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Compte rendu du9 ème Congrès<strong>de</strong> l’AFSP<strong>bilan</strong> <strong>scientifique</strong> <strong>de</strong>s sessions,usage <strong>de</strong>s outils numériques5-7 septembre 2007IEP <strong>de</strong> ToulouseCongressistes et comité d’organisationà l’IEP <strong>de</strong> ToulouseInstants <strong>de</strong>congrès...Espaces congrès à la Manufacture <strong>de</strong>sTabacs <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Toulouse 1Hommage à René Rémond


Remise <strong>de</strong>s prixAFSP/Dogan dansla Sal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Illustres<strong>de</strong> l’Hôtel <strong>de</strong> Vil<strong>le</strong><strong>de</strong> ToulouseMatch <strong>de</strong> Rugby du Congrès et remise <strong>de</strong>s coupes au pot <strong>de</strong> l’amitiéDéjeuners dansla cour <strong>de</strong> laManufactureSéance <strong>de</strong> clôture etpassage <strong>de</strong> témoinentre Sciences PoToulouse et SciencesPo Grenob<strong>le</strong>


Bilan du Congrès <strong>de</strong> Toulouse...par Yves Déloye, Secrétaire général <strong>de</strong> l’AFSPQuelques semaines après la clôture du IXème Congrès <strong>de</strong> l’A.F.S.P., il est possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> proposer ànos adhérents et à nos partenaires institutionnels un premier <strong>bilan</strong> <strong>de</strong> ce Congrès. Ce livret é<strong>le</strong>ctroniquea été réalisé par l’équipe administrative <strong>de</strong> l’A.F.S.P. avec l’ai<strong>de</strong> précieuse et décisive <strong>de</strong>s collègues encharge <strong>de</strong> l’offre <strong>scientifique</strong> du Congrès.Avec près <strong>de</strong> 600 congressistes rassemblés pendant trois jours, on doit d’abord remercier fortementtoute l’équipe <strong>de</strong> Sciences Po Toulouse pour l’excel<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur organisation et la générosité <strong>de</strong> <strong>le</strong>uraccueil. Hébergé dans l’ancienne Manufacture <strong>de</strong>s Tabacs désormais propriété <strong>de</strong> l’Université Toulouse I,<strong>le</strong> Congrès y a trouvé <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures conditions pour proposer aux membres <strong>de</strong> l’A.F.S.P. un cadre propiceaux échanges intel<strong>le</strong>ctuels et aux rencontres humaines. De l’avis <strong>de</strong> tous, l’organisation du Congrès a étéplébiscitée. Ce n’est pas moins <strong>de</strong> 63 heures <strong>de</strong> présentations et <strong>de</strong> débats au sein <strong>de</strong>s six tab<strong>le</strong>s ron<strong>de</strong>s,36 heures <strong>de</strong> travail col<strong>le</strong>ctif au sein <strong>de</strong>s douze modu<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s sections d’étu<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>l’association et 66 heures <strong>de</strong> discussions, parfois controversées comme en témoignent <strong>le</strong>s <strong>bilan</strong>s que vouslirez ci-<strong>de</strong>ssous, au sein <strong>de</strong>s trente-trois ateliers du Congrès que nous aurons ainsi programmés en quelquesjours, juste avant une rentrée universitaire chargée pour <strong>le</strong>s uns et <strong>le</strong>s autres. En présence d’une forte délégationétrangère (plus <strong>de</strong> 15 % <strong>de</strong>s inscrits) et <strong>de</strong> collègues <strong>de</strong> l’A.P.S.A. - association invitée en 2007 -, cesdébats studieux ont d’ores et déjà permis la rédaction <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents papiers que vous retrouverezsur <strong>le</strong> site dédié au Congrès (www.congres-afsp.fr). Nombre d’entre eux trouveront un débouché éditorialdans <strong>le</strong>s mois à venir.Deux enseignements peuvent être d’ores et déjà tirés <strong>de</strong> cet événement. Le premier concerne <strong>le</strong>fait que la <strong>science</strong> politique, en tant que discipline <strong>de</strong> connaissance ouverte sur <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> qui nous entoure,sait parfaitement démontrer son utilité socia<strong>le</strong>. Derrière <strong>de</strong>s réf<strong>le</strong>xions méthodologiques parfois ardues,<strong>de</strong>s considérations théoriques étrangères au sens commun, <strong>de</strong>s controverses savantes diffici<strong>le</strong>s à décrypter,el<strong>le</strong> a su traiter <strong>de</strong>s petites et <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s questions au cœur du débat public et plus encore du <strong>de</strong>stin<strong>de</strong> nos sociétés politiques. Qu’il s’agisse <strong>de</strong> revenir déjà sur la séquence é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> française <strong>de</strong> 2007 ou<strong>de</strong> pointer l’importance <strong>de</strong>s humiliations et autres vio<strong>le</strong>nces symboliques dans <strong>le</strong>s relations internationa<strong>le</strong>s(et ce au moment même où ce thème s’invitait sur l’agenda diplomatique européen à Luxembourg), qu’ils’agisse <strong>de</strong> comprendre <strong>le</strong>s résistances multiformes qui affectent <strong>le</strong> processus d’intégration européenne àquelques mois d’une prési<strong>de</strong>nce française décisive ou d’analyser <strong>de</strong> manière critique <strong>le</strong>s effets <strong>de</strong> la médiatisationcroissante <strong>de</strong> notre vie politique (plus encore après la récente é<strong>le</strong>ction prési<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong> française)ou encore <strong>de</strong> réfléchir aux conditions d’exercice du gouvernement <strong>de</strong> sociétés indissociab<strong>le</strong>ment une etpluriel<strong>le</strong> du point <strong>de</strong> vue culturel, <strong>le</strong> Congrès <strong>de</strong> Toulouse atteste amp<strong>le</strong>ment du refus <strong>de</strong>s politistes français<strong>de</strong> s’enfermer dans <strong>le</strong>urs laboratoires, <strong>le</strong>urs bibliothèques ou autres tours d’ivoire. Et ce sans mélanger jamais<strong>le</strong>s genres entre <strong>le</strong> registre <strong>de</strong> l’expertise savante et celui du commentaire médiatique ou politique.L’importance <strong>de</strong> cette question conduira probab<strong>le</strong>ment l’A.F.S.P. à organiser dans <strong>le</strong> courant du printemps2008 une journée <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xions ad hoc sur cet engagement <strong>de</strong>s politistes dans <strong>le</strong> débat public et sur <strong>le</strong>senjeux épistémologiques qui s’attachent à cette tension ancienne entre <strong>le</strong> savant et <strong>le</strong> politique.Le second enseignement est éga<strong>le</strong>ment rassurant. Cette capacité renouvelée à s’intéresser auxquestions fortes du XXIe sièc<strong>le</strong> ne dispense pas notre discipline d’approfondir sa réf<strong>le</strong>xion méthodologique.Dimension fortement valorisée par <strong>le</strong>s appels à communication qui ont précédé la programmation <strong>de</strong>notre Congrès, la méthodologie a fait l’objet <strong>de</strong> nombreux débats tant dans <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>s ron<strong>de</strong>s, notammentcel<strong>le</strong> mise en œuvre conjointement avec l’A.P.S.A., que dans <strong>le</strong>s ateliers ou modu<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s sections d’étu<strong>de</strong>et groupes <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> l’association. Cette réf<strong>le</strong>xivité accrue ouvre à une prise en considération plus vaste<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux questionnements que notre association entend développer dans <strong>le</strong>s années à venir : approfondirl’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bonnes et <strong>de</strong>s mauvaises raisons d’une singularité française en matière <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>notre discipline et prendre acte <strong>de</strong>s transformations nécessaires dans nos programmes d’enseignement et<strong>de</strong> formation (notamment doctora<strong>le</strong> mais pas seu<strong>le</strong>ment) afin <strong>de</strong> comb<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s lacunes i<strong>de</strong>ntifiées mais aussid’affirmer <strong>le</strong>s différences épistémologiques que nous souhaitons défendre dans <strong>le</strong> concert <strong>de</strong>s <strong>science</strong>s socia<strong>le</strong>sdu politique. Notre Xème Congrès, organisé à Grenob<strong>le</strong> du 7 au 9 septembre 2009, sera notammentl’occasion d’un <strong>bilan</strong> plus systématique <strong>de</strong> nos forces et faib<strong>le</strong>sses dans <strong>le</strong> concert <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politiqueinternationa<strong>le</strong>.Vous trouverez successivement dans ce livret <strong>le</strong>s <strong>bilan</strong>s <strong>scientifique</strong>s <strong>de</strong>s tab<strong>le</strong>s ron<strong>de</strong>s,modu<strong>le</strong>s et ateliers transmis par <strong>le</strong>urs organisateurs à l’AFSP au 17 octobre 2007.


Bilan <strong>de</strong> la tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> 1Les métho<strong>de</strong>s en Science politique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés <strong>de</strong> l’AtlantiqueD’abord un grand merci à toutes et à tous d’avoir participé à cette tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong>, accepté <strong>de</strong>jouer <strong>le</strong> jeu, d’intervenir dans la discussion voire <strong>de</strong> présenter votre papier en anglais. Un merci toutparticulier à nos collègues américains qui ont accepté <strong>de</strong> traverser l’Atlantique à cette occasion, à nosdiscussant ( e )s, Sophie Duchesne, Marie-Claire Lavabre, Mathieu Brugidou, qui ont réussi à cadrer <strong>le</strong>sdébat et trouver <strong>de</strong>s fils directeurs structurant l’apparente hétérogénéité <strong>de</strong>s communications, à AndrewApp<strong>le</strong>ton, transco<strong>de</strong>ur improvisé et ô combien efficace. Grâce à vous cette rencontre a permis <strong>de</strong>dresser un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>s conceptions <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés <strong>de</strong> l’Atlantique et <strong>de</strong> fairedialoguer qualitativistes et quantitativistes.La tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> a permis d’abord <strong>de</strong> questionner <strong>le</strong>s frontières exactes entre « quali » et « quanti »,tant en sociologie politique que dans <strong>le</strong> secteur <strong>de</strong>s politiques publiques comme l’a montré YannickRumpala. Qu’est-ce qui au fond différencie ces <strong>de</strong>ux approches? Est ce <strong>le</strong> fait <strong>de</strong> compter, ceux « quicomptent » s’opposant à ceux qui « racontent »? Est-ce <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> cas ? L’usage <strong>de</strong>s maths, <strong>de</strong>sstats, <strong>de</strong> l’arithmétique ? Où caser <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s logiques comme ceux <strong>de</strong> Ragin, qui ne ‘comptent’ pasmais qui mettent un phénomène en équation en fonction <strong>de</strong> la présence ou absence <strong>de</strong> certainséléments et <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur combinaison ? Est-il légitime d’opposer survey research et entretiens compréhensifs,alors qu’on peut traiter <strong>de</strong>s réponses aux sondages <strong>de</strong> manière qualitative et faire <strong>de</strong> la <strong>le</strong>xicométrie sur<strong>de</strong>s textes d’entretiens ?Philippe Blanchard insiste sur la nécessité <strong>de</strong> dépasser cette opposition, Gary Goertz au contrairey voit <strong>de</strong>ux épistémologies, <strong>de</strong>ux conceptions différentes <strong>de</strong> la causalité. Les <strong>de</strong>ux ont raison chacun àsa manière. La séparation entre métho<strong>de</strong>s qualitatives et quantitatives apparaît beaucoup plusinstitutionnalisée aux Etats Unis qu’en France, renvoyant à <strong>de</strong>s départements universitaires et à <strong>de</strong>s filières<strong>de</strong> recrutement différents, représentées par <strong>de</strong>ux standing groups <strong>de</strong> méthodologie distincts à l’APSA.On y observe bien « two cultures », fondées sur <strong>de</strong>s épistémologies bien séparées. Mais <strong>le</strong> « quanti » étantprédominant aux Etats Unis, ceux qui ont plus d’affinités avec <strong>le</strong> « quali » ont une formation <strong>de</strong> base enquanti, ils savent lire une équation, une droite <strong>de</strong> régression, une factoriel<strong>le</strong>. Ce n’est pas <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> cecôté ci <strong>de</strong> l’Atlantique, où <strong>de</strong>s termes comme « OLS » ou « probit », on a pu <strong>le</strong> constater, n’évoquent rienà la majorité <strong>de</strong>s participants, où l’on accor<strong>de</strong> plus d‘importance à la position historique etphilosophique du problème qu’à sa mise en équation et son « mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> cuisson » méthodologique. Maisprécisément parce que l’approche qualitative est dominante, et la « survey research » rare, ceux quipratiquent cette <strong>de</strong>rnière l’envisagent généra<strong>le</strong>ment comme tout à fait complémentaire <strong>de</strong> la première« quali », comme l’illustrent <strong>le</strong>s communications d’Yves Schemeil sur la compétence politique, <strong>de</strong> PierreLefébure sur <strong>le</strong> rapport <strong>de</strong>s citoyens au référendum. Autrement dit <strong>le</strong> fait que la séparation entre ces<strong>de</strong>ux approches soit chez nous moins rigi<strong>de</strong> pourrait être un atout, comme <strong>le</strong> montrent en Europe <strong>le</strong>développement <strong>de</strong>s travaux « quali-quanti », alliant approches compréhensives et explicatives dans laperspective ouverte par Ragin et prolongée au sein du groupe méthodologique <strong>de</strong> Benoit Rihoux àl’ECPR (cf .son atelier pour la prochaine session <strong>de</strong> l’ECPR à Rennes en 2008, « Methodological Pluralism?Consolidating Political Science Methodology »).La tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> a éga<strong>le</strong>ment permis <strong>de</strong> s’interroger sur la nécessité <strong>de</strong> contextualiser <strong>le</strong>s données,dans <strong>le</strong> temps et dans l’espace. Comme <strong>le</strong> rappel<strong>le</strong> Rodolphe Gouin il y a <strong>de</strong> multip<strong>le</strong>s manières <strong>de</strong>définir et <strong>de</strong> prendre la mesure <strong>de</strong>s effets du temps, et <strong>le</strong>s avantages et <strong>le</strong>s limites <strong>de</strong> plusieurs métho<strong>de</strong>sont été confrontées. Il y a <strong>le</strong> moment <strong>de</strong> la décision é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>, traité <strong>de</strong> manière origina<strong>le</strong> par Janet Box-Steffensmeier à partir <strong>de</strong> modè<strong>le</strong>s épidémiologiques (survival analysis), <strong>le</strong> temps comme interval<strong>le</strong> entreé<strong>le</strong>ction décisive et é<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> second rang (Raoul Magni Berton), <strong>le</strong> temps biographique chez <strong>le</strong>smilitants d’AIDES modélisé sous forme <strong>de</strong> carrières par Philippe Blanchard et Olivier Fillieu<strong>le</strong> (Optimalmatching analysis ), <strong>le</strong> temps-évènement abordé par Jean Gabriel Contamin à propos <strong>de</strong>s pétitions,soulignant <strong>le</strong>s biais <strong>de</strong> la protest event analysis (PEA) et la manière <strong>de</strong> <strong>le</strong>s contourner. Mais il y a aussi <strong>le</strong>temps long <strong>de</strong> l’enquête, celui qu’on investit dans la relation enquêteur/enquêté, comme <strong>le</strong> font DjamelMermat dans son analyse du processus <strong>de</strong> ralliement <strong>de</strong>s militants au FN, A<strong>le</strong>xandra Oeser étudiant <strong>le</strong>rapport <strong>de</strong>s Al<strong>le</strong>mands au passé nazi. Tous <strong>de</strong>ux soulignent <strong>le</strong>s limites du « one shot » interview pour saisir<strong>le</strong>s sujets dans <strong>le</strong>urs contradictions, dans <strong>le</strong>urs évolutions, et dans <strong>le</strong>urs interactions.Un large débat s’est ouvert plus largement sur la notion <strong>de</strong> « contexte ». Au départ nous avions entête l’analysé écologique comme cel<strong>le</strong> proposée par Mattéi Dogan dans une approche origina<strong>le</strong>(décilisation) <strong>de</strong>s corrélations entre religion, classe et votes saisis au niveau <strong>de</strong>s cantons. Guillaume Rouxlui propose <strong>de</strong> saisir plutôt <strong>le</strong> contexte subjectif, la manière dont <strong>le</strong>s personnes interrogées ressententl’insécurité au niveau local et avec quels effets sur <strong>le</strong>ur choix é<strong>le</strong>ctoral. Mais <strong>le</strong> contexte peut être aussimanipulé par <strong>le</strong> chercheur pour tester l’effet <strong>de</strong> ses variab<strong>le</strong>s, dans ou hors laboratoire, comme dans <strong>le</strong>cadre <strong>de</strong>s expérimentations é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s présentées par Jean François Laslier, Nicolas Sauger et Karine


Van Der Straeten. Il peut renvoyer à l’échel<strong>le</strong> d’analyse, comme dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Geneviève Genicot,Delphine Deschaux Beaume et Séverine Germain sur <strong>le</strong>s réseaux d’acteurs, saisis au trip<strong>le</strong> niveau local,national et européeen. Enfin il peut s’agir d’un nouveau type <strong>de</strong> contexte, celui du Web, qui exige unradical changement <strong>de</strong> regard pour saisir <strong>le</strong>s relations entre acteurs et la dynamique <strong>de</strong>s opinions à lafois dans l’instant et dans la durée. Gary King propose une métho<strong>de</strong> origina<strong>le</strong> <strong>de</strong> codage automatiquepour inférer, à partir d’un échantillon <strong>de</strong> bloggeurs, <strong>le</strong>s opinion <strong>de</strong>s Américains envers George Bush.Tandis que Dario Colazzo, François Xavier Dudouet, Iona Mano<strong>le</strong>scu, Benjamin Nguyen, Pierre Senellart etAntoine Vion, proposent une analyse <strong>de</strong> réseau sophistiquée pour traiter <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> donnéesrelationnel<strong>le</strong>s (en l’occurrence <strong>de</strong>s mailing lists).Beaucoup <strong>de</strong> questions ont été posées, beaucoup <strong>de</strong> pistes ouvertes au cours <strong>de</strong> ces trois jours.Le petit schéma <strong>de</strong> Mathieu Brugidou résume uti<strong>le</strong>ment partie <strong>de</strong> ces débats (voir infra). Et s’il n’est pas<strong>de</strong> métho<strong>de</strong> qui puisse être dissociée <strong>de</strong> sa mise en oeuvre, la tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> est un succès, parce que tous<strong>le</strong>s participant( e) s ont joué <strong>le</strong> jeu, mis à plat <strong>le</strong>urs recettes et <strong>le</strong>urs résultats. Nous espérons qu’el<strong>le</strong> serasuivie <strong>de</strong> beaucoup d’autres.Outcome of Round Tab<strong>le</strong> 1The Methods of Political Science on both si<strong>de</strong>s of the AtlanticFirst many thanks to you all for participating in this round tab<strong>le</strong>, accepting to play the game, takepart in the discussion, many of the French participants making the effort of presenting their paper inEnglish. A special thank to our American col<strong>le</strong>agues who accepted to cross the Ocean on this occasion,to our discussants, Sophie Duchesne, Marie-Claire Lavabre, Mathieu Brugidou, who managed to framethe <strong>de</strong>bates and find common threads running through the presentations in spite of their apparentheterogeneity, to Andrew App<strong>le</strong>ton, improvised but how efficient a transco<strong>de</strong>r. Thanks to you thismeeting allowed us to make an inventory of methods on both si<strong>de</strong>s of the Atlantic and start a dialoguebetween qualitativists et quantitativists.The round tab<strong>le</strong> enab<strong>le</strong>d us first to question the exact bor<strong>de</strong>rs between « quali » et « quanti », inpolitical sociology as well as in the public policies field, as shown by Yannick Rumpala. What basicallydifferentiates these two approaches? Is it the fact of counting, those « who count » opposing those who« give account »(sounds better in French, “compter” vs “raconter”)? Is it the number of cases ? The use ofmathematics, statistics, arithmetic? Where should one put the logical mo<strong>de</strong>ls such as Ragin’s, which donot « count » but put a phenomenon into an equation in relation to the presence or absence of certaine<strong>le</strong>ments, and the way they combine ? Is it <strong>le</strong>gitimate to oppose survey research and comprehensiveinterviews, when one can <strong>de</strong>al with survey answers with qualitative methods and do <strong>le</strong>xicometric analysison the text of the interviews?Philippe Blanchard insists on the necessity to go beyond this opposition, Gary Goertz on thecontrary sees two distinct epistemologies, two different conceptions of causality. Both are right in theirown way. The divi<strong>de</strong> between qualitative and quantitative methods appears far more institutionalized inthe States than in France, embodied in distinct aca<strong>de</strong>mic <strong>de</strong>partments and recruitment procedures,represented by two different methodological standing groups at APSA. One finds there in<strong>de</strong>ed « twocultures », foun<strong>de</strong>d on different epistemological grounds. But « quanti » is predominant in the States, thosewho feel closer to « quali » methods have a basic formation in quanti, they know how to read anequation, a regression line, a factor analysis. It’s not, as we saw, the case on this si<strong>de</strong> of the Atlantic,where terms such as OLS » or « probit » don’t ring a bell for the majority of participants, where one givesmore importance to the historical and philosophical positioning of a prob<strong>le</strong>m than to the way to put itinto an equation and its methodological «cooking process ». But precisely because the qualitativeapproach is dominant here, and « survey research » rare, those who do it usually see it as quitecomp<strong>le</strong>mentary to the first, as shown in the papers of Yves Schemeil about political sophistication, ofPierre Lefébure on the relation of ordinary citizens to referenda. In other words, the fact that the divi<strong>de</strong>between these two approaches is <strong>le</strong>ss rigid here could be an asset, as shown by the <strong>de</strong>velopment inEurope of « quali-quanti » studies, combining comprehensive and explicative approaches in theperspective opened by Char<strong>le</strong>s Ragin and pursued in the methodological group of Benoît Rihoux and hiscol<strong>le</strong>agues at ECPR (cf .his workshop schedu<strong>le</strong>d for the next ECPR session in Rennes in 2008,« Methodological Pluralism? Consolidating Political Science Methodology »).The round tab<strong>le</strong> also allowed us to think about the necessary contextualisation of data, in timeand space. As Rodolphe Gouin reminds us there are many ways to <strong>de</strong>fine and measure the effects oftime, and the advantages and limitations of several methods were compared. There is the timing of thee<strong>le</strong>ctoral <strong>de</strong>cision, tack<strong>le</strong>d by Janet Box-Steffensmeier in an original way inspired by epi<strong>de</strong>miological


mo<strong>de</strong>ls (survival analysis), the time as interval between a first and a second or<strong>de</strong>r e<strong>le</strong>ction (Raoul MagniBerton), biographical time among AIDES’s activists, mo<strong>de</strong>lised as career sequences by Pilippe Blanchardand Olivier Fillieu<strong>le</strong> (Optimal matching analysis ), time-event studied by Jean-Gabriel Contamin’s workon petitions outlining the biases of protest event analysis (PEA) and the way to get round them. But alsothe time of the survey, in the long run, the time spent in the relation between interviewer andinterviewee, as Djamel Mermat in his analysis of activists in the their process of rallying the National Front,or A<strong>le</strong>xandra Oeser studying how German relate to the Nazi past. Both insist on the limits of the « oneshot » interview to pour grasp the subjects with their contradictions, their evolutions, and their interactions.A large <strong>de</strong>bate opened more generally on the very notion of « context ». At the beginning wehad in mind ecological analysis, as the one proposed by Mattéi Dogan in an original approach(<strong>de</strong>cilization) of correlations between religion, class and votes measured at the <strong>le</strong>vel of the ‘cantons”. Asfor Guillaume Roux he suggested instead to take into account the subjective context, the way thepeop<strong>le</strong> interviewed feel about insecurity at the local <strong>le</strong>vel and with what effect on their e<strong>le</strong>ctoral choice.But the context can also be manipulated by the researcher in or<strong>de</strong>r to test the effect of the variab<strong>le</strong>s, inor out the laboratory, as for the e<strong>le</strong>ctoral experimentations presented by Jean François Laslier, NicolasSauger and Karine Van Der Straeten. The context can also refer to the sca<strong>le</strong> of analysis as in the study byGeneviève Genicot, Delphine Deschaux Beaume and Séverine Germain on networks of actors, observedat three different <strong>le</strong>vels –local, national and European. Lastly it an be a new type of context, the Web,asking for a radical change of perspective to grasp the relations between actors and the dynamic ofopinions, both in the instant and in the long run. Gary King proposes an original method of automaticcoding to infer, from a samp<strong>le</strong> of bloggers, the way Americans feel about George Bush. Whi<strong>le</strong> DarioColazzo, François Xavier Dudouet, Iona Mano<strong>le</strong>scu, Benjamin Nguyen, Pierre Senellart and Antoine Vion,propose a sophisticated network analysis to <strong>de</strong>al with relational data bases (actually mailing lists).Many questions were asked, many research tracks opened during these three days. MathieuBrugidou’s litt<strong>le</strong> graph gives us a suggestive con<strong>de</strong>nsed presentation of part of our <strong>de</strong>bates (seer infra).And if no method can be dissociated from its imp<strong>le</strong>mentation, the round tab<strong>le</strong> was a success, for allparticipants played the game fairly, disclosing their recipes and their results. We hope it will be followedby many others.


Bilan <strong>de</strong> la tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> 3Etats démocratiques et reconnaissances <strong>de</strong> la diversité.Analyse comparée du renouvel<strong>le</strong>ment du pluralisme politiqueComme l'indiquait <strong>le</strong> texte <strong>de</strong> l'appel à propositions, <strong>le</strong> but <strong>de</strong> cette tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> n'était pas <strong>de</strong> sefocaliser sur la nature et la signification <strong>de</strong>s discours publics <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> la diversité quiabon<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>puis plus ou moins longtemps en France et en Europe. Il s'agissait plutôt, dans l'esprit <strong>de</strong>sorganisateurs, d'examiner comment un ensemb<strong>le</strong>, lui-même disparate, <strong>de</strong> différences longtempsconsidérées, notamment en France, comme non politiques, ou bien politiquement illégitimes,<strong>de</strong>venaient au contraire pertinentes pour <strong>de</strong> nombreux acteurs engagés dans <strong>le</strong>s mécanismes <strong>de</strong>mobilisation et <strong>de</strong> représentation, <strong>de</strong> définition et <strong>de</strong> mise en oeuvre <strong>de</strong> l'action publique, <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xionnormative sur <strong>le</strong>s fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la communauté politique, qui sont à l'œuvre dans <strong>le</strong>s démocratiescontemporaines. Autrement dit, la question posée n'impliquait ni <strong>de</strong> poursuivre <strong>le</strong> débat sans fin sur la"réalité" <strong>de</strong>s appellations, <strong>de</strong>s groupes et <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités concernées, ni <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> débusquer <strong>le</strong>s"fonctions" supposées <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs reconnaissances, mais d'analyser <strong>le</strong>s formes et <strong>le</strong>s enjeux <strong>de</strong> la référence àla diversité au regard <strong>de</strong>s processus qui retiennent classiquement l'attention <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politiquedécryptant <strong>le</strong> fonctionnement <strong>de</strong>s Etats pluralistes.La première session, intitulée "médiations politiques et politiques <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité", a permis <strong>de</strong> confronterdifférents mo<strong>de</strong> d'expression <strong>de</strong> la diversité ethno-culturel<strong>le</strong> et <strong>de</strong> la différence <strong>de</strong> genre dans <strong>le</strong>smobilisations nationalistes et <strong>le</strong>s luttes é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s. Les terrains représentés par <strong>le</strong>s différentescommunications étaient variés (Espagne, France, Canada, Belgique, Mexique et Bolivie), et el<strong>le</strong>s se sontparticulièrement, bien qu'à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés variab<strong>le</strong>s, intéressées à la manière dont <strong>le</strong>s partis politiquesdéfinissent et re-définissent <strong>le</strong> sens <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur action en durcissant certaines i<strong>de</strong>ntités tout en étant conduits,selon <strong>le</strong>s contextes, à minimiser l'impact éventuel<strong>le</strong>ment négatif <strong>de</strong> la diversité sur <strong>le</strong>ur prétention àreprésenter l'ensemb<strong>le</strong> d'une population donnée. La <strong>de</strong>uxième session ("Institutions, action publique ettraitement politique <strong>de</strong> la 'diversité'") a éga<strong>le</strong>ment exploré une vaste gamme <strong>de</strong> terrains et un ensemb<strong>le</strong><strong>de</strong> situations dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s l'action publique affronte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s publics pluriels, et construitel<strong>le</strong>-même en partie <strong>le</strong>s contours <strong>de</strong> ces publics par l'intermédiaire <strong>de</strong>s catégorisations pratiques,explicites et implicites, utilisées par <strong>le</strong>s acteurs concernés. Lors <strong>de</strong> la troisième session, consacrée aux"controverses du multiculturalisme: di<strong>le</strong>mmes théoriques et contextes nationaux", <strong>le</strong>s intervenant(e)s ont,d'une part, mis l'accent sur <strong>le</strong>s conflits entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s faites au nom du respect ou <strong>de</strong> la protection<strong>de</strong> groupes ou <strong>de</strong> va<strong>le</strong>urs diverses, et, d'autre part, sur la gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong>s constructions théoriques quirevisitent <strong>le</strong> pluralisme démocratique, très loin <strong>de</strong> la réduction trop fréquente dans <strong>le</strong>s débats français"du" multiculturalisme "au" communautarisme.De manière transversa<strong>le</strong>, au travers <strong>de</strong>s communications et <strong>de</strong>s débats souvent nourris qu'el<strong>le</strong>s ontsuscités, on a ainsi pu distinguer trois dimensions imbriquées <strong>de</strong> la reconnaissance <strong>de</strong> la diversité que l'onpeut retrouver dans une pluralité <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> figure: cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong>s situations, cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>sressources et contraintes <strong>de</strong> l'action, et, sur <strong>le</strong> plan normatif, cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la valorisation contradictoire <strong>de</strong>sdifférences "dignes <strong>de</strong> respect" (pour paraphraser Char<strong>le</strong>s Taylor); contradictions théoriquesgénéra<strong>le</strong>ment prolongées par <strong>de</strong>s di<strong>le</strong>mmes pratiques."Reconnaître" la diversité, c'est d'abord définir <strong>le</strong>s sphères d'action et <strong>le</strong>s problèmes à traiter par <strong>de</strong>sacteurs politiques dont <strong>le</strong> système <strong>de</strong> pertinences (au sens d'Alfred Schütz) tient compte <strong>de</strong>caractéristiques (culturel<strong>le</strong>s, ethno-racia<strong>le</strong>s, <strong>de</strong> genre, etc..) qui ont plutôt tendance à s'ajouter ou às'entremê<strong>le</strong>r qu'à se substituer aux clivages socio-économiques. Dans ce registre, plusieurscommunications ont mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>le</strong> balancement entre l'explicitation et l'euphémisation <strong>de</strong>sreprésentations qui orientent l'action, notamment dans <strong>le</strong>s discours <strong>de</strong> légitimation. Par exemp<strong>le</strong>,l'euphémisation <strong>de</strong> l'objectif <strong>de</strong> promotion d'un groupe d'individus donné apparaît parfois comme l'une<strong>de</strong>s conditions favorab<strong>le</strong>s à la mise en place <strong>de</strong> dispositifs <strong>de</strong> "discrimination positive". Les partisnationalistes qui mobilisent au nom <strong>de</strong> différences culturel<strong>le</strong>s, qu'ils participent à durcir, peuvent êtreaussi amenés à définir la communauté qu'ils préten<strong>de</strong>nt gouverner en brandissant moins la culture quidistingue que <strong>le</strong> territoire qui rassemb<strong>le</strong>. Par ail<strong>le</strong>urs, la tonalité <strong>de</strong> la tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> a pris <strong>de</strong>s distancesavec l'idée souvent émise, en France, que <strong>le</strong>s reconnaissances publiques <strong>de</strong> la diversité ne seraientqu'un effet d'imitation, voire d'imposition, d'un "air du temps multiculturaliste" à forte connotation anglosaxonne.D'une part, il a été rappelé que, au moins sous une forme implicite, <strong>le</strong>s pratiques politicoadministrativesinspirées par <strong>de</strong>s classements <strong>de</strong> type ethno-culturels étaient loin d'être nouvel<strong>le</strong>s dans unpays aussi publiquement rétif aux philosophies multiculturalistes que la France… D'autre part, à un tout


autre niveau, il est possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> montrer par exemp<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s procédés <strong>de</strong> médiation, mis en œuvre dans<strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> conflits vio<strong>le</strong>nts et fondés sur la reconnaissance <strong>de</strong>s différences, s'enracinent dans <strong>de</strong>sexpériences et <strong>de</strong>s univers <strong>de</strong> sens qui doivent davantage à la socialisation religieuse qu'à l'empire dumulticulturalisme.Ces cadres d'interprétation, insistant plus ou moins ouvertement et avec plus ou moins d'intensité sur <strong>le</strong>s"faits différentiels" divisant <strong>le</strong>s configurations socia<strong>le</strong>s pertinentes pour <strong>le</strong>s acteurs politiques, doivent êtreanalysés comme <strong>de</strong>s ressources et <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> l'action. Dans <strong>le</strong> courant <strong>de</strong>s luttes politiquescomme dans <strong>le</strong>ur utilisation au service <strong>de</strong> l'efficacité <strong>de</strong> l'action publique, <strong>le</strong>s acteurs individuels etcol<strong>le</strong>ctifs s'approprient et invoquent <strong>le</strong>s différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> la diversité au service <strong>de</strong>fins multip<strong>le</strong>s. Comme <strong>le</strong> montre l'exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong>s obligations léga<strong>le</strong>s issues <strong>de</strong>s textessur la parité en France, ces contraintes peuvent <strong>de</strong>venir el<strong>le</strong>s-mêmes <strong>de</strong>s ressources produisant <strong>de</strong>s effetsinattendus au sein <strong>de</strong>s formations partisanes et sur la sé<strong>le</strong>ction du personnel politique. A un autre niveau,<strong>le</strong>s transformations institutionnel<strong>le</strong>s justifiées par une meil<strong>le</strong>ure reconnaissance <strong>de</strong> la diversité (comme <strong>le</strong>sréformes <strong>de</strong> la "dévolution" britannique) peuvent créer <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s opportunités pour <strong>de</strong>s groupesd'acteurs jusque-là écartés <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> décision politique. Plusieurs communications ont éga<strong>le</strong>mentinsisté sur <strong>le</strong> fait que <strong>de</strong>s acteurs légitimant <strong>le</strong>urs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s au nom <strong>de</strong>s différences qu'ils enten<strong>de</strong>ntincarner (par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s partis nationalistes réclamant une décentralisation du pouvoir pour <strong>de</strong>s motifsi<strong>de</strong>ntitaires) se trouvent eux-mêmes contraints d'ajuster <strong>le</strong>ur stratégie à d'autres formes, gênantes poureux, <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> la diversité (comme la présence <strong>de</strong> "cultures" immigrées au sein <strong>de</strong> lapopulation <strong>de</strong> référence, ou bien, plus globa<strong>le</strong>ment, <strong>de</strong> groupes minoritaires au sein <strong>de</strong> la minorité).Potentiel<strong>le</strong>ment contradictoires entre el<strong>le</strong>s en ce qui concerne <strong>le</strong>s intérêts <strong>de</strong>s acteurs, <strong>le</strong>s différentes<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> la diversité ne doivent donc pas être rassemblées dans une sorte <strong>de</strong>"front commun" contre <strong>le</strong>s structures et <strong>le</strong>s procédures classiques <strong>de</strong>s Etats démocratiques.Ces contradictions <strong>de</strong> "la diversité dans la diversité" ont été éga<strong>le</strong>ment au cœur <strong>de</strong>s réf<strong>le</strong>xionsnormatives sur <strong>le</strong>s différentes conceptions s'inscrivant (ou considérées comme s'inscrivant) dans <strong>le</strong>scourants philosophiques multiculturaliste et communautariste et qui sont constamment bousculées par<strong>le</strong>s di<strong>le</strong>mmes pratiques que doivent affronter <strong>le</strong>s déci<strong>de</strong>urs et <strong>le</strong>s revendications politiques. A titred'illustration, l'articulation entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s féministes, religieuses, liées à l'immigration, etc., quis'expriment dans <strong>le</strong> contexte canadien (très bien représenté dans la tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> au cours <strong>de</strong>s troissessions), pose <strong>de</strong>s problèmes théoriques nourrissant <strong>le</strong>s controverses entre <strong>le</strong>s auteurs, essentiel<strong>le</strong>mentanglo-saxons, que l'on peut rattacher à ces courants <strong>de</strong> pensée. On s'est particulièrement intéressé à lamanière dont, sur <strong>le</strong> terrain, <strong>le</strong>s groupes en lutte pour la reconnaissance <strong>de</strong> certains spécificitésculturel<strong>le</strong>s, ou <strong>le</strong> refus <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur reconnaissance (comme dans <strong>le</strong> cas d'associations féministes repoussantcertains accommo<strong>de</strong>ments juridiques réclamés par <strong>de</strong>s <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rs musulmans), alimentent et reconfigurentces débats théoriques tout en tirant parti, avec <strong>de</strong>s chances <strong>de</strong> succès inéga<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>s cadresinstitutionnels, <strong>de</strong>s contextes locaux et <strong>de</strong>s opportunités politiques <strong>de</strong> l'action col<strong>le</strong>ctive. On s'est aussiinterrogé sur la manière dont un débat franco-français tel que <strong>le</strong> "port du voi<strong>le</strong>" pouvait être enrichi à lalumière <strong>de</strong> ces expériences théoriques et empiriques.L'une <strong>de</strong>s pistes <strong>le</strong>s plus prometteuses émergeant <strong>de</strong>s interventions et <strong>de</strong>s discussions autour <strong>de</strong> ces troisdimensions <strong>de</strong>s reconnaissances <strong>de</strong> la diversité aura été la remise en question d'une opposition que <strong>de</strong>grands auteurs ont estimé cardina<strong>le</strong> pour déterminer <strong>le</strong> type <strong>de</strong> diversité compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> pluralismedémocratique: cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités prescrites d'un côté et <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntité choisies <strong>de</strong> l'autre, pour reprendre<strong>le</strong>s mots <strong>de</strong> Jean Leca. Or, il est loin d'être évi<strong>de</strong>nt que l'affirmation, la mobilisation et la gestion politique<strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> type religieuse ou ethno-culturel<strong>le</strong>s puissent être aussi faci<strong>le</strong>ment distinguées <strong>de</strong> cel<strong>le</strong>srelatives aux variab<strong>le</strong>s idéologiques ou socio-économiques. Cette observation <strong>de</strong> fond rejoint uneobservation <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>. Quand <strong>le</strong> regard à vocation savante sur ces domaines échappe à latendance à l'ultra-spécialisation <strong>de</strong>s spécialistes du "genre", <strong>de</strong> "l'ethnie" ou <strong>de</strong> la "nation", on s'aperçoitque ces phénomènes peuvent être autrement, et plus complètement, éclairés par <strong>le</strong> recours aux outilsgénéraux <strong>de</strong> la sociologie <strong>de</strong>s mobilisations, ou <strong>de</strong> l'analyse <strong>de</strong>s politiques publiques, par exemp<strong>le</strong>. Ilsapparaissent alors aussi moins problématiques, ou dérangeants, vis-à-vis <strong>de</strong>s requêtes <strong>de</strong> l'Etatdémocratique et du pluralisme politique. Cette perspective élargie multipliant <strong>le</strong>s ang<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s terrains <strong>de</strong>la comparaison fait encore ressortir que <strong>le</strong> cas français, spontanément privilégié par <strong>le</strong>s politistes euxmêmesfrançais, est fina<strong>le</strong>ment beaucoup moins exceptionnel qu'on ne <strong>le</strong> croit bien souvent.


Bilan <strong>de</strong> la tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> 4Médiatisation(s) du politique. Regards croisés, regards comparésEn trois jours et treize communications sé<strong>le</strong>ctionnées parmi une quarantaine <strong>de</strong> ropositions reçues, cetteTab<strong>le</strong>-Ron<strong>de</strong> aura permis d’abor<strong>de</strong>r cette question <strong>de</strong> la médiatisation du politique (à savoir <strong>le</strong>s rapports<strong>de</strong>s phénomènes, <strong>de</strong>s institutions et <strong>de</strong>s acteurs politiques à <strong>le</strong>ur publicisation) à partir <strong>de</strong> cinq grandsthèmes. Les évolutions historiques et comparées du journalisme politique. Thème qui est au cœur <strong>de</strong>sdiscussions <strong>scientifique</strong>s internationa<strong>le</strong>s en matière <strong>de</strong> journalisme. La question, plus classique, du rapport <strong>de</strong>s journalistes à <strong>le</strong>urs sources aura donné lieu à <strong>de</strong>sapproches et <strong>de</strong>s présentations innovantes. Tant empiriquement que théoriquement. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s campagnes é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s et du rô<strong>le</strong> qui jouent <strong>le</strong>s entreprises <strong>de</strong> média et <strong>le</strong>s journalistes Les effets <strong>de</strong> la médiatisation sur <strong>le</strong> personnel politique, <strong>le</strong>s groupes militants mais aussi <strong>le</strong>sadministrations. Question el<strong>le</strong> aussi ancienne qui aura trouvé, à l’occasion <strong>de</strong> cette Tab<strong>le</strong> Ron<strong>de</strong>, <strong>de</strong>séléments <strong>de</strong> réponse originaux invitant à une reformulation <strong>de</strong> cette problématique. La construction <strong>de</strong>s causes et <strong>de</strong>s problèmes publicsPar <strong>de</strong>là ces questionnements transversaux, <strong>le</strong>s communications présentées rassemblaient un certainnombre <strong>de</strong> caractéristiques qu’il convient <strong>de</strong> souligner: Il s’agissait <strong>de</strong> travaux empiriques fondés sur <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s enquêtes <strong>de</strong> terrain. Près <strong>de</strong>s 2/3 <strong>de</strong>s communications étaient l’œuvre <strong>de</strong> jeunes chercheurs présentant <strong>de</strong>s résultatsissus <strong>de</strong> thèses en voie d’achèvement ou tout juste terminées Certaines <strong>de</strong>s contributions émanaient <strong>de</strong> chercheurs ayant accepté <strong>de</strong> réinterroger <strong>le</strong>urs objets(partis politiques, mouvements sociaux) à la lumière du questionnement <strong>de</strong> la Tab<strong>le</strong> Ron<strong>de</strong>. Laposition, moins confortab<strong>le</strong>, qui était la <strong>le</strong>ur fut aussi la source <strong>de</strong> discussions plus fructueuses quecel<strong>le</strong>s auquel aurait donné lieu un entre-soi <strong>de</strong>s spécialistes du journalisme.Ces traits saillants sont révélateurs, à la fois, <strong>de</strong> l’état actuel <strong>de</strong> la recherche sur journalisme en <strong>science</strong>politique et <strong>de</strong> l’invite (qui était au cœur <strong>de</strong> l’appel à communications) à élargir <strong>le</strong> cerc<strong>le</strong> <strong>de</strong> ceux queces questionnements mobilisent.Le choix <strong>de</strong> limiter <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong> contributions a permis <strong>de</strong> libérer du temps pour <strong>le</strong>s échanges avec lasal<strong>le</strong> et une gran<strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s discussions thématiques autour <strong>de</strong>s synthèses et perspectives <strong>de</strong>sdiscutants : Patrick Champagne, Frédérique Matonti et Brigitte Le Grignou.Au total, il ressort <strong>de</strong> ces trois <strong>de</strong>mi-journées un certain renouvel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s portant sur <strong>le</strong>journalisme et la communication politiques : Sur la question <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> la médiatisation : <strong>de</strong> dépolitisation ou, au contraire, <strong>de</strong> politisation(cas <strong>de</strong>s artistes hollywoodiens) mais aussi effets sur l’action publique. Sur la question <strong>de</strong>s usages <strong>de</strong>s médias par <strong>le</strong>s agents sociaux Sur <strong>le</strong> caractère instab<strong>le</strong> et parfois ambiva<strong>le</strong>nt <strong>de</strong> ces effets que la finesse empirique <strong>de</strong>s travauxprésentés permettait <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nceLes organisateurs ne peuvent qu’exprimer trois regrets ou, plutôt, inviter à <strong>de</strong> nouveaux chantiers<strong>scientifique</strong>s : d’abord, il conviendrait <strong>de</strong> réévaluer l’importance <strong>de</strong> certains facteurs (rô<strong>le</strong> croissant <strong>de</strong>sIEP et <strong>de</strong>s éco<strong>le</strong>s <strong>de</strong> journalisme dans la formation, féminisation <strong>de</strong> la profession, inégalités croissantes <strong>de</strong>statuts et <strong>de</strong> revenus parmi <strong>le</strong>s titulaires <strong>de</strong> la carte…) pour rendre compte <strong>de</strong>s transformations <strong>le</strong>s plusrécentes ; ensuite, on gagnerait à s’ouvrir moins timi<strong>de</strong>ment à certaines problématiques parfois déjàclassiques sur <strong>le</strong>s campus anglo-américains (public journalism, audience studies, technological skills,queer and gen<strong>de</strong>r studies…) mais aussi enfin à <strong>de</strong>s objets sans doute plus « mo<strong>de</strong>stes » mais peut êtreplus influents que la seu<strong>le</strong> presse quotidienne nationa<strong>le</strong> (dont la presse gratuite, la talk-radio ou <strong>le</strong>s talkshows)Au sortir <strong>de</strong> ces trois sessions productives, la publication <strong>de</strong>s actes est d’ores et déjà amorcée.


Bilan <strong>de</strong> la tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> 5Les résistances à l’intégration européenneSession 1 - L’intégration européenne et la question <strong>de</strong> la légitimité politiqueL’objectif <strong>de</strong> la session était d’analyser comment <strong>le</strong>s conceptions <strong>de</strong> la légitimité ont été, dès <strong>le</strong> débutdu processus d’intégration européenne, bousculées par une ‘métho<strong>de</strong> communautaire’ qui <strong>de</strong>vait peuaux doctrines classiques <strong>de</strong> gouvernement. Les contributions – basées sur <strong>de</strong>s méthodologies et <strong>de</strong>sapproches très diverses – ont montré qu’il était crucial <strong>de</strong> s’intéresser à l’échange permanent entrediscours intel<strong>le</strong>ctuel et mobilisation politique, dans la mesure où <strong>le</strong>s réactions suscitées par <strong>le</strong> procès <strong>de</strong>changement social interagissent avec l’analyse politique.Justine Lacroix s’est intéressée tout particulièrement à la question du lieu dans la pensée politiquefrançaise, comme élément <strong>de</strong> contestation du processus d’intégration européenne. El<strong>le</strong> montre que l’onpeut discerner <strong>de</strong>ux courants intel<strong>le</strong>ctuels distincts dont <strong>le</strong>s critiques se révè<strong>le</strong>nt diamétra<strong>le</strong>mentopposées : selon une première perspective, <strong>le</strong> « problème européen » serait d’abord celui <strong>de</strong> sonabsence d’incarnation, qui se traduit aussi par son absence <strong>de</strong> frontières ; une secon<strong>de</strong> perspective,développée notamment au sein <strong>de</strong> la gauche radica<strong>le</strong>, envisage l’Europe comme un espace où auraitpu s’opérer une démocratisation et une relativisation <strong>de</strong>s frontières, et déplore qu’el<strong>le</strong> ne <strong>le</strong> soit pas. Dece point <strong>de</strong> vue, l’Europe souffre non pas d’une absence <strong>de</strong> frontières mais d’un excès.Dans une approche épistémologique proche, Florence Delmotte s’intéresse el<strong>le</strong> aussi à l’apparition, àcôté <strong>de</strong> l’opposition « souverainiste » à l’intégration européenne, d’une critique « <strong>de</strong> gauche » quientend dénoncer <strong>le</strong> caractère par trop libéral <strong>de</strong> l’approfondissement <strong>de</strong> l’union politique sans enrécuser <strong>le</strong> principe. Selon el<strong>le</strong>, cette distinction n’épuise cependant pas <strong>le</strong> problème <strong>de</strong>s résistances àl’Europe, puisqu’el<strong>le</strong> ignore un phénomène plus diffus : la faib<strong>le</strong>sse du sentiment d’i<strong>de</strong>ntification ou <strong>de</strong> lacon<strong>science</strong> d’appartenance à l’Union dans <strong>le</strong> chef d’une partie <strong>de</strong>s citoyens cohabitant à l’intérieur <strong>de</strong>ses frontières. Pour appréhen<strong>de</strong>r ce phénomène, Florence Delmotte fait appel à la sociologie historique<strong>de</strong>s classiques – Marx, Durkheim, Weber, Simmel – et invoque tout particulièrement <strong>le</strong>s travaux <strong>de</strong> NorbertElias.Vivien Schmidt propose une approche quelque peu différente du problème <strong>de</strong>s résistances à l’Europe.En se basant sur une <strong>le</strong>cture « néo-institutionnaliste discursive », el<strong>le</strong> analyse <strong>le</strong>s contrastes qui existentdans <strong>le</strong>s réponses apportées par <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s politiques britanniques et français à l’européanisation<strong>de</strong> <strong>le</strong>urs systèmes politiques respectifs. El<strong>le</strong> souligne <strong>le</strong>s convergences et divergences, et montre quel’Union européenne, régime politique ‘très composé’ dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> pouvoir est dispersé entre <strong>de</strong>multip<strong>le</strong>s autorités, a <strong>de</strong>s effets beaucoup plus perturbateurs dans <strong>de</strong>s régimes politiques ‘simp<strong>le</strong>s’ telsque <strong>le</strong> Royaume-Uni et la France, que dans <strong>de</strong>s régimes eux aussi ‘composés’ tels que l’Al<strong>le</strong>magne etl’Italie. Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gouvernement <strong>de</strong> l’Union contraste aussi fortement avec la conception <strong>de</strong> ladémocratie qui a cours au Royaume-Uni et en France. Enfin, Vivien Schmidt souligne l’incapacité (ou <strong>le</strong>refus) <strong>de</strong>s <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rs politiques britanniques et français d’élaborer un discours <strong>de</strong> communication sur l’Unionà <strong>de</strong>stination du grand public, notamment par la crainte <strong>de</strong> contribuer ainsi à la légitimer.Bruno Cautrès et Nicolas Monceau envisagent la question <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité européenne et du sentimentd’appartenance sous un ang<strong>le</strong> tout autre, mais avec <strong>de</strong>s conclusions complémentaires. Ils utilisent <strong>le</strong>sperceptions par <strong>le</strong>s citoyens européens <strong>de</strong> la candidature turque à l’entrée dans l’Union européenne –particulièrement bien documentée par <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s d’opinion – comme révélateur <strong>de</strong>s décalages existantentre <strong>le</strong>s décisions <strong>de</strong>s élites politiques et <strong>le</strong>s aspirations <strong>de</strong>s citoyens. Dans <strong>le</strong>ur contribution, ils mettent enévi<strong>de</strong>nce <strong>le</strong>s éléments explicatifs <strong>de</strong> l’hostilité <strong>de</strong>s citoyens européens face à la candidature turque, etmontrent que l’euroscepticisme croît éga<strong>le</strong>ment en Turquie. Ils insistent notamment – comme <strong>le</strong> faitVivien Schmidt – sur <strong>le</strong> poids <strong>de</strong>s contextes nationaux dans la formation <strong>de</strong>s opinions sur ce dossier etanalysent <strong>le</strong>s convergences et divergences européennes en la matière.Coordinateurs : MAGNETTE Paul, Université Libre <strong>de</strong> Bruxel<strong>le</strong>s & COSTA Olivier, SPIRIT - IEP <strong>de</strong>Bor<strong>de</strong>auxDiscutant : DELOYE Yves, Université Paris ILACROIX Justine, Université Libre <strong>de</strong> Bruxel<strong>le</strong>sL’Europe bor<strong>de</strong>rline. Frontières et territoire dans <strong>le</strong>s oppositions intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s françaises auprocès d’intégration européenneDELMOTTE Florence, Université Libre <strong>de</strong> Bruxel<strong>le</strong>s


La légitimité <strong>de</strong> l’Union européenne, une affaire <strong>de</strong> « bons sentiments » ? Réf<strong>le</strong>xions sur laquestion <strong>de</strong> l’appartenance politiqueSCHMIDT Vivien, Boston UniversityDélibération publique et discours <strong>de</strong> légitimation dans l’UECAUTRES Bruno, CEVIPOF - IEP <strong>de</strong> Paris & MONCEAU Nicolas, IEP <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong>,L’eurospecticisme face à l’adhésion <strong>de</strong> la Turquie à l’UE. Les opinions publiqueseuropéennes et turqueSession n° 2 - Partis et mobilisations politiquesPour étudier <strong>le</strong>s modalités selon <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s partis et <strong>le</strong>s mobilisations politiques « résistent » àl’intégration européenne, il nous a fallu contourner <strong>de</strong>ux écueils. Nous avons tout d’abord évité <strong>de</strong> verserdans <strong>de</strong>s considérations normatives : nous nous sommes gardés d’adopter un raisonnementfonctionnaliste poussif et <strong>de</strong> caractériser un engrenage européen inexorab<strong>le</strong> dont la progression seraitfreinée par <strong>de</strong>s formes d’organisation politique héritées du passé – simp<strong>le</strong>s scories appelées à disparaîtrepar érosion. Nous avons mesuré ensuite <strong>le</strong> caractère performatif du <strong>le</strong>xique employé : <strong>le</strong> terme« résistance » fonctionne comme un opérateur d’amalgame et amène à envisager sur un même plan<strong>de</strong>s discours et <strong>de</strong>s pratiques très hétérogènes. Nous avons pu <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux difficultés en appréhendant<strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> « mise en résistance » : nous n’avons pas cherché à définir une nouvel<strong>le</strong> notion ni àdécouper une étiquette qui désignerait un contenu substantiel ; nous avons bien plutôt tenté <strong>de</strong>restituer trajectoires et <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> qualification : nous nous sommes attachés à caractériser ce quiest construit comme résistance et à déterminer comment <strong>le</strong>s perceptions <strong>de</strong> la résistance sontsocia<strong>le</strong>ment forgées : d’aucuns peuvent se poser en « résistants » et chercher à obtenir que tous <strong>le</strong>scommentaires livrés sur <strong>le</strong>urs agissements reprennent cette désignation; un procédé symétrique consisteà stigmatiser <strong>de</strong>s adversaires en <strong>le</strong>s présentant <strong>le</strong>ur « résistance » comme une marque d’archaïsme et enexpliquant qu’el<strong>le</strong> est condamnée par l’histoire.La perspective ainsi ouverte impose <strong>de</strong> prêter attention aux réseaux <strong>de</strong> production, <strong>de</strong> diffusion et <strong>de</strong>circulation <strong>de</strong>s idées ; el<strong>le</strong> conduit à étudier <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> socialisation, <strong>de</strong>s espaces d’échange et <strong>de</strong>szones <strong>de</strong> transit intel<strong>le</strong>ctuel dans <strong>le</strong>squels se construisent <strong>le</strong>s catégories <strong>de</strong> vision et division <strong>de</strong>l’intégration européenne. Les contributions ont fourni <strong>de</strong>s éléments qui permettent d’avancer en ce sens– <strong>de</strong> façon d’autant plus intéressante et stimulante que <strong>de</strong>s outils théoriques très diversifiés ont étémobilisés.Pour comparer <strong>le</strong>s mouvements Attac France et Attac Al<strong>le</strong>magne, Sophie Heine a proposé d’actualiser<strong>le</strong>s thèses d’Antonio Gramsci et d’employer notamment <strong>le</strong> concept d’hégémonie. El<strong>le</strong> a ainsiappréhendé <strong>de</strong> façon fine et nuancée oppositions au « néo-libéralisme » véhiculé par l’Unioneuropéenne. Plus largement, el<strong>le</strong> a défriché <strong>de</strong>s pistes pour une histoire socia<strong>le</strong> <strong>de</strong>s idées politiques etpour une sociologie <strong>de</strong> la circulation internationa<strong>le</strong> <strong>de</strong>s idées. En se livrant éga<strong>le</strong>ment à unecomparaison entre France et Al<strong>le</strong>magne, et en se concentrant sur <strong>le</strong>s cas du PS et du SPD, PhilippeJuhem, Grégory Hû, Karim Fertikh ont jeté l’éclairage <strong>de</strong> la sociologie critique sur <strong>de</strong>s thèsesprécé<strong>de</strong>mment énoncées <strong>de</strong> façon inductive (cf. <strong>le</strong>s travaux <strong>de</strong> Nick Sitter). Selon <strong>le</strong>urs analyses, <strong>le</strong>scritiques adressées aux modalités <strong>de</strong> l’intégration européenne sont d’autant plus vives que la « distanceaux institutions » est marquée; moins un courant politique est institutionnalisé, plus ses dirigeants peuvents’autoriser un discours hosti<strong>le</strong> aux orientations fixées par Bruxel<strong>le</strong>s. Une logique <strong>de</strong> démarquage peut parail<strong>le</strong>urs être caractérisée dans <strong>le</strong> champ politique : <strong>le</strong>s références à l’intégration européenne servent àdistinguer une marque partisane ; il est possib<strong>le</strong> d’analyser sur ce mo<strong>de</strong> <strong>le</strong> « travail symboliqued’appropriation <strong>de</strong> l’Europe ou <strong>de</strong> dénonciation <strong>de</strong> la mauvaise européanité <strong>de</strong>s adversaires ». Enétudiant <strong>le</strong>s dynamiques <strong>de</strong> mobilisation dans la campagne référendaire française <strong>de</strong> 2005, et en seconcentrant sur l’exemp<strong>le</strong> du PS, Amandine Crespy a ensuite opéré une combinaison origina<strong>le</strong> etstimulante entre la notion <strong>de</strong> structure <strong>de</strong>s opportunités politiques et <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> au moyen duquel AngeloPanebianco appréhen<strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s organisations partisanes : el<strong>le</strong> a ainsi mis l’accent sur <strong>le</strong> poids<strong>de</strong>s transactions opérées aux marges <strong>de</strong> la formation étudiée, l’ai<strong>le</strong> gauche entretenant <strong>de</strong>s relationétroite avec <strong>de</strong>s alliés extérieurs. Christophe Bouillaud a enfin livré une étu<strong>de</strong> fouillée sur la structuration(ou la non-structuration) <strong>de</strong>s enjeux européens dans la vie politique italienne ; en articulant <strong>le</strong>stemporalités <strong>de</strong> la sociologie historique <strong>de</strong> la sociologie <strong>de</strong> l’action publique et <strong>de</strong> la sociologieé<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>, il a pu dégager trois facteurs principaux : la quête perpétuel<strong>le</strong> d’une norme extérieure surlaquel<strong>le</strong> s’aligner (la représentation <strong>de</strong> la « normalité » étant socia<strong>le</strong>ment et historiquement construite) ;l’absence <strong>de</strong> référence historique valorisab<strong>le</strong> et opposab<strong>le</strong> à l’Union européenne (la <strong>le</strong>cture négative dupassé national étant encore une fois <strong>le</strong> produit <strong>de</strong> rapports sociaux particuliers) ; l’intégration <strong>de</strong> toutes<strong>le</strong>s formations politiques à <strong>de</strong>s coalitions chargées <strong>de</strong> gérées <strong>le</strong>s dossiers européens à l’échel<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong>


ou loca<strong>le</strong> (l’opposition à l’intégration européenne étant dès lors contenue par la nécessité d’afficherune image d’efficacité gestionnaire).Les contributions proposées se sont en somme révélées complémentaires et ont permis <strong>de</strong> percevoirl’utilité <strong>de</strong> recherches comparatives sur processus <strong>de</strong> qualification et <strong>de</strong> disqualification alimentés parl’intégration européenne.Coordinateurs : COSTA Olivier (SPIRIT, IEP <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux) & ROGER Antoine (IEP <strong>de</strong> Toulouse)Discutant : HARMSEN Robert (Queen’s University, Belfast)HEINE Sophie (Université Libre <strong>de</strong> Bruxel<strong>le</strong>s)Les résistances altermondialistes à l’Union Européenne: approche comparative <strong>de</strong>sidéologies <strong>de</strong>s intel<strong>le</strong>ctuels <strong>de</strong>s mouvements Attac-France et Attac-Al<strong>le</strong>magneJUHEM Philippe (Université Robert Schuman, Strasbourg), FERTIKH Kari (Université Paris I) &HÛ Grégory (IEP <strong>de</strong> Strasbourg)L’expression <strong>de</strong>s " résistances à l’Europe " dans <strong>le</strong>s partis socialiste et sociaux démocratesen France et en Al<strong>le</strong>magneCRESPY Amandine (Université Libre <strong>de</strong> Bruxel<strong>le</strong>s)La cristallisation <strong>de</strong>s résistances <strong>de</strong> gauche à l'intégration européenne : <strong>le</strong>s logiques <strong>de</strong>mobilisation dans la campagne référendaire française <strong>de</strong> 2005BOUILLAUD Christophe (IEP <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong>)L’Italie <strong>de</strong>s années 2000 toujours et encore europhi<strong>le</strong>, ou comment "aimer bien celui quivous châtie bien"Session 3 - Action publiqueLes interventions <strong>de</strong> la troisième et <strong>de</strong>rnière session <strong>de</strong> la Tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> n°5 partaient d’un constat simp<strong>le</strong> :Si <strong>de</strong>puis quelques années l’analyse <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong> l’intégration européenne sur l’action et <strong>le</strong>spolitiques publiques nationa<strong>le</strong>s prenait une place <strong>de</strong> plus en plus importante dans l’étu<strong>de</strong> du processusd’intégration, sous formes d’analyses d’européanisation, <strong>le</strong>s résistances ou <strong>le</strong> rejet <strong>de</strong> cette intégrationétaient plus rarement étudiés. L’objectif <strong>de</strong> cette session était donc <strong>de</strong> comprendre <strong>le</strong>s mécanismes et<strong>le</strong>s logiques du rejet <strong>de</strong> l’action publique et <strong>de</strong>s politiques publiques aussi bien au niveau national,régional et local qu’au niveau communautaire, à travers <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s comparatives <strong>de</strong> réformes, <strong>de</strong>srégulations privées et publiques ou encore du fonctionnement <strong>de</strong>s agendas publiques. A travers <strong>de</strong> cinqinterventions, <strong>le</strong>s participants à cette session ont traité <strong>de</strong>s questions liées à l’analyse <strong>de</strong> l’Etat, à savoirl’autorité, la capacité d’arbitrage, mais aussi l’efficacité. Nous avons vu que <strong>le</strong>s arènes <strong>de</strong> l’actionpublique et <strong>de</strong>s politiques publiques se sont transformés: dans un système davantage multi-niveau, <strong>le</strong>sveto points et veto players se multiplient. Les acteurs au niveau national rejettent et contournent <strong>le</strong>snormes juridiques et cognitives communautaires. Les papiers présentés peuvent être regroupés selon troislogiques : <strong>le</strong>s travaux s’appuyant sur <strong>le</strong>s politiques publiques proprement dit, d’une part, <strong>le</strong>s travauxutilisant – en accord avec <strong>le</strong> souhait <strong>de</strong> Patrick Le Galès exprimé lors <strong>de</strong> son allocution <strong>de</strong> lauréat du prixMattei Dogan – la sociologie et la sociologie politique, d’autre part, et enfin, <strong>le</strong>s approches liant <strong>le</strong>s outils<strong>de</strong>s politiques publiques nationa<strong>le</strong>s et internationa<strong>le</strong>s.Les travaux <strong>de</strong> Pierre Mul<strong>le</strong>r et Pauline Ravinet ainsi que ceux <strong>de</strong> Romain Pasquier ont mis en avant <strong>le</strong>sstratégies <strong>de</strong>s acteurs, publics et privés afin <strong>de</strong> contourner – au niveau communautaire même - <strong>le</strong>scadres idéels. En distinguant résistance à l’UE et résistance à l’européanisation Mul<strong>le</strong>r et Ravinet partent,dans <strong>le</strong>ur étu<strong>de</strong> du processus <strong>de</strong> Bologne, <strong>de</strong> l’hypothèse que la résistance à l’UE n’est doit passeu<strong>le</strong>ment être considérée comme un frein à l’européanisation, mais qu’el<strong>le</strong> peut paradoxa<strong>le</strong>mentapparaître comme un mécanisme participant <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong> construction d’un espace d’actionpublique européen. Dans son papier, Les régions contre l’Europe, Pasquier conçoit <strong>le</strong>s régions comme<strong>de</strong>s groupes d’intérêt. Il souligne qu’il convient <strong>de</strong> considérer l’Europe <strong>de</strong>s régions comme une catégoriepolitique comme une autre, autour <strong>de</strong> laquel<strong>le</strong> une variété d’acteurs et <strong>de</strong> groupes luttent pour imposer<strong>le</strong>ur définition légitime.Les interventions d’Emiliano Grossman et <strong>de</strong> Geneviève Genicot utilisent <strong>de</strong>s approches sociologiques, etplus particulièrement <strong>de</strong> la sociologie politique pour Emiliano Grossman pour analyser <strong>le</strong>s résistances àl’intégration européenne. Geneviève Genicot montre ainsi dans une étu<strong>de</strong> microsociologique comment<strong>le</strong>s étudiants résistent au processus <strong>de</strong> Bologne en s’intéressant peu ou pas du tout aux implications quivont au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur vie personnel<strong>le</strong>. Emiliano Grossman montre, lui, comment l’exécutif français amalgré l’augmentation <strong>de</strong> jure <strong>de</strong>s pouvoirs <strong>de</strong> l’Assemblé national pu imposer sa prédominance sur <strong>le</strong>saffaires européennes dans l’élaboration <strong>de</strong>s politiques publiques.


