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BULLETIN DE L'ISPAN No 18.pdf - ICCROM

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elle resteront quelques jours à tremper dansde l’eau provenant du cours d’eau le plus proche.Elles y resteront jusqu’à ce que la pulpesucrée couvrant les graines pourrisse. Cetteopération nécessitant beaucoup d’eau va faciliterle décorticage des fèves. Les graines sontensuite acheminées vers des surfaces de séchage,nommées glacis. Une fois séchées, ellesseront emmenées vers le moulin qui enlèveraleur enveloppe ou «coque», puis vers un secondmoulin à bras qui ôtera leur «parches»,sorte de mince pellicule argentée couvrant lesfèves. Le déparchage achevé, les grains sontacheminés vers les ateliers où ils subiront letriage et le vannage, avant d’être mis en sac,pesés puis emmagasinés en attendant d’êtretransportés en caravane à dos de mulets versle port d’embarquement le plus proche. Cettetechnique de transformation du café est dite«méthode humide».81. Citerne de distribution2. Grand-case3. Aqueduc4. Salles de triage et entrepôts5. Glacis6. Bassins de fermentation7. Quartier des esclaves8. Moulin<strong>No</strong>te : La présence des bassins de fermentation(6) sur le site constitue l’évidencematérielle de la méthode de productiondite “humide” utilisée à l’habitationBeaucher5756• Reconstitution par image de synthèse de l’habitation Beaucher (Hypothèse Lopez-Segrera) (Marmelade, Haïti)2431• Images de synthèse : D. Elie • 2004• Photo. : D. Elie • 2004• Ruines de l’entrepôt de l’habitation Beaucher (Marmelade, Haïti)Une autre technique de transformation, peutêtrela plus répandue, consiste à éliminerl’étape de fermentation des fèves en menantcelles-ci directement de la plantation au glacis.Cette technique dite «méthode sèche» a pourinconvénient d’être beaucoup plus longue,d’altérer le goût du café et entraîne beaucoupde pertes. La localisation de ces nombreuseshabitations caféières placées dans les mornesau dessus des lignes de sources influencerale mode d’organisation de ces habitationsautour d’un système rigoureux de collecte etde conservation de l’eau. Une des caractéristiquescommunes à ces établissements est lamultiplication d’énormes réservoirs alimentéspar un réseau élaboré de canaux drainant lesmoindres gouttes de pluie. La nécessité d’unegestion parcimonieuse du précieux liquides’accompagne d’un contrôle strict des réservoirsface aux risques de contamination etd’empoisonnement.A Saint-Domingue, les habitations caféièresdes mornes semblent avoir été les seules àproduire des logements d’esclaves construitsen maçonnerie et par conséquent à avoir laissédes témoins de la vie quotidienne des esclavesqui nous soient parvenus jusqu’ici. Elles constituentpotentiellement une source archéologiquede première main pour la connaissance del’esclavage à Saint-Domingue. En effet, sur leshabitations sucrières des plaines, la coutume etles préoccupations de la rentabilité voulaientque les investissements en logement d’esclavessoient minimisés. «Ces abris sont si peude choses que les actes de vente ne prennentpas toujours la peine de les citer comme logements»,nous rapporte Gabriel Debien. «Ilssont presque toujours en mauvais état», poursuit-il.Ces logements étaient construits le plussouvent en matière végétale : poteaux en boisgrossièrement équarris, clissage de gaulettepour les parois, charpente en bois et couverturede chaume ou de taches de palmiste. Ceslogements n’ont donc pas résisté au ravage dutemps. Tout au plus, comme le suggère l’historienMichel Philippe Lerebours, «les anciensquartiers d’esclaves [sont], par endroit, devenusvillages…»Dans les caféières des mornes, la situation a• Ruines des logements d’esclaves à l’habitation Séguineau (Fond-Baptiste, Haïti)été bien différente. Situés dans des zonesmontagneuses propices au marronnage, et oùla pierre était abondante, les logements d’esclavesétaient construits en dur avec des moellonset des pierres de taille bien appareillésaux angles. Sur les habitations caféières bienétablies et fonctionnant avec un nombre élevéd’esclaves, on construisait une «maison des nègres».Ce logement, construit selon un modèlecarcéral, assurait un contrôle plus effectif de lamasse des esclaves particulièrement enclinsà la fuite dans ces zones montagneuses. Onpeut décrire cette construction, d’une manièregénérale, comme une nef rectangulaire trèsallongée construite en maçonnerie, placée audessusd’un soubassement plus large avec desmurs épais relativement hauts. Leur charpentetrès pentue, comme il était de mise à l’époque,était fait de lourds madriers et recouverte dematériaux divers allant de la chaume à l’ardoise,en passant par des essentes en bois ou destuiles en terre cuite.Au niveau de la distribution intérieure, le logementd’esclaves était subdivisé en une suitealignée de cellules sans communication entreelles. Chaque cellule ne possédait qu’une por-<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 18 • 1er novembre 2010 • • Photo. : D. Elie • 2004Photo. : D. Elie • 2004


mettre aux exigences de la vie en autarcie etne compter que sur ses propres ressourcespour ses besoins quotidiens. Des installationset des aménagements connexes complétaientl’unité de production. Des dépôts pour le stockagede “provisions de bouches”, des enclosd’élevage (poulailler, porcherie, ...), des fourspour la production de pain avoisinaient potagers,vergers et jardins vivriers.Si dans le passé, les habitations sucrières ontlargement été étudiées, les habitations caféières,par contre, ont très peu fait l’objet d’observationsde la part des chercheurs : leurisolement dans les mornes et la forte imagestéréotypée de l’esclavage lié à l’exploitationde la canne à sucre en sont probablement lacause. Mis à part les généralités produites parG. Debien sur l’esclavage et par A.-M. d’Ans quinous a fourni une excellente analyse historiquede l’évolution de la culture du café à Saint-Domingue, aucune étude exhaustive ne s’estencore penchée sur cette forme spécifique denotre patrimoine culturel. Et pourtant, l’introductiondu café à Saint-Domingue, par la transformationécologique qu’elle engendra, par lesmutations tant sociales qu’économiques quien découlèrent, devrait retenir une attentionplus soutenue. Il est important de signaler àce sujet que l’évolution de la culture du café àSaint-Domingue a permis l’émergence en Haïtid’une formation sociale tout à fait originale etqui se développera pour atteindre son apogéedurant le XIXème siècle. Elle constitue unegrande part de la génèse de l’haïtianité, expressionà A.