<strong>de</strong> gouvernement central et local au Portugal, et analyser <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s partis à chacun <strong>de</strong> ces niveaux et<strong>le</strong> phénomène <strong>de</strong>s candidatures indépendantes.Après ces trois présentations, une première discussion s’engage avec la sal<strong>le</strong>. Eric Kerrouche revientnotamment sur <strong>le</strong>s spécificités du par<strong>le</strong>ment français en regard <strong>de</strong>s autres assemblées en Europe.Après cette discussion, Patrick Le Li<strong>de</strong>c, chercheur au CERSA présente une contribution intitulée « Lesdéputés français, <strong>le</strong>urs assistants et <strong>le</strong>s usages <strong>de</strong> l’enveloppe « crédit collaborateurs » : priorité à lacirconscription et à l’assistance socia<strong>le</strong> ».Il introduit son propos en rappelant que <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires français peuvent être considérés comme <strong>de</strong>sacteurs faib<strong>le</strong>s si on <strong>le</strong>s compare à <strong>le</strong>urs homologues américains. Pourtant, durant <strong>le</strong>s trente <strong>de</strong>rnièresannées, <strong>le</strong>s ressources à disposition <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires se sont accrues. Les députés disposent désormaischacun d’une enveloppe annuel<strong>le</strong> d’un montant <strong>de</strong> 106 680 euros (charges socia<strong>le</strong>s non comprises)pour recruter <strong>de</strong>s collaborateurs personnels. Avec cette enveloppe, ils peuvent recruter librement <strong>de</strong> 1 à5 collaborateurs, définir <strong>le</strong>urs rémunérations et fixer <strong>le</strong>urs conditions <strong>de</strong> travail. Comment <strong>le</strong>s députésutilisent-ils cette enveloppe et organisent-il <strong>le</strong>urs équipes ? Privilégient-ils <strong>le</strong> recrutement d’un grandnombre d’assistants peu diplômés ou un petit nombre <strong>de</strong> professionnels spécialisés ? Sont-ilsprincipa<strong>le</strong>ment affectés à Paris ou en circonscription ? Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>urs principa<strong>le</strong>s tâches (fairel’assistante socia<strong>le</strong>, écrire <strong>de</strong>s correspondances, communiquer et faire <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> presse, du travaillégislatif, etc.) ? En utilisant <strong>le</strong>s données col<strong>le</strong>ctées dans <strong>le</strong> cadre d’une enquête col<strong>le</strong>ctive conduite parune équipe (CARMA : CRPS-CERSA) <strong>de</strong>puis 2004, on teste ici une série <strong>de</strong> variab<strong>le</strong>s et d’hypothèseshabituel<strong>le</strong>ment utilisées dans <strong>le</strong> champ <strong>de</strong>s Legislative studies. On souligne <strong>le</strong> poids <strong>de</strong> variab<strong>le</strong>sclassiques comme l’ancienneté <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires, <strong>le</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs circonscriptions (urbaineou rura<strong>le</strong>, etc.), <strong>le</strong>urs objectifs ou <strong>le</strong>urs croyances (la réé<strong>le</strong>ction, la progression dans la carrière politique,l’élaboration <strong>de</strong> « bonnes » politiques publiques), <strong>le</strong>urs ressources et <strong>le</strong>urs contraintes spécifiques. Bienque ces variab<strong>le</strong>s conditionnent fortement <strong>le</strong>s usages du « crédit collaborateurs » et que <strong>de</strong> fortesdifférences puissent être mises en évi<strong>de</strong>nce parmi eux, <strong>le</strong>s députés français se singularisent parl’importance <strong>de</strong>s ressources dédiées au travail d’assistante socia<strong>le</strong>. Ils sont nombreux à investir dans <strong>le</strong>travail d’assistante socia<strong>le</strong> en circonscription, ce qui <strong>de</strong>ssine un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> petite entreprisepar<strong>le</strong>mentaire bien accordé aux contraintes que fait peser sur eux <strong>le</strong> scrutin uninominal majoritaire à<strong>de</strong>ux tours. Les assistants en circonscription constituent une ressource précieuse pour <strong>le</strong>s députés,notamment pour mieux contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s organes locaux <strong>de</strong>s partis auxquels ils adhèrent et réduire <strong>le</strong>s risquesé<strong>le</strong>ctoraux auxquels ils sont exposés.Ensuite, Mathieu Provi<strong>de</strong>nce, doctorant à l’Université Paris X présente une contribution intitulée « Le« terrain » contre l’« assemblée ». La mise en cause du par<strong>le</strong>mentarisme républicain durant <strong>le</strong>boulangisme ».Cette présentqtion étudie comment dans <strong>le</strong> cadre du « boulangisme » (1886-1891, mouvement politiqueconstitué autour du général Boulanger), l’articulation entre <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong> représentation et <strong>le</strong>spratiques d’assemblée prend la forme inattendue d’une opposition et comment cette configurationsuscite une transformation origina<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces activités.La particularité <strong>de</strong> l’action é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong> du Général est non seu<strong>le</strong>ment qu’el<strong>le</strong> prend une tournurenettement antipar<strong>le</strong>mentaire, stigmatisant la « stérilité » <strong>de</strong>s pratiques d’assemblée, mais surtout qu’iladopte une stratégie <strong>de</strong> candidatures multip<strong>le</strong>s. Candidat multi-élu, rassemblant <strong>de</strong> nombreuses voix surun programme antipar<strong>le</strong>mentaire, il met donc directement en cause <strong>le</strong>s pratiques d’assemblée à partirdu « terrain ». Ce qui va nous intéresser dans ce travail c’est tout d’abord <strong>de</strong> suivre <strong>le</strong>s députés qui se sontinvestis dans <strong>le</strong> mouvement boulangiste. Cette étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> trajectoires va nous permettre <strong>de</strong> revenir sur unélément essentiel : il n’existe pas à ce moment d’accord entre <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires sur l’organisationinstitutionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la République. Ce que l’on va montrer ensuite c’est que cette mise en cause origina<strong>le</strong>du jeu politique tel qu’il est en train <strong>de</strong> se structurer, va susciter une transformation <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>représentation et d’assemblée. Ce qui s’organise pour lutter contre <strong>le</strong> boulangisme, c’est une sanctiondu « terrain » par l’« assemblée » : <strong>le</strong> Sénat, réuni en Haute Cour <strong>de</strong> justice condamne <strong>le</strong> généralBoulanger pour complot contre la République, jugement qui s’accompagne <strong>de</strong> mesures qui modifientdurab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s pratiques <strong>de</strong> représentation (interdiction <strong>de</strong>s candidatures multip<strong>le</strong>s, retour au scrutind’arrondissement).En conclusion, M. Provi<strong>de</strong>nce montre que <strong>le</strong> « moment » boulangiste constitue une étape déterminante<strong>de</strong> la transition <strong>de</strong> la Troisième République au par<strong>le</strong>mentarisme.Enfin, Ludivine Vanthournout, doctorante à l’Université Paris I, présente une contribution intitulée« Recrutement et pratiques d’assemblée extraordinaires à l’aune <strong>de</strong> la suppléance par<strong>le</strong>mentaire ».
Depuis l’instauration <strong>de</strong> la suppléance par<strong>le</strong>mentaire en 1958, 570 suppléants sont <strong>de</strong>venus députés parce mécanisme et <strong>de</strong> nombreux candidats à la députation ont utilisé <strong>le</strong> titre <strong>de</strong> « suppléant sortant» pourse faire élire. Néanmoins la suppléance <strong>de</strong>meure un point aveug<strong>le</strong> du recrutement par<strong>le</strong>mentaire. Ils’agira donc d’i<strong>de</strong>ntifier ces nouveaux acteurs et d’analyser <strong>le</strong>urs pratiques à l’Assemblée nationa<strong>le</strong>comme en circonscription.L’économie généra<strong>le</strong> <strong>de</strong>s pratiques liées à la suppléance indique qu’il existe une gran<strong>de</strong> hétérogénéitéau sein <strong>de</strong> la catégorie unificatrice « anciens suppléants <strong>de</strong>venus députés ». Ce personnel politique