernier, dresse ainsi la listedes médias officiels autorisés à partir au« casse-pipe » à l’étranger, là où l’informationregorge <strong>et</strong> où la paro<strong>le</strong> d’Etat fait engénéral figure d’ovni médiatique.Selon c<strong>et</strong>te liste, <strong>le</strong>s dix lancements étaléssur l’année 2009 <strong>et</strong> planifiés au jour près,concernent tous types de supports (radio,télé…) du moment qu’ils sont contrôléspar l’Etat. En février, une version spécia<strong>le</strong>du China Daily s’envo<strong>le</strong> ainsi pour <strong>le</strong>s Etats-Unis. Deux mois plus tard, c’est au tour dugroupe Quotidien du Peup<strong>le</strong>, courroie duParti, de sortir un Global Times en anglais. Ala faveur de l’été, Xinhua se métamorphoseen télé. D’abord en diffusant des spots d’informationen temps réel sur <strong>le</strong> réseau socialKaixin, <strong>le</strong>s portab<strong>le</strong>s 3G, <strong>le</strong>s murs des ambassades<strong>et</strong> jusque dans <strong>le</strong>s supermarchésbelges… Puis en passant à la vitesse supérieureen 2010, avec <strong>le</strong> lancement de CNC(China News N<strong>et</strong>work Corporation), futureFrance 24 <strong>chinois</strong>e. L’été 2009 profite encore118Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力à CCTV, qui ém<strong>et</strong> pour la première fois enarabe puis en russe, <strong>et</strong> prévoit de multiplierau moins par deux ses bureaux étrangersd’ici fin 2011. Quant aux membres du Comitécentral, ils pourront pratiquer <strong>le</strong>s langues,avec la sortie à la veil<strong>le</strong> du 1 er octobre d’uneédition anglophone de la revue théorique« à la recherche de la vérité » (Qiushi).A c<strong>et</strong>te stratégie publique, il faut ajouterdes stratégies privées, moins visib<strong>le</strong>s, tel<strong>le</strong>cel<strong>le</strong> du moteur de recherche Baidu, qui aouvert une version japonaise en 2007, ouencore <strong>le</strong>s services d’IPTV aux Etats-Unis,avec Kylin TV.Montée en puissancePendant que <strong>le</strong>s médias <strong>chinois</strong> dépensent,<strong>le</strong>s groupes de presse occidentaux, eux,rac<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s fonds de tiroirs. En juin 2009,Didier Pill<strong>et</strong>, PDG du quotidien La Provence,décide de se désabonner du fil AFP, jugétrop cher, <strong>et</strong> d’opter pour <strong>le</strong> fil français deReuters. S’il a démenti l’an dernier, sur <strong>le</strong> sited’Aujourd’hui la Chine, tout contact avecXinhua, d’autres journaux régionaux, eux,ont été abordés par <strong>le</strong>s VRP de l’agence, quicompte 26 abonnés en France. Pourtant selon<strong>le</strong>s services mark<strong>et</strong>ing de Xinhua, aucunnouvel abonnement n’a été signé en 2009en France.Reste que la p<strong>et</strong>ite santé financière desgroupes de presse étrangers ouvre unemarge d’action à la Chine. En octobre 2009,un événement passé quasi-inaperçu dans lapresse occidenta<strong>le</strong>, mérite pourtant d’êtresignalé. Pékin a en eff<strong>et</strong> accueilli, dans l’enceintedu Grand Palais du Peup<strong>le</strong>, <strong>le</strong> « Somm<strong>et</strong>mondial des médias », qualifié parail<strong>le</strong>urs d’« olympiades des médias ». Plusde 130 groupes de médias ont été invités,une occasion rêvée pour la Chine d’affirmerses ambitions dans <strong>le</strong> secteur des médias.Parmi <strong>le</strong>s objectifs fixés à ce « go global »,il s’agit d’abord de faire entendre un autreson de cloche que celui de la presse occidenta<strong>le</strong>.Ce pour contrebalancer <strong>le</strong>s « attaquesgratuites <strong>et</strong> infondées contre <strong>le</strong>système politique <strong>chinois</strong> », selon <strong>le</strong>s motsd’un éditorial du Quotidien du Peup<strong>le</strong> paruen août 2009. « L’image fictive, imaginairede la Chine ne peut être fabriquée <strong>et</strong> manipuléelongtemps.» Dans ce but, Pékinmise sur un renforcement quantitatif deces équipes à l’étranger. L’agence Xinhuava par exemp<strong>le</strong> passer de cent vingt-troisbureaux actuels à deux cents en 2020 <strong>et</strong>recruter quatre mil<strong>le</strong> journalistes locaux,fins connaisseurs du terrain, contre quatrecents aujourd’hui. « Nous voulons offrir aumonde une image correcte du gouvernement<strong>chinois</strong> <strong>et</strong> de sa population, <strong>et</strong> faireen sorte que <strong>le</strong>s Chinois aient éga<strong>le</strong>mentune vision objective du monde », soulignePeng Shujie, directeur du département internationalde l’information.C’est pour des raisons identiques que <strong>le</strong>China Daily, propriété du bureau de l’informationdu Conseil d’Etat,s’est refait une beauté <strong>le</strong>1er mars, avec une nouvel<strong>le</strong>maqu<strong>et</strong>te b<strong>le</strong>ue présentéesous <strong>le</strong> titre « fait en Chine,lu par <strong>le</strong> monde ». Au programme: plus d’analyses,plus de reportages à l’étranger,plus de suj<strong>et</strong>s controversés,<strong>et</strong> plus de place« aux opinions diverses ».Dans ce tir groupé versl’étranger, <strong>le</strong> Global Times(en anglais) a démarré sur<strong>le</strong>s chapeaux de roues. Deuxmois après son lancement,« La p<strong>et</strong>itesantéfinancièredes groupesde presseétrangersouvre uneses éditeurs décomp<strong>le</strong>xés publiaient deuxartic<strong>le</strong>s sur « l’incident » de Tian an Men,dans <strong>le</strong>squels ils affirment que <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> estencore « sensib<strong>le</strong> », ce qu’ils mesurent à ladifficulté de décrocher des interviews. Uneaudace que Renaud de Spens, spécialistedes médias <strong>chinois</strong>, explique par la concurrenceavec <strong>le</strong> China Daily. « Chacun cherche<strong>le</strong> suj<strong>et</strong> <strong>le</strong> plus vendeur, notamment <strong>le</strong> GlobalTimes, qui craint de ne pas rentrer dans<strong>le</strong>s clous financièrement. »Michaël Anti, journaliste <strong>chinois</strong> <strong>et</strong> anciencollaborateur du New York Times, se verraitbien écrire dans ce journal. « Le Global Timesa suscité une ambiance de compétitionparmi <strong>le</strong>s journalistes qui veu<strong>le</strong>nt faire carrière.C’est un moyen de se faire un nom. »Même si la liberté a ses limites… « Les journalistesont généra<strong>le</strong>ment carte blanche,sauf quand <strong>le</strong> Parti a besoin d’eux. C’estcomme si on mobilisait un bataillon pourun seul combat ».Un accueil réservéQue dire enfin de l’influence de ces médias? Sur ce point, Peng Shujie (Xinhua)compte au moins trois obstac<strong>le</strong>s : « larédaction dans une langue étrangère, <strong>le</strong>manque d’originalité des dépêches quimarge d’actionà la Chine. »sont parfois recopiées, <strong>et</strong> <strong>le</strong> fossé menta<strong>le</strong>ntre communisme <strong>et</strong> capitalisme.» Selonune source bien placée, <strong>le</strong>s journalistes deXinhua recrutés pour <strong>le</strong> lancement de lanouvel<strong>le</strong> chaîne de télé manquent d’expérienc<strong>et</strong>echnique, habitués qu’ils sont àl’écrit. Vivian Wu, ancienne journaliste auSouth China Morning Post <strong>et</strong> analyste desmédias <strong>chinois</strong>, juge el<strong>le</strong> aussi défaillantela formation des journalistes <strong>chinois</strong> : « Lesprofesseurs enseignent <strong>le</strong> journalisme avecun manuel <strong>et</strong> apprennentaux étudiants à être responsab<strong>le</strong>sde la stabilitédu pays, un dogme quipasse avant <strong>le</strong> respect desfaits. »Dans ces conditions, <strong>le</strong>smédias <strong>chinois</strong> parviendront-ilsà conquérir <strong>le</strong>scœurs des étrangers ?Augustin Sulkowsky, quiédite depuis deux ans desartic<strong>le</strong>s rédigés en françaispar des journalistes <strong>chinois</strong>,se montre très critique surce point. « Plus <strong>le</strong> singegrimpe haut, plus il montre son derrière. Ilme semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s Chinois se trompent enpensant qu’ils pourront changer <strong>le</strong>ur imagepar des moyens techniques, sans modifier<strong>le</strong> contenu. En Occident, on n’écoute plusla voix de son maître. »Avant d’être entendus, <strong>le</strong>s médias <strong>chinois</strong>devront donc sans doute se contenterd’être des voix amies supplémentaires dans<strong>le</strong> bruit du monde. « Il ne s’agit ni d’imposernos idées ni de rivaliser avec CNN encontrôlant <strong>le</strong> flot de l’information », affirmeà c<strong>et</strong> égard Peng Shujie. Trouveront-el<strong>le</strong>sun écho dans l’avenir ? Nicholas Bequelin,chercheur à Human Rights Watch, se montresceptique: « Le pouvoir d’influence nepeut venir que de médias libres (...) <strong>et</strong> quiinforment, plutôt qu’ils n’induisent en erreur.» A défaut de jouer tota<strong>le</strong>ment en safaveur, <strong>le</strong> « go global » des médias <strong>chinois</strong>ne serait-il pas à doub<strong>le</strong> tranchant ? Questionsou<strong>le</strong>vée par Renaud de Spens : « Plusces médias seront ouverts, plus <strong>le</strong> gouvernementaura une bonne image, mais c<strong>et</strong>teouverture ne finira-t-el<strong>le</strong> pas par se r<strong>et</strong>ournercontre lui?». •Hélène DuvigneauConnexions / mars 2010 119


DOSSIER专 栏Jeux de miroirsL’aventure des numéros spéciaux du Point sur la Chine en dit long sur <strong>le</strong>s différences deconception du rô<strong>le</strong> des médias dans <strong>le</strong>s deux pays.Caroline Puel, correspondantedu Point enChine.Le dernier numéro spécialconsacré à la Chine,(décembre 2009), a battu des records devente <strong>et</strong> touche en moyenne trois millionsde <strong>le</strong>cteurs en France <strong>et</strong> à l’étranger ainsique sur Intern<strong>et</strong>. R<strong>et</strong>our sur l’évolution desnuméros spéciaux <strong>et</strong> sur <strong>le</strong>s images réciproquesqu’ils suscitentConnexions : Pouvez-vous revenir sur l’histoire desnuméros spéciaux du Point sur la Chine ?Caroline Puel : Le premier est sorti en décembre1996. On l’avait intitulé « 1997, l’annéede la Chine ». Ilétait axé principa<strong>le</strong>mentsur la rétrocessionde Hong-Kong <strong>et</strong> <strong>le</strong>s grandsmouvements dela société <strong>chinois</strong>eainsi que sur <strong>le</strong> débutde l’envoléeculturel<strong>le</strong>, thèmeauquel je tenaisparticulièrement.L’enjeu était demontrer au publicfrançais qu’onsortait de « l’aprèsTian an men », qu’ily avait des grandesréformes économiques en cours, ce dont<strong>le</strong>s correspondants étrangers avaientbeaucoup de mal à convaincre <strong>le</strong> publicoccidental. On avait envisagé un numérode ce type tous <strong>le</strong>s cinq ans. Le suivant estsorti en décembre 2001, axé sur l’entréede la Chine dans la mondialisation sousdeux ang<strong>le</strong>s : <strong>le</strong>s Chinois deviennent citoyensdu monde (ils venaient d‘obtenirl’organisation des JO, de l’Expo universel<strong>le</strong>de Shanghai, de la coupe du monde defootball <strong>et</strong> l’entrée dans l’OMC) ; <strong>et</strong> <strong>le</strong> rô<strong>le</strong>de la diaspora dans <strong>le</strong> financement de lacroissance. L’intitulé en était « C<strong>et</strong> empirequi fascine ».Le numéro suivant arrive dès 2005. C’estun numéro allégé, essentiel<strong>le</strong>ment consacréaux questions économiques. On entrealors dans la période où l’Occident commenceà s’inquiéter de la Chine. Le rythmes’accélère : <strong>le</strong> numéro de décembre 2007est axé sur l’émergence <strong>chinois</strong>e <strong>et</strong> sespoints noirs.Le numéro de 2009 arrive à l’issue de deuxannées-clés, dont on verra dans quelquesannées à quel pointel<strong>le</strong>s auront été fondamenta<strong>le</strong>savec lacrise économique <strong>et</strong>la manière dont Pékinl’a gérée, accélérantla reconnaissance durô<strong>le</strong> international dela Chine. Je souhaitaisl’appe<strong>le</strong>r « L’autregrande puissance »car la Chine est encore,par beaucoupd’aspects, un paysémergent, mais à Paris,ils ont r<strong>et</strong>enu <strong>le</strong> titre de« Comment la Chinedevient la premièrepuissance », « Les nouveaux maîtres dumonde », plus accrocheur.C. : Ce numéro spécial — <strong>et</strong> c’est la première fois — abénéficié d’une seconde vie dans <strong>le</strong>s médias <strong>chinois</strong>.Il a provoqué plusieurs vagues de réactions. Pouvezvousnous en par<strong>le</strong>r ?C .P. : On a re<strong>le</strong>vé en Chine une soixantained’entrées — artic<strong>le</strong>s papier ou intern<strong>et</strong> <strong>et</strong>TV. La première vague de réaction a ététrès rapide. Deux jours après la publicationdu numéro, el<strong>le</strong> venait de Chinanews, une agence de presse gouvernementa<strong>le</strong>.La dépêche, reprise par denombreux grands quotidiens <strong>chinois</strong>,était très factuel<strong>le</strong> <strong>et</strong> positive. El<strong>le</strong> notaitque, pour la première fois un grand médiaoccidental réalisait un numéro sur laChine qui <strong>le</strong>ur paraissait objectif. Mêmesi ce numéro était critique sous différentsaspects, il <strong>le</strong>ur a paru correspondreà l’idée qu’ils se faisaient d’eux-mêmes.La deuxième vague, plus critique, a étélancée encore une fois par China news.« Le Point, a changé de point de vue surla Chine ! » affirmait la dépêche <strong>et</strong> la plupartdes artic<strong>le</strong>s qui ont repris ce thème.Selon eux, <strong>le</strong> magazine aurait prônéla chaise vide aux JO. Or à ma connaissance,<strong>et</strong> après vérification, cela n’a pasété <strong>le</strong> cas. J’ai r<strong>et</strong>rouvé trace de l’originede c<strong>et</strong>te critique : <strong>le</strong> correspondant duWenhuibao, grand journal de Shanghai,a écrit une charge, basée sur une brèvesignée par un remplaçant en juill<strong>et</strong> 2008qui se demandait si Sarkozy irait à Pékinsachant que Merkel <strong>et</strong> Gordon Brown n’yallaient pas. Le Wenhuibao y voyait unemanipulation des hommes politiquespar la presse occidenta<strong>le</strong>. Une quinzained’artic<strong>le</strong>s ont repris ce deuxièmecommentaire critique sans vérifier l’information.Puis, à partir du 6 janvier, un<strong>et</strong>roisième vague est lancée par GlobalTimes estimant que ce « Spécial Chine »augurait d’un revirement diplomatiquede la France, la presse française préparantl’opinion pour un rapprochementfranco-<strong>chinois</strong>. Cela montre l’amp<strong>le</strong>urde l’incompréhension sur la manièredont fonctionne la presse occidenta<strong>le</strong>.C<strong>et</strong>te analyse a coïncidé avec <strong>le</strong> durcissementdes relations sino-américaines.120Connexions / mars 2010


Le <strong>soft</strong>-<strong>power</strong> de la Chine 中 国 的 软 实 力La quatrième vague a fait suite à la conférencedu 2 février, organisée sous l’égidede la CCIFC. Une vingtaine de journalistes<strong>chinois</strong> y ont assisté. J’ai été interrogée sur<strong>le</strong>s deux titres : « Comment la Chine devient<strong>le</strong> nouveau numéro 1 mondial » <strong>et</strong>surtout pourquoi par<strong>le</strong>r des « Nouveauxmaîtres du monde ». L’exemp<strong>le</strong> du Shaanxi<strong>et</strong> du remplacement du chef de villagecorrompu par <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions a été repris parla presse, notamment <strong>le</strong> Shanghai zhibao.Enfin, un journaliste <strong>chinois</strong> m’a demandéquel<strong>le</strong> avait été l’évolution de la perceptionde la Chine par <strong>le</strong>s Français. Les artic<strong>le</strong>sn’ont repris que très partiel<strong>le</strong>mentma réponse. Je distinguais la période desannées 80 — avec <strong>le</strong>s interrogations surla manière dont la Chine pouvait sortirdu communisme — la grande rupturede Tiananmen, avec la condamnation dela dictature 89-92 ; 93-97 l’ébullition dela société <strong>et</strong> l’envers du décor; 98 -2002 :l’entrée de la Chine dans la mondialisation<strong>et</strong> la fascination pour c<strong>et</strong> Empire millénaire<strong>et</strong> Zhu Rongji, qui savait très bien par<strong>le</strong>raux médias occidentaux ; 2003-2005 : lacrise du SRAS <strong>et</strong> <strong>le</strong> début de la peur dela mondialisation ; <strong>et</strong>, à partir de 2005, cemélange de fascination <strong>et</strong> de peur faceaux crises sanitaires, aux délocalisations— qui prévaut encore aujourd’hui. Lesmédias <strong>chinois</strong> n’ont parlé ni de la dictatureni des droits de l’homme, ni du SRAS.Par contre, ils ont gardé la question desdélocalisations.C’est là où <strong>le</strong> bât b<strong>le</strong>sse. Les autorités<strong>chinois</strong>es veu<strong>le</strong>nt être mieux comprises dumonde extérieur, mais gomment auprèsde <strong>le</strong>ur propre public <strong>le</strong>s critiques qui <strong>le</strong>ursont adressées de l’étranger. Le <strong>soft</strong> <strong>power</strong>est à doub<strong>le</strong> face : l’image qu’un pays veutdonner de lui mais aussi la perception durefl<strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te image. En refusant de publier<strong>le</strong>s critiques internationa<strong>le</strong>s, ils empêchent<strong>le</strong>s Chinois de prendre conscience de cesdifférences de perception <strong>et</strong> limitent <strong>le</strong>urcapacité d’analyse, ce qui conduit à uneforme de naïv<strong>et</strong>é. Le ma<strong>le</strong>ntendu autourde la flamme olympique en est la tristeillustration. Or, aujourd’hui, la renaissance<strong>chinois</strong>e est plus rapide que nul ne l’avaitimaginée. Comment l’Europe va-t-el<strong>le</strong>réagir ? Est-ce que sa rondeur va jouer ?Est-ce que <strong>le</strong> sentiment de peur va l’emporter? Les stratèges, Clausewitz commeSunzi, ont écrit que c’est d’un défaut decompréhension de l’autre que naissent <strong>le</strong>sgrands conflits. On en est là aujourd’hui.Les Chinois ont une image faussée del’Occident <strong>et</strong> <strong>le</strong>s Occidentaux aussi. Il estimpératif que nous montrions de part <strong>et</strong>d’autre la réalité tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> est <strong>et</strong> non tel<strong>le</strong>que nous aimerions qu’el<strong>le</strong> soit, des imagesjustes. • Propos recueillis par Anne GarrigueConnexions / mars 2010 121