Enfin, Jeanne Hersant a abordé dans son intervention la question du comment combiner <strong>le</strong>s approches<strong>de</strong> politique publique nationa<strong>le</strong> et internationa<strong>le</strong> en s’appuyant sur une analyse <strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong>politiques publiques communautaires et cel<strong>le</strong>s développées par <strong>le</strong>s organisations internationa<strong>le</strong>s tel<strong>le</strong>sque <strong>le</strong> Conseil <strong>de</strong> l’Europe et l’OSCE dans <strong>le</strong>s résistances grecques concernant <strong>le</strong>s droits <strong>de</strong>s minoritésturcs en Thrace occi<strong>de</strong>nta<strong>le</strong>.La session a ainsi illustré la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mécanismes du transfert et du rejet – <strong>le</strong>s instruments aussi bienscoercitifs que volontaires, tels que <strong>le</strong>s normes juridiques et idéel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s discours, <strong>le</strong>s idées, <strong>le</strong>s que <strong>le</strong>sauteurs mobilisent afin d’éviter la ‘greffe’ communautaire.Coordinatrice : Sabine SAURUGGER (IEP <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong>)Discutante : Yves SUREL (IEP Grenob<strong>le</strong>/CEVIPOF)Emiliano GROSSMAN (CEVIPOF) La résistance comme opportunité : stratégies <strong>de</strong> l’exécutiffrançais face à l’EuropePierre MULLER (CEVIPOF) & Pauline RAVINET (CEVIPOF), Une action publique européenne« résistante à l’UE » est-el<strong>le</strong> possib<strong>le</strong> ? Réf<strong>le</strong>xions à partir du processus <strong>de</strong> BologneGeneviève GENICOT (IEP <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong>), Mécontentement partagé mais résistance peustructurée Conditions <strong>de</strong> possibilité quotidiennes d’un mouvement étudiant européen faceau Processus <strong>de</strong> BologneRomain PASQUIER (CRAPE, Rennes), Les régions contre l’Europe ? La gouvernance multiniveauen questionJeanne HERSANT (EHESS / IEP <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux), Contourner <strong>le</strong>s normes européennes grâce…aux instruments européens. L’impératif <strong>de</strong> sécurité nationa<strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s résistances àl’intégration européenne <strong>de</strong> la Grèce


Bilan du modu<strong>le</strong> spécial duGroupe d’Etu<strong>de</strong>s E<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s (GAEL)La séquence é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> <strong>de</strong> 2007 a suscité une production sans précé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> données. De grandsprogrammes d’enquêtes <strong>scientifique</strong>s, très variés dans <strong>le</strong>urs dispositifs et <strong>le</strong>urs objectifs, ont été mis surpied : près d’une dizaine d’enquêtes ont été réalisées pendant la campagne ou dans la foulée <strong>de</strong>sé<strong>le</strong>ctions. La multiplication <strong>de</strong> ces programmes <strong>de</strong> recherche a conduit <strong>le</strong> GAEL à dresser un premier<strong>bilan</strong> lors du congrès <strong>de</strong> Toulouse.Jean-Yves Dormagen (Université <strong>de</strong> Montpellier - CEPEL) a présenté a présenté <strong>le</strong> programme <strong>de</strong>recherche PAECE" consacré aux comportements é<strong>le</strong>ctoraux (inscription, participation, décisioné<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>). Appelant au renouveau <strong>de</strong> l’analyse écologique <strong>de</strong>s comportements é<strong>le</strong>ctoraux, ceprogramme <strong>de</strong> recherche localisé sur dix bureaux <strong>de</strong> vote s’inscrit dans la durée. Son objectif estexplicitement l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s déterminants sociaux sur la production du vote. A cet effet, ce programme <strong>de</strong>recherche a constitué un impressionnant corpus <strong>de</strong> données à partir d’enquêtes <strong>de</strong> typeethnographique, alliant entretiens, questionnaires auprès <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> personne et dépouil<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>slistes é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s.Christel<strong>le</strong> Marchand a exposé un programme développé au CURAPP, sous la direction <strong>de</strong> PatrickLehingue visant une analyse qualitative <strong>de</strong>s comportements é<strong>le</strong>ctoraux. Dans un contexte marqué parune apparente déstructuration <strong>de</strong>s comportements politiques, contre une analyse trop souvent« désociologisée », ce programme vise à « ré-encastrer » <strong>le</strong>s préférences é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>ur contexte.Ce programme est construit à partir <strong>de</strong> données d’archives (données é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s fines,…) et d’entretienspanélisés, <strong>le</strong>s personnes pouvant être interrogées lors <strong>de</strong> six passages différents.Bernard Denni (IEP <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong> – PACTE) a pu faire partager <strong>le</strong>s premiers résultats d’une enquêteé<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> localisée dans l’agglomération grenobloise. Dans l’objectif encore une fois <strong>de</strong> contextualiserla décision <strong>de</strong> vote, ce programme est bâti notamment à partir <strong>de</strong> données d’enquête par sondagedans trois cantons différenciés sociologiquement et politiquement. Il vise à concilier approche <strong>de</strong> l’offrepolitique et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, en établissant notamment <strong>le</strong>s « cartes conceptuel<strong>le</strong>s » émises par <strong>le</strong>scandidats et cel<strong>le</strong>s propres aux é<strong>le</strong>cteurs.Anne Jadot (Université <strong>de</strong> Nancy – CEPEL) a ensuite dressé <strong>le</strong> portrait du Panel E<strong>le</strong>ctoral Français réalisépar <strong>le</strong> CEVIPOF en partenariat avec <strong>le</strong> Ministère <strong>de</strong> l’Intérieur. Le dispositif du PEF 2007 comprend pasmoins <strong>de</strong> cinq enquêtes par sondages au niveau national, avec un panel (4 vagues, dont la premièreréalisée en face à face, avec près <strong>de</strong> 2000 personnes réinterrogées) et une enquête post-é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> plusclassique. L’un <strong>de</strong>s grands objectifs <strong>de</strong> ce dispositif comp<strong>le</strong>xe est ainsi <strong>de</strong> pouvoir mieux saisir <strong>le</strong>stemporalités du vote, à un niveau individuel.Annie Laurent (Université <strong>de</strong> Lil<strong>le</strong> 2 – CERAPS) a fait partager un programme <strong>de</strong> recherche ANR pluslarge, consacré à la question du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> scrutin à <strong>de</strong>ux tours. Alliant enquête par sondage CAWI pour<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions législatives (près <strong>de</strong> 6000 personnes interrogées dont 3500 réinterrogées) à une base <strong>de</strong>données é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s agrégées (comprenant l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s candidatures aux é<strong>le</strong>ctions législatives<strong>de</strong>puis 1988) et <strong>de</strong>s dispositifs d’expérimentation en laboratoire, ce programme entend comprendrecomment se réalise la coordination <strong>de</strong>s partis et cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s é<strong>le</strong>cteurs dans un contexte institutionne<strong>le</strong>ncore peu exploré.Nicolas Sauger (Sciences Po – CEVIPOF) a présenté <strong>le</strong> programme CSES-France, dont l’objectif principa<strong>le</strong>st <strong>de</strong> réaliser en France une enquête par sondage explicitement comparative. Conduit à l’occasion<strong>de</strong>s é<strong>le</strong>ctions législatives, ce sondage a ainsi repris un ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> questions partagées par plus d’unecinquantaine <strong>de</strong> pays au travers <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>. Il va alimenter une banque <strong>de</strong> données directementaccessib<strong>le</strong> (http://www.cses.org) utilisée régulièrement par plusieurs dizaines <strong>de</strong> spécialistes d’étu<strong>de</strong>sé<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s.L’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces programmes <strong>de</strong> recherche présente bien évi<strong>de</strong>mment une forte hétérogénéité tantau niveau <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s (<strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s d’orientation qualitative et d’orientation quantitative étantfina<strong>le</strong>ment représentées <strong>de</strong> manière relativement équilibrée) que <strong>de</strong>s problématiques <strong>de</strong> recherche(insistant notamment soit plus sur <strong>le</strong> côté sociologique soit plus sur <strong>le</strong> côté institutionnel). On perçoitnéanmoins plusieurs préoccupations communes à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces programmes dont notamment <strong>le</strong>souci <strong>de</strong> prendre en compte la comp<strong>le</strong>xité <strong>de</strong> la décision é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> et l’importance accordée aucontexte (spatial ou temporel) pour <strong>le</strong>s comportements é<strong>le</strong>ctoraux. Avec <strong>de</strong>s débats riches et animés etmalgré un temps trop court, ce modu<strong>le</strong> a permis ainsi d’offrir un panorama étendu <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>sprogrammes <strong>de</strong> recherche sur <strong>le</strong>s comportements é<strong>le</strong>ctoraux. Gageons que ce partage d’informationsprécieux sera <strong>le</strong> signe <strong>de</strong> synergies encore plus gran<strong>de</strong>s entre recherches sur <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions pour <strong>le</strong>séchéances é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s futures. C’est dans cet objectif en tout cas qu’entend continuer <strong>le</strong> GAEL.


Bilan du modu<strong>le</strong> spécial duGroupe Genre et politiqueBilan <strong>scientifique</strong> : « nous sommes <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Maurice Duverger »* Le groupe <strong>de</strong> travail « genre et politique » a été créé au sein <strong>de</strong> l’AFSP en 2004. Il a animé un séminaire<strong>de</strong> recherche annuel et contribué à l’organisation <strong>de</strong> journées d’étu<strong>de</strong>s, par exemp<strong>le</strong> au sein ducongrès <strong>de</strong>s pays francophones <strong>de</strong> <strong>science</strong> politique à Lausanne en 2005 ou encore à Prague autour duthème du genre dans l’Europe élargie en 2006. Le séminaire a permis <strong>de</strong> constituer une communauté <strong>de</strong>politistes mobilisé(e)s par <strong>de</strong>s problématiques <strong>de</strong> genre, <strong>de</strong> diffuser et <strong>de</strong> confronter <strong>de</strong>s recherchesrécentes, qu’el<strong>le</strong>s soient menées par <strong>de</strong>s doctorant(e)s, <strong>de</strong>s jeunes chercheur(e)s ou <strong>de</strong>s chercheur(e)sconfirmé(e)s. La spécificité théorique <strong>de</strong> l’approche privilégiée par <strong>le</strong> groupe a été <strong>de</strong> tenter d’apporterun éclairage sur <strong>le</strong> genre en politique en intégrant une dimension trop souvent négligée dans l’analyse :<strong>le</strong> caractère relativement autonome <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong>s activités politiques ; c’est-à-dire interroger <strong>le</strong>susages <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités sexuel<strong>le</strong>s en politique tout comme <strong>le</strong>s conditions du changement politique, en unmot proposer, à partir du genre, un nouvel éclairage <strong>de</strong> l’économie du champ politique, notammentdans ses rapports avec l’ordre social. Il faut souligner que <strong>le</strong> groupe s’est constitué à l’AFSP dans <strong>le</strong>contexte d’un profond renouvel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s questionnements traditionnels sur <strong>le</strong>s " femmes et lapolitique ", renouvel<strong>le</strong>ment visib<strong>le</strong> tant à l’échelon national qu’international, et qui interroge l’ensemb<strong>le</strong><strong>de</strong> la discipline.Il est intéressant <strong>de</strong> constater que tout se passe comme si, en raison <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur longue et relativemarginalité, <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s sur <strong>le</strong> genre se caractérisaient d’abord par une attention constante portée auxconditions d’imposition du concept au sein d’un domaine <strong>de</strong> recherche, par une réf<strong>le</strong>xivité et unevigilance épistémologique assez spécifiques aux étu<strong>de</strong>s sur <strong>le</strong>s minorités, et ensuite par une volontéd’ouverture pluridisciplinaire. L’histoire <strong>de</strong> « l’acclimatation » du genre dans <strong>le</strong> champ <strong>scientifique</strong>français n’est pas linéaire ou uniforme (cf. Quand <strong>le</strong>s femmes s’en mê<strong>le</strong>nt, Genre et pouvoir, Paris, LaMartinière, 2004). Certaines disciplines, comme la sociologie ou l’histoire, se sont appropriées plusrapi<strong>de</strong>ment <strong>le</strong> concept que d’autres. La <strong>science</strong> politique française, mis à part quelques exceptions, aen revanche particulièrement bien « résisté » au genre. Si certaines spécialités <strong>de</strong> la discipline se sontouvertes à ces questions (que l’on pense à l’analyse <strong>de</strong>s comportements é<strong>le</strong>ctoraux ou <strong>de</strong>s politiquespubliques), d’autres restent, encore aujourd’hui, largement imperméab<strong>le</strong>s à ce type <strong>de</strong>questionnements. Evelyne Pisier et E<strong>le</strong>ni Varikas ont parlé par exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> « l’invisibilité du genre dans lathéorie politique », qu’el<strong>le</strong>s attribuent à la marginalisation <strong>de</strong> la recherche féministe et à la difficultéd’investir <strong>le</strong> « politique » du point <strong>de</strong> vue du genre, puisque : « Longtemps expulsées du champ politique,<strong>le</strong>s hiérarchies <strong>de</strong> sexe relèvent <strong>le</strong> plus souvent, et aujourd’hui encore, du domaine privé, personnel,affectif ou, tout au plus, <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s déterminismes socio-économiques et <strong>de</strong> la reproduction socia<strong>le</strong> ».Pourtant, Jacques Commail<strong>le</strong> a montré que la mise en relation <strong>de</strong> la question du genre avec cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>politique constitue une subversion positive pour la connaissance en <strong>science</strong>s socia<strong>le</strong>s, et peut-être toutparticulièrement en <strong>science</strong> politique, enjointe alors à élargir ses champs d’analyse et à ne plus s’en teniraux formes organisées et institutionnalisées du pouvoir ou encore aux relations entre ce <strong>de</strong>rnier et <strong>le</strong>scitoyens. « Il lui revient <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r ce qui se passe dans la société même, <strong>de</strong> tel<strong>le</strong> sorte qu’il puisse êtrejustement question d’une sociologisation <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique ». Après la première phase <strong>de</strong> critique<strong>de</strong>s approches traditionnel<strong>le</strong>s occultant <strong>le</strong>s femmes et <strong>de</strong> dénonciation du « biais masculin » <strong>de</strong>sanalyses antérieures, la perspective <strong>de</strong> genre a donc rendu possib<strong>le</strong> une nouvel<strong>le</strong> conceptualisation etthéorisation <strong>de</strong> thèmes centraux comme la question <strong>de</strong> la définition politique <strong>de</strong>s frontières entre sphèrepublique et sphère privée, et cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s relations entre ordre politique et ordre social. Ces recherchesconcernant <strong>le</strong> genre en politique se sont bien évi<strong>de</strong>mment multipliées dans <strong>le</strong> « contexte paritaire ». Lapublicisation <strong>de</strong>s questions sexuées et sexuel<strong>le</strong>s a été concomitante d’un développement inédit <strong>de</strong>stravaux.Puisqu’il s’agit ici <strong>de</strong> rester dans <strong>le</strong>s limites « institutionnel<strong>le</strong>s » <strong>de</strong> notre discipline et <strong>de</strong> jouer <strong>de</strong>manière quasi caricatura<strong>le</strong> la carte disciplinaire voire corporatiste, il importe <strong>de</strong> revenir rapi<strong>de</strong>ment surce que la <strong>science</strong> politique produit aujourd’hui sur <strong>le</strong> genre. La création du groupe Genre et politique aété en effet accompagnée d’un développement important du thème en <strong>science</strong> politique. Si l’onregar<strong>de</strong> par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s archives <strong>de</strong> l’AFSP, <strong>le</strong> premier grand colloque organisé en 2002 sur <strong>le</strong> thème« Genre et politique » accueil<strong>le</strong> encore beaucoup plus d’historien-ne-s, <strong>de</strong> philosophes et <strong>de</strong> sociologuesque <strong>de</strong> polistes ou politologues. Si l’on remonte un peu plus en arrière dans l’histoire <strong>de</strong> notre disciplineon constate que <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> M. Duverger, et <strong>de</strong> M. Dogan et J. Narbonne sur <strong>le</strong>s femmes enpolitique (principa<strong>le</strong>ment consacrée au vote <strong>de</strong>s femmes), <strong>de</strong>ux pionnières – Mariette Sineau et Janine


Mossuz Lavau - ont dominé la recherche en <strong>science</strong> politique sur <strong>le</strong> sujet. Qu’il s’agisse d’abor<strong>de</strong>r laquestion du côté <strong>de</strong>s profanes (avec <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s comportements é<strong>le</strong>ctoraux) ou qu’il s’agissed’analyser la question du côté <strong>de</strong>s professionnel<strong>le</strong>s (avec l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s élues et <strong>de</strong>s candidates), ce sontces <strong>de</strong>ux auteures qui ont longtemps animé <strong>le</strong> marché <strong>scientifique</strong> sur ce thème. Les travaux <strong>de</strong> <strong>science</strong>politique – et nous y reviendrons – restent dans la majeure partie <strong>de</strong>s cas gen<strong>de</strong>r blind et n’intègrentaucune dimension genrée.Aujourd’hui <strong>le</strong>s travaux sur <strong>le</strong> genre en politique se situent dans la continuité <strong>de</strong> ces premières rechercheset connaissent une croissance importante due sans aucun doute au contexte paritaire, àl’institutionnalisation <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sur <strong>le</strong> genre dans toutes <strong>le</strong>s disciplines et à l’université, à la féminisation<strong>de</strong> notre discipline.Plusieurs indicateurs <strong>de</strong> cet intérêt croissant pour <strong>le</strong> genre en politique peuvent être repérés notammentlorsqu’on apprécie ces recherches du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s productions <strong>le</strong>s plus jeunes que sont cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>sdocteurs et <strong>de</strong>s doctorants. Que dire sur ces thèses soutenues ou à soutenir : globa<strong>le</strong>ment el<strong>le</strong>s renvoientaux tendances généra<strong>le</strong>s constatées sur l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s thèses <strong>de</strong>s <strong>science</strong> politique même si cestendances sont peut-être moins marquées. Nonna Mayer soulignait ainsi lors du <strong>de</strong>rnier salon <strong>de</strong>s thèsesen février 2007 qu’on assistait à un fléchissement du nombre <strong>de</strong> thèses <strong>de</strong> théorie politique ou <strong>de</strong> penséepolitique au profit <strong>de</strong>s thèses <strong>de</strong> politiques publiques, <strong>de</strong> la sociohistoire et <strong>de</strong>s aires culturel<strong>le</strong>s. A partir<strong>de</strong>s 38 thèses présentées au salon, el<strong>le</strong> déplore aussi malgré la féminisation remarquab<strong>le</strong> <strong>de</strong> la discipline(22 thèses présentées au salon qui je vous <strong>le</strong> rappel<strong>le</strong> ne rassemb<strong>le</strong> pas l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s thèses produites)la rareté <strong>de</strong>s sujet sur <strong>le</strong> genre et la parité (<strong>de</strong>ux thèses seu<strong>le</strong>ment). D’autres sujets sont aussi selon NonnaMayer négligés, comme l’immigration, <strong>le</strong>s médias ou la sociologie é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>.Depuis quelques années dans <strong>le</strong> domaine genre et politique dominent ainsi <strong>de</strong>s thèses sur <strong>le</strong>s politiquespubliques (souvent matinées <strong>de</strong> théorie politique) : on citera ainsi : <strong>le</strong>s thèses <strong>de</strong> Réjane Sénac sur <strong>le</strong>sreprésentations ou plus récentes d’Eléonore Lépinard sur la loi sur la parité ou <strong>de</strong> Bruno Perreau surl’action publique d’adoption et d’Isabel<strong>le</strong> Giraud sur une comparaison France/ Canada).D’autres s’inscrivent dans <strong>de</strong>s problématiques plus classiques <strong>de</strong>s politiques publiques comme cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>Sandrine Dauphin sur <strong>le</strong> féminisme d’Etat ou cel<strong>le</strong> plus récemment soutenue <strong>de</strong> Sophie Jacquot sur <strong>le</strong>gen<strong>de</strong>r mainstreaming au sein <strong>de</strong> l’UE. Il faut souligner ici l’importance et <strong>le</strong> « dynamisme » <strong>de</strong>s politiquespubliques sur la question du genre (due certainement en partie aux financements européens) : ungroupe d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’éco<strong>le</strong> doctora<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>science</strong> po est consacré à ce thème et a animé au <strong>de</strong>rniercongrès un atelier consacré à ce thème. Un gros colloque a aussi été organisé et <strong>le</strong>s rencontres <strong>de</strong>Prague <strong>de</strong> 2006 auxquel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> groupe « genre et politique » était associé a permis <strong>de</strong> nombreusesinterventions sur ce thème. Les politiques publiques sont aussi <strong>le</strong> lieu où la frontière entre politistes etsociologues a tendance à se brouil<strong>le</strong>r : on rappel<strong>le</strong>ra ici <strong>le</strong>s travaux pionniers du Printemps et <strong>de</strong>Jacqueline Heinen mais aussi pour <strong>le</strong>s travaux plus récents, ceux qui se développent au sein <strong>de</strong> l’ENSCachan notamment autour d’Anne Révillard.Le second axe très dynamique <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sur <strong>le</strong> genre en <strong>science</strong> politique est constitué par <strong>le</strong>s travauxre<strong>le</strong>vant, parfois non explicitement, <strong>de</strong> la sociohistoire : plusieurs thèses, qui d’ail<strong>le</strong>urs ont fait l’objet d’uneprésentation dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> notre groupe ont été soutenues : dans l’ordre on citera cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> SandraFayol<strong>le</strong> sur l’UFF, <strong>de</strong> Christel Sniter sur la statuaire féminine ou la thèse récemment publiée <strong>de</strong> JulietteRennes sur <strong>le</strong>s controverses suscitées par l’entrée <strong>de</strong>s femmes dans <strong>de</strong>s professions masculinesprestigieuses.Troisième axe que l’on peut dégager, <strong>le</strong>s thèses <strong>de</strong> sociologie politique sur <strong>le</strong> métier politique lui même :la thèse pionnière dans ce domaine reste cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Sylvie Pionchon sur <strong>le</strong>s femmes politiques françaises àtous <strong>le</strong>s échelons puis cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Catherine Achin sur <strong>le</strong>s femmes députées en France et en Al<strong>le</strong>magne. Onnotera aussi <strong>de</strong>s thèses qui portent sur <strong>de</strong>s terrains plus localisés mais ayant vocation à la généralisation :la thèse <strong>de</strong> Sandra Frey sur l’engagement politique local ou cel<strong>le</strong> d’Aurélia Troupel qui allie <strong>bilan</strong> sur laparité et étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas. D’autres thèses en cours s’inscrivent plus ou moins directement dans cesproblématiques : cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Laure Bereni sur <strong>le</strong>s mobilisations du mouvement paritaire et cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>Clémence Labrouche sur <strong>le</strong>s conseils régionaux.On peut néanmoins déplorer que <strong>le</strong>s travaux sur <strong>le</strong>s objets « canoniques » <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique peinentencore à intégrer ou même à penser la variab<strong>le</strong> genre : l’on travail<strong>le</strong> aujourd’hui encore sur <strong>le</strong>s partispolitiques, ou sur <strong>le</strong>s campagnes é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s - pour reprendre <strong>le</strong> thème qui nous intéresse ici – sanspenser une seu<strong>le</strong> secon<strong>de</strong> à la dimension genrée. Les thèses en cours – et à soutenir- vont certainement– venir me contredire puisque la dimension du genre est appréciée au regard d’autres facteurs : c’estnotamment <strong>le</strong> cas <strong>de</strong>s thèses <strong>de</strong> nos <strong>de</strong>ux intervenantes : Lucie bargel sur la question <strong>de</strong>s jeunes militantset cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Stéphanie Guyon sur <strong>le</strong> process <strong>de</strong> politisation en Guyane.


Actualité du genre en campagneIl faut d’abord souligner que <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions <strong>de</strong> 2007 constituent un moment clé pour <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s sur genre etpolitique en France. En effet, 7 ans après <strong>le</strong> vote <strong>de</strong> la loi dite <strong>de</strong> la parité, l’é<strong>le</strong>ction prési<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong> et <strong>le</strong>slégislatives ont accueilli un nombre record <strong>de</strong> candidates ont constitué l’occasion d’un usage inédit <strong>de</strong>si<strong>de</strong>ntités sexuel<strong>le</strong>s en politique. Les travaux sur <strong>le</strong>s premières mises en œuvre <strong>de</strong> la loi sur la parité <strong>de</strong>puis2001 aux divers échelons concernés permis d’établir plusieurs enseignements.Bilan parité acte I (2001-2006) : La parité a conduit à une indéniab<strong>le</strong> féminisation <strong>de</strong>s assemblées où la lois’applique, (conseils municipaux et régionaux, délégation française au Par<strong>le</strong>ment européen) qui sontdésormais paritaires, mais <strong>le</strong>s femmes ne sont toujours qu’une minorité <strong>de</strong>s élus <strong>de</strong>s conseils généraux et<strong>de</strong> l’Assemblée nationa<strong>le</strong>, et sont largement absentes <strong>de</strong>s exécutifs à tous <strong>le</strong>s échelons. La loi sur laparité a donc accentué <strong>le</strong> clivage entre <strong>de</strong>s institutions dominées, plus récentes ou peu valorisées qui sesont féminisées, et <strong>de</strong>s institutions dominantes, traditionnel<strong>le</strong>ment recherchées et valorisées, et qui sontrestées masculines. Lorsque <strong>le</strong>s femmes ont eu accès à <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s responsabilités, el<strong>le</strong>s sont restéespour la plupart cantonnées à <strong>de</strong>s domaines dits féminins (social, culture, environnement, enfance…),spécialités qui <strong>le</strong>s empêchent d’acquérir <strong>le</strong>s savoir-faire et la « compétence » requises pour occuperd’autres positions <strong>de</strong> pouvoir. C’est un effet pervers <strong>de</strong> la parenthèse enchantée <strong>de</strong> 2001 : appelées enpolitique au nom <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur « différence » et <strong>de</strong> capitaux politiques spécifiques, historiquement associées à<strong>le</strong>ur sexe (appartenance à la société civi<strong>le</strong>, militantisme associatif, etc.), <strong>le</strong>s femmes ont été pénaliséesdans la conquête <strong>de</strong>s réel<strong>le</strong>s positions <strong>de</strong> pouvoir qui reste attachée à la possession <strong>de</strong> ressources plusclassiques, comme <strong>le</strong>s capitaux partisans ou l’expérience politique. Au total, dans l’ouvrage col<strong>le</strong>ctifSexes genre et politique, nous avons conclu que <strong>le</strong>s effets attendus <strong>de</strong> la réforme paritaire dans <strong>le</strong>champ politique ont été largement neutralisés, tant par <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong>s femmes (conformation auxrèg<strong>le</strong>s du jeu, absence <strong>de</strong> va<strong>le</strong>urs féministes) que <strong>de</strong>s hommes (maintien dans <strong>le</strong>s positions <strong>de</strong> pouvoir,usages stratégiques <strong>de</strong> la parité…). Cette réforme pouvait alors en partie s’analyser comme unerévolution conservatrice par <strong>le</strong> rappel à l’ordre genré auquel son application a donné lieu.Acte II : 2007, quels changements ?- Contexte international <strong>de</strong> récente « visibilisation » <strong>de</strong>s femmes politiques au sommet <strong>de</strong> différents Etats.Cette arrivée au pouvoir <strong>de</strong>s femmes, certes relative, est néanmoins remarquab<strong>le</strong>. Se trouve posée laquestion du potentiel renouvel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> l’ethos <strong>de</strong>s « hommes politiques » par cette nouvel<strong>le</strong> génération<strong>de</strong> femmes publiques, modifiant par <strong>le</strong>ur nombre mais aussi par <strong>le</strong>ur trajectoire et <strong>le</strong>ur diversité, l’imagelaissée par <strong>le</strong>s pionnières.- Contexte paritaire français et plus généra<strong>le</strong>ment politisation <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités sexuel<strong>le</strong>s,- Ségolène Royal « prési<strong>de</strong>ntiab<strong>le</strong> »3 facteurs viennent donc bou<strong>le</strong>verser <strong>le</strong> jeu politique coïnci<strong>de</strong>nt pour faire du rapport <strong>de</strong> genre unearme omniprésente <strong>de</strong> la campagne prési<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong>. La victoire <strong>de</strong> N. Sarkozy conduit enfin) lanomination du gouvernement <strong>le</strong> plus féminisé <strong>de</strong> la Vème République, avec <strong>de</strong>s femmes sur <strong>de</strong>s postesclés. A quel<strong>le</strong>s conditions <strong>le</strong> genre a-t-il constitué encore ou pas une ressource dans <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctionslégislatives qui ont suivi ? la parité change-t-el<strong>le</strong> <strong>le</strong> genre, et <strong>le</strong>s usages du genre changent-ils lapolitique?I/ La mise en scène " genrée " <strong>de</strong>s candidat-e-s en campagneVirginie Julliard a ainsi travaillé sur <strong>le</strong>s usages <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité sexuée lors <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> laprési<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong> en comparant ce qui se construit dans <strong>le</strong>s medias (presse nationa<strong>le</strong>) et sur <strong>le</strong> site <strong>de</strong>scandidates el<strong>le</strong>s-mêmes (sur <strong>le</strong>ur site). A travers <strong>le</strong>ur comparaison, el<strong>le</strong> s’intéresse à la plasticité <strong>de</strong>si<strong>de</strong>ntités sexuées selon <strong>le</strong>s supports et <strong>le</strong>s contextes. Frédérique Matonti a, quant à el<strong>le</strong>, centré sonanalyse sur la campagne <strong>de</strong> Ségolène Royal, notamment sur <strong>le</strong> cadrage médiatique dont el<strong>le</strong> a étél’objet. Quel<strong>le</strong> mise en scène genrée <strong>de</strong> la candidate ? Lors <strong>de</strong>s é<strong>le</strong>ctions précé<strong>de</strong>ntes, certainesconjonctures — réenchantement nécessaire du politique — et certains rô<strong>le</strong>s — au plus près <strong>de</strong>s é<strong>le</strong>cteurs— facilitaient <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> mises en scène <strong>de</strong>s qualités supposées « féminines ». Qu’en est-il lors <strong>de</strong>l’é<strong>le</strong>ction la plus concurrentiel<strong>le</strong>, qui désigne l’élu <strong>le</strong> plus « prestigieux », suppose une accumulation <strong>de</strong>capitaux politiques, qualités <strong>de</strong> « gladiateur », toutes propriétés qui défavorisent <strong>le</strong>s femmes ? MarionPao<strong>le</strong>tti a comparé systématiquement <strong>le</strong>s professions <strong>de</strong> foi <strong>de</strong>s candidats et candidates aux é<strong>le</strong>ctionslégislatives en Giron<strong>de</strong> aux, 1 er et 2 ème tours. Son objectif était éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> mesurer <strong>le</strong>s éventuelsdéplacements <strong>de</strong>s usages du genre entre 2002 et 2007. Tester : mise en avant ou non <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntitésexuée est-el<strong>le</strong> liée au sexe <strong>de</strong>s candidates ou à la nature <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs autres ressources politiques enfonction <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur trajectoire? Est-ce que la marginalité <strong>de</strong>s usages du genre dans <strong>le</strong>s professions <strong>de</strong> foi auxlégislatives <strong>de</strong> 2002 était due au contexte (fermeture <strong>de</strong> la parenthèse enchantée <strong>de</strong> la parité) ou biencette marginalisation est-el<strong>le</strong> liée au niveau <strong>de</strong> l’é<strong>le</strong>ction (la représentation nationa<strong>le</strong>) et au supportparticulier que constituent <strong>le</strong>s professions <strong>de</strong> foi ? Enfin, Christiane Restier, a analysé l’utilisation du terme


parité dans la presse quotidienne durant la <strong>de</strong>rnière année. Son objectif était <strong>de</strong> mesurer ce que <strong>le</strong>sjournalistes ont fait <strong>de</strong> la parité, cet outil pragmatique, et <strong>de</strong> ce que cela révè<strong>le</strong> à la fois <strong>de</strong> l’orientationpolitique (<strong>de</strong>s idéologies) <strong>de</strong>s journaux et <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> genre au sein <strong>de</strong> la sociétéfrançaise.II/ Les effets <strong>de</strong> la parité sur la politique et <strong>le</strong> genreLucie Bargel et Stéphanie Guyon ont mené une enquête passionnante en Nouvel<strong>le</strong> Calédonie et enPolynésie française sur l’application <strong>de</strong> la parité. Le champ politique y est encore peu professionnalisé etsurtout faib<strong>le</strong>ment différencié/ La comparaison <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux terrains privilégiés (entre eux et avec lamétropo<strong>le</strong>), <strong>le</strong>ur permet <strong>de</strong> comprendre <strong>le</strong>s modalités loca<strong>le</strong>s d’application <strong>de</strong> la loi, et d’approcher <strong>le</strong>seffets importants <strong>de</strong> la loi sur <strong>le</strong> champ politique. Justement, l’intervention d’Aurélia Troupel estconsacrée à la secon<strong>de</strong> application <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> parité pour <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions législatives. En comparantl’assemblée nationa<strong>le</strong> et <strong>le</strong> nouveau gouvernement du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong>s femmes, el<strong>le</strong>s’interroge sur l’hétéronomie du champ politique français et notamment sur la capacité <strong>de</strong> résistance auchangement (force d’inertie) <strong>de</strong> l’Assemblée nationa<strong>le</strong>. Sandra Frey s’est ensuite intéressée aux effetséventuels <strong>de</strong> la parité sur <strong>le</strong>s discours politiques produits par <strong>le</strong>s candidat-e-s à l’occasion <strong>de</strong> lacampagne prési<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> 2007, en travaillant sur la visibilité <strong>de</strong>s femmes dans <strong>le</strong>s représentationssocia<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s candidat-e-s en situation. L’analyse d’un vaste corpus (67 discours <strong>de</strong> candidat-e-s et <strong>le</strong>sprofessions <strong>de</strong> foi), lui permet <strong>de</strong> mettre au jour 5 univers <strong>de</strong> représentation discursive du genre, allant <strong>de</strong>la mise à l’écart <strong>de</strong> toute référence (sexisme) à « l’intégration paritaire ». Yannick Le Quentrec et AnnieRieu proposent ensuite un déplacement du regard vers <strong>le</strong>s effets <strong>de</strong> la parité sur l’ordre social et <strong>le</strong>genre : en s’intéressant aux conditions concrètes <strong>de</strong> l’exercice politique, el<strong>le</strong> sont amenées à mettre enévi<strong>de</strong>nce ce qu’el<strong>le</strong>s appel<strong>le</strong>nt « la doub<strong>le</strong> besogne <strong>de</strong>s femmes ». El<strong>le</strong>s confirment que l’on ne peutcomprendre la division sexuel<strong>le</strong> du travail politique qu’en l’articulant à la division sexuel<strong>le</strong> du travaildomestique… Enfin Eric Fassin analyse <strong>le</strong>s imaginaires politiques <strong>de</strong> la masculinité et <strong>de</strong> la féminité aucours <strong>de</strong> la campagne prési<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> 2007. Il montre que la parité ouvre un espace <strong>de</strong> possibilités :candidates et candidats disposent d’une marge <strong>de</strong> réinvention <strong>de</strong>s imaginaires du genre. Ce sont <strong>de</strong>nouvel<strong>le</strong>s figures <strong>de</strong> la masculinité et <strong>de</strong> la féminité en politique qui sont ébauchées. En ce sens, lacampagne contribuerait non seu<strong>le</strong>ment à reproduire, mais aussi à produire un imaginaire politique dugenre, et peut-être aussi, au-<strong>de</strong>là du mon<strong>de</strong> politique, en recomposant <strong>le</strong>s normes sexuées, à faire <strong>le</strong>genre.Bilan du modu<strong>le</strong> spécial duGroupe sur l'étu<strong>de</strong> et l'organisation <strong>de</strong>s partis politiques (GEOPP)Voici un premier <strong>bilan</strong> du modu<strong>le</strong> organisé par <strong>le</strong> GEOPP : « Partis politiques et argent », qui a eu lieu aucongrès <strong>de</strong> l’AFSP à Toulouse <strong>le</strong> vendredi 7 septembre, <strong>de</strong> 10 heures à 13 heures.- Tout d’abord, force est <strong>de</strong> reconnaître qu’il a suscité <strong>de</strong> nombreuses candidatures <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>chercheurs appartenant aussi bien à la <strong>science</strong> politique, à la sociologie qu’à la <strong>science</strong>économique. Au total, trente propositions <strong>de</strong> communications nous ont été adressées. Nous enavons retenu cinq au final, sachant que <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s interventions étaient assurées par <strong>de</strong>uxchercheurs.- Aussi, <strong>le</strong>s communications retenues nous ont paru <strong>de</strong> très bonne qualité, couvrant <strong>de</strong>s airesgéographiques relativement variées (outre la France, nous avons eu <strong>de</strong>s communicationss’appuyant sur <strong>le</strong>s cas italien et turc).- Le modu<strong>le</strong> s’est tenu en présence d’un public d’une quarantaine <strong>de</strong> personnes. Cette affluencerelative n’a pas décru durant <strong>le</strong>s trois heures prévues à cet effet.- Le succès <strong>de</strong> ce modu<strong>le</strong>, nous semb<strong>le</strong>-t-il, a tenu au fait qu’il portait sur un thème à la foisi<strong>de</strong>ntifiab<strong>le</strong> (comme thématique du GEOPP) et original (ce thème est en effet peu traité dans <strong>le</strong>champ <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique), ce qui a valu <strong>de</strong> nombreuses interventions <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>sintervenants comme <strong>de</strong>s personnes présentes parmi <strong>le</strong> public.- Autre attrait <strong>de</strong> ce modu<strong>le</strong> : <strong>le</strong> caractère fortement pluridisciplinaire du thème « Partis politiqueset argent » ; il convoque en effet la sociologie, l’économie, la <strong>science</strong> politique et é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> ainsique <strong>le</strong> droit. Son caractère polyva<strong>le</strong>nt a aussi amené <strong>le</strong>s intervenants à combiner sans cessel’approche qualitative et l’approche quantitative.


- S’il n’est pas question ici <strong>de</strong> résumer l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s interventions, on peut cependant dire que <strong>le</strong>modu<strong>le</strong> a contribué à (ré)interroger <strong>le</strong>s approches dites « matérialistes » <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique,d’en montrer la nécessité et la pertinence, sans tomber aucunement dans quelqueconventionnalisme que ce soit. Aussi, ce qui a été montré en matière <strong>de</strong> financement <strong>de</strong>s partispolitiques a permis <strong>de</strong> souligner <strong>de</strong> façon dia<strong>le</strong>ctique <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> central <strong>de</strong> la monétarisation <strong>de</strong>sactivités politiques d’une part, et <strong>le</strong>s processus <strong>de</strong> socialisation partisane <strong>de</strong>s ressourcesmonétaires d’autre part. Ajoutons qu’à aucun moment <strong>le</strong> droit n’a été négligé, même sil’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s auteurs ont eu la précaution <strong>de</strong> montrer à quel point <strong>le</strong> droit, en la matière, estobjet <strong>de</strong> braconnage, <strong>de</strong> distorsion et d’appropriation spécifique par <strong>le</strong>s organisations politiques.- A propos <strong>de</strong>s approches quantitatives présentées par certains <strong>de</strong>s communicants, nous avonsconstaté <strong>de</strong> la part du public un vif intérêt, une véritab<strong>le</strong> curiosité pour l’utilisation <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>sstatistiques tel<strong>le</strong>s que l’ACM ; <strong>le</strong> sujet du rapport entre partis politiques et argent apparaissant dèslors propice pour diffuser, voire généraliser <strong>de</strong>s techniques quantitatives quelque peu délaisséesdans la <strong>science</strong> politique française.- Il a semblé que <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong> ce thème lors du modu<strong>le</strong> avait eu pour conséquence <strong>le</strong> fait <strong>de</strong>rassemb<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s chercheurs décidés à continuer d’explorer, individuel<strong>le</strong>ment et col<strong>le</strong>ctivement, <strong>le</strong>squestions financières dans l’analyse du jeu politique et partisan. D’une certaine manière, cemodu<strong>le</strong> a permis d’objectiver un sous-champ en construction dans notre discipline.- Au regard <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s interventions, il est fort probab<strong>le</strong> que nous tenterons <strong>de</strong> donner unesuite à ces travaux. Sous la forme d’une revue spécia<strong>le</strong> ou d’un ouvrage, il nous paraît en effettrès stimulant d’approfondir <strong>le</strong>s connaissances <strong>de</strong>s règ<strong>le</strong>s <strong>de</strong> financement <strong>de</strong>s partis politiquesainsi que <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs conséquences sur la structuration <strong>de</strong> ces organisations.Bilan du modu<strong>le</strong> spécial duGroupe d’étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> recherches sur <strong>le</strong>s mutations du militantisme (GERMM)Ce modu<strong>le</strong> du GERMM a montré la vitalité <strong>de</strong>s recherches sur <strong>le</strong>s mouvements sociaux en France, et <strong>le</strong>urrésonance avec <strong>le</strong>s courants actuels <strong>de</strong> la recherche internationa<strong>le</strong>. L’accent a été mis d’une part surl’importance <strong>de</strong>s processus symboliques qui cadrent l’événement, <strong>de</strong>s significations qui attachent <strong>le</strong>sacteurs, <strong>de</strong>s émotions qui <strong>le</strong>s mobilisent (communications <strong>de</strong> Vanessa Codaccioni, Nathalie Ethuin etChristophe Traïni). D’autre part il a porté sur la sophistication croissante <strong>de</strong>s techniques quantitativesd’approche <strong>de</strong>s mobilisations avec la Protest event analysis (PEA), ou encore <strong>le</strong>s sondages dans <strong>le</strong>smanifestations (INSURA ; Individual surveys in rallies) <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés <strong>de</strong> l’Atlantique avec <strong>le</strong>scommunications d’Olivier Fillieu<strong>le</strong> et <strong>de</strong> Dana R. Fisher et l’usage <strong>de</strong>s archives policières ( Aysen Uysal).Axé autour <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s dans ces <strong>de</strong>ux approches, ce modu<strong>le</strong> a permis d’en dresser un<strong>bilan</strong> critique très comp<strong>le</strong>t. Les discutant (e )s, Nicolas Mariot et Isabel<strong>le</strong> Sommier, ont en particulier re<strong>le</strong>vé<strong>le</strong>s difficultés relatives à la définition et à l’observation in situ <strong>de</strong>s émotions (qu’est ce qu’une émotion ?Comment en observer <strong>le</strong>s manifestations ou <strong>le</strong>s effets ?), et à l’articulation entre idéologie et émotions,raison et passions. Ils ont souligné aussi <strong>le</strong>s incertitu<strong>de</strong>s qui subsistent à propos <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> empirique <strong>de</strong>sphénomènes manifestants, notamment a propos <strong>de</strong> l’usage aujourd’hui très répandu <strong>de</strong>s enquêtes parquestionnaires dans <strong>le</strong>s manifestations).Intervenants, discutant (e) s et organisateurs ont conclu sur la nécessité d’une vigilance épistémologiqueaccrue dans un champ <strong>de</strong> recherche où la quête <strong>de</strong> la sophistication ou <strong>de</strong> l’innovation technique ne<strong>de</strong>vrait pas conduire à un empirisme stéri<strong>le</strong>.Bilan du modu<strong>le</strong> special duGroupe <strong>de</strong> recherche en sociologie comparée du politique (GRESCOP)1- Rappel : problématique <strong>de</strong> travail du groupeAu cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie, interpellée notamment par <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> la « transitologie »nord-américaine, la réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> comparatisme en sociologie politique a connu d’intenses débats, quidévoilaient <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s contradictions : ce sont à la fois <strong>le</strong>s « terrains » (comme lieux et foca<strong>le</strong>s


d’enquête), <strong>le</strong>s métho<strong>de</strong>s et <strong>le</strong>s théories <strong>de</strong> la politique comparée, voire ses raisons heuristiques, qui ssesont trouvées sur la sel<strong>le</strong>tte.S’ouvrent par là <strong>de</strong> nouveaux et multip<strong>le</strong>s chantiers <strong>de</strong> recherche :- Chantiers théoriques, mais éga<strong>le</strong>ment empiriques, dans la mesure où se développent <strong>de</strong>senquêtes sur <strong>de</strong> nouveaux « objets », par exemp<strong>le</strong> à l’échel<strong>le</strong> européenne ou dans <strong>de</strong>s sociétéspolitiques souvent laissées dans l’ombre par <strong>le</strong>s grands projets comparatistes qui ont longtempsbalisé la recherche. Il s’agit alors <strong>de</strong> poser <strong>de</strong> « vieil<strong>le</strong>s questions » à <strong>de</strong> « nouveaux terrains », oudu moins à <strong>de</strong>s terrains auxquels n’étaient pas, jusque-lors, adressées ces questions ; ou encored’explorer <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s questions sur <strong>de</strong>s terrains d’ores et déjà profondément travaillés par <strong>le</strong>s<strong>science</strong>s politiques. A cette aune, la construction <strong>de</strong> terrains comparés amène à remettre enquestion <strong>le</strong>s anciennes lignes <strong>de</strong> démarcation du comparatisme (par exemp<strong>le</strong> entre« démocraties » et « autoritarismes », « sociétés développées » ou « sous-développées », ou pireencore entre sociétés « du nord » « du sud »), et ce faisant à proposer <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s approches ducomparatisme, ni polémiques, ni centrées sur la comparaison <strong>de</strong> performances. El<strong>le</strong> engageéga<strong>le</strong>ment à questionner ces tensions entre, d’une part, <strong>le</strong> projet d’universalisation ou montée engénéralité et, <strong>de</strong> l’autre, la mise en récit au singulier <strong>de</strong> la trajectoire historique concrète <strong>de</strong>s casétudiés – réf<strong>le</strong>xion balisée par <strong>de</strong> nombreux travaux qui indiquent <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> travail à creuser :sur l’historicité <strong>de</strong>s phénomènes politiques, <strong>le</strong>s effets sociétaux <strong>de</strong>s processus à comparer, la« dépendance au sentier », <strong>le</strong>s variétés du capitalisme, <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s approches institutionnalistes,etc.- Chantiers politiques éga<strong>le</strong>ment, puisque <strong>le</strong>s praticiens <strong>de</strong> la sociologie politique comparative sontaux prises avec <strong>de</strong>s défis <strong>de</strong> plusieurs ordres : d’une part, celui <strong>de</strong> la construction d’objets, et parlà <strong>de</strong> « terrains » comparés ; <strong>de</strong> l’autre, la question du « rapport au politique », et notamment à lacomman<strong>de</strong> publique. En situation dite « réformiste », la proximité à la mise sur agenda peut eneffet conduire à développer un comparatisme déductiviste, à préjuger du futur <strong>de</strong>s uns au nom<strong>de</strong>s expériences passées <strong>de</strong>s autres, et ce au prix parfois <strong>de</strong> raccourcis, voire d’anachronismesou d’ethnocentrismes.Dans <strong>le</strong> cadre du GRESCOP, dont il s’agissait à Toulouse <strong>de</strong> la première rencontre, nous nous sommesproposés <strong>de</strong> discuter <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong> ces pistes <strong>de</strong> recherche à partir d’un modu<strong>le</strong> <strong>de</strong> travai<strong>le</strong>xploratoire, centré sur la thématique <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> l’Etat. Il s’agissait <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>rouvrir un grand dossier relégué au cimetière <strong>de</strong>s objets délaissés, « l’Etat » : délaissé dans <strong>le</strong>s démocratiesocci<strong>de</strong>nta<strong>le</strong>s parce qu’il serait fina<strong>le</strong>ment débordé par « en haut » et par « en bas », et dans <strong>le</strong>s systèmesautoritaires parce qu’il s’y réduirait à sa seu<strong>le</strong> fonction coercitive. Au contraire, l’Etat peut ne plus êtreseu<strong>le</strong>ment envisagé sous <strong>le</strong>s traits du territoire <strong>de</strong> la règ<strong>le</strong> bureaucratique, mais aussi comme <strong>le</strong> lieu <strong>de</strong>l’énonciation d’une vision idéologique ou mora<strong>le</strong> du pouvoir. Qu’il soit jugé « proche » <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>l’Europe occi<strong>de</strong>nta<strong>le</strong> ou « lointain » (tout du moins géographiquement), sa conceptualisation s’esttransformée, quittant définitivement <strong>le</strong>s eaux troub<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’exceptionnalisme culturaliste et invalidantl’image d’une boîte noire homogène.Le recours aux outils comparatifs d’une part, à ceux <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’autre, offre par voie <strong>de</strong>conséquence d’intéressantes pistes <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong>s (trans)formations <strong>de</strong>(s) l’Etat(s).Force est <strong>de</strong> constater en effet que sur nos terrains, la réforme <strong>de</strong> l’Etat est sur <strong>de</strong> nombreux agendaspolitiques, que ce soit pour <strong>le</strong> « dégraisser » ou, au contraire, <strong>le</strong> doter <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> pouvoir (empowerment).Sur certains terrains, il semb<strong>le</strong> dépassé par <strong>de</strong>s stratégies d’exit et d’externalisation (on par<strong>le</strong> alors, danscertaines littératures spécialisées, « d’Etat creux », « d’Etat faib<strong>le</strong> », voire <strong>de</strong> « fin <strong>de</strong>s Etats »). Dans d’autrescontrées, on met l’accent sur son évanescence : l’Etat est alors « fragi<strong>le</strong> », voire « failli », trop « extraverti »,inconsistant, « mal enraciné », inefficace, voire illégitime dans <strong>le</strong> cas d’ « Etats rentiers » ou d’Etats réduitsà <strong>le</strong>ur dimension coercitive, ou encore concurrencé par d’autres « Etats dans l’Etat ». Loin <strong>de</strong> cesapproches sur la pathologie <strong>de</strong>s Etats, notre propos au contraire est <strong>de</strong> réfléchir aux conditions d’unretour <strong>de</strong> l’Etat dans nos analyses (« bringing the State back in »), dont on perçoit <strong>le</strong>s prémisses dansnombres <strong>de</strong> travaux contemporains, à commencer par plusieurs ateliers, tab<strong>le</strong>s ron<strong>de</strong>s et conférencesorganisés lors du congrès <strong>de</strong> l’AFSP <strong>de</strong> Toulouse.Dans ce contexte, nous avons choisi <strong>de</strong> nous intéresser à l’Etat dans une perspective comparatiste quiprivilégie :


- l’analyse <strong>de</strong>s trajectoires historiques <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s Etats, et en particulier l’examen <strong>de</strong>sinteractions entre l’histoire <strong>de</strong>s institutions, <strong>le</strong>s transformations <strong>de</strong> l’action publique et <strong>le</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong>mobilisation et d’intermédiation ;- une perspective qui ne naturalise pas l’Etat, mais au contraire se propose <strong>de</strong> <strong>le</strong> saisir <strong>de</strong> façoncomparative à travers ses représentations, ses histoires, ses actions – et donc au prisme tant <strong>de</strong>ses « succès » proclamés que <strong>de</strong> ses échecs, avoués ou non, débattus ou pas. A travers lacomparaison <strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> l’Etat, <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> forces dynamiques qui travail<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s espacespolitico-institutionnels qui <strong>le</strong> structurent et <strong>le</strong> débor<strong>de</strong>nt, il s’agit ainsi <strong>de</strong> saisir <strong>le</strong>s temporalités, <strong>le</strong>sespaces comp<strong>le</strong>xes et variés <strong>de</strong>s Etats, en tentant <strong>de</strong> dégager au cas par cas cette interrogationdu paradigme éliassien englobant <strong>de</strong>s « dynamiques <strong>de</strong> l’occi<strong>de</strong>nt » (ou au moins, ens’interrogeant sur <strong>le</strong>s possibilités <strong>de</strong> <strong>le</strong> faire).2- « Le Social dans tous ses Etats : comparer la formation et la transformation <strong>de</strong>s Etats» : <strong>le</strong>s prémissesd’une réf<strong>le</strong>xionCette première séance du GRESCOP à l’AFSP était exploratoire. El<strong>le</strong> visait à travail<strong>le</strong>r ces questions àpartir <strong>de</strong> travaux en cours au sujet <strong>de</strong> « l’Etat social » dans plusieurs sociétés politiques. Il s’agissait <strong>de</strong>discuter <strong>de</strong>s différentes trajectoires et expériences que l’expression peut recouvrir, voire faussementhomogénéiser, en faisant varier <strong>le</strong>s terrains et <strong>le</strong>s échel<strong>le</strong>s d’analyse.La réf<strong>le</strong>xion sur l’Etat social a en effet été particulièrement riche et documentée dans <strong>le</strong>s démocratiesocci<strong>de</strong>nta<strong>le</strong>s, moins développée dans <strong>le</strong>s pays du « Sud », sinon en Amérique latine et en Asie, avec <strong>de</strong>shistoires différentes, mais montrant tout l’intérêt <strong>de</strong> multiplier <strong>le</strong>s points d’observation <strong>de</strong> cesconfigurations, et donc d’adopter une posture comparatiste. Les politiques socia<strong>le</strong>s connaissent en effet<strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s transformations en matière d’outils et d’inspirations. Des modè<strong>le</strong>s sont mis en exergue tantsur la place publique que dans la production <strong>scientifique</strong> : « <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> scandinave », « anglo-saxon »,« français », « beveridgien » ou « bismarckien », etc. Certains ont annoncé « la fin <strong>de</strong> l’Etat-provi<strong>de</strong>nce »,d’autres s’interrogent sur <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s formes <strong>de</strong> régulations socia<strong>le</strong>s qui peuvent se <strong>de</strong>ssiner dans <strong>le</strong>ssoubresauts <strong>de</strong>s mutations et du dépassement du fordisme et du keynésianisme, mais aussi sur <strong>le</strong>sdécombres du modè<strong>le</strong> développementaliste <strong>de</strong> l’Etat « mo<strong>de</strong>rnisateur ». Si l’histoire <strong>de</strong>s Etats sociaux futsurtout cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong>s domaines pris en charge par <strong>le</strong>s gran<strong>de</strong>s administrations publiques, ilsemb<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s réformes contemporaines <strong>de</strong> l’Etat social empruntent plutôt <strong>le</strong>s chemins sinueux <strong>de</strong> la« décharge » wéberienne. Constructions éminemment politiques et historiques, <strong>le</strong>s institutions <strong>de</strong> « l’Etatsocial » nous incitent à une comparaison <strong>de</strong>s représentations du pouvoir qu’el<strong>le</strong>s véhicu<strong>le</strong>nt et <strong>de</strong>smo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> régulations socia<strong>le</strong>s ou économiques qu’el<strong>le</strong>s expriment.Si el<strong>le</strong>s s’inscrivent dans une histoire institutionnel<strong>le</strong> et socia<strong>le</strong> loca<strong>le</strong> prégnante, ces réformes sont objetsd’innovations et <strong>de</strong> transferts. Comment circu<strong>le</strong>nt « <strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s génériques » ? Sont-ils simp<strong>le</strong>mentimportés (d’où à où ?), substitués, ou font-ils l’objet d’un processus <strong>de</strong> réappropriation ou <strong>de</strong>réinvention ? Comment analyser <strong>le</strong>s nouveaux principes d’action qui émergent ?En reconsidérant <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s dispositifs concrets <strong>de</strong> « l’Etat », nous avons souhaité commencer àtravail<strong>le</strong>r sur <strong>de</strong>s processus d’étatisation ou <strong>de</strong> « désétatisation » à l’œuvre aussi bien dans <strong>le</strong>s sociétésnord-américaines ou européennes que dans <strong>le</strong>s sociétés asiatiques ou africaines, sur la métamorphosed’espaces institutionnels et sur <strong>le</strong>s représentation du politique qui <strong>le</strong>s habitent, ou encore sur <strong>le</strong>s mo<strong>de</strong>sd’organisation concurrents, complémentaires ou substitutifs à l’Etat qui interviennent dans la prise encharge col<strong>le</strong>ctive <strong>de</strong> domaines dits « sociaux » (et ce au terme d’opérations comp<strong>le</strong>xes <strong>de</strong> qualificationou <strong>de</strong> déqualification).Cette réf<strong>le</strong>xion repose plus précisément sur la combinaison <strong>de</strong> 2 axes :- Une analyse <strong>de</strong>s évolutions <strong>de</strong> l’action publique et du jeu d’acteurs qui, dans et hors <strong>de</strong>l’administration et <strong>de</strong>s institutions publiques proprement dites, font « système » en matière <strong>de</strong>protection contre <strong>le</strong>s risques sociaux : associations, acteurs locaux ou internationaux, réseauxsectorisés ou régimes partiels <strong>de</strong> régulation ;- Un examen plus « anthropologique » et/ou historique <strong>de</strong> « l’Etat social » : <strong>le</strong>s pratiques (en matière<strong>de</strong> protection socia<strong>le</strong> au sens strict du terme, d’assistance, <strong>de</strong> politiques <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> logement,d’éducation, d’activités <strong>de</strong> bienfaisance) et <strong>le</strong>s représentations concrètes <strong>de</strong> l’Etat engagé dans<strong>de</strong>s activités socia<strong>le</strong>s. Comment l’Etat se donne à voir, à vivre au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s politiques et <strong>de</strong>s


discours formels ? Comment, en retour, <strong>le</strong>s représentations <strong>de</strong> ce qu’il doit être, <strong>de</strong> ce qu’il n’estpas ou <strong>de</strong> ce qu’il est, comme <strong>le</strong>s représentations du risque social et <strong>le</strong>s formes <strong>de</strong> mobilisationsqu’el<strong>le</strong>s suscitent, interviennent-el<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s logiques <strong>de</strong> formulation et <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>l’action publique et dans la transformation <strong>de</strong>s institutions ?Comment l’Etat, objet construit historiquement, se donne-t-il à voir au travers <strong>de</strong> mobilisations« socia<strong>le</strong>s » ? Comment comprendre l’Etat sans <strong>le</strong> social (id est sans institutions <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>srisques sociaux) ou <strong>le</strong> social sans l’Etat ? Dans ce cas, comment saisir par défaut ce qu’est l’Etat ? Cesquestions se retrouvent dans l’analyse, d’une part du processus historique <strong>de</strong> construction <strong>de</strong>s Etatssociaux, et <strong>de</strong> l’autre dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s modalités pratiques et idéologiques <strong>de</strong> prise en charge ou <strong>de</strong>« décharge » <strong>de</strong> l’Etat par d’autres acteurs en matière <strong>de</strong> politiques socia<strong>le</strong>s.Organisation du modu<strong>le</strong> :Prési<strong>de</strong>nt : JF BAYART (directeur <strong>de</strong> recherches CNRS-CERI)Discutant : D. DARBON (professeur IEP <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux – CEAN)- Antoine KERNEN (Maître d’enseignement et <strong>de</strong> recherche à l’université <strong>de</strong> Lausanne) :« Transformation <strong>de</strong> la gouvernance du social en Chine : <strong>le</strong> cas <strong>de</strong>s ONG caritatives »- Au<strong>de</strong> SIGNOLES (Maître <strong>de</strong> conférences, université <strong>de</strong> la Réunion) :« Le processus <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> l’Etat dans <strong>le</strong> cas pa<strong>le</strong>stinien »- Elise DEMANGE (doctorante en <strong>science</strong> politique, IEP <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux – CEAN) :(papier avec Aurélie LATOURÈS doctorante en <strong>science</strong> politique, IEP <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux – CEAN)« L’inspiration <strong>de</strong>s politiques socia<strong>le</strong>s en situation d’extraversion : quel rô<strong>le</strong> pour l’Etat ? Comparaison<strong>de</strong> l’action publique contre <strong>le</strong> sida et contre <strong>le</strong>s mutilations génita<strong>le</strong>s féminines (Ouganda, Kenya,Mali)- Jean DEPENA (doctorant en <strong>science</strong> politique, IEP d’Aix en Provence – CSPC) :« La question <strong>de</strong> l’Etat dans une Argentine en crise. L’énoncé du social dans la construction <strong>de</strong>sdiscours contestataires »3- Discussion autour <strong>de</strong>s modalités d’organisation <strong>de</strong> ce groupe et <strong>de</strong>s thématiques <strong>de</strong> travail :ca<strong>le</strong>ndrier provisoire 2007-2008« Le social dans tous ses Etats » :Prolongement <strong>de</strong> la réf<strong>le</strong>xion entamée dans <strong>le</strong> cadre du modu<strong>le</strong> du congrès <strong>de</strong> l’AFSP.Une ou <strong>de</strong>ux journées d’étu<strong>de</strong>s, au printemps 2008, qui pourront s’organiser en partenariat avec <strong>de</strong>sgroupes <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> laboratoires en France (CERI, CEAN, IREMAM…) maisaussi à l’étranger (IFPO, Beyrouth-Damas-Amman ; IRMC, Tunis ; LCPS Beyrouth ; IUED Genève, etc.), avec<strong>de</strong>s réseaux européens d’analyse <strong>de</strong>s sociétés politiques, et en partenariat avec d’autres groupes <strong>de</strong>travail <strong>de</strong> l’AFSP (Science politique comparée <strong>de</strong>s administrations, GRESCO, GRHISPO)Axes <strong>de</strong> travail dégagés :- « l’Etat <strong>de</strong> l’intérieur » : comment fonctionne t-il, quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s reconfigurations <strong>de</strong> l’Etat enaction ? Analyser <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> décharge comme la « municipalisation » en Pa<strong>le</strong>stine, <strong>le</strong>sagences étatiques en Chine.- « l’Etat dans <strong>le</strong>s représentations et imaginaires » : comprendre <strong>le</strong>s cadres d’interprétation pourcomprendre <strong>le</strong>s cadres d’action ;- « l’Etat en comparaison » : qu’est-ce qui est spécifique, qu’est-ce qui est généralisab<strong>le</strong> à partir <strong>de</strong>tel ou tel terrain ? Regards croisés et possibilités du comparatisme ;- « l’Etat dans <strong>le</strong> champ international » : <strong>le</strong> retour <strong>de</strong> l’Etat dans <strong>le</strong>s cadres normatifs et interprétatifs<strong>de</strong>s acteurs internationaux pose la question <strong>de</strong>s contraintes et opportunités offertes par cecontexte normatif <strong>de</strong>s IFI, ainsi que cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la construction et <strong>de</strong>s diffusions <strong>de</strong> modè<strong>le</strong>s (rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>sexperts et <strong>de</strong>s analystes).La pratique du comparatisme en <strong>science</strong> politique : <strong>le</strong>s transformations du métier