-M. d’Ans, pour avoir été à l’origine dela formation du monde rural haïtien.Mission d’archéologie aux MatheuxDu 6 au 12 août dernier, une mission archéologique,composée de l’archéologue Yaumara Lopez Segreraet de l’architecte Lourdes Rizo Aguilera, toutes deuxde nationalité cubaine, accompagnées de l’ingénieurDwolling Achille de l’ISPAN, a séjourné aux Matheux,plus précisément à la section communale desDélices, où depuis le mois d’août 2009, l’ISPAN a débutél’identification à partir d’évidences matériellesd’une importante collection de ruines d’habitationscaféières datant de la fin du XVIIIème siècle Sur 18groupes de ruines, la plus part localisées par photosatellite,8 d’entre elles ont déjà reçu des visites d‘identification des techniciens de l’ISPAN. La missioncubaine a produit un important rapport sur quatrede ces unités : l’habitation Sabourin 3 , l’habitationDion, l’habitation Latour et l’habitation Lasaline.ContexteLes recherches entamées par l’ISPAN sur les ruinesdes habitations caféières coloniales récemment découvertesà la chaîne des Matheux en Haïti ont donnélieu depuis, à des investigations systématiques surle patrimoine caféier du XVIIIème siècle. Elles ontpour objectif l’élaboration d’un vaste programmede sauvegarde et de mise en valeur de ces vestigesqui sont à l’origine d‘une forme de production quicontribua fortement, durant tout le XIXème siècle,au développement économique et social de la3. Hormis l’habitation Lasaline, les patronymes attribués aux ruinesde ces habitations caféières des Matheux sont ceux utilisés par leshabitants des Délices. Ils ont ensuite été transcrits en français. Ainsil’habitation Dyon, en créole, a donné Dion, Sabouren, Sabourin et Latou,Latour. L’inscription «F T P LASSALINE» gravée en relief sur unepierre de taille d’un réservoir est à l’origine du nom Lasaline donnépar l’ISPAN aux ruines localisées au lieu-dit Cortade.te unique lui donnant accès et toutes les portesétaient placées du même coté de la façadesous le regard de la grand-case de l’habitation,résidence du colon. De simples trous percésdans la muraille servaient d’aération. Simple,fonctionnelle, solide et toujours parfaitementbien exécutée du point de vue technique, la«maison des nègres» ne possédait aucune ornementation.Elle formait un volume rectangulaireunique d’aspect massif et sûr, eu égard àsa fonction carcérale. Sa localisation est en relationdirecte avec la zone de travail, en généralà proximité des glacis, du moulin, des ateliers etdes entrepôts. Le logement d’esclaves formaitune unité. Au besoin, d’autres unités identiquesétaient construites à proximité.L’habitation caféière, isolée dans les mornes,loin de toutes agglomérations devait se sounationhaïtienne. Ce patrimoine extraordinaire estcomposé d’éléments indicateurs les plus significatifsqui constituent des jalons marquant ces momentstranscendantaux de l’histoire d’Haïti.La mission archéologique des Matheux fut essentiellementune inspection technique préliminaire dequatre groupes de ruines afin de déterminer leurscomposantes architectoniques et de comprendreles solutions techniques mises en œuvre en vued’une production agricole optimale. Cette phasedes investigations sur des ruines encore éloquentes,contribua à franchir une étape importante dans lamise en place d’un vaste programme de sauvegardeet de protection de toute une aire de la chaîne desMatheux et, enfin, d’établir leur valeur d’authenticitéet d’intégrité permettant de constituer ainsi l’argumentairede la classification de ces biens culturels auPatrimoine Mondial de l’UNESCO.La missionLa mission débuta par une reconnaissance généralede l’aire de l’investigation puis se poursuivit parl’étude spécifique des quatre habitations caféièrescoloniales : Sabourin, Dion, Latour et Lasaline.Les qualités exceptionnelles du territoire des Délices,caractérisées par le puissant contraste existantentre la chaine montagneuse des Matheux, atteignantprès de 1 900 m d’altitude et la vallée de l’Artibonitequi limite son versant nord, et la vue s’étendantvers la plaine de l’Arcahaie jusqu’à la Presqu’îledu Sud, confère à la région des caractéristiquespaysagères exceptionnelles. Les vues panoramiquessur les montagnes, où prédominent les composantesnaturelles du milieu, sont ponctuées par la pré-• Vue panoramique du site de l’habitation caféière Dion dans les Matheuxsence de nombreuses ruines d’habitations colonialescaféières, distantes d’un kilomètre en moyenne lesunes des autres, qui confèrent au paysage une fortedimension anthropique. Ces paysages remodeléspar l’Homme constituent un fidèle témoignage dudéveloppement économique et culturel qu’a connula région à la fin du XVIIIème siècle et qui a su placerSaint-Domingue au rang de principal producteur etexportateur de café de la région caraïbe.Suite à ces observations générales, la mission réalisades investigations sur chacune des habitations citéesplus haut.La nouvelle route, reliant la ville de Cabaret, situéesur la côte nord du golfe de la Gonâve, à la ville de La-Chapelle dans la vallée de l’Artibonite et traversantla chaîne des Matheux, permet d’accéder aisémentà ces ruines desservies par des sentiers. Ces ruinesprésentent des caractéristiques particulières qui lesdistinguent entre elles et leur confèrent, par leurcomposantes, des valeurs exceptionnelles. Quoiquela mission n’ait pas pu déterminer de manière définitivela technique de production utilisée pour le traitementdes fèves de café, toutes ces habitations onten commun l’absence de bassin de fermentation, caractéristiquede la méthode dite «humide». Ce quilaisserait supposer qu’elles appartiennent toutes à laméthode dite «sèche». Leur localisation au-dessusdes sources d’eau confirmerait cette hypothèse. Cependantla mission a pu constater la présence, danschacune de ces habitations d’importantes citernesdestinées à stocker l’eau de pluie collectée des glacis,ceux-ci jouant également le rôle d’impluvium.<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 18 • 1er novembre 2010 • • Photo. : D. Elie / ISPAN • 2010


L’habitation caféière SabourinSitué à 18˚ 52’ 12,47” de latitude nord et à 72˚22”11,01” de longitude ouest, à 1196 mètres d’altitude (Sc.Googlearth) , les ruines de l’habitation Sabourin sontaisément accessibles par un sentier piétonnier empruntéà partir le l’habitation Dion sur une distance linéaired’environ 1 000 m. Les ruines de Sabourin occupentapproximativement une superficie de 8 000 mètrescarrés. Elles sont situées au sommet d’une colline surun terrain à topographie légèrement accidentée. Larépartition de l’ensemble met à profit cette déclivité: quatre niveaux de terrasses sont disposés de façonétagée, selon une configuration linéaire le long d’un axelongitudinal de direction Est-Ouest.Le premier niveau de terrasse est occupé en son extrémiténord par des composantes associées aux fonctionsdomestiques : la citerne d’eau (environ 36 m 3 )pour usage domestique et la grand-case. Le positionnementde celle-ci permet de maintenir de manièrepermanente un contrôle visuel sur toute l’habitation etses environs, notamment avec l’habitation Dion, situéeplus au Sud.La qualité architectonique de la citerne est exemplaire.Sa finition intérieure lisse et étanche, est obtenue parun enduis de chaux mêlé à de la poudre de brique. Cequi, en outre, permettait de garantir un niveau acceptablede propreté et d’hygiène. Ses arêtes intérieures sontfortement arrondies, afin de prévenir toutes fissures.La citerne, placée en surface et utilisant la déclivité dusol permettait de récolter l’eau des glacis et, en contrebas,la distribuer par un conduit pratiqué dans la muraille.Une petite chambre voûtée (2,83 m x 1,70 m) adosséeà la paroi de la citerne, permet l’accès à l’eau