姊 妹 省 份RÉGIONS JUMELLESCanton fait peau neuveForte de ses 12 millions d’habitants <strong>et</strong> d’un PIB qui a dépassé <strong>le</strong>s 90milliards d’euros en 2009, affichant au passage une croissance de 11%,Canton se prépare à accueillir, en novembre 2010, la 16 e éditiondes Jeux asiatiques. Bénéficiant du soutien politique <strong>et</strong> financier dePékin, la capita<strong>le</strong> du Guangdong est devenue <strong>le</strong> nouveau centreéconomique de Chine méridiona<strong>le</strong>.Par Alain Berder, chef du Service économique régionalCanton est devenue en 30 ans <strong>le</strong>principal pô<strong>le</strong> économique de Chineméridiona<strong>le</strong>.La croissance du PIB de Canton a atteint11 % en 2009.En 2008, <strong>le</strong> PIB de Canton avait atteint821,6 Mds Rmb (+12,3%) <strong>et</strong> <strong>le</strong> PIB parhabitant était resté l’un des plus é<strong>le</strong>vés deChine à 81 233 Rmb (8 100 euros). Lacroissance avait reposé sur l’investissementqui avait progressé de 12,9% à 210,5 MdsRmb <strong>et</strong> sur la consommation qui, avec unmontant de 314 Mds Rmb, enregistraitune progression de 21%. Le secteur privéavait représenté 34% du PIB, soit 282,9Mds Rmb dont 154,3 Mds Rmb pourl’industrie (+17,3%). En 2009, la croissancea légèrement ra<strong>le</strong>nti à 11% tout enrestant supérieure à l’objectif fixé en débutd’année (+ 10%) avec un PIB qui selon <strong>le</strong>spremières estimations a pour la premièrefois franchi la barre des 90 Mds d’euros.Comparée à d’autres vil<strong>le</strong>s du delta de larivière des Per<strong>le</strong>s, Canton a mieux résisté àla crise en raison de la structure de son PIBqui est dominé par <strong>le</strong>s services (59,2%) <strong>et</strong> <strong>le</strong>sPékinCantonHong-KongShanghaiCanton en chiffresSuperficie : 7434.4 km 2Population : 12 millions d’habitantsPIB : 821,6 Mds de Rmb (2008)PIB annuel par habitant : 81 233 Rmb(2008)de 350 Mds Rmb (35 Mds €) répartis sur2009 <strong>et</strong> 2010.Canton compte 8 millions de résidentsauxquels s’ajoutent 4 millions de travail<strong>le</strong>ursmigrants.Les eff<strong>et</strong>s de la crise ont été amoindrisgrâce à une diversification réussiedes exportations.En trente ans <strong>le</strong> commerce extérieur deCanton est passé de 200 M USD à 82 MdsUSD. En 2008, <strong>le</strong> montant moyen d’unejournée de commerce extérieur était supérieurà celui de l’année 1978. Depuisl’accession de la Chine à l’OMC, <strong>le</strong> commerceextérieur de Canton a progressé de10 Mds USD par an.Il est resté très dynamique (+ 10%) en dépassantpour la première fois <strong>le</strong> seuil des80 Mds USD en 2008. Les exportationsont atteint 43 Mds USD (+ 13,4%) <strong>et</strong> <strong>le</strong>simportations 39 Mds USD (+ 9,54%).La montée en gamme de l’appareil productifde Canton se confirme : <strong>le</strong>s biensd’équipement <strong>et</strong> <strong>le</strong>s appareils é<strong>le</strong>ctroniquesont représenté 52,43% des exportations en2008, soit 22,52 Mds USD. Les exportaindustriesà forte va<strong>le</strong>ur ajoutée (38,94%).La part des services est n<strong>et</strong>tement supérieureà cel<strong>le</strong> observée au niveau national(41%). La croissance a été principa<strong>le</strong>mentsoutenue par l’investissement dans <strong>le</strong>s infrastructuresqui représentent un montant122 Connexions / mars 2010


CANTON 广 州La toute récente tour de la télévision de Canton qui mesure 608m de haut est <strong>le</strong> nouve<strong>le</strong>mblème de la vil<strong>le</strong>. 广 州 国 际 会 议 展 览 中 心 ( 琶 洲 展 馆 )tions de l’industrie automobi<strong>le</strong> (véhicu<strong>le</strong>s<strong>et</strong> composants) ont progressé de 24,39%(1,32 Mds USD) <strong>et</strong> cel<strong>le</strong>s de navires de111% (1,60 Mds USD). Les exportationsde machines-outils <strong>et</strong> d’équipements ontatteint 6,43 Mds USD (+ 12,7%).En 2008, l’Union européenne est devenue<strong>le</strong> premier partenaire commercial deCanton avec un volume d’échanges de14,743 Mds USD (+15,87%). Cantona réussi à limiter l’impact de la crise endiversifiant ses exportations. Si l’Unioneuropéenne, <strong>le</strong>s Etats-Unis, Hong Kong<strong>et</strong> <strong>le</strong> Japon restent <strong>le</strong>s principaux débouchésde ses exportations, la part des paysd’Asie du sud, d’Asie centra<strong>le</strong>, du MoyenOrient, d’Amérique du sud, de l’ancienneEurope de l’Est <strong>et</strong> d’Afrique atteint 23,2%(+ 24,59%).Canton continue d’attirer de nombreuxinvestissements directs étrangers(IDE).Canton accueil<strong>le</strong> 7 400 sociétés à capitauxétrangers qui emploient 1,25 million depersonnes. El<strong>le</strong>s représentent 60% de laproduction industriel<strong>le</strong>, un tiers des rec<strong>et</strong>tesfisca<strong>le</strong>s <strong>et</strong> 60 % des exportations. Lemontant cumulé des IDE reçus par Cantons’élève à 72 Mds USD dont 43 MdsUSD réalisés. Cent soixante-neuf groupesdu TOP500 mondial ont créé 385 sociétésà capitaux étrangers à Canton. El<strong>le</strong>s© Alain Berderreprésentent un investissement total de 16Mds USD dont 6 Mds USD de capitauxétrangers.En 2008, Canton a reçu 6 Mds USDd’IDE (- 15,87%) dont 3,6 Mds USDeffectivement réalisés, soit + 10,3% parrapport à 2007. La part des services aatteint 59%. Parmi <strong>le</strong>s investissementsréalisés dans <strong>le</strong> secteur des services, onpeut citer : Guangdong Golden RainbowAnimation <strong>et</strong> Web Game Digital TechnologyCo Ltd pour un montant de 99,80 MUSD, Guangdong Guanghang ShippingCo. Ltd (87,19 M USD) ; Guangzhou AnhuaLogistics Co. (23 M USD), SofstoneSouth China Headquarters, Global DataSolutions <strong>et</strong> Bloombase Technologies.197 proj<strong>et</strong>s ont dépassé 10 M USD <strong>et</strong> représentéun investissement cumulé de 5Mds USD soit 84% des IDE destinés àCanton. Il s’agit en particulier de GuangzhouSkyworth Flat Panel Display Co. (99M USD), de Guangzhou Johnson AutomotiveInterior Co. Ltd, TESCO (China)Investment Co., de Guangzhou HitachiKoki Co Ltd (60 M USD), de la phase IIde l’usine Toyota (526 M USD) <strong>et</strong> de 3M(22,50 M USD), ces trois derniers proj<strong>et</strong>sreprésentant des extensions d’implantationsexistantes.Dans <strong>le</strong> cadre d’une stratégie dite « GoingGlobal » la municipalité de Canton encourage<strong>le</strong>s sociétés loca<strong>le</strong>s à s’implanterà l’étranger. En 2008, la municipalité aapprouvé 33 nouveaux proj<strong>et</strong>s d’implantationà l’étranger de sociétés cantonaisespour un montant total d’investissementde 119 M USD. Les investissements dessociétés cantonaises concernent 45 pays<strong>et</strong> représentent un investissement cumuléde 1,1 Md USD. El<strong>le</strong>s sont encouragées àacquérir des sociétés étrangères détenantdes technologies de pointe, des marquesconnues ou des réseaux de distribution.Canton accueil<strong>le</strong>ra en novembre2010 la 16 e édition des Jeux asiatiques.Si Canton n’a pas obtenu en 2008 <strong>le</strong> labeltant recherché de « Vil<strong>le</strong> de Civilisation »el<strong>le</strong> poursuit ses efforts pour être prête àrecevoir en novembre 2010 <strong>le</strong>s 54 délégationsétrangères qui participeront à la16 e édition des Jeux asiatiques. A c<strong>et</strong>tefin, <strong>le</strong> gouvernement municipal consacreun effort financier important à •••Connexions / mars 2010 123


姊 妹 省 份RÉGIONS JUMELLES•••l ’a mé l ior at ion de s i n f r a s - Il comprend de nouveaux proj<strong>et</strong>s de traitementdes eaux usées domestiques, de nou-t r uc t u re s de t r a n spor t s e t à l aprotection de l ’env i ron nement .Le renforcement des infrastructuresde transports.Il s’agit en particulier de lavel<strong>le</strong>s stations de traitement des eaux de larivière des Per<strong>le</strong>s, des proj<strong>et</strong>s visant à séparerla col<strong>le</strong>cte des eaux de pluie <strong>et</strong> des eauxusées, l’amélioration duseconde phase de l’aéroportsystème d’évacuation des« En préparationinternational de Baiyun, deeaux de pluie (mousson,des Jeuxla phase III des travaux d<strong>et</strong>yphons,…) <strong>et</strong> <strong>le</strong> renforcementdes contrô<strong>le</strong>sdrainage de la rivière des Asiatiques dePer<strong>le</strong>s, de la gare TGV sur<strong>le</strong> district de Panyu qui a étéinaugurée au mois de janvier2010, Canton areçu <strong>le</strong> soutienfinancier de Pékindes rej<strong>et</strong>s d’eaux usées.Les industries agroalimentaires<strong>et</strong> du BTP2010, de la ligne TGV pour se doter devront contribuer à uneWuhan-Canton éga<strong>le</strong>mentamélioration significatived’infrastructuresinaugurée début janvier. Aude la pollution atmosphérique.85 % des bus <strong>et</strong>qui en feronttotal 34 proj<strong>et</strong>s qui renforceront<strong>le</strong>s infrastructures de100 % des taxis utilisentl’un des centrestransports sans oublier la régionaux de <strong>le</strong> GPL comme carburant.première phase du Bus RapidTransit (30 km) qui estentrée en service dans <strong>le</strong> centre-vil<strong>le</strong>l’économieasiatique. »La proportion des joursayant atteint <strong>le</strong>s standardsau mois de février 2010. De 2008à 2011, Canton consacrera 463 M Rmb desubventions aux transports en commun <strong>et</strong>1,8 Md Rmb aux compagnies de bus <strong>et</strong> demétro pour rendre accessib<strong>le</strong> au plus grandnombre ces modes de transport urbain.L’amélioration de la qualité de l’air<strong>et</strong> de l’eau.Canton accorde une priorité croissante à laprotection de l’environnement <strong>et</strong> à l’améliorationdu cadre de vie. Son parc automobi<strong>le</strong>compte dorénavant plus de deuxmillions de véhicu<strong>le</strong>s <strong>et</strong> croît au rythme700 immatriculations par jour. L’effortsera porté sur l’achèvement de la ligne 4du métro, la ligne étant entrée en servicefin 2009, <strong>et</strong> sur la construction des lignes6 (phase II), 7 <strong>et</strong> 9.La seconde phase du programme Greenlandscape, Blue sky and Blue water a étémise en œuvre. Les espaces verts représentent44,4% du territoire municipal <strong>et</strong><strong>le</strong>s forêts 38,2%. Un important effort dereboisement a été réalisé dans <strong>le</strong>s zonesreculées de la banlieue de Canton. Plusieursmanifestations de la population deCanton contre des proj<strong>et</strong>s d’incinérateurssitués en centre-vil<strong>le</strong> ont conduit <strong>le</strong>s autoritésà suspendre ces proj<strong>et</strong>s dans l’attentedes conclusions d’audits environnementaux.Un plan spécifique a été adopté en vue del’organisation des Jeux Asiatiques de 2010.de qualité de l’air a atteint 94,3%.Le nombre de jours de brume a été réduitde 16% passant de 131 en 2007 à 110 en2008. Treize centra<strong>le</strong>s thermiques de faib<strong>le</strong>capacité, 66 p<strong>et</strong>ites cimenteries <strong>et</strong> 140entreprises polluantes ont été fermées en2008.Canton est devenue l’un des principauxpô<strong>le</strong>s de l’industrie automobi<strong>le</strong><strong>chinois</strong>e.Ce secteur a représenté 15,9% de la productionindustriel<strong>le</strong> de Canton en 2008.Depuis 2000, <strong>le</strong> volume de la productionautomobi<strong>le</strong> a été multiplié par 23 passantde 38 100 à 881 600 véhicu<strong>le</strong>s en 2008soit 9,43% de la production <strong>chinois</strong>e(9,345 millions). Avec 400 équipementiers<strong>et</strong> constructeurs automobi<strong>le</strong>s (Nissan,Honda, Toyota, Hino, GAC,…), Cantonest devenue en moins de 10 ans l’un desprincipaux pô<strong>le</strong>s de l’industrie automobi<strong>le</strong><strong>chinois</strong>e. Les IDE réalisés dans ce secteuratteignent 1,836 Md USD pour un investissementtotal de 7,259 Mds USD. La va<strong>le</strong>urdes exportations est passée de 37 MUSD en 2001 à 1,32 Md USD en 2008soit 58 900 véhicu<strong>le</strong>s (10% des exportations<strong>chinois</strong>es).Guangzhou Dongfeng Nissan a annoncé<strong>le</strong> 30 juill<strong>et</strong> 2009 un investissement de 5Md Rmb pour augmenter la capacité deproduction de son usine de Huadu (Canton).El<strong>le</strong> perm<strong>et</strong>tra de créer 3 000 emploisqualifiés <strong>et</strong> aura une capacité de 240 000véhicu<strong>le</strong>s ce qui portera la capacité tota<strong>le</strong>du site de Huadu à 600 000 véhicu<strong>le</strong>s en2012. Le groupe qui est devenu <strong>le</strong> premierconstructeur automobi<strong>le</strong> de Chine du Suden 2008 avec une production de 350 000véhicu<strong>le</strong>s a déjà produit 225 073 automobi<strong>le</strong>sau premier semestre 2009, soit unehausse de 41,3% par rapport au premiersemestre 2008.FIAT <strong>et</strong> Guangzhou Automobi<strong>le</strong> GroupCo. (GAC) ont signé <strong>le</strong> 6 juill<strong>et</strong> 2009 àRome un accord sur la création d’unesociété à capitaux mixtes détenue à partséga<strong>le</strong>s par <strong>le</strong>s deux constructeurs. El<strong>le</strong>conduira à un investissement de 400millions d’euros dans une nouvel<strong>le</strong> usineautomobi<strong>le</strong> à Changsha (Hunan) qui produira140 000 véhicu<strong>le</strong>s <strong>et</strong> 220 000 moteursen 2011. Ce proj<strong>et</strong> devrait perm<strong>et</strong>treà GAC d’atteindre l’objectif de 1,3 millionde véhicu<strong>le</strong>s <strong>et</strong> 200 Mds Rmb de chiffred’affaires en 2010.Volkswagen <strong>et</strong> FAW Group Corp. ont,de <strong>le</strong>ur côté, annoncé en février 2010 <strong>le</strong>urintention de construire à Canton unenouvel<strong>le</strong> unité de production automobi<strong>le</strong>d’une capacité de 300 000 véhicu<strong>le</strong>s. Ceproj<strong>et</strong> qui n’a pas encore été approuvé par<strong>le</strong>s autorités centra<strong>le</strong>s doit perm<strong>et</strong>tre à lamarque al<strong>le</strong>mande <strong>et</strong> à son partenaire<strong>chinois</strong> de se positionner sur <strong>le</strong> marchétrès convoité de la Chine du Sud.Des pô<strong>le</strong>s de compétitivité serontdéveloppés dans d’autres secteursindustriels.La capita<strong>le</strong> du Guangdong s’est ainsi dotéeen 2008 d’un nouveau chantier navalsur l’î<strong>le</strong> de Longxue à Nansha. Les exportationsde navires ont représenté 1,6 MdUSD en 2008. Les industries de la pétrochimie,de la sidérurgie, de l’é<strong>le</strong>ctronique,pharmaceutique <strong>et</strong> mécaniques y sont trèsbien développées grâce aux nombreux partenariatssino-étrangers.Canton souhaite éga<strong>le</strong>ment se doter d’unpô<strong>le</strong> de compétitivité Digital Home dans<strong>le</strong> domaine des technologies de l’informationen accordant une priorité au développementde six secteurs d’activité : <strong>le</strong>scomposants é<strong>le</strong>ctroniques, <strong>le</strong>s servicesd’outsourcing, <strong>le</strong>s machines à commandesnumériques, <strong>le</strong>s équipements pour lamaison numérique, <strong>le</strong>s écrans plats pourla télévision numérique, <strong>le</strong>s nouveaux ma-124 Connexions / mars 2010


CANTON 广 州tériaux (plasturgie,…).A partir de 2009, chacun des 12 districtsmunicipaux recevra une allocation de 60millions de Rmb afin de promouvoir <strong>le</strong>développement scientifique <strong>et</strong> technologiquedans sa circonscription.Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s autorités de Canton soutiennentla transformation de l’industrieloca<strong>le</strong> du « processing trade » dont <strong>le</strong>sentrepreneurs sont invités à passer d’uneactivité d’OEM (Original EquipmentManufacturing) à une activité d’ODM(Original Design Manufacturing) voire,dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur des cas, d’OBM (OriginalBrand Manufacturing). Ces entreprisessont ainsi encouragées à développer <strong>le</strong>urspropres capacités de R&D <strong>et</strong> à enregistrer<strong>le</strong>urs marques <strong>et</strong> brev<strong>et</strong>s en Chine <strong>et</strong>à l’étranger.Les autorités de Canton accordentdorénavant la priorité au développementdes services.Canton souhaite devenir un centre deservices <strong>et</strong> promeut à c<strong>et</strong>te fin la marque« Guangzhou Service » en particulier dans<strong>le</strong> domaine de l’outsourcing. En 2008, <strong>le</strong>sservices ont représenté 59% du PIB soit484,9 Mds Rmb (+13,6%) <strong>et</strong> contribué àhauteur de 64,6% à la croissance.Les 75 principa<strong>le</strong>s entreprises de servicesd’outsourcing implantées à Canton ontsigné en 2008 pour 443 millions USDde contrats. La va<strong>le</strong>ur des exportations delogiciels a atteint 146 M USD soit un desniveaux <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés parmi <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>svil<strong>le</strong>s <strong>chinois</strong>es. Le développement desservices d’outsourcing bénéficie éga<strong>le</strong>mentd’une initiative origina<strong>le</strong> associant HongKong (Guangzhou Hong Kong ServicesOutsourcing Union) qui vise notammentà créer des relais en Europe, au Japon, auxEtats-Unis <strong>et</strong> à Hong Kong pour soutenirl’activité d’outsourcing.Canton ambitionne de devenir un centrerégional (hub) de services à partir de quatreplateformes : <strong>le</strong> centre des expositionsde Pazhou (expositions, foires <strong>et</strong> conférences),<strong>le</strong> quartier d’affaires de Tianhe(services financiers, outsourcing, siègesrégionaux,…), <strong>le</strong> quartier de Bai<strong>et</strong>an(restauration, loisirs <strong>et</strong> divertissements)<strong>et</strong> <strong>le</strong> district de Baiyun (services aéroportuaires,parcs logistiques, entrepôtssous douane,…). Les sociétés de servicesont ainsi vocation à remplacer •••La « Californie <strong>chinois</strong>e »La province du Guangdong <strong>et</strong> sa capita<strong>le</strong>sont engagées depuis 2007 dansune profonde mutation pour s’affirmerà l’horizon 2020 en tant qu’économiemoderne, tournée vers <strong>le</strong>s services <strong>et</strong> <strong>le</strong>snouvel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> hautes technologies, en symbioseavec <strong>le</strong>s économies hongkongaises<strong>et</strong> macanaises (<strong>le</strong>s 1 er investisseurs de laprovince), intégrée au vaste marché delibre échange avec <strong>le</strong>s 10 pays de l’Asean,en phase d’accélération dans ses échangesavec Taiwan (2 e investisseur de la province).Canton est historiquement la premièrevil<strong>le</strong> à avoir été en contact avec <strong>le</strong> mondeextérieur, dés <strong>le</strong> VII e sièc<strong>le</strong> avec l’arrivéedes marchands arabes <strong>et</strong> persans, à partirdu XVI e sièc<strong>le</strong> avec cel<strong>le</strong> des Portugais.C’est la capita<strong>le</strong> administrative de laprovince la plus développée de Chine.Pour <strong>le</strong>s dirigeants <strong>chinois</strong>, c’est surtoutla « première économie provincia<strong>le</strong> » 第一 经 济 大 省 . El<strong>le</strong> assure à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong> 30%des échanges extérieurs de la Chine, 1/7 edes rec<strong>et</strong>tes fisca<strong>le</strong>s du pays, <strong>et</strong>c. Si laprovince du Guangdong était un pays,son économie serait classée au 23 e rangmondial ou au 14 e en parité de pouvoird’achat. Deuxième « p<strong>et</strong>it dragon »d’Asie (son PIB excède 400 mds USD),<strong>le</strong> Guangdong est en quelque sorte la« Californie <strong>chinois</strong>e ». C’est aussi LArégion pionnière 排 头 兵 en matière deréformes, en 1989 <strong>et</strong> en 1992 sous l’impulsionde Deng Xiaoping, actuel<strong>le</strong>mentsous cel<strong>le</strong> du président Hu Jintao <strong>et</strong> dusecrétaire du Parti de la province, WangYang, ardent défenseur de la globalisation<strong>et</strong> de l’économie de marché de typelibéral.Ce sont <strong>le</strong>s raisons pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s Cantonaccueil<strong>le</strong> une communauté françaisesans cesse grandissante (+ 17% en 2009)même si cel<strong>le</strong>-ci demeure très en-deçà dece qu’el<strong>le</strong> devrait être en nombre, compt<strong>et</strong>enu de l’énorme potentiel <strong>et</strong> des atoutsde c<strong>et</strong>te région (proximité avec HongKong notamment). Actuel<strong>le</strong>ment plus de2 200 de nos compatriotes sont inscrits auregistre des Français au Consulat généralde France à Canton, ils se répartissent àégalité entre Canton <strong>et</strong> Shenzhen.Quelque 400 entreprises françaises,dont un nombre important de PME,exercent <strong>le</strong>urs activités dans la circonscription.Une nouvel<strong>le</strong> éco<strong>le</strong> qui al’ambition de devenir un véritab<strong>le</strong> lycéeinternational français ouvrira ses portesà Canton à la rentrée 2010-2011 pour accueillir<strong>le</strong>s enfants des famil<strong>le</strong>s françaises<strong>et</strong> francophones. Une structure analogueest en train de se m<strong>et</strong>tre en place à Shenzhen,du fait de l’arrivée massive de famil<strong>le</strong>semployées par <strong>le</strong>s groupes Areva<strong>et</strong> EDF notamment. Car la France a eneff<strong>et</strong> des intérêts stratégiques majeurs àCanton <strong>et</strong> dans sa circonscription. Je a n-R a ph a ë l P e y t r egn<strong>et</strong>C onsu l Génér a l de Fr a nc eVue du nouveau centre d’exposition international de Canton (Pazhou).广 州 国 际 会 议 展 览 中 心 ( 琶 洲 展 馆 )à C a n ton© Imagine ChinaConnexions / mars 2010 125