Un second axe que nous souhaitons développer cette année dans <strong>le</strong> cadre du GRESCOP concerne lapratique même du « métier » <strong>de</strong> politiste comparatiste. Il s’agit ici <strong>de</strong> s’interroger sur l’évolutioninstitutionnel<strong>le</strong> du comparatisme en <strong>science</strong>s politiques <strong>de</strong>puis une dizaine d’années. Les prérequis enmatière <strong>de</strong> compétences comparatistes se sont modifiés du tout au tout. L’exigence <strong>de</strong> la maîtrise ennom propre <strong>de</strong> l’accès au « terrain », tant au plan linguistique qu’ethnographique, a ainsi favorisé <strong>de</strong>scollaborations poussées entre politistes comparatistes et spécialistes d’« aires culturel<strong>le</strong>s » (orientalistes,islamologues).Mais dans <strong>le</strong> même temps, <strong>le</strong> projet d’une banalisation accrue du traitement théorique etméthodologique <strong>de</strong>s situations politiques « extra-européennes » s’est affirmé. Il s’agit donc désormais <strong>de</strong>travail<strong>le</strong>r « là-bas », sur <strong>de</strong>s lieux « autres » ou « similaires » du politique, mais avec l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s outilsdisciplinaires <strong>de</strong> l’analyse : ceux <strong>de</strong> « l’ici » (en l’occurrence <strong>le</strong> lieu d’où l’on par<strong>le</strong> : un groupe <strong>de</strong> travail<strong>de</strong> l’AFSP), dont il importe <strong>de</strong> questionner <strong>le</strong>s possibilités <strong>de</strong> voyage. La banalisation <strong>de</strong> la <strong>le</strong>cture dupolitique « là bas » permet en retour <strong>de</strong> forger, hors <strong>de</strong>s « démocraties représentatives occi<strong>de</strong>nta<strong>le</strong>s », <strong>de</strong>nouvel<strong>le</strong>s gril<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>le</strong>cture et <strong>de</strong> nouveaux outils d’analyse. Il s’agit éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> faire circu<strong>le</strong>r nosrecherches, en <strong>de</strong>çà ou au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette division internationa<strong>le</strong> <strong>de</strong>s <strong>science</strong>s socia<strong>le</strong>s, et ce endélocalisant et en internationalisant <strong>le</strong> plus possib<strong>le</strong> notre réf<strong>le</strong>xion.C’est dans ce cadre qu’en association avec plusieurs laboratoires, nous souhaitons organiser un cyc<strong>le</strong><strong>de</strong> rencontres au sujet du métier <strong>de</strong> comparatiste. Au cours du premier semestre <strong>de</strong> 2008, cecicommencera par l’organisation d’une journée d’étu<strong>de</strong> sur <strong>le</strong> thème « Publier en politique comparée »,qui réunirait <strong>de</strong>s chercheurs et <strong>de</strong>s directeurs <strong>de</strong> col<strong>le</strong>ctions spécialisées, <strong>de</strong>s rédacteurs <strong>de</strong> revues, etc.Bilan du modu<strong>le</strong> spécial duGroupe Histoire/Science politique (GRHISPO)Le GRHISPO (Groupe Histoire/Science politique) a consacré son modu<strong>le</strong> à « L'observation intensive duvote : mobilisations, démobilisations, politisations » (The in-<strong>de</strong>pth observation of the acts of voting :mobilizations, <strong>de</strong>mobilizations, politicizations), en présence d’une vingtaine <strong>de</strong> personnes.François Buton (CNRS, CURAPP), animateur <strong>de</strong> la séance, a rappelé <strong>le</strong> constat <strong>de</strong> départ du GRHISPO :l'acte <strong>de</strong> vote a été l'objet, <strong>de</strong>puis une vingtaine d'années, <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sociologiepolitique, socio-histoire du politique, et histoire politique, culturel<strong>le</strong> et socia<strong>le</strong>, qui ont permis d'enrenouve<strong>le</strong>r en profon<strong>de</strong>ur <strong>le</strong>s significations socia<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s chronologies, la matérialité. L'accent anotamment été placé mis sur la diversité <strong>de</strong>s usages du vote, sur l'intérêt d'une contextualisation fine <strong>de</strong>ses occurrences, sur <strong>le</strong>s logiques <strong>de</strong> son appropriation par <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>cteurs, sur son historicité sur <strong>le</strong> tempslong (<strong>de</strong>puis la Révolution française) ; la réf<strong>le</strong>xivité méthodologique (quel<strong>le</strong>s périodicités ? quelsinstruments d’analyse ? quel<strong>le</strong>s sources ?) a éga<strong>le</strong>ment gagné en systématicité. Dans <strong>le</strong> prolongement<strong>de</strong> ces travaux, la séance a mis en débat <strong>de</strong>ux recherches récentes en histoire et en <strong>science</strong> politiqueayant pour caractéristiques communes une entrée sur <strong>le</strong> terrain du vote par la monographie, ou plutôtl’enquête « intensive » par observation, <strong>le</strong> souci <strong>de</strong> restituer finement <strong>le</strong>s logiques <strong>de</strong> mobilisation et <strong>de</strong>participation é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>, donc <strong>de</strong> politisation(s) <strong>de</strong>s citoyens, et un engagement en pratique dans <strong>le</strong>séchanges entre savoir-faire <strong>de</strong>s différentes <strong>science</strong>s socia<strong>le</strong>s et historiques. En faisant discuter <strong>de</strong>srecherches d’histoire et <strong>de</strong> <strong>science</strong> politique se caractérisant par une préoccupation « sociohistorienne», <strong>le</strong> GRHISPO souhaitait abor<strong>de</strong>r la question <strong>de</strong>s emprunts disciplinaires à partir <strong>de</strong> la question<strong>de</strong>s formes socia<strong>le</strong>s et historiques <strong>de</strong> mobilisation et <strong>de</strong> démobilisation é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>, donc <strong>de</strong> politisation et<strong>de</strong> dépolitisation, <strong>de</strong>s milieux populaires.Jean-Gabriel Contamin (Lil<strong>le</strong> 2, CERAPS) a présenté et discuté la profuse et riche thèse <strong>de</strong> Laurent Le Gall(Université <strong>de</strong> Bretagne Sud) « L'é<strong>le</strong>cteur en campagnes. Une Secon<strong>de</strong> République dans <strong>le</strong> Finistère »(Lyon 2, 2004). Il a souligné la définition précise que l’auteur donne <strong>de</strong> la politisation, et ses difficultés (lapolitisation, à un premier <strong>de</strong>gré, peut-el<strong>le</strong> se réduire à la participation é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> ?). Il a insisté sur larichesse d’une analyse qui, contre la thèse agulhonienne <strong>de</strong> la coulée politisante vers <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>cteurs, meten va<strong>le</strong>ur <strong>le</strong>s voies endogènes <strong>de</strong> la politisation au village et cherche, en multipliant <strong>le</strong>s ang<strong>le</strong>s et faisantpreuve d’une gran<strong>de</strong> inventivité dans <strong>le</strong> choix <strong>de</strong>s sources et l’élaboration <strong>de</strong>s indicateurs, à « entrerdans la tête » <strong>de</strong>s é<strong>le</strong>cteurs finistériens. La recherche <strong>de</strong> Laurent Le Gall permet en effet <strong>de</strong> nuancer trois


thèses trop souvent présentées <strong>de</strong> manière massive : la domination du fait communautaire <strong>de</strong> typeunanimitaire au début du suffrage universel ; l’invention <strong>le</strong>nte et progressive <strong>de</strong> l’é<strong>le</strong>cteur mo<strong>de</strong>rne ; lafixation <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités politiques (<strong>le</strong>s « fiefs ») dès 1848. El<strong>le</strong> insiste sur l’importance, à côté <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong>politisation « par <strong>le</strong> bas » et « par <strong>le</strong> haut », d’une politisation par ces « intermédiaires » que sont <strong>le</strong>sé<strong>le</strong>cteurs du suffrage censitaires, (re)mobilisés par l’irruption du suffrage universel. Dans sa réponse,Laurent Le Gall a insisté sur <strong>le</strong>s vertus du dialogue avec la <strong>science</strong> politique pour <strong>le</strong>s historiens du 19 e , etretracé <strong>le</strong>s enjeux <strong>scientifique</strong>s du renouvel<strong>le</strong>ment, <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s années 1990, <strong>de</strong> l’histoire du suffrage en1848 (histoire « sainte » : la Révolution sans la Terreur) entre histoire politique, histoire socia<strong>le</strong> et microhistoire.Il a défendu sa thèse selon laquel<strong>le</strong> la société finistérienne <strong>de</strong> 1848 n’est pas une société <strong>de</strong>soumission, mais une société d’obéissance, qui consent au suffrage et respecte <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s imposées parl’État, mais s’autorise la possibilité <strong>de</strong> <strong>le</strong> remettre en cause.Dans un second temps, Emmanuel Bellanger (Centre d'histoire socia<strong>le</strong> du XXe, Paris 1) a discutél’ouvrage <strong>de</strong> Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen (La démocratie <strong>de</strong> l'abstention. Aux origines <strong>de</strong>la démobilisation é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> en milieu populaire, Gallimard, 2007) qui renoue avec la géographieé<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> et, en s'appuyant sur une large pa<strong>le</strong>tte <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s, notamment ethnographiques, plai<strong>de</strong>pour un réalisme sociologique à rebours <strong>de</strong> l'usage monomaniaque <strong>de</strong> l'enquête par questionnaires suréchantillon " représentatif ". Historien du personnel politique municipal et du réformisme municipal, maisaussi dyonisien, E. Bellanger, tout en disant avoir été convaincu par la démonstration <strong>de</strong>s processusmenant à la démobilisation é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> dans une cité comme cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Cosmonautes, a interrogé <strong>le</strong>sauteurs sur <strong>le</strong> choix <strong>de</strong> ce bureau <strong>de</strong> vote pour <strong>le</strong>ur étu<strong>de</strong>. Il a insisté sur la contribution éventuel<strong>le</strong> dupersonnel municipal (plutôt politisé et légitimiste) dans la politisation au sein du territoire <strong>de</strong> la cité (autravers <strong>de</strong> la mémoire politique loca<strong>le</strong>, notamment), sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> (reconnu a posteriori) <strong>de</strong> la frau<strong>de</strong> dans<strong>le</strong>s années 1970, sur <strong>le</strong> poids, sous-estimé, <strong>de</strong>s politiques municipa<strong>le</strong>s (politique foncière, politique <strong>de</strong>l’habitat social, par exemp<strong>le</strong>) dans un quartier qui fait office <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> transition rési<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong>, sur <strong>le</strong>rapport <strong>de</strong>s habitants à la mairie (institution familière ou au contraire distante), enfin sur la dimensioncommunautaire, voire « ethnique », du vote aujourd’hui. Dans <strong>le</strong> peu <strong>de</strong> temps qu’il <strong>le</strong>ur restait, C.Braconnier (Cergy-Pontoise, CEPEL) et J.-Y. Dormagen (Montpellier 1, CEPEL) sont revenus sur <strong>le</strong>s logiquesayant présidé au choix <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur terrain et sur <strong>le</strong>s modalités <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur entrée sur <strong>le</strong> territoire <strong>de</strong>s Cosmonautes.Ils ont éga<strong>le</strong>ment mis l’accent sur <strong>le</strong> caractère essentiel <strong>de</strong>s relations socia<strong>le</strong>s concrètes (l’environnementsocial), <strong>de</strong>s « dispositifs informels <strong>de</strong> mobilisation », dans l’inscription sur <strong>le</strong>s listes et la participation auxscrutins <strong>de</strong>s milieux populaires, et notamment <strong>de</strong>s plus jeunes. D’un mot <strong>de</strong> conclusion, M. Offerlé (ENS,GRHISPO) a rappelé que ces <strong>de</strong>ux importantes enquêtes contribuent notamment à (re)définir <strong>le</strong> votecomme un acte col<strong>le</strong>ctif, plutôt que comme une opinion individuel<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong>s débuts du suffrageuniversel comme aujourd’hui.Bilan du modu<strong>le</strong> spécial duGroupe Local & PolitiqueLa séance s’est organisée autour d’un débat commentant <strong>de</strong>ux ouvrages récents (l’un est sorti l’avantveil<strong>le</strong><strong>de</strong> la rencontre et l’autre sortira début octobre), ouvrages col<strong>le</strong>ctifs directement issus <strong>de</strong> travauxantérieurs menés par <strong>le</strong> groupe (<strong>de</strong>ux congrès -Lyon & Lausanne 2005- et un colloque -Grenob<strong>le</strong> 2006).Les ouvrages sont disponib<strong>le</strong>s chez L’Harmattan : Action publique et changements d’échel<strong>le</strong>s est dirigépar Alain Faure, Jean-Philippe Leresche, Pierre Mul<strong>le</strong>r et Stéphane Nahrath ; Les politiques publiques àl’épreuve <strong>de</strong> l’action loca<strong>le</strong> est dirigé par Alain Faure et Emmanuel Négrier (ce <strong>de</strong>rnier en absentremarqué <strong>de</strong> la rencontre, victime la veil<strong>le</strong> du Congrès d’un étonnant -mais pas dramatique- acci<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> moto à Montpellier). Tous <strong>le</strong>s chapitres <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux ouvrages sont téléchargeab<strong>le</strong>s sur .En guise d’introduction, Alain Faure a rappelé <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement du groupe « Local &Politique ». Jean-Philippe Leresche, Stéphane Nahrath et Thierry Berthet ont ensuite ouvert une discussion<strong>scientifique</strong> sur <strong>le</strong>s principaux résultats proposés dans <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux ouvrages. Enfin, au terme <strong>de</strong> la matinée,Pierre Mul<strong>le</strong>r a listé <strong>le</strong>s principaux enjeux <strong>scientifique</strong>s qui lui inspiraient ces échanges. La sal<strong>le</strong> était biengarnie (50 personnes) et <strong>le</strong>s interventions furent nombreuses, souvent cha<strong>le</strong>ureuses et toujoursstimulantes. Voici, à grands traits, <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux principaux enseignements qui en ressortent.Rendre plus lisib<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s controverses sur la territorialisation <strong>de</strong> l'action publiquePour faire court, <strong>le</strong> <strong>bilan</strong> sur <strong>le</strong>s très nombreux travaux français <strong>de</strong> <strong>science</strong> politique sur l’action publiqueloca<strong>le</strong> permet <strong>de</strong> pointer un réel déficit sur trois plans : l’absence <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong>s ouvrages col<strong>le</strong>ctifs


tirés <strong>de</strong>s colloques, la faib<strong>le</strong> visibilité d’auteurs <strong>de</strong> référence à l’échel<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong>, et l’absence <strong>de</strong>lisibilité théorique sur <strong>le</strong>s nouveaux paradigmes à l’épreuve. Les interventions <strong>de</strong> la sal<strong>le</strong> ont permis <strong>de</strong>lister <strong>le</strong>s causes multip<strong>le</strong>s <strong>de</strong> ce déficit.Dans <strong>le</strong> même temps, <strong>le</strong>s échanges qui ont suivi <strong>le</strong>s interventions initia<strong>le</strong>s <strong>de</strong> JP. Leresche, S. Narath et T.Berthet ont aussi confirmé l’extrême vitalité <strong>de</strong>s questionnements intel<strong>le</strong>ctuels que <strong>le</strong>s entrées par <strong>le</strong>schangements d’échel<strong>le</strong>s et par la territorialisation (mais aussi par <strong>le</strong>s idéologies, la gouvernance, laproximité, la participation…) pouvaient susciter. Depuis <strong>le</strong> début <strong>de</strong>s années 2000, <strong>de</strong>s controverses <strong>de</strong>gran<strong>de</strong> qualité s’ouvrent sur <strong>le</strong>s plans empirique, méthodologique, théorique et épistémologique, et ilsemb<strong>le</strong> que se précisent, au cœur <strong>de</strong> ce renouveau académique, <strong>de</strong>ux ingrédients inédits : d’une partune jeune recherche très entreprenante sur <strong>le</strong>s terrains du comparatisme et <strong>de</strong>s décloisonnementsthéoriques, et d’autre part <strong>de</strong>s labos <strong>de</strong> province parvenant à structurer <strong>de</strong>s dynamiques col<strong>le</strong>ctivesorigina<strong>le</strong>s (Bor<strong>de</strong>aux, Grenob<strong>le</strong>, Rennes, Lil<strong>le</strong>, Strasbourg, Montpellier, Aix…).Beaucoup <strong>de</strong> pistes ont été évoquées pour comb<strong>le</strong>r <strong>le</strong> fossé qui sépare l’effervescence <strong>de</strong>s travaux et ladiscrétion <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur médiatisation dans la communauté nationa<strong>le</strong> et internationa<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>science</strong> politique. Envoici en vrac un bref aperçu : mettre en avant cette expertise lors <strong>de</strong>s prochaines é<strong>le</strong>ctions municipa<strong>le</strong>s(mars 2008), faire <strong>de</strong>s recensions croisées dans <strong>le</strong>s revues académiques <strong>de</strong> premier plan, mettre en place(et à jour) une page Web sur <strong>le</strong>s colloques et séminaires dans ce domaine, recenser <strong>le</strong>s bases <strong>de</strong>données existantes sur <strong>le</strong>s systèmes politiques locaux en France et en Europe, associer systématiquementaux travaux du groupe <strong>le</strong>s 3 autres associations francophones <strong>de</strong> <strong>science</strong> politique (Belgique, Suisse,Québec), proposer une tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> ambitieuse pour <strong>le</strong> Congrès AFSP <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong> (septembre 2009),organiser <strong>de</strong>s journées communes avec <strong>le</strong>s groupes “Politiques Publiques”, “Sociologie comparée”,“Analyse é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>”, “étu<strong>de</strong>s européennes”, “étu<strong>de</strong>s internationa<strong>le</strong>s”…Quelques propositions concrètes…Forts <strong>de</strong> tous ces diagnostics et suggestions, plusieurs pistes se sont esquissées pour que <strong>le</strong> groupe “Local& Politique” <strong>de</strong>viennent <strong>le</strong> vecteur du renouveau! Il apparaît indispensab<strong>le</strong> <strong>de</strong> mieux “badger” <strong>le</strong>smanifestations <strong>scientifique</strong>s qui entrent dans <strong>le</strong> champ <strong>de</strong> cette réf<strong>le</strong>xion. Le groupe “Local & Politique”doit veil<strong>le</strong>r en priorité à promouvoir <strong>le</strong>s initiatives col<strong>le</strong>ctives (colloques, séminaires, recherches,publications…) et à <strong>le</strong>s répercuter au plan national et international. Pour rester dans l’esprit dufonctionnement du groupe (une structure légère, en réseau et convivia<strong>le</strong>), il semb<strong>le</strong> alors judicieux <strong>de</strong>penser à l’avenir <strong>le</strong> découpage <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> promotion du groupe en différents sous-groupes, avec àchaque fois la mobilisation <strong>de</strong> quelques animateurs (présents pour la plupart dans la sal<strong>le</strong>). Quatrethématiques pourraient servir <strong>de</strong> fil conducteur :- Une page Web “Local & Politique” avec <strong>de</strong>s rubriques régulièrement mises à jour (ouvrages et artic<strong>le</strong>srécents, colloques et séminaires, programmes <strong>de</strong> recherche), avec une recension sur une dizaineouvrages col<strong>le</strong>ctifs récents (pour la RFSP et une revue américaine à choisir), et avec une recension <strong>de</strong>sthèses récentes et en cours.- Un projet sur « Les Municipa<strong>le</strong>s <strong>de</strong> mars 2008 à la loupe » avec la programmation d’un ou <strong>de</strong>ux tempsforts (avant et après <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions) mobilisant <strong>de</strong>s auteurs spécialisés sur la question, une recension <strong>de</strong>stravaux sur la compétition politique et la mobilisation é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>, et éventuel<strong>le</strong>ment ensuite un séminairesur <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions loca<strong>le</strong>s à l’étranger.- Un projet « Controverses disciplinaires et internationa<strong>le</strong>s » structuré autour d’un séminaire sur <strong>le</strong>snouvel<strong>le</strong>s théorisations <strong>de</strong> l’action publique, avec une conférence avec <strong>de</strong>s auteurs étrangers <strong>de</strong>référence, et avec <strong>de</strong>s initiatives communes avec d’autres groupes <strong>de</strong> l’AFSP.- Enfin, une cellu<strong>le</strong> « Objectif Grenob<strong>le</strong> 2009 » pour mettre en place une réf<strong>le</strong>xion sur la participation dugroupe au prochain Congrès et envisager un projet <strong>de</strong> tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong>, en lien étroit avec <strong>le</strong>s initiatives prisesdans <strong>le</strong>s trois sous-groupes ci-<strong>de</strong>ssus (Web, Municipa<strong>le</strong>s et Controverses).Tous ces objectifs et futurs temps forts sont sur l’agenda <strong>de</strong>s responsab<strong>le</strong>s du groupe. Ils seront bientôtprésentés, avec <strong>le</strong> concours d’une quinzaine <strong>de</strong> correspondants, sur un site Web accessib<strong>le</strong> <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> site<strong>de</strong> l’AFSP ou directement consultab<strong>le</strong> en tapant http://pacte.cnrs.fr/local&politique/Bilan du modu<strong>le</strong> spécial duGroupe Métho<strong>de</strong>s, observation, données (MOD)La campagne é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> pour l’é<strong>le</strong>ction prési<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> 2007 a, une nouvel<strong>le</strong> fois, générée un débatpublic sur <strong>le</strong>s sondages. Ce débat en sociologie et en <strong>science</strong> politique est ancien et a structuré <strong>de</strong>fortes controverses. L’objectif <strong>de</strong> l’atelier était <strong>de</strong> revenir sur cette controverse mais en tentant <strong>de</strong>


dépasser <strong>le</strong>s « vieux » clivages entre « défenseurs » et « critiques » <strong>de</strong>s sondages politiques. Le groupeMOD souhaitait ainsi, conformément à ses objectifs initiaux, permettre au pluralisme méthodologique <strong>de</strong>trouver toute sa place dans <strong>le</strong>s débats qui traversent notre discipline. Cet atelier a notamment permis <strong>de</strong>faire dialoguer différentes approches aujourd’hui en capacité <strong>de</strong> débattre <strong>de</strong> manière constructive. Ladiscussion était centrée sur <strong>de</strong>ux ouvrages récemment parus, celui <strong>de</strong> Patrick Lehingue, Subunda Coups<strong>de</strong> son<strong>de</strong> dans l'océan <strong>de</strong>s sondages, Editions du Croquant, 2007 et celui <strong>de</strong> Mathieu Brugidou, L’opinionet ses publics, Presses <strong>de</strong> Sciences Po, 2007, Loïc Blondiaux, auteur <strong>de</strong> La fabrique <strong>de</strong> l’opinion. Unehistoire socia<strong>le</strong> <strong>de</strong>s sondages, Paris, Seuil, 1998 ayant accepté <strong>de</strong> participer à la discussion. PatrickLehingue et Mathieu Brugidou ont successivement présenté <strong>le</strong>ur ouvrage et réagi à celui <strong>de</strong> l’autre avecla consigne <strong>de</strong> dégager <strong>le</strong>urs points d’accords et <strong>de</strong> désaccords sur la conception <strong>de</strong> l’opinionpublique et l’outil <strong>de</strong>s sondages. Très schématiquement, <strong>le</strong> débat a principa<strong>le</strong>ment porté surl’interprétation <strong>de</strong> ce qu’est l’interaction socia<strong>le</strong> spécifique que constitue la passation d’unquestionnaire et, à travers cette question sur la <strong>de</strong>nsité argumentative <strong>de</strong>s réponses fournies par <strong>le</strong>sondé. Mathieu Brugidou a défendu l’idée que <strong>le</strong>s sondages peuvent être considérés comme <strong>de</strong>sdispositifs sociaux sur <strong>le</strong>squels s’ajustent <strong>de</strong>s opinions personnel<strong>le</strong>s. Répondre à un sondage c’est seprojeter sur une scène publique. Alors que Patrick Lehingue a mis en doute ce mécanisme <strong>de</strong> projectionet a insisté sur la fragilité <strong>de</strong>s interactions socia<strong>le</strong>s fugitives sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s repose la qualité <strong>de</strong> la réponse àun sondage. Au bout du compte, par la qualité <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux principaux protagonistes maiséga<strong>le</strong>ment du discutant et <strong>de</strong>s participants, ce débat fut <strong>de</strong> non seu<strong>le</strong>ment d’une gran<strong>de</strong> tenue mais acontribué à déplacer <strong>le</strong>s points <strong>de</strong> discussion.Bilan du modu<strong>le</strong> spécial <strong>de</strong> laSection d'Etu<strong>de</strong>s Européennes (SEE)Ce modu<strong>le</strong>, intitulé « Etudier l’Union européenne en France : objets, paradigmes, métho<strong>de</strong>s », avait pourobjectif <strong>de</strong> nourrir la réf<strong>le</strong>xion sur l’épistémologie <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes, dans la continuité <strong>de</strong>sactivités précé<strong>de</strong>ntes <strong>de</strong> la SEE, notamment <strong>de</strong> l’atelier « Où en sont <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes enFrance ? » du Congrès <strong>de</strong> Lyon (2005) et du premier congrès <strong>de</strong> la SEE « Une Europe <strong>de</strong>s élites ? »(Bor<strong>de</strong>aux, 2006). Il voulait éga<strong>le</strong>ment capitaliser sur d’autres apports, tels que <strong>le</strong> colloque <strong>de</strong>s cinq ans<strong>de</strong> la revue Politique européenne.Après ces débats salutaires, qui ont surtout contribué à dire ce que <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes françaises nesont pas – notamment par voie <strong>de</strong> comparaison avec un, supposé, mainstream anglo-saxon – ou nedoivent pas être, l’ambition du modu<strong>le</strong> était <strong>de</strong> reconstruire sur un mo<strong>de</strong> plus positif une réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong>sobjets, paradigmes et métho<strong>de</strong>s.Le modu<strong>le</strong>, d’une durée <strong>de</strong> 3 heures, s’est organisé en <strong>de</strong>ux temps :- la présentation <strong>de</strong> publications et <strong>de</strong> recherches françaises en cours sur l’Union européenne ;- une tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> sur <strong>le</strong>s métho<strong>de</strong>s et objets <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes, réunissant <strong>de</strong>s chercheursfrançais et étrangers <strong>de</strong> tous horizons, suivie d’un débat avec la sal<strong>le</strong>.1. Présentation <strong>de</strong> recherches françaises sur l’Union européenne• Présentation <strong>de</strong> l’ouvrage Science politique <strong>de</strong> l’Europe (Belot, Magnette, Saurugge (dir.),Economica, à paraître) par Céline Belot (PACTE-IEP <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong>) et Sabine Saurugger (PACTE-IEP<strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong>)• Présentation <strong>de</strong> l’Observatoire <strong>de</strong>s Institutions Européennes et <strong>de</strong> son premier rapport annuelElargissement : comment l’Europe s’adapte (Dehousse, Deloche, Duhamel (dir.), Presses <strong>de</strong>Sciences Po, 2006) par Florence Deloche-Gau<strong>de</strong>z (Centre européen <strong>de</strong> Sciences Po)• Présentation du projet <strong>de</strong> recherche « Une sociologie politique <strong>de</strong>s milieux communautaires » parDidier Georgakakis et Michel Mangenot (GSPE-PRISME – IEP <strong>de</strong> Strasbourg)• Présentation <strong>de</strong> l’ouvrage L’espace public européen à l’épreuve du religieux (Forêt (dir.), Editions<strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Bruxel<strong>le</strong>s, 2007) par François Forêt (IEE-ULB)• Présentation <strong>de</strong> l’ouvrage Une Europe <strong>de</strong>s élites ? (Costa, Magnette (dir.), Editions <strong>de</strong> l’Université<strong>de</strong> Bruxel<strong>le</strong>s, 2007) par Olivier Costa (CNRS-SPIRIT).2. Tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> : quel<strong>le</strong>s métho<strong>de</strong>s et quels objets pour <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes ?• Yves Deloye (Paris I - CRPS)• Jean-Michel Eymeri-Douzans (IEP Toulouse - LASSP)


• Robert Harmsen (Queen’s University Belfast)• Patrick Hassenteufel (Université <strong>de</strong> Versail<strong>le</strong>s)• Nicolas Jabko (CERI)• Vivien Schmidt (Boston University)Dans son intervention, Yves Deloye insiste sur l’importance <strong>de</strong> la banalisation <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes,qu’opèrent notamment très bien <strong>le</strong>s spécialistes français <strong>de</strong>s politiques publiques. Il souligne, encontrepoint, <strong>le</strong> risque d’une hyperspécialisation <strong>de</strong>s européanistes. S’agissant <strong>de</strong> la « French touch »,dont il avait été beaucoup question à Lyon, Yves Deloye pense qu’el<strong>le</strong> existe, même s’il faut se gar<strong>de</strong>r<strong>de</strong> tout patriotisme intel<strong>le</strong>ctuel. El<strong>le</strong> tient tout d’abord aux contraintes qui se sont appliquées auxpremiers politistes français à s’être intéressés à l’objet ; aujourd’hui, el<strong>le</strong> se traduit par la distance <strong>de</strong>schercheurs français vis-à-vis <strong>de</strong> certains paradigmes centraux <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes, notamment aurational choice, quasiment absent dans <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes en France. Yves Deloye souligne <strong>de</strong>uxenjeux importants : <strong>le</strong> refus <strong>de</strong> la dénonciation faci<strong>le</strong> du « mainstream » anglo-saxon ; la présence àl’international, indispensab<strong>le</strong> à la diffusion <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong>s chercheurs françaisVivien Schmidt reconnaît la richesse <strong>de</strong>s travaux conduits par <strong>le</strong>s Français dans <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes,mais estime qu’ils font preuve d’un manque <strong>de</strong> théorie substantive et méthodologique et d’un fétichisme<strong>de</strong> l’empirique qui freinent la diffusion <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur travaux. El<strong>le</strong> souligne aussi la faib<strong>le</strong>sse <strong>de</strong>s recherchesfrançaises en économie politique européenne. El<strong>le</strong> juge, el<strong>le</strong> aussi, que <strong>le</strong>s européanistes françaisdoivent être plus présents dans <strong>le</strong> débat international.Patrick Hassenteufel insiste sur la nécessité <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r sur la problématique <strong>de</strong> l’européanisation et <strong>de</strong> laprendre en compte dans tous <strong>le</strong>s travaux <strong>de</strong> <strong>science</strong> politique. Il rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> caractère désormaisincontournab<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’Union européenne pour l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s politistes français, et souligne l’importance<strong>de</strong>s travaux réalisés en France sur certains aspects <strong>de</strong> l’européanisation.Robert Harmsen précise que <strong>le</strong> Royaume-Uni est marqué par un déclin relatif <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes :la masse critique est là, mais il y a aujourd’hui moins d’européanistes qu’il y a dix ans et moins <strong>de</strong> centresd’étu<strong>de</strong>s européennes. La tendance est inverse en France. L’autonomisation <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s européennesau Royaume-Uni, via notamment la création et <strong>le</strong> succès <strong>de</strong> UACES, a été à la fois un atout et un défaut.Au second titre, il déplore notamment qu’il n’y ait pas <strong>de</strong> dialogue, outre Manche, entrel’institutionnalisme et la sociologie politique. S’agissant <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes en France, RobertHarmsen s’étonne <strong>de</strong> la faib<strong>le</strong> prise en compte <strong>de</strong> la mondialisation, qui est au coeur <strong>de</strong> la réf<strong>le</strong>xion surl’Union au Royaume-Uni, où l’on assiste même à une dilution progressive <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes dans<strong>le</strong>s relations internationa<strong>le</strong>s.Nicolas Jabko souligne, comme Vivien Schmidt, la faib<strong>le</strong>sse <strong>de</strong> l’économie politique appliquée à l’Unioneuropéenne en France. Cette faib<strong>le</strong>sse se traduit par la bonne santé <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s politiquespubliques, sous-discipline qui n’existe pas en tant que tel<strong>le</strong> au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. NicolasJabko constate que <strong>le</strong>s auteurs français ne sont pas lus et connus à l’étranger, mais que l’on peutnéanmoins distinguer une « French touch », résultant <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong>s sociologues etanthropologues dans <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes françaises. Le défaut <strong>de</strong> ces approches est toutefois <strong>de</strong>cé<strong>de</strong>r à un hyperempirisme sur <strong>de</strong>s micro-objets, qui ne permet aucune forme <strong>de</strong> généralisation, et n’yaspire pas.Jean-Michel Eymeri-Douzans estime que, si <strong>le</strong>s politistes américains sont <strong>de</strong>s économistes ratés, <strong>le</strong>spolitistes français sont <strong>de</strong>s sociologues ratés ; il y voit l’explication principa<strong>le</strong> <strong>de</strong> la spécificité <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>seuropéennes en France. Il considère que l’hyperempirisme reproché aux politistes français n’est en rienun travers, et qu’il permet au contraire d’al<strong>le</strong>r au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong>s approches formel<strong>le</strong>s etglobalisantes qui dominent <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes ail<strong>le</strong>urs.A l’issue d’un large débat avec la sal<strong>le</strong>, il apparaît qu’un consensus se dégage dans la communauté <strong>de</strong>seuropéanistes français sur plusieurs points – ce qui n’avait pas été <strong>le</strong> cas lors du précé<strong>de</strong>nt atelier <strong>de</strong> laSEE à Lyon (septembre 2005).En premier lieu, <strong>le</strong>s intervenants s’accor<strong>de</strong>nt pour reconnaître l’importance d’une réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> rapportà l’international. Tandis que d’autres branches <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique peuvent faire abstraction <strong>de</strong>srecherches menées à cette échel<strong>le</strong> et/ou portent sur <strong>de</strong>s objets très peu considérés par <strong>le</strong>s politistesétrangers, <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes (comme <strong>le</strong>s relations internationa<strong>le</strong>s) sont très largementdéveloppées dans tous <strong>le</strong>s pays européens ainsi qu’en Amérique du nord. La confrontation <strong>de</strong>srecherches françaises, encore faib<strong>le</strong>s quantitativement parlant, avec cel<strong>le</strong>s menées à l’étranger est <strong>de</strong>ce fait diffici<strong>le</strong>ment évitab<strong>le</strong>, sauf à se replier sur <strong>de</strong> micro-objets spécifiquement hexagonaux ou sur <strong>de</strong>sapproches connues <strong>de</strong>s seuls chercheurs français, et à produire <strong>de</strong>s recherches franco-françaisesessentiel<strong>le</strong>ment autoréférentiel<strong>le</strong>s.Pour l’heure, <strong>le</strong>s européanistes français sont peu lus à l’international : seuls quelques chercheurs publientrégulièrement en anglais. Ils sont éga<strong>le</strong>ment peu présents dans <strong>le</strong>s arènes <strong>de</strong> la discipline. Si l’on constate


un net regain <strong>de</strong> participation <strong>de</strong>s chercheurs et doctorants français aux activités <strong>de</strong> l’ECPR, tel n’est pas<strong>le</strong> cas pour UACES ou ECSA. Cette situation doit être analysée avec précaution. On peut, d’une part,constater que <strong>le</strong>s chercheurs français ne font pas toujours l’effort <strong>de</strong> publier dans <strong>de</strong>s revues et chez <strong>de</strong>séditeurs anglo-saxons et d’être présents dans <strong>le</strong>s conférences et congrès internationaux. Mais il faut noterque cette démarche représente un important investissement qui n’est pas valorisé à sa juste mesure par<strong>le</strong>s instances d’évaluation françaises (recrutement, carrière, évaluation <strong>de</strong>s laboratoires). On ajouteraque <strong>le</strong>s travaux <strong>de</strong>s chercheurs français ne sont pas toujours adaptés aux pré-requis <strong>de</strong>s revues et <strong>de</strong>sdirecteurs <strong>de</strong> col<strong>le</strong>ction ou <strong>de</strong> panels anglo-saxons. L’épistémologie <strong>de</strong>s <strong>science</strong>s socia<strong>le</strong>s françaises secaractérise en effet par <strong>le</strong> dépassement <strong>de</strong> certaines dichotomies qui restent centra<strong>le</strong>s dans l’espace<strong>scientifique</strong> international. Par ail<strong>le</strong>urs, la socialisation <strong>de</strong>s chercheurs dans un milieu universitaire fortementdéterminé par <strong>de</strong>s clivages idéologiques a <strong>de</strong>s effets sur <strong>le</strong>ur production <strong>scientifique</strong> et induit undécalage <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs approches, paradigmes et pratiques par rapport à ceux qui ont cours dans <strong>le</strong>s paysanglo-saxons. Il faut donc se gar<strong>de</strong>r d’analyser la faib<strong>le</strong> présence <strong>de</strong>s chercheurs français àl’international comme <strong>le</strong> seul produit <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur nombrilisme ou <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur manque d’ambition. Ceci dit, tous<strong>le</strong>s participants au débat reconnaissent la nécessité <strong>de</strong> faire évoluer cette situation, et soulignentl’existence <strong>de</strong> contraintes objectives en la matière – notamment en termes <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> larecherche.Les participants au débat estiment que l’on ne pourra cultiver certaines spécificités <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>seuropéennes françaises et <strong>le</strong>s valoriser qu’à <strong>de</strong>ux conditions :- il faut surmonter <strong>le</strong> « comp<strong>le</strong>xe d’Astérix », qui consiste à stigmatiser hâtivement l’inanité d’unmainstream anglo-saxon fantasmé, et considérer la production internationa<strong>le</strong>, dans toute sadiversité, <strong>de</strong> manière plus systématique et sérieuse ;- il convient d’éviter <strong>le</strong>s travers d’un fétichisme empirique et microsociologique. Seu<strong>le</strong> la montée enpuissance et la systématisation <strong>de</strong>s approches « françaises » peut permettre d’aboutir à uncertain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> généralité et d’entrer <strong>de</strong> plain-pied dans un débat international qui accor<strong>de</strong>une gran<strong>de</strong> importance aux positionnements théoriques et à la mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> loisgénéra<strong>le</strong>s.Bilan du modu<strong>le</strong> duGroupe Science politique comparée <strong>de</strong>s administrations (SPCA)Créé par décision du Conseil <strong>de</strong> l’AFSP au printemps <strong>de</strong>rnier, <strong>le</strong> nouveau Groupe <strong>de</strong> travail« Science politique comparée <strong>de</strong>s administrations » a tenu, dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> ce modu<strong>le</strong>, sa réunioninaugura<strong>le</strong>.Bénéficiant d’une assistance nombreuse, tant <strong>de</strong> chercheurs confirmés spécialistes <strong>de</strong> lasociologie <strong>de</strong>s institutions et <strong>de</strong> la sociologie <strong>de</strong> l’action publique ou <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’administration(Marc-Olivier Baruch, Patrick Le Galès, Pierre Mul<strong>le</strong>r, Christine Musselin, Olivier Nay, Yves Surel, etc.) que<strong>de</strong> jeunes chercheurs et doctorants, ce modu<strong>le</strong> bref – <strong>de</strong>ux heures seu<strong>le</strong>ment – s’est déroulé en troistemps.I - Ouverture et présentation problématique.Après <strong>le</strong>s mots <strong>de</strong> bienvenue au nom <strong>de</strong> l’AFSP, <strong>le</strong>s co-responsab<strong>le</strong>s du Groupe ont présentésuccessivement <strong>le</strong> sens et <strong>le</strong>s objectifs du lancement <strong>de</strong> ce nouvel espace transversal d’échanges et <strong>de</strong>dialogue franco-européen, et bien sûr aussi franco-français entre toutes cel<strong>le</strong>s et ceux dont <strong>le</strong>srecherches sont appelées à « croiser » <strong>le</strong>s institutions administratives, ou à s’y consacrer à titre principal,et ce quel que soit <strong>le</strong> « niveau <strong>de</strong> gouvernement » concerné – du « local » à l’Europe et aux institutionsinternationa<strong>le</strong>s.1. Intervention <strong>de</strong> Jean-Michel Eymeri-Douzans : Pourquoi un Groupe « Science politiquecomparée <strong>de</strong>s administrations » ?Cette communication revient sur <strong>le</strong>s nombreuses raisons qui justifient la mise en place <strong>de</strong> ceGroupe. La principa<strong>le</strong> est qu’au rebours d’une longue pério<strong>de</strong> où « la <strong>science</strong> politique française (fut)oublieuse <strong>de</strong> l’administration publique » (Françoise Dreyfus), <strong>le</strong>s années récentes sont marquées par unefloraison <strong>de</strong> recherches. La <strong>science</strong> politique française <strong>de</strong>s années 1960-70 n’avait guère accordéd’attention aux administrations, état <strong>de</strong> fait qui se comprend à la fois comme <strong>le</strong> produit d’une


émancipation du droit public, auquel l’administration avait été abandonnée comme un « vieil objet », etcomme <strong>le</strong> produit <strong>de</strong> cette « exception française » qui, du fait <strong>de</strong> la majesté traditionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’Etat et <strong>de</strong>ses « grands commis », voyait reconnaître à ceux-ci un magistère, en pratique incontesté, du discourslégitime sur l’Etat, ses administrations et <strong>le</strong>urs réformes.Ce désintérêt contraste avec un mon<strong>de</strong> anglo-saxon où la « Public Administration » est trèsprospère, <strong>de</strong> même que chez nos voisins européens, où l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s institutions administratives bénéficied’un fort rayonnement, et <strong>le</strong>s « aca<strong>de</strong>mics » qui <strong>le</strong>s étudient aussi – <strong>le</strong>urs anciens étudiants <strong>de</strong>venus hautsfonctionnaires <strong>le</strong>s sollicitant souvent comme consultants car la porosité est plus gran<strong>de</strong> qu’en Franceentre recherche et « milieu décisionnel central ».Toutefois, un faisceau <strong>de</strong> facteurs convergents, où se mê<strong>le</strong>nt l’essor <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s politiquespubliques qui, traitant <strong>de</strong> « L’Etat en action », l’a donné à voir comme un Gulliver empêtréd’administrations concurrentes, et <strong>le</strong>s effets d’un retour <strong>de</strong> flamme « néo-institutionnaliste », a permis lafloraison récente <strong>de</strong> recherches consacrées aux mon<strong>de</strong>s administratifs, en <strong>le</strong>urs formes différenciées,dont une liste indicative d’auteurs est mentionnée en séance. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur variété, unecaractéristique moda<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces travaux est bien que, par <strong>le</strong>ur formation intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>ur ancrageuniversitaire, <strong>le</strong>urs métho<strong>de</strong>s et <strong>le</strong>urs cadres d’analyse, ils appartiennent aux <strong>science</strong>s socia<strong>le</strong>s, et pour laplupart à la <strong>science</strong> politique, c’est-à-dire se distinguent d’une approche juridique <strong>de</strong>s institutions. Cesrecherches manifestent <strong>le</strong> souci commun <strong>de</strong> réinvestir en politistes/politologues <strong>le</strong> champ <strong>de</strong>l’institutionnel, en l’espèce celui <strong>de</strong>s institutions administratives – quand d’autres ont opéré unmouvement similaire vers <strong>le</strong>s institutions politico-constitutionnel<strong>le</strong>s. Appréhen<strong>de</strong>r ainsi <strong>le</strong>s institutions, c’ests’enraciner dans <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s empiriques approfondies qui permettent <strong>de</strong> saisir « l’épaisseur » <strong>de</strong>sinstitutions, en <strong>le</strong>ur doub<strong>le</strong> dimension d’univers <strong>de</strong> pratiques et d’univers <strong>de</strong> sens. Les institutions étant unordre routinier fait d’histoire objectivée, ces étu<strong>de</strong>s s’appuient souvent sur une connaissance sociohistorique.De plus, comme <strong>le</strong>s institutions administratives ne sont ni abstraites ni inertes, <strong>le</strong>ur étu<strong>de</strong> ne seconçoit pas sans une connaissance approfondie <strong>de</strong>s agents publics qui vivent dans <strong>le</strong>s institutions et <strong>le</strong>urdonnent vie, c’est-à-dire sans une sociologie <strong>de</strong>s acteurs, ni sans <strong>de</strong>s liens à l’évi<strong>de</strong>nce étroits avec lasociologie <strong>de</strong> l’action publique que ces acteurs, en interactions comp<strong>le</strong>xes avec d’autres, concourent àproduire. Sans exclusive, l’étu<strong>de</strong> politiste <strong>de</strong>s administrations se développe ainsi, à l’articulation entre lasociologie <strong>de</strong>s acteurs et <strong>de</strong>s groupes, la sociologie <strong>de</strong>s institutions, la sociologie du travail et lasociologie <strong>de</strong> l’action publique, comme un complément susceptib<strong>le</strong> <strong>de</strong> jeter <strong>de</strong>s ponts nouveaux entreces spécialités bien établies.Cette floraison s’inscrit dans <strong>le</strong> retour d’intérêt grandissant <strong>de</strong> notre discipline pour <strong>le</strong>s processus<strong>de</strong> gouvernement (entendu comme l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s interactions gouvernantes) <strong>de</strong>s sociétéscontemporaines et <strong>le</strong>urs divers « sty<strong>le</strong>s <strong>de</strong> gouvernement ». Or ces processus sont indissociab<strong>le</strong>mentpolitiques et administratifs : l’on constate une ancienne et étroite association qui fait <strong>de</strong>s gouvernantspolitiques et <strong>de</strong>s « fonctionnaires gouvernants » <strong>de</strong>s associés-rivaux dans l’entreprise <strong>de</strong> revendicationd’une autorité légitime sur « la société ». Les recherches consacrées aux administrations donnent à voircette imbrication, bien sûr différenciée en ses formes et son intensité selon <strong>le</strong>s pays, <strong>le</strong>s époques, <strong>le</strong>sniveaux territoriaux et <strong>le</strong>s secteurs, entre <strong>le</strong>s sphères d’activités dites « politiques » et dites« administratives ». C’est pourquoi ces recherches font partie p<strong>le</strong>ine et entière <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politiquecomme <strong>science</strong> socia<strong>le</strong> <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> gouvernement – affirmation novatrice <strong>de</strong> ce côté-ci <strong>de</strong> laManche alors qu’el<strong>le</strong> est au Royaume-Uni une évi<strong>de</strong>nce partagée.2. Intervention d’Alistair Co<strong>le</strong> : Un Groupe « Science politique comparée <strong>de</strong>s administrations », pourquoi faire ?L’objectif du Groupe est <strong>le</strong> développement <strong>de</strong>s recherches sur <strong>le</strong>s institutions administratives. Lamétho<strong>de</strong> sera <strong>de</strong> se placer résolument sous <strong>le</strong> signe <strong>de</strong> l’ouverture interculturel<strong>le</strong> et du comparatismeeuropéen. En effet, la littérature anglophone est riche en débats stimulants auxquels il est bon que <strong>le</strong>spolitistes français prennent part, tant pour ce qu’ils peuvent en retirer qu’y apporter. De plus, dans uncontexte d’européanisation où <strong>le</strong>s administrations nationa<strong>le</strong>s participent aux dynamiques bruxelloises etont un rô<strong>le</strong> grandissant <strong>de</strong> mise en oeuvre <strong>de</strong>s politiques communautaires, pratiquer l’administrationcomparée s’impose pour analyser <strong>le</strong>s dynamiques <strong>de</strong> convergence partiel<strong>le</strong> et/mais <strong>de</strong> différenciationmaintenue, voire renouvelée, entre Etats.Maints pays d’Europe ont mis en place <strong>de</strong>s réformes d’autonomies régiona<strong>le</strong>s, <strong>de</strong> « dévolution »,<strong>de</strong> décentralisation. Le projet est <strong>de</strong> développer une comparaison « horizonta<strong>le</strong> » entre <strong>le</strong>s formes <strong>de</strong>structuration institutionnel<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s mo<strong>de</strong>s d’administration <strong>de</strong> ces entités infra-étatiques aux pouvoirscroissants. Un autre comparatisme horizontal a trait au milieu décisionnel central : <strong>le</strong>s administrationsétant différenciées et riva<strong>le</strong>s, il importe d’interroger <strong>le</strong>s ressemblances et dissemblances <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs mo<strong>de</strong>sd’organisation et <strong>de</strong> fonctionnement. D’autant que <strong>le</strong> réformisme administratif <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décenniess’est traduit par la création et la montée en nombre, aux côtés du traditionnel département ministériel


avec ses directions généra<strong>le</strong>s, <strong>de</strong> formes institutionnel<strong>le</strong>s différentes : autorités administrativesindépendantes <strong>de</strong> régulation, agences exécutives, structures <strong>de</strong> coordination interministériel<strong>le</strong> du « coreexecutive ». Enfin, <strong>de</strong>s comparaisons « vertica<strong>le</strong>s » exploreront, en un jeu d’échel<strong>le</strong>s entre « layers ofgovernment », <strong>le</strong>s traits communs et <strong>le</strong>s particularités <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’administration municipaux,intercommunaux, provinciaux ou départementaux, « régionaux » ou équiva<strong>le</strong>nts, nationaux et européencommunautaire.Par <strong>le</strong> truchement du comparatisme, l’ambition du Groupe SPCA est <strong>de</strong> contribuer à explorer <strong>de</strong>sdomaines tels que :• La sociologie <strong>de</strong>s agents publics : Investir dans cel<strong>le</strong>-ci nous apparaît nécessaire pourcomprendre et expliquer tant la structuration <strong>de</strong>s institutions publiques que <strong>le</strong>s mo<strong>de</strong>s opératoires<strong>de</strong> l’action publique. Faire la sociologie <strong>de</strong>s fonctionnaires, « hauts » et moins hauts, c’est étudierce que <strong>le</strong>ur i<strong>de</strong>ntité, individuel<strong>le</strong> et col<strong>le</strong>ctive, doit à <strong>le</strong>urs origines socia<strong>le</strong>s, régiona<strong>le</strong>s, scolaires etuniversitaires. C’est aussi étudier <strong>le</strong>s effets du statut, juridique et social, différent dont ils jouissentd’un pays et d’un secteur à l’autre, donc <strong>le</strong>s effets du <strong>de</strong>gré et <strong>de</strong>s formes variab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>le</strong>urintégration socia<strong>le</strong> aux « cerc<strong>le</strong>s » ou « milieux », sur la manière dont ils tiennent <strong>le</strong>ur(s) rô<strong>le</strong>(s). Cecirequiert une gran<strong>de</strong> attention aux règ<strong>le</strong>s et dynamiques <strong>de</strong> recrutement et <strong>de</strong> carrières, auxlogiques <strong>de</strong> corps et/ou d’appartenances institutionnel<strong>le</strong>s et socia<strong>le</strong>s, etc. Il faut aussi s’attacherà la socialisation-resocialisation continue en cours <strong>de</strong> carrière par <strong>le</strong>s métiers ou <strong>le</strong>s rô<strong>le</strong>s exercéset par l’appartenance successive à <strong>de</strong>s administrations différentes, d’où résultent <strong>de</strong>s effets sur<strong>le</strong>s manières <strong>de</strong> penser et d’agir <strong>de</strong>s intéressés.• Un questionnement sur <strong>le</strong>s cultures institutionnel<strong>le</strong>s : appréhen<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s institutions comme instances<strong>de</strong> socialisation continue conduit à poser la question <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong>s cultures administratives,entendues comme « cultures en action », « systèmes solidaires <strong>de</strong> croyances et <strong>de</strong> pratiques » ausens durkheimien qui, mêlant idéalités et praxéo-logiques, peuvent être pensées comme la formeincorporée <strong>de</strong>s institutions – l’institution faite corps – et la matrice d’une commune logiqueordinaire d’action <strong>de</strong> ses membres. L’on souhaiterait inciter au développement d’une finesociologie du travail administratif quotidien (rédaction <strong>de</strong>s notes administratives et « dossiersministre», jeux <strong>de</strong> rô<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s réunions interministériel<strong>le</strong>s, etc.), qui permette <strong>de</strong> préciserl’importance <strong>de</strong> ces cultures administratives pour éclairer certains aspects <strong>de</strong>snégociations/conflits interministériels et <strong>de</strong>s ajustements intersectoriels auxquels donnent lieu <strong>le</strong>sprogrammes d’action publique.• L’étu<strong>de</strong> détaillée <strong>de</strong> l’articulation entre logiques politiques et logiques administratives dans <strong>le</strong>sinteractions gouvernantes : gouvernants politiques et « fonctionnaires gouvernants » sont porteurs<strong>de</strong> logiques ordinaires d’action distinctes, entretenues symboliquement comme tel<strong>le</strong>s, etcependant conjointes en pratique plus qu’il y paraît. L’on souhaiterait comparer <strong>le</strong>s facteursexplicatifs <strong>de</strong> la variété <strong>de</strong>s formes et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> coupure ou, au contraire <strong>de</strong> soudurefonctionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’activité et <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong>s élus et <strong>de</strong>s hauts fonctionnaires, selon <strong>le</strong>sadministrations, <strong>le</strong>s niveaux <strong>de</strong> gouvernement, <strong>le</strong>s secteurs et <strong>le</strong>s pays. Considérer ce qui se joue àce niveau permet, par-<strong>de</strong>là <strong>le</strong> mythe <strong>de</strong> la technocratie, d’interroger la part exacte queprennent col<strong>le</strong>ctivement <strong>le</strong>s administrateurs à la technicisation du politique et, tout uniment, à lapolitisation <strong>de</strong>s enjeux techniques et du mon<strong>de</strong> social. C’est se donner <strong>le</strong>s moyens <strong>de</strong> mesurer <strong>le</strong>phénomène <strong>de</strong> « politisation fonctionnel<strong>le</strong> » croissante <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong>s fonctionnaires, signalé parmaints travaux. Ceci conduit à réinterroger la question – plus centra<strong>le</strong> dans la littératureanglophone que francophone – du pouvoir ou <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong>s (hauts) fonctionnaires dans lagouverne <strong>de</strong>s sociétés, qui relie aux réf<strong>le</strong>xions centra<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la discipline sur <strong>le</strong>s configurationsd’acteurs dominants, <strong>le</strong>s réseaux et communautés <strong>de</strong> politiques publiques, ou la gouvernancemulti-acteurs et multi-niveaux, partenaria<strong>le</strong> et négociée, mais dans laquel<strong>le</strong> persistent <strong>de</strong>sasymétries <strong>de</strong> ressources et <strong>de</strong> « chances <strong>de</strong> puissance » entre partenaires-adversaires – cel<strong>le</strong>s<strong>de</strong>s administratifs, ces porteurs d’institution(s) qui ont <strong>le</strong> cadre institutionnel et <strong>le</strong> temps long aveceux, n’étant <strong>de</strong> loin pas négligeab<strong>le</strong>s.• Une évaluation comparative circonstanciée <strong>de</strong> la diffusion généralisée <strong>de</strong> la « nouvel<strong>le</strong> gestionpublique » : <strong>le</strong> néo-managérialisme a transformé <strong>le</strong>s administrations en objets à réformer. L’étu<strong>de</strong><strong>de</strong> ces réformes est un terrain très riche pour une <strong>science</strong> politique comparée <strong>de</strong>s institutionspubliques en action et en mouvement, attentive tant aux dynamiques <strong>de</strong> convergence, <strong>de</strong>transfert et <strong>de</strong> mimétisme institutionnel puisant dans <strong>le</strong>s préceptes et recettes néo-managérialistesqu’aux modalités idiosyncrasiques selon <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s chaque culture administrative « loca<strong>le</strong> »(nationa<strong>le</strong>, sectoriel<strong>le</strong>) « digère » et redifférencie ces référentiels, dispositifs et répertoirestransnationaux. Nous souhaitons interroger <strong>le</strong>s logiques sous-jacentes qui animent ces réformes,en particulier <strong>le</strong>s luttes d’institutions autour <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur pilotage. Il s’agira aussi <strong>de</strong> prendre l’exactemesure <strong>de</strong>s transformations qu’impliquent l’agencification, <strong>le</strong>s réformes <strong>de</strong>s finances publiques dutype <strong>de</strong> la LOLF, <strong>le</strong> recours grandissant au benchmarking et aux normes <strong>de</strong> qualité, ou encore