stockée,évitant ainsi toute éventuelle contamination. Cette salle,à l’origine barrée par une lourde porte en bois massif,permettait également d’emmagasiner à une bassetempérature de l’eau potable ou autre liquide dans desrécipients.Aux second et troisième niveaux des terrasses, sontlocalisés les entrepôts de stockage des grains de caféfraîchement cueillis. Ils sont faits d’épais murs (50 cm)et jouxtent les glacis de séchage. Ces glacis, en légèrepente vers l’Ouest, sont bordés de murets de soutènement,épais de 2,50 m et d’une hauteur variable allantde 2,50 m à 1,20 m, en fonction de la topographie.Ces murets, aux arases arrondies, étaient équipés deportes coulissant verticalement, permettant à l’eau depluie de s’écouler sans entraîner, dans leur course, lesgrains de café.L’habitation caféière DionSelon les données relevées sur le site Googlearth, lesruines de l’habitation Dion sont situées à 18˚ 52’ 30,66’’de latitude <strong>No</strong>rd et 72˚ 22’ 44,46’’ de longitude Ouestet accusent une élévation de 1 208 m au-dessus duniveau de la mer. Des quatre habitations étudiées, elleest la seule à présenter une structure complète, prototypede l’habitation caféière saint-dominguoise duXVIIIème siècle.L’ensemble monumental occupe une superficie totalede 8 074 m 2 . Tirant parti au maximum de la topographie,la structure de l’ensemble est bien intégrée dansle site sur lequel il a été érigé. Ses composantes architectoniquessont aisément identifiables.Placée sur un étroit plateau à la topographie douce,l’habitation Dion développe ses édifices sur deuxniveaux le long d’un axe central, orienté approximativementà 17˚ <strong>No</strong>rd. Ces niveaux sont articulés entre euxpar un grand escalier monumental.Au premier niveau, les structures domestiques et lesédifices liés à la production sont disposés autour desglacis : les logement des esclaves domestiques, en relationavec la grand-case, le four, les entrepôts de café, lesciternes, etc. Les glacis joue ainsi un rôle essentiel dans• Photos. : ISPAN • 2010• Photos. : ISPAN • 2010Sabourin est l’unique habitation visitée par la missionoù a été retrouvé un moulin de décorticage. Il est situéen contrebas des glacis, sur la cour séparant ceux-cides logements d’esclaves. Cette composante architectonique,typique des habitations caféières du XVIIIèmesiècle est formée d’une auge circulaire en maçonneriedans laquelle circulait une roue verticale actionnée parun axe central et un bras. Il permettait d’ôter la pulpeséchée des fèves.Enfin, à l’extrême sud de l’habitation, en contrebas d’unevaste cour, se situent les ruines du logement des esclaves,ségrégé totalement du reste de l’habitation. C’estune construction au plan rectangulaire long de 32,33 maux murs faits de maçonnerie épaisse. Elle renferme 7cellules alignées, totalement indépendantes les unes desautres, avec pour ouverture unique une porte d’accèssituée sur la façade principale. En plan, les cellules mesurent4,17 m sur 4,55 m. Elles ne sont aérées que par de12312• 1. Le logement d’esclaves de l’habitation Sabourin• 2. Relevé architectonique du logement d’esclaves• 3. Les ruines de la vigie• 1. Le logement des esclaves domestiques de l’habitation Dion• 2. Ruines de la grand-case<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 18 • 1er novembre 2010 • 75321 4333361. Entrepôts2. Citerne3. Glacis4. Grand-case5. Vigie6. Moulin de décorticage7. Logement des esclaves• Plan de l’habitation Sabourin aux Matheuxpetites ouvertures de section rectangulaire, pratiquéesdans la muraille arrière.Une tour de deux niveaux, sorte de mirador à plan carré,située entre les glacis et les logements des esclaves,assurait le contrôle visuel aussi bien de la productionque des activités des esclaves.Une forte concentration de fragments de tuiles d’ardoisesa été localisée à ses pieds, provenant, sans doute dela toiture qui la recouvrait.Toutes les constructions de l’habitation Sabourin furentexécutées avec une solide maçonnerie de moellons,liée au mortier de chaux.La mission n’a pas constaté l’évidence d’autres constructionsdans l’aire étudiée.L’état général de conservation des ruines de Sabourinpeut être classé comme «mauvais». Elles n’ont pas pu,en différents endroits, résister aux effets du climat, dutemps et des hommes Cependant, les composantes ar-6146827353671. Logement des esclavesdomestiques2. Entrepôts3. Grand-case4. Entrepôts et ssalle de triage5. Glacis6 Logement des esclave7. Citernes8. Cour• Plan de l’habitation Dion aux Matheux• Document. : ISPAN • 2010 • Document. : ISPAN • 2010


1la structuration du premier niveau. Bordés de canauxcollecteurs connectés à des citernes, ils servent égalementd’impluvium.La grand-case occupe une position privilégiée dansl’ensemble. Elle se place en la partie la plus élevée, surl’axe principal, longitudinal, face aux glacis. Cette positionstratégique garanti le contrôle visuel total du fonctionnementde l’habitation. Des trous de boulins sur lesparois internes des murs de la grand-case mettent enévidence l’existence à l’origine d’un plancher en boisqui desservait un second niveau qui a, aujourd’hui, complètementdisparu. Cette construction suit les mêmesprincipes de composition que les autres édifices : planimétrieconcentrée de configuration rectangulaire avecdisposition régulière et symétrique des ouvertures enfaçades.A l’extrémité nord, une enceinte ceinturée d’un murde 1.10 m de haut enserrait une espace réservé àl’emmagasinage temporaire des grains de café frais.Le second niveau, inférieur au premier, est articulé aupremier par l’escalier monumental central flanqué dedeux paires de citernes, placé en contrebas des glacis.Ces citernes mesurent 4,87 m x 2,36 m pour uneprofondeur de 1,56 m, soit une capacité de stockagede 17,92 m3 chacune. Comme à Sabourin, leur finiintérieur est constitué d’un enduis de chaux mêlée àla poudre de briques et leurs angles internes arrondis.Chacune des citernes est renforcée extérieurementL’habitation caféière LatourL’habitation Latour est située non loin du lieu-dit Kòtad,col du passage traversant cette partie de la Chaîne desMatheux avant de descendre en direction de La-Chapelle,à la vallée de l’Artibonite. Selon les coordonnéestirées de Googlearth, l’habitation serait à 1 359 m d’altitudeau-dessus du niveau de la mer à 18˚ 53’ 00’’ delatitude <strong>No</strong>rd et à 72˚ 23’ 22,19’’ de longitude Ouest.Ses ruines s’étalent sur une superficie approximative de14 000 m 2 . Cette aire ne correspond pas forcément àla superficie intégrale de l’ensemble. Elle couvre uniquementl’emprise des ruines actuellement identifiées.Latour se situe sur un petit plateau placé entre deuxcollines. Elle étale ses parties constructives sur deux niveauxde terrasses bien différenciées, échelonnés dansle sens NE-SE. Son plan d’ensemble se caractérise parle regroupement de ses bâtiments autour des glacis occupantune position centrale.Le premier niveau de terrasse, qui a une vue qui portesur l’ensemble de l’habitation, est occupé par la grandcasebordée de part et d’autre par deux autres bâtissesdestinées à l’emmagasinage général de la production.La grand-case, dont ne subsistent que les murs de