姊 妹 省 份•••RÉGIONS JUMELLES<strong>le</strong>s entreprises industriel<strong>le</strong>s du centreurbain qui devront se relocaliser dans<strong>le</strong>s régions reculées des districts municipauxou du Guangdong.Le trafic du port de Canton est resté stab<strong>le</strong>(+1%) avec un volume de fr<strong>et</strong> de 347 millionsde tonnes faisant de Canton <strong>le</strong> quatrièmeport de Chine en volume. L’achèvementde la seconde phase du port en eauprofonde de Canton, situé sur <strong>le</strong> nouveaudistrict de Nansha, a permis un trafic deconteneurs de 11 millions d’EVP en 2008,Canton devenant un des 10 plus importantsports à conteneurs au monde.Les autorités <strong>chinois</strong>es souhaitent fairede Canton un « hub » international deservices logistiques en s’appuyant notammentsur <strong>le</strong> nouveau siège Asie-pacifiquede FEDEX inauguré début 2009, <strong>le</strong> porten eau profonde de Nansha, <strong>le</strong> port fluvia<strong>le</strong>n eau profonde de Huangpu <strong>et</strong> <strong>le</strong>s zonesL’équipe de la CCIFC Sud Chine. De g. à dr. : Victor Chen,sous douane de Baiyun (aéroport) <strong>et</strong> deYang, Marie Robert-Drissi, <strong>et</strong> Frédérique Consigny. Nansha (port maritime). La gare TGV située谢 梓 盈 、 杨 帆 、Marie Robert-Drissi、 Frédérique Consigny。Thierry Tang, Léa Feng, Christine Dai,中 国 法 国 工 商 会 华 南 区 办 公 人 员 , 从 左 至 右 : 陈 庆 安 、tional de la vil<strong>le</strong> au même titre que la Tour ses françaises, à Canton, <strong>le</strong>s implantationssont en majorité industriel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> qui perm<strong>et</strong>tent aux professionnels dude travail RH <strong>et</strong> grande distributionEiffel pour Paris. •à 45 mn du centre vil<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> districtde Panyu perm<strong>et</strong>tra de relier Shenzhen en CCIFC : De plus en plus d’entreprises françaises40 mn en 2010 <strong>et</strong> la plupart des grandesvil<strong>le</strong>s <strong>chinois</strong>es au-delà de c<strong>et</strong>te échéance.L’inauguration en 2009 de la troisièmephase du parc des expositions de Pazhouqui accueil<strong>le</strong> notamment <strong>le</strong>s deux éditionsannuel<strong>le</strong>s de la foire de Canton, a fait dece centre <strong>le</strong> plus grand centre d’expositionscouvert au monde.Enfin, <strong>le</strong>s revenus du tourisme ont représenté80 Mds de Rmb en 2008. Depuisjanvier 2005, six hôtels cinq étoi<strong>le</strong>s ontouvert <strong>le</strong>urs portes à Canton (Westin,Grand Hyatt, Ritz-Carlton, Shangri-La, Mandarin Oriental, Pullman). Unedizaine d’autres sont en construction<strong>et</strong> devraient être inaugurés d’ici la fin2010 (Four Seasons, Sheraton, W, Sofitel,Jumeirah, Intercontinental,…). Unequinzaine d’hôtels 5 étoi<strong>le</strong>s aura ainsi étéconstruite en cinq ans à Canton. La Nouvel<strong>le</strong>Cité de la Rivière des Per<strong>le</strong>s où seconcentre la plupart de ces hôtels sera lanouvel<strong>le</strong> vitrine de Canton <strong>et</strong> sa Tour deTélévision de 608 m <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> interna-Ouvert en 2001, <strong>le</strong> bureau de la CCIFCCanton rassemb<strong>le</strong> aujourd’hui près de240 entreprises françaises, un chif fred o nt la c ro iss a n ce n e s ’e s t jamaisdémentie <strong>et</strong> qui a été multiplié pardeux depuis 2006. L’actuel directeurHer vé Lambelin précise que la pro -vince du Guangdong a enregistré en2008 une progression de 15% de seséchanges avec la France — <strong>le</strong>squelsreprésentent 1/5 e du commerce entrela France <strong>et</strong> la Chine.A la tête des deux bureaux CCIFC SudChine, Canton <strong>et</strong> Shenzhen (ouver ten décembre 2008), Her vé Lambelinqui a auparavant travaillé pour plusieursgrandes compagnies aérienneseuropéennes, souligne la t ypologieparticulière des entreprises membresdans <strong>le</strong> Guangdong : « A la dif férencede Pékin <strong>et</strong> Shanghai où se concentrent<strong>le</strong>s sièges sociaux des entrepri-haute technologie est marquée par laprésence historique d’EDF <strong>et</strong> d’Arevaà Daya Bay (berceau de la coopérationnucléaire franco-<strong>chinois</strong>e), maissont éga<strong>le</strong>ment présents la granded i s t r i b u t i o n , p l u s i e u r s c a b i n e t sd’avocats français, <strong>le</strong> tourisme <strong>et</strong> <strong>le</strong>sloisirs, <strong>le</strong>s ser vices de cer tification,<strong>le</strong>s produits <strong>et</strong> ser vices pour la santé<strong>et</strong> la protection de l’environnement,<strong>le</strong>s transpor ts urbains, la logistique,<strong>le</strong>s ser vices d’audit <strong>et</strong> de conseil, <strong>le</strong>sser vices informatiques <strong>et</strong> d’outsourcing<strong>et</strong> <strong>le</strong>s ser vices financiers. »Avec son équipe mixte franco-<strong>chinois</strong>ede huit collaborateurs permanents,Her vé L amb elin propose une largegamme de ser vices aux entreprises :conférences, séminaires, n<strong>et</strong>working,bureaux de domiciliation, aide au recrutement,formations… auxquels sesont récemment ajoutés des groupesnous comptons environ 80% de PMEparmi nos membres. L’esprit d’entreprisebat son p<strong>le</strong>in. Tous <strong>le</strong>s secteursd’ac tivité sont bien représentés. Lasecteur d’échanger <strong>le</strong>urs expériences<strong>et</strong> <strong>le</strong>urs expertises. Fait nouveau éga<strong>le</strong>ment,depuis juin 2009, la collaborationavec la Chambre de commerce126 Connexions / mars 2010


CANTON 广 州Hervé Lambelin,Charlène Wu, Claire Xie, FanThierry Tang、 冯 蕾 、 戴 俊 婷 、Hervé Lambelin、 吴 楚 园 、al<strong>le</strong>mande s’es t considér ab<strong>le</strong>mentrenforcée. Hervé Lambelin explique :« Nous avons mis au point des of frescommunes, nous travaillons b eaucoupen anglais ce qui nous perm<strong>et</strong>de rassemb<strong>le</strong>r au niveau européen <strong>et</strong>de répondre à la demande des en -treprises, notamment en matière deformation.»M a is ce q u i , s a n s d o u te p l u s q u <strong>et</strong>o u t , f ait la n oto r i été d e la CCIFCC a nto n , ce s o nt s e s d e u x é v é n e -ments majeurs : <strong>le</strong> 14 juill<strong>et</strong> « Côtéplage » <strong>et</strong>, en novembre, sa soirée deprestige « Côté Jardin » qui fédérentau-delà des communautés d’af fairesf ranco - <strong>chinois</strong>es. « Les entreprisesétrangères sont très éparpillées <strong>et</strong>relativement isolées, el<strong>le</strong>s sont trèsdemandeuses d’événements, ce quiexplique <strong>le</strong> succès que rencontrentnos events » souligne Her vé Lambelin.En 2010 pour la première fois, laCCIFC Canton organisera la remise duprix PME, un signe de l’impor tancestratégique croissante de la capita<strong>le</strong>du Delta de la rivière des Per<strong>le</strong>s. •S oph i e L av e rgne© CCIFCFFG Bags Ltd. veutgrandir sur des basessainesLes stocks de tissus de FFG Bags FFG Bags 公 司 的 布料 库 存« Toute la Chine se r<strong>et</strong>rouve à Canton.Sur <strong>le</strong>s marchés de gros, <strong>le</strong>s négociantslocaux sont minoritaires », assure NicolasLibaude, <strong>le</strong> directeur de FFG BagsLtd. La toute jeune structure (un an <strong>et</strong>trois mois) compte déjà 70 employés quiproduisent 10 000 pièces par mois : dessacs de montagne, de sports nautiques <strong>et</strong>autres activités de p<strong>le</strong>in air. « Ce n’est pasla quantité qui est privilégiée, c’est la qualité», précise-t-il.Si l’entreprise exporte pour l’instant essentiel<strong>le</strong>menten Europe, l’objectif pourraitêtre un jour la pénétration du marché<strong>chinois</strong>. « La contrefaçon ne me fait paspeur. Car <strong>le</strong>s Chinois qui se tournent versces activités sportives commencent à avoirassez d’argent pour bien s’équiper. »Avec la densité du réseau de production duGuangdong, l’approvisionnement est aisé.FFG Bags Ltd. compte entre « 60 <strong>et</strong> 70fournisseurs ». Pour autant, afin d’éviter<strong>le</strong>s mauvais produits, l’entreprise négociesurtout avec de grosses usines, en particuliertaïwanaises. Forte de ces exigences,la vente des produits made in China nesuscite ni réserve ni suspicion de la partdes clients européens. D’autant que poureux, « c’est rassurant d’avoir un interlocuteurfrançais. »Et si Nicolas Libaude approvisionne desclients qui commandent de p<strong>et</strong>ites quantités(500 pièces par exemp<strong>le</strong>), c’est volontairementà contre-courant des pratiques<strong>chinois</strong>es. « Quel<strong>le</strong> que soit la gamme deproduits, ici <strong>le</strong>s usines produisent pour degros clients, car el<strong>le</strong>s pensent qu’il n’y a pasd’argent à se faire avec des clients comme<strong>le</strong>s miens. » Or <strong>le</strong> jeune directeur sait, lui,qu’il y a « une multitude de ‘’p<strong>et</strong>its clients’’qui ne savent pas à qui commander... »« Mes clients sont des p<strong>et</strong>ites marques avecdes p<strong>et</strong>ites quantités qui ne trouvent pasd’usine capab<strong>le</strong> de répondre à <strong>le</strong>urs attentes.On trouve soit l’usine taïwanaise de2 000 personnes, capab<strong>le</strong> de produire dela très bonne qualité pour Samsonite ouNike, soit des usines <strong>chinois</strong>es plus basiques,qui font des sacs rentrée des classespar exemp<strong>le</strong>, <strong>et</strong> qui, el<strong>le</strong>s aussi, privilégientla quantité, car <strong>le</strong>urs clients veu<strong>le</strong>nt unprix <strong>le</strong> plus bas possib<strong>le</strong>. »Avec un chiffre d’affaires « de 800 000 €lors du premier exercice <strong>et</strong> qui pourraitpasser à 1,2 million en 2010 », <strong>le</strong>s résultatssont conformes aux prévisions établies parNicolas Libaude. Et si, à l’occasion de lafête de printemps, FFG Bags Ltd. a perdudes employés, revenus dans <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s,l’heure n’est pas à l’inquiétude. « Je saisqu’ils reviendront après <strong>le</strong>s fêtes », prom<strong>et</strong>-il.Soucieux de <strong>le</strong>ur offrir de bonnesconditions de travail, il a engagé un processusde certification BSCI (InitiativeConformité Socia<strong>le</strong> des Affaires), quidevrait favoriser la saine croissance de satoute jeune entreprise.Sogal propulsé par <strong>le</strong>marché <strong>chinois</strong>En s’implantant à Zengcheng, au nordestde Canton, en 2004, <strong>le</strong> <strong>le</strong>ader françaisde placards coulissants <strong>et</strong> des meub<strong>le</strong>s derangement sur mesure Sogal a fait <strong>le</strong> beaupari de se lancer <strong>le</strong> premier sur ce marchéembryonnaire. « Les premières années ontété très diffici<strong>le</strong>s », adm<strong>et</strong> Yu Xiaomin, <strong>le</strong>directeur général de Sogal GuangzhouIndustry & Design Co., Ltd. Mais désormais,<strong>le</strong>s commandes explosent. À telpoint que, malgré l’arrivée de concurrents,désormais, « personne n’arrive à satisfairela demande. Le marché des placards surmesure, c’est un tout nouveau marché, <strong>le</strong>“blue sea“. »En installant son usine à Canton, Sogala fait <strong>le</strong> bon choix stratégique. Car« on y trouve de nombreux fournisseursde meub<strong>le</strong>s contemporains <strong>et</strong>•••Connexions / mars 2010 127


姊 妹 省 份RÉGIONS JUMELLESDes meub<strong>le</strong>s sur mesure. 定 制 家 具•••de quincail<strong>le</strong>ries, <strong>et</strong> que l’on est prochede Hong Kong ». Son développements’appuie sur <strong>le</strong> réseau de distribution deson partenaire <strong>chinois</strong> Ningji. Grâce à lui,l’entreprise compte déjà plus de 500 pointsde vente en Chine en 2009.Ce dynamisme trouve aussi son originedans <strong>le</strong>s caractéristiques du tissu économiquede la région : « Canton s’ouvre aucommerce mondial depuis 30 ans. Les habitantssont pragmatiques, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s ouvrierstrès travail<strong>le</strong>urs », analyse Yu Xioamin.Pour autant, <strong>le</strong> jeune directeur reconnaîtrencontrer parfois quelques difficultésavec <strong>le</strong>s douanes, mais « il y en a relativementmoins qu’ail<strong>le</strong>urs, notammentqu’à Shenzhen. » D’ail<strong>le</strong>urs, « à Canton <strong>le</strong>gouvernement intervient moins que dansd’autres régions de Chine, ce qui facilite<strong>le</strong> commerce. Il y a un meil<strong>le</strong>ur respectdes règ<strong>le</strong>s... »Ce natif de Canton nuance pourtant c<strong>et</strong>ab<strong>le</strong>au flatteur : « <strong>le</strong>s fournisseurs ont toujoursdu mal à livrer dans <strong>le</strong>s délais convenus». Rien de rédhibitoire pourtant : ilsuffit de multiplier <strong>le</strong>s partenariats. Mais« si on ne veut pas avoir de mauvaises surprises,il ne faut pas ach<strong>et</strong>er <strong>le</strong>s produits <strong>le</strong>smoins chers », prévient Yu Xiaomin, quisait que la différence du coût de productionfinal est largement compensée par <strong>le</strong>prestige de la french touch de Sogal.Un diagnostic que <strong>le</strong>s chiffres ne démententpas : avec un chiffre d’affaires passé de500 000 € en 2005 à 7 millions d’euros en2009, <strong>le</strong> pô<strong>le</strong> Chine a fait « plus que compenserla baisse des commandes françaises» provoquée par la crise économique. Àtel point que <strong>le</strong> fabricant de placards affichedors <strong>et</strong> déjà ses ambitions : « Doub<strong>le</strong>r notrechiffre d’affaires à l’horizon 2014, <strong>et</strong> renforcerl’exportation vers <strong>le</strong>s États Unis <strong>et</strong><strong>le</strong> reste de l’Asie. »Un p<strong>et</strong>it boutd’Alsace naît au cœurde CantonCuisine <strong>et</strong> décor alsaciens pour dépayser <strong>le</strong>sclients. 阿 尔 萨 斯 的 特 色 菜 肴 与 装 修 风 格 让 顾 客 感 受 不同 的 就 餐 氛 围« J’ai toujours baigné dans la Chine », raconteChristophe Bilde. Pendant sa jeunessedans <strong>le</strong>s années 80, c’est d’ail<strong>le</strong>ursplutôt la Chine qui vient à lui. Jusquedans sa maison à Strasbourg. Son père,Jacques, propriétaire d’une chaîne de magasins,importe massivement des produitsménagers <strong>et</strong> des décorations de Noël. Sespartenaires <strong>chinois</strong>, devenus peu à peudes amis, viennent alors régulièrement<strong>le</strong>ur rendre visite en Alsace.Ce n’est pourtant qu’en 2005, à l’occasionde la foire internationa<strong>le</strong> de Canton,que Christophe m<strong>et</strong> réel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s piedsen Chine. « Pour moi, ce fut un coup defoudre pour <strong>le</strong> pays <strong>et</strong> ses habitants. J’aiimmédiatement compris que j’allais venirvivre ici », raconte-t-il. L’année suivante, ils’instal<strong>le</strong> à Canton <strong>et</strong> travail<strong>le</strong> pour ChinaNew Product Factory, spécialisée dans <strong>le</strong>ssolutions d’export <strong>et</strong> de sourcing, dont ilprend rapidement la tête.Parallè<strong>le</strong>ment, il cultive son amour pourla Chine, <strong>et</strong> en particulier pour la cuisine<strong>chinois</strong>e. Pourtant, il lui manque quelquechose. « C’est vrai qu’après quelques annéespassées ici, on se sent loin de notreculture. L’idée d’ouvrir un restaurantfrançais a alors commencé à germer ».Le proj<strong>et</strong> reste alors en attente... jusqu’àla crise financière de 2008 qui, « au vudes perspectives de développement enChine par rapport à l’Europe durementtouchée », accélère alors la décision de selancer.Pour populariser <strong>le</strong>ur gastronomie, <strong>le</strong>sAlsaciens doivent la rendre accessib<strong>le</strong> auxbourses <strong>chinois</strong>es. « Les prix commencentà 28 Rmb. » Tartes flambées, choucroutesou spatze<strong>le</strong>, la carte propose aussi des plats« que mangent vraiment <strong>le</strong>s Français auquotidien. » Et, plus encore que la cuisine,c’est <strong>le</strong> dépaysement que Alsace Villageveut offrir. La décoration typique de sa régiond’origine sert de cadre à un mini-musée: « 500 obj<strong>et</strong>s anciens, accompagnés deplaques explicatives traduites en <strong>chinois</strong>,racontent notre histoire. Des télévisionsdiffusent des vidéos sur notre patrimoinerégional. » Pour donner un peu de liantà l’ensemb<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s serveuses ont reçu uneformation spécifique. « Je <strong>le</strong>s considèrecomme des hôtesses, el<strong>le</strong>s se sentent valorisées.» À tel point que certaines veu<strong>le</strong>ntdésormais apprendre <strong>le</strong> français.Alsace village compte déjà quelques habituésparmi <strong>le</strong>s clients cantonnais. « Sinous voulions <strong>le</strong>s faire venir, il fallaitnous adapter à <strong>le</strong>urs habitudes : mangerrapidement, <strong>le</strong>ur donner la possibilité decommander des plats col<strong>le</strong>ctifs ou de rapporterde la nourriture à la maison. »Christophe est optimiste. Depuis l’ouverturedu restaurant <strong>le</strong> 28 janvier, lui <strong>et</strong>son jeune frère Rudy, associé à l’activité,constatent des « débuts très prom<strong>et</strong>teurs ».Un bon signe, d’autant que <strong>le</strong> développementrapide de Canton ouvre des perspectivesfavorab<strong>le</strong>s. « Dans <strong>le</strong> cadre desJeux Asiatiques organisés dans la vil<strong>le</strong>c<strong>et</strong>te année, <strong>le</strong> gouvernement a massivementinvesti dans <strong>le</strong>s infrastructures <strong>et</strong> <strong>le</strong>séquipements.» De bon augure pour <strong>le</strong> développementtouristique. Plus largement,Christophe considère l’enrichissement dupô<strong>le</strong> Hong-Kong, Macau, Canton, Shenzhen,comme une opportunité à pluslong terme. « Si <strong>le</strong> principe du restaurantfonctionne, nous souhaiterions en ouvrird’autres. Peut-être sous la forme d’unechaîne ou d’une franchise. » L’Alsace à laconquête de la Chine ? Le pari est séduisant...Le restaurant-musée de Christophe Bilde. 阿 尔 萨斯 的 特 色 菜 肴 与 装 修 风 格 让 顾 客 感 受 不 同 的 就 餐 氛 围128 Connexions / mars 2010