l’administration é<strong>le</strong>ctronique (eGovernment). La question sous-jacente est cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> savoir dansquel<strong>le</strong> mesure <strong>le</strong>s institutions administratives font montre d’une adaptative plasticité tout encontinuant à fonctionner comme <strong>de</strong>s « machines » à fabriquer du vieux avec du neuf, c’est-àdireparviennent à persister dans <strong>le</strong>ur être.• Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s sphères dites politiques et administratives, <strong>le</strong> groupe SPCA souhaite enfin s’intéresseraux relations inter-organisationnel<strong>le</strong>s et aux chaînes d’interdépendance comp<strong>le</strong>xe entre <strong>le</strong>sinstitutions administratives et <strong>le</strong>s réseaux d’acteurs (institutions et groupes divers) avec <strong>le</strong>squelsel<strong>le</strong>s sont en interaction.II – Panel sous la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Françoise Dreyfus.Un panel d’invités représentatifs <strong>de</strong> divers aspects <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique <strong>de</strong>s administrations aété invité à proposer, sous forme <strong>de</strong> brèves contributions ora<strong>le</strong>s <strong>de</strong> sty<strong>le</strong> très libre, <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xionquant aux contours et aux apports possib<strong>le</strong>s d’une <strong>science</strong> politique <strong>de</strong>s administrations.1. Françoise Dreyfus (Université Paris 1 – CRPS) a réfléchi au positionnement d'une <strong>science</strong>politique <strong>de</strong>s administrations par rapport à l'histoire et au droit. El<strong>le</strong> a rappelé combien <strong>le</strong>s juristes <strong>de</strong> droitpublic, dans <strong>le</strong> cadre d’une « juridicisation » <strong>de</strong> la matière qui la tire <strong>de</strong> plus en plus vers l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> lajurispru<strong>de</strong>nce, avaient progressivement mais irrémédiab<strong>le</strong>ment abandonné <strong>le</strong> champ <strong>de</strong> ce qu’il était<strong>de</strong> coutume d’appe<strong>le</strong>r la « <strong>science</strong> administrative » (cf. la disparition dans <strong>le</strong>s années récentes <strong>de</strong>s<strong>de</strong>rniers séminaires sur <strong>le</strong>s institutions administratives dans <strong>le</strong>s DEA ou Master recherche <strong>de</strong> droit public).Le champ est donc, du pont <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s frontières disciplinaires <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique avec <strong>le</strong> droit, toutà fait libre désormais. Il convient cependant, mais c’est une autre histoire, que <strong>le</strong>s politistes quis’intéressent aux institutions administratives ne mésestiment pas que cel<strong>le</strong>s-ci sont tissées <strong>de</strong> règ<strong>le</strong>sjuridiques. L’investissement dans la connaissance <strong>de</strong>s règ<strong>le</strong>s <strong>de</strong> droit <strong>de</strong>meure donc un pré-requisfondamental à toute bonne sociologie <strong>de</strong> l’administration, ce qui n’exige cependant pas que <strong>le</strong>spolitistes soient aussi juristes. Le même raisonnement vaut au regard <strong>de</strong> l’histoire, pour laquel<strong>le</strong> il est plusaisément admis par une <strong>science</strong> politique française où la socio-histoire se voit reconnaître une tel<strong>le</strong>importance. Il est patent que <strong>le</strong>s recherches historiques, fort nombreuses ces <strong>de</strong>rnières années, conduitessur <strong>le</strong>s administrations publiques sont d’une gran<strong>de</strong> importance pour fécon<strong>de</strong>r un regard politiste sur cesinstitutions, tant <strong>le</strong>s administrations sont <strong>le</strong> produit <strong>de</strong> l’histoire sédimentée. Il est impossib<strong>le</strong> <strong>de</strong>comprendre et d’expliquer <strong>le</strong>s mo<strong>de</strong>s d’action <strong>de</strong>s administrations, ou <strong>le</strong>urs logiques <strong>de</strong> changement,sans <strong>le</strong> recours à l’histoire, et même à l’histoire comparée.2. Bastien François (Université Paris 1 – CRPS) s’était vu confier <strong>le</strong> soin <strong>de</strong> réfléchir à l’articulationentre une <strong>science</strong> politique <strong>de</strong>s administrations et la sociologie <strong>de</strong>s institutions <strong>de</strong> gouvernement engénéral. Il a d’abord rappelé, avec Emi<strong>le</strong> Durkheim, que la sociologie <strong>de</strong>s institutions est la sociologiemême : dès lors, toute sociologie <strong>de</strong> l’action publique se doit d’être une sociologie <strong>de</strong>s institutionspubliques, <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s sont à la fois <strong>de</strong>s institutions politiques et administratives. La sociologie politique <strong>de</strong>sadministrations est dès lors un complément indispen-sab<strong>le</strong> à la sociologie du régime politique <strong>de</strong> laFrance contemporaine, comme <strong>de</strong>s pays voisins. Bastien François souligne en particulier <strong>le</strong>s « béancesgigantesques » que <strong>le</strong>s activités du groupe <strong>de</strong> travail pourront s’atte<strong>le</strong>r à comb<strong>le</strong>r en ce qui concerne <strong>le</strong>sprocessus <strong>de</strong> gouvernement <strong>de</strong> notre pays, et <strong>de</strong>s pays voisins. Qu’est-ce concrètement quegouverner ? La <strong>science</strong> politique ne sait pas répondre à cette question pourtant si simp<strong>le</strong>. Ceci appel<strong>le</strong>un fort développement <strong>de</strong>s recherches portant sur l’articulation entre l’administratif et <strong>le</strong> politique, sur <strong>le</strong>sréunions interministériel<strong>le</strong>s sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Matignon et sur l’activité <strong>de</strong>s cabinets ministériels, auquel <strong>le</strong>Groupe SPCA <strong>de</strong>vrait inciter. Au-<strong>de</strong>là, Bastien François propose au Groupe SPCA l’objectif <strong>de</strong> contribuerà une cumulativité <strong>scientifique</strong> en matière <strong>de</strong> connaissances politistes sur <strong>le</strong>s administrations publiques.En effet, la riche littérature <strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> recherches sur <strong>le</strong>s politiques publiques fournit, à l’occasion <strong>de</strong>tel<strong>le</strong>s et tel<strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas sectoriel<strong>le</strong>s, maints éléments d’observation et d’analyse sur <strong>le</strong>sadministrations publiques. Toutefois, ces éléments sont épars dans la littérature et ne font pas jusqu’àprésent l’objet <strong>de</strong> travaux synthétiques. Il serait souhaitab<strong>le</strong> que <strong>le</strong> groupe SPCA se donne, entre autres,pour objectif d’être l’espace d’éclosion <strong>de</strong> tels ouvrages <strong>de</strong> synthèse, par exemp<strong>le</strong> sous la forme d’unesérie d’ouvrages col<strong>le</strong>ctifs.3. Philippe Bezes (chargé <strong>de</strong> recherches au CNRS-CERSA) a proposé <strong>de</strong>s réf<strong>le</strong>xions sur la place <strong>de</strong>l’étu<strong>de</strong> du réformisme néo-managérial dans la <strong>science</strong> politique <strong>de</strong>s administrations. Après avoir rappelélui aussi l’étonnant si<strong>le</strong>nce <strong>de</strong>s politistes quant à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s administrations, il a souligné la vitalité <strong>de</strong>srecherches conduites par <strong>de</strong> jeunes chercheurs et doctorants. Il a ensuite replacé <strong>le</strong>s travaux consacrésau New Public Management (NPM) et aux réformes administratives en perspective, en insistant sur <strong>le</strong> faitque, au rebours <strong>de</strong> la prétention du NPM à l’universel, <strong>le</strong>s administrations ne se transforment pas


exclusivement sous l’effet du néo-managérialisme. Il a ensuite exposé que <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> commun <strong>de</strong> labureaucratie (au sens wébérien) a toujours été acclimaté <strong>de</strong> façons différenciées en divers systèmesadministratifs et qu’il en va <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s réformes inspirées par la nouvel<strong>le</strong> gestion publique. Ce constatinvite à s’interroger sur <strong>le</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> robustesse <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> convergence internationa<strong>le</strong> entresystèmes administratifs, et sur l’amp<strong>le</strong>ur <strong>de</strong>s réélaborations du NPM en chaque pays. Il semb<strong>le</strong> que troisfaisceaux <strong>de</strong> facteurs expliquent ces différences : <strong>le</strong>s différences d’héritages administratifs entre pays, <strong>le</strong>fait que <strong>le</strong>s problèmes auxquels nos Etats sont confrontés ne sont pas aussi semblab<strong>le</strong>s qu’on <strong>le</strong> dit(l’amp<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> la crise budgétaire n’est par exemp<strong>le</strong> pas la même partout), et <strong>le</strong>s usages sociaux diversqui sont faits par <strong>le</strong>s acteurs « locaux » <strong>de</strong>s mêmes répertoires et instruments. Philippe Bezes a fini sonintervention en soulignant que, sur ces sujets, il n’y avait guère <strong>de</strong> publications comparatives en langueanglaise qui soient autre chose que <strong>de</strong>s compilations d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas nationaux, et qu’il y a donc placepour l’essor <strong>de</strong> véritab<strong>le</strong>s recherches comparatives qu’il appel<strong>le</strong> <strong>de</strong> ses vœux.4. Vincent Dubois (IEP <strong>de</strong> Strasbourg – GSPE) intervenu pour souligner l’importance d’unesociologie du travail administratif qui appréhen<strong>de</strong> l'administration comme ordre <strong>de</strong> pratiques. Sur cethème central, <strong>de</strong>ux pistes peuvent être avancées quant à l’orientation <strong>de</strong> recherches à venir. Lapremière s’attacherait aux rapports entre pratiques administratives et usages sociaux du droit. En effet,<strong>le</strong>s pratiques administratives sont un <strong>de</strong>s cas majeurs d’usages sociaux du droit. En faire l’étu<strong>de</strong>empirique, comme <strong>le</strong> fait A<strong>le</strong>xis Spire par exemp<strong>le</strong>, c’est notamment permettre <strong>de</strong> réinterrogerautrement la thèse si répandue <strong>de</strong> la montée en puissance <strong>de</strong>s « régulations floues » et <strong>de</strong> la soft law. Ilconvient en effet d’étudier précisément quel<strong>le</strong>s marges <strong>de</strong> manœuvre ouvre pour <strong>le</strong>s agentsadministratifs la diffusion <strong>de</strong> la soft law, et <strong>de</strong> réaliser en ce domaine <strong>de</strong>s comparaisons internationa<strong>le</strong>s et<strong>de</strong>s comparaisons intersectoriel<strong>le</strong>s au sein d’un même pays, car la <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> juridicité est fort variab<strong>le</strong>d’un secteur d’action publique à un autre. Une secon<strong>de</strong> piste d’orientation pour <strong>le</strong>s recherches futuresconsisterait à analyser <strong>le</strong>s pratiques administratives en lien avec <strong>le</strong>s sty<strong>le</strong>s <strong>de</strong> gouvernement. Il fautp<strong>le</strong>inement tirer <strong>le</strong>s conséquences en termes <strong>de</strong> recherches du constat d’observation empirique quel’on n’administre à l’évi<strong>de</strong>nce pas <strong>de</strong> la même manière <strong>le</strong>s politiques culturel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s politiquesenvironnementa<strong>le</strong>s. Partir d’une étu<strong>de</strong> fine <strong>de</strong>s pratiques administratives pour monter ensuite engénéralité vers ce qu’el<strong>le</strong>s nous disent <strong>de</strong>s sty<strong>le</strong>s <strong>de</strong> gouvernement différenciés <strong>de</strong>s secteurs d’actionpublique permet en effet <strong>de</strong> ne pas être tributaire d’effets <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>, d’effets <strong>de</strong> théorie, voire <strong>de</strong> reprisedu discours <strong>de</strong>s acteurs quant à la caractérisation <strong>de</strong> ces sty<strong>le</strong>s <strong>de</strong> gouvernement : <strong>le</strong>s travaux sur <strong>le</strong>sjeux bureaucratiques en régime communiste montrent ainsi que <strong>le</strong>s administrations <strong>de</strong>s « Républiquespopulaires » étaient, dans <strong>le</strong>ur fonctionnement concret, bien moins « totalitaires » et efficaces qu’on <strong>le</strong>prétend. Symétriquement, Christopher Hood démontre par l’exemp<strong>le</strong> la caractère heuristique <strong>de</strong>l’utilisation <strong>de</strong> recherches en « étu<strong>de</strong>s soviétiques » pour analyser <strong>le</strong>s réformes néo-managérialistes <strong>de</strong>l’ère Thatcher au Royaume-Uni.5. Renaud Doran<strong>de</strong>u (IEP <strong>de</strong> Strasbourg – GSPE, directeur <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’Eco<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong>d’administration) était enfin appelé à proposer <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> réponse aux questions suivantes : Enquoi nos travaux peuvent-ils concourir à la formation <strong>de</strong>s hauts fonctionnaires ? Quels partenariats futurspossib<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong> Groupe SPCA et <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s du service public ? En sa doub<strong>le</strong> qualité <strong>de</strong> politiste et <strong>de</strong>membre <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> l’ENA, Renaud Doran<strong>de</strong>u est revenu sur <strong>le</strong> grand éloignement mutuel etl’incommunicabilité <strong>de</strong>s chercheurs en <strong>science</strong> politique et <strong>de</strong>s hauts fonctionnaires dans la Francecontemporaine. Il a souligné aussi combien il était frappé par la cécité relative <strong>de</strong>s agents administratifssur <strong>le</strong>ur univers et <strong>le</strong>urs pratiques professionnel<strong>le</strong>s. Dès lors, Renaud Doran<strong>de</strong>u appel<strong>le</strong> <strong>de</strong> ses voeux laconstitution d’espaces <strong>de</strong> production <strong>de</strong> « savoirs intermédiaires » qui permettent aux chercheurs <strong>de</strong>corriger <strong>le</strong>s bêtises souvent écrites par <strong>le</strong>s praticiens sur l’Etat, <strong>le</strong>s administrations et l’action publique, etce dans un langage clair et accessib<strong>le</strong>. Le Groupe SPCA <strong>de</strong>vrait pouvoir être un <strong>de</strong> ces lieux <strong>de</strong>mutualisation <strong>de</strong> « savoirs intermédiaires », par exemp<strong>le</strong> par la production d’une série d’ouvrages enforme d’«états <strong>de</strong>s lieux ».III - Débat ouvert entre <strong>le</strong>s membres du "panel" et la sal<strong>le</strong>, sous la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Françoise Dreyfus : 12 h30 - 13 h 15.A la suite <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong>s collègues du panel, Françoise Dreyfus a donné la paro<strong>le</strong> à la sal<strong>le</strong>.Des échanges <strong>de</strong> questions-réponses qui s’ensuivirent, l’on retient certaines suggestions complémentairesquant à l’agenda <strong>de</strong> recherches possib<strong>le</strong> du groupe SPCA pour <strong>le</strong>s années à venir : Ne pas limiter <strong>le</strong> champ <strong>de</strong> nos investigations aux administrations nationa<strong>le</strong>s, territoria<strong>le</strong>s eteuropéennes, mais s’intéresser au champ, laissé en friche, <strong>de</strong> la sociologie <strong>de</strong>s administrations etbureaucraties <strong>de</strong>s organisations internationa<strong>le</strong>s gouvernementa<strong>le</strong>s.


Elargir <strong>le</strong> champ d’analyse aux cas, <strong>de</strong> plus en plus fréquents, d’administration ou gestion privée<strong>de</strong> questions publiques (exemp<strong>le</strong>, en matière universitaire, <strong>de</strong>s PRES et <strong>de</strong>s RTRA dont il estpossib<strong>le</strong> qu’ils passent assez vite sous statut <strong>de</strong> droit privé). Etudier <strong>le</strong>s dispositifs <strong>de</strong> formation continue <strong>de</strong>s fonctionnaires. Interroger ce que sont <strong>le</strong>s critères <strong>de</strong> l’« excel<strong>le</strong>nce administrative » et du « charisme » <strong>de</strong> certainshauts fonctionnaires érigés en modè<strong>le</strong>s pour l’ensemb<strong>le</strong>. Etc.Au total, c’est à <strong>de</strong>s débats riches que cette brève session inaugura<strong>le</strong> du Groupe <strong>de</strong> travail « Sciencepolitique comparée <strong>de</strong>s administrations » a donné lieu – richesse qui trace <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> travail fécon<strong>de</strong>spour son activité <strong>de</strong>s années à venir. Le modu<strong>le</strong> s’est d’ail<strong>le</strong>urs conclu très concrètement sur l’annonced’une première journée d’étu<strong>de</strong>s, qui se dérou<strong>le</strong>ra au Laboratoire <strong>de</strong>s <strong>science</strong>s socia<strong>le</strong>s du politique(LaSSP) <strong>de</strong> l’IEP <strong>de</strong> Toulouse à la mi-décembre 2007 sur <strong>le</strong> thème : Les redécoupages <strong>de</strong> départementsministériels en Europe : politiques structurantes ou Much ado about nothing ?Retrouvez toute l’activité 2007-2008 <strong>de</strong>s groupeset entrer en contact avec <strong>le</strong>urs responsab<strong>le</strong>s <strong>scientifique</strong>sà partir du site internet <strong>de</strong> l’AFSPwww.afsp.msh-paris.fr


Bilan <strong>de</strong> l’atelier 1Regards multip<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s actions et dispositifs visant à politiser la consommationL’atelier n°1, « Regards multip<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s actions et dispositifs visant à politiser la consommation », s’étaitdonné pour objectif <strong>de</strong> permettre <strong>de</strong>s échanges autour du concept <strong>de</strong> « consommation engagée » etplus généra<strong>le</strong>ment autour <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> marché, <strong>de</strong> politique et <strong>de</strong> mobilisation. Quatre papiersavaient été retenus (Eric Pautard, « Consommer moins : consommer mieux ? La sobriété <strong>de</strong>s usagesénergétiques en question »; Yannick Rumpala, « La " consommation durab<strong>le</strong> " comme nouvel<strong>le</strong> phased’une gouvernementalisation <strong>de</strong> la consommation » ; Pierre-Olivier Sal<strong>le</strong>s, « "S.E.L. and the City". Actioncol<strong>le</strong>ctive et dispositifs d’échange parallè<strong>le</strong>s » ; Matthieu Gateau, « Le commerce équitab<strong>le</strong> commedispositif <strong>de</strong> politisation <strong>de</strong> la consommation »). Les quatre papiers, répartis en <strong>de</strong>ux panels (la politisation<strong>de</strong> la consommation au sein du système marchand conventionnel d’une part, <strong>le</strong>s systèmes d’échangealternatifs d’autre part) ont été présentés et discutés par <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux organisateurs-discutants (Philip Balsiger,Pauline Barraud <strong>de</strong> Lagerie).Les contributions <strong>de</strong> Eric Pautard et <strong>de</strong> Yannick Rumpala interrogent <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong> consommation« engagée » (durab<strong>le</strong>, responsab<strong>le</strong>, modérée) en tant qu’instrument <strong>de</strong>s politiques publiques. El<strong>le</strong>sessaient <strong>de</strong> comprendre <strong>le</strong>s logiques, <strong>le</strong> fonctionnement, <strong>le</strong>s évolutions <strong>de</strong> ces techniques <strong>de</strong>gouvernement, et ce que cela signifie pour la compréhension et l’interprétation du comportement <strong>de</strong>sconsommateurs individuels. Les <strong>de</strong>ux auteurs, travaillant sur <strong>de</strong>s terrains différents, constatent unchangement du discours gouvernemental sur la consommation, allant vers une pédagogie du faire etune responsabilisation du consommateur. Cette incitation à une consommation individuel<strong>le</strong> tenantcompte <strong>de</strong> son empreinte écologique et socia<strong>le</strong>, passe par une mise en œuvre déléguée et s’appuie sur<strong>de</strong> nombreux acteurs, associatifs et privés. Mais l’action gouvernementa<strong>le</strong> est auto-contrainte, priseentre une logique <strong>de</strong> croissance économique et une logique <strong>de</strong> durabilité. Fina<strong>le</strong>ment, cetteperspective laisse peu <strong>de</strong> place à une logique <strong>de</strong> politisation ; on pourrait tout au plus par<strong>le</strong>r d’unemoralisation <strong>de</strong> la consommation, voire même <strong>de</strong> sa dépolitisation puisque <strong>le</strong> consommateur est vudétaché <strong>de</strong> son contexte et donc <strong>de</strong>s enjeux politiques dans <strong>le</strong>squels se place la consommation.Les papiers <strong>de</strong> Pierre-Olivier Sal<strong>le</strong>s et <strong>de</strong> Matthieu Gateau abor<strong>de</strong>nt la question d’un autre ang<strong>le</strong> enenquêtant sur <strong>de</strong>s structures d’échanges alternatifs et <strong>le</strong>urs militants. Ils prennent donc pour objet <strong>de</strong>smilitants qui, dans un système d’échange local (SEL) ou dans une association <strong>de</strong> commerce équitab<strong>le</strong>,tentent <strong>de</strong> changer <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong> consommation. Les bénévo<strong>le</strong>s du commerce équitab<strong>le</strong> étudié parMatthieu Gateau, adoptent plusieurs stratégies d’action afin <strong>de</strong> changer <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong>consommation : <strong>le</strong> commerce <strong>de</strong> produits équitab<strong>le</strong>s (sa production et son achat), un travail <strong>de</strong>sensibilisation <strong>de</strong>s consommateurs passant avant tout par l’éducation, et un travail <strong>de</strong> lobbying enfaveur d’un commerce plus juste auprès <strong>de</strong>s institutions politiques. L’activité <strong>de</strong> sensibilisation qui vise à« conscientiser » <strong>le</strong>s consommateurs est, pour <strong>le</strong>s bénévo<strong>le</strong>s étudiées, la clé pour la modification <strong>de</strong>scomportements d’achat. El<strong>le</strong> est alors bel et bien vécue comme une forme <strong>de</strong> politisation <strong>de</strong> l’échange,sans que cel<strong>le</strong>-ci se matérialise forcément dans <strong>de</strong>s actes d’achat. Les SEL, étudié par Pierre-OlivierSal<strong>le</strong>s, vise à peser sur <strong>le</strong> système économique officiel par un mécanisme d’exemplarité <strong>de</strong> pratiquesalternatives. En l’occurrence, l’exemplarité est supposée porter sur <strong>le</strong> refus <strong>de</strong> l’emprise <strong>de</strong> l’égoïsme, <strong>de</strong>l’individualisme, <strong>de</strong> l’argent. Toutefois, <strong>le</strong> cas étudié par l’auteur semb<strong>le</strong> montrer un échec <strong>de</strong> ce projetpolitique par l’exemplarité ; il constate une orientation vers la quête d’une sociabilité davantage quevers une action militante.Les débats, nourris par <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ctures critiques <strong>de</strong>s organisateurs, <strong>le</strong>s réponses <strong>de</strong>s auteurs et <strong>le</strong>s questions dupublic, ont porté sur <strong>de</strong>s problèmes variés, issus <strong>de</strong> la confrontation <strong>de</strong>s quatre contributions. Il s’est avéréque toutes <strong>le</strong>s contributions posent la question <strong>de</strong> la politisation : qu'est-ce qui permet d'interpréter <strong>de</strong>sdispositifs et <strong>de</strong>s actions en termes <strong>de</strong> consommation politisée ? Faut-il donner la primeur àl’intentionnalité <strong>de</strong>s acteurs ou au contraire aux conséquences effectives <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs actes ? Quel est <strong>le</strong> rô<strong>le</strong>joué par l'Etat dans <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> responsabilisation <strong>de</strong>s consommateurs ? Dans quel<strong>le</strong> mesure etsuivant quels mécanismes <strong>le</strong>s systèmes d’échange alternatifs envisagent-ils la modification durab<strong>le</strong> dumarché dit « conventionnel » ? C’est la confrontation entre différentes perspectives qui nous invite àprendre en compte <strong>le</strong>s différents acteurs et initiatives qui participent aujourd’hui au mouvement <strong>de</strong>« responsabilisation » du consommateur et à affiner <strong>le</strong> regard quant au sens qu’il convient <strong>de</strong> donner àce phénomène.Philip Balsiger, IEPI, Université <strong>de</strong> Lausanne & Pauline Barraud <strong>de</strong> Lagerie, CSO, Paris


Bilan <strong>de</strong> l’atelier 2Regards croisés sur la politisation <strong>de</strong>s individus : ici et ail<strong>le</strong>urs, hier et aujourd’huiCet atelier se présentait comme une étape dans un processus <strong>de</strong> recherche plus large, déjà entamé parune journée d’étu<strong>de</strong>s et qui se poursuivra notamment dans la mise en place d’un séminaire à l’EHESS. Ils’agissait <strong>de</strong> requestionner l’un <strong>de</strong>s concepts aujourd’hui <strong>le</strong>s plus utilisés <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique française–celui qui était par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus fréquemment cité dans l’in<strong>de</strong>x du programme <strong>de</strong> ce Congrès-, celui<strong>de</strong> politisation, dans une <strong>de</strong> ses dimensions, « la politisation <strong>de</strong>s individus », en organisant un premierdialogue entre <strong>de</strong>s chercheurs qui usent <strong>de</strong> cette notion dans <strong>de</strong>s univers, à propos d’objets et avec <strong>de</strong>smétho<strong>de</strong>s très diversifiées.Dans cette perspective, on avait rassemblé <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>s trois gran<strong>de</strong>s traditions <strong>de</strong> la <strong>science</strong>politique qui recourent à cette notion. Une tradition socio-historienne qui se centre autour <strong>de</strong> la question<strong>de</strong> l’acculturation à la civilisation é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> travail <strong>de</strong> Stéphanie Guyon (CMH – ETT, Paris) sur <strong>le</strong>sprocessus <strong>de</strong> politisation <strong>de</strong>s Noirs-Marrons et <strong>de</strong>s Amérindiens à Saint Paul, en Guyane Française. Unetradition <strong>de</strong> sociologie politique qui rattache ce concept aux questions <strong>de</strong> compétence politique, <strong>de</strong>conflictualisation et <strong>de</strong> rapport au vote avec la communication <strong>de</strong> Sophie Duchesne (CEVIPOF) etFlorence Haegel (CEVIPOF) qui proposait une re<strong>le</strong>cture <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur conceptualisation <strong>de</strong> l’idée <strong>de</strong>politisation, à partir d’une comparaison entre la France, la Belgique et <strong>le</strong> Royaume-Uni. Et une traditioncomparatiste qui s’interroge notamment sur l’adéquation <strong>de</strong> ce concept à d’autres situations politiqueset sur <strong>le</strong>s amen<strong>de</strong>ments que cet élargissement <strong>de</strong> perspective pourrait et <strong>de</strong>vrait susciter. Ce quepermettaient tout à la fois l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Benjamin Gourisse (CRPS, Paris I), sur la place <strong>de</strong>s universitéscomme lieux <strong>de</strong> politisation dans la Turquie <strong>de</strong>s années 1980 et l’analyse comparée <strong>de</strong>s outsi<strong>de</strong>rs dupolitique et <strong>de</strong>s outsi<strong>de</strong>rs <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong> au Maroc menée par Frédéric Vairel (CEDEJ, Le Caire) et Lamia Zaki(IRMC, Tunis). C’est enfin Michel Offerlé (CRPS, ENS) qui, dans <strong>le</strong> droit fil <strong>de</strong>s textes qu’il vient <strong>de</strong> publierdans la revue Genèses sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> politisation dans <strong>le</strong>s travaux d’historiens, s’est chargé<strong>de</strong> tisser <strong>de</strong>s liens entre ces communications et entre ces différentes modalités <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r la politisation<strong>de</strong>s individus.De cette confrontation à laquel<strong>le</strong> ont pu assister et participer une soixantaine <strong>de</strong> personnes, on n’a biensûr pas à ce sta<strong>de</strong> tiré <strong>de</strong>s conclusions définitives, mais plutôt <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xion qui mériteront d’êtrecreusées par <strong>le</strong> biais <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s rencontres.La première concerne la question <strong>de</strong> la définition même <strong>de</strong> la politisation. A partir <strong>de</strong> quel moment, <strong>de</strong>quel indicateur dit-on qu’il y a politisation et individus politisés ? M.Offerlé a rappelé la diversité <strong>de</strong>scontextes d’emploi du terme ‘politisation’, la diversité aussi <strong>de</strong>s référents qui parcouraient <strong>le</strong>s diversescontributions, <strong>le</strong>s champs sémantiques variab<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>squels il est inséré. Entre une politisation associéeà la conflictualisation, à la délibération, à la compétition, au sentiment d’injustice, au passage aucol<strong>le</strong>ctif ou au public, à la montée en généralité ?On <strong>de</strong>vrait par<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s politisations et <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> politisation plutôt que <strong>de</strong> ‘la’ politisation, travail<strong>le</strong>r <strong>le</strong>scontinuités et discontinuités, <strong>le</strong>s questions <strong>de</strong> mesure, tout en se gardant <strong>de</strong> mê<strong>le</strong>r indicateurs et causesou conséquences <strong>de</strong> politisation : l’engagement souvent considéré comme un indicateur <strong>de</strong> politisationest ensuite parfois présenté comme une conséquence <strong>de</strong> cel<strong>le</strong>-ci, et inversement pour ce qui concernel’appartenance à <strong>de</strong>s réseaux clientélaires.L’intervention <strong>de</strong> S.Duchesne et F.Haegel a notamment montré dans cette perspective en quoi lacomparaison transnationa<strong>le</strong> conduit à dégager <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s formes <strong>de</strong> politisation complémentaires etconcurrentes à cel<strong>le</strong>s qu’el<strong>le</strong>s avaient défini en ne travaillant que sur la France. F.Vairel et L.Zaki ont pumettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> « politisation dépolitisante » dont on peut aussi trouver <strong>de</strong>straces dans <strong>le</strong>s discussions étudiées par S.Duchesne et F.Haegel. B.Gourisse, enfin, a pu exemplifier <strong>de</strong>sformes <strong>de</strong> politisation par l’extérieur qui pourraient conduire à raisonner en termes <strong>de</strong> ‘carrièrepolitisante’ comme on a pu raisonner en termes <strong>de</strong> ‘carrière délinquante’ (H.Becker). On a fina<strong>le</strong>mentété ainsi amené à distinguer ‘politisation <strong>de</strong>s individus’ et ‘politisation <strong>de</strong>s interactions’, tout ens’interrogeant sur l’articulation entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux.C’est alors la question <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> politisation qui est posée : quels processus et facteurspermettent la politisation <strong>de</strong>s individus ou <strong>de</strong>s interactions ? Trois principa<strong>le</strong>s pistes ont pu être dégagées.L’une qui insiste sur la part <strong>de</strong>s dispositions et <strong>de</strong>s compétences, notamment pratiques. El<strong>le</strong> est au cœurdu travail <strong>de</strong> S.Duchesne et F.Haegel. On la retrouve aussi comme éléments <strong>de</strong> discrimination entre ceuxqui ne peuvent que subir <strong>le</strong>s processus <strong>de</strong> politisation dans <strong>le</strong>s universités turques et ceux qui parviennentà s’en iso<strong>le</strong>r (B.Gourisse).La <strong>de</strong>uxième qui insiste sur l’importance <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> contexte. Effets politisant <strong>de</strong>s événementsauxquels on participe, <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> participation auxquel<strong>le</strong>s on est convié (l’é<strong>le</strong>ction ou <strong>le</strong>s


é<strong>le</strong>ctions coutumières dans <strong>le</strong> travail <strong>de</strong> S.Guyon, par exemp<strong>le</strong>), effets politisant <strong>de</strong>s événements qu’onsubit (tel<strong>le</strong> la répression qui s’abat sur un fils dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Vairel et Zaki), comme instants <strong>de</strong> rupturesbiographiques. Effets politisant <strong>de</strong>s lieux, avec l’exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong>s universités en Turquie (Gourisse) ou <strong>de</strong>sprisons et bidonvil<strong>le</strong>s au Maroc (Vairel et Zaki). En insistant sur la place <strong>de</strong>s dimensions affectives etémotionnel<strong>le</strong>s en lien direct avec la sphère <strong>de</strong> l’intime dans la prise ce con<strong>science</strong>.La troisième piste se centre enfin sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s entrepreneurs <strong>de</strong> mobilisation (<strong>de</strong> politisation, <strong>de</strong>vrait-ondire ?) dans ces processus <strong>de</strong> politisation. Rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’environnement familial et universitaire dans l’étu<strong>de</strong><strong>de</strong> B.Gourisse. Rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s associations, <strong>de</strong>s structures coutumières traditionnel<strong>le</strong>s ou <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong>clientè<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> travail <strong>de</strong> S.Guyon. Rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> la « gestion par l’absence », par « <strong>le</strong> manque » dans <strong>le</strong> cas<strong>de</strong>s bidonvil<strong>le</strong>s traités par F. Vairel et L. Zaki. Rô<strong>le</strong>, enfin, <strong>de</strong>s chercheurs eux-mêmes dans <strong>le</strong> travail parfocus group <strong>de</strong> S.Duchesne et F.Haegel qui contribue, par sa métho<strong>de</strong> même à ‘politiser’ <strong>le</strong>s enquêtés et<strong>le</strong>urs échanges.Ce sont en effet fina<strong>le</strong>ment aussi <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s instruments d’appréhension qui ontété au cœur <strong>de</strong> cet atelier. Comment étudie-t-on <strong>le</strong>s processus <strong>de</strong> politisation ? Peut-on utiliser <strong>le</strong>smêmes outils et travail<strong>le</strong>r <strong>de</strong> la même manière sur <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s espaces très diversifiés ?Les communications présentées étaient en effet notamment caractérisées par la variété <strong>de</strong>s dispositifsenvisagés. Entre l’enquête expérimenta<strong>le</strong> à partir <strong>de</strong> focus group (Duchesne et Haegel), <strong>le</strong> travail surarchives (Guyon), l’enquête ethnographique (Vairel et Zaki) ou <strong>le</strong> entretiens biographiques (Gourisse etdans une certaine mesure Vairel et Zaki). Des supports qui exigent chacun <strong>de</strong>s manières spécifiques <strong>de</strong>définir et percevoir <strong>le</strong> passage à la politisation. Pourtant, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette diversité, on a pu soulignerl’importance commune <strong>de</strong> la perspective comparative : fécondité <strong>de</strong> la comparaison entre <strong>de</strong>sexpériences menées en France et en Belgique (Duchesne et Haegel) ; fécondité <strong>de</strong> la comparaisonentre <strong>le</strong>s processus <strong>de</strong> politisation chez <strong>le</strong>s Amérindiens et chez <strong>le</strong>s Noirs-Marrons (Guyon) ; fécondité <strong>de</strong>la comparaison entre bidonvillois et victimes <strong>de</strong> la répression au Maroc (Vairel et Zaki) ; fécondité <strong>de</strong> lacomparaison entre ceux que l’université turque politise et ceux qui parviennent à échapper à cestypifications internes (Gourisse). Travail<strong>le</strong>r sur la politisation, c’est d’abord et aussi constater l’existence <strong>de</strong>frontières entre ‘politisés’ et ‘non-politisés’, s’interroger sur la fluidité <strong>de</strong> ces frontières, mais aussiquestionner <strong>le</strong>urs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> construction et <strong>le</strong>s voies par <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s individus <strong>le</strong>s contourne.Autrement dit, et comme <strong>le</strong> suggérait Michel Offerlé, l’une <strong>de</strong> principa<strong>le</strong>s vertus <strong>de</strong> l’entrée par lapolitisation, ce sont <strong>le</strong>s questions qu’el<strong>le</strong> permet <strong>de</strong> poser, même si, en retour, on pourrait s’interroger sur<strong>le</strong>s questions qu’el<strong>le</strong> conduit à négliger.En l’occurrence, notons un <strong>de</strong>s paradoxes <strong>de</strong>s conclusions provisoires <strong>de</strong> cet atelier. Alors qu’onescomptait se focaliser sur la dimension individuel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la politisation, ce sont surtout et d’abord <strong>de</strong>sgroupes que l’on a rencontrés dans chacune <strong>de</strong>s communications : groupes caractérisés par une origineethnique, étudiants, bidonvillois, victimes <strong>de</strong> la répression, groupes constitués dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> focusgroupes. Comme si la politisation supposait un passage au col<strong>le</strong>ctif ? Ce qui conduirait, tout à la fois, àcontester et à justifier <strong>le</strong> titre choisi pour cet atelier.Mounia BENNANI-CHRAIBI, Jean-Gabriel CONTAMINBilan <strong>de</strong> l'atelier 4Regards croisés sur la notion <strong>de</strong> génération politiqueDès <strong>le</strong> premier Congrès <strong>de</strong> l’AFSP en 1981, une tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> avait été organisée sur <strong>le</strong> thème« génération et politique ». Or, <strong>le</strong> choix qui avait alors prévalu <strong>de</strong> mettre à distance la notion même <strong>de</strong>« génération politique » était assez significatif <strong>de</strong> ses indéterminations conceptuel<strong>le</strong>s et heuristiques. Ainsi,un examen <strong>de</strong> la littérature sur <strong>le</strong>s usages <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « génération politique » montre qu’el<strong>le</strong> est <strong>le</strong>plus souvent contournée, disqualifiée ou assimilée <strong>de</strong> façon restrictive à cel<strong>le</strong> cohorte.Pour autant, l’idée <strong>de</strong> cet atelier avait été stimulée par <strong>le</strong> retour, ces <strong>de</strong>rnières années, <strong>de</strong>travaux <strong>de</strong> <strong>science</strong> politique qui réinvestissent et prennent à bras <strong>le</strong> corps cette notion <strong>de</strong> « générationpolitique », notamment dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> recherches portant sur <strong>le</strong>s pays dits du Sud (Amérique latine,Afrique noire, Maghreb, Turquie…).Les cinq communications <strong>de</strong> cet atelier ont offert un panorama particulièrement riche <strong>de</strong>susages pratiques et <strong>de</strong> l’intérêt heuristique <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « génération politique », sans pour autant enépuiser toutes <strong>le</strong>s difficultés conceptuel<strong>le</strong>s. Surtout, loin d’en disqualifier la pertinence, <strong>le</strong>s échanges quiont suivi ces communications se sont révélés particulièrement stimulants : L’apparition d’une génération


carrières politiques ; el<strong>le</strong>s influent sur <strong>le</strong>s prises <strong>de</strong> position et <strong>le</strong>s formes d’expertise mobilisées par ceux qui<strong>le</strong>s détiennent.La problématique du cumul a ensuite été analysée par Anne Mével<strong>le</strong>c à partir <strong>de</strong> l’exemp<strong>le</strong> du cumuldans <strong>le</strong> temps dans 51 vil<strong>le</strong>s moyennes du Québec (« Regar<strong>de</strong>r dans l’ang<strong>le</strong> mort. Le cumul <strong>de</strong>s mandatsau Québec »). Si <strong>le</strong> cumul vertical n’est pas <strong>de</strong> mise au Québec, un certain nombre d’élus ont <strong>de</strong>véritab<strong>le</strong>s carrières politiques, alternant <strong>de</strong>s mandats à différents paliers (fédéral, provincial, municipal).Centrée sur la question <strong>de</strong> la professionnalisation <strong>de</strong>s maires au Québec, cette communication a étél’occasion <strong>de</strong> discuter <strong>de</strong> l’interaction entre <strong>le</strong> cumul <strong>de</strong>s mandats, d’une part, et, d’autre part,l’organisation <strong>de</strong>s partis politiques et <strong>le</strong>s rapports entre niveaux territoriaux.Dans sa discussion, Patrick Le Li<strong>de</strong>c est revenu sur l’état <strong>de</strong> la littérature sur <strong>le</strong> cumul <strong>de</strong>s mandats,rappelant <strong>le</strong>s travaux <strong>de</strong> Frédéric Sawicki, Martin Scheffter et <strong>le</strong>s siens. Il a notamment mis en avant,comme <strong>de</strong>s facteurs à prendre en considération dans l’analyse du cumul <strong>de</strong>s mandats, l’autonomie <strong>de</strong>la haute fonction publique <strong>de</strong> l’Etat et l’organisation <strong>de</strong>s partis politiques. Il a questionné la va<strong>le</strong>ur dumandat régional (d’une importance croissante d’après Aurélia Troupel) par rapport au mandat dansune assemblée départementa<strong>le</strong>. D’une manière généra<strong>le</strong>, Patrick Le Li<strong>de</strong>c a souligné <strong>le</strong> caractèrerémunérateur (au sens pécuniaire du terme) <strong>de</strong> la pratique <strong>de</strong>s cumuls qui explique à la fois sagénéralisation et <strong>le</strong> manque <strong>de</strong> volonté <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s législateurs <strong>de</strong> la régu<strong>le</strong>r davantage.Après un échange entre <strong>le</strong> discutant et <strong>le</strong>s communicants, d’autres personnes présentes dans la sal<strong>le</strong>sont intervenues, notamment Julien Dewoghélaëre, Guillaume Marrel, Olivier Rozenberg et NicolasSauger.Pour conclure la séance, <strong>le</strong>s organisateurs ont indiqué <strong>le</strong>s perspectives <strong>de</strong> recherche ouvertes parl’analyse du cumul <strong>de</strong>s mandats. La possibilité <strong>de</strong> lancer un nouvel appel à communications sur <strong>le</strong> sujetet <strong>de</strong> réaliser un ouvrage col<strong>le</strong>ctif a notamment été évoquée.En mon nom propre et en celui <strong>de</strong> Martial Foucault et d’Abel François, je tiens à adresser mes plussincères remerciements aux organisateurs du congrès pour l’excel<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur accueil.Julien NavarroBilan <strong>de</strong> l'atelier 7Religion et politique en démocratie :Comment la laïcité résiste aux visées <strong>de</strong> "l'esprit <strong>de</strong> religionSi nous avons voulu examiner <strong>le</strong>s tensions qui se développent dans un certain nombre <strong>de</strong>démocraties autour <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la séparation du religieux et du politique, c'est parce qu'el<strong>le</strong>sillustrent à la fois la permanence d'un débat et l'univocité <strong>de</strong> la réponse qui lui est apportée. Le débat,c'est celui qui oppose <strong>de</strong>ux conceptions <strong>de</strong>s relations entre <strong>le</strong> temporel et <strong>le</strong> spirituel que nous avonsramassées sous <strong>le</strong>s expressions "esprit <strong>de</strong> laïcité" et "esprit <strong>de</strong> religion" : une conception séparatiste quientend cantonner la religion au seul domaine privé <strong>de</strong>s con<strong>science</strong>s individuel<strong>le</strong>s et qui interdit toutparticipation étatique aux activités religieuses, et une conception théocratique qui prétend redonner àla religion un statut public et entend faire entrer <strong>le</strong>s prescriptions religieuses dans la sphère civi<strong>le</strong>. Cetteopposition est constitutive <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité politique puisque c'est par <strong>le</strong> rejet <strong>de</strong> l'esprit <strong>de</strong> religion hors<strong>de</strong> la sphère col<strong>le</strong>ctive que <strong>le</strong>s régimes démocratiques et libéraux se sont édifiés.Pour <strong>le</strong> dire autrement, démocratie et séparation <strong>de</strong>s églises et <strong>de</strong> l'Etat forment un coup<strong>le</strong>inséparab<strong>le</strong>, la réponse laïque se présentant comme définitive face à ceux qui réclament uneimplication <strong>de</strong> la religion dans <strong>le</strong>s affaires <strong>de</strong> la cité. Ainsi que <strong>le</strong> signa<strong>le</strong> l'enracinement institutionnel <strong>de</strong>sdivers dispositifs laïques, la chose est irréversib<strong>le</strong>. Premier amen<strong>de</strong>ment à la Constitution américaine <strong>de</strong>1791, loi <strong>de</strong> 1905 en France, tournant laïque <strong>de</strong> la Turquie en 1924, dispositions séparatistes <strong>de</strong> laConstitution russe <strong>de</strong> 1993, pour ne citer que <strong>le</strong>s pays abordés dans l'atelier, dans tous <strong>le</strong>s cas, il s'agit <strong>de</strong>fon<strong>de</strong>r en droit la nécessaire séparation <strong>de</strong>s domaines temporel et spirituel au nom <strong>de</strong> la maîtriseexclusivement séculière du politique. Cette logique ne va pas sans susciter <strong>de</strong> résistances, et c'est là quese cristallise la tension entre partisans <strong>de</strong> la laïcité et défenseurs <strong>de</strong> la religion.


Le phénomène fondamentaliste est évi<strong>de</strong>mment au cœur <strong>de</strong> ce constat. Qu'il soit musulman ouchrétien, il semb<strong>le</strong> partout menacer l'équilibre laïque <strong>de</strong>s démocraties. La France aurait cédé auxpressions <strong>de</strong>s islamistes si <strong>le</strong>s sentinel<strong>le</strong>s laïques n'avaient crié <strong>le</strong>ur indignation lors du débat sur <strong>le</strong> voi<strong>le</strong>; <strong>le</strong>sEtats-Unis seraient en passe <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une théo-démocratie en ouvrant l'espace du pouvoir auxrevendications <strong>de</strong> la droite chrétienne; Poutine ne serait pas loin <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la religion orthodoxe unereligion d'Etat en l'utilisant pour soutenir son projet <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> nation russe; la Turquie enfin tourneraitdéfinitivement <strong>le</strong> dos à son grand passé laïque avec un parti islamiste <strong>de</strong>venu la première force politiquedu pays. L'évi<strong>de</strong>nce s'impose, l'esprit <strong>de</strong> religion est bel et bien passé à l'offensive là-même où il avait ététenu en échec pendant plus d'un sièc<strong>le</strong>.Ce que nous nous sommes efforcés d'éclairer, c'est la nature <strong>de</strong> la menace qui pèse sur la laïcité,et ce que nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce, c'est que <strong>le</strong> danger était bien davantage fantasmé que réel. Lesprésentations <strong>de</strong> l'atelier ont montré que <strong>le</strong>s raisons <strong>de</strong> s'effrayer <strong>de</strong> la vitalité fondamentaliste n'étaientpas si nombreuses ni surtout si cohérentes que la doxa journalistique, et parfois <strong>scientifique</strong>, veut bien <strong>le</strong>laisser penser.Jean Marcou est revenu sur la nature du nouvel esprit <strong>de</strong> religion qu'incarne l'AKP désormais aupouvoir en Turquie. Il a notamment révélé que la rivalité entre laïques et islamistes recouvrait un clivagebien plus sociologique que religieux. Après avoir rappelé la nature éminemment laïque <strong>de</strong> la républiqueaméricaine, Ariane Zambiras s'est penchée sur l'imaginaire politique <strong>de</strong>s protestants conservateurs pourmettre en lumière la faib<strong>le</strong>sse <strong>de</strong>s argumentaires religieux dans <strong>le</strong>ur opposition à la peine <strong>de</strong> mort. KathyRousse<strong>le</strong>t s'est intéressée à la façon dont la religion a servi <strong>le</strong>s projets politiques russes, soulignant <strong>le</strong>srésistances que l'instrumentalisation <strong>de</strong> l'Eglise orthodoxe au service <strong>de</strong> la puissance russe a suscitées.Enfin, Camil<strong>le</strong> Froi<strong>de</strong>vaux-Metterie a repris <strong>le</strong>s termes <strong>de</strong> la querel<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> voi<strong>le</strong> pour insister sur la dualité<strong>de</strong> la laïcité française, écartelée entre une version libéra<strong>le</strong>, respectueuse avant tout <strong>de</strong> la libertéreligieuse, et une version autoritaire, soucieuse surtout <strong>de</strong> maintenir l'étanchéité <strong>de</strong> la séparation entre <strong>le</strong>séglises et l'Etat.Si nous sommes parvenus à redonner <strong>de</strong> sa légitimité au postulat mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> la séparation entrepolitique et religion, nous avons atteint notre but. Enracinée dans l'exigence d'autonomie, la mo<strong>de</strong>rnitélibéra<strong>le</strong> et démocratique est incompatib<strong>le</strong> avec toute association entre pouvoir temporel et institutionspirituel<strong>le</strong>. La perspective théocratique est donc vouée à <strong>de</strong>meurer un contre-modè<strong>le</strong>, perpétuelrepoussoir et vrai obstac<strong>le</strong> à toute réel<strong>le</strong> démocratisation.Camil<strong>le</strong> Froi<strong>de</strong>vaux-Metterie – Ariane ZambirasJean Marcou – Kathy Rousse<strong>le</strong>tBilan <strong>de</strong> l'atelier 8La discussion politique en ligne. Enjeux théoriques et interrogations méthodologiquesL’objectif <strong>de</strong> cet atelier était <strong>de</strong> s’intéresser à un objet peu investi jusqu’à présent par la <strong>science</strong>politique, et <strong>de</strong> contribuer ainsi à faire se rencontrer <strong>de</strong>s thématiques <strong>de</strong> recherche dissociées autour <strong>de</strong>susages d’Internet, <strong>de</strong> l’essor <strong>de</strong> procédures « participatives » institutionnalisées et <strong>de</strong>s travaux sur <strong>le</strong>sdiscussions politiques comme mo<strong>de</strong> premier <strong>de</strong> participation politique.Cinq contributions avaient été retenues :- Nicolas Benvegnu et Mathieu Brugidou : « Prendre la paro<strong>le</strong> sur internet. Des dispositifs sociotechniquesaux grammaires <strong>de</strong> la discussion »- Mathieu Chaput, « L’analyse <strong>de</strong>s discussions politiques sur Internet : <strong>de</strong> la prescription à la <strong>de</strong>scription ? »- Céline Matuszak, « Le forum comme lieu <strong>de</strong> production d’un discours i<strong>de</strong>ntitaire et mobilisateur : unnouveau terrain pour la confrontation idéologique chez <strong>le</strong>s mouvements politiques marginaux ? »- Olivier Mauco, « Les tentatives <strong>de</strong> politisation <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s virtuels. Analyse comparée <strong>de</strong> Second Life etWorld of Warcraft »- Laurence Monnoyer-Smith, « Elargir la discussion politique en ligne : <strong>le</strong>s nouveaux objetscommunicationnels comme ouverture à la ‘Différence’ ».Toutes <strong>le</strong>s contributions ont été mises en ligne avant <strong>le</strong> Congrès, et avaient circulé entre <strong>le</strong>s contributeurs,<strong>le</strong>s organisatrices, la prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> séance et vraisemblab<strong>le</strong>ment certains membres du public. Ceci apermis <strong>de</strong> donner à cet atelier une forme peu habituel<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s organisatrices ont d’abord proposé unesynthèse critique <strong>de</strong>s textes proposés (environ 45 minutes), puis un débat s’est déroulé sous la prési<strong>de</strong>nce<strong>de</strong> Nonna Mayer (environ 1 heure). Nous ne pouvons que recomman<strong>de</strong>r cette formu<strong>le</strong>, qui donne tout


son sens à l’idée d’« atelier », c’est-à-dire d’un lieu <strong>de</strong> travail en commun. Nous remercions <strong>le</strong>s auteurs<strong>de</strong>s contributions d’avoir accepté <strong>de</strong> ne pas présenter <strong>le</strong>urs textes individuel<strong>le</strong>ment, afin <strong>de</strong> laisserdavantage place à la discussion.La richesse <strong>de</strong>s échanges est diffici<strong>le</strong> à résumer en quelques points, mais certains éléments peuvent plusparticulièrement d’être retenus.- Les débats autour <strong>de</strong> l’approche habermassienne <strong>de</strong> la délibération : ce cadre d’analyse estconsidéré comme invali<strong>de</strong> par certains auteurs (Mathieu Chaput, Laurence Monnoyer-Smith). Ils estimentqu’il est trop limité et ne reflète pas la réalité <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> discussion sur Internet car cette approchese fon<strong>de</strong> notamment sur la nécessité d’un échange argumentatif supposé rationnel. Cependant, dans <strong>le</strong>cadre <strong>de</strong> dispositifs institutionnel<strong>le</strong>ment très encadrés, comme celui du débat français sur l’énergie (texte<strong>de</strong> Nicolas Benvegnu et Mathieu Brugidou), est i<strong>de</strong>ntifiée une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> « montée en généralité » et<strong>de</strong> production d’énoncés « crédib<strong>le</strong>s » et « applicab<strong>le</strong>s » qui correspon<strong>de</strong>nt précisément à une forteexigence <strong>de</strong> rationalité <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s organisateurs du débat.- La difficulté à circonscrire et analyser l’objet « discussions politiques en ligne » :Les discussions politiques en ligne se manifestent sur différents supports et au sein <strong>de</strong> divers dispositifstechniques, du débat en ligne mis en place par une autorité publique, aux discussions informel<strong>le</strong>ssurgissant dans un jeu vidéo. Ce sont <strong>de</strong>s « écrits d’écran », <strong>de</strong>vant être analysés comme <strong>de</strong>s écrits, maisen prenant en compte <strong>le</strong> fait qu’ils sont produits en situation d’interactivité (Céline Matuszak). Ils sontdonc diffici<strong>le</strong>s à référer à un modè<strong>le</strong> d’écrit antérieurement existant.Parallè<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> terme <strong>de</strong> « discussion » est ambigu, et employé <strong>de</strong> manière hâtive comme synonyme<strong>de</strong> discussion, <strong>de</strong> conversation (<strong>le</strong>s travaux <strong>de</strong> Tar<strong>de</strong> sont alors convoqués), <strong>de</strong> dialogue ou <strong>de</strong> débat,voire <strong>de</strong> délibération ou <strong>de</strong> dispute. Ces difficultés témoignent d’interrogations sur <strong>le</strong>s frontières dupolitique, notamment sur <strong>de</strong>s distinctions fragi<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong>s discussions dites « ordinaires » et <strong>le</strong>s discussionsqualifiées <strong>de</strong> « politiques », entre espace « privé » et espace « public », ou encore entre « citoyens » et« experts ».Par ail<strong>le</strong>urs, certaines difficultés méthodologiques se présentent. La plupart <strong>de</strong>s auteurs utilisent <strong>de</strong>sapproches qualitatives. L’intérêt <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s quantitatives est toutefois reconnu et envisagé à courtterme par certains contributeurs, notamment en vue <strong>de</strong> cerner plus finement <strong>le</strong>s caractéristiquessociographiques <strong>de</strong>s internautes prenant part aux discussions politiques en ligne. Mais qu’el<strong>le</strong> que soit lamétho<strong>de</strong> choisie, traiter du contenu web signifie parfois un accès diffici<strong>le</strong> aux données, dans certainscas, <strong>de</strong>s compétences techniques particulières, et une réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong>s contraintes induites par <strong>le</strong>sdispositifs socio-techniques. Il est éga<strong>le</strong>ment nécessaire d’adopter <strong>de</strong>s méthodologies rigoureuses. Sur cepoint, un parallè<strong>le</strong> a pu être établi avec <strong>le</strong>s débats <strong>de</strong> la tab<strong>le</strong> ron<strong>de</strong> n°1, par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s contributions<strong>de</strong> Gary King et Daniel Hopkins, et cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Dario Collazzo et alii., sur <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong> contenus web.- La dia<strong>le</strong>ctique entre contraintes <strong>de</strong> la discussion politique en ligne et liberté permise par cet outil: d’un côté, <strong>le</strong>s contraintes <strong>de</strong> la discussion politiques en ligne constituent une thématique transversa<strong>le</strong> àl’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s contributions. En effet, malgré l’idéal d’égalité souvent associée à Internet, cescontraintes contribuent à une hiérarchisation <strong>de</strong>s participants et <strong>de</strong>s contributions aux discussions. El<strong>le</strong>ssont <strong>de</strong> plusieurs ordres : technique, économique, juridique, temporel, langagière (à travers la discussionse construisent un langage et <strong>de</strong>s pratiques communs). Parmi ces contraintes, la question <strong>de</strong> lamodération, peu abordée dans <strong>le</strong>s papiers, mérite une attention particulière : comme cela a étésouligné lors du débat, <strong>le</strong>s modérateurs sont à la fois garants et négociateurs <strong>de</strong> règ<strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctives.Autrement dit, la contrainte n’est pas envisageab<strong>le</strong> sans ses modalités, différenciées, d’appropriationpar <strong>le</strong>s participants.D’un autre côté, <strong>le</strong>s espaces <strong>de</strong> discussion apparaissent comme <strong>de</strong>s espaces où s’exprime une relativeliberté d’expression, <strong>de</strong>s espaces moins institutionnalisés que <strong>le</strong>s débats publics hors-ligne et régulés <strong>de</strong>manière différente. La référence à l’expérience personnel<strong>le</strong> y est très présente, comme <strong>le</strong> montrent <strong>le</strong>scontributions <strong>de</strong> Matthieu Chaput à propos <strong>de</strong> la réforme <strong>de</strong>s bourses dans l’enseignement supérieurquébécois, et <strong>de</strong> Céline Matuszak concernant <strong>le</strong>s militants <strong>de</strong> mouvements politique extrémistes. Ce sontéga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> créativité, où <strong>le</strong>s internautes peuvent « détourner » certaines spécificitéstechniques pour diffuser <strong>le</strong>urs opinions (texte <strong>de</strong> Laurence Monnoyer-Smith) et où s’expriment aussil’humour, la dérision, comme dans certains jeux vidéos étudiés par Olivier Mauco.- Le potentiel <strong>de</strong> vio<strong>le</strong>nce que peut recé<strong>le</strong>r la discussion politique en ligne : certains échangessont vifs, voire vio<strong>le</strong>nts. Il semb<strong>le</strong> que l’anonymat <strong>de</strong>s participants puisse contribuer à « libérer » la paro<strong>le</strong>et entraîne parfois une certaine agressivité dans <strong>le</strong>s échanges entre internautes. Ainsi la situation <strong>de</strong>communication en ligne inclurait une dimension <strong>de</strong> conflit, ce qui laisse penser que la conception dupolitique tel<strong>le</strong> que défendue par <strong>de</strong>s auteurs comme Chantal Mouffe ou Jacques Rancière seraitdavantage opérationnel<strong>le</strong> que cel<strong>le</strong> promue par Habermas. Cette perspective se retrouve dans <strong>le</strong>stravaux <strong>de</strong> Sophie Duchesne et Florence Haegel, qui considèrent que la discussion politique est d’abord<strong>le</strong> lieu où s’exprime <strong>le</strong> conflit.