fondations,est de plan rectangulaire d’un seul niveau quil’intégrait complètement aux magasins latéraux.Au second niveau de terrasse, se trouve la zone desglacis, limitée au nord-ouest par une immense citernepour le stockage d’eau de pluie à usage domestique,• Photos. : D. Elie / ISPAN • 2010• Photos. : D. Elie / ISPAN • 201023• 1. Le quartier des esclaves de l’habitation Dion : au fond, les logementsenserrant la cour centrale. A dr., les réservoirs• 2. Les entrepôts• 3. Les citernes placées à l’Est des glacis12• 1 Le mur du logement des esclaves de l’habitation Latour• 2. Les citernespar de puissants contreforts.En ce second palier, une vaste cour est limitée sur sescôtés sud, est et ouest par trois bâtisses de planimétrierectangulaire très allongée formant les logementsd’esclaves. Elles possèdent chacune sept cellules disposéesen enfilade avec chacune un porte unique d’accèsdonnant sur la cour intérieure. La disposition de ceslogements garantissait un contrôle maximum de lamasse des esclaves, force productive, par excellence del’habitation caféière.Des quatre habitations étudiées, Dion est celle qui esten meilleur état de conservation, dont le niveau peutêtre qualifié de «régulier», quoiqu’elle soit complètementen ruine. Les restes des éléments architectoniquesde ces ruines définissent clairement la compositionrelativement complète de l’ensemble et sa parfaiteintégration au milieu naturel, mettant à profit au maximumla topographie du site sur lequel il est implanté.Ces caractéristiques confèrent à l’habitation Dion unehaute valeur environnementale et paysagère.Elle détient également une valeur architectonique certainepour les solutions esthétiques et formelles qu’ellepropose dans la codification architecturale de ses bâtiments,exprimée tant en plan qu’en volume. Dion détientégalement une importante valeur archéologiquepour les évidences matérielles du savoir-faire tant auniveau de la construction que de la production d’unehabitation caféière typique du XVIIIème siècle.• Plan de l’habitation Latour aux Matheux<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 18 • 1er novembre 2010 • 3321521421. Logements d’esclaves2. Entrepôts3. Citernes4. Grand-case5. Glacis• Document. : ISPAN • 2010 • Photo. : D. Elie / ISPAN • 2010


d’une capacité utile de 40,60 m 3 . Une petite chambreidentique à celle retrouvée à Sabourin conduit à la paroide la citerne où se trouve aménagé un conduit quidéversait l’eau par gravité. Tout comme à Sabourin, letunnel était barré par une lourde porte et était utilisépour créer une chambre de basse température. Le finides intérieurs de la citerne est identique à celui desautres habitations : enduis de chaux mêlé à la poudrede briques.Cependant, un élément qui distingue et identifie cettehabitation des autres est la présence d’un imposantmassif de citernes d’eau, placé en contrebas des glacisen mettant à profit 6.40 m de dénivellation. Sesmurailles épaisses de 50 cm sont soutenues dans leureffort par des contreforts permettant de contenir lespoussées latérales générées par le poids de l’eau.À l’extrémité sud-est de l’habitation, en un niveau élevé,se situent deux grandes bâtisses qui forment les logementsdes esclaves. Ces édifices bien placés sous la vigilancedu gérant se caractérisent par leur plan rectangulairedélimité par une forte muraille. Chaque bâtissecontient 8 cellules juxtaposées, indépendantes entre elleset équipées d’une seule porte d’accès, tout commeaux précédentes cellules analysées. Les ruines de l’habitationLatour présentent un état de conservation quel’on peut qualifier de «régulier». Les valeurs retenuespour les ruines de l’habitation Latour sont identiques àcelles de l’habitation Dion.L’habitation caféière LasalineSitué au lieu dit Cortade (Kòtad, en créole), aux abordsimmédiats de la route, les ruines de l’habitation Lasalinesont dans un état de conservation qualifié de «trèsmauvais», aggravé par la mutilation récente occasionnéepar la construction de la route Cabaret - La-Chapelle.Ne subsistent à Lasaline que les évidences matériellesdes éléments liés à la production du café : la citerned’eau de pluie construite hors terre et, la jouxtant, unepartie d’un glacis. Ce réservoir mesure 7,90 m de longsur 2.30 m de large pour une profondeur de 1,80 m.Ce qui lui donne une capacité utile d’une vingtaine demètres cube. La technique de sa construction et desa finition est identique aux autres citernes des précédenteshabitations. La façade nord de la citerne estrenforcée de deux contreforts et des pierres de tailleparfaitement appareillées consolident ses arrêtesA l’angle nord, une pierre de taille porte des initialesentrelacées, probablement la marque du tailleur depierre et, plus bas, une autre, porte la date supposéede l’achèvement de la construction : 31 août 1791. Unepierre équarrie placée en plein dans la façade nord dela citerne porte en relief l’inscription «F T P LASALINE»et est ornée d’entrelacs et des signes conventionnelsdes jeux de carte : cœur, carreau, pique et trèfle.• Photos. : ISPAN • 2010• Photos. : ISPAN • 20101312• 1. l’élévation ouest de la citerne de l’habitation Lasaline• 2. Pierre équarrie portant l’inscription “P.T.P. LASALINE”2• 1. Le contrefort de la citerne• 2. La chambre de basse température adossée aux citernes• 3. Les entrepôts1PLANVers Cabaret2ELEVATIONVers La-ChapelleROUTE1. Citerne2. Glacis• Plan et élévation de l’habitation Lasaline aux Matheux• Document. : ISPAN • 2010 • Photos. : ISPAN • 2010ConclusionsLe rapport de la mission archéologique s’achève pardes considérations et recommandations pertinentessur les valeurs associées aux vestiges des Matheux.Le système de ces habitations caféières, déterminé parla présence d’ensembles de ruines distantes entre ellesd’environ 1 000 mètres, présente des particularités quilui sont spécifiques, quoique ces dites ruines affichentdes caractéristiques qui les distinguent entres elles, tantpar leur valeurs architectoniques, historiques et environnementales.Ils se détachant de celles-ci une adéquationet une parfaite intégration au milieu naturel enregard de la recherche de la mise à profit optimum desressources naturelles et morphologiques du site. Cescaractéristiques conforment un système unique d’attraitsnaturels et anthropiques.Les habitations étudiées s’expriment sous forme deruines avancées, conservant ses composantes architectoniquesqui ont su résister par leur solidité et parla consistance de leur mise en oeuvre aux impacts dedeux siècles d’agression du climat, de la nature et deshommes.Indépendamment des différences notables existant entreelles, toujours furent présentes dans ces ruines, lesmêmes composantes architectoniques en relation avecle système de production et les usages domestiques.Elles développent toutes une organisation spatiale présentantun haut niveau technologique, caractérisée parune forte homogénéité dans les formes architecturales,dans l’emploi des matériaux et des techniques deconstructions.La valeur associée à ces ruines est due essentiellementà la manière originale de mettre à profit les ressourcesnaturelles du territoire, l’intégration au milieu naturelpour la production optimale du café en laissant des tracesprofondes dans le territoire.Les habitations caféières des Matheux constituent unensemble de grand intérêt et de grande significationpour l’histoire. Elles enrichissent la vision du patrimoinenational haïtien, que développe actuellement la communautéscientifique nationale et internationale.La détérioration progressive de ces habitations caféièresmettent en évidence la nécessité de réaliser des étudesexhaustives afin d’accroître le niveau de connaissancesur le patrimoine national haïtien et développer des actionsmenant à sa sauvegarde et sa protection.<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 18 • 1er novembre 2010 •