CANTON 广 州À Xiaolan, Extruf<strong>le</strong>xtourne à p<strong>le</strong>in régimeLes bobines de PVC d’Extruf<strong>le</strong>x. PVC 材 料爱 托 福 生 产 的Lorsqu’Extruf<strong>le</strong>x a décidé de s’implanteren Chine en 2005, plusieurs zonesde recherche ont été explorées. « Nousavons opté pour Xiolan, parce quec’était la seu<strong>le</strong> qui nous garantissait unelivraison d’énergie permanente », raconteYoann Coutherut, <strong>le</strong> directeurgénéral. Or, pour c<strong>et</strong>te entreprise spécialiséedans la fabrication de bobinesde PVC pour portes soup<strong>le</strong>s, qui avaitl’intention de produire 24h/24 <strong>et</strong> 7j/7,une tel<strong>le</strong> fonctionnalité était essentiel<strong>le</strong>.Ce choix de Xiaolan s’explique aussi par« la proximité avec nos fournisseurs <strong>et</strong> avec<strong>le</strong> port qui se trouve à moins de dix minutesde l’usine. » Ajoutez à cela <strong>le</strong> niveau raisonnab<strong>le</strong>des coûts de fonctionnement, <strong>et</strong>Xiolan serait presque l’emplacement idéal.À ceci près qu’il faut encore réussir à fairevenir <strong>le</strong>s collaborateurs dont on a besoin.Or, « trouver <strong>le</strong>s profils adéquats est trèsdiffici<strong>le</strong> », déplore-t-il. C’est que, dans c<strong>et</strong>tezone industrieuse, à part travail<strong>le</strong>r, il n’ya pas beaucoup d’activités pour s’occuper.Le directeur général regr<strong>et</strong>te par ail<strong>le</strong>ursune certaine vision à court terme dans lamanière dont certains partenaires mènent<strong>le</strong>s affaires, bien qu’el<strong>le</strong> soit « typiquede la culture loca<strong>le</strong> ». Ainsi « l’un denos fournisseurs a vendu notre produità un concurrent. » Un mauvais calculqui a provoqué la rupture du contrat.Malgré ces difficultés structurel<strong>le</strong>s, la productiond’Extruf<strong>le</strong>x grimpe régulièrement :3 500 tonnes en 2007, 4 000 en 2008,4 500 en 2009 <strong>et</strong> une prévision établieà 5 500 pour c<strong>et</strong>te année. El<strong>le</strong> progressemême à un rythme tel que 2 000 m²d’usine supplémentaires vont devoir êtreaménagés dans <strong>le</strong> courant de l’année. C’estd’autant plus encourageant que la concurrenceloca<strong>le</strong> n’est pas réel<strong>le</strong>ment compétitive.D’une part parce qu’Extruf<strong>le</strong>x exploiteun marché de niche, d’autre part parceque <strong>le</strong>s standards de qualité <strong>chinois</strong> sontn<strong>et</strong>tement inférieurs. Et c’est de bon augure,dans la perspective d’une conquête dumarché <strong>chinois</strong> dans <strong>le</strong>s années à venir...L’énergie de Xiaolanau service desbatteries d’UnirossBatteries <strong>et</strong> chargeurs d’Univox. 欧 力 生 产 的 电 池和 充 电 器Se trouver « à moins de deux heures d<strong>et</strong>ous nos fournisseurs. » Tel est <strong>le</strong> critèreprincipal qui a présidé, en 2003, à l’installationd’Uniross à Xiaolan, au sud deCanton. Boris Duhamel, <strong>le</strong> directeur Asiede ce grand fabriquant de batteries <strong>et</strong> dechargeurs, explique que pour faire fonctionnerau mieux l’entreprise tournée « à95% vers l’exportation, il fallait aussi êtreproche d’un grand port commercial. »En construisant <strong>le</strong>s 6000m² d’ateliers <strong>et</strong>de bureaux à Xiaolan, Uniross a bénéficiéd’un autre atout majeur : la grande disponibilitédes autorités loca<strong>le</strong>s. « Dansc<strong>et</strong>te p<strong>et</strong>ite vil<strong>le</strong> de 300 000 habitants,nous avons un accès direct à la mairie<strong>et</strong> au chef local du parti. » Une familiaritéqui s’explique notamment par <strong>le</strong> faitque « nous sommes dans <strong>le</strong> ‘’top10’’ desinvestisseurs étrangers de la vil<strong>le</strong> depuisplusieurs années », ainsi que par une volontéde Xiaolan de « nous aider à être performants». En particulier sur la partie laplus austère de l’activité : <strong>le</strong>s démarchesadministratives. « Plusieurs personnes dela vil<strong>le</strong> par<strong>le</strong>nt parfaitement anglais », <strong>et</strong>sont naturel<strong>le</strong>ment devenues <strong>le</strong>urs interlocuteurs-c<strong>le</strong>f.C<strong>et</strong>te atmosphère de travail « amica<strong>le</strong> »s’est aussi déclinée dans l’enceinte mêmede l’entreprise, « qui jouit d’une bonneimage auprès <strong>le</strong>s employés ». D’abord,<strong>le</strong>s activités extra-professionnel<strong>le</strong>s ainsique des avantages, comme des aides aulogement, favorisent <strong>le</strong>ur attachement àl’enseigne. Ensuite, « nous avons mis enplace un doub<strong>le</strong> système de formation <strong>et</strong>d’évaluation, qui <strong>le</strong>ur perm<strong>et</strong> de gravir <strong>le</strong>séchelons année après année. »Ce lien entre Uniross <strong>et</strong> son staff perm<strong>et</strong>aussi une f<strong>le</strong>xibilité efficace en terme demain-d’œuvre : « En fonction de l’activité,il y a entre 200 <strong>et</strong> 400 ouvriers ». De bonaugure, puisque <strong>le</strong> potentiel de développementde l’usine est important : outre lafabrication de batteries <strong>et</strong> chargeurs pour<strong>le</strong>s terminaux de paiements, <strong>le</strong>s vélos é<strong>le</strong>ctriques,<strong>le</strong>s professionnels de l’é<strong>le</strong>ctroménager<strong>et</strong> de tous <strong>le</strong>s produits qui nécessitentdes sources d’énergie rechargeab<strong>le</strong>s,Boris Duhamel aimerait « développer <strong>le</strong>savoir-faire dans l’assemblage, notammentpour des produits comme <strong>le</strong>s torchesé<strong>le</strong>ctriques. Le potentiel est là, nousavons une bonne réserve de capacité deproduction. »À l’origine de l’implantation d’Uniross,tout n’a pourtant pas été tout rose. Le premier« chal<strong>le</strong>nge, c’était la communicationavec <strong>le</strong>s douanes. Mais <strong>le</strong>ur système s’estamélioré avec la mise en place de l’EDI,l’échange de données informatiques. Çanous a permis d’économiser beaucoup d<strong>et</strong>emps <strong>et</strong> d’énergie... » Autre point noir quia peu à peu disparu : l’iso<strong>le</strong>ment. « Lorsquenous nous sommes installés sur <strong>le</strong>site, la zone était complètement vierge... »Signe du grand dynamisme local, ontrouve, à peine sept ans plus tard, « unshopping mall, un hôtel cinq étoi<strong>le</strong>s, uncinéma, de plus en plus de restaurants <strong>et</strong>d’étrangers ». Une attractivité croissantequi pourrait compenser bientôt la principa<strong>le</strong>lacune de la zone : la difficulté à recruter« des personnes très qualifiées, quipréfèraient jusqu’à maintenant s’instal<strong>le</strong>rdans une métropo<strong>le</strong> comme Canton ouShanghai. » • Manuel RambaudConnexions / mars 2010 129


旅 游 TOURISME里 昂 歌 剧 院 L’opéra de Lyon© MICHELIN里 昂 (LYON)里 昂 坐 落 在 西 欧 的 十 字 路 口 , 是 巴 黎 (Paris) 与 地 中 海 (la Méditerranée) 之 间 不 可 错 过 的中 途 旅 站 , 是 法 国 的 经 济 金 融 中 心 以 及 罗 讷 - 阿 尔 卑 斯 大 区 (la région Rhône-Alpes) 的首 府 。 闻 名 遐 迩 的 “ 祈 祷 山 ” 弗 尔 维 埃 (Fourvière) 和 “ 工 作 山 ” 克 鲁 瓦 - 鲁 斯 (Croix-Rousse) 俯 瞰 着 这 座 位 于 河 流 交 汇 处 的 独 特 城 市 。 里 昂 的 财 富 与 这 里 两 千 年 深 远 丰 富 的历 史 相 符 相 称 , 它 在 1998 年 被 载 入 联 合 国 教 科 文 组 织 世 界 遗 产 (Patrimoine mondial del’Unesco) 名 录 也 可 谓 实 至 名 归 。 里 昂 这 座 “ 南 方 的 门 户 ”(la « Porte du Midi ») 有 时 被 形 容为 冷 漠 而 低 调 , 实 际 上 里 昂 是 一 座 宽 容 、 亲 切 而 好 客 的 城 市 , 对 于 肯 为 它 付 出 些 许 时 间的 游 客 而 言 , 里 昂 独 特 的 魅 力 一 定 会 让 人 流 连 忘 返 。如 果 您 有 兴 趣 阅 读 更 多 的 旅 游 资 讯 文 章 可 登 陆 www.michelin.com.cn 本 版 文 章 及 图 片 由 “ 米 其 林 地 图 和 旅 游 指 南 ” 提 供 , 版 权 专 有 。 未 经米 其 林 事 先 书 面 许 可 , 任 何 个 人 或 企 业 不 得 以 复 制 、 转 载 ( 包 括 网 上 转 载 ) 或 其 他 任 何 方 式 使 用 其 中 的 任 何 内 容 ( 包 括 文 字 和 图 片 )。米 其 林 保 留 对 任 何 未 经 授 权 的 使 用 追 究 法 律 责 任 的 权 利 。 如 需 转 载 或 发 现 文 章 中 有 不 妥 之 处 或 有 任 何 意 见 和 建 议 , 请 发 电 子 邮 件 至 :map.guide@michelin.com.cn 本 专 栏 内 容 由 米 其 林 旅 游 出 版 公 司 提 供130 Connexions / mars 2010


Lyon 里 昂老 城 的 文 艺 复 兴 风 格 的 长 廊 Une cour intérieure dans une trabou<strong>le</strong>© MICHELIN漫 步 弗 尔 维 埃 山如 同 里 昂 北 部 的 棕 红 十 字 架 (la CroixRousse) 山 一 样 , 弗 尔 维 埃 (Fourvière) 山俯 瞰 着 里 昂 的 西 部 , 这 里 曾 有 一 座 古 罗 马城 市 。“ 弗 尔 维 埃 ”(« Fourvière ») 一 名 源 于 古罗 马 时 期 , 古 城 建 于 公 元 前 43 年 , 如 今 依旧 保 留 有 若 干 遗 迹 : 剧 场 、 音 乐 堂 、 引 水渠 , 等 等 。 公 元 3 世 纪 , 弗 尔 维 埃 山 被 慢 慢遗 弃 , 人 们 开 始 使 用 山 上 的 石 块 来 建 设下 面 的 新 城 。 中 世 纪 , 山 上 大 部 分 地 方 被重 新 用 于 培 植 作 物 ( 特 别 是 葡 萄 种 植 )。17 世 纪 , 许 多 教 会 在 山 上 建 造 了 自 己 的 修道 院 , 此 山 因 而 得 名 Fourvière, 意 为 “ 祈祷 山 ”, 它 的 对 面 是 棕 红 十 字 架 (la Croix-Rousse) 山 则 被 称 为 “ 工 作 山 ”。如 今 , 弗 尔 维 埃 山 及 其 大 教 堂 、 古 罗 马 时期 的 古 迹 、 博 物 馆 已 经 成 为 游 客 众 多 的 旅游 胜 地 , 一 如 山 下 绵 延 100 多 米 的 古 老 街 区( 里 昂 老 城 <strong>le</strong> Vieux-Lyon)。城 市 简 介面 积 : 39.5 平 方 公 里人 口 :472530旅 游 局 网 址 :www.cn.lyon-france.com如 何 前 往 ?乘 坐 TGV 高 速 火 车 从 巴 黎 出 发 , 大 约需 要 2 小 时 抵 达 里 昂 的 佩 拉 什 火 车 站(gare de Perrache) 和 拉 帕 尔 迪 约 火 车站 (gare de la Part-Dieu)。 火 车 站 紧 邻市 中 心 , 可 直 接 换 乘 地 铁 。若 想 攀 爬 弗 尔 维 埃 山 , 须 取 道 迂 回 曲 折 的阶 梯 , 或 者 那 些 被 称 为 “ 山 坡 路 ” 的 陡 坡街 巷 。 每 条 道 路 都 独 具 魅 力 , 能 够 俯 瞰 老城 的 美 景 。 还 可 以 乘 坐 缆 车 抵 达 山 顶 , 里昂 人 称 其 为 “ 绳 子 ”。首 先 可 以 取 道 卡 尔 姆 • 德 肖 塞 (Carmes-D é c h a u s s é s) 坡 路 和 尼 古 拉 • 德 朗 热(Nicolas-de-Lange) 坡 路 。 第 一 条 坡 道 的名 字 源 自 建 于 17 世 纪 初 期 的 一 座 同 名 修道 院 , 如 今 修 道 院 内 坐 落 着 省 立 档 案 馆(<strong>le</strong>s Archives départementa<strong>le</strong>s)。 这 条 坡道 共 有 238 级 台 阶 , 加 上 第 二 条 坡 道 的560 级 台 阶 的 话 , 从 弗 尔 维 埃 铁 塔 (la tourmétallique de Fourvière) 走 到 下 面 的 圣保 罗 广 场 (la place St-Paul) 总 共 有 798 级台 阶 。 下 山 时 , 这 样 的 坡 度 令 人 能 够 欣 赏到 有 趣 的 景 致 : 从 索 恩 河 (la Saône) 畔 建筑 群 中 冒 出 的 圣 尼 奇 耶 教 堂 (l’église St-Nizier) 尖 顶 。 取 道 加 里 亚 纳 (Garillana) 山坡 路 时 , 人 们 为 其 曲 折 的 阶 梯 (224 级 台阶 ) 而 叹 服 。 若 想 欣 赏 里 昂 城 的 全 景 , 还可 以 攀 登 新 路 (Chemin-Neuf) 山 路 和 圣 巴泰 勒 米 (St-Barthé<strong>le</strong>my) 山 路 , 从 这 两 条 坡道 开 始 , 游 客 就 能 一 览 里 昂 老 城 的 所 有 街区 和 主 教 教 堂 。 最 后 , 还 有 著 名 的 古 尔 吉永 (Gourguillon) 山 路 , 中 世 纪 时 , 前 往 奥 弗涅 地 区 (Auvergne) 的 四 轮 运 货 马 车 通 常 会走 这 条 坡 道 ; 今 天 的 人 们 很 难 想 象 负 重的 车 队 如 何 攀 爬 如 此 陡 峭 的 山 坡 。 •••Connexions / mars 2010 131


旅 游 TOURISME弗 尔 维 埃 山 的 夜 景 L’église St Georges <strong>et</strong> la basilique de Fourvière sur la colline© MICHELIN••• 这 条 道 路 上 能 够 看 到 一 座 文 艺 复 兴时 期 风 格 的 建 筑 , 更 高 处 则 是 图 尔 凯 胡 同(l’impasse Turqu<strong>et</strong>), 这 条 秀 丽 的 小 巷 拥 有古 色 古 香 的 木 长 廊 。 享 受 山 坡 上 的 美 景 之后 , 即 可 抵 达 弗 尔 维 埃 圣 母 大 教 堂 。“ 祈 祷 山 ” 上 纪 念 圣 母 的 宗 教 建 筑 已经 拥 有 近 8 个 世 纪 的 历 史 。 圣 母 大 教 堂(basilique Notre Dame) 矗 立 在 弗 尔 维 埃 山丘 上 , 那 恢 宏 的 身 影 已 经 成 为 里 昂 风 景 的一 部 分 。 夜 间 灯 光 照 明 时 , 气 宇 轩 昂 的 大 教堂 仿 佛 山 顶 的 一 座 灯 塔 。 大 教 堂 的 庞 大 身躯 也 为 它 赢 得 了 一 个 有 趣 的 绰 号 中 :“ 翻倒 的 大 象 ”, 看 来 大 教 堂 也 并 不 仅 仅 拥 有仰 慕 者 。 这 座 大 教 堂 是 著 名 的 朝 圣 之 地 ,遵 照 热 努 亚 克 大 人 (Mgr de Genouilhac) 的心 愿 建 造 于 1870 年 普 法 战 争 之 后 : 因 为 这位 里 昂 的 大 主 教 曾 经 承 诺 , 如 果 敌 人 未 靠近 里 昂 城 , 他 将 在 此 建 造 一 座 教 堂 。作 为 对 游 客 努 力 爬 山 的 回 报 , 山 顶 还 有 许多 观 景 点 。 从 大 教 堂 左 面 的 广 场 空 地 能 够俯 瞰 半 岛 街 区 (la Presqu’î<strong>le</strong>) 以 及 绰 号 “ 铅笔 ” 的 里 昂 信 贷 银 行 大 厦 (la tour du CréditLyonnais) 所 在 的 罗 讷 河 (Rhône) 左 岸 ; 远处 , 东 面 依 稀 可 见 群 山 的 身 影 : 比 热 山 地(Bugey)、 阿 尔 卑 斯 山 脉 (Alpes)、 沙 特 勒 斯山 地 (Chartreuse)、 韦 科 尔 山 脉 (Vercors)。若 想 饱 览 360 度 全 景 , 游 客 可 以 步 行 登 上大 教 堂 的 瞭 望 台 (287 级 台 阶 — — 有 方位 指 示 台 ); 届 时 将 能 瞭 望 到 里 昂 人 山( <strong>le</strong>s monts du Lyonnais)、 皮 拉 山 (<strong>le</strong> montPilat) 以 及 金 山 (<strong>le</strong> Mont-d’Or); 天 气 晴 朗时 , 人 们 还 可 以 分 辨 出 西 面 的 阿 尔 卑 斯 山和 勃 朗 峰 (<strong>le</strong> mont Blanc) 以 及 东 面 的 多 姆山 (<strong>le</strong> puy de Dôme)。在 结 束 我 们 的 弗 尔 维 埃 山 漫 步 之 前 , 还可 以 在 考 古 公 园 了 解 里 昂 的 古 老 历 史 , 园内 的 一 些 古 代 公 共 建 筑 于 1933 年 出 土 。在 法 尔 热 路 (rue des Farges), 有 一 座 高卢 - 罗 马 时 期 的 公 共 浴 池 , 在 马 卡 贝 路(rue des Macchabées) 和 菲 勒 希 龙 堤 岸(quai Fulchiron)( 舒 朗 山 坡 路 montée deChoulans) 还 保 存 了 一 些 教 堂 遗 迹 , 令 人联 想 到 基 督 教 早 期 时 光 。 参 观 高 卢 - 罗 马文 明 博 物 馆 (<strong>le</strong> Musée de la Civilisationgallo-romaine) 让 游 客 继 续 沉 浸 在 悠 久 的历 史 中 。 这 间 博 物 馆 因 其 建 筑 而 与 众 不 同( 它 几 乎 完 全 位 于 地 下 !), 凭 借 丰 富 的高 卢 - 罗 马 时 期 的 藏 品 而 出 类 拔 萃 。 最 后 ,游 客 还 能 探 访 古 罗 马 剧 场 遗 迹 —— 气 势宏 伟 的 建 筑 群 包 括 一 座 音 乐 堂 和 一 座 剧场 ( 建 于 公 元 前 1 世 纪 ), 音 乐 堂 在 当 时 用于 举 办 音 乐 会 和 精 英 论 谈 会 , 而 剧 场 则堪 称 法 国 古 剧 院 之 最 。 在 夏 季 举 办 “ 弗 尔维 埃 之 夜 ” 艺 术 节 (festival « <strong>le</strong>s Nuits deFourvière ») 之 际 , 这 两 座 古 建 筑 重 新 迎 来观 众 , 人 们 在 露 天 欣 赏 戏 剧 、 音 乐 会 和 舞蹈 的 同 时 , 还 能 饱 览 城 市 美 不 胜 收 的 景 致( 活 动 网 址 :www.<strong>le</strong>snuitsdefourviere.fr )。里 昂 老 城 的 穿 街 小 巷这 是 里 昂 老 城 的 特 色 之 一 , 绵 延 在 索 恩河 (la Saône) 与 弗 尔 维 埃 山 之 间 的 圣 让街 区 (<strong>le</strong> quartier de St-Jean) 拥 有 •••132 Connexions / mars 2010