Ceci n’est cependant pas généralisab<strong>le</strong>. En effet, Laurence Monnoyer-Smith montre que l’interfaceinformatique peut aussi jouer un rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> filtre par rapport aux viru<strong>le</strong>ntes prises <strong>de</strong> paro<strong>le</strong> constatées enréunion publique. On doit aussi remarquer qu’il n’y a pas consensus dans la littérature sur la discussionpolitique en ligne comme lieu <strong>de</strong> conflictualité, puisque <strong>de</strong>s auteurs comme Bernard Manin et Azi Lev-On, ou Richard Davis (cité par Mathieu Chaput) rappel<strong>le</strong>nt que, pour l’internaute, la possibilité <strong>de</strong> choisirconduit souvent à rechercher <strong>de</strong>s échanges avec <strong>de</strong>s personnes qui pensent comme soi, et donc àminorer l’éventuel<strong>le</strong> dimension conflictuel<strong>le</strong> que peut rece<strong>le</strong>r tout échange d’opinion.- La question du profil <strong>de</strong>s participants : <strong>le</strong>s contributions <strong>de</strong> l’atelier montrent une réalité pluscomp<strong>le</strong>xe que l’idée répandue selon laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s internautes seraient une population très spécifiquesociologiquement (c’est-à-dire plutôt « favorisée »). Ainsi, dans <strong>le</strong> cas du dispositif DUCSAI étudié parLaurence Monnoyer-Smith, <strong>le</strong> public « en-ligne » apparaît plus diversifié socia<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong> public « horsligne». Dans <strong>le</strong> cas du débat sur la maîtrise <strong>de</strong> l’énergie analysé par Nicolas Benvegnu et MathieuBrugidou, même si on note une sur-représentation <strong>de</strong>s professions intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s et une sousreprésentation<strong>de</strong>s ouvriers, il y a une importante participation <strong>de</strong>s jeunes (50% ont moins <strong>de</strong> 40 ans) etune bonne diversité géographique (70% <strong>de</strong>s participants inscrits sont hors l’I<strong>le</strong>-<strong>de</strong>-France). Il apparaîtaussi que l’investissement <strong>de</strong>s enjeux n’est pas <strong>le</strong> même selon <strong>le</strong>s mon<strong>de</strong>s sociaux <strong>de</strong>s différentsparticipants.Par ail<strong>le</strong>urs, qu’el<strong>le</strong>s que soient <strong>le</strong>urs caractéristiques « objectives », <strong>le</strong>s participants se construisent unei<strong>de</strong>ntité en ligne. Ils utilisent, dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong>s jeux vidéos étudiés par Olivier Mauco, <strong>de</strong>s avatars qui <strong>le</strong>sreprésentent ou <strong>de</strong>s pseudonymes signifiants dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong>s forums é<strong>le</strong>ctroniques. Cette mise en scènerévè<strong>le</strong> la place (<strong>de</strong> nature non socia<strong>le</strong> mais cognitive) dans la hiérarchie du jeu, ou exprime directementl’opinion du participant au sein <strong>de</strong>s débats.Cette mise en scène <strong>de</strong> soi intègre une dimension spécifique au media Internet : la présence du « tiersprésent-absent », selon l’expression <strong>de</strong> Céline Matuszak, autrement dit du simp<strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur, sorte <strong>de</strong>« passager clan<strong>de</strong>stin ». Sur <strong>le</strong>s forums <strong>de</strong> discussions <strong>de</strong>s groupes politiques marginaux, l’ennemi politiqueest fréquemment attaqué et provoqué, il est présent tout en étant invisib<strong>le</strong>. A l’égard <strong>de</strong> ce tiers présentabsent,<strong>le</strong>s internautes se mettent en scène, en essayant <strong>de</strong> se présenter comme sérieux, ou au contraireen provoquant par une certaine vio<strong>le</strong>nce verba<strong>le</strong>. Cela permet aussi <strong>de</strong> renforcer <strong>le</strong>s lienscommunautaires entre participants <strong>de</strong> chaque « camp ».- Les interrogations sur <strong>le</strong>s buts ou certains « effets » <strong>de</strong>s discussions politique en ligne : d’abord,concernant la sociabilité autour <strong>de</strong>s discussions politiques en ligne, et <strong>le</strong>ur caractère potentiel<strong>le</strong>mentsocialisateur. A ce sujet, ne sont pas très exploités <strong>le</strong>s travaux sur <strong>le</strong>s « communautés virtuel<strong>le</strong>s » et l’étu<strong>de</strong><strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> sociabilité et d’i<strong>de</strong>ntité auxquel<strong>le</strong>s el<strong>le</strong>s peuvent donner lieu. Dès <strong>le</strong>s années 1980, <strong>le</strong>srecherches sur l’émergence d’une « sociabilité télématique » étaient très réservées sur la capacité <strong>de</strong>ces messageries à générer ou renforcer chez <strong>le</strong>urs usagers un sentiment <strong>de</strong> communauté (Jouët, 1989 ;voir aussi plus récemment Wellman, 1999 et Herring, 1999). En revanche, <strong>le</strong> caractère d’agent <strong>de</strong>socialisation <strong>de</strong> la discussion politique en ligne est plus avéré, dans la mesure où par<strong>le</strong>r politique dans unforum <strong>de</strong> discussion peut apparaître comme un moyen d’affûter et <strong>de</strong> mettre à l’épreuve <strong>le</strong>s argumentsà partir <strong>de</strong>squels on détermine <strong>de</strong>s choix politiques (texte <strong>de</strong> Céline Matuszak, reprenant pour partie <strong>le</strong>stravaux <strong>de</strong> M. Marcoccia).Ensuite, <strong>le</strong> potentiel <strong>de</strong> mobilisation <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> discussion en ligne est interrogé, par exemp<strong>le</strong> àtravers l’information circulant concernant <strong>de</strong>s actions col<strong>le</strong>ctives dans <strong>le</strong> débat DUCSAI, ou la présenced’acteurs politiques (<strong>le</strong>s bureaux virtuels <strong>de</strong> partis politiques) dans <strong>le</strong>s jeux vidéos. Enfin, la question <strong>de</strong> larelation entre dérou<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s discussions politiques en ligne et agenda politique est sou<strong>le</strong>vée.L’irruption du politique en ligne est souvent liée à la teneur <strong>de</strong> l’agenda politique, aux informations etreprésentations qui circu<strong>le</strong>nt dans <strong>le</strong>s médias diffusés. Mais à l’inverse, la discussion politique peut êtreorganisée pour produire <strong>de</strong>s énoncés <strong>de</strong> politiques publiques, et avoir <strong>de</strong>s conséquences sur la décisionpolitique, comme dans <strong>le</strong>s dispositifs <strong>de</strong> débats institutionnalisés dont c’est explicitement <strong>le</strong> but (débatsur la maîtrise <strong>de</strong> l’énergie).En conclusion, la richesse <strong>de</strong>s papiers est tel<strong>le</strong> qu’il est diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur rendre justice, mais nous espéronsavoir, à travers l’atelier et avec ce compte rendu, montré l’existence et l’intérêt <strong>de</strong> cet objet <strong>de</strong>recherche, mais aussi la nécessité d’approfondir <strong>de</strong>s travaux qui sont pour l’heure, en France, encoretrop peu développés.Fabienne GreffetStéphanie Wojcik


Bilan <strong>de</strong> l’atelier 10Les par<strong>le</strong>mentaires : pratiques <strong>de</strong> représentation et pratiques d’assembléeL’atelier s’est tenu <strong>le</strong> jeudi 6 septemnre 2007 <strong>de</strong> 11 h à 13 h <strong>de</strong>vant un public fourni d’une trentaine <strong>de</strong>personnes rassemblant principa<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s jeunes chercheurs et <strong>de</strong>s doctorants.Olivier Rozenberg (chercheur au CEVIPOF) introduit l’atelier. Il rappel<strong>le</strong> que cet atelier se situe dans <strong>le</strong>prolongement <strong>de</strong>s autres ateliers précé<strong>de</strong>mment tenus lors <strong>de</strong>s Congrès <strong>de</strong> l’AFSP <strong>de</strong> Lil<strong>le</strong> et <strong>de</strong> Lyon etdirigés par Eric Kerrouche et Olivier Costa. Il marque ainsi une volonté <strong>de</strong> constituer au sein <strong>de</strong> l’AFSP unestructure pérenne dédiée à l’etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>ments et <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires.Le thème du présent atelier porte sur la dialéctique entre <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong> représentation <strong>de</strong>spar<strong>le</strong>mentaires et <strong>le</strong>s pratiques d’assemblée, <strong>le</strong>s premières étant déstinées principa<strong>le</strong>ment à <strong>le</strong>ure<strong>le</strong>cotrat et <strong>le</strong>s secon<strong>de</strong>s re<strong>le</strong>vant davantage <strong>de</strong> l’entre soi par<strong>le</strong>mentaire. Cette dialéctique est bienconnue et travail<strong>le</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> la litterature specialisée sur <strong>le</strong> sujet qu’il s’agisse <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s angloaméricainesou françaises. La question est centrar<strong>le</strong> en ce qu’el<strong>le</strong> met en jeu la notion d’unicité ou <strong>de</strong>diversité du par<strong>le</strong>mentaire, <strong>de</strong> son travail, <strong>de</strong> son rô<strong>le</strong> voire <strong>de</strong> sa personne.Deux hypothèses s’opposent alors. La première tab<strong>le</strong> sur la pluarlité <strong>de</strong>s dimensions du travailpar<strong>le</strong>mentaire. L’élu serait ainsi amené à jouer diffferents rô<strong>le</strong>s en fonciton <strong>de</strong>s interactions dans<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il évolue. Il adopterait ainsi differents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> présentation <strong>de</strong> lui-même. L’autre hypothèse, àlaquel<strong>le</strong> O. Rozenberg souscrit plus volontiers, renvoie au contraire à l’unité du travail par<strong>le</strong>menaire.Ainsi, un élu <strong>de</strong> terrain, soucieux en priorité <strong>de</strong> sa circonscription <strong>de</strong>meurerait <strong>le</strong> même lorsqu’il évoluedans <strong>le</strong>s couloirs <strong>de</strong> l’Assemblée nationa<strong>le</strong>. Ces <strong>de</strong>ux hypothèses <strong>de</strong>ssinent une conception différentesnon seu<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s pratiques par<strong>le</strong>mentaires mais éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs représentations, qu’il s’agisse <strong>de</strong> lareprésentation que s’en font <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>cteurs, <strong>le</strong>s chercheurs ou <strong>le</strong>s élus eux-mêmes.L’atelier a pour but d’abor<strong>de</strong>r ce questionnement en privilégiant notamment sa dimension empirique.Dans quel<strong>le</strong> mesure <strong>le</strong>s differentes enquêtes restituées par <strong>le</strong>s six intervenants permettent d’eclairer lanature <strong>de</strong>s connexions opérées par <strong>le</strong>s élus entre <strong>le</strong>urs activités <strong>de</strong> representation et <strong>de</strong> législation ou <strong>de</strong>contrô<strong>le</strong> ?Eric Kerrouche (chercheur au SPIRIT) présente ensuite <strong>le</strong> programme <strong>de</strong> l’atelier en soulignant que celuiciprocè<strong>de</strong> en <strong>de</strong>ux temps. Le premier est consacré à la restitution d’une enquête comparativeeuropéenne, <strong>le</strong> projet PARENEL, portant sur <strong>le</strong>s représentations qu’ont <strong>le</strong>s parlmentaires <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs activités.Trois présentations s’inscrivent dans ce cadre Olivier Costa pour la France, Maria Antonia Piers <strong>de</strong>Almedia pour <strong>le</strong> Portugal et Mariya Ne<strong>de</strong>ltcheva pour la Bulgarie. Dans un <strong>de</strong>uxième temps, troisprésentations apporteront <strong>de</strong>s éclairages differents sur <strong>le</strong> thème <strong>de</strong> l’atelier en considérant <strong>de</strong>s objetsspécifiques (<strong>le</strong> crédit collaborateur, <strong>le</strong> boulangisme et la suppléance). En s’inscrivant ou en renvoyant à<strong>de</strong>s domaines sous-disciplinaires distincts, <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s comparées, <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s du local, la sociohistoire, <strong>le</strong>néoinstitutionalisme, <strong>le</strong>s differentes présentations donnent ainsi à voir la diversité d’approches théoriqueset méthodologiques à laquel<strong>le</strong> se prête l’objet par<strong>le</strong>mentaire. Un tel constat attestant en définitive d’unreel retour <strong>de</strong> l’objet par<strong>le</strong>mentaire au sein <strong>de</strong> notre discipline, et, il faut l’espérer, <strong>de</strong> son inscription dansla recherche européenne.Olivier Costa (chercheur au SPIRIT) présente une contribution intitulée « Présentation <strong>de</strong> PARENEL, uneétu<strong>de</strong> européenne portant sur <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires ».Il explique que <strong>le</strong> projet PARENEL (Parliamentary representation at national and European Levels) estmotivé par trois constats. Le premier est celui du déficit <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s relatives aux par<strong>le</strong>mentairesnationaux et au caractère globa<strong>le</strong>ment insatisfaisant <strong>de</strong>s travaux, plus nombreux, consacrés auPar<strong>le</strong>ment européen et à ses membres. Le second constat, très convenu mais néanmoinsincontournab<strong>le</strong>, est celui d’une transformation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s assemblées par<strong>le</strong>mentaires, que ce soit auniveau national ou au niveau européen, en raison <strong>de</strong> contraintes environnementa<strong>le</strong>s fortes : progrès <strong>de</strong>l’intégration européenne, contraintes liées au droit international, remise en cause du rô<strong>le</strong> central <strong>de</strong>sEtats et du dogme <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur souveraineté, montée <strong>de</strong>s corporatismes, décentralisation, « crise dupolitique », etc. Le troisième constat est celui <strong>de</strong>s opportunités qu'offre une comparaison <strong>de</strong> la situation<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux types d'élus (nationaux et européens) dans plusieurs pays européens. Malgré <strong>le</strong>s précautions quidoivent entourer l'application du comparatisme à <strong>de</strong>s acteurs et à <strong>de</strong>s systèmes politiques différents, <strong>le</strong>contraste qui existe entre la situation <strong>de</strong>s députés nationaux et européens d’une part, et, parmi eux,entre <strong>le</strong>s ressortissants <strong>de</strong>s différents pays étudiés d’autre part, doit nous permettre <strong>de</strong> révé<strong>le</strong>r <strong>le</strong>scontraintes, stratégies et logiques qui sous-ten<strong>de</strong>nt <strong>le</strong>ur é<strong>le</strong>ction et <strong>le</strong>ur comportement, et <strong>de</strong> révé<strong>le</strong>r <strong>le</strong>sconceptions qu’ils ont <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> et <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur rapport au territoire et à <strong>le</strong>urs é<strong>le</strong>cteurs. L’ambition est, àterme, <strong>de</strong> mener la recherche dans l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s pays européens.


L'objectif <strong>de</strong> la recherche est trip<strong>le</strong>. Il vise, en premier lieu, à appréhen<strong>de</strong>r l’i<strong>de</strong>ntité, <strong>le</strong>s comportementset la socialisation <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires. Pour ce faire, il importe <strong>de</strong> ne pas limiter l'analyse à <strong>le</strong>urs pratiques,mais d'i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong> faisceau <strong>de</strong> contraintes dans <strong>le</strong>quel ils évoluent, ainsi que l'impact <strong>de</strong>s représentationsqu’ils ont à l'égard <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong>, <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur mandat, <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur rapport au(x) territoire(s), <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur position dansl’institution et <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> cette institution dans <strong>le</strong> système politique. La recherche doit, en secondlieu, mettre en lumière <strong>le</strong>s interactions entre <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires et <strong>le</strong>ur institution, rapports qui constituentune sorte d’ang<strong>le</strong> mort <strong>de</strong> la littérature existante. Enfin, la recherche doit permettre d’analyser <strong>le</strong>smodalités et évolution <strong>de</strong> la territorialisation <strong>de</strong> la représentation.Il restitue enfin certains éléments d’analyse issus <strong>de</strong> la partie française <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> et publiés dansl’ouvrage co-écrit avec Eric Kerrouche, Qui sont <strong>le</strong>s députés français ? (Presses <strong>de</strong> Sciences Po, 2007).Mariya Ne<strong>de</strong>ltcheva (doctorante à l’IEP <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux et à l’Université libre <strong>de</strong> Bruxel<strong>le</strong>s) présente unecontribution intitulée « La professionnalisation <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires bulgares : entre représentations etréalités ».Dans l’immédiat après-1989, <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment et <strong>le</strong>s partis politiques sont <strong>de</strong>venus <strong>le</strong>s principaux acteurs <strong>de</strong>la (re)construction démocratique <strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s pays d’Europe Centra<strong>le</strong> et du Sud-Est. Toutrefois,rapi<strong>de</strong>ment, en Bulgarie sont apparus <strong>le</strong> manque d’expérience et <strong>de</strong> personnel qualifié. Les chiffresmontrent une fluidité extrême empêchant la formation d’une élite préparée et expérimentée à lapratique et à la culture par<strong>le</strong>mentaire. Néanmoins, on retrouve <strong>de</strong>s députés qui ont toujours été réélus<strong>de</strong>puis 1989. Dès lors, est-il possib<strong>le</strong> d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s facteurs déterminant la « longévité politique » <strong>de</strong>spar<strong>le</strong>mentaires bulgares ? La trajectoire personnel<strong>le</strong> oriente-t-el<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur vision <strong>de</strong> la pratique par<strong>le</strong>mentaireet dans quel<strong>le</strong> mesure la professionnalisation a-t-el<strong>le</strong> <strong>de</strong>s effets sur <strong>le</strong>s représentations <strong>de</strong>s députés <strong>de</strong> <strong>le</strong>urrô<strong>le</strong> et <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs fonctions ?A partir d’un questionnaire pré-établi et <strong>de</strong>s entretiens semi-directifs que nous avons menés avec <strong>le</strong>spar<strong>le</strong>mentaires bulgares en 2006 dans la cadre du projet « PARENEL », nous développerons notre analyseen <strong>de</strong>ux temps. Dans une première partie, à l’échelon individuel, nous allons i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong>s personnesfaisant <strong>de</strong> la politique <strong>le</strong>ur métier principal. Leurs trajectoires personnel<strong>le</strong>s nous permettront <strong>de</strong> dégagerquelques traits dominants <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs pratiques. A ce sta<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s facteurs comme « la dépendance loca<strong>le</strong> »et partisane, <strong>le</strong>s possibilités d’avancement et <strong>le</strong> travail au sein <strong>de</strong>s commissions seront envisagés dansune perspective d’interdépendance visant à indiquer <strong>le</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> professionnalisation <strong>de</strong>spar<strong>le</strong>mentaires bulgares.Dans un <strong>de</strong>uxième temps, à partir <strong>de</strong>s résultats intermédiaires obtenus <strong>de</strong> l’analyse focalisée surl’expérience <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires et la durée <strong>de</strong> l’exercice <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur mandat, nous allons essayer <strong>de</strong> saisir <strong>le</strong>seffets <strong>de</strong> la professionnalisation sur <strong>le</strong>s représentations <strong>de</strong>s députés <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> et <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs fonctions. Dansquel<strong>le</strong> mesure <strong>le</strong>s influencent-ils et quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>urs spécificités ? En répondant à cette question, nousvisons une meil<strong>le</strong>ure compréhension <strong>de</strong> la fonction par<strong>le</strong>mentaire en Bulgarie, <strong>de</strong> ses spécificités, sonévolution et ses perspectives.Maria Antónia Pires <strong>de</strong> Almeida du Centre d'investigation et d'étu<strong>de</strong>s en Sociologie et l’Institut supérieur<strong>de</strong>s <strong>science</strong>s du travail et <strong>de</strong> l'entreprise <strong>de</strong> Lisbonne présente ensuite une contribution intitulée « Lespartis et <strong>le</strong>s dirigeants politiques au Portugal : <strong>le</strong>s conseil<strong>le</strong>rs locaux et <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong>s Par<strong>le</strong>mentsportugais et européens ».El<strong>le</strong> expliaue que dès la Révolution du 25 Avril 1974, et <strong>de</strong> l’établissement du régime démocratique, <strong>le</strong>spartis politiques dominent <strong>le</strong> processus é<strong>le</strong>ctoral au Portugal, pas seu<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> gouvernementcentral, mais aussi dans <strong>le</strong>s municipalités. L’analyse <strong>de</strong>s élites politiques, <strong>de</strong> ses filiations politiques, sesformes <strong>de</strong> recrutement et formation socia<strong>le</strong> et professionnel<strong>le</strong>, ont intéressé plusieurs auteurs : AndréFreire a étudié <strong>le</strong>s députés, Maria Antónia Pires <strong>de</strong> Almeida a fait <strong>de</strong> même avec <strong>le</strong>s maires et <strong>le</strong>sgouverneurs <strong>de</strong> district. D’autres spécialistes portugais <strong>de</strong>s <strong>science</strong>s socia<strong>le</strong>s, Marina Costa Lobo, AntónioCosta Pinto et Pedro Tavares <strong>de</strong> Almeida, et ainsi que l’américaine Nancy Bermeo, ont décrit <strong>le</strong>sministres et <strong>le</strong>s prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> l’Europe du Sud. A travers cette contribution, <strong>le</strong>s auteurs se proposentd’établir la relation entre ces <strong>de</strong>ux niveaux <strong>de</strong> gouvernement, <strong>le</strong> national et <strong>le</strong> local (et aussi <strong>le</strong>supranational, avec l’analyse <strong>de</strong>s députés portugais au Par<strong>le</strong>ment européen), et <strong>de</strong> vérifier l’importance<strong>de</strong>s partis politiques à chacun <strong>de</strong> ces niveaux. Beaucoup <strong>de</strong> maires ont <strong>de</strong>s carrières politiques qui secaractérisent par une mobilité vertica<strong>le</strong>, autant ascendante que <strong>de</strong>scendante : du mandat <strong>de</strong> maire àcelui <strong>de</strong> député du Par<strong>le</strong>ment portugais, et vers celui <strong>de</strong> député du Par<strong>le</strong>ment européen et <strong>de</strong> ministre,et même Premier ministre ou Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République (dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux maires <strong>de</strong> Lisbonne); oubien <strong>de</strong> ministres et députés vers maires. Dans l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces cas, <strong>le</strong> parti et la position dans <strong>le</strong> parti ajoué un rô<strong>le</strong> central, même quand certains individus ont changé <strong>de</strong> parti pour être réélu, ou quandcertains ont présenté <strong>de</strong>s candidatures indépendantes (qui sont possib<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>puis 1997). Tousces facteurs seront analysés et commentés, avec <strong>de</strong>s tab<strong>le</strong>aux et statistiques, pour comparer <strong>le</strong> niveau


<strong>de</strong> gouvernement central et local au Portugal, et analyser <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s partis à chacun <strong>de</strong> ces niveaux et<strong>le</strong> phénomène <strong>de</strong>s candidatures indépendantes.Après ces trois présentations, une première discussion s’engage avec la sal<strong>le</strong>. Eric Kerrouche revientnotamment sur <strong>le</strong>s spécificités du par<strong>le</strong>ment français en regard <strong>de</strong>s autres assemblées en Europe.Après cette discussion, Patrick Le Li<strong>de</strong>c, chercheur au CERSA présente une contribution intitulée « Lesdéputés français, <strong>le</strong>urs assistants et <strong>le</strong>s usages <strong>de</strong> l’enveloppe « crédit collaborateurs » : priorité à lacirconscription et à l’assistance socia<strong>le</strong> ».Il introduit son propos en rappelant que <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires français peuvent être considérés comme <strong>de</strong>sacteurs faib<strong>le</strong>s si on <strong>le</strong>s compare à <strong>le</strong>urs homologues américains. Pourtant, durant <strong>le</strong>s trente <strong>de</strong>rnièresannées, <strong>le</strong>s ressources à disposition <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires se sont accrues. Les députés disposent désormaischacun d’une enveloppe annuel<strong>le</strong> d’un montant <strong>de</strong> 106 680 euros (charges socia<strong>le</strong>s non comprises)pour recruter <strong>de</strong>s collaborateurs personnels. Avec cette enveloppe, ils peuvent recruter librement <strong>de</strong> 1 à5 collaborateurs, définir <strong>le</strong>urs rémunérations et fixer <strong>le</strong>urs conditions <strong>de</strong> travail. Comment <strong>le</strong>s députésutilisent-ils cette enveloppe et organisent-il <strong>le</strong>urs équipes ? Privilégient-ils <strong>le</strong> recrutement d’un grandnombre d’assistants peu diplômés ou un petit nombre <strong>de</strong> professionnels spécialisés ? Sont-ilsprincipa<strong>le</strong>ment affectés à Paris ou en circonscription ? Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>urs principa<strong>le</strong>s tâches (fairel’assistante socia<strong>le</strong>, écrire <strong>de</strong>s correspondances, communiquer et faire <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> presse, du travaillégislatif, etc.) ? En utilisant <strong>le</strong>s données col<strong>le</strong>ctées dans <strong>le</strong> cadre d’une enquête col<strong>le</strong>ctive conduite parune équipe (CARMA : CRPS-CERSA) <strong>de</strong>puis 2004, on teste ici une série <strong>de</strong> variab<strong>le</strong>s et d’hypothèseshabituel<strong>le</strong>ment utilisées dans <strong>le</strong> champ <strong>de</strong>s Legislative studies. On souligne <strong>le</strong> poids <strong>de</strong> variab<strong>le</strong>sclassiques comme l’ancienneté <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires, <strong>le</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs circonscriptions (urbaineou rura<strong>le</strong>, etc.), <strong>le</strong>urs objectifs ou <strong>le</strong>urs croyances (la réé<strong>le</strong>ction, la progression dans la carrière politique,l’élaboration <strong>de</strong> « bonnes » politiques publiques), <strong>le</strong>urs ressources et <strong>le</strong>urs contraintes spécifiques. Bienque ces variab<strong>le</strong>s conditionnent fortement <strong>le</strong>s usages du « crédit collaborateurs » et que <strong>de</strong> fortesdifférences puissent être mises en évi<strong>de</strong>nce parmi eux, <strong>le</strong>s députés français se singularisent parl’importance <strong>de</strong>s ressources dédiées au travail d’assistante socia<strong>le</strong>. Ils sont nombreux à investir dans <strong>le</strong>travail d’assistante socia<strong>le</strong> en circonscription, ce qui <strong>de</strong>ssine un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> petite entreprisepar<strong>le</strong>mentaire bien accordé aux contraintes que fait peser sur eux <strong>le</strong> scrutin uninominal majoritaire à<strong>de</strong>ux tours. Les assistants en circonscription constituent une ressource précieuse pour <strong>le</strong>s députés,notamment pour mieux contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s organes locaux <strong>de</strong>s partis auxquels ils adhèrent et réduire <strong>le</strong>s risquesé<strong>le</strong>ctoraux auxquels ils sont exposés.Ensuite, Mathieu Provi<strong>de</strong>nce, doctorant à l’Université Paris X présente une contribution intitulée « Le« terrain » contre l’« assemblée ». La mise en cause du par<strong>le</strong>mentarisme républicain durant <strong>le</strong>boulangisme ».Cette présentqtion étudie comment dans <strong>le</strong> cadre du « boulangisme » (1886-1891, mouvement politiqueconstitué autour du général Boulanger), l’articulation entre <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong> représentation et <strong>le</strong>spratiques d’assemblée prend la forme inattendue d’une opposition et comment cette configurationsuscite une transformation origina<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces activités.La particularité <strong>de</strong> l’action é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> du Général est non seu<strong>le</strong>ment qu’el<strong>le</strong> prend une tournurenettement antipar<strong>le</strong>mentaire, stigmatisant la « stérilité » <strong>de</strong>s pratiques d’assemblée, mais surtout qu’iladopte une stratégie <strong>de</strong> candidatures multip<strong>le</strong>s. Candidat multi-élu, rassemblant <strong>de</strong> nombreuses voix surun programme antipar<strong>le</strong>mentaire, il met donc directement en cause <strong>le</strong>s pratiques d’assemblée à partirdu « terrain ». Ce qui va nous intéresser dans ce travail c’est tout d’abord <strong>de</strong> suivre <strong>le</strong>s députés qui se sontinvestis dans <strong>le</strong> mouvement boulangiste. Cette étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> trajectoires va nous permettre <strong>de</strong> revenir sur unélément essentiel : il n’existe pas à ce moment d’accord entre <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires sur l’organisationinstitutionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la République. Ce que l’on va montrer ensuite c’est que cette mise en cause origina<strong>le</strong>du jeu politique tel qu’il est en train <strong>de</strong> se structurer, va susciter une transformation <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>représentation et d’assemblée. Ce qui s’organise pour lutter contre <strong>le</strong> boulangisme, c’est une sanctiondu « terrain » par l’« assemblée » : <strong>le</strong> Sénat, réuni en Haute Cour <strong>de</strong> justice condamne <strong>le</strong> généralBoulanger pour complot contre la République, jugement qui s’accompagne <strong>de</strong> mesures qui modifientdurab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong> représentation (interdiction <strong>de</strong>s candidatures multip<strong>le</strong>s, retour au scrutind’arrondissement).En conclusion, M. Provi<strong>de</strong>nce montre que <strong>le</strong> « moment » boulangiste constitue une étape déterminante<strong>de</strong> la transition <strong>de</strong> la Troisième République au par<strong>le</strong>mentarisme.Enfin, Ludivine Vanthournout, doctorante à l’Université Paris I, présente une contribution intitulée« Recrutement et pratiques d’assemblée extraordinaires à l’aune <strong>de</strong> la suppléance par<strong>le</strong>mentaire ».


Depuis l’instauration <strong>de</strong> la suppléance par<strong>le</strong>mentaire en 1958, 570 suppléants sont <strong>de</strong>venus députés parce mécanisme et <strong>de</strong> nombreux candidats à la députation ont utilisé <strong>le</strong> titre <strong>de</strong> « suppléant sortant» pourse faire élire. Néanmoins la suppléance <strong>de</strong>meure un point aveug<strong>le</strong> du recrutement par<strong>le</strong>mentaire. Ils’agira donc d’i<strong>de</strong>ntifier ces nouveaux acteurs et d’analyser <strong>le</strong>urs pratiques à l’Assemblée nationa<strong>le</strong>comme en circonscription.L’économie généra<strong>le</strong> <strong>de</strong>s pratiques liées à la suppléance indique qu’il existe une gran<strong>de</strong> hétérogénéitéau sein <strong>de</strong> la catégorie unificatrice « anciens suppléants <strong>de</strong>venus députés ». Ce personnel politique estinéga<strong>le</strong>ment illégitime lors <strong>de</strong> son entrée à l’Assemblée ; certains <strong>le</strong> resteront, d’autres, à l’issue d’unprocessus <strong>de</strong> légitimation plus ou moins long et comp<strong>le</strong>xe, parviendront à s’imposer. Pour s’affirmer ausein <strong>de</strong> cette institution, ils <strong>de</strong>vront faire un usage stratégique <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur trajectoire, <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs investissementsmilitants, qu’ils soient directement partisans ou encore associatifs, syndicaux, voire <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur héritagepolitique. Voie <strong>de</strong> professionnalisation spécifique, la suppléance par<strong>le</strong>mentaire modifie <strong>le</strong>s jeuxd’Assemblée, en <strong>le</strong>s renouvel<strong>le</strong>ment ou en imposant <strong>le</strong>urs ajustements, et <strong>le</strong>s représentations qui y sontin<strong>de</strong>xées. Un réseau <strong>de</strong> coopération et <strong>de</strong> ressources propres aux anciens suppléants émerge, <strong>le</strong>srelations entre <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires, <strong>le</strong> groupe et <strong>le</strong> parti se comp<strong>le</strong>xifient. Certains d’entre eux iront jusqu’àse mobiliser pour « la cause <strong>de</strong>s suppléants » et à revendiquer la reconnaissance juridique <strong>de</strong> cepersonnel politique intermédiaire.Les lois tendanciel<strong>le</strong>s du recrutement <strong>de</strong>s députés se retrouvent-el<strong>le</strong>s dans celui <strong>de</strong> suppléants <strong>de</strong>venusdéputés ou <strong>le</strong>urs principes <strong>de</strong> sé<strong>le</strong>ction sont-ils régis par d’autres logiques? Selon <strong>le</strong>s partis politiques et <strong>le</strong>sconjonctures, dans quel<strong>le</strong> mesure <strong>le</strong>urs propriétés et <strong>le</strong>urs rô<strong>le</strong>s varient-ils ? Leurs manières <strong>de</strong> penser,d’être, d’agir se distinguent-el<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s autres députés?Cette <strong>de</strong>rnière présentation est suivie d’une disucssion d’environ trente minutes avec la sal<strong>le</strong>. P. Le Li<strong>de</strong>cest interrogé sur l’amp<strong>le</strong>ur <strong>de</strong>s activités loca<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires et sur <strong>le</strong>s effets du cumul <strong>de</strong>s mandatvis-à-vis du travail « d’assistante socia<strong>le</strong> » <strong>de</strong>s élus. L. Vanthournout est amenée à distinguer différentesformes <strong>de</strong> suppléances et <strong>de</strong> carrières liées à la suppléance selon que l’élu se trouve suppléant d’unministre ou d’un par<strong>le</strong>mentaire désireux <strong>de</strong> « passer la main ».Eric Kerrouche et Olivier RozenbergBilan <strong>de</strong> l'atelier 11Comment <strong>le</strong>s citoyens pensent-ils <strong>le</strong> politique ?Récents développements théoriques et empiriques.Cet atelier était motivée par <strong>le</strong> constat selon <strong>le</strong>quel l’essor <strong>de</strong>s travaux sur <strong>le</strong> raisonnement <strong>de</strong>scitoyens reste, d’une part, encore limité par rapport aux voies ouvertes chez <strong>le</strong>s anglo-américains et,d’autre part, encore principa<strong>le</strong>ment marqué par la construction d’indicateurs quantitatifs <strong>de</strong>stinés àtester l’effort cognitif <strong>de</strong>s acteurs, <strong>le</strong>ur “ sophistication ” ou “ compétence ”. En promouvant l’ouvertureinterdisciplinaire (sociologie, psychologie socia<strong>le</strong>), l’objectif était donc notamment <strong>de</strong> contribuer à lacomplémentarité <strong>de</strong>s approches en sollicitant <strong>de</strong>s contributions d’inspiration plus qualitative susceptib<strong>le</strong>sd’appréhen<strong>de</strong>r <strong>de</strong> manière élargie <strong>le</strong> rapport <strong>de</strong>s acteurs au politique en interrogeant la formation etl’usage <strong>de</strong>s catégories très diverses d’intelligibilité qu’ils mettent en oeuvre.Dans cette perspective, <strong>le</strong> citoyen est envisagé comme acteur social et donc étudié à partir <strong>de</strong>facteurs tels que sa socialisation, son insertion dans <strong>de</strong>s réseaux sociaux ou son exposition aux discours<strong>de</strong>s médias. L’idée est ici que suffisamment <strong>de</strong> résultats ont été accumulés sous l’ang<strong>le</strong> individualistepour suggérer <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r <strong>de</strong> manière plus contextualisée. Enfin, il était attendu <strong>de</strong>s contributeurs qu’ilsprésentent <strong>de</strong>s résultats empiriques en <strong>le</strong>s rapportant à la méthodologie utilisée pour éclairer quel aspect<strong>de</strong> la production du raisonnement est mis au jour par <strong>le</strong> dispositif d’enquête.L’appel à contribution a suscité une douzaine <strong>de</strong> propositions qui ont été adresséesmajoritairement par <strong>de</strong>s docteurs et doctorants et reflétaient, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique, uneouverture vers la sociologie. Cinq contributions ont été présentées et discutées.Une première session <strong>de</strong> l’atelier a regroupé trois contributions qui présentaient une certaine articulationautour du rapport <strong>de</strong>s citoyens au politique à partir <strong>de</strong>s perceptions et <strong>de</strong>s enjeux liés à <strong>le</strong>urenvironnement urbain :- David GOUARD (Université Paris I-CRPS), “ Prises <strong>de</strong> paro<strong>le</strong>s et compétences politiques à Ivry-sur-Seine ”


- Marion CARREL (Université Lil<strong>le</strong> 3-GRACC / CEMS-EHESS, Paris), “ Les militants associatifs <strong>de</strong>s quartiersd’habitat social : appartenances col<strong>le</strong>ctives, paro<strong>le</strong>s politiques et relations aux pouvoirs publics ”- Julien TALPIN (Institut universitaire européen, Florence), “ Délibération et épreuves sensoriel<strong>le</strong>s. Unecomparaison <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> construction <strong>de</strong>s raisonnements politiques ordinaires autour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cas<strong>de</strong> budget participatif ”De ces communications se dégage l’utilité <strong>de</strong> situer l’acteur dans son “ espace <strong>de</strong> vie ” pourmieux saisir <strong>le</strong>s dynamiques <strong>de</strong> son rapport au politique, aussi bien cel<strong>le</strong>s qui pourrait nourrir <strong>le</strong>urdéférence, <strong>le</strong>ur participation, <strong>le</strong>ur méfiance ou <strong>le</strong>ur défiance. Des éléments convergents avec <strong>de</strong>précé<strong>de</strong>nts travaux ne portant pas directement sur <strong>le</strong> raisonnement <strong>de</strong>s citoyens mais re<strong>le</strong>vant <strong>le</strong>ursperceptions peuvent être établis 1 . Les approches ici avancées marquent notamment par l’importance<strong>de</strong> la territorialisation <strong>de</strong>s acteurs que <strong>de</strong>s dispositifs d’observation doublés d’entretiens permettent <strong>de</strong>caractériser finement. Cela reviendrait à dire qu’on ne pense pas <strong>le</strong> politique (sous ses diversesmodalités) indépendamment <strong>de</strong> là d’où on est amené à <strong>le</strong> penser. Le nombre et la nature <strong>de</strong>sexpériences à travers <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s s’éprouve l’ancrage territorial du rapport au politique laisse à penser quecette dimension est diffici<strong>le</strong>ment réductib<strong>le</strong> à <strong>de</strong>s catégories standard d’un protoco<strong>le</strong> d’enquête à unautre et d’un questionnement à un autre. Des notions tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s “ flux d’information territoriaux ”(Gouard) liés aussi bien à un événement qu’à une institution ou à un groupe, “ <strong>le</strong> déploiement <strong>de</strong>squalités <strong>de</strong> citoyens <strong>de</strong>s habitants ” (Carrel) tel qu’il dépend <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> la rencontre avec <strong>de</strong>sélus et varie ainsi d’un contexte à l’autre, ou <strong>de</strong>s “ moments d’épreuve ” (Talpin) que constituent laconfrontation avec la matérialité <strong>de</strong> la pauvreté lors <strong>de</strong> visites <strong>de</strong> quartiers insalubres. Il ressort éga<strong>le</strong>ment<strong>de</strong> ces approches que <strong>le</strong> rapport au politique s’élabore vraisemblab<strong>le</strong>ment plus <strong>de</strong> manière informel<strong>le</strong>mais soli<strong>de</strong> et continue par l’entrelacement <strong>de</strong> récits et témoignages que dans <strong>de</strong>s pratiquesponctuel<strong>le</strong>s et spécifiques d’argumentation. Cela renvoie à l’articulation essentiel<strong>le</strong> mais souventnégligée entre raisonnement et socialisation. Plusieurs travaux empruntant à l’anthropologie politiquel’attestent et suggèrent <strong>de</strong> développer <strong>le</strong>s efforts <strong>de</strong> la sociologie politique en ce sens 2 .Les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières contributions ont composé la secon<strong>de</strong> session <strong>de</strong> l’atelier :- THIEBAUT Cyril<strong>le</strong> (Université Paris I-CRPS), “ Réf<strong>le</strong>xion méthodologique : que peuvent apporter <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s<strong>de</strong> réception à l’analyse <strong>de</strong> la politisation ? ”- LASCOUMES Pierre (CEVIPOF, Sciences-Po, Paris), MAZZOLENI Oscar (Observatoire <strong>de</strong> la vie politique,Bellinzone, Suisse), “ Conceptions <strong>de</strong> la fonction politique et <strong>de</strong>s atteintes à la probité publique dans <strong>le</strong>jugement <strong>de</strong>s citoyens ordinaires ”A travers ces <strong>de</strong>ux contributions, il apparaît que l’ambiva<strong>le</strong>nce <strong>de</strong>s raisonnements <strong>de</strong>s citoyensest un enjeu important, tant d’un point <strong>de</strong> vue épistémologique qu’empirique. Du fait que <strong>le</strong>s citoyenspeuvent alternativement former <strong>de</strong>s jugements normatifs négatifs envers la corruption mais faire aussipreuve <strong>de</strong> tolérance pratique au cas par cas et que, <strong>de</strong> même, ils peuvent nourrir une conceptiongénérique très positive <strong>de</strong> la construction européenne mais s’avérer réticents à l’égard d’une politique<strong>de</strong> défense intégrée qui en serait pourtant une concrétisation, il apparaît qu’ils sont loin <strong>de</strong> manifesterune cohérence systématique à l’égard <strong>de</strong>s objets politiques. Dès lors, d’un point <strong>de</strong> vueépistémologique, y a-t-il lieu <strong>de</strong> concentrer notre questionnement sur la mesure du plus ou moins grand<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> cohérence en mobilisant <strong>de</strong>s concepts tels que la “ compétence ” ou la “ sophistication ” ?C’est l’une <strong>de</strong>s voies <strong>le</strong>s plus pratiquées dans <strong>le</strong>s travaux sur <strong>le</strong> raisonnement politique mais el<strong>le</strong> présentel’inconvénient d’envisager <strong>le</strong> citoyen sous l’ang<strong>le</strong> <strong>de</strong> sa capacité à accomplir une tâche que nous luiassignons sans chercher spécia<strong>le</strong>ment à savoir ce qu’il fait et pense. Les éléments avancés ici plai<strong>de</strong>ntplutôt pour développer notre enten<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ce que font <strong>le</strong>s citoyens en fonction <strong>de</strong>s critères qu’ilsutilisent effectivement plutôt qu’à tester <strong>le</strong>ur conformité à un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> qualité cognitive.Dans cette perspective, il convient notamment <strong>de</strong> caractériser la nature <strong>de</strong>s messages que <strong>le</strong>discours public et médiatique véhicu<strong>le</strong> (Thiébault) pour en dégager <strong>le</strong>s différentes trames interprétativesauxquels <strong>le</strong>s citoyens ne peuvent rester imperméab<strong>le</strong>s. Il s’agit ensuite d’établir dans quel<strong>le</strong> mesure ilsacquiescent ou résistent à ces effets <strong>de</strong> suggestions et selon quel<strong>le</strong>s dynamiques. De même, il convientd’i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong>s différentes dimensions du raisonnement qu’un objet apparemment univoque tel que lacorruption politique peut susciter et ses relations avec d’autres objets, par exemp<strong>le</strong> ici <strong>le</strong> “ métier ”1 Florence HAEGEL, Henri REY, “ Autour du vote à la Cité <strong>de</strong>s 4000 ”. in Nonna Mayer (dir.), Les modè<strong>le</strong>s explicatifs du vote. Paris :L’Harmattan, 1997, p. 201-221. Florence HAEGEL, Henri REY, Yves SINTOMER (dir.), La xénophobie en banlieue : effets et expressions.Paris : L’Harmattan, 2001.2 Par exemp<strong>le</strong> : Katherine Cramer WALSH, Talking about politics. Informal Groups and Social I<strong>de</strong>ntity in American Life. Chicago :University of Chicago Press, 2004. Darnell M. HUNT, Screening the Los Ange<strong>le</strong>s 'Riots': Race, Seeing, and Resistance. Cambridge :Cambridge University Press, 1997. Shawn W. ROSENBERG, The not so common sense. Differences in how peop<strong>le</strong> judge social andpolitical life. New Haven : Ya<strong>le</strong> University Press, 2002.


décou<strong>le</strong> aussi du fait que <strong>le</strong>s garçons subissent davantage <strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>nces policières. Une tel<strong>le</strong> analysepermet <strong>de</strong> remettre en cause la thèse selon laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s n’auraient pas participé aux « émeutes »parce qu’el<strong>le</strong>s ne partageaient pas <strong>le</strong>s motivations <strong>de</strong>s garçons, voire parce qu’el<strong>le</strong>s seraient « victimes »<strong>de</strong> la vio<strong>le</strong>nce <strong>de</strong>s garçons.Loïc Lafargue <strong>de</strong> Grangeneuve a abordé <strong>de</strong> façon plus indirecte la question du sens <strong>de</strong>s« émeutes » en s’intéressant aux textes <strong>de</strong> chansons <strong>de</strong> rap et à <strong>le</strong>ur portée contestataire, et plusparticulièrement à ce que <strong>le</strong>s rappeurs disent <strong>de</strong>s « émeutes » et <strong>de</strong> la politique. La pério<strong>de</strong> qui va <strong>de</strong>sévénements <strong>de</strong> 2005 à l’é<strong>le</strong>ction prési<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> 2007 est marquée par plusieurs formes <strong>de</strong> politisationet <strong>de</strong> mobilisation <strong>de</strong>s rappeurs. Se penchant sur <strong>le</strong> cas du groupe NTM, l’auteur montre comment <strong>le</strong>groupe est passé en quelques années <strong>de</strong> l’incitation à l’« émeute » à l’appel au vote. Etudiant ensuite <strong>le</strong>groupe IAM, il note que l’évolution du groupe est plutôt marquée par une forme <strong>de</strong> retrait <strong>de</strong> la viepolitique (loca<strong>le</strong> et nationa<strong>le</strong>). Cette communication soulève <strong>de</strong> nombreuses questions qui ne sont pasabordées ici : comment <strong>le</strong>s textes <strong>de</strong> rap sont-ils reçus (ou pas) et interprétés par <strong>le</strong>s jeunes <strong>de</strong>s quartierspopulaires et dans quel<strong>le</strong> mesure ont-ils une influence sur <strong>le</strong>ur politisation et <strong>le</strong> développementd’attitu<strong>de</strong>s politiques plus ou moins contestataires ?Enfin, Patricia Lonc<strong>le</strong> et Virginie Muniglia étudient la façon dont <strong>le</strong>s « émeutes urbaines » <strong>de</strong>novembre 2005 ont été construites comme problème public et traitées par <strong>le</strong>s pouvoirs publics, à traversl’approfondissement d’un terrain local, Rennes. El<strong>le</strong>s mettent en évi<strong>de</strong>nce la prédominance, au niveaulocal, d’une interprétation sanitaire <strong>de</strong>s « émeutes » (et plus largement <strong>de</strong>s problèmes liés à la« jeunesse ») et montrent comment la focalisation sur <strong>le</strong>s pratiques festives et pratiques à risque <strong>de</strong>sjeunes (<strong>le</strong> « problème <strong>de</strong>s jeudis soirs ») a conduit à masquer <strong>le</strong>s difficultés socia<strong>le</strong>s révélées à l’occasion<strong>de</strong>s « émeutes ». La coexistence <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux événements (« émeutes urbaines » et troub<strong>le</strong>s liés auxpratiques festives <strong>de</strong>s jeunes en centre-vil<strong>le</strong>) a en effet fortement contribué à orienter la perception <strong>de</strong>s« émeutes » par <strong>le</strong>s acteurs locaux. Au final, <strong>le</strong> « modè<strong>le</strong> rennais <strong>de</strong> politique jeunesse », caractérisé parune forte approche partenaria<strong>le</strong>, par <strong>le</strong> consensus <strong>de</strong>s acteurs et <strong>de</strong>s va<strong>le</strong>urs, repousse la visiondominante au niveau national <strong>de</strong> la jeunesse comme menace.Initiée par Camil<strong>le</strong> Hamidi et Isabel<strong>le</strong> Sommier et poursuivie avec l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> la sal<strong>le</strong>, la discussion apermis <strong>de</strong> pointer un certain nombre <strong>de</strong> questions. On en relèvera trois. Tout d’abord, <strong>le</strong>s débats se sontdirigés sur <strong>le</strong> problème (ou <strong>le</strong> risque) d’une surinterprétation <strong>de</strong>s « émeutes », d’une trop forterationalisation ex-post <strong>de</strong>s événements, d’une vision excessivement stratégiste et intentionnel<strong>le</strong>, voireintel<strong>le</strong>ctualisante (« <strong>le</strong>s jeunes ont voulu dire que… »). Reconnaît-on et analyse-t-on suffisamment <strong>le</strong> rô<strong>le</strong><strong>de</strong> l’émotion dans la production et <strong>le</strong> vécu <strong>de</strong>s « émeutes » ? La question du rapport entre rationalité etémotion serait à creuser. La discussion s’est ensuite orientée sur la question <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s. Enquêter sur<strong>le</strong>s « émeutes urbaines » soulève toute une série <strong>de</strong> difficultés, puisque cela suppose <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r aposteriori, sur <strong>de</strong>s pratiques illéga<strong>le</strong>s. Les « émeutes » se laissent sans doute plus diffici<strong>le</strong>ment saisir que <strong>de</strong>smo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> participation politique plus conventionnels (tels que <strong>le</strong> vote ou <strong>le</strong>s manifestations). Lescommunications témoignent <strong>de</strong> cette difficulté à saisir <strong>le</strong>s acteurs et <strong>le</strong> moment <strong>de</strong>s « émeutes ». Uneréf<strong>le</strong>xion méthodologique sur ces problèmes d’enquête mériterait d’être poursuivie, quand bien même<strong>le</strong>s biais méthodologiques sont inévitab<strong>le</strong>s et ne doivent pas inhiber la poursuite <strong>de</strong>s recherches sur cesquestions. Enfin, on peut noter que <strong>le</strong>s communications et échanges semb<strong>le</strong>nt témoigner d’une faib<strong>le</strong>mobilisation <strong>de</strong> la littérature anglo-saxonne dans <strong>le</strong>s recherches françaises. Un état <strong>de</strong>s lieux approfondi<strong>de</strong> la littérature internationa<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s coordinateurs au début <strong>de</strong> l’atelier aurait certainement étéprofitab<strong>le</strong> <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue, au risque toutefois d’empiéter sur un temps <strong>de</strong> discussion déjà frustrant.Coordinateurs : Valérie Sala Pala et Lionel ArnaudParticipants : Loïc Lafargue <strong>de</strong> Grangeneuve, Patricia Lonc<strong>le</strong>, Sarah Mazouz, Virginie MunigliaDiscutantes : Camil<strong>le</strong> Hamidi et Isabel<strong>le</strong> Sommier


Bilan <strong>de</strong> l’atelier 16Ferveurs militantes. Comment penser <strong>le</strong>s liens entre engagement politique etengagement religieux : rupture ? continuité ? reconversion ?L’atelier s’est déroulé <strong>le</strong> vendredi 8 septembre à 8h00, en présence d’une dizaine <strong>de</strong> personnes.Les organisatrices ont commencé par rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s origines <strong>scientifique</strong>s <strong>de</strong> l’atelier. Celui-ci s’inscrivait eneffet dans <strong>le</strong> prolongement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux journées d’étu<strong>de</strong>s, organisées en septembre 2006 et en juin 2007,qui visaient à tenter <strong>de</strong> cumu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s apports <strong>de</strong> la sociologie du militantisme et <strong>de</strong> la sociologie <strong>de</strong>sreligions, afin <strong>de</strong> répondre aux questions qu’avaient pu susciter nos enquêtes <strong>de</strong> thèse quant àl’articulation entre politique, religion et militantisme.Cet atelier avait pour but <strong>de</strong> continuer à explorer la question <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong>conversions/reconversions d’individus ou <strong>de</strong> groupes d’individus dont <strong>le</strong>s trajectoires militantes avaientconnu <strong>de</strong>s bascu<strong>le</strong>ments, plus ou moins vio<strong>le</strong>nts et rapi<strong>de</strong>s, entre sphère d’activité politique et sphèred’activité religieuse.L’atelier a pu montrer que l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> trajectoires militantes marquées par l’inscription dans <strong>de</strong>sorganisations politiques puis religieuses, ou l’inverse, pouvait se révé<strong>le</strong>r une contribution heuristique à lasociologie du militantisme et plus généra<strong>le</strong>ment à la sociologie <strong>de</strong> l’engagement. En effet, si lasociologie <strong>de</strong> l’engagement a connu, au cours <strong>de</strong> ces quinze <strong>de</strong>rnières années, un regain spectaculaired’intérêt, el<strong>le</strong> a peut être quelque peu négligé <strong>le</strong>s questions du poly-engagement. La principa<strong>le</strong>ambition <strong>de</strong> cette réf<strong>le</strong>xion col<strong>le</strong>ctive était donc <strong>de</strong> contribuer à l’analyse diachronique dupolyengagement en se focalisant sur <strong>de</strong>s trajectoires militantes où <strong>le</strong>s différentes formes d’engagementétaient d’autant plus visib<strong>le</strong>s qu’el<strong>le</strong>s pouvaient, à priori, apparaître comme relativement contradictoires.Cet atelier reposait sur <strong>le</strong> pari qu’il pouvait se révé<strong>le</strong>r pertinent <strong>de</strong> ne pas se limiter à une seu<strong>le</strong> formed’engagement politique ou religieux, <strong>de</strong> la même manière qu’il avait été fait <strong>le</strong> choix <strong>de</strong> ne pas se limiterà une seu<strong>le</strong> religion. Il s’agissait donc <strong>de</strong> comparer <strong>de</strong>s trajectoires à priori incomparab<strong>le</strong>s, jusque làsouvent traitées séparément, afin <strong>de</strong> se protéger contre la tentation <strong>de</strong> penser <strong>de</strong>s espaces « religieux »et « politique » existant comme par nature. Ainsi, l’appréciation du caractère « politique » ou « religieux »<strong>de</strong>s engagements abordés lors <strong>de</strong>s communication a dans l’ensemb<strong>le</strong> été fonction « <strong>de</strong>s schèmesd’appréciations <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong>s champs politiques [et religieux]» auxquels ils ont été confrontés lors <strong>de</strong><strong>le</strong>urs investissement successifs 3 .Cela a permis <strong>de</strong> souligner à quel point <strong>le</strong>s frontières entre espace religieux et espace politique sontmouvantes et prennent <strong>de</strong>s significations très différentes selon <strong>le</strong>s contextes : nationaux, historiques etpolitiques.Par ail<strong>le</strong>urs, plutôt que <strong>de</strong> décrire <strong>le</strong>s oppositions fondamenta<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s engagements religieux et politiques,cet atelier a permis d’en analyser <strong>le</strong>s possib<strong>le</strong>s congruences favorisant <strong>le</strong> passage d’une sphère à l’autre,ainsi que <strong>le</strong>s configurations pouvant entraîner <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> rupture entre ces <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong>militantisme, contraignant <strong>le</strong>s acteurs à opérer <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> conversion ou <strong>de</strong> reconversion <strong>de</strong> <strong>le</strong>urspratiques militantes.Enfin, <strong>le</strong>s discutants ont souligné l’effort commun aux trois papiers d’articu<strong>le</strong>r ensemb<strong>le</strong> trois niveauxdistincts d’analyse : l’analyse microsociologique <strong>de</strong>s trajectoires individuel<strong>le</strong>s ; l’analyse mésosociologique <strong>de</strong>s trajectoires col<strong>le</strong>ctives <strong>de</strong>s organisations dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s agents étudiés avaient étéamenés à s’engager et, enfin, l’analyse macrosociologique du contexte d’offre politique et/oureligieuse au moment <strong>de</strong> ces conversions/reconversions.Cet effort a permis d’approfondir notre réf<strong>le</strong>xion sur ce que nous proposons pour l’instant d’appe<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s« ponts organisationnels, situationnels et biographiques » favorisant <strong>le</strong> passage du religieux au politique etvise versa.Par « pont organisationnel » nous entendons désigner <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> joué par certaines organisationsmilitantes dans <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> conversions/reconversion <strong>de</strong>s acteurs étudiés. En effet, <strong>le</strong>s organisationsauxquel<strong>le</strong>s ces <strong>de</strong>rniers appartenaient ont parfois el<strong>le</strong>s-mêmes était amenées à se transformer afin <strong>de</strong>maintenir <strong>le</strong>ur position dans la structure socia<strong>le</strong>. Nous pensons plus spécifiquement ici au fait que cel<strong>le</strong>s-ciont pu connaître un processus <strong>de</strong> politisation – à l’image <strong>de</strong> la JAC et <strong>de</strong> la JOC (Communication <strong>de</strong>Julie Pagis) - ou au contraire <strong>de</strong> dépolitisation (Communication <strong>de</strong> So<strong>le</strong>nne Jouanneau) – <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs3Gaxie, Lehingue, enjeux municipaux. La constitution <strong>de</strong>s enjeux politiques dans une é<strong>le</strong>ction municipa<strong>le</strong>, Paris, PUF,CURAPP, 1984, p. 61.


actions ayant participé à favoriser <strong>le</strong> bascu<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> nos acteurs dans une nouvel<strong>le</strong> formed’engagement. Par ail<strong>le</strong>urs, il a été noté l’existence d’organisations, dont <strong>le</strong>s spécificités religieuses oupolitiques étaient particulièrement adaptées à accueillir <strong>le</strong>s militants en voie <strong>de</strong> conversion ou <strong>de</strong> <strong>le</strong>reconversion (Communication <strong>de</strong> Béatrice <strong>de</strong> Gasquet).Par « pont situationnel » nous souhaitons souligner <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> souvent déterminant du contexte et <strong>de</strong>s« événements » dans <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> conversion/reconversion entre <strong>le</strong>s sphères d’activités politiques etreligieuses. Prendre en compte <strong>le</strong> contexte d’offre politique et/ou religieuse, c’est poser la question <strong>de</strong>sconditions socia<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la valorisation <strong>de</strong>s profits liés à l’engagement. Or si l’on considère <strong>le</strong>s différentesorganisations <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux sphères comme en perpétuel<strong>le</strong> concurrence dans la revendication dumonopo<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’administration <strong>de</strong>s « biens <strong>de</strong> salut », <strong>le</strong> rapport <strong>de</strong> force entre el<strong>le</strong>s doit être pris encompte pour comprendre la valorisation <strong>de</strong> certains engagements et la dévalorisation d’autres selon <strong>le</strong>sépoques. On pense ici en particulier aux « crises politiques » 4 qui se révè<strong>le</strong>nt <strong>de</strong> nature à entraîner unerequalification <strong>de</strong>s engagements <strong>de</strong> nos acteurs et par conséquent une reproblématisation <strong>de</strong> « la visiondu mon<strong>de</strong> » et <strong>de</strong> la conduite <strong>de</strong> vie 5 .Enfin, nous entendons regrouper sous <strong>le</strong> terme <strong>de</strong> « pont biographique » l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>sévénements biographiques propices à une modification ou une évolution <strong>de</strong>s attentes <strong>de</strong>s acteurs enmatière <strong>de</strong> « biens <strong>de</strong> salut », <strong>de</strong> « justification d’exister » ou encore à une érosion <strong>de</strong>s croyancesanciennes. Plus généra<strong>le</strong>ment, nous montrerons que <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> rupture biographiques liés à <strong>de</strong>sphases <strong>de</strong> mobilité (socia<strong>le</strong>, géographique, professionnel<strong>le</strong>), tout comme <strong>le</strong>s moments <strong>de</strong> « crisei<strong>de</strong>ntitaire » 6 liés à la perte d’un proche, une expérience scolaire traumatisante, peuvent contribuer « àcréer une brèche dans la représentation <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong>s choses, et à détacher, à la fois pratiquement etintel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>ment, [ nos enquêtés] du milieu qui soutenait <strong>le</strong>ur croyance » 7 .Enfin, si ces différents « ponts » peuvent contribuer à rendre probab<strong>le</strong> la conversion d’un engagementreligieux en engagement politique (et réciproquement), il nous semb<strong>le</strong> essentiel <strong>de</strong> faire intervenir un<strong>de</strong>rnier facteur qui vienne cristalliser, déc<strong>le</strong>ncher cette conversion : il s’agit ici <strong>de</strong>s « passeurs » d’unesphère à l’autre, « figures charismatiques » ou « autruis significatifs » dont nos enquêtés relatent biensouvent l’existence.En conclusion, il nous semb<strong>le</strong> qu’un <strong>de</strong>s principaux intérêt <strong>de</strong> cet atelier était <strong>de</strong> rendre compte ducaractère dynamique et processuel <strong>de</strong>s passages entre engagement et politique et vise et versa.• Rappel <strong>de</strong>s communications :De Gasquet Béatrice (CEIFR / ETT-CMH, EHESS), De l’extrême gauche à la synagogue : désengagementou reconversions militantes ?Jouanneau So<strong>le</strong>nne (URMIS / LaSSP), Sociogenèse d’une organisation : l’UOIF <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> l’islampolitique en France à l’organisation <strong>de</strong> l’islam <strong>de</strong> France.Pagis Julie (ETT-CMH/EHESS), Conditions socia<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la politisation d’engagements religieux au cours <strong>de</strong>sannées 60 en France.• Discussion :Les <strong>de</strong>ux discutants initia<strong>le</strong>ment prévus étaient :-Agrikolianski Eric (CREDEP, U. Paris Dauphine)-Donegani Jean-Marie (CEVIPOF, IEP-Paris)Jean-Marie Donnegani ayant du faire face à un problème d’ordre privé n’a fina<strong>le</strong>ment pas pu assister àcet atelier, mais ayant eu <strong>le</strong> professionnalisme <strong>de</strong> nous faire parvenir ses remarques sur <strong>le</strong>s différentescommunications la veil<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’atelier, cel<strong>le</strong>s ci ont pu être communiqué à Eric Agrikolianski qui <strong>le</strong>s a prisen compte lors <strong>de</strong> ses prises <strong>de</strong> paro<strong>le</strong>s.Jouanneau So<strong>le</strong>nne (URMIS / LaSSP)Pagis Julie (ETT-CMH/EHESS)4 Au sens développé par M. Dobry, Sociologie <strong>de</strong>s crises politiques, …5 P. Bourdieu, « une interprétation <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> la religion selon Max Weber » , Les archives européennes <strong>de</strong> lasociologie, tome 12, 1971, p. 16.6 Que F. Sawicki et L. Berlivet définissent comme une « situation <strong>de</strong> décalage entre la mora<strong>le</strong> acquise et <strong>le</strong>s expériencesvécues que doivent gérer » <strong>le</strong>s militants syndicalistes qu’ils étudient.7Johanna Siméant, Socialisation catholique et biens <strong>de</strong> salut dans <strong>le</strong>s ONG humanitaires françaises, art. à paraître dans larevue en 2007.