• Photos. : ISPAN • 20101 23• 1 et 2 L’équipe de la mission effectuant les relevés des vestiges aux Matheux.• 3. Paysage montagneux de la chaine des Matheux.La mission archéologique aux MatheuxMme Lopez Segrera est licenciée en histoire de l’artà l’Université d’Oriente de Cuba où elle présenta sathèse en 1998. Depuis mars 2003, elle dirige la sectiond’Archéologie au Bureau du Conservateur de la Ville deSantiago de Cuba. Mme Lopez Segrera est égalementresponsable de l’équipe de travail du Plan de Gestionintégré du Paysage Archéologique des Plantations Caféièresdu Sud-Ouest de Cuba. Elle est membre de l’Associationinternationale d’Archéologie de la Caraïbe.Mme Segrera a réalisé, en 2004, pour le compte de laFondation pour le Développement Durable et Intégréde Marmelade (FONDDIM) et de l’ISPAN, la toutepremière identification des ruines de l’habitation caféièrede Beaucher (Marmelade, Haïti), accompagnéed’observations archéologiques.Mme Lourdes Rizo Aguilera est architecte restauratricediplômée également de l’Université d’Oriente de Santiagode Cuba en 1984 et du Centre de Restaurationet de Muséologie (CENCREM) de la Havane (Cuba).Spécialiste en habitations caféières franco-haïtiennes duXIXème siècle de la région d’Oriente de Cuba, elle aréalisé la restauration de l’habitation caféière de la Fraternidad,classée Patrimoine Mondial en 1999.Cettte mission archéologique aux Matheux a été réaliséegrâce au support financier du Bureau du Premier Ministrede la République d’HaïtiConserver le passé,impluser un développement économiqueA la veille des grandes interventions de reconstruction programméespour le centre-ville de Port-au-Prince, détruit parle séisme du 12 janvier 2010, le <strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPANpublie ci-après un important texte de M. Francesco Bandarin,Directeur de la Culture à l’UNESCO. Ce texte, tel est notresouhait, devrait susciter réflexions et commentaires sur les voieset moyens à emprunter vers la sauvegarde de ce centre historiquede grande valeur.Le patrimoineau coeur du développementFrancesco BandarinDirecteur du Centre du Patrimoine Mondialde l’UNESCOLa relation entre patrimoine culturel et développementéconomique est complexe.Le fait de préserver l’image du passé ne peutconstituer le seul remède face aux problèmes socio-économiquesdes villes. Cela peut cependantdevenir le pivot d’une stratégie d’aménagementde l’urbain. Plusieurs agglomérations, tant dans lespays industrialisés qu’en développement, ont retenucette leçon et sont en train de redéfinir denouveaux modèles de développement basés surla conservation de leur identité culturelle. Cetteidentité constitue de plus en plus, aux yeux desopérateurs et investisseurs privés, un facteur essentield’implantation de leurs unités de productionen milieu urbain. Construire sur les ruines dupassé en vue d’assurer un avenir meilleur n’est pasune tâche facile. Dans toute ville, il existe des forcespolitiques et des intérêts économiques puissantsqui conduisent inéluctablement à la transformationdes structures physiques et sociales. Ledéveloppement du commerce et la spéculationimmobilière bouleversent la vie citadine. Plusieursparties du monde ont tout simplement été rayéesde la carte sous la pression d’un développementéconomique anarchique.Au même titre que les investissements, la bonnegouvernance ou l’innovation technique, la fiertéet l’identité culturelle peuvent être des facteursde changements qui suscitent l’intérêt des pouvoirspublics et des investisseurs privés. Ellespermettent aussi de générer des initiatives économiquesimportantes. En matière de patrimoineculturel, le développement économique et la miseen valeur d’un site sont révélés par le tourisme. Ilest indéniable qu’autour d’un site patrimonial, l’industrietouristique enclenche un cycle vertueuxqui génère des capitaux, des services, des emploiset donc des revenus. On constate d’ailleurs queles sites inscrits au patrimoine mondial connaissentune croissance touristique fulgurante. Toutefois,la mise en œuvre de plans de gestion pourla conservation du patrimoine par les collectivitéslocales ne suffit pas à protéger les sites culturelscontre les dégradations causées par un tourismede masse, comme le prouve l’état actuel du MontSaint-Michel. Cet impact négatif, dû à une surestimationdes capacités d’accueil de ces sites, estdifficilement mesurable. Le développement touristiquedoit être maîtrisé si l’on veut conserverdurablement son patrimoine culturel.La conservation est souvent perçue comme unchoix public coûteux. Restaurer et réhabiliter desbâtiments et des immeubles requiert des investissementslourds. La préservation d’une architecturetraditionnelle est considérée comme uneBiens culturels à Port-au-Princeaprès le séisme du 12 janvier 2010<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 18 • 1er novembre 2010 • • Photos. : ISPAN • 2010


• Photo. : UNESCOcharge supplémentaire pour les populations, commepour les administrations locales, tant il est vraique les stratégies de conservation du patrimoineimpliquent des ressources importantes (compétencestechniques, assistance technique, contrôlesbudgétaires...). La communication autour du patrimoine,tout comme sa mise en valeur, représententun défi pour les acteurs publics et privés.<strong>No</strong>tre expérience en la matière démontre qu’àmoyen terme, ces coûts peuvent être compenséspar un développement économique, notammenttouristique. Les acteurs publics et privés ont unrôle différent, mais complémentaire, à jouer. Lespouvoirs publics ont le devoir de fixer des objectifsclairs, de prendre des mesures incitatives etde construire des outils de réglementation solides.Le secteur privé doit prendre conscience des opportunitésoffertes de bâtir un environnement socio-économiquede meilleure qualité. En d’autrestermes, la durabilité implique un bon système depensée, basé sur des objectifs précis, des outils etpratiques appropriés mais avant tout partagés partous.Conserver le passé pour impulser un développementéconomique requiert, non seulementun engagement ferme de la part du public et duprivé, mais également une planification rigoureusedans la gestion de la ville. Les villes sont des espacesoù interagissent des réseaux personnels etfamiliaux, garants de la stabilité sociale et sourcesd’emplois. Le bouleversement des tissus sociauxest souvent un facteur d’affaiblissement de lastructure urbaine. Une stratégie de conservationappropriée doit intégrer des mesures de