Lyon 里 昂里 昂 — 令 人 大 快 朵 颐 的 美 食最 老 道 的 饕 客 将 美 食 之 都 定 在 里 昂绝 非 偶 然 。 在 里 昂 周 边 汇 集 了 许 多 布雷 斯 地 区 (la Bresse) 和 沙 罗 莱 地 区 (<strong>le</strong>Charolais) 的 畜 牧 场 , 除 此 以 外 还 有 栋 布(la Dombes) 地 区 的 野 味 、 附 近 萨 瓦 湖 泊产 量 丰 富 的 鱼 类 、 罗 讷 河 谷 (la vallée duRhône) 及 福 雷 地 区 (<strong>le</strong> Forez) 的 菜 园 和 果园 。 料 理 所 用 的 食 材 全 部 由 最 顶 级 的 主厨 及 著 名 的 “ 里 昂 厨 娘 ” 精 挑 细 选 , 因此 , 里 昂 的 美 食 名 声 在 很 大 程 度 上 应 当归 功 于 其 对 高 品 质 食 材 的 巧 妙 运 用 。这 里 为 您 介 绍 几 道 著 名 的 里 昂 菜 肴 , 让您 在 出 发 之 前 憧 憬 享 受 美 食 的 快 感 :圆 鼓 鼓 的 烤 炉 焗 鱼 肠 (la quenel<strong>le</strong> debroch<strong>et</strong>) 浸 在 嗞 嗞 作 响 的 金 黄 色 黄 油 中色 泽 诱 人 ; 包 裹 在 热 松 甜 面 包 中 的 里 昂腊 肠 (<strong>le</strong> saucisson de Lyon) 美 味 可 口 ; 添加 了 松 露 或 开 心 果 的 热 香 肠 (<strong>le</strong> cervelas)香 气 扑 鼻 ; 鳟 鱼 在 烹 饪 时 填 入 馅 料 用 小火 慢 慢 煨 炖 鲜 美 异 常 ; 而 家 禽 、 特 别 是 松露 馅 鸡 (la poularde demi-deuil) 在 高 汤中 烧 煮 之 前 还 会 塞 入 松 露 薄 片 ; 更 为 传统 的 美 味 特 色 菜 肴 是 : 奶 油 鸡 (<strong>le</strong> poul<strong>et</strong>à la crème)、 牛 骨 髓 刺 菜 蓟 (<strong>le</strong>s cardonsà la moel<strong>le</strong>) 或 者 焗 刺 菜 蓟 、 佩 鲁 日 烘 饼(<strong>le</strong>s gal<strong>et</strong>tes de Pérouges)、 以 及 封 斋 前周 二 的 油 炸 甜 糕 (<strong>le</strong>s bugnes de Mardigras) 。因 此 , 法 国 烹 饪 界 的 教 主 之 一 出 自 里 昂 不足 为 奇 —— 保 罗 • 博 居 斯 (Paul Bocuse) 于1926 年 出 生 在 一 个 厨 师 世 家 , 其 家 族 厨艺 史 可 追 溯 到 17 世 纪 。 这 位 天 才 厨 师 (人 们 甚 至 称 其 为 “ 世 纪 厨 师 ”) 在 为 法 国烹 饪 赢 得 国 际 声 誉 方 面 功 不 可 没 。 他 同时 还 是 一 位 成 功 的 商 人 , 不 仅 开 设 了 许多 餐 厅 , 还 在 里 昂 近 郊 埃 居 利 (Ecully) 开办 了 烹 饪 学 校 。 有 机 会 的 话 可 以 到 他在 里 昂 开 设 的 著 名 餐 厅 “ 保 罗 • 博 居斯 ”(restaurant Paul Bocuse) 用 餐 , 那 里的 美 味 定 会 让 您 赞 不 绝 口 。若 想 了 解 里 昂 的 特 产 , 还 需 前 往 里 昂 老 城(Vieux Lyon) 的 主 街 区 —— 圣 让 街 (rueSt-Jean) , 热 闹 的 小 酒 馆 (bouchon) 和 手工 艺 店 铺 是 体 验 当 地 风 情 和 掏 宝 的 好 地方 。« bouchon » 一 词 原 来 是 指 悬 挂 在 小酒 馆 门 前 的 一 把 麦 秆 , 表 明 人 们 可 以 在店 内 喝 到 葡 萄 酒 。 如 今 这 个 词 汇 指 代 里昂 城 的 典 型 小 酒 馆 , 供 应 传 统 的 当 地 菜肴 , 其 中 有 些 小 酒 馆 已 经 拥 有 百 年 历 史 。以 下 为 您 推 荐 几 个 不 可 错 过 的 美 食 餐厅 , 带 您 去 体 验 地 道 的 里 昂 佳 肴 :餐 厅Le Vieux Lyon( 里 昂 老 城 餐 厅 ) – 地址 :44 r. St-Jean – 电 话 :04 78 42 4889 – 价 格 :13,50/20€。 里 昂 所 有 的 食 客都 知 道 这 间 热 情 好 客 的 小 餐 馆 : 开 业 于1947 年 , 如 今 依 然 保 持 着 欢 聚 一 堂 的 幸福 氛 围 。 餐 厅 用 布 拉 桑 斯 (Brassens)、 布雷 勒 (Brel) 以 及 阿 里 奥 (Herriot) 等 名 人 的照 片 作 为 装 饰 , 以 里 昂 家 常 菜 为 主 。Le Café 203(203 咖 啡 馆 )- 地 址 :9 r. duGar<strong>et</strong> - 电 话 :04 78 28 66 65 - 电 邮 :cafe203@wanadoo.fr -12 月 24 日 至 1 月 3 日休 息 - 价 格 :10€。 一 些 食 客 光 顾 这 间 小餐 馆 氛 围 的 咖 啡 馆 是 为 了 品 尝 当 日 推 荐的 集 市 新 鲜 食 材 烹 饪 。 还 有 的 客 人 是 为了 追 求 精 神 食 粮 : 来 这 里 欣 赏 画 展 、 青年 作 家 的 作 品 展 或 聆 听 音 乐 。 无 论 是 美食 还 是 文 化 、 艺 术 —— 每 个 人 都 有 一 个爱 上 203 的 理 由 。Le Casse-Museau( 硬 糕 点 餐 厅 )– 地 址 :2 r. Chavanne – 电 话 :04 72 00 20 52 –8 月 、 周 日 、 周 一 以 及 节 假 日 休 息 。 营 业 时间 : 周 二 中 午 、 周 三 中 午 、 周 四 中 午 和 晚上 、 周 五 中 午 和 晚 上 、 周 六 晚 上 - 必 须 预订 – 价 格 : 中 午 9€ - 晚 上 12/25€。“ 波莱 特 阿 姨 ”(Tante Paul<strong>et</strong>te) 的 小 酒 馆始 于 1947 年 , 以 其 轻 松 随 意 的 风 格 受 到追 捧 。 小 酒 馆 愉 悦 舒 畅 的 氛 围 依 旧 , 但 餐厅 的 当 日 主 菜 、 沙 拉 拼 盘 以 及 快 餐 已 经取 代 了 这 里 曾 经 著 名 的 蒜 蓉 鸡 。 餐 厅 价廉 物 美 , 在 里 昂 人 中 的 知 名 度 很 高 。La Brasserie Georges( 乔 治 啤 酒 屋 )– 地 址 :30 cours de Verdun – 电 话 :0472 56 54 54 - 电 邮 :brasserie.georges@wanadoo.fr –5 月 1 日 休 息 - 价 格 :18/24€。这 间 餐 厅 邻 近 佩 拉 什 火 车 站 (la gare dePerrache), 于 1836 年 开 业 , 深 受 好 评 , 是里 昂 不 容 错 过 的 地 方 。 巨 大 的 用 餐 厅 有舒 适 的 红 色 软 垫 长 椅 、 装 饰 艺 术 风 格 的枝 形 吊 灯 和 壁 画 , 仅 是 这 间 用 餐 大 厅 本身 就 值 得 前 往 参 观 。 餐 厅 提 供 地 道 的 烹饪 。Restaurant Paul Bocuse( 保 罗 • 博 居斯 餐 厅 )– 地 址 :pont de CollongesNord 69660 Collonges au Mont d’Or:距 离 索 恩 河 ( Saône) 岸 1 2 公 里 ( D433,D51)- 电 话 : 04 72 42 90 90 – 电 邮 :paulbocuse@bocuse.fr – 价 格 :109-185€- “ 保 罗 先 生 ” 迎 接 来 自 世 界 各 地 的 饕客 ……美 食 购 物Reynon( 雷 农 猪 肉 食 品 外 卖 店 )– 地 址 :13 rue des Archers – 电 话 :04 78 37 39 08– 网 址 : www.reynon.com – 营 业 时 间 :周 二 至 周 六 :8 :30-13 :30,15 :00-19 :30– 7 月 底 至 8 月 中 旬 、 节 假 日 ( 圣 诞 节 及 元旦 除 外 ) 休 息 。 从 1937 年 创 建 伊 始 , 这 间店 铺 就 由 同 一 个 家 族 经 营 至 今 。 店 内 精心 陈 列 着 大 腊 肠 、 干 红 肠 、 大 型 干 香 肠 以及 成 品 菜 肴 。 热 衷 逸 闻 趣 事 以 及 菜 谱 的人 士 可 以 阅 读 由 奥 古 斯 特 • 雷 农 (AugusteReynon) 先 生 所 著 的 《 猪 肉 食 品 商 之 子 》(Le fils du charcutier) 一 书 。Voisin( 邻 居 食 品 店 ) – 地 址 :28 r. de laRépublique – 电 话 :04 78 42 46 24 - 营业 时 间 : 周 一 14 :00-19 :00; 周 二 至 周 六9 :00-19 :30。 这 间 食 品 店 制 作 出 售 50 多种 巧 克 力 、 水 果 软 糖 、 糖 渍 水 果 以 及 其他 美 味 的 里 昂 特 产 。 该 品 牌 在 里 昂 共 有19 间 店 面 , 食 品 店 还 提 供 新 鲜 烘 焙 的 咖啡 和 特 级 名 茶 。 一 定 不 要 错 过 哦 !Connexions / mars 2010 133


旅 游 TOURISME生 让 街 La rue St-Jean dans <strong>le</strong> Vieux-Lyon© MICHELIN••• 许 多 穿 街 小 巷 (trabou<strong>le</strong>s, 源 于拉 丁 语 , 意 为 “ 穿 行 ”), 尤 其 集 中 在 圣让 街 (la rue St-Jean)、 三 玛 丽 路 (la ruedesquaiTrois-Maries) 和 罗 曼 • 罗 兰 堤 岸 (<strong>le</strong>Romain-Rolland) 之 间 , 以 及 圣 乔治 路 (la rue St-Georges) 和 菲 勒 希 龙 堤岸 (<strong>le</strong> quai Fulchiron) 之 间 。 由 于 缺 少 地方 规 划 的 宽 广 道 路 网 络 , 这 些 与 索 恩 河垂 直 的 穿 街 小 巷 就 起 到 衔 接 各 街 区 建筑 的 作 用 。 通 道 的 风 格 相 近 , 拥 有 尖 拱顶 或 法 式 顶 棚 , 通 往 建 有 文 艺 复 兴 风格 长 廊 的 内 部 庭 院 。 这 些 穿 街 小 巷 通 常是 私 家 通 道 , 以 前 并 不 对 沿 街 居 民 所 开放 。 根 据 约 定 , 人 们 可 以 自 由 出 入 这 些穿 街 小 巷 中 的 大 部 分 ; 建 议 您 上 午 在 旅游 局 的 一 位 导 游 的 陪 同 下 观 光 游 览 。灯 光 节12 月 8 日 , 里 昂 以 其 特 有 的 方 式 来 纪 念 天主 教 的 圣 母 玛 利 亚 节 日 。 夜 幕 降 临 后 , 成千 上 万 盏 彩 色 折 纸 灯 笼 点 亮 里 昂 的 所 有 窗台 。 这 个 节 日 起 源 于 1852 年 庆 祝 弗 尔 维 埃镀 金 圣 母 像 (la Vierge dorée de Fourvière)的 落 成 。 当 年 , 由 于 河 水 泛 滥 , 雕 塑 师 延迟 到 9 月 8 日 才 完 成 雕 像 。 于 是 , 庆 祝 仪 式便 被 推 迟 至 12 月 8 日 的 圣 母 无 玷 始 胎 节(fête de l’Immaculée Conception) 举 行 。当 天 , 人 们 因 为 暴 雨 打 算 取 消 晚 间 的 庆 祝活 动 ; 然 而 暴 雨 竟 然 在 预 定 的 庆 祝 时 间 奇迹 般 停 止 。 于 是 , 里 昂 人 自 发 用 成 千 上 万 盏灯 笼 点 亮 自 家 的 窗 台 , 让 整 个 城 市 笼 罩 在灯 光 之 中 。 这 一 宗 教 传 统 如 今 已 经 成 为 大众 节 日 , 小 商 贩 会 在 这 一 天 开 启 圣 诞 节 摊位 , 无 数 游 客 涌 入 里 昂 的 大 街 小 巷 , 热 闹非 凡 。住 宿St-Pierre-des-Terreaux ( 圣 皮 埃 尔 代 泰 罗 酒店 )– 地 址 :8 r. Paul-Chenavard – 电 话 :0478 28 24 61 – 每 年 8 月 及 圣 诞 节 到 新 年 期 间各 休 息 15 天 – 房 间 :16 间 , 价 格 :31.50/45€- 早 餐 :5.50€。 若 想 在 里 昂 城 内 住 宿 , 选择 这 间 酒 店 非 常 方 便 , 它 坐 落 在 圣 皮 埃 尔博 物 馆 (musée St-Pierre) 对 面 , 距 离 歌 剧院 仅 两 步 之 遥 。 实 用 而 整 洁 的 酒 店 客 房 非常 安 静 。 接 待 服 务 令 人 愉 悦 , 价 格 适 中 。Élysée Hôtel( 爱 丽 舍 酒 店 )– 地 址 :92 r.du Prés.-Edouard-Herriot – 电 话 :04 7842 03 15 – 电 邮 :elysee-hotel@wanadoo.fr - 房 间 :29 间 , 价 格 :44/67€ - 早 餐 :7.60€。 如 果 您 希 望 以 合 理 的 价 格 在 半 岛街 区 (laPresqu’î<strong>le</strong>) 住 宿 , 可 以 选 择 这 间 家庭 氛 围 的 小 酒 店 。 红 黄 色 调 的 小 房 间 虽 然朴 素 简 单 但 干 净 整 洁 、 令 人 愉 悦 。 朝 向 后院 的 客 房 能 够 保 证 您 度 过 宁 静 的 夜 晚 。Savoies( 萨 瓦 酒 店 )– 地 址 :80 r. de laCharité – 电 话 :04 78 37 66 94 - 电 邮 :hotel.des.savoies@wanadoo.fr - 房 间 :46 间 , 价 格 :63/67€ - 早 餐 :5€。 酒 店 位于 佩 拉 什 火 车 站 (gare de Perrache) 街区 , 外 立 面 衬 托 以 萨 瓦 徽 章 。 干 净 的 标准 客 房 ( 配 备 简 单 家 具 和 彩 色 地 毯 )、非 常 方 便 的 车 库 以 及 适 中 的 价 格 都令 这 里 成 为 深 受 客 人 欢 迎 的 地 方 。 •134 Connexions / mars 2010


French Chamber of Commerceand Industry in China2009-2010 DirectoryANNUAIRE CCIFC 2009-2010Chambre de Commerce <strong>et</strong> d’Industrie Française en ChineExposition universel<strong>le</strong> Shanghai - 2010Pavillon de la Chine中 国 法 国 工 商 会 年 鉴www.<strong>ccifc</strong>.orgAbout 1 200 French companies all over Mainland ChinaMore than 3 500 contactsBilingual French/English – ChineseContact : Patricia RUANruan.patricia@<strong>ccifc</strong>.org


中 国 旅 游 TOURISME CHINELe p<strong>et</strong>it étang du restaurant The Orchard dans la banlieue de Pékin.© DRHegezhuang aux portes de Pékin,un village vert <strong>et</strong> protégéWu Ertao <strong>et</strong> Lise Minder 阿 尔萨 斯 的 特Au milieu des chantiers de constructiondes lignes de trains rapides, de métro,de périphériques, de centres commerciaux<strong>et</strong> de nouveaux comp<strong>le</strong>xes résidentielssitués dans la riche banlieue proche del’aéroport à l’Est de la capita<strong>le</strong>, se trouveun p<strong>et</strong>it village traditionnel qui survitenvers <strong>et</strong> contre tout grâce aux effortséclairés des villageois, des officiels <strong>et</strong>d’un coup<strong>le</strong> sino-américain, Lisa Minder<strong>et</strong> Wu Ertao, propriétaires du fameuxrestaurant The Orchard.Un vaste chantier en constructionRésultat de l’urbanisation fulgurante desIls étaient des centaines, ils se comptentaujourd’hui sur <strong>le</strong>s doigts de la main. Ce sont cesvillages traditionnels de paysans situés au milieudes larges terres agrico<strong>le</strong>s qui entouraient Pékin,la capita<strong>le</strong>, il y a encore moins de dix ans.zones vertes de la capita<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s villagestraditionnels avec <strong>le</strong>urs cours carrées <strong>et</strong><strong>le</strong>urs toits de tui<strong>le</strong>s noires disparaissentprogressivement du paysage. Ils sont remplacéspar des vil<strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s de toursrésidentiel<strong>le</strong>s, comme <strong>le</strong> centre d’affairesde Wangjing, où vit la classe moyennebranchée, <strong>et</strong> surtout par des ensemb<strong>le</strong>s devillas de sty<strong>le</strong> varié, allant du sty<strong>le</strong> californienau traditionnel pékinois, comme <strong>le</strong>s« hutongs » du Cathay View. Aujourd’hui,<strong>le</strong> paysage est dantesque, car <strong>le</strong>s chantierssont partout. Des éco<strong>le</strong>s internationa<strong>le</strong>s,des centres d’expositions <strong>et</strong> de shoppingpoussent comme des champignons sur <strong>le</strong>sanciennes terres agrico<strong>le</strong>s.Entre <strong>le</strong>s débris des sites démolis des villagesde Chaoyang <strong>et</strong> de Shunyi, <strong>le</strong>s énormespylônes en ciment des br<strong>et</strong>el<strong>le</strong>s d’autorouteà huit voies <strong>et</strong> des trains rapides, <strong>le</strong>s massifspoteaux é<strong>le</strong>ctriques, <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> débridé <strong>et</strong>contrasté des nouvel<strong>le</strong>s constructions, <strong>le</strong>paysage n’a plus aucune harmonie.Seuls demeurent miracu<strong>le</strong>usement <strong>le</strong> charmantvillage de Hegezhuang, <strong>le</strong> verger despommes <strong>et</strong> poiriers <strong>et</strong> <strong>le</strong> lac du The Orchard,refuge des amoureux de la cuisinesaine <strong>et</strong> fraîche <strong>et</strong> des famil<strong>le</strong>s à la recherched’espaces verts <strong>et</strong> de chlorophyl<strong>le</strong>.Nouvel<strong>le</strong> destination verteLe village de Hegezhuang est situé dans<strong>le</strong> district de Chaoyang, à seu<strong>le</strong>mentquelques kilomètres de Pékin, à côté deShunyi. Le proj<strong>et</strong> de rénover <strong>le</strong> village estné en 2007 à l’initiative de Lisa Minder<strong>et</strong> de Wu Ertao. Plus de quatre années delobbying <strong>et</strong> de collaboration étroite avec<strong>le</strong>s villageois, <strong>le</strong>s autorités loca<strong>le</strong>s <strong>et</strong> cel<strong>le</strong>sdu district ainsi qu’une poignée d’investisseursont permis de créer un partenariatsans précédent, <strong>le</strong> Real Life Beijing, pour136 Connexions / mars 2010