Bilan <strong>de</strong> l’atelier 17« Porter <strong>le</strong>s Évangi<strong>le</strong>s au mon<strong>de</strong> » : <strong>le</strong>s logiques religieuses d’engagements politiques<strong>de</strong>s catholiques au XX e sièc<strong>le</strong>.L’atelier qui avait pour thème <strong>le</strong>s logiques religieuses <strong>de</strong> l’engagement <strong>de</strong>s catholiques en Franceet en Italie au XX e sièc<strong>le</strong> a été l’occasion <strong>de</strong> mettre au jour <strong>de</strong>s trajectoires militantes méconnues ou <strong>de</strong>problématiser la question <strong>de</strong> l’engagement en mettant au centre <strong>de</strong> notre question l’articulation entre<strong>le</strong>s logiques religieuses et <strong>le</strong>s contraintes du mon<strong>de</strong> social qui <strong>le</strong>s façonnent. Les différentescommunication ont montré comment <strong>le</strong>s évolutions socio-historiques du sièc<strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier ont eu pourconséquence <strong>de</strong> rendre incertaine la frontière entre <strong>le</strong>s activités qui sont propres à une logique religieuseet cel<strong>le</strong>s qui ne <strong>le</strong> sont pas.Dans cette perspective, <strong>le</strong>s évolutions <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> genre au sein et en marge <strong>de</strong> l’institutionont fait l’objet d’une première communication qui présentait <strong>de</strong>ux modalités <strong>de</strong> politisation <strong>de</strong>s femmescatholiques françaises et italiennes au début du vingtième sièc<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> contexte <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong>suffrage. Nous avons vu ainsi comment la politique pouvait dans un contexte français <strong>de</strong> ralliement <strong>de</strong>scatholiques à la République <strong>de</strong>venir synonyme <strong>de</strong> prolongement exceptionnel <strong>de</strong> l’apostolat féminindans un contexte <strong>de</strong> Séparation <strong>de</strong>s Eglises et <strong>de</strong> l’Etat. Tandis que dans <strong>le</strong> cas italien où <strong>le</strong>s catholiques,hommes et femmes, sont invités à se tenir à l’écart <strong>de</strong>s joutes é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s nationa<strong>le</strong>s, l’action publique<strong>de</strong>s femmes catholiques s’opère dans un rejet <strong>de</strong> l’action politique, cel<strong>le</strong>-ci étant entendue commel’activité é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>.La communication <strong>de</strong> Bruno Duriez qui portait sur <strong>le</strong>s militants <strong>de</strong> l’Action catholique ouvrière ontmontré <strong>le</strong>s recompositions opérées dans l’espace militant <strong>de</strong> l’après guerre et <strong>le</strong>s tensions occasionnéespar cet engagement fondé sur <strong>le</strong> témoignage et la lutte col<strong>le</strong>ctive en tant que catholique mais pasnécessairement dans l’Eglise.Yann Raison du C<strong>le</strong>uziou, à travers son étu<strong>de</strong> sur <strong>le</strong>s dominicains <strong>de</strong> la Province <strong>de</strong> France dansl’après 68 a montré comment <strong>le</strong> rapport <strong>de</strong>s militants catholiques à <strong>le</strong>ur i<strong>de</strong>ntité religieuse dans <strong>le</strong>urengagement social, politique ou syndical est propice à analyser la manière dont se croisent etinteragissent <strong>le</strong>s logiques d’investissements religieux et politiques.Enfin, cet atelier a été pour Julien Fretel l’occasion <strong>de</strong> nous présenter ses recherches récentes sur<strong>le</strong>s militants du Mo<strong>de</strong>m, créé à l’occasion <strong>de</strong> la candidature <strong>de</strong> Francçois Bayrou lors <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnièresé<strong>le</strong>ctions prési<strong>de</strong>ntiel<strong>le</strong>s et <strong>de</strong> <strong>le</strong>s mettre en regard avec ses travaux précé<strong>de</strong>nts sur <strong>le</strong>s militants <strong>de</strong>l’U.D.F. Il observe ainsi <strong>de</strong>s rapports plus distanciés à l’engagement, signe <strong>de</strong> l’évolution du recrutement<strong>de</strong> cette formation politique et <strong>de</strong> la socialisation religieuse.La discussion fut particulièrement riche et animée. Yves Déloye est intervenu dans un premier tempssoulignant <strong>le</strong> renouvel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s problématiques par <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> thèse récents. Ces quatrecommunications posent en effet un problème <strong>de</strong> repérage et une difficulté conceptuel<strong>le</strong>, liée au faitque <strong>le</strong>s processus étudiés ne rentrent pas dans <strong>le</strong>s catégories habituel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique.L’ambiva<strong>le</strong>nce ancienne <strong>de</strong>s catholiques dans <strong>le</strong>ur rapport à la politique évoquée dans cet atelierrappel que <strong>le</strong>s catholiques ont toujours fait <strong>de</strong> la politique, souvent en <strong>le</strong> sachant, et sans toujours <strong>le</strong> direce qui invite <strong>le</strong> chercheur à réfléchir sur <strong>le</strong>s césures du XX e sièc<strong>le</strong> et aux configurations spécifiques. Onpeut ainsi repérer une latence d’un modè<strong>le</strong> intégraliste <strong>de</strong> politisation, qui passe par un engagementdans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> important mais qui refuse toute désignation <strong>de</strong> politique. Ce modè<strong>le</strong> s’efface au 20 esièc<strong>le</strong> pour se diluer dans un modè<strong>le</strong> plus libéral <strong>de</strong> politisation qui fait référence à la revendication duterme politique et à l’action <strong>de</strong> militants catholiques aux côtés d’autres organisations non-catholiques.Jacques Lagroye a ensuite nuancé cette analyse, et insisté sur la persistance du modè<strong>le</strong> intégraliste quia gagné ces <strong>de</strong>rnières années plusieurs niveaux <strong>de</strong> l’institution. Il rappel<strong>le</strong> ainsi que construire <strong>le</strong>religieux/la religion, c’est construire une institution et <strong>de</strong>s croyances. C’est d’abord commencer par unensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> pratiques, c’est d’abord construire une institution du religieux et même une institution ausein <strong>de</strong> l’institution religieuse. Les processus <strong>de</strong> politisation témoignent ainsi <strong>de</strong> divergencesfondamenta<strong>le</strong>s sur la religion el<strong>le</strong>-même, sur la manière <strong>de</strong> vivre sa religion.Magali Della Sudda doctorante en histoire (ETT-CMH, EHESS / Université La Sapienza <strong>de</strong> Rome),CERAPS/Lil<strong>le</strong> 2Yann Raison du C<strong>le</strong>uziou doctorant en <strong>science</strong> politique (CRPS, Paris I), ATER à Paris I, <strong>science</strong> politique


Bilan <strong>de</strong> l’atelier 18La socialisation militante au prisme <strong>de</strong> la formation syndica<strong>le</strong>.Les dispositifs et <strong>le</strong>urs usagesCet atelier était la première manifestation publique d’une équipe constituée autour d’un projet <strong>de</strong>recherche financé par l’ANR et portant sur la formation syndica<strong>le</strong>. Il avait pour but <strong>de</strong> confronter <strong>le</strong>sréf<strong>le</strong>xions et <strong>le</strong>s travaux déjà engagés autour <strong>de</strong> cette problématique, par <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong> l’équipe etpar d’autres chercheurs, en vue d’avancer dans la construction d’un protoco<strong>le</strong> d’enquête permettantune étu<strong>de</strong> comparée <strong>de</strong>s dispositifs et <strong>de</strong>s usages <strong>de</strong> la formation syndica<strong>le</strong>. La réf<strong>le</strong>xion se voulait donctout autant théorique que méthodologique.On a pu s’appuyer sur <strong>le</strong>s comptes-rendus <strong>de</strong> recherches col<strong>le</strong>ctives déjà avancées (Y. Siblot sur la CGT)ou achevées (T. Brugnot et E. Porte sur <strong>le</strong>s conseil<strong>le</strong>rs prud’hommes), et sur la présentation <strong>de</strong> textesinspirés <strong>de</strong> thèses en cours (S. Gornikowski sur la CFDT, M. Jarry sur <strong>le</strong>s retraités CGT, E. Öngün sur KESK) ouachevée (J-R. Merlin sur Solidaires).Nous avions souhaité faire discuter <strong>le</strong>s communications dans une doub<strong>le</strong> perspective, en sollicitant <strong>de</strong>uxpolitistes aux spécialités différentes : <strong>le</strong> syndicalisme et <strong>le</strong>s relations professionnel<strong>le</strong>s pour J-M. Pernot ;l’histoire socia<strong>le</strong> <strong>de</strong>s idées, la sociologie <strong>de</strong>s intel<strong>le</strong>ctuels et <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> réception pour F. Matonti. Ce<strong>bilan</strong> compi<strong>le</strong> <strong>le</strong>s remarques faites par <strong>le</strong>s participants dans <strong>le</strong> cours <strong>de</strong> l’atelier et <strong>le</strong>s idées que cetterencontre a suscitées rétrospectivement.Pour rappel :Les six communications discutées par Frédérique Matonti et Jean-Marie Pernot :BRUGNOT Thomas, PORTE Emmanuel, Lyon II, TRIANGLELes modalités pluriel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> réception <strong>de</strong> la formation syndica<strong>le</strong> dans la pratique <strong>de</strong> la justiceprud'homa<strong>le</strong> : entre comportements individuels et action <strong>de</strong> groupe.GORNIKOWSKI Stéphane, Lil<strong>le</strong> II, CERAPSChanger <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs sans en passer par <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs ?Les discriminations saisies par la formation syndica<strong>le</strong> à la CFDT.JARRY Mathieu, Lil<strong>le</strong> II, CERAPSUne formation en formation : l’enjeu <strong>de</strong> la « continuité syndica<strong>le</strong> » à l’Union Confédéra<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Retraités(UCR)-CGT.MERLIN Jean-Robin, Nantes, CEMSLa formation syndica<strong>le</strong> à Sud-PTT : enjeux et modalités <strong>de</strong> la formation dans une organisation syndica<strong>le</strong>récemment crééeÖNGÜN Emre, IEP Aix-en-Provence, IREMAMLes usages pluriels d’une formation « subie ».L’expérience <strong>de</strong> militants <strong>de</strong> KESK dans une formation animée par la CES.SIBLOT Yasmine, Paris I, Laboratoire Georges Friedmann, CSULes formations <strong>de</strong> « premier niveau » à la CGT.Usages locaux d’un dispositif national <strong>de</strong> socialisation.L’atelier a d’abord permis <strong>de</strong> réaffirmer <strong>le</strong> fait que la formation ne <strong>de</strong>vait pas être étudiée comme unefin en soi, mais comme une entrée pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> socialisation militante. Dans cet esprit,<strong>le</strong>s travaux présentés et <strong>le</strong>s recherches à venir s’inscrivent dans la perspective d’une articulation entreobservations ethnographiques, entretiens et recueil <strong>de</strong> données quantitatives, afin d’appréhen<strong>de</strong>r lasocialisation au syndicalisme dans ses divers aspects, qu’il s’agisse aussi bien <strong>de</strong>s moments formels <strong>de</strong>l’« éducation syndica<strong>le</strong> » (tels que <strong>le</strong>s stages) que <strong>de</strong> processus plus informels (notamment sous l’ang<strong>le</strong><strong>de</strong>s sociabilités qui préparent et soutiennent l’engagement).L’accent mis spécifiquement sur la formation permet cependant d’insister, dans cette recherche, sur <strong>le</strong>sfacteurs « idéels » <strong>de</strong> l’engagement. Choisir comme terrain privilégié d’investigation un cadre où estdispensée une offre symbolique explicite sous la forme <strong>de</strong> connaissances sur <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> du travail et <strong>le</strong>syndicalisme et <strong>de</strong> techniques d’action permet <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si l’on peut par<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s formations


comme <strong>de</strong> dispositifs d’idéologisation <strong>de</strong> l’engagement syndical. Un tel questionnement suppose quel’observation ethnographique se fasse attentive tant à la forme qu’aux contenus <strong>de</strong>s formationsdispensées, <strong>de</strong> manière à repérer la spécificité <strong>de</strong>s langues syndica<strong>le</strong>s et <strong>de</strong>s grammaires qui organisent<strong>le</strong>s façons <strong>de</strong> penser, <strong>de</strong> faire et d’être <strong>de</strong>s militants. Dans la mesure où cette partie <strong>de</strong> l’enquêteimplique une ethnographie comparative menée par différents chercheurs, el<strong>le</strong> suppose a fortiori uneréf<strong>le</strong>xion approfondie sur la gril<strong>le</strong> d’observation mobilisée par chacun.En insistant sur ce que peut spécifiquement faire aux militants <strong>le</strong>ur passage en formation syndica<strong>le</strong>, on envient nécessairement à l’évi<strong>de</strong>nce que tous <strong>le</strong>s syndicalistes ne passent pas par <strong>le</strong>s formations. Pourtenter <strong>de</strong> mesurer la contribution spécifique <strong>de</strong> la formation à la socialisation syndica<strong>le</strong>, il faut doncpouvoir saisir ce qui différencie, parmi <strong>le</strong>s militants syndicaux, ceux qui se forment <strong>de</strong> ceux qui ne seforment pas. Deux moyens ont été envisagés : d’une part, compléter <strong>le</strong>s entretiens avec <strong>le</strong>s stagiaires par<strong>de</strong>s entretiens avec <strong>de</strong>s militants qui, à <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s équiva<strong>le</strong>nts <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur carrière syndica<strong>le</strong>, n’ont jamais étéen formation ; d’autre part, exploiter <strong>le</strong>s données quantitatives recueillies par <strong>de</strong>s chercheurs du CERAPSauprès <strong>de</strong> populations <strong>de</strong> syndicalistes (CGT, FO et CFDT) pour étudier ce qui différencie <strong>le</strong>s militantsayant suivi <strong>de</strong>s stages <strong>de</strong> ceux n’en ayant pas suivi.Les travaux – entre autres ceux réalisés par <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’équipe (Nathalie Ethuin et Yasmine Siblot) –sur <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s communistes ont été mobilisés, pour éclairer <strong>le</strong>s spécificités <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> formationmilitante, certaines analogies pouvant être repérées entre <strong>le</strong>s institutions communiste et syndica<strong>le</strong>s. Leséco<strong>le</strong>s du PCF se caractérisaient par un rapport ambigu au système éducatif, alliant <strong>le</strong> mimétisme <strong>de</strong>shiérarchies et <strong>de</strong>s pédagogies au refus <strong>de</strong> fabriquer <strong>de</strong>s « intel<strong>le</strong>ctuels » capab<strong>le</strong>s d’entretenir un regardcritique sur <strong>le</strong> dogme. La défiance à l’égard <strong>de</strong>s postures purement scolastiques se retrouve dans <strong>le</strong>sformations syndica<strong>le</strong>s. Le mo<strong>de</strong> légitime <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s savoirs dans <strong>le</strong>s institutions militantes s’inscriten effet rarement dans une logique <strong>de</strong> la « gratuité » ; <strong>le</strong>s formations sont d’abord justifiées par <strong>le</strong>urin<strong>de</strong>xation à <strong>de</strong>s visées pratiques (« améliorer », <strong>de</strong> diverses manières, l’activité syndica<strong>le</strong>). El<strong>le</strong>s sont pourcette raison étroitement liées au système d’autorité <strong>de</strong> l’institution, en tant qu’el<strong>le</strong>s contribuent à définiret façonner <strong>le</strong>s rô<strong>le</strong>s militants légitimes ; d’où une dimension « politique » souvent soulignée à <strong>le</strong>ur sujet,dans la mesure où el<strong>le</strong>s participent à la légitimation <strong>de</strong>s tactiques et stratégies d’action <strong>de</strong>sorganisations.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cet apport <strong>de</strong> la sociologie politique à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> formation, l’atelier a été aussil’occasion d’insister sur l’apport essentiel <strong>de</strong>s travaux menés en sociologie <strong>de</strong> l’éducation pourconsidérer <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong> formation aussi bien que <strong>le</strong>urs effets sur <strong>le</strong>s trajectoires socia<strong>le</strong>s. Le discourstenu par <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s formations syndica<strong>le</strong>s tend généra<strong>le</strong>ment à légitimer ces dispositifspédagogiques en <strong>le</strong>s démarquant d’un modè<strong>le</strong> présenté comme scolaire, que résumerait la relationpédagogique <strong>de</strong> type magistral. En réalité, « l’éco<strong>le</strong> » dont ces pédagogies syndica<strong>le</strong>s enten<strong>de</strong>nt sedistinguer est une éco<strong>le</strong> du passé tout autant critiquée dans <strong>le</strong> système éducatif actuel, qui valorise <strong>le</strong>spédagogies « nouvel<strong>le</strong>s » et <strong>le</strong>s métho<strong>de</strong>s « actives ». Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la mise à distance rhétorique, onpourrait ainsi trouver <strong>de</strong> nombreuses homologies entre <strong>le</strong> système éducatif et <strong>le</strong>s systèmes <strong>de</strong> formationsyndica<strong>le</strong>, révélant une évolution parallè<strong>le</strong> <strong>de</strong>s pratiques pédagogiques et <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur philosophie. Dans cepassage d’une logique <strong>de</strong> cursus uniformes à cel<strong>le</strong> d’une offre <strong>de</strong> formation individualisée, <strong>le</strong>mouvement syndical peut apparaître comme la caisse <strong>de</strong> résonance <strong>de</strong> problèmes qui se posentéga<strong>le</strong>ment aux sociologues <strong>de</strong> l’éducation, notamment en terme <strong>de</strong> rapports différenciés aux logiquesscolaires. La mise en rapport <strong>de</strong>s trajectoires socia<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s militants, et particulièrement <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur trajectoirescolaire antérieure, avec <strong>le</strong>ur attitu<strong>de</strong> dans et sur <strong>le</strong>s stages <strong>de</strong> formation, apparaît indispensab<strong>le</strong> à lacompréhension <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> possibilité d’une mise en forme scolaire <strong>de</strong>s apprentissages militants.Dans cette perspective, <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> résistance à la formation peuvent être envisagés, cel<strong>le</strong>d’agents antérieurement sur-scolarisés et, a contrario, cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s sous-scolarisés. Cette attention à lareproduction <strong>de</strong>s inégalités au sein même <strong>de</strong>s stages <strong>de</strong> formation apparaît d’autant plus importanteque <strong>le</strong>s organisations syndica<strong>le</strong>s – et c’est un autre point commun avec l’institution communiste –ten<strong>de</strong>nt encore à favoriser la promotion <strong>de</strong> militants d’origine populaire, à la différence d’autresorganisations militantes au recrutement social plus circonscrit. Les réf<strong>le</strong>xions d’Olivier Schwartz sur <strong>le</strong>sconditions d’emploi et <strong>de</strong> validité <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « classes populaires » nous invitent cependant à nepas sombrer dans <strong>le</strong> misérabilisme. La formation syndica<strong>le</strong> contemporaine accueil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s publicsdifférents <strong>de</strong>s formations communistes passées, qui assuraient la promotion d’individus très faib<strong>le</strong>mentacculturés scolairement, et en cela plus faci<strong>le</strong>ment disposés à la remise <strong>de</strong> soi à l’institution partisane.L’essor <strong>de</strong> la scolarisation <strong>de</strong>s catégories populaires a généré <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s catégories <strong>de</strong> salariés qui,tout en restant au bas <strong>de</strong> l’échel<strong>le</strong> socio-économique, ont développé une sorte <strong>de</strong> « <strong>de</strong>mi-acculturationscolaire » générant un rapport beaucoup plus comp<strong>le</strong>xe au savoir et aux dispositifs scolaires.


Cet atelier aura donc permis <strong>de</strong> préciser <strong>le</strong>s différents aspects et <strong>le</strong>s finalités d’une recherche sur la miseen formation ou, mieux, sur la mise en forme scolaire <strong>de</strong> l’activité syndica<strong>le</strong>, et sur <strong>le</strong>s moyens <strong>de</strong>développer une approche non idéaliste <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s idées dans l’action col<strong>le</strong>ctive :1. Être attentif aux dispositifs <strong>de</strong> formation. Le « cadrage » syndical n’est pas qu’un processus subjectif :<strong>le</strong>s limites du pensab<strong>le</strong> sont aussi objectivement inscrites dans <strong>le</strong>s formes <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s savoirs, dans<strong>le</strong>s circuits <strong>de</strong> financement, dans <strong>le</strong>s partenariats impliqués par <strong>de</strong>s projets institutionnels (notammenteuropéens), dans <strong>le</strong>s configurations d’interaction. On a <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue pu souligner l’importance dubricolage dans la mise en œuvre concrète <strong>de</strong>s formations, donnant à voir l’hétérogénéité <strong>de</strong>s dispositifset <strong>le</strong>s décalages entre structures. Les dynamiques centrifuges qui se donnent à voir dans <strong>le</strong> morcel<strong>le</strong>ment<strong>de</strong>s formations illustrent l’affaiblissement parallè<strong>le</strong> <strong>de</strong>s structures matériel<strong>le</strong>s et symboliques dusyndicalisme : la « crise » du syndicalisme a éga<strong>le</strong>ment produit <strong>de</strong>s interrogations sur ce que sont <strong>le</strong>s« fondamentaux » <strong>de</strong> l’activité syndica<strong>le</strong>, faisant <strong>de</strong> la formation un <strong>de</strong>s laboratoires où se joue, en <strong>de</strong>multip<strong>le</strong>s sites, la redéfinition <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités syndica<strong>le</strong>s.2. Être attentif aux usages <strong>de</strong>s formations. Cette dimension rejoint <strong>le</strong>s débats menés notamment dans <strong>le</strong>cadre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> réception (dont <strong>le</strong>s cultural studies) sur l’opposition entre « effets » et « usages » <strong>de</strong>sproductions symboliques. En insistant sur <strong>le</strong>s usages, on réduit <strong>le</strong> terme d’« effet » à son sens phénoménal.Plutôt que <strong>de</strong> rechercher une introuvab<strong>le</strong> détermination <strong>de</strong>s pratiques syndica<strong>le</strong>s par la formation (quiengagerait un point <strong>de</strong> vue déterministe <strong>de</strong> type idéaliste), il est plus fécond <strong>de</strong> considérer <strong>le</strong>s conditions<strong>de</strong> conjonction entre un système d’offre relativement stabilisé (un corpus théorique, un corps <strong>de</strong>formateurs, <strong>de</strong>s conditions d’accès léga<strong>le</strong>ment codifiées) et <strong>de</strong>s publics <strong>de</strong> stagiaires aux propriétés etaux attentes hétérogènes, induisant <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> réception/appropriation différenciées <strong>de</strong>sformations, qui font toute l’incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> cadrage.Les communications ont ainsi fait percevoir la diversité <strong>de</strong>s finalités assignées à la formation syndica<strong>le</strong>. Dupoint <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s responsab<strong>le</strong>s syndicaux, <strong>le</strong>s usages <strong>le</strong>s plus évi<strong>de</strong>nts – tels que dispenser <strong>de</strong>sconnaissances économiques, juridiques, historiques… nécessaires à l’exercice <strong>de</strong> domaines spécifiques<strong>de</strong> l’activité syndica<strong>le</strong>, pérenniser l’organisation en renforçant <strong>le</strong>s liens <strong>de</strong> sociabilité entre ses membres,diffuser <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s thématiques d’action – côtoient <strong>de</strong>s usages moins légitimes – comme mettre enscène sous une forme participative l’expression <strong>de</strong>s militants pour légitimer une orientation syndica<strong>le</strong>décidée sans eux, ou s’inscrire dans un dispositif <strong>de</strong> formation européen assurant une protectionsymbolique à un syndicat menacé dans son pays en étant indifférent au contenu <strong>de</strong>s formations. Dupoint <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s stagiaires, outre l’acquisition <strong>de</strong> connaissances et l’élévation dans la carrière syndica<strong>le</strong>,<strong>le</strong>s stages apparaissent notamment comme un moment privilégié d’évasion <strong>de</strong> l’ordinaire professionne<strong>le</strong>t d’élargissement <strong>de</strong> l’horizon social.Mais au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’observation <strong>de</strong>s situations d’interaction, <strong>le</strong> principal défi empirique et théorique rési<strong>de</strong>dans la saisie <strong>de</strong> ce qui reste <strong>de</strong>s stages « dans » <strong>le</strong>s individus après <strong>le</strong>s formations. La notion d’usagespermet d’insister sur <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s stages contribuent à enrichir un stock <strong>de</strong> savoirs et <strong>de</strong> savoir-faire (<strong>de</strong>dispositions), qui pourront ensuite être activés, ou non, en fonction <strong>de</strong>s situations et <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur congruenceavec d’autres dispositions acquises. En soulignant <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s conseil<strong>le</strong>rs prud’hommes sortaient <strong>de</strong><strong>le</strong>urs stages « remontés », mais pour un temps seu<strong>le</strong>ment, une communication mettait l’accent sur laquestion <strong>de</strong>s conditions d’activation et d’extinction <strong>de</strong> dispositions qui peuvent s’émousser au contactrépété <strong>de</strong>s situations re<strong>de</strong>venues ordinaires. Dans cette logique, saisir la contribution spécifique <strong>de</strong> laformation à la socialisation syndica<strong>le</strong> pourrait constituer un problème insolub<strong>le</strong> dans la mesure où ladurabilité <strong>de</strong>s dispositions acquises dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong>s socialisations secondaires rési<strong>de</strong> au moins autantdans <strong>le</strong>s conditions <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur incorporation que dans cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’entretien <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur pertinence pratique.Plutôt que <strong>de</strong> chercher à iso<strong>le</strong>r l’efficace propre <strong>de</strong> ce vecteur <strong>de</strong> la socialisation syndica<strong>le</strong>, questionsans pertinence dans <strong>le</strong> cadre d’une problématique <strong>de</strong>s usages, c’est donc bien ce que <strong>le</strong>s stages ont<strong>de</strong> plus spécifique qui doit être interrogé. Comme on l’a déjà évoqué, <strong>le</strong>s stages <strong>de</strong> formationconstituent un moment privilégié <strong>de</strong> production d’explications et <strong>de</strong> justifications langagièresrelativement formalisées sur <strong>le</strong>s domaines <strong>de</strong> l’activité syndica<strong>le</strong>. Ils contribuent ainsi à l’acquisition d’unvocabulaire relativement sophistiqué, puisqu’on y prend <strong>le</strong> temps <strong>de</strong> revenir – et <strong>de</strong> dialoguer – sur <strong>le</strong>sens et <strong>le</strong>s nuances <strong>de</strong>s mots. Ils contribuent éga<strong>le</strong>ment à l’intériorisation <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> raisonnementlégitimes, puisqu’on y apprend à ajuster ses instruments <strong>de</strong> pensée et d’action aux finalités légitimes <strong>de</strong>l’institution syndica<strong>le</strong>.Une enquête par récits <strong>de</strong> vie pourra dès lors ici revêtir un intérêt spécifique, en tant que ce matériaudiscursif permet un travail privilégié sur <strong>le</strong> vocabulaire et <strong>le</strong>s catégories <strong>de</strong> pensée <strong>de</strong>s individus. Les motsutilisés par <strong>le</strong>s interrogés pour restituer <strong>le</strong>ur carrière militante peuvent constituer <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> repèresquant à la prégnance <strong>de</strong> schèmes pratiques et intel<strong>le</strong>ctuels qui, sans l’être exclusivement, ont pu êtreplus particulièrement verbalisés dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> stages syndicaux. L’intérêt d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> lascolarisation <strong>de</strong>s apprentissages syndicaux pourrait ainsi rési<strong>de</strong>r dans l’incitation à dépasser la fausse


opposition entre savoirs techniques et idéologiques, entre rationalités instrumenta<strong>le</strong> (tactique) et enfinalité (stratégique) en montrant que <strong>le</strong>s savoirs se différencient moins en nature que dans <strong>le</strong>s façonsd’être mobilisés, c'est-à-dire par <strong>le</strong>s finalités – ou <strong>le</strong>s intérêts – légitimes qui <strong>le</strong>ur sont assignés.Nathalie ETHUIN, Karel YONBilan <strong>de</strong> l'atelier 20Penser l’articulation entre l’analyse <strong>de</strong>s politiques publiques et la sociologie <strong>de</strong> l’actioncol<strong>le</strong>ctiveOrganisatrices :- Dupuy Claire, Cevipof / Sciences Po & Université <strong>de</strong> Milan Bicocca- Halpern Charlotte, FNSP – PACTE / IEP <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong>Discutant : Yannick Barthe, CSI - CNRSIntervenants et titres <strong>de</strong>s papiers (dans l’ordre <strong>de</strong> passage pendant l’atelier):- Claire Dupuy, Charlotte Halpern : « Articu<strong>le</strong>r l'analyse <strong>de</strong>s politiques publiques et la sociologie <strong>de</strong>l'action col<strong>le</strong>ctive ».- Silvia Bruzzone, CURAPP - CNRS, Jean Pierre Le Bourhis, CURAPP-CNRS : « De l’expertise commemo<strong>de</strong> d’articulation entre l’Etat et <strong>le</strong>s mouvements sociaux. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux réseaux d’acteursautour <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong> l’espace en France et en Italie (1975-2005) ».- Jeanne Chabbal, Université Paris-Dauphine – IRISES : « L’intégration du registre <strong>de</strong> mobilisation« humanitaire » dans <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> politique publique pénitentiaire »- Laurie Boussaguet, Sciences Po – Cevipof : « La paro<strong>le</strong> profane sur la pédophilie : entre sociétécivi<strong>le</strong> et pouvoirs publics »- Yannick Rumpala, Université <strong>de</strong> Nice – ERMES : « Dans <strong>le</strong>s rhizomes du ‘développement durab<strong>le</strong>’.De l’utilité d’une appréhension renouvelée du concept <strong>de</strong> réseau pour articu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s sociologies<strong>de</strong> l’action publique et <strong>de</strong> l’action col<strong>le</strong>ctive ».Compte rendu <strong>scientifique</strong> <strong>de</strong> l’atelier et <strong>de</strong> la discussion généra<strong>le</strong>.L’objectif <strong>de</strong> l’atelier était <strong>de</strong> s’interroger sur : 1) <strong>le</strong> caractère heuristique du croisement entre <strong>le</strong>soutils d’analyse développés par <strong>le</strong>s sociologies <strong>de</strong> l’action col<strong>le</strong>ctive et <strong>de</strong> l’action publique ; 2) <strong>le</strong>smodalités analytiques <strong>de</strong> ce croisement : quels sont <strong>le</strong>s outils permettant une articulation forte <strong>de</strong>sapports <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s politiques publiques et <strong>de</strong> la sociologie <strong>de</strong> l’action col<strong>le</strong>ctive ?Les organisatrices ont reçu près <strong>de</strong> 20 propositions <strong>de</strong> communication. El<strong>le</strong>s en ont retenu 4 qui<strong>le</strong>ur paraissaient développer une réf<strong>le</strong>xion théorique et / ou méthodologique origina<strong>le</strong> sur la question <strong>de</strong>l’articulation entre l´analyse <strong>de</strong>s politiques publiques et la sociologie <strong>de</strong> l’action col<strong>le</strong>ctive avec l’analysed’un cas empirique d'un cas concret. Outre la diversité <strong>de</strong>s domaines d’action publique représentés(environnement, système pénitentiaire, développement durab<strong>le</strong> et lutte contre la pédophilie), cescommunications ont mobilisé <strong>de</strong>s catégories d’analyse différentiées (réseau, décision, forum, rhizome)pour s’interroger sur l’articulation entre analyse <strong>de</strong>s politiques publiques et sociologie <strong>de</strong> l’actioncol<strong>le</strong>ctive. Enfin, <strong>le</strong>s organisatrices ont el<strong>le</strong>s-mêmes soumis un papier à la discussion généra<strong>le</strong>, quiproposait à la fois une <strong>le</strong>cture critique <strong>de</strong>s travaux s’étant intéressés à cette question au sein <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>uxsous-disciplines <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique, et une démarche <strong>de</strong> recherche spécifique à partir <strong>de</strong> <strong>le</strong>urspropres terrains d’enquête.La discussion menée au sein <strong>de</strong> l’atelier s’est nouée autour <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> discussion proposées par <strong>le</strong>discutant en introduction <strong>de</strong> la séance, à partir <strong>de</strong>s 5 textes proposés. Son intervention a ainsi permis <strong>de</strong>structurer <strong>le</strong> débat autour <strong>de</strong> questions qu´il a posé à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s intervenants. Ce compte-rendu estdonc organisé autour <strong>de</strong> trois pistes <strong>de</strong> discussion suivantes :


1/ Pourquoi la question <strong>de</strong> l’articulation entre analyse <strong>de</strong>s politiques publiques et sociologie <strong>de</strong> l’actioncol<strong>le</strong>ctive se pose-t-el<strong>le</strong> aujourd’hui dans la <strong>science</strong> politique, alors que cette question a déjà étéabordée <strong>de</strong> longue date par d’autres disciplines, comme la sociologie <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine ou la sociologie<strong>de</strong>s <strong>science</strong>s ?- Est-ce dans l’air du temps ?- Est-ce <strong>le</strong> fruit d’évolutions spécifiques, qui ren<strong>de</strong>nt cette question particulièrement pressante ?La façon dont <strong>le</strong> thème <strong>de</strong> l’atelier a été défini par <strong>le</strong>s organisatrices laisse en effet entendre qu’il y a,d’une part, un vi<strong>de</strong> dans la littérature sur cette question, et d’autre part, un processus <strong>de</strong> rapprochementamorcé récemment par ces <strong>de</strong>ux sous-disciplines pour traiter <strong>de</strong> cette question. Ceci conduit aussicertains intervenants (Le Bourhis & Bruzzone) à mettre en exergue <strong>le</strong>s « points aveug<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la littérature » àpartir <strong>de</strong> l’opposition entre la littérature sur <strong>le</strong> conflit et la littérature sur la co-production <strong>de</strong> l’actionpublique par <strong>de</strong>s acteurs hétérogènes.L´un <strong>de</strong>s problèmes sou<strong>le</strong>vés par <strong>le</strong>s analyses développées dans la littérature est qu´el<strong>le</strong>s ont tendance àévacuer <strong>le</strong> conflit pour penser ces phénomènes <strong>de</strong> brouillage <strong>de</strong> frontières et développer <strong>de</strong>s c<strong>le</strong>fsd’analyse <strong>de</strong>s processus qui se situent au croisement. De ce point <strong>de</strong> vue, la prise en compte du tempslong permet <strong>de</strong> <strong>le</strong> réintroduire dans l´analyse (Dupuy & Halpern), afin d´i<strong>de</strong>ntifier la permanence <strong>de</strong>logiques spécifiques d’intégration <strong>de</strong>s intérêts malgré l’alternance entre pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> conflits etd’apaisement.2/ Quel<strong>le</strong> est la nature du changement qui justifie que cette question <strong>de</strong> l’articulation entre analyse <strong>de</strong>spolitiques publiques et sociologie <strong>de</strong> l’action col<strong>le</strong>ctive soit désormais posée ? Les textes proposés dans<strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> l’atelier proposent plusieurs pistes <strong>de</strong> réponse :- Phénomène d’hybridation, si oui <strong>le</strong>squels et par quels mécanismes ?- Comp<strong>le</strong>xification <strong>de</strong>s politiques publiques, si oui, comment adapter <strong>le</strong>s outils d’analyse existants ?En développer <strong>de</strong> nouveaux ?- Émergence <strong>de</strong> nouveaux acteurs, et si oui, qui sont-ils ?- Brouillage <strong>de</strong>s frontières ?L’un <strong>de</strong>s mécanismes suggérés dans <strong>le</strong>s communications est la cooptation <strong>de</strong>s groupes issus <strong>de</strong> lasociété civi<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s acteurs publics et privés. Cependant, ceci laisse ouverte la question <strong>de</strong> la distinctionentre insi<strong>de</strong>r / outsi<strong>de</strong>r.Les papiers <strong>de</strong> Dupuy / Halpern et <strong>de</strong> Chabbal montrent que la cooptation permet <strong>de</strong> sortir du conflit,mais ne signifie pas qu’il y ait transformation du statut <strong>de</strong>s outsi<strong>de</strong>rs en insi<strong>de</strong>rs <strong>de</strong>s politiquespénitentiaires et aéroportuaires.Le papier <strong>de</strong> Le Bourhis & Bruzzone conduit en revanche à s’interroger sur <strong>le</strong>s limites du militantismeinstitutionnel, et sur <strong>le</strong>s mécanismes d’articulation entre <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> critiques internes et externes.Cel<strong>le</strong>s-ci ne s’opposent pas : au contraire, el<strong>le</strong>s se nourrissent mutuel<strong>le</strong>ment.Un autre mécanisme est la production d’une expertise spécifique (Boussaguet, Le Bourhis & Bruzzone)par <strong>de</strong>s acteurs hétérogènes dont <strong>le</strong> statut s’institutionnalise progressivement.On peut cependant regretter, comme suggéré par diverses interventions dans <strong>le</strong> public, que la notiond’expertise ait été traitée <strong>de</strong> manière un peu floue par <strong>le</strong>s intervenants, qui évoquent tour à tour laproduction <strong>de</strong> savoirs et la production d’une expertise. Or, la production <strong>de</strong> savoirs débouche-t-el<strong>le</strong>systématiquement sur la production d’une expertise ? De ce point <strong>de</strong> vue, la démarche d’une majorité<strong>de</strong>s intervenants consiste à partir <strong>de</strong>s phénomènes observées empiriquement pour qualifier la notiond’expertise.3/ La nature du changement oblige-t-el<strong>le</strong> ou non la dissolution <strong>de</strong> certaines catégories d’analyse et <strong>de</strong>sfrontières <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux sous-disciplines ? Y a-t-il <strong>de</strong>s objets nouveaux, dont l’analyse nécessitel’adaptation <strong>de</strong>s concepts et qui brouil<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s entrées proposées par ces <strong>de</strong>ux sous-disciplines ?- Les notions <strong>de</strong> « réseau » (Le Bourhis & Bruzzone), <strong>de</strong> « rhizome » (Rumpala) et <strong>de</strong> « forum »(Boussaguet) offrent <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xions pertinentes, même si dans <strong>le</strong>s


communications proposées, el<strong>le</strong>s sont mobilisées en tant que notions explicatives et non en tantqu’outils analytiques. El<strong>le</strong>s permettent aux intervenants <strong>de</strong> cartographier une situation.=> Ceci relance la discussion sur la nature <strong>de</strong>s échanges et <strong>de</strong>s biens échangés dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong>ces réseaux et <strong>de</strong>s forums.=> Ceci pose aussi la question du caractère heuristique <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « réseau » (Rumpala), quidoit faire l’objet d’une mise à l’épreuve systématique.- La politisation comme une porte d’entrée pour rendre compte du brouillage <strong>de</strong>s frontières entrepolitique publique et société civi<strong>le</strong> : quel<strong>le</strong>s logiques ? Autour <strong>de</strong> quels enjeux ? par quelsacteurs ?La contribution <strong>de</strong> Chabbal montre <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du Par<strong>le</strong>ment dans la politisationd’enjeux réputés « non politisab<strong>le</strong>s ».Une intervention dans <strong>le</strong> public suggère la médiatisation comme un vecteur <strong>de</strong> politisationcentral dans l’opposition entre acteurs publics et acteurs issus <strong>de</strong> la société civi<strong>le</strong>.- La recomposition <strong>de</strong>s frontières comme une issue possib<strong>le</strong> au brouillage <strong>de</strong>s frontières (Chabbal,Dupuy & Halpern).Bilan <strong>de</strong> l’atelier 21La définition <strong>de</strong>s problèmes publics. Quel<strong>le</strong>s perspectives <strong>de</strong> recherche ?L’analyse du mo<strong>de</strong> d’émergence <strong>de</strong>s problèmes, <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur « mise sur agenda », constitue désormais ungrand classique <strong>de</strong>s <strong>science</strong>s humaines et, plus particulièrement, <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique se consacrant àl’analyse <strong>de</strong>s politiques publiques. Grâce aux recherches développées <strong>de</strong>puis une vingtaine d’annéesdans cette perspective, un certain nombre d’avancées sont aujourd’hui assez bien stabilisées commecel<strong>le</strong>s liées aux processus <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>s problèmes par <strong>le</strong>s autorités publiques, aux conditionsqui facilitent la mise sur agenda politico-administratif d’un problème ou, à l’inverse, aux acteurs,stratégies et processus qui ren<strong>de</strong>nt diffici<strong>le</strong> voire impossib<strong>le</strong> la saisie d’un problème par <strong>le</strong>s autorités. Ensollicitant ces divers types d’approche, on peut aujourd’hui assez bien expliquer pourquoi tel type <strong>de</strong>problème émerge et tel autre pas ou plus diffici<strong>le</strong>ment.Le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la réf<strong>le</strong>xion à l’origine <strong>de</strong> cet atelier était que pour avoir prise sur <strong>le</strong>s problèmes,l’action publique a besoin <strong>de</strong> <strong>le</strong>s i<strong>de</strong>ntifier. Or, cette i<strong>de</strong>ntification passe par <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong>modélisation, <strong>de</strong> formalisation, d’appropriation que l’on peut assimi<strong>le</strong>r à une véritab<strong>le</strong> redéfinition <strong>de</strong>sproblèmes, redéfinition qui s’effectue notamment par l’explicitation <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs causes, <strong>le</strong> choix <strong>de</strong>s acteurspertinents pour <strong>le</strong>s prendre en charge, l’élaboration <strong>de</strong>s solutions légitimes à <strong>le</strong>ur appliquer. El<strong>le</strong> conduit àconstruire <strong>de</strong>s coalitions d’acteurs intéressés et à mettre en place <strong>de</strong>s instruments en adéquation avec ladéfinition du problème. L’objectif <strong>de</strong> l’atelier était <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r sur ces processus <strong>de</strong> formulation <strong>de</strong>sproblèmes et <strong>le</strong>urs effets. Comment se cristallisent <strong>le</strong>s accords entre acteurs sur une définition ?Comment se pérennisent-ils ? Comment s’institutionnalisent-ils dans <strong>de</strong>s dispositifs ou <strong>de</strong>s instruments ?Quels effets ont ces accords-définitions sur <strong>le</strong>s modalités <strong>de</strong> l’action publique et sur <strong>le</strong>s groupesintervenant dans l’action publique ?Par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> lutte définitionnel<strong>le</strong> ou souligner l’importance <strong>de</strong> la formulation d’un problème sur <strong>le</strong>s modalités<strong>de</strong> sa prise en charge ne signifie cependant pas que cette définition soit un élément purement discursifet donc que <strong>le</strong>s interrogations que nous formulons s’inscrivent dans la perspective <strong>de</strong>s approches« cognitives » <strong>de</strong>s politiques publiques. Au contraire, on peut entendre <strong>le</strong> terme « définition » dans un sensà la fois discursif et sociologique ou avoir recours au terme <strong>de</strong> problématisation. Problématiser constitueen effet tout à la fois lier ensemb<strong>le</strong> différentes dimensions d’un problème mais aussi relier entre eux <strong>de</strong>sacteurs porteurs <strong>de</strong> ces différentes dimensions.L’atelier s’inscrivait éga<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> prolongement du séminaire « Risques et définition <strong>de</strong>s problèmespublics : quel<strong>le</strong>s perspectives <strong>de</strong> recherche ? » organisé à l’initiative <strong>de</strong> l’Axe Risques et crises col<strong>le</strong>ctifs<strong>de</strong> la MSH-Alpes en partenariat avec <strong>le</strong> GSPE et la MSHS <strong>de</strong> Toulouse dont trois réunions ont eu lieu en2006 2007 et qui <strong>de</strong>vrait déboucher sur une publication col<strong>le</strong>ctive dès 2008. L’atelier <strong>de</strong> Toulouseconstituait la première mise en débat <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> ce séminaire au sein <strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong>spolitistes.


Après une brève introduction <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Gilbert et Emmanuel Henry, une première intervention <strong>de</strong>Emmanuel Henry et Frédéric Pierru, intitulée « Des social prob<strong>le</strong>ms à l’agenda building : quel<strong>le</strong>s ressourcesthéoriques mobiliser ? », a cherché à pointer quels apports pouvaient être trouvés dans <strong>de</strong>ux traditions<strong>de</strong> recherche qui, bien que dialoguant peu, paraissent pouvoir être mobilisées dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> nosinterrogations. Quatre chercheurs ont ensuite présentés une communication :- Jean-Noël Jouzel (politiste, PACTE, IEP <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong>) - Les risques col<strong>le</strong>ctifs sont-ils <strong>de</strong>s problèmes publicscomme <strong>le</strong>s autres ? Réf<strong>le</strong>xions autour d’une menace chimique en France- Pasca<strong>le</strong> Metzger (géographe, Environnement urbain, IRD La Réunion) - La formulation du problèmechikungunya : un problème <strong>de</strong> moustiques ?- Christine Dour<strong>le</strong>ns (Université Jean Monnet St Etienne, MODIS CNRS) - La « construction » <strong>de</strong>s problèmesflui<strong>de</strong>s. A propos du saturnisme infanti<strong>le</strong>- Philippe Zittoun (politiste, LET, ENTPE, Vaulx-en-Velin) - L'agencement d'un nouvel énoncé entreproblème, public et instruments, l’exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> la carte du bruit parisienne»Plutôt que <strong>de</strong> présenter chacun son artic<strong>le</strong> (ce qui était impossib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> déali trop bref <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxheures <strong>de</strong> l’atelier), <strong>le</strong>s intervenants ont orienté <strong>le</strong>ur communication ora<strong>le</strong> autour <strong>de</strong>s cinq questionssuivantes, à partir <strong>de</strong>s terrains <strong>de</strong> recherche mobilisés par chacun d’entre eux :• Que signifie « définir » un problème ? Pourquoi s'y intéresser ?• Peut-on distinguer une phase <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong> la définition du problème et une phase stabiliséeoù <strong>le</strong> problème <strong>de</strong>vient une « évi<strong>de</strong>nce » ? En quoi <strong>le</strong> contenu <strong>de</strong> la définition d'un problème (son« cadrage ») peut être un élément <strong>de</strong> stabilisation ou <strong>de</strong> fragilisation <strong>de</strong>s coalitions d'acteurs et<strong>de</strong>s instruments mobilisés?• Comment analyser <strong>le</strong>s liens entre définition <strong>de</strong>s problèmes publics et configurations d'acteurs ouinteractions entre acteurs ? Une coalition d'acteurs peut-el<strong>le</strong> regrouper <strong>de</strong>s acteurs porteursd'une définition distincte et à quel prix ?• En quoi <strong>le</strong>s instruments utilisés contribuent-ils à orienter un certain nombre d'éléments <strong>de</strong> contenu<strong>de</strong> la définition d'un problème? Sont-ils pour autant toujours univoques?• Comment comprendre la place <strong>de</strong> la « solution » dans <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> définition/stabilisation duproblème (à commencer par la qualification même <strong>de</strong> « solution » qui semb<strong>le</strong> lié à l'idée même<strong>de</strong> problème) ?Les débats avec <strong>le</strong>s nombreux participants à l’atelier ont montré que cette perspective <strong>de</strong> recherchesuscitait un intérêt important parmi <strong>le</strong>s politistes et comptait parmi <strong>le</strong>s pistes pour impulser une dynamique<strong>de</strong> recherche fécon<strong>de</strong> en sociologie <strong>de</strong> l’action publique. L’ouvrage en préparation <strong>de</strong>vrait permettred’al<strong>le</strong>r plus loin dans ces directions <strong>de</strong> recherche, en conservant l’articulation entre approchesthéoriques, étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas et dans <strong>le</strong>ur mise en débat. L’atelier a ainsi constitué un espace <strong>de</strong>confrontation productif <strong>de</strong>s principa<strong>le</strong>s hypothèses autour <strong>de</strong>squel<strong>le</strong>s il se construit.Clau<strong>de</strong> Gilbert Directeur <strong>de</strong> recherche au CNRS (UMR PACTE/MSH-Alpes)Emmanuel Henry Maître <strong>de</strong> conférences IEP Strasbourg GSPE (UMR PRISME)Bilan <strong>de</strong> l'atelier 23Les médias alternatifs en questionL'atelier « Les médias alternatifs en question » s'est tenu <strong>le</strong> vendredi 7 septembre <strong>de</strong> 8h à 10h, puis s'estprolongé jusqu'à 11h30 <strong>de</strong> façon informel<strong>le</strong>. Il a réuni 13 personnes (organisateurs, discutant, intervenantset public). Les communications présentées se sont caractérisées par une variété d’objets et d’approchesqui a donné <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xion précis sur <strong>le</strong>s trois axes <strong>de</strong> discussion proposés dans l’appel àcommunication : <strong>le</strong>s luttes pour la dénomination et la légitimation <strong>de</strong>s médias alternatifs, <strong>le</strong>s stratégies <strong>de</strong>distinction entre médias alternatifs et médias conventionnels, <strong>le</strong>s relations d’interdépendance entre <strong>le</strong>smédias alternatifs et <strong>de</strong>s univers sociaux connexes, en particulier <strong>le</strong> champ politique.La catégorie indigène <strong>de</strong> « média alternatif » apparaît à la fois comme une cause militante et unobjet d’étu<strong>de</strong> <strong>scientifique</strong>, ce qui n’est pas sans poser <strong>de</strong>s problèmes épistémologiques. Comme <strong>le</strong>montre Michel Sénécal, <strong>le</strong>s luttes pour la démocratisation <strong>de</strong> la communication ont <strong>de</strong>s originesanciennes, et se manifestent <strong>de</strong> façon variab<strong>le</strong> selon <strong>le</strong>s contextes socio-historiques et géopolitiquesconsidérés. Ces luttes sont visib<strong>le</strong>s notamment à travers la multiplicité d’appellations <strong>de</strong> ces médias(communautaires, libres, associatifs, populaires, autonomes, radicaux, indépendants, du tiers-secteur,


etc.). A travers une stratégie <strong>de</strong> transnationalisation, ces luttes visent une légitimation à la foisidéologique ou philosophique <strong>de</strong>s pratiques médiatiques alternatives (dont <strong>le</strong>s prémices sont repérab<strong>le</strong>schez Thomas Paine dès <strong>le</strong> sièc<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Lumières), et une légitimation institutionnel<strong>le</strong> (mouvement pour un« nouvel ordre mondial <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> la communication », NOMIC, qui a fortementimpliqué l’UNESCO dans <strong>le</strong>s années 1970-1980), pour contrer <strong>le</strong>s logiques hégémoniques <strong>de</strong> l’industrie <strong>de</strong>la communication et <strong>de</strong> la répression étatique. Dans un tab<strong>le</strong>au <strong>de</strong> synthèse, Michel Sénécal souligne <strong>le</strong>sdifférences qui existent, à l'intérieur du mouvement <strong>de</strong>s médias alternatifs, entre <strong>le</strong>s groupes qui selégitiment par <strong>le</strong>s médias, et ceux qui se légitiment dans <strong>le</strong>s médias.La communication <strong>de</strong> Soulay Hassane sur la fabrication <strong>de</strong> l’information dans <strong>le</strong>s médias <strong>de</strong>sminorités ethniques introduit éga<strong>le</strong>ment la question <strong>de</strong> la conceptualisation du terme “médiacommunautaire”, à travers l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> magazines visant un public « noir », qui rompent avec <strong>le</strong>sstéréotypes diffusés par <strong>le</strong>s grands médias d’information sur <strong>le</strong>s communautés d’origine subsaharienneset caribéennes, mais dont certaines logiques économiques et éditoria<strong>le</strong>s n’apparaissent dans certainscas que comme <strong>de</strong>s versions à peine euphémisées du fonctionnement <strong>de</strong> la presse capitaliste et <strong>de</strong>sdéfen<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> l’idéologie néolibéra<strong>le</strong>.Florence Brisset-Foucault met en évi<strong>de</strong>nce <strong>le</strong>s difficultés à faire reconnaître la cause <strong>de</strong>s médiasalternatifs comme cause autonome, dans <strong>le</strong> contexte du Forum social mondial (FSM) <strong>de</strong> Nairobi, qui s’esttenu en 2007. Les relations entretenues par <strong>le</strong>s organisations <strong>de</strong> médias alternatifs africains aux bail<strong>le</strong>urs<strong>de</strong> fonds internationaux favorisent <strong>le</strong>ur « mise au service » d'autres causes jugées plus fondamenta<strong>le</strong>s etplus urgentes : <strong>le</strong>s militants informationnels africains souffriraient ainsi d’une sorte <strong>de</strong> « comp<strong>le</strong>xe <strong>de</strong>l’inutilité socia<strong>le</strong> » en raison <strong>de</strong> la dimension immatériel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur cause. Florence Brisset-Foucault insisteéga<strong>le</strong>ment sur l’absence <strong>de</strong> représentation <strong>de</strong>s médias kenyans au FSM <strong>de</strong> Nairobi : ce sont avant tout<strong>de</strong>s journalistes kenyans professionnels qui s'investissent dans <strong>le</strong>s médias alternatifs qui couvrent <strong>le</strong> forum.El<strong>le</strong> en conclut que <strong>le</strong> professionnalisme journalistique constitue une source <strong>de</strong> tensions, puisque salégitimé socia<strong>le</strong> est intégrée par <strong>le</strong>s ONG, <strong>le</strong>s mouvements sociaux et <strong>le</strong>s bail<strong>le</strong>urs <strong>de</strong> fondsinternationaux, au détriment <strong>de</strong> formes moins corporatistes <strong>de</strong> production <strong>de</strong> l’information.Le phénomène <strong>de</strong> la presse politique « nouvel<strong>le</strong> » en France, étudié par Marc En<strong>de</strong>weld, secaractérise par un positionnement éditorial à « gauche <strong>de</strong> la gauche » <strong>de</strong> certains titres, comme Politis,Témoignages chrétiens, <strong>le</strong> Mon<strong>de</strong> diplomatique, Alternatives économiques ou Marianne, et faitapparaître un mouvement <strong>de</strong> (re)politisation, qui introduit la question <strong>de</strong>s alternatives politiques etprofessionnel<strong>le</strong>s au sein du champ journalistique. L’analyse <strong>de</strong> ce phénomène révè<strong>le</strong> <strong>le</strong>s tensionsconstitutives du métier <strong>de</strong> journaliste, pris entre <strong>de</strong>s logiques politiques, professionnel<strong>le</strong>s et économiques :<strong>le</strong>s logiques dominantes (notamment la valorisation du « professionnalisme ») restent prégnantes cesjournaux, à la fois dans <strong>le</strong>s relations internes aux rédactions et entre <strong>le</strong>s rédactions : si l’on peut observer<strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> subversion <strong>de</strong> la « pensée dominante », ces titres <strong>de</strong>meurent d’un point <strong>de</strong> vue structurel<strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> presse classiques.L’étu<strong>de</strong> par Bruno David <strong>de</strong> la naissance et <strong>de</strong>s évolutions d'un mouvement hétérogène <strong>de</strong>photographes indépendants organisés en col<strong>le</strong>ctifs, qui contestent l’homogénéisation du regardphotographique dans la presse, illustre un phénomène comparab<strong>le</strong> <strong>de</strong> désaffiliation relative <strong>de</strong>professionnels <strong>de</strong>s médias, qui trouvent dans <strong>de</strong>s structures plus autonomes <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> publicisation <strong>de</strong><strong>le</strong>ur travail plus favorab<strong>le</strong>s à <strong>de</strong>s formes d’expression non-conformistes.La question <strong>de</strong>s autodéfinitions indigènes <strong>de</strong> la catégorie <strong>de</strong> « média alternatif » est éga<strong>le</strong>mentposée par Benjamin Ferron qui montre <strong>le</strong>s logiques différenciées qui existent entre militants israéliens etpa<strong>le</strong>stiniens <strong>de</strong> l’information alternative : alors que la définition dominante en Israël s’apparente auxrhétoriques <strong>de</strong>s médias alternatifs occi<strong>de</strong>ntaux vis-à-vis <strong>de</strong> la « fausse con<strong>science</strong> » <strong>de</strong>s médiasmainstream dans <strong>le</strong>s démocraties capitalistes, <strong>le</strong>s militants pa<strong>le</strong>stiniens se retrouvent davantage dans <strong>le</strong>sluttes traditionnel<strong>le</strong>s pour la liberté <strong>de</strong> la presse, l’indépendance <strong>de</strong>s journalistes et la reconnaissance <strong>de</strong><strong>le</strong>ur profession dans un contexte d’occupation militaire et <strong>de</strong> déstructuration <strong>de</strong>s relations socia<strong>le</strong>s,économiques, politiques et culturel<strong>le</strong>s. La communication s’intéresse ainsi aux logiques <strong>de</strong> reproductionet <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s formes dominantes <strong>de</strong> médiatisation du conflit israélo-pa<strong>le</strong>stinien dans <strong>le</strong>s médiascontestataires israélo-pa<strong>le</strong>stiniens, et invite à considérer avec pru<strong>de</strong>nce l’antagonisme supposé entrealternative media et mainstream media, pour insister sur la comp<strong>le</strong>xité <strong>de</strong>s interdépendances directes ouindirectes entre ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> producteurs d’information.Les organisateurs <strong>de</strong> l’atelier ainsi que <strong>le</strong>s participants ont exprimé <strong>le</strong>ur gran<strong>de</strong> satisfaction à la suite <strong>de</strong>l’atelier, tant du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la richesse et <strong>de</strong> la qualité du débat <strong>scientifique</strong> que <strong>de</strong>s contactsprofessionnels et personnels que l’atelier a donné l’occasion <strong>de</strong> nouer. Un projet <strong>de</strong> publicationcol<strong>le</strong>ctive dans un numéro spécial d’une revue <strong>scientifique</strong> ou un ouvrage est en cours. Les organisateurssouhaiteraient valoriser <strong>le</strong>s travaux présentés lors <strong>de</strong> l’atelier en proposant aux auteur-e-s <strong>de</strong> retravail<strong>le</strong>r<strong>le</strong>urs propositions sur trois points :1) utiliser systématiquement <strong>de</strong>s données empiriques pouvant être mobilisées.