préservationdes structures sociales et associer les populationslocales. De telles mesures sont prises etmises en œuvre en opposition aux tendances demodernisation des structures urbaines. Elles nécessitentdonc une vision et une volonté politiqueforte, des compétences techniques et un soutiende la part de tous les acteurs institutionnels.Enfin, la conservation du patrimoine culturel n’ade sens que si elle s’inscrit dans une perspective àlong terme. Or, le long terme est difficilement envisageableen matière de gestion urbaine. Un effortparticulier doit être fait en faveur de l’éducationde tous les acteurs concernés, et en premierM. Francesco Bandarin de nationalité italienne est actuellementSous-Directeur général pour la culture à l’UNESCO.Il dirige le Centre du Patrimoine mondial de l’UNESCOqu’il a rejoint pour occuper le poste de Directeur en 2000.En tant que spécialiste en architecture et en planificationurbaine, Francesco Bandarin a travaillé auparavant dansdes institutions à la fois publiques et privées dans les domainesdu Patrimoine bâti, de la préservation du patrimoineculturel, du patrimoine environnemental et des événementsculturels, ainsi que dans la planification urbaineet architecturale dans des pays en développement. En tantque Directeur du Centre du Patrimoine mondial, il a géréle développement d’un vaste réseau de partenariats publicprivépour la préservation du Patrimoine mondial, ainsique le développement d’une série de centres de catégorie IIpartout dans le monde.lieu les populations impliquées dans ce processus.Toute politique de conservation du patrimoineculturel doit faire l’objet d’un consensus. Donnerun sens à son identité culturelle tout en cultivantsa fierté représente l’investissement le plus efficaceque puisse réaliser une ville pour son avenir.Les grandes entreprises s’engagentaux côtés de l’UNESCOL’action internationale en faveur du patrimoinemondial repose aujourd’hui sur des partenariatsentre des organisations internationales, le secteurprivé et différents réseaux associatifs. Les financements,mais aussi l’expérience du secteur privé,peuvent accroître considérablement le champd’intervention et l’impact du travail de l’UNESCO.Ces partenariats permettent, entre autres, d’accéderà un réseau d’expertise dans lequel les acteursinterviennent pour devenir plus performants etdéfendre des intérêts communs. Les partenairesde l’UNESCO sont aussi bien des grandes sociétésinternationales, des petites et moyennes entreprises,des groupes et fondations philanthropiquesque des structures associatives.Le partage des compétences au servicede la conservation des sites• Des bourses sponsorisées pour les «managers»de sites du patrimoine mondialL’acquisition de compétences à un niveau nationalet régional est une composante essentielle dansla mise en œuvre de la stratégie globale du Comitédu patrimoine mondial. Son importance aété soulignée par la Déclaration de Budapest, en2002, qui reconnaît l’acquisition de compétencescomme l’un des objectifs essentiels.Dans ce contexte, le Centre du patrimoine mondialde l’UNESCO a signé un accord de partenariatavec l’association «Vocations Patrimoine,l’Héritage du futur» pour former de futurs gestionnaireset renforcer les capacités existantesdes professionnels en activité et souhaitant travaillersur un site du patrimoine mondial. Cetteassociation, présidée par le paléo-anthropologueYves Coppens, a cofinancé ce programme avecles entreprises AXA et MAZARS.• Bénéficier des compétences managériales dusecteur privéAvec l’appui de la Fondation Shell et avec la participationdu Centre du patrimoine, des directeursexpérimentés du Groupe Shell travaillent enétroite collaboration avec des directeurs de sitesdu patrimoine mondial, pendant un an ou plus,pour concevoir et mettre en œuvre des pratiquesde planification managériale dans leurs activitésquotidiennes. Par le transfert de ses compétencesmanagériales à des organismes de conservation,le Groupe Shell participe à la protection desécosystèmes en s’assurant que les ressources disponiblespour la conservation sont efficacementutilisées. Ce programme-pilote fait partie d’uneinitiative de l’UNESCO intitulée « Mise en valeurde notre patrimoine», basée sur le principe quecertains processus pratiqués avec succès par lesentreprises, tels que la gestion des ressources humaines,la gestion des risques et la planificationstratégique, peuvent être appliqués aux agencesde gestion des aires protégées. Partant de l’Atolld’Aldabra aux Seychelles – l’un des rares écosys-Biens culturels à Port-au-Princeaprès le séisme du 12 janvier 2010<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 18 • 1er novembre 2010 • • Photos : D. Elie/ISPAN, JB Millet • 2010


tèmes du monde demeuré presque intact - etse prolongeant au Parc national impénétrable deBwindi en Ouganda - l’un des derniers habitats dugorille de montagne -, le projet prévoit une variétéd’activités telles que la création de capacitésde gestion et le développement de stratégies definancement durables.• Un partenariat pour un tourisme responsableet durableL’initiative des organisateurs de voyages pour ledéveloppement durable du tourisme a été développéeavec l’appui du Centre du patrimoinemondial, du Programme des Nations Uniespour l’Environnement (PNUE) et de l’OrganisationMondiale du Tourisme des Nations-Unies(UNWTO). La Tour Operators Initiative (TOI)participe à l’élaboration de directives tenantcompte de la réalité du marché et de son impactsur le patrimoine. Ce groupe s’est aussi engagé àintégrer des principes de durabilité dans ses propresopérations commerciales et ses procéduresde gestion (promotion et diffusion de bonnespratiques) et à mobiliser d’autres professionnelspour en accroître l’impact.La société française Jet Tours a signé un accordavec le Centre du Patrimoine Mondial pour promouvoirle tourisme durable et le développementéconomique local à l’intérieur et autour des si-tes du patrimoine mondial. Cet accord s’inscritdans la continuité de l’action du Centre du patrimoinemondial, qui fait de «la promotion dutourisme responsable et durable un de ses axesprioritaires». A travers ce partenariat, 14 circuits«patrimoine mondial» ont été développés. Desbrochures spéciales sur le patrimoine mondialet du matériel pédagogique, comme la carte dupatrimoine mondial, ont été insérés dans un kitcréé pour sensibiliser les voyageurs aux besoinsde conservation des sites dans le monde. De plus,Jet tours organise, avec l’UNESCO, des sessionsde formation sur la Convention du patrimoinemondial et les sites qui sont sous sa protectionpour les guides accompagnateurs et les représentantslocaux. L’entreprise s’est engagée à contribuertous les ans au Fonds du patrimoine mondialpour financer des projets de conservation dessites et adhère également au programme de tourismedurable du Centre du patrimoine mondial,qui prévoit la mise en œuvre d’actions concrètesen faveur du développement durable, notammenten favorisant l’artisanat local ou en soutenant lesinitiatives de microcrédit.Article publié dans Parole d’Acteurspar l’Agence Française de Développementen 2007Biens culturels à Port-au-Princeaprès le