Hegezhuang 何 各 庄© DR北 京 郊 区 The Orchard 餐 馆 里 的 小 池 塘protéger <strong>le</strong> village <strong>et</strong> rénover <strong>le</strong>s maisonsancestra<strong>le</strong>s. Cité comme proj<strong>et</strong>-modè<strong>le</strong> par<strong>le</strong> gouvernement municipal de Pékin <strong>et</strong> <strong>le</strong>secrétaire du Parti Liu Qi, Hegezhuangsera <strong>le</strong> dernier village restant dans la nouvel<strong>le</strong>zone urbaine <strong>et</strong> bénéficiera d’une stationde métro sur la nouvel<strong>le</strong> ligne 15 quisera opérationnel<strong>le</strong> à la fin de 2010.Un art de vie préservéLe proj<strong>et</strong> Real Life consiste à préserverl’architecture des maisons <strong>et</strong> <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> devie d’antan. Une équipe d’architectes arejoint Real Life pour participer à c<strong>et</strong>teentreprise courageuse. Des contrats ontété passés avec une centaine de villageoispropriétaires qui ont accepté de louer <strong>le</strong>urmaison pour un bail déterminé. Aprèsrénovation, ces maisons traditionnel<strong>le</strong>sseront louées avec des baux de trois à dixans, <strong>le</strong> propriétaire recevant un pourcentagesur la location. Une aubaine pour cespaysans dont <strong>le</strong>s maisons étaient détériorées<strong>et</strong> inconfortab<strong>le</strong>s, qui r<strong>et</strong>rouverontune propriété améliorée à la fin du bail <strong>et</strong>un revenu garanti de loyers pour <strong>le</strong>s annéesà venir. Certains décident d’al<strong>le</strong>r dansd’autres quartiers, d’autres veu<strong>le</strong>nt resterdans <strong>le</strong> village où des appartements à basprix, à l’ouest du village, <strong>le</strong>ur sont proposésà partir de 2010.Déjà de nombreuses cours carrées spacieuses<strong>et</strong> rénovées, d’environ 300m 2 ,sont occupées par des locataires, <strong>chinois</strong><strong>et</strong> étrangers, ravis de vivre dans l’un deces pavillons traditionnels de bois rouge<strong>et</strong> toits courbés <strong>et</strong> d’apprécier <strong>le</strong>s charmesde c<strong>et</strong> habitat exceptionnel. Le CentreCommunautaire Yin Yang, fondé par LisaMinder, pour offrir des activités de créativité<strong>et</strong> de bien-être pour la communautéenvironnante, occupe la première courcarrée à l’entrée du village.Un coup<strong>le</strong> d’entrepreneurs dynamiquesEn 2002, Lise Minder <strong>et</strong> Wu Ertaos’étaient lancés dans <strong>le</strong> proj<strong>et</strong> ambitieuxd’aménagement d’un ancien verger àl’abandon <strong>et</strong> de rénovation d’une maisonde paysan pour en faire un restaurant decuisine occidenta<strong>le</strong>. Rien ne décourageaitces intrépides qui avaient déjà ouvert auparavantun restaurant dans <strong>le</strong>s environs,mais s’étaient vus obligés de quitter <strong>le</strong>slieux pour cause de proj<strong>et</strong> immobilier. Ym<strong>et</strong>tant toutes <strong>le</strong>urs passions <strong>et</strong> énergies,ils transformèrent <strong>le</strong>ur nouvel<strong>le</strong> acquisitionen un lieu de charme exceptionnel<strong>et</strong> unique. Aujourd’hui, la propriété estentourée de murs de briques percés de fenêtresaux dessins traditionnels, <strong>le</strong>s maresaux poissons sont devenues lacs, <strong>le</strong> vergerproduit chaque année des fruits savoureux<strong>et</strong> la maison s’est métamorphosée en unrestaurant étoilé, apprécié pour sa cuisinenaturel<strong>le</strong> saine <strong>et</strong> raffinée, sa boutiqued’œuvres de designers <strong>et</strong> d’artistes entouréd’un jardin où se mê<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s parfums desroses <strong>et</strong> des herbes essentiel<strong>le</strong>s.Les efforts du coup<strong>le</strong> se sont vu récompenserpar plusieurs honneurs pour <strong>le</strong>urstravaux dans <strong>le</strong> développement vert <strong>et</strong> durab<strong>le</strong>de Chaoyang, <strong>le</strong> plus vaste district dela capita<strong>le</strong> <strong>chinois</strong>e.Beaucoup de vieux quartiers de cours carréesde Pékin n’ont pas eu la chance deHegezhuang ! •Vé ron iqu e d’A n t r a swww.realifebeijing.comwww.the-orchard.com.cnConnexions / mars 2010 137


协 会associationsNava jeune opérée du coeur.A p<strong>le</strong>ines mains… <strong>et</strong> <strong>le</strong> cœur au chaud© DRL’équipe de A p<strong>le</strong>ines mainsA P<strong>le</strong>ines mains 的 志 愿 者 们Nava, p<strong>et</strong>ite orpheline, avait besoin d’êtreopérée du cœur, ce qui coûtait 35 000Rmb. Recueillie dans une maison d’accueilprivée de Xi’an, el<strong>le</strong> n’avait aucunechance de voir réunis <strong>le</strong>s fonds. Et pourtant! Quand Va<strong>le</strong>ntine Sorr<strong>et</strong> a décidé deconsacrer l’intégralité des revenus généréspar la première édition de son livre Instantanésinstants de vie à Shanghai, la p<strong>et</strong>itefil<strong>le</strong> s’est vu accorder une deuxième chance.Aujourd’hui el<strong>le</strong> est en p<strong>le</strong>ine forme(voir photo).« M<strong>et</strong>tre en relation des proj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> desbonnes volontés », tel est <strong>le</strong> but que se sontfixé <strong>le</strong>s « bonnes âmes de Shanghai », un<strong>et</strong>rentaine de bénévo<strong>le</strong>s issus d’un groupecréé en 1999 par un coup<strong>le</strong> de français quivisait à aider des expatriés francophonesde bonne volonté ne parlant pas anglais.Après avoir repéré des orphelinats publics,des maisons de personnes âgées <strong>et</strong> handicapéesen manque de ressources financières,APM (A p<strong>le</strong>ines mains) a commencéà organiser des kermesses annuel<strong>le</strong>s, puisà récupérer des obj<strong>et</strong>s ou des vêtementsque <strong>le</strong>s expatriés laissaient en partant, à<strong>le</strong>s stocker, à <strong>le</strong>s trier pour <strong>le</strong>s redistribuer,voire <strong>le</strong>s vendre.« Dix ans après, <strong>le</strong>s résultats financierssont là, souligne Claire Rechatin. Noussommes passés de un à quatre lieux destockage. Les donateurs nous confientaussi bien de l’argent que des affaires neuves.Des entreprises de sourcing n’hésitentplus donner à <strong>le</strong>urs stocks qu’APM n’a pastoujours <strong>le</strong> droit de revendre, pour préserver<strong>le</strong>s marques. « Nous trions ces obj<strong>et</strong>stoutes <strong>le</strong>s semaines un peu comme <strong>le</strong> font<strong>le</strong>s chiffonniers d’Emmaus. C<strong>et</strong>te activitétrès chronophage, même si el<strong>le</strong> n’est pastoujours efficace économiquement, nousa permis d’aider un millier de personnesen 2009 <strong>et</strong> de contribuer à créer de la solidaritéau quotidien. Nous facilitons aussil’intégration de bénévo<strong>le</strong>s encore un peuperdus à Shanghai. Nous accueillons toutes<strong>le</strong>s bonnes volontés, cel<strong>le</strong>s qui prêtent<strong>le</strong>ur garage, cel<strong>le</strong>s qui tiennent un pointde vente, cel<strong>le</strong>s qui récoltent ou trient desdons <strong>et</strong>… cel<strong>le</strong>s qui m<strong>et</strong>tent à disposition<strong>le</strong>urs réseaux. »Autres sources de revenu : la vente d’exemplairesde guides sur Shanghai (PasseportShanghai, Promenades dans l’ancienneconcession française, Instantanés, instants devie à Shanghai ou Shanghai en filigranne)qui reversent toutes <strong>le</strong>urs rec<strong>et</strong>tes à APM.Aujourd’hui, ces revenus perm<strong>et</strong>tent àAPM d’aider plusieurs groupes dans <strong>et</strong>hors de Shanghai : une association dehandicapés Soho, des groupes qui visitentdes mendiants, « Home swe<strong>et</strong> home » parexemp<strong>le</strong>, des services sociaux, une maisond’accueil. Hors de Shanghai, APM aideun orphelinat très pauvre qui réunit 500enfants en finançant <strong>le</strong> salaire d’un médecin(1 000 Rmb par mois) <strong>et</strong> de plusieursayi (700 Rmb par mois). APM aide aussil’association B<strong>et</strong>hel, la maison d’accueilStarfish foster Home à Xi’an. El<strong>le</strong> financedes opérations d’enfants handicapés (becde lièvre, problèmes cardiaques) pour <strong>le</strong>saider à être candidats à l’adoption dans <strong>le</strong>sorphelinats publics. APM aide aussi desbénévo<strong>le</strong>s auprès de villages de lépreuxdans <strong>le</strong> sud de la Chine, qui fournissentdes soins infirmiers dans six villages <strong>et</strong> visitent800 personnes par semaine depuisquatre ans <strong>et</strong> demi. Ces lépreux organisenteux-mêmes des services de cantinespour malades mentaux sans logis. APMappuie enfin diverses associations, tel<strong>le</strong>sque Morning tears, Madaifu, Cou<strong>le</strong>ursde Chine…« Aujourd’hui notre objectif est de pérenniserl’association mais aussi de la développerdans d’autres vil<strong>le</strong>s tout en renforçantnos contacts avec des entreprises donatrices», explique Claire Rechatin. « Il y a dupain sur la planche mais aussi de quoi bienvivre son expatriation. » • A n ne G a r r igu eAPM organise une vente de vêtements enfantpar mois près de l’Eco<strong>le</strong> française, type« Puces », sur des parkings de Shanghai<strong>et</strong> des ventes sur Intern<strong>et</strong>. Contact : KatiaGailliegue anime <strong>le</strong> site <strong>et</strong> répond aux mailsur http://ap<strong>le</strong>inesmains.e-monsite.com/;ap<strong>le</strong>inesmains@yahoo.com© DR138 Connexions / mars 2010


AbonnementConnexionsL e m a g a z i n e d e l a C h a m b r e d e C o m m e r c e e t d ’ I n d u s t r i e F r a n ç a i s e e n C h i n e Un autre regard sur la Chine d’aujourd’hui另 一 种 角 度 看 当 代 中 国联结中国法国工商会双月刊dossierenfants,agroalimentaire,responsabilité socia<strong>le</strong>,environnement,culture <strong>chinois</strong>eA r<strong>et</strong>ourner à : Service Publications - CCIFC.6/F, Area B, Novotel Xinqiao Beijing, 2Dongjiaominxiang,Dongcheng District, 100005 Beijing, P.R.ChinaFax : (010) 65121496N o m . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prenom.............................................................................................Adresse.............................................................................................Code postal....................................Vil<strong>le</strong>.......................................Pays....................................................................................................Te<strong>le</strong>phone........................................................................................Email..................................................................................................Règ<strong>le</strong>ment : q Espècesbancaireq VirementLa CCIFC vous fera parvenir votre 1er numérode Connexions dès réception de votre paiement.Pour tout renseignement contactez : publications@<strong>ccifc</strong>.orgq CHINE : Oui, je m’abonne à Connexions pour5 numéros (1 an) à envoyer à l’adresse ci-contre.Prix : 300 RMB (frais de port inclus).• En Chine (règ<strong>le</strong>ment en RMB) :Chambre de Commerce <strong>et</strong> d’Industrie française enChineIndustry & Commerce Bank of ChinaChina World Tower Office Dept., China World Tower1, Jianguomenwai Dajie, Chaoyang District, Beijing100004N° 02000 41609014414080q FRANCE : Oui, je m’abonne à Connexions pour5 numéros (1an) à envoyer à l’adresse ci-contre.Prix : 70 € (frais de port inclus).• En France (règ<strong>le</strong>ment en Euros) :Chambre de Commerce <strong>et</strong> d’Industrie française enChineSociété Généra<strong>le</strong> - Agence Bourse134, Rue Réaumur - BP 90475073 Paris Cedex 02N° de compte 00050695494-57Code Banque : 30003 Code Agence : 03020


文 化 CULTUREYuan Yanwusouvenirs d’enfanceJeune artiste <strong>chinois</strong>e installée à Paris, Yuan Yanwu seréapproprie des photos d’el<strong>le</strong>-même prises par d’autres <strong>et</strong>réinvente son enfance.Une série de portraits grand format affichantune p<strong>et</strong>ite fil<strong>le</strong> figée, inexpressive, auregard intense <strong>et</strong> fixe, presque accusateur.C’est avec ce travail exposé en septembre2009 à la ga<strong>le</strong>rie Dixie à Paris que YuanYanwu a fait son entrée sur la scène de l’artcontemporain.Née en 1976 dans la région des MontagnesJaunes, Yuan Yanwu a été pendant cinqans journaliste à la section photo du Xinminwanbao,un quotidien de Shanghai,avant de partir en France en 2003, étudierla photo <strong>et</strong> travail<strong>le</strong>r.Lors d’un r<strong>et</strong>our à Shanghai pour fêter<strong>le</strong> nouvel an <strong>chinois</strong> avec sa famil<strong>le</strong>, ell<strong>et</strong>ombe sur des photos d’el<strong>le</strong>, p<strong>et</strong>ite fil<strong>le</strong>.« Pour moi c’était <strong>le</strong> portrait d’une morte<strong>et</strong> pourtant je m’y suis reconnue.» dit-el<strong>le</strong>aujourd’hui.A partir des archives famillia<strong>le</strong>s, des photosprises, pour la plupart, par son grand-père,Yuan Yanwu se lance alors dans un proj<strong>et</strong>d’autobiographie photographique.Les formats de départ sont minuscu<strong>le</strong>s,<strong>le</strong>s photos pliées, abîmées <strong>et</strong> jaunies. YuanYanwu récupère <strong>le</strong>s clichés <strong>et</strong> s’attè<strong>le</strong> àun long travail, à la fois restauration <strong>et</strong>recréation : « Je <strong>le</strong>s ai recadrées, r<strong>et</strong>ouchées,agrandies. J’ai patiemment reprischaque pixel un par un <strong>et</strong> fina<strong>le</strong>ment je <strong>le</strong>sai entièrement recrées. El<strong>le</strong> m’ont servi de“miroir”, m’ont aidée à me reconnaître <strong>et</strong>à m’identifier. »Ces photos de famil<strong>le</strong> ont été prises enChine, de la fin des années 1970 jusqu’aumilieu des années 80, Yuan Yanwu a dedeux à seize ans. El<strong>le</strong> raconte : « Ce sontmes grands-parents qui m’ont é<strong>le</strong>vée. Al’âge de huit ans j’ai quitté mon p<strong>et</strong>it villagede l’Anhui <strong>et</strong> mes parents pour al<strong>le</strong>rvivre à Shanghai chez mes grands-parents.Entre ces deux endroits, par train à l’époque<strong>le</strong> voyage durait au moins dix heures.Pour <strong>le</strong>s Français, c’est incompréhensib<strong>le</strong>,presque cruel, d’être séparés de ses parents.En Chine beaucoup d’enfants de ma générationdont <strong>le</strong>s parents avaient été envoyésà la campagne pour être rééduqués ont étéconfiés à <strong>le</strong>urs grands-parents afin qu’ilsreçoivent la meil<strong>le</strong>ure éducation possib<strong>le</strong>.Mon grand-père était un haut fonctionnaire,un communiste très rigoureux, nousavions une vie simp<strong>le</strong>, très stricte, mais matériel<strong>le</strong>mentcorrecte. Tout ce qui m<strong>et</strong>taiten va<strong>le</strong>ur la féminité était mal vu.»Des photos de famil<strong>le</strong> origina<strong>le</strong>s, ne resteque <strong>le</strong> visage de l’enfant, pas de décor, pasd’autres personnes. « J’ai coupé <strong>le</strong> reste dema famil<strong>le</strong> pour que <strong>le</strong> regard ne se focaliseque sur moi. Et puis c’est vrai que <strong>le</strong> restene me convient pas. J’ai toujours éprouvéde la gêne face à ma famil<strong>le</strong> depuis que jesuis enfant. C’est sans doute pour c<strong>et</strong>te rai-140 Connexions / mars 2010


Le photographe à la une 封 面 摄 影Deux portraits dela série « Youthself-portrait ».Ci-dessous :Yuan Yanwu.左 边 “ 童 年 自 画像 ” 作 品 系 列 ,下 图 : 摄 影 师 袁 燕 舞© YUAN Yanwuson que je m’exprime dans un pays étranger<strong>et</strong> dans une langue étrangère.»Avec ses portraits à mi-chemin entre photo<strong>et</strong> peinture, Yuan Yanwu ne par<strong>le</strong> pas directementde son pays. El<strong>le</strong> reconnaît queson histoire en est indissociab<strong>le</strong> <strong>et</strong> est àchercher dans <strong>le</strong> non-dit.Face à ces étranges images de p<strong>et</strong>ite fil<strong>le</strong>sage <strong>et</strong> sévère, c’est <strong>le</strong> vide qui est parlant :« Mes photos ne sont pas des autoportraitsmais renvoient à des problématiquesd’identification du suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> de représentationde soi. La société nous impose sondroit de regard, nous menace d’impersonnalité<strong>et</strong> nous rend étranger à nous-même.Comment dès lors se reconnaître ? Visage,yeux, nez <strong>et</strong> bouche constituent mon identitéprimordia<strong>le</strong> : une fil<strong>le</strong> asiatique. Desinformations complémentaires sont donnéespar la coiffure, <strong>le</strong>s vêtements, <strong>le</strong> sty<strong>le</strong>,<strong>le</strong> foulard rouge des pionniers. Tout ce quel’on sait est ce que l’on voit ; <strong>le</strong> reste est àimaginer. »Ces photos « mu<strong>et</strong>tes » sont paradoxa<strong>le</strong>ment« parlantes ».Le regard droit qui défie l’objectif, l’absenceabsolue de joie évoquent des séances deposes obligatoires auxquel<strong>le</strong>s l’enfant devaitse soum<strong>et</strong>tre, mais sans complaisance.La froideur du visage ressemb<strong>le</strong> à un actede résistance. Reflète-el<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> peude place <strong>et</strong> de considération accordées àl’enfant lui-même dans sa propre famil<strong>le</strong> ?dans la société <strong>chinois</strong>e des années 80 engénéral ? Est-el<strong>le</strong>, plus simp<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> signed’une enfance très stricte, ou celui encored’un caractère introverti ?Les aplats de cou<strong>le</strong>urs sans zones d’ombre,la suppression systématique <strong>et</strong> quasiacharnéedes décors <strong>et</strong> des personnagesrappel<strong>le</strong>nt aussi, immanquab<strong>le</strong>ment, desprocédés de censure. Une forme de revanchede l’adulte sur ses propres censeurs ?Un barrage contre <strong>le</strong> réveil d’une dou<strong>le</strong>urtrop enfouie ?Entre <strong>le</strong>s documents réels, <strong>le</strong>s vieil<strong>le</strong>s photos<strong>et</strong> <strong>le</strong>s portraits réparés, réinventés <strong>et</strong>fanstasmés, se crée un mouvement de balancement.Tout est modifé, rien n’est modifié<strong>et</strong> c’est autour de c<strong>et</strong> insaississab<strong>le</strong> queprennent forme <strong>le</strong>s proj<strong>et</strong>s de l’artiste.Yuan Yanwu a déjà en tête de nouveauxtravaux. El<strong>le</strong> souhaite poursuivre sa démarchesi singulière <strong>et</strong> si personnel<strong>le</strong>, notammentà partir d’une des rares photosd’el<strong>le</strong> enfant avec sa grand-mère.Yuan Yanwu revient régulièrement enChine où son travail n’est pas encore exposé.A bon entendeur… •Sophie L av e rgnewww.yuanyanwu.free.fr.comConnexions / mars 2010 141


文 化 CULTUREBlanche Neige par <strong>le</strong> chorégraphe Angelin Preljocaj (26 danseurs, des costumes signés JP Gaultier) sera repris à Shanghai, Pékin, Canton <strong>et</strong>法 国 编 舞 大 师 普 雷 罗 卡 创 作 的 现 代 舞 剧 《 白 雪 公 主 》( 高 缇 耶 设 计 26 名 演 员 的 服 装 ) 在 上 海 、 北 京 、 广 州 和 香 港 重 演 。Festival Croisements 2010 :entrez dans la danseInitié en 2006 dans la continuité de l’élan créatif des Années croisées France-Chine 2004-2005, <strong>le</strong> festival Croisements est devenu <strong>le</strong> rendez-vous incontournab<strong>le</strong> de la culturefrançaise en Chine.Depuis sa création en 2006, Croisementsenrichit sa programmation <strong>et</strong> étend sa présenceen Chine. Entre <strong>le</strong> 15 avril <strong>et</strong> <strong>le</strong> 21juin 2010, pas moins de 200 événementsculturels seront présentés dans vingt vil<strong>le</strong>sde Chine, couvrant des domaines aussivariés que la danse, <strong>le</strong> cinéma, <strong>le</strong> théâtre,la poésie, la musique, <strong>le</strong>s arts visuels ouencore <strong>le</strong>s spectac<strong>le</strong>s pour enfants...L’édition 2010, marquée à la fois par <strong>le</strong> cinquièmeanniversaire du festival <strong>et</strong> l’expositionuniversel<strong>le</strong> de Shanghai, offrira « uneprogrammation particulièrement riche »,annonce Sébastien Cavalier, attaché culturelde l’ambassade de France en Chine <strong>et</strong>directeur de Croisements. Signe de l’intérêtgrandissant des partenaires <strong>chinois</strong>,c<strong>et</strong>te année, la cérémonie d’ouverture duPanorama du cinéma français sera filméepar Hunan TV, qui suivra <strong>le</strong>s stars françaises<strong>et</strong> <strong>chinois</strong>es <strong>et</strong> diffusera des suj<strong>et</strong>ssur <strong>le</strong>s événements pendant toute la duréedu festival.L’objectif reste <strong>le</strong> même que <strong>le</strong>s années précédentes: proposer des proj<strong>et</strong>s de grandequalité, en m<strong>et</strong>tant l’accent sur la créationcontemporaine. Sans tourner <strong>le</strong> dos à larichesse patrimonia<strong>le</strong> française <strong>et</strong> à sonimage « romantique » auprès du public<strong>chinois</strong>, Croisements souhaite présenterune France moderne, créative, entreprenante<strong>et</strong> favoriser <strong>le</strong>s collaborations franco-<strong>chinois</strong>es.Symbo<strong>le</strong> de c<strong>et</strong>te volonté demontrer <strong>le</strong> dynamisme de la création française,la venue d’Izia, nouvel<strong>le</strong> coqueluchede la scène rock, qui jouera à Chengdu au142 Connexions / mars 2010