2) insister sur <strong>le</strong>s éléments <strong>de</strong> réponse apportés par chaque communication aux trois axes <strong>de</strong> l'appel àcommunication3) ne pas se limiter à une analyse discursive <strong>de</strong>s publications alternatives, mais à <strong>le</strong>urs mécanismes <strong>de</strong>production, <strong>le</strong>ur environnement politique et économique, <strong>le</strong>s propriétés sociologiques et <strong>le</strong>s trajectoiressocia<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs militants-journalistes ou journalistes-militants.Benjamin FerronCRAPE, doctorant, IEP <strong>de</strong> Rennes, moniteurNicolas HarveyCRAPE, doctorant, Université <strong>de</strong> Haute Bretagne, ATEREugénie SaittaCRAPE, post-doctorante (MinorityMedia, Marie Curie Excel<strong>le</strong>nce Team, Université <strong>de</strong> Poitiers)Bilan <strong>de</strong> l’atelier 25Les militants <strong>de</strong>s partis <strong>de</strong> droite. Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas en EuropeL’atelier « Les militants <strong>de</strong>s partis <strong>de</strong> droite. Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas en Europe » s’est déroulé <strong>de</strong> manièresatisfaisante aussi bien pour <strong>le</strong>s intervenants que <strong>le</strong> discutant et <strong>le</strong> public. Ila été l’occasion d’échangespertinents avec <strong>le</strong>s collègues venus assister à la présentation <strong>de</strong>s communications. Il a notammentpermis <strong>de</strong> rediscuter la notion <strong>de</strong> « rétribution » à l’engagement ainsi que <strong>le</strong>s préjugés souvent associés àl’étu<strong>de</strong> du militantisme. Un projet <strong>de</strong> publication a été mis en œuvre à l’issue <strong>de</strong> l’atelier.Récapitulatif <strong>de</strong>s intervenants :Florence Haegel (CEVIPOF), « Eléments d'une sociologie <strong>de</strong>s adhérents UMP »Lucie Bargel (CRPS) et Anne-Sophie Petitfils (CERAPS), « « Militant et populaire ! ». Sociologie et rapportsau militantisme <strong>de</strong>s adhérents jeunes <strong>de</strong> l’UMPStéphanie Dechezel<strong>le</strong>s (SPIRIT), Existe-t-il <strong>de</strong>s cultures militantes <strong>de</strong> "droite" ? Quelques réponses à partir<strong>de</strong> récits d’engagement à Forza Italia »Julien Fretel (CERAPS), « Ce que la droite fait à la sociologie <strong>de</strong>s partis politiques »Discutant : Jean-Louis Briquet (CERI)Lucie Bargel et Stéphanie Dechezel<strong>le</strong>sBilan <strong>de</strong> l'atelier 26Récits sur la guerre : Une comparaison Irlan<strong>de</strong>, Algérie, Afrique du SudPropositionLe conflit d’Irlan<strong>de</strong> du Nord, la guerre d’Algérie (1954-1962), <strong>le</strong>s affrontements meurtriers qui ontsecoué l’Afrique du Sud pendant plusieurs décennies revêtent tous <strong>de</strong>s dimensions <strong>de</strong> guerre civi<strong>le</strong>, intercommunautaireoù <strong>de</strong>s nationalismes ou <strong>de</strong>s conceptions <strong>de</strong> la nation antagonistes s’affrontent. Laproximité <strong>de</strong> ces trois conflits rési<strong>de</strong> peut-être surtout dans <strong>le</strong> rapport colonial entre <strong>le</strong>s acteurs politiquesen compétition vio<strong>le</strong>nte et entre <strong>le</strong>s sociétés impliquées dans <strong>le</strong> conflit –soit en tant que combattants, soiten tant que population civi<strong>le</strong> touchée par <strong>le</strong>s heurts. D’autres points communs sont aisément repérab<strong>le</strong>s,comme l’importance <strong>de</strong> l’occupation du territoire, <strong>de</strong>s mythes et <strong>de</strong>s symbo<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>s déplacements <strong>de</strong>population, <strong>de</strong>s violations <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme et bien sûr <strong>le</strong>ur caractère militarisé.Les sorties <strong>de</strong> conflit renvoient à <strong>de</strong>s combinaisons variées. En Algérie et en Afrique du Sud, lavictoire politique <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> libération aboutit à <strong>de</strong>s changements institutionnels profonds, enl’occurrence la naissance <strong>de</strong> l’Algérie indépendante et la formation d’un régime démocratique enAfrique du Sud alors qu’en Irlan<strong>de</strong> du Nord, si <strong>le</strong> statut institutionnel <strong>de</strong> la province a bien été modifié, <strong>le</strong>sgains et <strong>le</strong>s pertes <strong>de</strong>s protagonistes sont ambiva<strong>le</strong>nts. En Afrique du Sud et en Irlan<strong>de</strong> du Nord <strong>le</strong>scommunautés qui se sont affrontées sont invitées et contraintes à vivre ensemb<strong>le</strong> alors qu’en Algérie, <strong>le</strong>


départ <strong>de</strong>s Pieds-noirs sonne <strong>le</strong> glas <strong>de</strong> la séparation entre « Musulmans » et « Européens ». Ainsi, selon <strong>le</strong>scas, <strong>le</strong>s ex-ennemis doivent se réconcilier, parvenir à cohabiter, ou à se dissocier pour mieux se détesterou davantage se désirer.Le choix <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> la comparaison re<strong>le</strong>vant <strong>de</strong> trois aires géographiques différentes et <strong>de</strong>temporalités décalées peut apparaître audacieux et porteur <strong>de</strong> complications méthodologiques.L’éclatement <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas est assumé dans la mesure où notre approche s’applique àdésenclaver <strong>le</strong>s aires culturel<strong>le</strong>s et à mobiliser ici ou dans un ail<strong>le</strong>urs exotique <strong>le</strong>s mêmes outils d’analyse<strong>de</strong> la sociologie politique 8 . Il est d’ail<strong>le</strong>urs intéressant <strong>de</strong> remarquer que <strong>le</strong>s protagonistes <strong>de</strong>s conflits ontpu se référer aux expériences <strong>de</strong>s autres. Pour <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong> l’ANC, la lutte victorieuse du FLN contreun adversaire militaire bien plus puissant a constitué une raison d’espérer. Parmi certains Algériens etPieds-noirs, <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> réconciliation sud-africain et sa société multiracia<strong>le</strong> alimentent <strong>le</strong>s regrets sur<strong>le</strong>ur propre expérience. En Irlan<strong>de</strong> du Nord enfin, beaucoup d’unionistes s’i<strong>de</strong>ntifient au <strong>de</strong>stin <strong>de</strong>sAfrikaners, tandis que l’ANC constitue une référence pour <strong>le</strong>s nationalistes républicains.Néanmoins, l’objet <strong>de</strong> cet atelier n’est pas <strong>de</strong> revenir sur <strong>le</strong>s dynamiques <strong>de</strong> ces conflits, ni <strong>de</strong>mesurer l’écart qui <strong>le</strong>s sépare, ou <strong>le</strong>s similitu<strong>de</strong>s qui <strong>le</strong>s rapprochent ; il n’est pas non plus d’étudier <strong>le</strong>smo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> ceux-ci ou <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une évaluation comparée <strong>de</strong>s trajectoires postconflictuel<strong>le</strong>s.L’objectif est d’interroger <strong>le</strong>s récits produits sur <strong>le</strong> conflit au sein <strong>de</strong>s sociétés concernées.Ex-combattants membres d’armée régulière ou <strong>de</strong> guérillas engagés dans <strong>le</strong>s affrontements, générations<strong>de</strong> militants politiques formés pendant <strong>le</strong>s années <strong>de</strong> guerre, anciens prisonniers, exilés fuyant la vio<strong>le</strong>nceou l’ordre politique imposé par <strong>le</strong>s vainqueurs, adhérents d’associations pacifistes constituent autant <strong>de</strong>groupes susceptib<strong>le</strong>s <strong>de</strong> produire un discours sur <strong>le</strong> conflit, sur la manière dont ils l’ont vécu et la façondont ils enten<strong>de</strong>nt <strong>le</strong> transmettre. Par cette démarche, on ne cherche pas à comprendre ce qui s'estpassé pendant <strong>le</strong> conflit, mais on s’intéresse à la manière dont <strong>le</strong>s protagonistes narrent <strong>le</strong>ur guerre, semettent en scène durant <strong>le</strong> conflit et articu<strong>le</strong>nt ce discours à l’analyse sur <strong>le</strong>ur propre trajectoire entemps <strong>de</strong> paix 9 . Notre réf<strong>le</strong>xion accor<strong>de</strong> une place centra<strong>le</strong> au récit, moins pour ce qu’il livre commeinformation ou comme témoignage que comme processus <strong>de</strong> subjectivation et comme productiond’une mémoire particulière, voire comme un outil <strong>de</strong> revendication .Les récits mettent en scène <strong>de</strong>s acteurs préoccupés par la défense <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs intérêts et <strong>de</strong> <strong>le</strong>ursurvie, par un souci d’estime <strong>de</strong> soi ; en ce sens ils sont stratégiques. Mais ils s’inscrivent éga<strong>le</strong>ment dansun imaginaire dont ils sont porteurs et propres à <strong>le</strong>ur société. Cet imaginaire que <strong>le</strong>s acteurs ne cessent<strong>de</strong> façonner, et par <strong>le</strong>quel ils sont tenus est à la fois une production col<strong>le</strong>ctive et individuel<strong>le</strong> qui énonceun rapport aux va<strong>le</strong>urs, à l’histoire, au mon<strong>de</strong> et à autrui. C. Castoriadis a mis en évi<strong>de</strong>nce ce caractèrefécond et créateur <strong>de</strong> l’imaginaire, qui permet aux hommes d’inventer et <strong>de</strong> modifier <strong>le</strong> sens et la formedu mon<strong>de</strong> qui <strong>le</strong>s entoure 10 . Il produit aussi une sorte <strong>de</strong> liant social, un ciment qui fournit <strong>de</strong>s croyancescommunes aux membres d’une société donnée ou d’un groupe plus restreint, et donne sens à <strong>le</strong>urparo<strong>le</strong> et à <strong>le</strong>urs actions ; <strong>de</strong> cette manière, il structure <strong>le</strong> lien social, et permet l’adéquation entre <strong>le</strong>smodè<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s rô<strong>le</strong>s sociaux d’une part, et <strong>le</strong>s motivations, <strong>le</strong>s légitimations et <strong>le</strong>s conduites <strong>de</strong>s individusd’autre part 11 .Raconter sa guerre peut se révé<strong>le</strong>r d’autant plus problématique et douloureux que l’issue duconflit et ses prolongements actuels ne correspon<strong>de</strong>nt pas aux objectifs, aux intérêts, aux représentationsou aux idéaux au nom <strong>de</strong>squels un groupe s’était mobilisé pendant la guerre, ou bien parce que <strong>le</strong>sprotagonistes peinent à donner un sens au conflit qui a eu lieu, ou aux accords politiques qui y ont mis unterme. Le récit produit sur <strong>le</strong> conflit nous éclaire sur <strong>le</strong> statut <strong>de</strong>s locuteurs à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur proprecommunauté politique, du rapport consensuel ou conflictuel qu’ils entretiennent à l’égard <strong>de</strong> lamémoire officiel<strong>le</strong> du conflit. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces discours est éga<strong>le</strong>ment un moyen d’interroger <strong>le</strong> regard <strong>de</strong>sprotagonistes vis-à-vis <strong>de</strong>s adversaires contre <strong>le</strong>squels ils se sont mobilisés ou auxquels ils ont étéconfrontés.Le but <strong>de</strong> cet atelier n’est pas <strong>de</strong> mettre en parallè<strong>le</strong> tous <strong>le</strong>s groupes i<strong>de</strong>ntifiab<strong>le</strong>s présents danschacun <strong>de</strong>s conflits mais plutôt d’offrir un cadre qui permette au chercheur <strong>de</strong> se décentrer <strong>de</strong> son objeten lui offrant un gril<strong>le</strong> d’analyse plus large. Les contributions <strong>de</strong> cet atelier doivent chercher à éclairer <strong>le</strong>sens <strong>de</strong>s récits et <strong>de</strong>s recompositions i<strong>de</strong>ntitaires se manifestant dans <strong>le</strong>s sociétés post-conflictuel<strong>le</strong>s quenous avons évoquées en mobilisant <strong>de</strong> préférence l’outil méthodologique <strong>de</strong> la comparaison. Les8Cel<strong>le</strong>-ci n’est pas d’ail<strong>le</strong>urs inédite. Plusieurs auteurs ont mené <strong>de</strong>s travaux comparatifs sur certains <strong>de</strong> ces pays : Ian Lustick,Unsett<strong>le</strong>d States, Disputed Lands : Britain and Ireland, France and Algeria, Israël and the West Bank-Gaza, Cornell University Press,1993, ou Donald Harman Akenson, God’s Peop<strong>le</strong>s, Covenant and Land in South Africa, Israel and Ulster, McGill – Queen’s UniversityPress, 1992, Hermann Giliomee, Jannie Gagiano (eds.), The Elusive Search for Peace, South Africa, Israel and Northern Ireland, CapeTown, Oxford University Press, 1990 ; Frank Wright, Northern Ireland, A comparative Analysis, Dublin, Gill and Macmillan, 1992.9 Sur <strong>le</strong>s questions <strong>de</strong> narration et <strong>de</strong> mise en récit <strong>de</strong> soi, voir Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, p. 138 et Danilo Martuccelli,Grammaires <strong>de</strong> l’individu, Paris, Gallimard Folio, 2002, p. 369.10Cornélius Castoriadis, L’institution imaginaire <strong>de</strong> la société, Paris, Seuil, 1975.11Sur ces questions, voir éga<strong>le</strong>ment Peter Berger et Thomas Luckmann, La construction socia<strong>le</strong> <strong>de</strong> la réalité, Paris, MéridiensKlincksieck, 1996 et Bronislaw Bacszko, Les imaginaires sociaux, mémoires et espoirs col<strong>le</strong>ctifs, Paris, Payot, 1984.


étu<strong>de</strong>s monographiques, dans la mesure où el<strong>le</strong>s se fon<strong>de</strong>nt sur une recherche fouillée et généralisab<strong>le</strong>d’un <strong>de</strong>s aspects évoqués, pourront éga<strong>le</strong>ment être acceptées. Les travaux peuvent se fon<strong>de</strong>r sur <strong>de</strong>sentretiens avec <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong> groupes i<strong>de</strong>ntifiés, se nourrir <strong>de</strong>s écrits autobiographiques d’une série <strong>de</strong>protagonistes qui nous livrent un matériau exploitab<strong>le</strong>, et en ce sens réfléchir aux types <strong>de</strong> récits quiémergent. Il est aussi possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> croiser <strong>le</strong>s sources et d’étudier notamment <strong>le</strong> contenu <strong>de</strong>s discoursofficiels en s’interrogeant sur son impact et ses usages.Participation- Bucail<strong>le</strong> Lætitia, MCF, Bor<strong>de</strong>aux 2, Département <strong>de</strong> Sociologie, Remarques introductives.- Guiffan Jean, Université <strong>de</strong> Nantes, Histoire, La propagan<strong>de</strong> républicaine et loyaliste à travers <strong>le</strong>s muralsen Irlan<strong>de</strong> du Nord.- Tosser Renée, MCF, Université <strong>de</strong> La Réunion, Etu<strong>de</strong>s du Mon<strong>de</strong> Anglophone et Féral Clau<strong>de</strong>, MCF-HDT,Université <strong>de</strong> la Réunion, Etu<strong>de</strong>s du Mon<strong>de</strong> Anglophone, Récits autobiographiques féminins, unecomparaison entre une militante sud-africaine et irlandaise.- Tebbakh Sonia, chercheuse associée UMR Pacte, Récits sur la guerre d’Algérie : paro<strong>le</strong>s <strong>de</strong> parents etmémoire <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendants.Féron Elise, MCF, Institut d’Etu<strong>de</strong>s Politiques <strong>de</strong> Lil<strong>le</strong>, discutante.BilanSi <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce la guerre est bien au centre <strong>de</strong>s récits étudiés lors <strong>de</strong> l’atelier, qu’el<strong>le</strong> ait eulieu il y a plusieurs décennies (Algérie) ou beaucoup plus récemment (Irlan<strong>de</strong> du Nord), el<strong>le</strong> est <strong>le</strong> plussouvent décrite d’une manière schématique, et sa mémoire est instrumentalisée, à <strong>de</strong>s fins politiques ouplus personnel<strong>le</strong>s. Les récits sont donc d’une gran<strong>de</strong> fluidité, en perpétuel<strong>le</strong> évolution et adaptation aucontexte et aux besoins du moment.On assiste <strong>le</strong> plus souvent à <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong> dématérialisation et <strong>de</strong> dé-subjectivisation <strong>de</strong>scombats, au travers <strong>de</strong> montées en généralités par <strong>le</strong> biais <strong>de</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s locuteurs essaient <strong>de</strong> donnerune teneur universel<strong>le</strong> à <strong>le</strong>urs propos.Il semb<strong>le</strong> par ail<strong>le</strong>urs que <strong>le</strong>s mémoires <strong>de</strong> la guerre jouent un rô<strong>le</strong> plus important dans <strong>le</strong>s rapportsentretenus par <strong>le</strong> groupe vis-à-vis <strong>de</strong> l’extérieur (afin <strong>de</strong> se positionner, <strong>de</strong> se justifier, <strong>de</strong> réitérer sonidéologie, etc.) que vis-à-vis <strong>de</strong> l’in-group. Par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> la guerre est un acte public, presque un actemilitant, tandis qu’el<strong>le</strong> est semb<strong>le</strong>-t-il peu évoquée dans <strong>le</strong>s cerc<strong>le</strong>s familiaux.Les sorties <strong>de</strong> conflit en el<strong>le</strong>s-mêmes, <strong>le</strong>s actes <strong>de</strong> réconciliation ou <strong>le</strong>s compromis consentis, sontpour <strong>le</strong>ur part peu l’objet <strong>de</strong> récits et <strong>de</strong> discours, tant ils semb<strong>le</strong>nt remettre en cause <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs sur<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s l’i<strong>de</strong>ntité du groupe se fon<strong>de</strong>. Ainsi, peu d’Algériens ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendants d’Algériens évoquentspontanément l’acte d’émigration dans un pays qui <strong>le</strong>ur a fait la guerre, et <strong>le</strong>s murals en Irlan<strong>de</strong> du Nordne sont que très rarement dédiés aux va<strong>le</strong>urs et figures fondamenta<strong>le</strong>s développées durant <strong>le</strong> processus<strong>de</strong> paix. On peut ainsi se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si ces récits sur la guerre ne constituent pas une sorte <strong>de</strong>continuation du conflit à un niveau avant tout symbolique et imaginaire, qui varie cependant enfonction <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinataires visés.Plusieurs autres interrogations <strong>de</strong>meurent, au premier rang <strong>de</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> statut <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>colonisation dans ces récits sur la guerre. Il semb<strong>le</strong> en effet que pour <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s colonisés, <strong>le</strong>s récits sur laguerre ne puissent être tota<strong>le</strong>ment dissociés <strong>de</strong>s récits sur la colonisation, assimilant cette <strong>de</strong>rnière à uneforme <strong>de</strong> guerre larvée, dont <strong>le</strong> conflit n’est que <strong>le</strong> prolongement, ou la suite logique.Il convient enfin d’évoquer la question <strong>de</strong> l’éventuel<strong>le</strong> spécificité <strong>de</strong>s discours féminins sur laguerre, qui s’apparente <strong>le</strong> plus souvent à un discours sur l’oppression au sens large, à vocationuniversel<strong>le</strong>, et non communautaire. Une explication possib<strong>le</strong> évoquée tient au doub<strong>le</strong> carcan pesant sur<strong>le</strong>s femmes militantes dont nous avons étudié <strong>le</strong>s discours : d’une part celui d’appartenir à une minorité,ou à un peup<strong>le</strong> colonisé, et d’autre part celui du statut <strong>de</strong> femme, souvent peu valorisé dans <strong>le</strong>urcommunauté d’origine.De nouvel<strong>le</strong>s pistes <strong>de</strong> recherche s’ouvrent ainsi, au croisement <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sociétés postconflictuel<strong>le</strong>set post-colonia<strong>le</strong>s, et <strong>de</strong> cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s anciens combattants et militants, en particulier <strong>de</strong> sexeféminin.Lætitia Bucail<strong>le</strong>, MCF- Département <strong>de</strong> Sociologie- Bor<strong>de</strong>aux 2Elise Féron, MCF – Institut d’Etu<strong>de</strong>s Politiques <strong>de</strong> Lil<strong>le</strong>


Bilan <strong>de</strong> l’atelier 27Maintien et Consolidation <strong>de</strong> la Paix : <strong>le</strong>s Nouveaux ParadigmesLe panel se proposait d’examiner <strong>le</strong>s <strong>de</strong>rniers développements dans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong>maintien <strong>de</strong> la paix (OMP). Le maintien <strong>de</strong> la paix, malgré son importance actuel<strong>le</strong> dans la discipline <strong>de</strong>sRelations Internationa<strong>le</strong>s (RI), étant assez peu étudié en France, il nous a paru pertinent d’organiser unatelier sur ce sujet. Le succès <strong>de</strong> l’appel à communications (Call for Papers) a d’ail<strong>le</strong>urs démontré que <strong>le</strong>sujet est particulièrement porteur dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> universitaire francophone. Nous avons reçu <strong>de</strong>spropositions <strong>de</strong> Belgique, du Canada, <strong>de</strong> France et <strong>de</strong> Suisse. Les restrictions propres aux ateliers sedéroulant lors <strong>de</strong>s congrès nous ont toutefois forcé à refuser plusieurs propositions pertinentes.Au final, nous avons retenu cinq propositions qui couvraient <strong>de</strong>s aspects qui nous semblaient importantsdans <strong>le</strong> développement et l’évolution <strong>de</strong>s OMP. Notre choix reflète éga<strong>le</strong>ment notre volonté d’ouverturedisciplinaire, épistémologique et géographique. Ainsi, une juriste (Josiane Tercinet) a traité du rô<strong>le</strong>ambiguë <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s puissances dans la mise sur pied et <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s OMP ; Sandrine Lefranc aadopté une <strong>le</strong>cture micro-sociologique pour analyser <strong>le</strong>s modalités récentes <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> la paix ;Julien Toureil<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’Université du Québec à Montréal a présenté une analyse stratégique du concept <strong>de</strong>consolidation <strong>de</strong> la paix. Corrado Scognamillo et Thierry Tardy ont quant à eux respectivement présenté<strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du PNUD dans la consolidation <strong>de</strong> la paix et <strong>le</strong> lien entre ONU et Union européenne dans <strong>le</strong>s OMP.Cette diversité méthodologique et épistémologique permet peut-être d’expliquer <strong>le</strong> « succès » <strong>de</strong>l’atelier puisque malgré son heure matina<strong>le</strong> (8h00 à 10h00), la sal<strong>le</strong> comptait une bonne douzained’auditeurs. Les présentations ont été suivies d’une discussion entre présentateurs et auditeurs. Cettediscussion a permis <strong>de</strong> clarifier certaines ambiguïtés et <strong>de</strong> sou<strong>le</strong>ver d’autres questions qui pourront servir àapprofondir <strong>le</strong>s agendas <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>s présentateurs. De plus, cet atelier a éga<strong>le</strong>ment permis auxpersonnes présentes (présentateurs et auditeurs) <strong>de</strong> se connaître et d’échanger <strong>le</strong>urs « cartes <strong>de</strong> visites ».C’est peut-être un <strong>de</strong>s éléments <strong>le</strong>s plus importants qui ressort <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong> cet atelier. En effet,l’atelier a non seu<strong>le</strong>ment permis aux présentateurs <strong>de</strong> faire connaître <strong>le</strong>urs travaux mais éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> <strong>le</strong>smettre en contact avec d’autres chercheurs intéressés par <strong>de</strong>s sujets connexes.Malgré la satisfaction généra<strong>le</strong> <strong>de</strong>s responsab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’atelier, certains éléments moins positifs doivent êtresoulignés. En premier lieu, la qualité <strong>de</strong> notre organisation a rapi<strong>de</strong>ment démontré ses limites. En voulantretenir plusieurs (trop ?) papiers intéressants (cinq), nous avons empiété sur <strong>le</strong> temps impartit à ladiscussion fina<strong>le</strong>, et ce malgré la rigueur du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’atelier. A retenir pour l’organisation d’autresateliers. Le <strong>de</strong>uxième point concerne l’absence <strong>de</strong> certaines communications écrites. Leprési<strong>de</strong>nt/discutant aurait apprécié en avoir une copie avant l’atelier. Il en manquait <strong>de</strong>ux. Cela n’a pasété dramatique mais il faudrait essayer d’éviter cette situation à l’avenir. Cela est d’autant plusnécessaire si <strong>le</strong> but est <strong>de</strong> transformer <strong>le</strong>s communications en livres ou en numéro spécial <strong>de</strong> revue.Pour conclure, force est <strong>de</strong> constater que pour <strong>le</strong>s organisateurs <strong>de</strong> l’atelier la mission a été accomplie.Les communications ont été présentées et commentées par <strong>le</strong>s nombreux auditeurs présents, <strong>le</strong>spersonnes en présence ont pu gar<strong>de</strong>r contact si el<strong>le</strong>s <strong>le</strong> désiraient et <strong>de</strong>s idées intéressantes ont étééchangées sur <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s OMP. Le Congrès a donc été un moment fort stimulant qui laisse unagréab<strong>le</strong> souvenir à ses participants.Ronald HattoThierry TardyBilan <strong>de</strong> l'atelier 29L’amitié dans <strong>le</strong>s relations internationa<strong>le</strong>s / Friendship in international relationsEn acceptant <strong>le</strong> projet <strong>de</strong> l’atelier 29, <strong>le</strong> conseil <strong>de</strong> l’AFSP avait donné son feu vert à la tenue d’un atelierbilingue, largement ouvert à <strong>de</strong>s chercheurs étrangers, ce qui est plus souvent une pratique <strong>de</strong> tab<strong>le</strong>ron<strong>de</strong>.En cela, <strong>le</strong> conseil manifestait son intérêt tant pour <strong>le</strong> thème proposé que pour cette initiativefranco-écossaise d’un atelier un peu expérimental dans sa forme, vu la courte durée <strong>de</strong>s ateliers. Afin <strong>de</strong>


donner au conseil <strong>de</strong>s éléments d’appréciation sur l’opportunité <strong>de</strong> reconduire ce type d’expérience,nous dresserons un <strong>bilan</strong> moral <strong>de</strong> l’opération, avant d’en venir au <strong>bilan</strong> <strong>scientifique</strong> proprement dit.1. BILAN MORAL DE L’ATELIER 29L’atelier a réuni environ trente personnes <strong>le</strong> jeudi <strong>de</strong> 11 H à 13 H : <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux organisateurs, cinqcontributeurs, <strong>de</strong> nombreux doctorants, et nos collègues Dario Battistella, Yves Schemeil et Wolf-DieterEber<strong>le</strong>in.1.1. Forme <strong>de</strong> l’atelierL’appel à communications lancé en début d’année 2007 avait été diffusé sur <strong>le</strong>s listes <strong>de</strong> diffusionnationa<strong>le</strong>s, mais aussi sur la liste <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> l’ISA. Par ail<strong>le</strong>urs, un certain nombre <strong>de</strong> collègues ayantparticipé en 2005 au workshop ‘Frienship and politics’ <strong>de</strong>s Joint sessions <strong>de</strong> l’ECPR à Grena<strong>de</strong> a faitl’objet <strong>de</strong> sollicitations personnel<strong>le</strong>s.Nous avons donc reçu une quinzaine <strong>de</strong> propositions à la suite <strong>de</strong> cet appel, émanant <strong>de</strong> chercheurs <strong>de</strong>différentes nationalités (Etats-Unis, Canada, Russie, Nouvel<strong>le</strong>-Zélan<strong>de</strong>, Corée, Royaume-Uni, Pays-Bas,République tchèque, et France).Dix papiers ont initia<strong>le</strong>ment été sé<strong>le</strong>ctionnés pour un atelier sous forme <strong>de</strong> papiers tablés :1. Van <strong>de</strong>r Zweer<strong>de</strong> Evert (Université <strong>de</strong> Niejmegen) : International Relations and Transnational Friendship: some paradoxes and ref<strong>le</strong>ctions2. Smith Graham (Université <strong>de</strong> Lancaster) : Friendship and the State3. Berenskoetter Felix (London School of Economics) : Friendship among Nations? Steps Towards anIntimate Reframing of Inter-national Politics4. Roschin Yevgeny (Université européenne <strong>de</strong> Saint-Petersbourg) : Friendship as a Constitutive E<strong>le</strong>mentof International Or<strong>de</strong>r5. Schwarzenbach Sibyl (Université <strong>de</strong> New York) : A Global Princip<strong>le</strong> of Fraternity?6. Constantin Cornelia (Université Paris I Panthéon Sorbonne) : Des « grands amis » : représentations etpolitiques <strong>de</strong> coopération <strong>de</strong>s réseaux perpétuant la mémoire <strong>de</strong>s « pères <strong>de</strong> l’Europe »7. Deschênes Dany, Patsias Caroline (Université <strong>de</strong> Sherbrooke) : L’insociab<strong>le</strong> sociabilité : <strong>le</strong>s relationscanado-étatsuniennes <strong>de</strong> Diefenbaker à Harper (1957-2006)8. Viltard Yves (Université Paris I Panthéon Sorbonne) : Quand <strong>le</strong>s amitiés étrangères désignent l’ennemiintérieur ou Du danger d’avoir <strong>de</strong>s amis étrangers9. Devere Heather, Mark Simon, Verbitsky Jane (Université d’Auckland) The language of Friendship ininternational treaties10. Anand Dibyesh (Université <strong>de</strong> Bath) : ‘Hindi Chini Bhai Bhai’: Sino-Indian Relations and the InternationalPolitics of FriendshipSur ces dix papiers sé<strong>le</strong>ctionnés, seuls 7 ont fait l’objet d’une communication origina<strong>le</strong>, trois contributeursayant dû déclarer forfait pour <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> bouclage <strong>de</strong> thèse (Berenskoetter et Anand) ou <strong>de</strong>surcharge <strong>de</strong> travail à la rentrée (Van <strong>de</strong>r Zwer<strong>de</strong>). Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s sept contributeurs ont dûannu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>ur voyage, l’une pour <strong>de</strong>s raisons médica<strong>le</strong>s d’urgence (Schwarzenbach), l’autre pour <strong>de</strong>sraisons financières (Roschin). Malgré nos efforts pour trouver <strong>de</strong>s financements pour la venue <strong>de</strong> YevgenyRoschin, il n’a pas été possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> prendre en charge ce voyage <strong>de</strong> Saint-Petersbourg à Toulouse. Lepremier constat est donc celui <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> financement <strong>de</strong>s doctorants russes, fussent-ils aussiexcel<strong>le</strong>nts que notre collègue, auteur <strong>de</strong> papiers <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> qualité sur ce sujet, et déjà reconnucomme un auteur majeur, avant même la soutenance <strong>de</strong> sa thèse. Notons aussi, plus logiquement, que


certains co-contributeurs établis dans <strong>de</strong>s pays lointains (Canada, Nouvel<strong>le</strong>-Zélan<strong>de</strong>) ont laissé <strong>le</strong> soin àun collègue <strong>de</strong> présenter seul <strong>le</strong>ur papier.Le constat général qui ressort, et qui était évi<strong>de</strong>mment prévisib<strong>le</strong>, est celui du coût d’opportunité pour <strong>le</strong>sjeunes chercheurs étrangers <strong>de</strong> la participation physique à un atelier <strong>de</strong> l’AFSP. C’est aussi la raison pourlaquel<strong>le</strong> la formu<strong>le</strong> <strong>de</strong> la mise en ligne <strong>de</strong>s papiers et d’une large place donnée à la discussion <strong>de</strong>papiers tablés est nécessaire.Ce type d’atelier nous semb<strong>le</strong> en revanche parfaitement répondre à <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> structuration <strong>de</strong>réseaux <strong>de</strong> recherche sur <strong>de</strong>s objets originaux ou émergents, dans la mesure où ils représentent uneréel<strong>le</strong> opportunité pour <strong>le</strong>s étrangers.De ce point <strong>de</strong> vue, l’atelier a été l’occasion <strong>de</strong> créer un réseau <strong>de</strong> recherche sur ces questions, avec<strong>de</strong>s perspectives <strong>de</strong> rebond, tant au sein <strong>de</strong> l’ISA que <strong>de</strong> l’ECPR (création possib<strong>le</strong> d’un standing group),et <strong>de</strong> publications col<strong>le</strong>ctives (voir infra <strong>le</strong> <strong>bilan</strong> <strong>scientifique</strong>).1.2. Enjeux <strong>de</strong> l’expérience pour l’AFSPIl nous semb<strong>le</strong> que ces éléments d’appréciation doivent inciter <strong>le</strong> conseil à évaluer d’éventuels futursprojets <strong>de</strong> ce type selon <strong>le</strong>s critères suivants :Coûts d’opportunité pour <strong>le</strong>s chercheurs étrangers et risques <strong>de</strong> défection : l’atelier viab<strong>le</strong> estcelui qui permet un fonctionnement variab<strong>le</strong>. La formu<strong>le</strong> <strong>de</strong> dix papiers tablés garantit la mise enligne d’au moins six ou sept textes, et la participation physique d’au moins cinq ou sixcontributeurs. Cela suppose donc beaucoup <strong>de</strong> sérieux en amont, avec <strong>de</strong>s contraintesdraconiennes <strong>de</strong> délai pour la remise <strong>de</strong>s papiers, et <strong>de</strong>s normes éditoria<strong>le</strong>s prédéfinies, voireaussi <strong>de</strong>s contrats ou <strong>de</strong>s projets d’édition crédib<strong>le</strong>, qui garantissent au chercheur la perspectived’une publication rapi<strong>de</strong>.Coûts <strong>de</strong> transaction et d’administration pour l’organisateur <strong>de</strong> l’atelier : <strong>le</strong>s échangesé<strong>le</strong>ctroniques pour l’organisation <strong>de</strong> ce type d’atelier sont plus nombreux, plus coûteux en temps(écriture <strong>de</strong>s mails en anglais, précisions pratiques multip<strong>le</strong>s), <strong>le</strong>s démarches informel<strong>le</strong>s plusnombreuses : coups <strong>de</strong> téléphone pour ai<strong>de</strong>r certains participants à remplir <strong>le</strong>ur formulaired’inscription, etc. Ajoutons à cela que <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s <strong>de</strong> civilité et d’hospitalité conduisentl’organisateur français à inviter ses collègues, en l’absence d’accueil officiel par l’AFSP. Il estmalheureusement peu probab<strong>le</strong> qu’un organisateur en cours <strong>de</strong> thèse ou en fin <strong>de</strong> thèse puisseassumer financièrement ce type d’invitation.Coûts d’administration pour l’AFSP. La systématisation <strong>de</strong> ce type d’atelier engendrerait pourl’AFSP <strong>de</strong>s coûts d’administration importants : traduction <strong>de</strong>s formulaires d’inscription pour limiterla répétition <strong>de</strong>s échanges informels, problèmes <strong>de</strong> paiement et transactions bancaireséventuels, prise en charge <strong>de</strong> l’accueil <strong>de</strong>s chercheurs étrangers sous la forme d’uneparticipation au dîner <strong>de</strong>s tab<strong>le</strong>s-ron<strong>de</strong>s ou autre, surcroît d’échanges é<strong>le</strong>ctroniques outéléphoniques avec <strong>le</strong>s organisateurs.Tous ces coûts méritent d’être pris en compte pour évaluer l’opportunité <strong>de</strong> systématiserl’expérience au nom <strong>de</strong> l’ouverture internationa<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’association.2.1. Débats2. BILAN SCIENTIFIQUE DE L’ATELIER 29 12L’atelier s’est déroulé en <strong>de</strong>ux sets, l’un plus théorique, l’autre plus empirique.Dans un premier temps, trois papiers théoriques ont été discutés : ceux <strong>de</strong> Graham Smith, SibylSchwarzenbach et Yves Viltard. La principa<strong>le</strong> question ressortant <strong>de</strong>s débats a été cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s12Ne pas citer ou reprendre <strong>le</strong>s analyses <strong>de</strong> ce <strong>bilan</strong> sans autorisation <strong>de</strong>s auteurs. Merci.


changements <strong>de</strong> paradigme auxquels donnait lieu l’interrogation sur l’amitié dans la théorie <strong>de</strong>s relationsinternationa<strong>le</strong>s.Graham Smith a plaidé pour <strong>le</strong> dépassement <strong>de</strong>s approches hobbésiennes et la reformulation <strong>de</strong>sthéories prémo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> l’amitié. Réfléchir à cette question requiert selon lui <strong>de</strong> reconsidérer l’analyse<strong>de</strong>s relations internationa<strong>le</strong>s <strong>de</strong> manière à prendre en compte <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xion qu transcen<strong>de</strong>ntnos visions stato-centrées. En particulier, la notion d’amitié peut nous permettre <strong>de</strong> comprendre <strong>le</strong>saffinités qui sont nécessaires à la constitution <strong>de</strong>s groupements politiques, <strong>le</strong>s logiques <strong>de</strong> reconnaissanceet <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs partagées. Ceci permet d’al<strong>le</strong>r au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s paradigmes mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> l’individualisme et<strong>de</strong> la souveraineté, et d’explorer <strong>le</strong>s dimensions occultées par <strong>le</strong>s discours dominants qui s’y rattachent. Iln’y a selon Graham Smith aucune raison d’accepter a priori la conception mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> l’amitié commeune relation basée sur l’affection privée et personnel<strong>le</strong>. Au contraire, il développe une acception duterme qui ouvre à une nouvel<strong>le</strong> compréhension <strong>de</strong> la polity et <strong>de</strong>s communautés <strong>de</strong> va<strong>le</strong>urs sur<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s se configurent <strong>de</strong>s ordres. De cette façon, il ne s’agit pas pour lui <strong>de</strong> chercher artificiel<strong>le</strong>ment àentretenir un héritage <strong>de</strong>s pré-mo<strong>de</strong>rnes, encore moins à usurper l’amitié comme une adjonction <strong>de</strong>souveraineté (Schmitt), mais <strong>de</strong> chercher la pertinence d’une notion qui permette <strong>de</strong> penser <strong>de</strong>srelations à la fois entre <strong>le</strong>s Etats, mais aussi au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s Etats.Sibyl Schwarzenbach proposait dans son papier <strong>de</strong> repenser <strong>le</strong> système international en termes d’amitiécivique. Selon el<strong>le</strong>, l’image <strong>de</strong> l’équilibre <strong>de</strong> la puissance se craquè<strong>le</strong> aujourd’hui <strong>de</strong>puis la résurgence<strong>de</strong>s thèses néo-kantiennes et du discours concommittant sur la justice globa<strong>le</strong>. Son papier s’attachaitplus spécifiquement aux débats entourant <strong>le</strong>s propositions d’un principe <strong>de</strong> différence global(propositions <strong>de</strong> Beitz et Pogge, rejetées par Rawls). Ces nouveaux discours continuent <strong>de</strong> rejeter <strong>le</strong>langage <strong>de</strong> l’amitié dans <strong>le</strong>s affaires internationa<strong>le</strong>s. Ils ne s’attachent pas plus à considérer <strong>le</strong>s formesalternatives <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s femmes (s’occuper <strong>de</strong>s enfants, <strong>de</strong>s pauvres, <strong>de</strong>s personnes âgées, etc.) quel’on peut rattacher à l’idée d’amitié civique. C’est comme si toutes ces activités féminines mondialiséesn’avaient aucun droit <strong>de</strong> cité dans la théorie. Ainsi, malgré <strong>le</strong>s préventions <strong>de</strong>s théoriciens actuels <strong>de</strong> lajustice globa<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> faisait droit à l’argument selon <strong>le</strong>quel l’amitié joue un rô<strong>le</strong> estimab<strong>le</strong> dans la réalitéinternationa<strong>le</strong>. D’abord, l’amitié joue <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> indispensab<strong>le</strong> <strong>de</strong> norme directrice pour la théorie, pour laconception et la pratique <strong>de</strong> l’Etat, adaptée aux changements actuels. Ensuite, cette norme ne peutplus être qualifiée d’utopique aussitôt que l’on considère <strong>le</strong> potentiel <strong>de</strong> transformation socia<strong>le</strong> <strong>de</strong>sactivités féminines pour évaluer la puissance <strong>de</strong> l’Etat.Enfin, Yves Viltard, en s’interrogeant sur la portée même <strong>de</strong> la notion d’amitié pour l’analyse <strong>de</strong>s relationsinternationa<strong>le</strong>s, a livré une stimulante analyse critique <strong>de</strong>s thèses <strong>de</strong> Schmitt, Wolfers ou Wendt, etproposé d’historiciser <strong>le</strong>s changements <strong>de</strong> paradigme à travers une réf<strong>le</strong>xion sur l’évolution du statut <strong>de</strong>la notion d’amitié dans la théorie <strong>de</strong>s relations internationa<strong>le</strong>s. Le débat avec la sal<strong>le</strong> a été l’occasiond’insister sur l’originalité <strong>de</strong> ces approches au regard <strong>de</strong>s multip<strong>le</strong>s débats moins féconds qui sedéveloppent <strong>de</strong>puis quelques années sur <strong>le</strong>s travaux <strong>de</strong> Carl Schmitt ou Jacques Derrida. Il a ensuiteporté sur la discussion <strong>de</strong>s thèses <strong>de</strong> Wendt, <strong>le</strong>ur filiation avec la pensée <strong>de</strong> Karl Deutsch, et <strong>le</strong>sproblèmes posés par ce type d’analyse. El<strong>le</strong> a aussi conduit à s’interroger sur l’universalité <strong>de</strong> la notion, et<strong>le</strong>s différentes appréhensions culturel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’amitié dans l’activité diplomatique.Le <strong>de</strong>uxième set était ensuite consacré à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s plus empiriques. Les premières portaient sur <strong>le</strong>straités d’amitié, <strong>le</strong>s autres sur la place <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> coopération bilatéra<strong>le</strong> et <strong>de</strong>s entreprisesmémoriel<strong>le</strong>s dans l’institutionnalisation <strong>de</strong> l’amitié.Le papier <strong>de</strong> Yevgeny Roschin analysait un corpus <strong>de</strong> traités d’amitié anglais et soviétiques.Contrairement à l’idée que l’amitié pourrait être un type idéal <strong>de</strong> relation à l’intérieur d’unecommunauté <strong>de</strong> sécurité libéra<strong>le</strong>, il s’agissait selon lui <strong>de</strong> monter que l’amitié joue principa<strong>le</strong>ment un rô<strong>le</strong>instrumental dans <strong>le</strong>s relations existantes. Premièrement, la référence à l’amitié apparaît en situation <strong>de</strong>crise ou <strong>de</strong> transformation d’un ordre. Les parties utilisent l’amitié pour établir ou rétablir <strong>de</strong>s relations.Deuxièmement, <strong>le</strong>s traités d’amitié jouent un rô<strong>le</strong> crucial dans la constitution internationa<strong>le</strong> <strong>de</strong> lasouveraineté. Non seu<strong>le</strong>ment ces traités contiennent d’importantes clauses généra<strong>le</strong>s <strong>de</strong>reconnaissance <strong>de</strong> souveraineté, mais ils assurent aussi la mise en œuvre efficace <strong>de</strong> fonctions qui ensont constitutives (établissement <strong>de</strong>s frontières, contrô<strong>le</strong> du territoire et <strong>de</strong>s ressources, etc.).Troisièmement, l’amitié a une nature largement contractuel<strong>le</strong>. Quatrièmement, l’amitié sert à maintenirla sécurité <strong>de</strong> l’Etat. En fait, l’amitié con<strong>de</strong>nse <strong>le</strong>s différentes propriétés qui permettent <strong>de</strong> fixer <strong>le</strong>sstratégies <strong>de</strong>s parties et d’assurer <strong>le</strong>ur sécurité mutuel<strong>le</strong>. Le papier <strong>de</strong> Heather Devere, Simon Mark etJane Verbitsky explorait quant à lui une variété <strong>de</strong> traités entre différentes nations, comme, par exemp<strong>le</strong>,<strong>le</strong> Traité anglo-japonais <strong>de</strong> 1954, <strong>le</strong> traité d’amitié entre <strong>le</strong>s Etats-Unis d’Amérique et la République <strong>de</strong>


Kiribati <strong>de</strong> 1979, <strong>le</strong> traité <strong>de</strong> bon voisinage entre la Russie et <strong>le</strong> Chine <strong>de</strong> 2001. Il discutait l’usage <strong>de</strong>sconcepts et la terminologie liée à l’amitié, ainsi que <strong>le</strong> langage employé dans <strong>le</strong>s traités d’amitié parcomparaison avec celui <strong>de</strong>s traités <strong>de</strong> paix, afin d’examiner <strong>le</strong>s similarités et <strong>le</strong>s différences.Le papier <strong>de</strong> Dany Dechenes et Caroline Patsisas étudiait la fluctuation <strong>de</strong>s relations entre <strong>le</strong> Canada et<strong>le</strong>s Etats-Unis. Depuis la fin <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondia<strong>le</strong>, plusieurs <strong>de</strong>s dirigeants politiques <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxpays ont eu <strong>de</strong>s relations personnel<strong>le</strong>s diffici<strong>le</strong>s et <strong>de</strong>s différends sur certains enjeux – tout récemmentJean-Chrétien et Georges W. Bush, en raison du refus canadien <strong>de</strong> soutenir la politique américaine enIrak, ou encore, plus loin <strong>de</strong> nous, John F. Kennedy et John Diefenbaker à propos du déploiementd’armes nucléaires sur <strong>le</strong> territoire canadien. A contrario, à certaines occasions, comme lors <strong>de</strong> la 1 èreguerre du golfe en 1991, <strong>le</strong>s relations entre <strong>le</strong>s dirigeants politiques <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays ont été plus quecha<strong>le</strong>ureuses. Le papier cherchait d’abord à élargir à la pério<strong>de</strong> contemporaine la théorie <strong>de</strong> la «paixdémocratique» développée dans certaines étu<strong>de</strong>s antérieures, à savoir <strong>de</strong> la mise en place du NORAD(1958) jusqu’à la question irakienne (2003). Cet élargissement empirique renforcera la validité <strong>de</strong>l’hypothèse <strong>de</strong> la «paix démocratique» dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong>s relations Canado-américaines. Ensuite, <strong>le</strong> papierexplorait <strong>le</strong>s mécanismes institutionnels <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong>s différends comme source <strong>de</strong> stabilité du statutd’ami par <strong>de</strong>là <strong>le</strong>s controverses ou débats publics.Enfin, <strong>le</strong> papier <strong>de</strong> Cornelia Constantin étudiait <strong>le</strong>s entreprises politiques créées pour perpétuer lamémoire <strong>de</strong>s personnalités appelées « pères <strong>de</strong> l’Europe », dont certains sont créés comme associationsd’amis: l’<strong>Association</strong> Jean Monnet, la Fondation Jean Monnet pour l’Europe qui gère <strong>le</strong>s archives <strong>de</strong>Monnet à Lausanne, l’<strong>Association</strong> <strong>de</strong>s Amis Robert Schuman <strong>de</strong> Scy-Chazel<strong>le</strong>s, ses filia<strong>le</strong>s étrangères et laconstellation <strong>de</strong>s structures associatives qui gravitent autour <strong>de</strong> Scy-Chazel<strong>le</strong>s, la Fondation Paul-HenriSpaak en Belgique et la Fondation Guy Mol<strong>le</strong>t. El<strong>le</strong> montrait que la catégorie <strong>de</strong> l’ « amitié » joue un rô<strong>le</strong>majeur dans la genèse et <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> ces groupes, dans <strong>le</strong> recrutement <strong>de</strong>s élites faisantpartie <strong>de</strong>s organismes administrateurs : la sociographie <strong>de</strong> ces réseaux découvre <strong>de</strong>s passeurs, <strong>de</strong>sFrançais vivant à l’étranger, qui sont recrutés souvent à partir <strong>de</strong>s liens d’ « amitié » qu’ils auraiententretenus avec tel ou tel « père <strong>de</strong> l’Europe ». Ces réseaux mettent ainsi en œuvre ainsi une « diplomatiedu souvenir » alternative à l’action <strong>de</strong>s Etats nations et <strong>de</strong>s institutions européennes, sur un terrain délaissépar ces <strong>de</strong>rniers, selon <strong>de</strong>s politiques conçues à partir <strong>de</strong>s représentations autour <strong>de</strong> l’ « amitié » entre <strong>le</strong>shommes politiques vénérés é<strong>le</strong>vée au rang d’ « amitié » entre <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s.La synthèse fina<strong>le</strong> <strong>de</strong>s organisateurs portait sur <strong>de</strong>ux points essentiels relatifs à la démarche <strong>de</strong> recherchecol<strong>le</strong>ctive qui s’engage. Andrea Oelsner insistait sur la nécessité <strong>de</strong> dépasser l’ironie que soulèvegénéra<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> thème pour reposer théoriquement et empiriquement la question <strong>de</strong> l’amitié dans <strong>le</strong>srelations internationa<strong>le</strong>s sous une autre forme que <strong>le</strong> décisionnisme schmittien, <strong>le</strong> postmo<strong>de</strong>rnisme<strong>de</strong>rridien ou <strong>le</strong>s thèses relatives aux communautés <strong>de</strong> sécurité et à la paix démocratique. El<strong>le</strong> insistait toutparticulièrement sur la dimension bilatéra<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’institutionnalisation <strong>de</strong> l’amitié.Enfin, Antoine Vion soulignait l’originalité <strong>de</strong> l’entreprise <strong>de</strong> l’atelier rassemblant philosophes etsociologues, dans un milieu où il n’est pas rare qu’ils s’ignorent. La richesse <strong>de</strong>s débats provenait selon luidu fait que l’atelier avait permis <strong>de</strong> mener ce que Livet et Ogien nomment « l’enquête ontologique »,préalab<strong>le</strong> à toute entreprise <strong>de</strong> construction d’objet sociologique. Par enquête ontologique, <strong>le</strong>s auteursenten<strong>de</strong>nt une interrogation portant sur <strong>le</strong>s conditions auxquel<strong>le</strong>s peut exister ce dont nous parlons. Enproposant un schéma <strong>de</strong> <strong>le</strong>cture <strong>de</strong>s démarches <strong>de</strong> recherche engagées, Antoine Vion soulignait la trèsgran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’approche <strong>de</strong> l’amitié dans l’analyse <strong>de</strong>s relations internationa<strong>le</strong>s. Lesquestions posées étaient <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ordres : comment peut-on ontologiquement passer d’une acceptionmo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> l’amitié comme relation interpersonnel<strong>le</strong> à une interrogation sur l’amitié entre groupementspolitiques comme élément constitutif <strong>de</strong> la polity, qu’el<strong>le</strong> soit bilatéra<strong>le</strong> ou globa<strong>le</strong> ? En quoi <strong>le</strong>sdifférentes définitions <strong>de</strong> l’amitié qui émergent dans <strong>le</strong> débat constituent-el<strong>le</strong>s un analyseur original dupassage d’un ordre westphalien à une société mondia<strong>le</strong> fondée ou non sur <strong>de</strong>s normes universel<strong>le</strong>s ?En réponse au premier problème, il apparaît que l’ironie que suscite <strong>le</strong> thème tient sans doute auscepticisme qu’éveil<strong>le</strong> l’idée <strong>de</strong> sincérité dans <strong>le</strong>s relations interpersonnel<strong>le</strong>s entre responsab<strong>le</strong>s politiques,comme <strong>le</strong> soulignait Yves Viltard. Néanmoins, il faut au moins prendre analytiquement la qualificationd’une relation comme amica<strong>le</strong> en tant qu’acte <strong>de</strong> langage (speech act). Si l’idée d’amitié entre <strong>le</strong>speup<strong>le</strong>s est souvent critiquée par <strong>le</strong>s analystes comme dénuée <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment empirique, c’est bien sansdoute parce qu’il, est diffici<strong>le</strong> d’établir empiriquement <strong>le</strong> passage <strong>de</strong> relations interpersonnel<strong>le</strong>s d’amitiéà <strong>de</strong>s relations plus larges englobant <strong>de</strong>s sociétés tout entières, un peu comme Karl Deutsch tentait <strong>de</strong> <strong>le</strong>faire il y a cinquante ans. Les étu<strong>de</strong>s empiriques <strong>de</strong>s mouvements d’amitié, encore peu nombreuses à cejour, font au contraire apparaître un paradoxe déjà noté par Tocquevil<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s promoteurs <strong>de</strong> va<strong>le</strong>urs


é<strong>le</strong>vées, voire universel<strong>le</strong>s, sont souvent regroupés, comme <strong>le</strong> montrait encore <strong>le</strong> papier <strong>de</strong> CorneliaConstantin, dans <strong>de</strong>s communautés fermées vers l’extérieur, pour par<strong>le</strong>r comme Max Weber. Il apparaîtdonc un peu vain <strong>de</strong> chercher empiriquement une sorte d’élargissement tardien <strong>de</strong>s cerc<strong>le</strong>s d’amitiéconduisant au plan macro à <strong>de</strong>s raisonnements en moyenne sur l’amitié entre <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s, commepouvait chercher à <strong>le</strong> faire Ronald Ing<strong>le</strong>hart à partir <strong>de</strong>s Eurobaromètres. C’est plutôt sous la forme d’unfait institutionnel au sens <strong>de</strong> Sear<strong>le</strong> qu’il faut chercher l’amitié entre <strong>de</strong>s groupements politiques. Ce quemontrent <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s traités d’amitié proposées par Devere, Mark, Verbitsky, et Roschin, c’est que lamise en forme <strong>de</strong> l’amitié a pour objet <strong>de</strong> reconnaître <strong>de</strong> nouveaux Etats, <strong>de</strong> garantir un rapport <strong>de</strong> nonagression, <strong>de</strong> garantir <strong>le</strong>s frontières et cadrer <strong>le</strong>s relations frontalières, ou encore <strong>de</strong> promouvoir <strong>le</strong>séchanges commerciaux ou autres. Ce travail <strong>de</strong> formalisation repose généra<strong>le</strong>ment sur l’expressiond’idéaux communs é<strong>le</strong>vés, et <strong>de</strong> promesses quant aux moyens mis en œuvre pour <strong>le</strong>s poursuivre.Ontologiquement, l’amitié dans <strong>le</strong>s relations internationa<strong>le</strong>s pourrait donc être analysée comme un faitinstitutionnel issu <strong>de</strong> promesses mutuel<strong>le</strong>s, c’est à dire, au sens où l’entend Livet, comme un trajet virtuelallant <strong>de</strong> ce qui doit être dans <strong>le</strong> futur à ce que l’on s’engage à faire pour y parvenir. C’est ici que laphilosophie <strong>de</strong> Schmitt apparaît si pauvre : dans <strong>le</strong> décissionnisme schmittien, l’amitié comme l’inimitéressort d’une stipulation au temps t. S’intéresser donc, à l’amitié comme un processus d’engagementmutuel et non comme un état <strong>de</strong>s relations stipulé permet <strong>de</strong> résoudre ontologiquement <strong>le</strong> passage àune conception plus politique <strong>de</strong> l’amitié sans détour par la menace. Ce type <strong>de</strong> fait institutionnelressort-il simp<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> l’existence d’une culture politique kantienne comme <strong>le</strong> prétend Wendt ? Lespapiers relatifs aux conceptions indiennes et chinoises ou aux traités d’amitié dans l’océan pacifique,montrent à l’évi<strong>de</strong>nce que non. Yevgeny Roschin est lui-même assez radical quand il prétend que <strong>le</strong>straités d’amitié ont été <strong>le</strong> moyen par <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s Gran<strong>de</strong>s puissances ont assuré l’extension <strong>de</strong> l’ordrewestphalien.Un autre versant <strong>de</strong> cette réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> passage <strong>de</strong>s relations interpersonnel<strong>le</strong>s aux relations d’amitiépolitiques est proposé par Graham Smith et Sibyl Schwarzenbach : l’émergence <strong>de</strong> formes d’amitiécivique à l’échel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong>. Cette idée rejoint <strong>le</strong>s préoccupations d’auteurs aussi différents que Kant etDerrida. Alors que Smith cherche à définir <strong>le</strong>s bases <strong>de</strong> ce type d’amitié d’un point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> philosophepolitique, Schwarzenbach pose la question apparemment plus empirique du rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s femmes et <strong>de</strong> <strong>le</strong>urcapacité à promouvoir l’attention, <strong>le</strong> soin, <strong>le</strong> souci <strong>de</strong> l’autre, etc. Ce qu’el<strong>le</strong> appel<strong>le</strong> l’émergence <strong>de</strong>formes d’amitié civique serait donc différent <strong>de</strong> la fraternisation par <strong>le</strong> serment ou <strong>de</strong> la coopération parla promesse. Il reste qu’il manque sans doute à son raisonnement une théorie <strong>de</strong> la référence du type <strong>de</strong>cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Goodman. En effet, nous pouvons dire que l’amitié civique est exemplifiée par <strong>le</strong> soin,l’attention, <strong>le</strong> souci <strong>de</strong> l’autre, et non que ces <strong>de</strong>rnières formes <strong>de</strong> relation dénotent l’amitié civique. Aufond, nous avons besoin d’exemplarité pour croire à ce type d’abstraction, qui ne peut exister par el<strong>le</strong>même.Ceci nous amène à faire la proposition exactement inverse <strong>de</strong> cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Wolfers : là où ce <strong>de</strong>rniercondidère que l’amity entre Etats peut ai<strong>de</strong>r à promouvoir la friendship au sens plus émotionnel, noussupposons au contraire que cette amity est exemplifiée par <strong>de</strong> multip<strong>le</strong>s mouvements <strong>de</strong> solidarité,qu’el<strong>le</strong> ne peut donc être instituée sans référence, sans production d’un sens commun.La <strong>de</strong>uxième question relative au passage <strong>de</strong> l’ordre westphalien à une société mondia<strong>le</strong> fondée sur <strong>de</strong>snormes globa<strong>le</strong>s rejoint la majeure partie <strong>de</strong>s travaux actuels d’analyse <strong>de</strong>s relations internationa<strong>le</strong>s. Cequi est intéressant, c’est que <strong>le</strong>s papiers proposés voisinent <strong>de</strong> façon origina<strong>le</strong> avec toute une série <strong>de</strong>travaux sur la diplomatie, la paix démocratique, la fin <strong>de</strong> la souveraineté ou autres, en en reformulantprécisément <strong>le</strong>s fon<strong>de</strong>ments ontologiques. Quoi que l’on pense au final <strong>de</strong> la portée empirique <strong>de</strong> lanotion d’amitié dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la politique internationa<strong>le</strong>, l’atelier a permis <strong>de</strong> clarifier <strong>le</strong>s débatsontologiques, par une collaboration origina<strong>le</strong> et fructueuse entre praticiens <strong>de</strong> la sociologie politique etpraticiens <strong>de</strong> la philosophie politique.2.2. Projets <strong>de</strong> publication <strong>de</strong> valorisation• Panel <strong>de</strong> l’ISA 2008 organisé par Yevgeny Roschin, Felix Brenskoetter et Graham Smith• Proposition <strong>de</strong> standing group à l’ECPR dirigé par Graham Smith et Antoine Vion• Publication d’un numéro spécial <strong>de</strong> la revue Etu<strong>de</strong>s internationa<strong>le</strong>s coordonné par DanyDeschenes et Antoine Vion ou <strong>de</strong> la Revue Française <strong>de</strong> Science Politique• Publication d’un Special issue dans International Politics coordonné par Andrea Oelsner etAntoine Vion ou publication <strong>de</strong> certains papiers dans International Political Sociology