séisme du 12 janvier 2010• Photos : D. Elie/ISPAN, JB Millet • 2010• Photos : D. Elie/ISPAN • 2009Sans-Souci,parmi les 12 sites les plus menacésLe dernier rapport de la Global Heritage Fund, publiéle 19 octobre 2010 fait état de près de 200 biens culturelsexceptionnels classés à haut risque. Douze d’entreeux sont sur le point de subir des pertes irréparablesou sont menacés de destruction totale. Les causes deces menaces sont clairement listées dans le rapport :actions destructrices de l’homme, pressions de toutessortes dues au développement incontrôlé du tourismenon planifié et non durable, absence ou faiblesse degestion, voire guerres ou conflits politiques…Parmi ces 12 sites listés par la GHF, figure le Palais deSans-Souci d’Haïti, construit en 1813 pour servir derésidence royale au premier monarque du <strong>No</strong>uveau-Monde, Henry 1er.Fondé en 2002, le GHF est une organisation à but nonlucratif dédiée à aider les pays en développement dansla préservation et la mise en valeur des biens culturelsinscrits sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.Basé à Palo Alto en Californie, il s’est fixé comme objectifsprincipaux de préserver les structures et les évidencesmatérielles de ces biens culturels, de contribuerà l’éducation sur leur protection et de promouvoir l’implicationdes communautés dans leur gestion et leurexploitation.La GHF estime que, dans le cas du Palais de Sans-Souci,la cause principale de la sévère menace qui pèse surses ruines est l’absence totale de gestion du monument• Le Palais de Sans-Souci, à Milot (Haïti)historique, que le rapport qualifie de “Versailles de laCaraïbe”.En effet, cette absence de gestion permanente du sitene permet pas des interventions aux conséquencesdurables sur un monument historique en péril, tellesles ruines du Palais de Sans-Souci. Tout au plus, desinterventions sporadiques et localisées peuvent êtreenvisagées et réalisées par le responsable de la conservationdu bien culturel, en l‘occurrence l’ISPAN. Outrel’impact sur ce monument historique, cette absence degestion minimale a d’autres conséquences très gravessur le Parc National Historique Citadelle, Sans-Souci,Ramiers (PNH-CSSR) tout entier : déboisement accéléré,exploitation sauvage de matériaux de construction,constructions anarchiques, production intensive decharbon de bois, visites touristiques non organisées, élevagelibre, etc. mettent en péril les valeurs universellesexceptionnelles pour lesquelles le parc a été inscrit en1982 sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.La mission du Centre du Patrimoine Mondial del’UNESCO réalisée du 11 au 18 juillet dernier avaitconfirmé le diagnostic du Palais de Sans-Souci et signalait,entre autres, que le risque structurel le plus importantpour ces ruines réside en leur capacité réduite àrésister aux secousses sismiques, même de faible intensité.Cette insuffisance met en péril, à tout moment, lemonument historique et les gens qui le visitent.La fragile stabilité des ruines du Palais de Sans-Soucitient de deux origines principales. En premier lieu, laperte de la toiture et des planchers, disparus depuisle tremblement de terre de 1842 et qui jouaient unrôle important de contreventement dans la stabilitégénérale de l’édifice, ont causé une perte notable de lastabilité de l’ensemble. Les murs de très faible épaisseuret s’élevant sur des hauteurs pouvant atteindre près de10 m ne sont donc plus contreventés. Cette instabilitéqui date de plus un siècle et demi se trouve aggravée,en dépit des interventions de restauration effectuéesdans les années 1980 et en 2008 par l’UNESCO, par lesinfiltrations d’eau de pluie dans les murs, atteignant lesfondations et s’accumulant dans les remblais des mursde soubassement du Palais.On se rappelle qu’à la suite d’une visite d’inspection desmonuments historiques effectuée à la fin du mois d’avril2008 au PNH-CSSR, (Voir le <strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN<strong>No</strong> 2, 1er juillet 2009), les techniciens de l’ISPAN ontproduit un rapport alarmant sur les désordres dynamiquesconstatés au niveau de l’escalier monumental d’accèsnord du Palais de Sans-Souci. Des relevés précis ontpermis de constater l’aggravation de l’inclinaison du murde soutènement de la troisième volée de cet escaliermonumental. L’ISPAN en 2009 a pu réaliser, par une interventiond’urgence, la stabilisation partielle de ce murde soutènement. Cependant le problème de l’instabilitégénérale des ruines du palais demeure entier : ses mursne sont pas contreventés et le parquet, non pavé d’unrevêtement imperméable, continue à recevoir les eauxde pluie qui s’infiltrent dans les fondations.Vers la gestion intégraledu PNH-CSSREn juillet dernier, le Gouvernement de la République afait publier un important arrêté permettant à l’ISPANde délimiter le PNH-CSSR en procédant a son bornagelégal. Outre cette importante disposition, cet arrêtéstipule que les propriétés incluses dans l’aire du parcseront «soumises aux servituves publiques définiespar la loi, le plan de gestion et le plan d’utilisation dusol du Parc National Historique Citadelle, Sans-Souci,Ramiers» (Voir le <strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN <strong>No</strong> 16, 1erseptembre 2010).Parallèlement, le Centre du Patrimoine Mondial, deconcert avec l’ISPAN met en place un système deconsultations nationales et internationales pour laconcrétisation du plan de gestion du PNH-CSSR.<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 18 • 1er novembre 2010 • 10


• Photo : ISPAN • 2010 • Photo : J.-F. Chalut • 1999Chroniquedes monuments et sites historiques d’HaïtiLe buste de Toussaint-Louverture,deux fois rescapéDu 1er au 3 octobre dernier, les techniciens de l’IS-PAN ont dégagé sous les décombres du Palais Nationalle buste en bronze de Toussaint-Louverture, œuvred’Edmond Laforestrie, qui se trouvait à l’entrée du bureauofficiel du Président de la République. Cette partiedu bâtiment s’était complètement effondrée lors duséisme du 12 janvier entraînant avec elle la coupole estdu Palais. Cette œuvre d’art échappe ainsi une secondefois à une catastrophe affectant le siège du gouvernementde la République.Le 8 août 1912, la poudrière placé non loin du PalaisNational explose et «communique le feu au bâtimentdéjà ébranlé par le souffle de la première déflagration»(: Corvington). Ce bâtiment, œuvre d’un autre Laforestrie,Léon, diplômé de l’école centrale des arts etmanufactures de Paris, fut érigé de 1881 à 1882, sous laprésidence de Lysius Félicité Salomon. Fait de bois avecparements en briques, rien ne protégeait cet édificecontre les flammes. L’explosion de la poudrière et les12• Photos : ISPAN • 2010 • Documents : Archives ISPANincendies qui s’en suivirent firent plus de 200 victimes,dont le président en exercice Cincinnatus Leconte.