Croisements 交 流Hong Kong.Zebra media festival, à Pékin au Midi festival,<strong>et</strong> à Shanghai au Mao Live House.Au grand rendez-vous internationalque sera l’expositionUniversel<strong>le</strong> deShanghai, Croisementssera partenaire du pavillonFrance, du pavillon de larégion Rhône-Alpes <strong>et</strong> decelui de Lil<strong>le</strong> Europe. Parmi<strong>le</strong>s événements-phares,<strong>le</strong> concert de « M », quiviendra présenter, après sixans d’absence, son nouvelalbum Mister Mystère,pour <strong>le</strong>quel il a collaborénotamment avec BrigitteFontaine <strong>et</strong> son père Louis Chedid. Il seproduira à Pékin au Starlive <strong>et</strong> à Shanghai<strong>le</strong> 21 juin dans <strong>le</strong> cadre de la fête de lamusique. A l’occasion de c<strong>et</strong>te fête qui a© JC Carbonne« Parmi <strong>le</strong>sévénementsphares,<strong>le</strong>concert deM qui viendraprésenter,après six ansd’absence,son nouvelalbum…»vu <strong>le</strong> jour en France en 1982 <strong>et</strong> a depuisfait des ému<strong>le</strong>s à travers <strong>le</strong> monde, <strong>le</strong> mairede Shanghai a accepté que des groupes seproduisent dans différents endroits de lavil<strong>le</strong>. « Nous avions envie de perpétuerl’esprit de la fête française, cel<strong>le</strong> d’un événementpopulaire, où <strong>le</strong>s musiciens amateursjouent à côté des artistes confirmés »,dit Sébastien Cavalier. La grande musiquesera aussi à l’honneur avec l’orchestre philharmoniquede Radio France, qui joueraau grand théâtre de Shanghai où il est enrésidence dans <strong>le</strong> cadre de l’expositionuniversel<strong>le</strong>. Au Musée d’art de Shanghai,une exposition conjointe des musées de larégion Rhône-Alpes réunira une centained’œuvres des plus grands artistes du XX esièc<strong>le</strong>, sur <strong>le</strong> thème de l’image du corps.L’occasion de m<strong>et</strong>tre en va<strong>le</strong>ur une collaborationqui dure depuis vingt ans entre lavil<strong>le</strong> de Shanghai <strong>et</strong> <strong>le</strong>s musées de la régionRhône-Alpes.Le corps sera dans tous ses états grâce à ladanse, <strong>le</strong> thème central de l’édition 2010.La cinémathèque de la danse, qui va créeren 2010 une antenne au Centre culturelfrançais, ouvrira <strong>le</strong> vol<strong>et</strong> France danse dufestival. Au Centre culturel français <strong>et</strong> àl’Académie de danse de Pékin, des filmsissus de sa col<strong>le</strong>ction exceptionnel<strong>le</strong> richede 400 films <strong>et</strong> de plus de 2 000 vidéosseront présentés en présence du directeurde la cinémathèque, Patrick Bensard,<strong>et</strong> de chorégraphes invités. A l’issue desprojections de films, des ateliers serontorganisés. Ce sera l’opportunité pour <strong>le</strong>public de s’entr<strong>et</strong>enir avec<strong>le</strong>s chorégraphes <strong>et</strong> <strong>le</strong>s danseursfrançais.Croisements rendra aussihommage au travail de collaborationqui se construitdepuis dix ans entre <strong>le</strong>scinq grands ball<strong>et</strong>s classiquesde Chine (Pékin,Shanghai, Canton, Tianjin<strong>et</strong> Shenyang) <strong>et</strong> l’éco<strong>le</strong> dedanse classique française.Grâce à ce travail, chaqueannée un ball<strong>et</strong> partenaire<strong>chinois</strong> présente une chorégraphiefrançaise ou invite un chorégraphefrançais à monter un spectac<strong>le</strong>.En 2010, <strong>le</strong> danseur étoi<strong>le</strong> du Ball<strong>et</strong> del’Opéra de Paris, Manuel Legris, •••Coup d’oeil sur <strong>le</strong>programmeCinémaLa Cinémathèque de la danse : Pékin7, 8, 9 mai6 e Festival du film d’animation : Hangzhou23 avril-3 mai7 e Panorama du Cinéma français : Canton11 avril au 10 mai, Chengdu 6-13 mai,Wuhan 12-13 avril, Pékin 14-30 avrilShanghai International Film Festival :Shanghai 12-20 juinUbu Roi : Pékin 23 avrilColloqueCentenaire du chemin de fer Yunnan-Vi<strong>et</strong>nam: Kunming mi-MaiCultures UrbainesYamakazi : Pékin maiDanse classiqueChorégraphies françaises pour <strong>le</strong> Ball<strong>et</strong>National de Chine : Pékin 14-15 maiDon Quichotte : Shenyang 21, 22, 23 maiDanse contemporaineBlanche Neige : Shanghai 8, 9 maiLe Manuel du Merveil<strong>le</strong>ux : Pékin 15 mai,Shanghai 21 maiTransports exceptionnels : Pékin 28 avril,Chengdu, 8 mai, Wuhan, 1 er maiVoy : Pékin 23, 25, 26 <strong>et</strong> 27 juinDanse Hip-HopUrban Ball<strong>et</strong> : Shenzhen 12 mai, Kunming15 mai, Wuhan 18 mai, Pékin 21,22 maiExpositionAbysses : Shanghai 3 avril-7octobre100 lithographies des maîtres européens :Pékin 15 avril-16 maiCentenaire du chemin de fer Yunnan-Vi<strong>et</strong>nam: Kunming mi-MaiLa Chalcographie du Louvre : Chongqing18 mai-4 juill<strong>et</strong>, Chengdu 9 juill<strong>et</strong>-15aoûtContemplation de l’Orient : Pékin26-31 maiLe Corps image, Portrait du XX e sièc<strong>le</strong> :Shanghai 23 avril-6 juinErrance, de Martin Salazar : Pékin29 mai-20 juinExpo Hermès : Shanghai 15 mai-5 juinFéminité : Pékin juinHere There the world in motion : •••Connexions / mars 2010 143


文 化 CULTURE••• Shenyang16 avril-29 avril, Pékin 29mai-21 juin. Mix : Xiamen 28 mai au 12juin, Wuhan, 18 juin-04 juill<strong>et</strong> ,Shenyang23 avril-29 avrilLa Période <strong>chinois</strong>e 1927-1930, Elise Rieuf :Shanghai 22 mai-6 juinTraffic – Art Highway Besançon Shanghai :Shanghai mai à septembreLa Villa de Mademoisel<strong>le</strong> B : Wuhan 1-23juin, Canton 15-30 septembreVisions Croisées : Qingdao maiExposition photoCaochangdi Photospring : Pékin 17 avril-30 juinAnaïs Martane : Tianjin 14 avrilMarc Riboud, L’instinct de l’instant : Pékin23 avril-6 juinJonglagePan-pot ou modérément chantant : Tianjin29 mai, Shenzhen 4 juinLecturesA toi pour toujours, ta Mari-Lou, Théâtre desLanternes : Pékin 15-18 avrilLittératureLes romans de l’été : Shanghai 10-13 juinPrintemps des poètes : Chengdu 10-12avril, Pékin 24 avrilMusiques actuel<strong>le</strong>sBeat Torrent : Qingdao 19 mai, Pékin 21mai Jinan 20 juinGong Gong : Qingdao 12 juin, Pékin 18juin, Hangzhou 19 juin, Shanghai 20 juinInspecteur Cluzo : Pékin 1 er maiIZIA : Pékin 1 er maiM : Pékin 19 juin, Shanghai 21 juinMa Valise : Jinan 23 juin, Dalian 11 juin,Pékin 12 juin, Canton 18 juin, Macau 19juin, Qingdao 21 juinManuel du Merveil<strong>le</strong>ux : Kunming 12 maiZebra media festival : Chengdu 3 maiMusique classiqueCarnaval français en Chine : Chongqing 23 avrilConcert Spirituel, Hervé Niqu<strong>et</strong> : Shanghai21 juinMarc Trautmann avec l’Ensemb<strong>le</strong> de Musique<strong>et</strong> danse du Hubei : Wuhan 5 juinMarina CHICHE (violon) <strong>et</strong> Constance LEE(piano) : Xiamen 9 juin, Wuhan 12 juinOlivier Moulin : Nanshang 24 avrilL’Orchestre National de Chine dirigé parMichel Plasson : Pékin 12 mai <strong>et</strong> 11 juinL’Orchestre Philharmonique de Radio France :Shanghai 2 <strong>et</strong> 4 mai. Voici <strong>le</strong> nouveau jardin: Shanghai 8 mai, Shenzhen 15 maiMusique contemporaineTrois Femmes : Hangzhou 11 avril, Nanjing8 avril, Pékin 17 avril, Shanghai 13 avrilEast West Quart<strong>et</strong> : Pékin 1, 2 juin, Shenzhen4 juin, Canton 5 juinMusique JazzJazz French Stories : Shanghai 20 juin,Dalian, 2 juill<strong>et</strong>, Xi’an 28 juin, Nanjing16 juin, Chengdu 26 juin, Chongqing25 juin, Wuhan 24 juin, Qingdao 30 juin,Pékin 3 juill<strong>et</strong>Jean Philippe Vir<strong>et</strong> Trio invite Wu Na : Shenzhen18 mai, Canton 17 mai, Kunming16 mai, Wuhan 20 mai, Pékin 21 mai,Shanghai 23 maiOpéraLe si<strong>le</strong>nce de la mer : Pékin 28 maiCendrillon, David Li <strong>et</strong> Wu Zhong : Shanghai1 er <strong>et</strong> 3 maiOpéra Pékin / DanseLa fab<strong>le</strong> du rouge <strong>et</strong> du Blanc : Pékin 18, 19,20, 22, 23 maiRécital PianoJean-Efflam Bavouz<strong>et</strong> : Pékin 16 maiBruno Fontaine : Xiamen 8 juinFestival Piano aux Jacobins, David Kadouch :Pékin 4 juin, Changchun 6 juin, Shanghai11-12- 13 juinTigran Hamasyan : Xiamen 7 juinRoger Muraro : Shenzhen 30 avrilThéâtreAr<strong>le</strong>quin navigue en Chine : Wuhan15 mai,Dalian 25 mai, Chongqing 17 mai, Shanghai19 mai, Shenyang 21 mai, Changchun22 mai, Pékin 28, 29 maiL’augmentation de Georges Perec : Shanghai15 - 20 juinLa Doub<strong>le</strong> Inconstance de Marivaux : Shanghai2 juin au 6 juin11 septembre, Michel Vinaver : Pékin 22 avrilLabyrinthe : Pékin 14-23 maiLa Peste de Camus : Shanghai 20 au 23 maiThéatre de rueCompagnie ilimitrof : Canton maiVidéo / musique Jeune public3 contes, Percussions de Lyon : Shanghai 28mai, Pékin 30 maiCertaines dates restent à confirmer. Pourtout savoir : www. Faguowenhua.com • •••sera l’invité du Ball<strong>et</strong> Central deChine à Pékin, où il interprétera l’Arlésiennede Roland P<strong>et</strong>it <strong>et</strong> animera des masterclass à l’intention des danseurs <strong>chinois</strong>.Le ball<strong>et</strong> du Liaoning à Shengyang, dirigédepuis août 2009 par <strong>le</strong> français JamesAmar, présentera <strong>le</strong> ball<strong>et</strong> Don Quichottechorégraphié par Jean-Paul Gravier.Dans <strong>le</strong> domaine de la danse contemporaine,l’objectif est de contribuer audéveloppement <strong>et</strong> à la diffusion de c<strong>et</strong>tediscipline en Chine, où el<strong>le</strong> est encoreémergente. Parmi <strong>le</strong>s événements-pharesde la programmation, <strong>le</strong> ball<strong>et</strong> romantique<strong>et</strong> contemporain Blanche Neige, pour<strong>le</strong>quel <strong>le</strong> chorégraphe Angelin Preljocaj<strong>et</strong> <strong>le</strong> costumier Jean-Paul Gaultier bouscu<strong>le</strong>ront<strong>le</strong> mythe des frères Grimm, sur<strong>le</strong>s plus beaux airs de Gustav Malher. Leball<strong>et</strong> sera joué à Shanghai, Hong Kong,Pékin <strong>et</strong> Canton.La danse hip-hop ne sera pas oubliée grâceau spectac<strong>le</strong> Urban Ball<strong>et</strong> de la compagnieRêvolution, présenté à Pékin, Kunming,Wuhan <strong>et</strong> Shenzhen. Clin d’oeil à uneChine en p<strong>le</strong>ine mutation, Transport exceptionnelde la Compagnie Beau Gestede Dominique Boivin est une rencontreinattendue, un duo entre fer <strong>et</strong> chair, unechorégraphie pour une pell<strong>et</strong>euse mécanique<strong>et</strong> un danseur qui nous invite à voirun engin de chantier autrement. Commeun bras humain qui prend, repousse oucajo<strong>le</strong>, la machine crée une tension avec<strong>le</strong> corps du danseur. Ce chant lyrique <strong>et</strong>onirique sera joué à Pékin, Wuhan, Chengdu,<strong>et</strong> Shanghai.Sur <strong>le</strong> plan des collaborations franco<strong>chinois</strong>es,Sébastien Cavalier m<strong>et</strong> en avantdeux créations, Le Manuel du merveil<strong>le</strong>uxde la compagnie Système Castafiore <strong>et</strong>Labyrinthe de Marion Coutris, qui partagentla particularité de présenter à la foisdes propositions artistiques qui sortent del’ordinaire <strong>et</strong> qui sont <strong>le</strong> fruit d’un travai<strong>le</strong>n commun entre des artistes français <strong>et</strong><strong>chinois</strong>. La narration du Manuel du merveil<strong>le</strong>ux,spectac<strong>le</strong> entre danse <strong>et</strong> théâtre,sera assurée par un comédien du théâtrenational de Chine, Wu Xiaodong, qui atravaillé son rô<strong>le</strong> en France avec <strong>le</strong> m<strong>et</strong>teuren scène <strong>et</strong> <strong>le</strong> comédien français dont ilreprendra <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> en <strong>chinois</strong>. Le Manueldu merveil<strong>le</strong>ux sera présenté à Kunming,Pékin <strong>et</strong> Shanghai. Dans Labyrinthe, ou144 Connexions / mars 2010


Croisements 交 流des comédiens <strong>chinois</strong> ont repris <strong>le</strong>s rô<strong>le</strong>sinitia<strong>le</strong>ment tenus par des comédiensfrançais, <strong>le</strong>s spectateurs seront invités àévoluer <strong>et</strong> à se perdre dans <strong>le</strong>s pièces d’unlabyrinthe.Parmi <strong>le</strong>s événements marquants, SébastienCavalier évoque aussi <strong>le</strong> « CaochangdiPhotoSpring », pendant <strong>le</strong>quel une quinzainede ga<strong>le</strong>ries de Caochangdi <strong>et</strong> ses environsaccueil<strong>le</strong>ront à Pékin <strong>le</strong>s Rencontresd’Ar<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> plus grand festival internationalde photographie. Du 17 avril au 21 avril,parallè<strong>le</strong>ment aux expositions, Caochangdisera animé de conférences, de rencontresavec <strong>le</strong>s photographes, de promenadesnocturnes lors des soirées de projection <strong>et</strong>perm<strong>et</strong>tra aux jeunes photographes vivanten Chine de se confronter à des expertsavec <strong>le</strong>s portfolios reviews.Dans <strong>le</strong> domaine des cultures urbaines,Les Yamakasi, acrobates des temps modernesdevenus très populaires parmi <strong>le</strong>sjeunes <strong>chinois</strong> sous <strong>le</strong> nom de « Pao Ku »donneront libre cours à Pékin <strong>et</strong> Shanghaià <strong>le</strong>ur art du déplacement. Parmi <strong>le</strong>s fidè<strong>le</strong>sde Croisements, <strong>le</strong> festival « Piano auxJacobins » qui fête ses cinq ans de collaborationavec la Chine accueil<strong>le</strong>ra BrunoFontaine, David Kadouch <strong>et</strong> Tigran Hamasyanà Pékin, Shanghai <strong>et</strong> Gulangyu.Enfin, en ce qui concerne <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s dans<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s la France n’a pas de consulat,des événements « coup de poing » ont étémis en place, comme à Kunming où quatreévénements seront présentés pendantune semaine.L’avenir de Croisements en Chine ? SébastienCavalier <strong>le</strong> voit plutôt en rose. Au-delàd’une conception de la culture comme élémentobligé du « <strong>soft</strong> <strong>power</strong> », <strong>le</strong>s municipalités<strong>chinois</strong>es l’envisagent aussi de plusen plus comme un facteur qui contribueau dynamisme <strong>et</strong> à l’attractivité de <strong>le</strong>urvil<strong>le</strong>. A travers la Chine, <strong>le</strong>s festivals culturelsse développent <strong>et</strong> <strong>le</strong>s pouvoirs locauxobservent avec beaucoup d’intérêt <strong>le</strong> savoir-fairefrançais dans ce domaine. Pour<strong>le</strong>s industries culturel<strong>le</strong>s françaises quisouhaitent se développer en Chine, unecollaboration avec Croisements peut ainsireprésenter une bonne carte de visite pourla mise en place de proj<strong>et</strong>s futurs. •Pau l i ne Ba nde l i e rQuand <strong>le</strong> théâtre fédère au-delà des différences… L’aventure d’un chantier théâtralfranco-<strong>chinois</strong> avec des non-voyantsDes Chinois <strong>et</strong> des Français, voyants, mal-voyants <strong>et</strong> non-voyantsmontent ensemb<strong>le</strong> La Princesse Ma<strong>le</strong>ine de Materlinck.En 2009, Hongdandan, une association<strong>chinois</strong>e de malvoyants qui se consacre audéveloppement culturel, s’est associée aum<strong>et</strong>teur en scène Lin Zhaohua pour créerLes aveug<strong>le</strong>s de Ma<strong>et</strong>erlinck. En 2010, du26 juill<strong>et</strong> au 15 août, à Pékin, Hongdandan,avec <strong>le</strong> m<strong>et</strong>teur en scène J-C Blondel(de la Compagnie Divine Comédie quia joué en Chine dans <strong>le</strong> cadre du festivalCroisements 2009 Le Partage de midi deClaudel) créent La Princesse Ma<strong>le</strong>ine deMa<strong>et</strong>erlinck.La pièce sera aussi jouée à Pékin au ThéâtreNational à partir du 15 octobre <strong>et</strong> partiraen tournée dans toute la Chine pour unevingtaine de représentations.Les thématiques de c<strong>et</strong> atelier théâtral rejoignentdes va<strong>le</strong>urs d’entreprise : créativité,lien social, place du handicap, interculturalité, audace artistique…EDF soutient déjà l’aventure de c<strong>et</strong>Atelier. Vous pouvez y participer, promouvoirce spectac<strong>le</strong> par un don financier(déductib<strong>le</strong> des impôts) <strong>et</strong> ennature, venir aux répétitions en août,communiquer… •Contacts :A Pékin : helsteinitz@yahoo.fr <strong>et</strong> mingnan.wang@gmail.comA Paris : florence.boutemy@gmail.com.w w w.hongda nda n.org当 戏 剧 超 越 差 异 而 结 盟Le Partage de midi de Paul Claudel au CCF de Pékin en 2009, mis en scène par Jean-Chrsitophe Blondel. 2009 年 , 保 罗 . 克 洛 岱 尔 (Paul Claudel) 的 作 品 《 正 午 的 分 割 》 在 北 京 法 国 文 化 中 心 上 演 ,由 让 - 克 里 斯 托 弗 · 布 隆 岱 尔 (Jean-Christophe Blondel) 搬 上 舞 台 。© DR© DRConnexions / mars 2010 145