• Publication <strong>de</strong> nouveaux papiers <strong>de</strong>s auteurs et <strong>de</strong>s papiers à venir <strong>de</strong> Dibyesh Anand, Evert Van<strong>de</strong>r Zwer<strong>de</strong> et Felix Berenskoetter dans l’ouvrage col<strong>le</strong>ctif Friendship in World Politics, à paraîtredans la col<strong>le</strong>ction CERI/Palgrave (2009) dirigé par Andrea Oelsner et Antoine Vion.Andrea OELSNERAntoine VIONBilan <strong>de</strong> l'atelier 30Sociologie du travail et <strong>de</strong>s membres du Par<strong>le</strong>ment européenPrésentation et introductionGuillaume Marrel : Le projet <strong>de</strong> cet atelier remonte à la rencontre <strong>de</strong> 3 projets <strong>de</strong> recherche :- tout d’abord, <strong>le</strong> croisement <strong>de</strong> mes travaux sur la longévité au Par<strong>le</strong>ment européen avec ceux <strong>de</strong>Willy Beauval<strong>le</strong>t au GSPE sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s trajectoires <strong>de</strong>s eurodéputés, en décembre 2004 lors ducolloque <strong>de</strong> Strasbourg sur <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions européennes,- puis à Istanbul, où Laurent Godmer (post-doctorants à l’Université Marmara) et moi (à l’UniversitéGalatasaray) avons en quelque sorte mutualisé nos <strong>de</strong>ux projets <strong>de</strong> recherche CNRS sur <strong>le</strong>s membresdu Par<strong>le</strong>ment européen et qui étaient tous <strong>de</strong>ux soutenus par <strong>le</strong> GSPENous avons alors décidé <strong>de</strong> monter une équipe <strong>de</strong> travail sur ces questions et envisagé <strong>de</strong>s rencontres.Proposé et structuré en 2006, l’atelier se déploie en réalité sur <strong>de</strong>ux lieux en 2007 :En mai à Québec (C4P) et en septembre, aujourd’hui à Toulouse.Willy Beauval<strong>le</strong>t : L’objet <strong>de</strong> la démarche est <strong>de</strong> requestionner <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment européen via <strong>le</strong>s outils d’unesociologie constructiviste, d’une sociologie <strong>de</strong> l’institutionnalisation.1. Comment l’institution s’invente dans <strong>le</strong>s usages que <strong>le</strong>s acteurs en font ? Quand on par<strong>le</strong> <strong>de</strong>s acteurs,il s’agit bien évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong>s élus, mais plus largement encore <strong>de</strong>s fonctionnaires, <strong>de</strong>s assistantspar<strong>le</strong>mentaires ou même d’un ensemb<strong>le</strong> d’intervenants extérieurs.2. Comment se <strong>de</strong>ssine dans ce cadre <strong>de</strong>s rô<strong>le</strong>s institutionnels qui enserrent <strong>le</strong>s acteurs au-<strong>de</strong>là d’unediversité constitutive, mais qui sont en même temps l’objet d’appropriations différenciées ?3. Comment s’organise, plus largement, une véritab<strong>le</strong> socialisation par<strong>le</strong>mentaire, entendue, moinscomme un processus linéaire <strong>de</strong> soutien progressif à la construction européenne (<strong>de</strong>venirprointegrationnist), que comme l’insertion dans un espace clivé <strong>de</strong> représentations communes, <strong>de</strong>savoir-faire spécifiques ?4. Comment s’impose progressivement une élite politique autonome – dans une certaine mesure – <strong>de</strong>sélites politiques nationa<strong>le</strong>s, c’est-à-dire d’un groupe d’acteurs dépositaires <strong>de</strong> ressources et d’intérêtspartiel<strong>le</strong>ment différenciés (du national).En définitive, c’est donc la question du pouvoir <strong>de</strong> sa recomposition sous l’effet <strong>de</strong>s processus européensqui se trouve ici posée.Laurent Godmer : présente <strong>le</strong>s contributions et <strong>le</strong>s contributeurs puis prési<strong>de</strong> la séance.Organisation <strong>de</strong>s échanges : 2h- 5 minutes <strong>de</strong> synthèse <strong>de</strong>s contributions pour <strong>le</strong>s 5 interventions- 15 minutes <strong>de</strong> discussion pour <strong>le</strong>s 3 rapporteurs- 30 minutes d’échangePartie I - Autonomie, capital institutionnel et autorité au Par<strong>le</strong>ment européen1. Pour une sociologie <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires européens : <strong>le</strong>s genèses d’un personnel politique spécifique -Jimmy Corvo (doctorant en <strong>science</strong> politique à l’université <strong>de</strong> Paris-X Nanterre)La contribution s’insère dans <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> ma thèse <strong>de</strong> doctorat qui traite <strong>de</strong>sconséquences <strong>de</strong> l’apparition d’un nouveau mandat, celui <strong>de</strong> député européen. Ce travail porte sur <strong>le</strong>


capital politique (Gaxie, Offerlé) <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires européens qui siégèrent durant <strong>de</strong>ux mandatscontinus au minimum. La question s’est posée <strong>de</strong> savoir quels étaient <strong>le</strong>s types <strong>de</strong> capitaux politiquesdont étaient détenteurs ces élus qui connurent la réé<strong>le</strong>ction tout en s’interrogeant sur l’influence <strong>de</strong>spositions <strong>de</strong> pouvoir (prési<strong>de</strong>nces et vice-prési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> délégations et commissions, postes au bureaudu Par<strong>le</strong>ment européen) occupées dans l’assemblée européenne sur <strong>le</strong>ur <strong>de</strong>stinée. Cette étu<strong>de</strong> reposesur une prosopographie <strong>de</strong>s députés européens ayant siégé <strong>de</strong>puis 1979, remplaçants inclus. Lesclassements furent opérés à partir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux critères principaux, la détention présente ou passée <strong>de</strong>mandats politiques et l’exercice <strong>de</strong> fonctions politiques au sein <strong>de</strong>s partis aux niveaux local et national.Le choix <strong>de</strong> ne prendre en considération que <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires réélus au moins une fois a pour mérite<strong>de</strong> distinguer <strong>le</strong>s individus dont la présence au Par<strong>le</strong>ment européen s’accompagne d’une volonté d’y<strong>de</strong>meurer <strong>de</strong> ceux qui, en dépit d’é<strong>le</strong>ctions à répétition, ne considèrent, en gran<strong>de</strong> majorité, ce mandatque comme une solution <strong>de</strong> repli après la perte d’un mandat national ou d’un poste ministériel.Trois catégories <strong>de</strong> trajectoires se distinguent par la constance <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur présence et <strong>le</strong>ur effectifrelativement é<strong>le</strong>vé. La première est cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s anciens élus qui, après une carrière marquée par laconquête <strong>de</strong> mandats plus ou moins prestigieux, achèvent <strong>le</strong>ur vie politique au Par<strong>le</strong>ment européen,ceci est attesté par un âge é<strong>le</strong>vé. La secon<strong>de</strong> catégorie est cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s élus locaux dont <strong>le</strong>s motifs <strong>de</strong>longévité au Par<strong>le</strong>ment européen pour ces individus sont <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ordres, si certains n’eurent commevolonté que <strong>de</strong> rejoindre <strong>le</strong>s bancs <strong>de</strong> l’Assemblée européennes, d’autres ne purent que se raisonner enévaluant défavorab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>urs chances <strong>de</strong> participer aux luttes pour la conquête <strong>de</strong> mandatsnationaux et durent se contenter <strong>de</strong> siéger au sein <strong>de</strong> l’instance européenne. Nous pourrons inclure dansce groupe, <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s ou « fonctionnaires » du parti que ce soit au niveau national ou local. Cesont ceux qui ont gravi tous <strong>le</strong>s échelons <strong>de</strong> la hiérarchie jusqu’à disposer d’une place prépondéranteau sein du siège du parti qui sont <strong>le</strong>s plus clairement récompensés pour <strong>le</strong>ur dévouement au parti.Dernier groupe, celui <strong>de</strong>s individus sans aucune expérience au sein d’un parti ou dans la vie politiqueque ce soit à l’échelon national ou local. Ils doivent <strong>le</strong> succès sur la scène européenne à une expérienceacquise dans la direction d’associations professionnel<strong>le</strong>s, notamment dans <strong>le</strong> secteur agrico<strong>le</strong> ou à unespécialisation acquise dans un secteur d’activité déterminé.Si <strong>de</strong>s trajectoires spécifiques conduisent au par<strong>le</strong>ment européen, l’existence d’une hiérarchie<strong>de</strong>s pouvoirs au sein du Par<strong>le</strong>ment rend éga<strong>le</strong>ment possib<strong>le</strong> <strong>le</strong> maintien d’hommes politiques au fil <strong>de</strong>sé<strong>le</strong>ctions. Même si ne pas en possé<strong>de</strong>r ne nuit pas nécessairement à la possibilité <strong>de</strong> faire une carrièreeuropéenne.2. Les modalités d'acquisition d'un capital institutionnel au Par<strong>le</strong>ment européen - Sébastien Michon(Docteur en sociologie <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> Strasbourg-III) et Willy Beauval<strong>le</strong>t (Doctorant en <strong>science</strong>politique IEP Strasbourg)Présentation par Sébastien Michon : Le Par<strong>le</strong>ment européen (PE) est souvent appréhendé comme unespace faib<strong>le</strong>ment structuré. Dans <strong>le</strong> papier, on souhaite au contraire montrer que <strong>le</strong> PE est une arènepolitique en partie autonome, régulée par <strong>de</strong>s logiques propres et <strong>de</strong>s intérêts spécifiques, en recourantà la notion <strong>de</strong> « capital » spécifique.Le PE nous apparaît comme un univers possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> socialisation, un espace où se forgent <strong>de</strong>sconnaissances, <strong>de</strong>s croyances, <strong>de</strong>s façons d’agir, progressivement <strong>de</strong>venues indispensab<strong>le</strong>s pour entrerdans <strong>le</strong> jeu institutionnel et y obtenir <strong>le</strong>s « trophées » disponib<strong>le</strong>s. Ce processus est bien évi<strong>de</strong>mment lié àl’institutionnalisation du PE.Notre hypothèse est donc que la distribution du pouvoir interne au PE ne dépend pas seu<strong>le</strong>ment<strong>de</strong> logiques nationa<strong>le</strong>s, mais aussi et surtout <strong>de</strong> la distribution d’un capital institutionnel spécifique au PE.Un capital institutionnel qui assure <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’assemblée par <strong>le</strong>s eurodéputés aux profils <strong>le</strong>s pluseuropéanisés.Deux entrées pour cela : l’une quantitative, l’autre plus qualitative.Première entrée : À l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> données quantitatives, nous avons étudié la distribution <strong>de</strong>spositions <strong>de</strong> <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rship (prési<strong>de</strong>nces, vice-prési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> commission, <strong>de</strong> groupe, membre du bureau) :bref, l’élite par<strong>le</strong>mentaire. D’une part, nous avons comparé <strong>le</strong>s propriétés sociopolitiques <strong>de</strong>s élus dudébut <strong>de</strong>s années 1980 avec cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s élus <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années 1990 – c’est-à-dire <strong>le</strong>s propriétéssociodémographiques, <strong>le</strong>s trajectoires politiques et professionnel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s indicateurs d’investissement dansl’assemblée. D’autre part, nous avons étudié ces propriétés auprès <strong>de</strong>s élus <strong>de</strong> la sixième législature,ceux présents au PE entre juin 2004 et décembre 2006. Cette approche rend compte <strong>de</strong> propriétésendogènes toujours plus décisives dans l’accès aux positions clés <strong>de</strong> l’assemblée. Pour citer quelqueschiffres, sur la sixième législature, <strong>le</strong>s députés aux positions <strong>de</strong> <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rship présentent en moyenne 2,5mandats contre 1,76 pour l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s députés. Pour la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> groupe, on a même unemoyenne <strong>de</strong> 3,9 mandats. L’étu<strong>de</strong> témoigne ainsi du processus d’européanisation <strong>de</strong> l’élite


par<strong>le</strong>mentaire et <strong>de</strong> la spécificité croissante <strong>de</strong>s logiques par<strong>le</strong>mentaires au détriment <strong>de</strong>s seu<strong>le</strong>slogiques nationa<strong>le</strong>s.Deuxième entrée plus qualitative : Plus d’une centaine d’entretiens avec <strong>de</strong>s députés et <strong>de</strong>scollaborateurs <strong>de</strong> députés renseignent davantage sur <strong>le</strong>s caractéristiques et la structure du capitalinstitutionnel. Les députés se font une place dans l’assemblée en acquérant une expérience et <strong>de</strong>ssavoir-faire spécifiques par la conversion <strong>de</strong> ressources (comme la capacité à la négociationinternationa<strong>le</strong>), mais aussi via un apprentissage sur <strong>le</strong> tas. Une analyse plus fine permet d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong>sdimensions individuel<strong>le</strong>s et col<strong>le</strong>ctives <strong>de</strong> ce capital, ainsi que <strong>le</strong>s oppositions entre d’un côté, <strong>le</strong> nationa<strong>le</strong>t l’européen, et d’un autre côté, <strong>le</strong> technique et <strong>le</strong> politique, comme <strong>de</strong>s éléments décisifs dans l’étu<strong>de</strong><strong>de</strong> ce capital et <strong>de</strong> l’espace institutionnel.3. Les « constituants » du Par<strong>le</strong>ment européen. Esquisse d’analyse ethnosociographique d’un grouped’autorité - Laurent Godmer (Maître <strong>de</strong> conférences Université <strong>de</strong> Marne-la-Vallé) et GuillaumeMarrel (Maître <strong>de</strong> conférences Université d’Avignon et <strong>de</strong>s Pays du Vaucluse)Guillaume Marrel : L’objet <strong>de</strong> notre recherche est la population <strong>de</strong>s MEP dominants <strong>de</strong> la commission<strong>de</strong>s affaires constitutionnel<strong>le</strong>s du Par<strong>le</strong>ment européen (AFCO). L’approche problématique concerned’une manière généra<strong>le</strong> l’institutionnalisation <strong>de</strong>s arènes politiques. Dans une tel<strong>le</strong> institution à lalégitimité et à la fonctionnalité fragi<strong>le</strong>s, l’institutionnalisation passe par la production d’une élite interne,et plus précisément par la construction <strong>de</strong> ressources d’autorité au moyen d’une accumulation <strong>de</strong>capitaux spécifiquement par<strong>le</strong>mentaires. Méthodologiquement, notre approche d’ethno-sociographietend à relayer <strong>le</strong>s travaux <strong>de</strong> sociographie classique attentifs aux ressources socioculturel<strong>le</strong>s et auxpropriétés professionnel<strong>le</strong>s externes. En se focalisant sur l’ordre <strong>de</strong>s pratiques par<strong>le</strong>mentaires, on tente eneffet <strong>de</strong> mettre en lumière la diversité et l’importance <strong>de</strong>s ressources internes dans la construction <strong>de</strong>scarrières. Il s’agit donc <strong>de</strong> mettre en œuvre un programme d’étu<strong>de</strong> ethnographique du travaild’accumulation interne <strong>de</strong> ressources <strong>de</strong> légitimité par<strong>le</strong>mentaires (compétences institutionnel<strong>le</strong>s,spécialisation, <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rship…).Laurent Godmer : L’hypothèse principa<strong>le</strong> <strong>de</strong> notre contribution s’articu<strong>le</strong> autour <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « grouped’autorité ». Le groupe d’autorité s’inscrit et se développe dans l’institution : l’AFCO apparaît ainsicomme un sous-espace <strong>de</strong>s possib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>quel on observe la construction d’un groupe d’autoritéspécifique qui cumu<strong>le</strong> <strong>de</strong>s ressources rares (et dont <strong>le</strong> cumul est éga<strong>le</strong>ment rare) et qui « fait groupe » en<strong>le</strong>s cumulant dans <strong>le</strong> cadre d’une structure d’opportunité particulière. C’est l’exemp<strong>le</strong> d’un usagedifférencié <strong>de</strong> l’institution, lié à <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> spécialisation interne. L’enquête est partie d’unesociographie classique <strong>de</strong>s membres actifs <strong>de</strong>s 5 ème et 6 ème législatures, pour ensuite réparer ensuite untravail <strong>de</strong> terrain (entretiens, observations) à Bruxel<strong>le</strong>s auprès <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’AFCO. Les premiersrésultats <strong>de</strong> cette recherche sont <strong>le</strong>s suivant : on observe que l’autorité tend à se routiniser entre <strong>le</strong>s« mains » d’un groupe très restreint <strong>de</strong> députés qui en quelque sorte « sur-accumu<strong>le</strong>nt » <strong>de</strong>s ressourcesexternes et internes ; que ce groupe s’impose comme porte-paro<strong>le</strong> du PE sur la question <strong>de</strong> l’avenir <strong>de</strong>l’Union et que, surtout, cette autorité est constituée et activée dans un travail par<strong>le</strong>mentaire spécifique,notamment dans la production <strong>de</strong> « rapport » construits et considérés comme <strong>de</strong>s moments clés <strong>de</strong> ladélibération par<strong>le</strong>mentaire ; <strong>de</strong>s rapports distribués entre <strong>le</strong>s figures dominantes <strong>de</strong> l’AFCO et produitdans différentes configurations relationnel<strong>le</strong>s entre l’élus porteur, ses assistants, <strong>le</strong>s administrateurs <strong>de</strong>groupe et <strong>le</strong>s membres du secrétariat. C’est en particulier <strong>le</strong> cas quand on étudie <strong>le</strong> cas du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>la commission, Jo Leinen, et celui <strong>de</strong> sa jeune « étoi<strong>le</strong> montante », <strong>le</strong> Finlandais, A<strong>le</strong>xan<strong>de</strong>r Stubb. Onassiste ainsi par <strong>le</strong> biais <strong>de</strong> l’institutionnalisation <strong>de</strong> l’institution à l’institutionnalisation <strong>de</strong> ressourcesd’autorité et d’une élite interne.4. 1 ère Discussion - Niilo Kauppi (directeur <strong>de</strong> recherches au CNRS, Prisme/IEP <strong>de</strong> Strasbourg)Merci <strong>de</strong> m’avoir invité, c’est pour moi très intéressant, notamment car c’est la première fois que j’ail’opportunité <strong>de</strong> me rendre à un congrès <strong>de</strong> l’AFSP, j’y suis un peu comme un anthropologue ou unethnologue. Je vais d’abord faire quelques remarques généra<strong>le</strong>s, avant d’en venir plus précisément àchaque artic<strong>le</strong>. Comme <strong>le</strong> soulignait A<strong>le</strong>xan<strong>de</strong>r Wendt, on assiste à un tournant sociologique <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>ssur l’Union européenne, c’est un domaine stimulant, et cela participe du tournant sociologique plus largequ’on observe en philosophie, en anthropologie, en linguistique.Les artic<strong>le</strong>s présentés amènent, en cela, <strong>de</strong>s nouveautés intéressantes. Le problème qui se pose tient aufait qu’ils apparaissent trop francophones. Il faut <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue se convaincre <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong>publication en anglais, ce qui suppose alors <strong>de</strong> s’interroger sur <strong>le</strong>s conditions <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> cette


posture sociologique. Plusieurs questions vont en effet se poser à un <strong>le</strong>ctorat anglo-saxon. Il convientd’expliciter <strong>le</strong>s termes et <strong>le</strong>s métho<strong>de</strong>s : pourquoi analyser <strong>le</strong>s caractéristiques socia<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s acteurs ?(Qu’est-ce que cela apporte ?) ; Pourquoi utiliser <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s comme cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>scorrespondances multip<strong>le</strong>s ? ; Que signifient <strong>de</strong>s concepts tels que « représentations col<strong>le</strong>ctives » ? Demême, dans l’analyse du pouvoir politique que signifie la notion <strong>de</strong> « capital politique » ? Il me semb<strong>le</strong>que vous montrez que <strong>le</strong>s institutions existent objectivement et subjectivement. Par l’analyse <strong>de</strong>strajectoires socia<strong>le</strong> <strong>de</strong>s agents, vous apportez une vision réel<strong>le</strong>, humanisée <strong>de</strong>s institutions politiques etsocia<strong>le</strong>s, notamment par <strong>le</strong> biais <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> capital institutionnel. Il s’agit en fait <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rcomment la stratification <strong>de</strong>s compétences et du pouvoir se construit en interne au Par<strong>le</strong>menteuropéen.Je vais maintenant faire quelques commentaires sur chacun <strong>de</strong>s papiers. En ce qui concerne <strong>le</strong>papier <strong>de</strong> Jimmy Corvo : dans l’analyse <strong>de</strong>s trajectoires d’acteurs, il faut faire une distinction, me semb<strong>le</strong>t-il,entre institution intermédiaire et institution termina<strong>le</strong>. Il y a par ail<strong>le</strong>urs un certain nombre <strong>de</strong> questionsqui se posent, d’éléments qui n’apparaissent pas clairement : utilisez-vous tous <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaireseuropéens, ou seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s français ? Il est dommage que vous n’utilisiez pas plus précisémentd’éléments diachroniques, ainsi que <strong>de</strong>s indicateurs du type âge ou autres, je n’ai pas bien compris laconstruction <strong>de</strong> votre population. Enfin, <strong>le</strong>s références utilisées dans <strong>le</strong> papier m’apparaissent trèsanciennes et mériteraient d’être actualisées.En ce qui concerne <strong>le</strong> papier <strong>de</strong> Willy et Sébastien : Le recours au schéma issu <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>scorrespondances ne m’apparaît pas pertinent. Il est <strong>de</strong> peu d’enseignements, surtout pour un <strong>le</strong>ctoratanglophone. Il faut systématiquement penser l’utilisation <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong>scriptives en fonction, aussi,<strong>de</strong> ce public. Deuxièmement, vous auriez intérêt à différencier <strong>le</strong> capital institutionnel en capitalbureaucratique d’une part, capital politique et é<strong>le</strong>ctif d’autre part. A la différence du capitaléconomique, ou même du capital bureaucratique, <strong>le</strong> capital politique est moins faci<strong>le</strong> à stocker, il doitêtre utilisé ou il perdrait <strong>de</strong> sa va<strong>le</strong>ur. Dans ce cadre, il se pose un problème lié à la transmission <strong>de</strong> cecapital ainsi qu’au facteur lié aux hiérarchies nationa<strong>le</strong>s. Comment agissent-el<strong>le</strong>s ? Enfin, on a uneimpression <strong>de</strong> forte linéarité du processus d’autonomisation qui pose problème. Où sont <strong>le</strong>s processuscontradictoires dans ce cadre ?En ce qui concerne Laurent et Guillaume. Il conviendrait <strong>de</strong> faire référence à la notion d’espaceliminal pour durcir la compréhension <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> pratiques étudié ici. La question <strong>de</strong> l’autonomiepose problème. Qu’est-ce que l’autonomisation d’un personnel spécialisé : distanciation,détachement ? mais <strong>de</strong> quoi ? N’observerait-on pas plutôt une transformation <strong>de</strong>s contraintes liées àl’action politique, <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s dépendances et opportunités ? Je pense qu’on doit analyser éga<strong>le</strong>menten fonction <strong>de</strong> l’interaction entre dépendance et interdépendance, qui explique l’habitus <strong>de</strong>s agents et<strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s structures d’opportunité. Je crois qu’il serait uti<strong>le</strong> <strong>de</strong> reformu<strong>le</strong>r en termes d’élémentsintérieurs et extérieurs, en termes <strong>de</strong> structuration <strong>de</strong> l’action politique. En interne, il convient <strong>de</strong> voircomment se passe la transformation <strong>de</strong> l’institution par el<strong>le</strong>-même. Sur l’AFCO, il conviendrait aussi <strong>de</strong>mobiliser plus directement <strong>le</strong>s travaux relatifs à la constitutionnalisation <strong>de</strong> l’Union européenne, qui est unsujet controversé (Michael Madsen a écrit pas mal <strong>de</strong> choses sur <strong>le</strong> sujet). Une comparaison avec uneautre commission serait aussi quelque chose d’intéressant pour contraster <strong>le</strong>s caractéristiquessociographiques <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’AFCO. Par ail<strong>le</strong>urs, Becker mobilisait, dans l’un <strong>de</strong> ses ouvrages, Lesmon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’art je crois, un concept qui pourrait vous être uti<strong>le</strong>, celui <strong>de</strong> « réseaux coopératifs », pourpenser votre notion <strong>de</strong> « ressources humaines » et la relation entre assistants, élus, fonctionnaires, etc. etdonc c’est ce qui permet d’examiner par exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> quel<strong>le</strong> manière <strong>le</strong>s différents acteurs coordonnent<strong>le</strong>urs activités ?Pour finir, je voudrai revenir sur un plan d’ensemb<strong>le</strong>. Trois éléments m’apparaissent importants àsouligner :Le premier, c’est celui <strong>de</strong> la transmission du pouvoir. Comment <strong>de</strong>s groupes négocient ens’appropriant du pouvoir. En effet, la dia<strong>le</strong>ctique autonomie/hétéronomie et cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la dépendance et<strong>de</strong> l’interdépendance se trouvent au cœur du mécanisme d’empowerment du Par<strong>le</strong>ment européen.Le second point, c’est la trajectoire <strong>de</strong>s acteurs « après » <strong>le</strong> passage au Par<strong>le</strong>ment, commentcircu<strong>le</strong>nt, plus largement, <strong>le</strong>s personnels politiques ? Comment se décline cette circulation en fonction<strong>de</strong>s pays ? Il est important, <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue, <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong>s reclassements politiques.Le troisième, repose sur l’approfondissement théorique <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « capital ». A mon sens, lanotion <strong>de</strong> « ressource politique » est plus f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>. Quel<strong>le</strong>s sont dans ce cadre <strong>le</strong>s caractéristiques <strong>de</strong>sressources politiques européennes ?La question <strong>de</strong> la déseuropéanisation <strong>de</strong>s ressources se pose éga<strong>le</strong>ment (cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong> va<strong>le</strong>ureuropéenne <strong>de</strong> ses ressources.


Réponses et compléments :- Jimmy Corvo précise qu’il a travaillé essentiel<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s parcours politiques <strong>de</strong>s MEP français.- Olivier Nay (professeur <strong>de</strong> <strong>science</strong> politique à l’université <strong>de</strong> Lil<strong>le</strong>-II) : J’aimerais ajouter un mot auxremarques qui ont été faites. Je crois que l’objectif est ambitieux, croiser une démarchesociographique et une approche qualitative, croiser <strong>le</strong>s ang<strong>le</strong>s d’attaque. La piste clé ici c’estl’hypothèse <strong>de</strong> l’autonomisation. La question <strong>de</strong> l’autonomie, c’est un problème, car une institutionest toujours perméab<strong>le</strong> : il faut voir <strong>le</strong>s reclassements, <strong>le</strong>s déclassements, <strong>le</strong>s repositionnements surl’échiquier politique national. En outre, la mobilité est plus ou moins forte selon <strong>le</strong>s pays.L’autonomisation est une hypothèse relative, il faut analyser <strong>le</strong>s travaux par<strong>le</strong>mentaire, la productionlégislative et avoir un recul sur <strong>le</strong>s reconversions professionnel<strong>le</strong>s. D’où l’importance <strong>de</strong> l’examen <strong>de</strong>strajectoires post-par<strong>le</strong>mentaires.- Sébastien Michon : Juste un mot sur <strong>le</strong>s constructions statistiques et l’usage <strong>de</strong>s tab<strong>le</strong>aux. Travail<strong>le</strong>r sur<strong>le</strong>s trajectoires et caractéristiques socia<strong>le</strong>s ou politiques <strong>de</strong>s élus est intéressant pour comprendre <strong>le</strong>srapports qu’ils entretiennent au mon<strong>de</strong>, en particulier aux institutions et aux mandats qu’ils occupent.L’analyse <strong>de</strong>s correspondances permet d’évaluer la proximité <strong>de</strong>s variab<strong>le</strong>s entre el<strong>le</strong>s, et <strong>de</strong> donnerà penser un certain nombre <strong>de</strong> classements objectifs.- Willy Beauval<strong>le</strong>t : un mot aussi sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s hiérarchies nationa<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> caractère linéaire <strong>de</strong>sprocessus observés. Comme nous l’avons signalé dans <strong>le</strong> papier, <strong>le</strong>s hiérarchies nationa<strong>le</strong>s nedisparaissent pas au Par<strong>le</strong>ment européen. El<strong>le</strong>s continuent <strong>de</strong> structurer en partie l’espaceinstitutionnel et <strong>le</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> distribution du pouvoir, mais el<strong>le</strong>s sont retravaillées sous l’effet <strong>de</strong> <strong>le</strong>urinsertion dans un espace qui s’organise aussi selon <strong>de</strong>s logiques endogènes, autonomes. El<strong>le</strong>s neproduisent pas d’effets, en el<strong>le</strong>s-mêmes. C’est ce qu’on explique en disant qu’être François Bayroune suffit pas, ou plus, à être quelqu’un au Par<strong>le</strong>ment européen et surtout à y occuper <strong>de</strong>s positions<strong>de</strong> pouvoir. Les ressources nationa<strong>le</strong>s ne produisent <strong>de</strong> p<strong>le</strong>in effet que si el<strong>le</strong>s parviennent à êtrereconverties au sein <strong>de</strong> cet espace, si el<strong>le</strong>s parviennent à « s’européaniser ». Mais <strong>le</strong> processus n’estpas linéaire pour autant, ce que l’on tente d’expliquer aussi. On observe aussi <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong>« déseuropéanisation » <strong>de</strong>s ressources, que ce soit par un individu ou un col<strong>le</strong>ctif, du fait <strong>de</strong>comportement, <strong>de</strong> positionnement qui contribuent à casser ou diminuer <strong>le</strong> crédit détenu. Le cas <strong>de</strong>Pervenche Bérès ou <strong>de</strong> la Délégation socialiste française dans son ensemb<strong>le</strong> est patent <strong>de</strong> ce point<strong>de</strong> vue. Le positionnement « contre » <strong>le</strong> traité constitutionnel a singulièrement jeté <strong>le</strong> discrédit sur <strong>le</strong>ssocialistes français au sein du PSE dans son ensemb<strong>le</strong>, diminuant la capacité <strong>de</strong>s socialistes français às’imposer en son sein et plus largement au sein du Par<strong>le</strong>ment.- Guillaume Marrel : Juste un mot sur la difficulté <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r d’une manière généra<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>strajectoires post- par<strong>le</strong>mentaires…Partie II. - Socialisation et professionnalisation au Par<strong>le</strong>ment européenOn va maintenant passer à la secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’atelier, avec l’exposé <strong>de</strong>s papiers d’Hüseyin Sevim etLaurent Kestel.5. La socialisation <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires d’États candidats à l’adhésion au sein du Par<strong>le</strong>ment européen : <strong>le</strong>cas <strong>de</strong>s députés turcs - Hüseyin Sevim (doctorant en <strong>science</strong> politique à l’université <strong>de</strong> Paris-IIPanthéon-Assas)Dans ce travail, je me suis d’abord focalisé sur <strong>le</strong>s structures communes mises en place parl’Accord d’Ankara <strong>de</strong> 1963 qui établit une relation officiel<strong>le</strong> entre Bruxel<strong>le</strong>s et Ankara. Puis, pour saisirl’évolution <strong>de</strong> cette relation, je me suis attardé sur la pério<strong>de</strong> Post-Helsinki date à la quel<strong>le</strong> l’UE déci<strong>de</strong>rad’ouvrir <strong>le</strong>s négociations avec Ankara. Dans cette perspective, j’ai isolé un acteur interne particulier d’unEtat candidat à l’adhésion, tel que la Grand Assemblée Nationa<strong>le</strong> Turque (GANT) et j’ai analysécomment cel<strong>le</strong>-ci établissait ses rapports avec <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment européen.Dans un premier temps, j’ai étudié l’interaction horizonta<strong>le</strong> entre la GANT et <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>menteuropéen. Dans cette perspective, j’ai pris <strong>de</strong>ux espaces permettant cette interaction horizonta<strong>le</strong>, c’està-direla Commission Par<strong>le</strong>mentaire Mixte (CPM) et la COSAC. Au sein <strong>de</strong> la CPM, j’ai analysé larégularité <strong>de</strong>s interactions entre par<strong>le</strong>mentaires turcs et européens. L’analyse <strong>de</strong> la régularité constitueun élément important, parce qu’el<strong>le</strong> permet d’observer si l’interaction se réalise d’une manière continue


ou pas. Plus tard, je me suis attardé sur la COSAC, puis j’ai essayé <strong>de</strong> saisir comment l’implication, <strong>de</strong>spar<strong>le</strong>mentaires turcs, s’effectuait au sein <strong>de</strong> cette structure.Dans un second temps, j’ai étudié l’interaction vertica<strong>le</strong>, c’est-à-dire l’implication indirecte <strong>de</strong> laGANT aux questions européennes. En effet, on constate que la GANT prend une place assezdéterminante soit dans la phase <strong>de</strong> légitimation soit dans la phase d’intériorisation <strong>de</strong>s normeseuropéennes dans l’arène politique turque.Fina<strong>le</strong>ment, par ce travail, j’ai voulu non seu<strong>le</strong>ment i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s structures mises enplace qui animent la relation du Par<strong>le</strong>ment européen et <strong>de</strong> la GANT, mais je me suis consacré aussi àétudier <strong>le</strong>urs fonctionnements. Enfin, j’ai inclus quelques exemp<strong>le</strong>s dans ce travail afin <strong>de</strong> montrer <strong>le</strong> sensque <strong>le</strong>s députés turcs attribuaient aux structures mises en place. En conséquence, je constate, malgré laprésence d’une certaine socialisation limitée réalisait en particulier par <strong>le</strong> fait <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r ensemb<strong>le</strong> ausein <strong>de</strong> la CPM <strong>de</strong>puis 1966 au encore au sein <strong>de</strong> la COSAC <strong>de</strong>puis 1999, que <strong>le</strong> sens attribué auxinstances communes interpar<strong>le</strong>mentaires par <strong>le</strong>s députés turcs est strictement animée dans une logiquenationa<strong>le</strong> visant à compléter l’action gouvernementa<strong>le</strong>.6. Le Front National au Par<strong>le</strong>ment européen : professionnalisation politique et ressources partisanes -Laurent Kestel (post-doctorant à la Fondation pour la mémoire <strong>de</strong> la Shoah)Dans ce travail j’ai été, si je puis dire, victime <strong>de</strong> l’agenda é<strong>le</strong>ctoral : certains entretiens ont étéréalisés très tardivement, sans par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> ceux qui doivent norma<strong>le</strong>ment avoir lieu au cours <strong>de</strong>s semaines àvenir. Il reste que <strong>le</strong>s premières recherches m’ont permis <strong>de</strong> parvenir au constat suivant : par<strong>le</strong>r du Frontnational au PE, c’est par<strong>le</strong>r bien davantage du Front national que du Par<strong>le</strong>ment européen. Il me semb<strong>le</strong>en effet qu’une sociologie <strong>de</strong> la représentation par<strong>le</strong>mentaire se focalisant uniquement, ou mêmeprincipa<strong>le</strong>ment, sur <strong>le</strong> travail législatif <strong>de</strong>s élus frontistes, <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>ur entrée au PE en 1984, reviendrait àpasser à côté du sujet. Il me semb<strong>le</strong> en effet qu’il y aurait un intérêt très limité à évoquer la présence <strong>de</strong>Le Pen dans la commission environnement en 1984.L’intérêt d’étudier <strong>le</strong> comportement <strong>de</strong>s élus frontistes passe d’abord par l’analyse <strong>de</strong>s usages <strong>de</strong>l’institution par<strong>le</strong>mentaire. Une analyse qui prenne en considération <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> PE est, après lafermeture du marché <strong>de</strong>s postes é<strong>le</strong>ctifs nationaux, la seu<strong>le</strong> assemblée accessib<strong>le</strong> aux primo-dirigeants<strong>de</strong> ce parti, par <strong>le</strong> biais du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> scrutin proportionnel. En d’autres termes, il faut entrevoir <strong>le</strong> PEcomme une institution <strong>de</strong> repli pour <strong>de</strong>s dirigeants dont <strong>le</strong>s investissements politiques sont objectivementorientés vers la représentation nationa<strong>le</strong>. C’est la raison pour laquel<strong>le</strong> j’ai parlé du PE comme d’un« chemin <strong>de</strong> traverse <strong>de</strong> la professionnalisation politique » du personnel politique frontiste. C’est doncl’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces stratégies <strong>de</strong> reconversion que j’ai essayées d’évoquer. A ce titre, j’ai cru bon <strong>de</strong>voirinsister sur <strong>le</strong>s luttes pour la constitution <strong>de</strong>s listes en entamant une réf<strong>le</strong>xion sur la détentionmonopolistique du pouvoir d’investiture <strong>de</strong> J.M. Le Pen, mais aussi <strong>de</strong> réfléchir sur ce qu’était,concrètement, ce monopo<strong>le</strong> et faire ainsi retour sur <strong>de</strong> vieil<strong>le</strong>s représentations (savantes) du « pouvoir »au sein d’un parti d’extrême droite. Dans un second temps, j’ai abordé la question <strong>de</strong>s rétributions(matériel<strong>le</strong>s et symboliques) du personnel politique frontiste – <strong>de</strong> l’élu aux collaborateurs. L’analyse <strong>de</strong>spropriétés politiques <strong>de</strong>s collaborateurs fait état d’une surdotation relative en capital partisan <strong>de</strong>sassistants FN, traduisant ainsi <strong>le</strong> faib<strong>le</strong> coût d’entrée aux sphères dirigeantes ou aux investitures.En définitive, l’analyse <strong>de</strong>s rapports qu’entretiennent <strong>le</strong>s personnels frontistes (élus ou non) avecl’institution par<strong>le</strong>mentaire européenne montre une inférence <strong>de</strong>s logiques nationa<strong>le</strong>s. Il est vrai qu’outre<strong>le</strong>s stratégies <strong>de</strong> conversion précé<strong>de</strong>mment évoquées, c’est aussi l’espace <strong>de</strong>s possib<strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentairesfrontiste qui dépend étroitement <strong>de</strong>s logiques nationa<strong>le</strong>s. A cet égard, labellisations européennes et« nationa<strong>le</strong>s » du FN produisent insensib<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s mêmes effets. De même, on s’aperçoit que laconstruction <strong>de</strong>s systèmes d’alliances avec <strong>le</strong>s autres partis <strong>de</strong> droite radica<strong>le</strong> (Ligue du Nord, VlaamsBelang, etc.), tout particulièrement la création du groupe ITS, dépend étroitement <strong>de</strong>s recompositions <strong>de</strong>ces partis au sein <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur champ politique nationaux.7. 2 ème discussion : Olivier NayC’est un peu diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> commenter ces <strong>de</strong>ux papiers en lien l’un avec l’autre, puisqu’ils sont trèsdifférents. Ce sont 2 notes <strong>de</strong> recherche très empiriques et trop riches en hypothèses, plus que <strong>de</strong>spapiers aboutis. Il faudra <strong>le</strong>s resserrer. De surcroît, à partir <strong>de</strong> 2003 lorsque j’ai travaillé pour l’ONU, j’aiarrêté <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires... c’est un vieil objet pour moi et j’y retourne avec plaisir.Le papier <strong>de</strong> Hüseyin Sevim porte sur <strong>le</strong>s liens d’interaction entre députés européens et députésturcs, délégués <strong>de</strong> la GANT. J’ai été étonné d’apprendre qu’il y avait une tel<strong>le</strong> <strong>de</strong>nsité institutionnel<strong>le</strong> surces questions, on voit une intéressante accumulation <strong>de</strong> mécanismes institutionnels, mais on ne voit pasgrand-chose sur l’objet <strong>de</strong> cet atelier. Il y a tout un travail qui apporte <strong>de</strong>s informations intéressantes sur<strong>le</strong>s relations entre Turquie et UE ainsi que sur <strong>le</strong>s lieux <strong>de</strong> cette relation. Vous vous concentrez, dans cet


artic<strong>le</strong>, sur <strong>de</strong>s aspects formels. Le problème qui se pose est celui <strong>de</strong> cette boite noire que vous n’ouvrezpas vraiment : quels sont <strong>le</strong>s réseaux informels <strong>de</strong> relation entre « turcs » et « européens » ? Quel est <strong>le</strong>poids <strong>de</strong>s groupes d’amitié qui existent dans <strong>le</strong>s Par<strong>le</strong>ment nationaux ? Quels rô<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s associations issues<strong>de</strong> la société civi<strong>le</strong> ? Quels sont <strong>le</strong>s sujets <strong>de</strong> discussion entre <strong>le</strong>s différents élus ? L’acquiscommunautaire ? Les libertés publiques ? Les pressions, <strong>le</strong>s attentes <strong>de</strong> l’Union européenne sur <strong>le</strong>sminorités en Turquie, il faut creuser <strong>de</strong>s pistes. Autre grand questionnement : qui sont ces élus ? Il faututiliser cette gran<strong>de</strong> tradition française sur cette question, se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment ils ont étésé<strong>le</strong>ctionnés ? De quels partis sont-ils, quel<strong>le</strong> différences cela fait-il s’ils sont <strong>de</strong> l’AKP, <strong>le</strong> parti au pouvoir,ou du parti laïc, <strong>le</strong> CHP ? Les positions sur l’Union européenne sans doute diffèrent sensib<strong>le</strong>ment, maiscomment cela s’opérationnalise t-il ? Il s’agit non seu<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s députés turcs, mais aussi <strong>de</strong>s partiseuropéens. En ce qui concerne ces <strong>de</strong>rniers, on peut s’interroger sur <strong>le</strong> poids <strong>de</strong>s députés issus <strong>de</strong>s payslimitrophes à la Turquie, sur <strong>le</strong> poids <strong>de</strong>s députés grecs, et donc sur la répartition à la fois politique etgéographique <strong>de</strong>s députés <strong>de</strong> la délégation du Par<strong>le</strong>ment européen.En ce qui concerne <strong>le</strong> papier <strong>de</strong> Laurent Kestel. Sa perspective et <strong>le</strong>s hypothèses qu’il pose sontintéressantes. Il montre que <strong>le</strong> PE est un lieu <strong>de</strong> mobilisation <strong>de</strong> ressources permettant <strong>de</strong> faire carrièrepour <strong>le</strong> groupe d’élus FN qui est un groupe très stab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> temps. Il permet <strong>de</strong> rompre avec l’idéeselon laquel<strong>le</strong>, <strong>le</strong> PE est une arène secondaire. Il y a cependant un éparpil<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s sources et <strong>de</strong>shypothèses qui rend la <strong>le</strong>cture diffici<strong>le</strong>. Dès lors, on se retrouve face à un ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> frustrations quisont proportionnel<strong>le</strong>s aux hypothèses stimulantes, mais non abouties, que posent <strong>le</strong>s papiers. En rapportavec <strong>le</strong> groupe ITS, il faudrait voir ce qu’y font <strong>le</strong>s députés FN, comment ils travail<strong>le</strong>nt (ou non) avec <strong>le</strong>sautres formations nationa<strong>le</strong>s, avec <strong>le</strong>s autres groupes (en particulier souverainistes). Assiste-on à <strong>de</strong>smécanismes <strong>de</strong> socialisation dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong>s groupes souverainistes ? De même, il serait intéressant <strong>de</strong>se pencher sur <strong>le</strong>ur présence, <strong>le</strong>urs pratiques dans <strong>le</strong>s commissions : qu’y font-ils et comment <strong>le</strong> font-ils ?Quel<strong>le</strong>s relations entretiennent-ils, concrètement, avec <strong>le</strong>s administrateurs, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce qu’ils endisent ? Il conviendrait ici <strong>de</strong> creuser la différence, <strong>le</strong> contraste entre <strong>le</strong> caché et l’officiel. Enfin, il seraitintéressant d’étudier plus précisément ce que font <strong>le</strong>s élus FN <strong>de</strong> ce mandat sur la scène centra<strong>le</strong>.Comment <strong>le</strong>s élus mobilisent-ils <strong>le</strong> PE pour <strong>le</strong>ur propre légitimation ?Réponses et compléments :Huseyin Sevim : Il s’agit, comme je l’ai dit au cours <strong>de</strong> ma présentation, d’un travail intermédiaire. Laréponse à la question « qui sont <strong>le</strong>s députés turcs » n’est pas évi<strong>de</strong>nte. Il manque <strong>de</strong>s travaux sur cepoint, surtout sur la relation à la question européenne. Beaucoup <strong>de</strong> députés moyens sont issus <strong>de</strong>régions dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s la société est encore très triba<strong>le</strong>. Mais on trouve beaucoup d’ambassa<strong>de</strong>urs etd’universitaires dans la délégation chargé <strong>de</strong>s relations avec <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment européen.Laurent Kestel : C’est bien un travail in progres. Je me suis surtout intéressé au système <strong>de</strong> rétributionmatériel<strong>le</strong>.Synthèse et discussion généra<strong>le</strong>8. Synthèse - Olivier Costa (chargé <strong>de</strong> recherches au CNRS, Spirit (IEP <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux)Merci <strong>de</strong> me donner à faire la synthèse <strong>de</strong> cet atelier en 15 minutes avec <strong>de</strong>s contributions qui ont fortpeu à avoir entre el<strong>le</strong>s !! Pour par<strong>le</strong>r rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s papiers, je vais faire un tour d’horizon critiquesuccinct.- Pour Hüseyin Sevim, cela n’a pas grand-chose à voir avec <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment européen et vous nedéfinissez hélas la socialisation qu’à la fin.- Pour Laurent Kestel, il est davantage question du Front national que du Par<strong>le</strong>ment européen, et sequi pose toujours la question d’un groupe politique nationaliste dans une arène internationa<strong>le</strong>,<strong>de</strong>vant travail<strong>le</strong>r avec d’autres nationalistes. A l’inverse, <strong>le</strong> groupe ITS commence à faire par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> luipar ses décisions et ses positions sur <strong>le</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme, <strong>le</strong>s musulmans, etc., par exemp<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>projet <strong>de</strong> conférence <strong>de</strong> presse qui doit être organisée en même temps que la manifestationinterdite du 11 septembre, la semaine prochaine, avec <strong>le</strong> soutien du Vlaams Belang.- Pour Jimmy Corvo, c’est intéressant, mais il n’y a pas suffisamment d’indicateurs d’autorité :l’ancienneté, ça ne suffit pas, ça n’explique rien.- Pour Willy Beauval<strong>le</strong>t et Sébastien Michon, il y a <strong>de</strong>s données et <strong>de</strong> la réf<strong>le</strong>xion, vous vous opposez àScully, mais il y a une certaine malhonnêteté intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> vis-à-vis <strong>de</strong> la littérature anglo-saxonne,attention à ne pas la caricaturer. On ne peut pas faire comme si tout çà n’existait pas et comme siune seu<strong>le</strong> vision, la française était possib<strong>le</strong>. Il ne faut pas tomber dans un truc autoréférentiel. Parexemp<strong>le</strong>, il me semb<strong>le</strong> qu’il y a un évitement exagéré <strong>de</strong> cette littérature internationa<strong>le</strong> et une


tendance dommageab<strong>le</strong> à l’autocitation qui est considérée comme une faute capita<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>mon<strong>de</strong> anglo-saxon. Je crois qu’il convient <strong>de</strong> faire attention sur ce point à une certaine mauvaisefoi (pas <strong>de</strong> référence aux néo-fonctionnalistes, justement comme Moravcsik qui ont montré qu’il yavait un ang<strong>le</strong> mort <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur théorie sur <strong>le</strong> Par<strong>le</strong>ment européen). Tous ces travaux, il faut <strong>le</strong>s publier enanglais.- Autre remarque parmi d’autres, sur <strong>le</strong> papier <strong>de</strong> Laurent Godmer et <strong>de</strong> Guillaume Marrel : sur <strong>le</strong>spositions <strong>de</strong> <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rship, je ne suis pas d’accord avec l’utilisation <strong>de</strong> l’expression « groupe d’autorité »,c’est synonyme <strong>de</strong> <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rship. Or, il y a <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> bouquins sur cet aspect <strong>de</strong> la sociologiepolitique. Vous n’utilisez pas cette littérature énorme, tous ces travaux sur <strong>le</strong> <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rship. Donc, à quoisert une typologie qui n’est généralisab<strong>le</strong> à aucun objet autre que celui que vous étudiez ? Quant àla typologie fina<strong>le</strong> on <strong>le</strong> sentiment qu’el<strong>le</strong> ne sert à rien. Est-ce un outil intel<strong>le</strong>ctuel exportab<strong>le</strong> ou bienune spécificité <strong>de</strong> l’AFCO ?D’une manière plus généra<strong>le</strong> : Nous étions au congrès <strong>de</strong> l’APSA la semaine <strong>de</strong>rnière à Chicago avecDidier Georgakakis dans la panel consacré à l’Union européenne. Il y avait beaucoup <strong>de</strong>communications banca<strong>le</strong>s. Et c’est Simon Hix qui était <strong>le</strong> discutant et la discussion était très abstraite,dépourvues <strong>de</strong> toute épaisseur sociologique. Et <strong>le</strong> problème, c’est qu’on n’est pas visib<strong>le</strong> nous <strong>le</strong>sFrançais sur <strong>le</strong> plan européen. Le risque en tant que français, c’est je pense un peu <strong>le</strong> même que celui<strong>de</strong>s Américains : c’est-à-dire reprendre ce qu’a fait la sociologie française <strong>de</strong> ces 30 <strong>de</strong>rnières années et<strong>de</strong> simp<strong>le</strong>ment l’appliquer au Par<strong>le</strong>ment européen. Il faut réfléchir <strong>de</strong> manière plus globa<strong>le</strong> et pouvoirtransmettre un pitch <strong>de</strong> ce qui est fait ici. Il faut se situer un peu mieux sur la littérature internationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>Par<strong>le</strong>ment européen, il y a beaucoup <strong>de</strong> contributions par exemp<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> site <strong>de</strong> l’ECPR. Il faut proscrirel’auto-référençage.Mais l’ensemb<strong>le</strong> est positif et il y a là <strong>de</strong>s éléments explicatifs du comportement <strong>de</strong>s acteurs du PE. Il y aun espace <strong>scientifique</strong> à comb<strong>le</strong>r là-<strong>de</strong>ssus. Je crois que, d’une manière généra<strong>le</strong>, ce qu’il faut faire,c’est enrichir ce débat qui est très pauvre au niveau européen, mais je pense qu’il faut connaître et faire<strong>de</strong>s bouquins en anglais, qu’il faut clarifier <strong>le</strong> propos et pas se contenter <strong>de</strong> ressasser <strong>de</strong>s rengainesfranco-françaises.Discussion généra<strong>le</strong> :Laurent Kestel : Je voudrai dire surtout qu’il faut sortir <strong>de</strong>s logiques purement idéocentrées, c’est ce quej’ai essayé <strong>de</strong> faire. Je voudrai dire à Olivier Costa que <strong>le</strong> FN n’est pas isolé au PE parce qu’il estxénophobes et qu’il ne pourrait donc travail<strong>le</strong>r avec <strong>de</strong>s étrangers ; il me semb<strong>le</strong> que c’est surtout unpersonnel politique intermédiaire, qui s’intéressent beaucoup aux ressources énormes que peut fournirl’institution, au « pognon » pour <strong>le</strong> dire inélégamment, mais pas plus. Il faut je pense se départir <strong>de</strong>l’approche idéocentrée et observer qu’il y a <strong>de</strong>s logiques partisanes qui s’appliquent.Olivier Rozenberg (chargé <strong>de</strong> recherche FNSP au Cevipof) : Je ne suis pas tout à fait d’accord avec toutce qui a été dit dans la synthèse. Je pense sincèrement qu’on peut être intéressés par la théorie. Jetrouve qu’on a une approche sociologique très française du personnel par<strong>le</strong>mentaire, mais je crois quec’est uti<strong>le</strong> et qu’il faut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce que <strong>le</strong>s élus font, quel est l’impact sur <strong>le</strong>s politiques publiques. Ilfaut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à mon avis surtout en quoi l’analyse permet <strong>de</strong> dire <strong>de</strong>s choses sur <strong>le</strong>s outputs. Pourcela, on peut prendre pour exemp<strong>le</strong>, en juil<strong>le</strong>t 2007, l’accord du Par<strong>le</strong>ment européen sur l’ouverture à laconcurrence <strong>de</strong>s activités portuaires. …Didier Georgakakis (IEP Strasbourg, Institut universitaire <strong>de</strong> France) : Il y a beaucoup <strong>de</strong> choses qui ontété dites aujourd’hui. Nous sommes <strong>de</strong>s êtres humains et force est <strong>de</strong> constater que la production<strong>scientifique</strong> est un processus long et diffici<strong>le</strong>. Je suis là aujourd’hui pour attester <strong>le</strong> soutien à cettedémarche. La question intéressante me semb<strong>le</strong>-t-il à Bruxel<strong>le</strong>s pourrait être fina<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> voir s’il y a unvéritab<strong>le</strong>ment un espace <strong>de</strong>s positions. Peut-on au fond par<strong>le</strong>r d’un espace politique européen ? Ca neva pas <strong>de</strong> soi et il y a là une sociologie à faire. C’est-à-dire qu’en fait <strong>le</strong>s acteurs forment un ensemb<strong>le</strong>mais il n’est pas dit qu’ils ont <strong>de</strong>s relations entre eux, parfois, souvent ils n’en ont pas, contrairement à ceque pourraient faire croire <strong>le</strong>s effets <strong>de</strong> plume, y compris dans la littérature néo-institutionnaliste.Je ne crois pas qu’on puisse dire que l’approche dominante <strong>de</strong> cet atelier soit essentiel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>srengaines françaises. En effet, la sociologie du personnel politique est quand même un <strong>de</strong>s axes majeurs<strong>de</strong> la littérature internationa<strong>le</strong> en <strong>science</strong> politique, même s’il est vrai qu’el<strong>le</strong> n’est pas très développéedans <strong>le</strong> sous-champ spécifique <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s européennes. Je ne pense vraiment pas que nous ayonsbesoin d’avoir cette attitu<strong>de</strong> du genre « on n’est pas suffisamment insérés ». Il y a d’ail<strong>le</strong>urs, notamment àla section d’étu<strong>de</strong>s européennes <strong>de</strong> l’AFSP qui se réunit après cet atelier où je présente un projet <strong>de</strong>recherche sur l’espace politique européen (sur ce qu’on veut dire quand un acteur européen


s’européanise, penser <strong>le</strong>s milieux par <strong>le</strong>s trajectoires en voyant qu’on s situe dans une structure à trous,avec <strong>de</strong>s effets d’hystérésis qui font que <strong>de</strong>s acteurs s’appuient sur <strong>de</strong>s gens qui croient à la matérialité<strong>de</strong> cet espace, créant <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> dissonance cognitive avec <strong>le</strong>s nationaux qui ne sont que <strong>de</strong>sintermittents, etc.), une démarche qui est aussi une démarche d’insertion dans <strong>le</strong>s dynamiquesinternationa<strong>le</strong>s. Mais évi<strong>de</strong>mment un certain type <strong>de</strong> travaux ne sont pas publiés dans <strong>le</strong>s revuesd’étu<strong>de</strong>s européennes.Compte rendu établi par Willy Beauval<strong>le</strong>t, Laurent Godmer et Guillaume Marrel avec l’ai<strong>de</strong>intervenants.<strong>de</strong>sBilan <strong>de</strong> l'atelier 31Dieu loin <strong>de</strong> Bruxel<strong>le</strong>s. L’européanisation informel<strong>le</strong> du religieuxLes débats récents ont focalisé l’attention sur <strong>le</strong>s enjeux institutionnels du religieux dans <strong>le</strong> contexte <strong>de</strong>l’intégration européenne, comme la participation <strong>de</strong>s Eglises à la gouvernance <strong>de</strong> l’UE, la référence àl’héritage chrétien <strong>de</strong> l’Europe dans <strong>le</strong> préambu<strong>le</strong> du traité constitutionnel ou <strong>le</strong>s prétentions renouvelées<strong>de</strong> forces confessionnel<strong>le</strong>s à peser sur <strong>le</strong>s choix politiques dans certaines arènes nationa<strong>le</strong>s. Le croire sedéveloppe pourtant aujourd’hui en Europe essentiel<strong>le</strong>ment sous <strong>de</strong>s formes individualisées et déréguléesqui échappent largement au contrô<strong>le</strong> et à la médiation <strong>de</strong>s structures politiques et spirituel<strong>le</strong>s organisées.L’objectif <strong>de</strong> l’atelier était donc d’étudier ces phénomènes religieux non institutionnels dans <strong>le</strong>urinteraction avec <strong>le</strong>s processus d’européanisation qui traversent <strong>le</strong>s sociétés <strong>de</strong>s Etats membres.Différents terrains empiriques ont été explorés par <strong>le</strong>s contributeurs dans une perspective comparative: <strong>le</strong>débat intel<strong>le</strong>ctuel autour <strong>de</strong>s racines chrétiennes <strong>de</strong> l’Europe (Virginie Riva) ; <strong>le</strong>s médias à traversl’exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong>s perceptions nationa<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> Jean-Paul II (Nicolas Hubé) ; la régulation <strong>de</strong>s signesreligieux dans l’espace public (Sylvain Crépon) ; <strong>le</strong> local comme niveau d’articulation du politique et dureligieux (Jacques Palard).Ces contributions constitueront <strong>le</strong> noyau d’un dossier à paraître dans la revue Politique européenne,Hiver 2008, n° 24.François Foret (ULB), Xabier Itçaina (SPIRIT)Bilan <strong>de</strong> l’atelier 33Les acteurs du « régionalisme » : nouvel<strong>le</strong>s perspectivesCet atelier visait à interroger <strong>le</strong> décalage entre <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités régiona<strong>le</strong>s fortes en France et unelittérature <strong>scientifique</strong> peu apte à l’appréhen<strong>de</strong>r, et donc à comprendre <strong>le</strong>s ressorts <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntitésrégiona<strong>le</strong>s, car trop souvent focalisée sur l’échec <strong>de</strong>s partis politiques dits « ethno-régionalistes ». Pour cefaire, l’atelier a cherché à déplacer <strong>le</strong> regard vers <strong>le</strong>s acteurs du « régionalisme » dans toute <strong>le</strong>urdiversité, c’est-à-dire sur <strong>le</strong>s acteurs sociaux créateurs <strong>de</strong> territoire régional, <strong>le</strong>urs pratiques et <strong>le</strong>uridéologie. Quatre réponses différentes et complémentaires ont été données grâce au recours à <strong>de</strong>soutils intéressants nous aidant à rendre compte <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> construction d’une région.Patrick Joseph Carlin s’est intéressé aux politiques publiques linguistiques dans <strong>le</strong> nord-ouest duPays <strong>de</strong> Gal<strong>le</strong>s (Gwynedd et Ang<strong>le</strong>sey). Il a analysé <strong>le</strong>s stratégies mise en œuvre pour revitaliser l’usage<strong>de</strong> la langue galloise au sein <strong>de</strong>s administrations et <strong>de</strong>s communautés qu’el<strong>le</strong>s servent. À partir <strong>de</strong> 1974,<strong>le</strong> Conseil <strong>de</strong> Gwynedd mit en place un plan linguistique et un sous-comité au bilinguisme qui eurent unsuccès incontestab<strong>le</strong>. Cette communication met donc bien en relief <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> d’une administrationpublique comme acteur régionaliste.Yann Fournis a étudié <strong>le</strong>s mobilisations <strong>de</strong>s entreprises et <strong>de</strong>s acteurs patronaux en Bretagne<strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s années 1980. Il a ainsi observé que la combinaison <strong>de</strong>s analyses structurel<strong>le</strong>s du régionalismeet <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s plus récentes permet <strong>de</strong> concevoir sur un mo<strong>de</strong> dynamique <strong>le</strong>s interactions entredéveloppement économique et régionalisme. Il a aussi mis en évi<strong>de</strong>nce la spécificité <strong>de</strong> la Bretagnedans une France où <strong>le</strong>s intérêts économiques sont peu régionalisés. Depuis <strong>le</strong>s années 1950 et <strong>le</strong> CELIB aumoins, <strong>le</strong> niveau régional structure et unifie <strong>le</strong>s intérêts et revendications économiques en Bretagne. Deuxtypes <strong>de</strong> territorialisations (et donc <strong>de</strong> régionalismes) sont toutefois à l’œuvre : une territorialisation


sectoriel<strong>le</strong> et fonctionnaliste, à l’instar du réseau Performance 2010 mis en place par Citroën (qualifiée<strong>de</strong> régionalisme <strong>de</strong> libre-échange par l’auteur), et une territorialisation plus politique et prospective voiremarketing, à l’instar <strong>de</strong>s réseaux autour <strong>de</strong> Produit en Bretagne et <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> Locarn (quidéveloppent un régionalisme à tendance néo-interventionniste). Ainsi, en Bretagne, <strong>le</strong> régionalismeéconomique produit du territoire en permettant d’unifier un territoire ail<strong>le</strong>urs fragmenté, palliant ainsipartiel<strong>le</strong>ment aux carences du politique.Jean-Marie Izquierdo, à travers son étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Agence Pays Basque <strong>de</strong>s NTIC (aNTIC), a analyséla mise en place d’une gouvernance localisée innovante grâce à internet. Cette structure a encouragé<strong>de</strong>s dynamiques gloca<strong>le</strong>s, en intégrant <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> la globalisation sur un territoire localisé, et aainsi implicitement construit du territoire. En effet, en moins <strong>de</strong> dix ans, l’aNTIC est passé <strong>de</strong> son rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>promoteur <strong>de</strong>s NTIC à un rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> promoteur d’e-initiatives. Il a ainsi mis en place <strong>le</strong> label « Pays basquenumérique ». Il développe aussi une culture <strong>de</strong> démocratie loca<strong>le</strong> en impulsant <strong>de</strong>s dynamiquespolitiques bottom-up.Caroline Maury a mobilisé la notion d’échange politique territorialisé pour étudier la politique« catalane » <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Perpignan, et plus généra<strong>le</strong>ment la construction <strong>de</strong> la catalanité <strong>de</strong>sPyrénées-Orienta<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> montre ainsi comment <strong>le</strong>s réseaux catalanistes, en interaction avec <strong>le</strong>s acteurspolitiques locaux, participent à la construction d’un territoire local ad hoc à <strong>le</strong>ur conception <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntitéloca<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> souligne en outre que <strong>le</strong> territoire construit peut aussi <strong>de</strong>venir une ressource pour <strong>le</strong>s acteurs.Dans <strong>le</strong> cas perpignanais, <strong>le</strong> territoire ainsi construit est un territoire transfrontalier explicitement dédié àl’intensification <strong>de</strong>s échanges avec <strong>le</strong> voisin « catalan du sud ». Il apparaît qu’à Perpignan <strong>le</strong> territoires’est révélé à la fois un construit politique et une solution politique pour <strong>le</strong> maire. Ce <strong>de</strong>rnier a utilisé lacatalanité <strong>de</strong> sa vil<strong>le</strong> comme outil <strong>de</strong> développement mais aussi <strong>de</strong> création d’un <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rship territorials’étendant au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> sa commune.Pour conclure, nous pouvons dire que cet atelier a mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>le</strong> dynamisme continu <strong>de</strong> laconstruction territoria<strong>le</strong>, qui est un processus pluriel et col<strong>le</strong>ctif. Il a éclairé <strong>de</strong>s pistes encourageantesaidant à mieux appréhen<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s régionalismes en France et ail<strong>le</strong>urs. Il apparaît en effet que si <strong>le</strong>srégionalismes n’investissent pas <strong>de</strong> façon privilégiée l’arène é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> ils s’investissent dans d’autresarènes : économique, administration, internet, etc. Le succès d’un régionalisme ne peut donc être réduitaux scores é<strong>le</strong>ctoraux <strong>de</strong>s partis nationalistes et régionalistes. Il doit au contraire être élargi à la diversité<strong>de</strong>s acteurs construisant <strong>le</strong> territoire régional. A l’issu <strong>de</strong> cet atelier, nous réfléchissons à « transformerl’essai » en poursuivant cet effort par la publication d’un numéro spécial ou d’un ouvrage col<strong>le</strong>ctif dédiéà ce sujet.Jean-Marie Izquierdo (SPIRIT) et Tudi Kerna<strong>le</strong>genn (CRAPE)Bonus !Télécharger <strong>le</strong> keynote speech (format pdf) <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> GaryKing "What to do about Biases in Survey Research ?" sur <strong>le</strong> site du congrès(page d’accueil, espace « Actualités ») www.congres-afsp.fr


L’outil numérique...Utilisation du site internet du Congrès sur l’année 2007près <strong>de</strong> 120.000 pages...De l’ouverture du site web dédié au 9 ème Congrès <strong>de</strong> Toulouse enfévrier 2007 jusqu’au 17 octobre 2007, ce sont 119.563 pages qui ontété visitées.Retrouvez toutes <strong>le</strong>s communications aux différentessessions sur <strong>le</strong> site web du congrès qui reste en ligne auwww.congres-afsp.frBonus ! Ecoutez l’interview post-congrès <strong>de</strong> Nonna Mayer dans l’émission radio<strong>de</strong> France Culture « La suite dans <strong>le</strong>s idées » du 11 septembre 2007 (mp3), téléchargeab<strong>le</strong><strong>de</strong>puis la page d’accueil du site internet du congrèsDe l’avis général, ce 9ème congrès <strong>de</strong> l’AFSP fut une réussite sur <strong>le</strong> plan <strong>de</strong> l’organisation. Nous<strong>le</strong> <strong>de</strong>vons à l’équipe toulousaine dynamique, cha<strong>le</strong>ureuse et professionnel<strong>le</strong> qui n’a pas comptéson temps, son énergie, sa bonne humeur pour accueillir nos congressistes trois jours durant dans <strong>le</strong>smeil<strong>le</strong>ures conditions. Qu’ils soient assurés ici <strong>de</strong> notre profon<strong>de</strong> reconnaissance.Un grand merci à : Delphine, Elif, Floriant, Hélène, Jacobo, James, Jean-Baptiste, Joël<strong>le</strong>, Khadoudja,Ludivine, Manon, Marie, Muriel, Nadia, Nathalie, Raphaël<strong>le</strong>, Ralf, Sandra, Vera, Sophie.

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