«Parmi les souvenirs historiques, précise GeorgesCorvington, et les objets d’art qui enrichissaient le Palaiset qui disparurent dans la catastrophe ou éprouvèrentde grands dommages, figuraient une épée de Toussaint-Louverture,la montre d’Auguste Nau, premieradministrateur de Finances sous Dessalines, les bustesen bronze de Toussaint-Louverture, de Dessalines, etde l’abbé Grégoire, le marbre la Rêverie, chef d’œuvred’Edmond Laforesterie qui avait obtenu une médailleau Salon de 1878 à Paris, les portraits d’André Rigaud,de Gédéon et de Boisrond-Canal qui décorait la salled’audience, et ceux des anciens chefs d’Etats, de Toussaint-Louvertureà Antoine Simon, qui s’alignaient dansla salle du conseil». Un nouveau palais national, terminéen 1921 et œuvre de l’architecte haïtien Georges Baussan,accueillera l’unique rescapé de l’incendie du 8 août3456• 1. Le buste de Toussaint-Louverture • 2. Le buste rescapédes décombres du Palais national • 3. Le Palais Nationaldessiné et construit par Léon Laforestrie • 4. Les débris dupalais après l’explosion du 8 août 1912 • 5. Le Palais Nationaldesinné par Georges Baussan • 6. Le Palais National après leséisme du 12 janvier 20101912 : le buste en bronze de Toussaint-Louverture.Les travaux de mesures conservatoires entamés depuisle mois de mai 2010 par l’ISPAN sur les ruines duPalais National permettent, au fur et à mesures des démolitionset des déposes de parties « mortes », de récupérerles œuvres d’art, les artéfacts historiques et lesobjets de valeur qui y étaient exposés ou conservés.Le buste de Toussaint-Louverture, coulé dans dubronze, mesure 110 cm de hauteur, 90 cm de large et50 cm d’épaisseur.Le Monument-à-l’EmpereurA la veille de la commémoration du 204ème anniversairede l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines le 17octobre 1806 au lieu-dit Pont-Rouge, l’ISPAN a procédéau déplacement des pièces de marbre qui formaient lastèle dédiée au fondateur de la l’Indépendance d’Haïti.Ce Monument-à-l’Empereur fut érigé en mai1892,sous la présidence de Florvil Hyppolite à l’ancien cimetièrecolonial de Port-au-Prince (également nommécimetière intérieur). Il fut transféré au Pont-Rouge enmars 1936 sous la présidence de Sténio Vincent, commel’indique l’inscription gravée au bas du monument. Lespesantes pièces de marbre composant le monumentsont provisoirement entreposées à l’ISPAN, en attendantsa restauration. Le Monument-à-l’Empereur étaitcomposé d’un socle sur lequel était placée la sculptured’une urne drapée. L’ensemble reposait sur deux degrés.Fait de marbre blanc de Carrare, cette stèle a étéfabriquée dans les ateliers de l’entreprise Blanchon àParis (France). Le séisme du 12 janvier 2010 ne l’a pas• 1. Le Monument-à-l’Empereur avant le séisme du 12 janvier• 2. Le monument démoli.<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 18 • 1er novembre 2010 • 1112• Photos : ISPAN • 2010 • Photos : ISPAN • 2007


• Photo : D. Elie / ISPAN 2010• Le chantier de restauration du Marché Hyppolite : au fond, la structure de la nouvelle halle nord, en avant-plan, la structure historique en cour de restaurationépargné : les pièces de marbre fixées au moyen de tigesmétalliques se sont détachées et le monument s’estécroulé. A l’occasion de la commémoration au Pont-Rouge du 17-Octobre, l’ISPAN a construit un socleprovisoire en maçonnerie sur lequel a été placé l’urnedrapée.Marché Hyppolite,la métamorphose se poursuitSuite aux travaux de construction des fondations dela nouvelle halle nord, le chantier de restauration duMarché Hyppolite fut prêt dès le 26 septembre 2010à recevoir les pièces métalliques fabriquées au Etats-Unis par la firme Helmark Steel. Ce premier stock depoutres, poutrelles, colonnes, de pannes et de chevronsformant l’ossature principale, est arrivé au port dePort-au-Prince le 26 septembre 2010 et a été immédiatementtransporté au site du chantier. Les travaux demontage débutèrent dès le lendemain pour s’achever15 jours plus tard. Parallèlement, ont débuté les travauxdu revêtement de parquet de la halle sud. Cettereprise du pavage utilise au maximum les dalles de grèsde Barzac (60 cm x 60 cm) récupérées du bâtiment.Les dalles manquantes sont remplacées par du bétonorné de motifs. La récupération des briques se poursuitégalement. Elles sont toutes décapées des tracesde mortier antérieur, puis délicatement nettoyées sanstoutefois enlever leur patine. Un certain nombre d’entreelles ont été récupérées des constructions démoliespar le séisme du 12 janvier et retenues pour leurscaractéristiques physiques similaires à celles du Marché(couleur, composition chimique, résistance mécanique,etc.). Elles sont destinées au montage du muret d’enceintequi sera surmonté d’un grillage en métal forgéet soudé, tel qu’il était à l’origine. Actuellement, la structurede la nouvelle halle nord est prête à recevoir leséléments de fermetures et de couverture : fenêtres àpersiennes fixes, tympans, lattes, tôles, etc. Entre temps,le chantier s’est équipé de tours d’éclairage. L’horairede travail sera sensiblement modifié à partir du moisde novembre. Des équipes d’ouvriers pourront ainsi serelayer et travailler jusqu’à une heure avancée de la nuit.La date d’inauguration du Marché Hyppolite restauré,fixée pour le 12 janvier 2011, tient toujours...Le <strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN <strong>No</strong> 18 a été réalisé par :• Philipe Châtelain et Daniel Elie pour la documentation et larédaction des textes;• Daniel Elie pour l’édition et l’infographie;• Pascale René, Monique Rocourt-Martinez et Guerda Romainpour la relecture et les corrections;• Daniel Elie, Yaumara Segrera et Lourdes Rizo pour lesphotographies;La direction et la distribution du <strong>BULLETIN</strong> sont assuréespar le Service de la Promotion de l’ISPAN.• Photos : D. Elie / ISPAN 20101234• 1. La nouvelle halle nord et, au fond, la halle sud. • 2. La structuremétallique de la halle nord. • 3. Le chantier vue du boulevard Jean-Jacques Dessalines. • 4. Le nettoyage des briques récupéréesAvis de l’ISPANPort-au-Prince, le 7 octobre 2010La Direction général de l’Institut de Sauvegarde duPatrimoine Nationale informe les habitants et usagersdu centre ville de Port-au-Prince, en général, et lespropriétaires de bâtiments anciens du centre historiquede cette ville que l’institut a entamé depuis le 16septembre dernier une vaste opération d’identificationdes bâtiments à valeur patrimoniale et historique dusecteur déclaré d’utilité publique par l’arrêté du 2 septembre2010 au centre-ville de Port-au-Prince. Sur lafaçade principale de ces bâtiments est apposé un sceauportant l’inscription : « BATIMENT HISTORIQUE • IS-PAN »Ce secteur est délimité, selon l’arrêté, au Sud, par larue Saint-Honoré, au <strong>No</strong>rd, par la rue des Césars, à l’Est,par la rue Cappoix et à l’Ouest par la mer. Il est soumis,depuis le 1er septembre 2010, sous la supervision duMinistère des Travaux Publics, à une campagne de démolitiondes édifices détruits ou fortement endommagéspar le séisme du 12 janvier 2010. Cette campagnes’accompagne également de l’enlèvement des gravatset rentre dans le cadre de la phase préliminaire de lareconstruction du centre-ville de la Capitale.La Direction générale de l’ISPAN• Un bâtiment ancien du centre historiquede Port-au-Prince scellé par l’ISPAN<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 18 • 1er novembre 2010 • 12• Photo : JB Millet / ISPAN • 2010

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