Lire读 书Par Laurent BallouheyLes éditions B<strong>le</strong>u de Chine, créées en 1994 par GenevièveImbot-Bich<strong>et</strong> pour publier des traductions de littérature<strong>chinois</strong>e contemporaine, viennent d’être reprises parGallimard dont el<strong>le</strong>s deviennent une col<strong>le</strong>ction. Cinq àsix titres sont prévus chaque année par Généviève Imbot-Bich<strong>et</strong> qui reste aux commandes. Voici <strong>le</strong>s deux premierspour l’année 2010.Lèvres de pêche, Par Cui Zi’en, Traduitdu <strong>chinois</strong> par Sylvie Gentil, EditionsGallimard/ B<strong>le</strong>u de Chine,19,95 eurosIl s’agit du premier roman traitant dusuj<strong>et</strong> de l’homosexualité en Chine populaireoù la question est encore assez tabou — ce quiest loin d’être <strong>le</strong> cas à Taiwan — malgré une ouverturecertaine, comme en témoignent <strong>le</strong>s difficultés rencontréespar la diffusion de ce livre juste après sa publication.Le roman raconte <strong>le</strong> mal de vivre, <strong>le</strong>s épreuves <strong>et</strong> <strong>le</strong>spressions familia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> socia<strong>le</strong>s — <strong>le</strong> mariage mixte parexemp<strong>le</strong> imposé par <strong>le</strong>s parents — auxquel<strong>le</strong>s sont soumis<strong>le</strong>s homosexuels <strong>chinois</strong>. Le personnage principal ici, unmédecin emprisonné pour avoir châtré son fils violonistehomosexuel, n’a pas su y résister <strong>et</strong> sombre dans la hontede la perte de la figure paternel<strong>le</strong>.Un vol, Par Yu Jian, Traduitdu <strong>chinois</strong> par Li Jinjia<strong>et</strong> Sebastien Veg, EditionsGallimard/ B<strong>le</strong>u de Chine,10,36 eurosCe second texte adopte laforme d’un long poèmenarratif pour évoquer un voyage à la fois réel <strong>et</strong> symbolique.Yu Jian dans son avion traverse l’espace <strong>et</strong> <strong>le</strong> temps,par<strong>le</strong> avec l’Himalaya <strong>et</strong> <strong>le</strong> poète anglais T.S. Eliot, touten se remémorant la Révolution <strong>et</strong> <strong>le</strong> maoïsme. Survolantavec dédain <strong>le</strong>s touristes <strong>chinois</strong> nouveaux riches arpentant<strong>le</strong>s canaux d’Amsterdam, il entend rester dans <strong>le</strong>shauteurs où se croisent <strong>et</strong> dialoguent « <strong>le</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>le</strong>sdieux qui vivent en voisins ».Au cœur de la Cité interdite, Par Reginald F. Johnston,Traduit de l’anglais par Christian Thimonier, Préfaced’Alan Peyrefitte, Edition Mercure de France, coll. Le tempsr<strong>et</strong>rouvé, 392 pages, 7 eurosReginald Johnston devient à partir de mars 1919 <strong>le</strong> pré-cepteur ou <strong>le</strong> tuteur de Pu Yi, en fait <strong>le</strong> dernier empereurde la dynastie des Qing. Au <strong>le</strong>ndemain de la Révolutionde 1911, celui qui était encore considéré comme <strong>le</strong> Filsdu Ciel continuait de vivre dans la Cité interdite, privéde tout pouvoir mais entouré d’une Cour <strong>et</strong> de serviteurs,<strong>et</strong> bénéficiait de toutes <strong>le</strong>s préséances liées à son rang.Johnston qui vivait auprès de l’empereur jouissait lui ausside privilèges <strong>et</strong> d’un traitement de faveur, dû à sa qualitéexceptionnel<strong>le</strong> <strong>et</strong> rare pour un étranger de « dishi », précepteurimpérial. Lorsqu’il entrait dans une sal<strong>le</strong> où s<strong>et</strong>rouvait <strong>le</strong> jeune empereur, c’est ce dernier qui devait se<strong>le</strong>ver <strong>et</strong> attendre qu’il se soit assis, au contraire du « kotow», <strong>le</strong> prosternement que chacun devait à l’empereur<strong>et</strong> dont <strong>le</strong> « dishi » était l’un des seuls dispensés. Ayantcommencé comme simp<strong>le</strong> professeur d’anglais, ReginaldJohnston nous raconte <strong>le</strong>s journées d’enseignement avecPu Yi, décrit ses traits de caractère, son intelligence <strong>et</strong> sacuriosité pour la nouvel<strong>le</strong> vie politique de la République.Il nous présente <strong>le</strong>s scènes de la vie officiel<strong>le</strong> comme de lavie privée auxquel<strong>le</strong>s il a assisté à titre de témoin ou parfoisde participant. Il nous perm<strong>et</strong> de suivre de l’intérieurde la Cité interdite, <strong>le</strong>s conflits de pouvoir, <strong>le</strong>s rivalitésentre factions <strong>et</strong> entre personnalités politiques. Cel<strong>le</strong>s-cinous donnent à comprendre au plus près <strong>le</strong>s causes dela décadence qui accompagne <strong>et</strong> précipite la chute de ladynastie mandchoue. El<strong>le</strong>s expliquent en même tempscomment toutes <strong>le</strong>s velléités de transformation constitutionnel<strong>le</strong>de la monarchie qui agitaient la vie politiquede la Cour à l’époque étaient vouées à l’échec.Histoire de la société <strong>chinois</strong>e1949-2009, Par Tania Angeloff,Ed. La Découverte, Coll. Repères,126 pages, 9,5 eurosLa société <strong>chinois</strong>e fascine <strong>et</strong> faitpeur, aujourd’hui comme hier, <strong>le</strong>China bashing s’étant substituéau « péril jaune ». Depuis 1949, el<strong>le</strong> a traversé des phasesdiverses <strong>et</strong> souvent contradictoires, puisqu’el<strong>le</strong> a connul’arrivée des communistes au pouvoir, a construit uneéconomie socialiste d’Etat, a épousé <strong>le</strong> maoïsme <strong>et</strong> <strong>le</strong>sconvulsions de la Révolution culturel<strong>le</strong>, avant d’entreravec Deng Xiaoping dans une ère de réformes <strong>et</strong> d’ouvertureà la fois de l’économie <strong>et</strong> de la société.A l’heure d’un libéralisme ouvertement capitaliste rechignantau maximum aux régulations intérieures <strong>et</strong>internationa<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong> vit une mutation socio-économique146 Connexions / mars 2010


作 品 赏 析 Vu de l’espritPar Sophie Lavergneaccélérée, tandis qu’officiel<strong>le</strong>ment el<strong>le</strong> entend conserverun régime politique presque intact <strong>et</strong> veut rester « unedictature démocratique du peup<strong>le</strong> ».Comment la Chine est-el<strong>le</strong> parvenue malgré tout à accéderà la modernité en une période record ? Commentun régime autoritaire peut-il organiser l’ouverture économique<strong>et</strong> socia<strong>le</strong> ? Entre ruptures <strong>et</strong> continuité, la société<strong>chinois</strong>e est ici abordée sous de multip<strong>le</strong>s ang<strong>le</strong>squi rendent compte de sa diversité <strong>et</strong> ses contradictions :l’éducation, <strong>le</strong> travail, la santé, <strong>le</strong>s <strong>et</strong>hnies, <strong>le</strong>s courantsmigratoires, <strong>le</strong>s relations hommes-femmes, la jeunesse, <strong>le</strong>sinégalités socia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> <strong>le</strong>s nouveaux riches, enfin <strong>le</strong>s mouvementsde contestation.Le découpage chronologique adéquat perm<strong>et</strong> de biense repérer dans <strong>le</strong>s soixante années mouvementées qu’aconnues c<strong>et</strong>te société comp<strong>le</strong>xe. De nombreux encadrésproposent des éclairages pertinents <strong>et</strong> fournissent desdonnées mises à jour sur des aspects peu connus de lasociété <strong>chinois</strong>e. L’ensemb<strong>le</strong> perm<strong>et</strong> une meil<strong>le</strong>ure compréhensionde la direction qu’entend suivre ce pays enp<strong>le</strong>ine mutation, sans ignorer <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s qui peuventfreiner ou entraver son élan.Les ruses de la démocratie :protester en Chine, Par Isabel<strong>le</strong>Thireau <strong>et</strong> Hua LinshanEd. du Seuil, coll. L’histoire immédiate,450 pages, 22 eurosUn organisme spécial a été crééen 1951 au tout début de la Républiquepopulaire à l’initiative de Mao lui-même : ils’agissait de l’ « Administration des l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> visites ». Samission devait être, anticipant sur <strong>le</strong>s abus de pouvoirdont pouvait se rendre coupab<strong>le</strong> la bureaucratie communistenaissante, de répondre aux plaintes, protestations,doléances des citoyens, notamment lorsqu’el<strong>le</strong>s m<strong>et</strong>taienten cause <strong>le</strong>s fonctionnaires <strong>et</strong> <strong>le</strong>s cadres du Parti communiste<strong>et</strong> de l’administration. Malgré <strong>le</strong>s vicissitudes<strong>et</strong> <strong>le</strong>s manipulations dont il fut victime, c<strong>et</strong> organisme asubsisté au fil des années pour devenir une « grosse machine», selon <strong>le</strong>s auteurs, en tissant des liens <strong>et</strong> servantde « boite aux l<strong>et</strong>tres » dans tout <strong>le</strong> pays.Les plaintes <strong>et</strong> doléances pouvaient s’exprimer par écrit(<strong>le</strong>s l<strong>et</strong>tres) ou par oral (<strong>le</strong>s visites) souvent itinérantes quipoussaient <strong>le</strong>s plaignants du village au district, de la capita<strong>le</strong>provincia<strong>le</strong> à Pékin au fil des échecs successifs pourComment ne pas faire perdre la face à un Chinois.P<strong>et</strong>it guide à l’usage de ceux qui travail<strong>le</strong>nt avec la ChineAnne-Laure Monfr<strong>et</strong>Dunod, 162 p, 14,9 eurosTout ce que vous avez toujours voulusavoir sur la “face”…Ceux qui travail<strong>le</strong>nt de près ou de loinavec <strong>le</strong>s Chinois savent que <strong>le</strong> terme de“face” a un sens particulier <strong>et</strong> que “garderla face” est crucial dans l’Empire dumilieu. Mais que signifie en profondeurc<strong>et</strong>te notion, comment ne pas “faire perdre la face” à sesinterlocuteurs ou comment <strong>le</strong>ur en donner ?Anne-Laure Monfr<strong>et</strong> qui a vécu huit ans à Shanghai aprèsavoir travaillé comme conseil en Ressources Humaines,propose une synthèse claire <strong>et</strong> pratique sur ce quiconstitue une embûche interculturel<strong>le</strong>, source de fréquentsma<strong>le</strong>ntendus.Si pour un Occidental, la face est une notion d’abordindividuel<strong>le</strong>, synonyme d’orgeuil <strong>et</strong> surtout comprisecomme une b<strong>le</strong>ssure d’amour propre, en Chine, “la face estd’abord une notion socia<strong>le</strong>, explique Anne-Laure Monfr<strong>et</strong>.Dans une société confucéenne, l’individu existe en tant quemembre d’un groupe, sa famil<strong>le</strong>, son entreprise, sa région,son pays… Si vous faites perdre la face à un Chinois, c’esttout son groupe qui perd la face avec lui.”Indissociab<strong>le</strong> de la position socia<strong>le</strong> <strong>et</strong> de l’image del’individu, la notion de “face” rejoint cel<strong>le</strong> de hiérarchie<strong>et</strong> de relations dans <strong>le</strong> contexte professionnel. Celui quiperd la face, perd sa position par rapport aux autres, cequi, dans une société très hiérarchisées où la réussite estarchi-valorisée, constitue un dénigrement suprême. Au senspropre la face (mianzi ou lian) c’est <strong>le</strong> visage, perdre la faceéquivaut donc à ne plus exister.On comprend dès lors que “garder la face” soit unenécéssité impérieuse qui légitime au besoin <strong>le</strong> sacrifice de“l’efficacité” ou de la “vérité” si chères aux Occidentaux.Ce qui est un “mensonge” aux yeux des uns, n’est souventqu’un moyen de sauver sa face pour l’autre.A travers des témoignages <strong>et</strong> des anecdotes issus du mondedu travail <strong>et</strong> de la vie quotidienne, Anne-Laure Monfr<strong>et</strong>décrypte des réactions qui peuvent semb<strong>le</strong>r inadéquates<strong>et</strong> donne une mine de conseils pratiques, <strong>le</strong> tout sansprétention <strong>et</strong> avec une bonne dose d’humour. Chaquechapitre se termine par un test qui perm<strong>et</strong> au <strong>le</strong>cteur à lafois de s’évaluer <strong>et</strong> de refaire <strong>le</strong> point. •finir expulsés vers <strong>le</strong> pays natal sans résultat positif. •••Connexions / mars 2010 147


读 书LirePar Laurent Ballouhey••• On peut lire au travers de c<strong>et</strong>te enquête sur la protestationpopulaire <strong>et</strong> citoyenne une histoire « en creux »de la Chine contemporaine <strong>et</strong> c’est bien <strong>le</strong> fruit du travail,inédit jusqu’ici dans <strong>le</strong> monde sinologique, de nos deuxauteurs qui ont examiné des centaines de l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> sesont confrontés sur <strong>le</strong> terrain à la pratique de ces visites.Ils y puisent une histoire origina<strong>le</strong> de la protestation enmême temps qu’un tab<strong>le</strong>au de la réalité politique <strong>et</strong> socia<strong>le</strong>de la Chine d’aujourd’hui. Ils estiment, avec un certainoptimisme teinté de réalisme, qu’un espace de paro<strong>le</strong> <strong>et</strong>de liberté d’expression a ainsi été ouvert au peup<strong>le</strong> parc<strong>et</strong>te « Administration des l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> visites » née au cœurmême du système. Mais on peut aussi s’interroger surl’efficacité réel<strong>le</strong> de c<strong>et</strong> organisme puisque <strong>le</strong>s pétitionsne cessent de s’accumu<strong>le</strong>r, pour atteindre aujourd’hui <strong>le</strong>milliard soit presque autant que la population, <strong>et</strong> qu’ilsemb<strong>le</strong> ne pas avoir permis de faire changer <strong>le</strong>s choses nimême <strong>le</strong>s mentalités, ce dont se plaignent <strong>le</strong>s plaignantsdans la presse faute d’avoir été entendus ail<strong>le</strong>urs.Chine ou Japon : quel <strong>le</strong>ader pour l’Asie ?,Par Claude Mayer , Presses de Sciences Po, 232pages, 12 eurosLes eff<strong>et</strong>s de la crise financière accélèrent <strong>le</strong>déplacement du centre de l’économie mondia<strong>le</strong>vers l’Asie.Pékin <strong>et</strong> Tokyo se disputent l’autorité <strong>et</strong>l’influence sur la région, avant de pouvoir par<strong>le</strong>r de <strong>le</strong>adership,dans une compétition qui semb<strong>le</strong> a priori inéga<strong>le</strong><strong>et</strong> risque de renverser à terme <strong>le</strong>s plateaux de la balance<strong>et</strong> d’inverser <strong>le</strong>s équilibres hérités de la fin de la SecondeGuerre mondia<strong>le</strong>, grâce à la présence américaine. Assistera-t-ondonc à la montée d’une Chine dynamique <strong>et</strong>conquérante ? Le déclin annoncé comme inéluctab<strong>le</strong> d’unJapon sera-t-il confirmé ou infirmé ?Face à c<strong>et</strong>te vision d’un destin qui semb<strong>le</strong> tout tracé,l’auteur, fin connaisseur du Japon, analyse la légitimitédes deux termes de la comparaison <strong>et</strong> <strong>le</strong>s chances des deuxpuissances à revendiquer la suprématie économique <strong>et</strong>stratégique dans <strong>le</strong>s années à venir. Il situe c<strong>et</strong>te évolutiondans <strong>le</strong> cadre plus large d’une Asie en voie d’intégrationoù d’autres intervenants auront droit à la paro<strong>le</strong>. Il propose<strong>le</strong>s scénarios <strong>le</strong>s plus probab<strong>le</strong>s.Même si <strong>le</strong>s Etats-Unis, puissance du Pacifique, continuerontde jouer un rô<strong>le</strong> de premier plan dans c<strong>et</strong>te évolution,il ne faut pas oublier que <strong>le</strong> destin de l’Europe se joueaussi dans c<strong>et</strong>te compétition entre Pékin <strong>et</strong> Tokyo, tandisque s’ébauchent <strong>le</strong>s contours d’une future communautéasiatique où el<strong>le</strong> devra sans tarder trouver sa place, souspeine d’en devenir absente. •图 书 精 选 Coup de coeurVies de Chinois illustres ou Mémoires Historiques.par Sima Qian, Traduction, introduction <strong>et</strong> notes deJacques Pimpaneau, Editions You Feng ,550 pages, 30 eurosLes Mémoires historiques (Shiji) de SimaQian sont considérés comme <strong>le</strong> pluscélèbre livre d’histoire <strong>chinois</strong> <strong>et</strong> undes chefs-d’œuvres littéraires. Il a eu unrô<strong>le</strong> prépondérant dans l’histoire de lalittérature. De nombreux passages figurentdans <strong>le</strong>s manuels de classe <strong>et</strong> sont connusde tous <strong>le</strong>s Chinois. Ils ont inspiré un grandnombre de romans <strong>et</strong> de pièces de théâtrequi sont la transposition d’épisodes repris de ces Mémoireshistoriques. C’est dire à quel point ils contribuent encoreaujourd’hui à la construction de la mémoire col<strong>le</strong>ctive desChinois depuis des sièc<strong>le</strong>s.Certes Sima Qian n’est pas <strong>le</strong> premier historien <strong>chinois</strong>, commeon l’entend dire parfois. Dès l’antiquité, <strong>le</strong>s différents royaumesindépendants faisaient noter <strong>le</strong>s entr<strong>et</strong>iens, <strong>le</strong>s discours <strong>et</strong> <strong>le</strong>sévénements importants, <strong>et</strong> des annalistes constituaient <strong>le</strong>spremières archives. Mais en 213 avant notre ère, sous l’empereurQin Shi Huangdi, <strong>le</strong> ministre Li Shi ordonna de détruir<strong>et</strong>ous <strong>le</strong>s écrits, <strong>et</strong> Sima Qian, privé de tous ces documents, futcontraint de recommencer à zéro son œuvre de réécriture del’Histoire.Mais <strong>le</strong> grand mérite de Sima Qian se trouve dans la conceptiongénéra<strong>le</strong> de l’ouvrage <strong>et</strong> donc de l’histoire qu’il donne àconnaître. Il est bien <strong>le</strong> premier à avoir tenté une histoir<strong>et</strong>ota<strong>le</strong> en adoptant plusieurs ang<strong>le</strong>s de vue successifs : celuide l’histoire chronologique des rois, celui du rô<strong>le</strong> joué par <strong>le</strong>sseigneurs <strong>et</strong> personnages importants, celui des données socia<strong>le</strong>s,géographiques <strong>et</strong> culturel<strong>le</strong>s qui transcendent <strong>le</strong> cours temporel,<strong>et</strong> dans <strong>le</strong>s biographies, celui d’un panorama des différentstypes sociaux. Confucianiste <strong>et</strong> contemporain du début del’époque des l<strong>et</strong>trés, il a en même temps nourri une idée de lasociété beaucoup plus large que cel<strong>le</strong> qui avait prévalu jusquelà,<strong>et</strong> il nous donne à travers des exemp<strong>le</strong>s <strong>et</strong> des personnagesremarquab<strong>le</strong>ment choisis un tab<strong>le</strong>au de la société qui va dugénéral <strong>et</strong> du souverain à l’assassin, du poète au bouffon <strong>et</strong> quiinclut même <strong>le</strong>s marginaux.Tout en voulant poursuivre <strong>et</strong> approfondir l’œuvre deConfucius, il développe sa propre conception de l’histoire. C’estel<strong>le</strong> qui prévaudra en Chine dans la suite des sièc<strong>le</strong>s.Il ne s’agit de dire <strong>et</strong> de transm<strong>et</strong>tre exactement ce qui s’estpassé en s’approchant au plus près d’une vérité historique, maisde consigner ce qui doit servir de <strong>le</strong>çon <strong>et</strong> être uti<strong>le</strong> pour lamora<strong>le</strong> <strong>et</strong> la société. Il s’est confronté à c<strong>et</strong>te question essentiel<strong>le</strong>pour lui comme pour Confucius : comment éviter la vio<strong>le</strong>ncedans la société. •148 Connexions / mars 2010


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