estinéga<strong>le</strong>ment illégitime lors <strong>de</strong> son entrée à l’Assemblée ; certains <strong>le</strong> resteront, d’autres, à l’issue d’unprocessus <strong>de</strong> légitimation plus ou moins long et comp<strong>le</strong>xe, parviendront à s’imposer. Pour s’affirmer ausein <strong>de</strong> cette institution, ils <strong>de</strong>vront faire un usage stratégique <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur trajectoire, <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs investissementsmilitants, qu’ils soient directement partisans ou encore associatifs, syndicaux, voire <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur héritagepolitique. Voie <strong>de</strong> professionnalisation spécifique, la suppléance par<strong>le</strong>mentaire modifie <strong>le</strong>s jeuxd’Assemblée, en <strong>le</strong>s renouvel<strong>le</strong>ment ou en imposant <strong>le</strong>urs ajustements, et <strong>le</strong>s représentations qui y sontin<strong>de</strong>xées. Un réseau <strong>de</strong> coopération et <strong>de</strong> ressources propres aux anciens suppléants émerge, <strong>le</strong>srelations entre <strong>le</strong>s par<strong>le</strong>mentaires, <strong>le</strong> groupe et <strong>le</strong> parti se comp<strong>le</strong>xifient. Certains d’entre eux iront jusqu’àse mobiliser pour « la cause <strong>de</strong>s suppléants » et à revendiquer la reconnaissance juridique <strong>de</strong> cepersonnel politique intermédiaire.Les lois tendanciel<strong>le</strong>s du recrutement <strong>de</strong>s députés se retrouvent-el<strong>le</strong>s dans celui <strong>de</strong> suppléants <strong>de</strong>venusdéputés ou <strong>le</strong>urs principes <strong>de</strong> sé<strong>le</strong>ction sont-ils régis par d’autres logiques? Selon <strong>le</strong>s partis politiques et <strong>le</strong>sconjonctures, dans quel<strong>le</strong> mesure <strong>le</strong>urs propriétés et <strong>le</strong>urs rô<strong>le</strong>s varient-ils ? Leurs manières <strong>de</strong> penser,d’être, d’agir se distinguent-el<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s autres députés?Cette <strong>de</strong>rnière présentation est suivie d’une disucssion d’environ trente minutes avec la sal<strong>le</strong>. P. Le Li<strong>de</strong>cest interrogé sur l’amp<strong>le</strong>ur <strong>de</strong>s activités loca<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s par<strong>le</strong>mentaires et sur <strong>le</strong>s effets du cumul <strong>de</strong>s mandatvis-à-vis du travail « d’assistante socia<strong>le</strong> » <strong>de</strong>s élus. L. Vanthournout est amenée à distinguer différentesformes <strong>de</strong> suppléances et <strong>de</strong> carrières liées à la suppléance selon que l’élu se trouve suppléant d’unministre ou d’un par<strong>le</strong>mentaire désireux <strong>de</strong> « passer la main ».Eric Kerrouche et Olivier RozenbergBilan <strong>de</strong> l'atelier 11Comment <strong>le</strong>s citoyens pensent-ils <strong>le</strong> politique ?Récents développements théoriques et empiriques.Cet atelier était motivée par <strong>le</strong> constat selon <strong>le</strong>quel l’essor <strong>de</strong>s travaux sur <strong>le</strong> raisonnement <strong>de</strong>scitoyens reste, d’une part, encore limité par rapport aux voies ouvertes chez <strong>le</strong>s anglo-américains et,d’autre part, encore principa<strong>le</strong>ment marqué par la construction d’indicateurs quantitatifs <strong>de</strong>stinés àtester l’effort cognitif <strong>de</strong>s acteurs, <strong>le</strong>ur “ sophistication ” ou “ compétence ”. En promouvant l’ouvertureinterdisciplinaire (sociologie, psychologie socia<strong>le</strong>), l’objectif était donc notamment <strong>de</strong> contribuer à lacomplémentarité <strong>de</strong>s approches en sollicitant <strong>de</strong>s contributions d’inspiration plus qualitative susceptib<strong>le</strong>sd’appréhen<strong>de</strong>r <strong>de</strong> manière élargie <strong>le</strong> rapport <strong>de</strong>s acteurs au politique en interrogeant la formation etl’usage <strong>de</strong>s catégories très diverses d’intelligibilité qu’ils mettent en oeuvre.Dans cette perspective, <strong>le</strong> citoyen est envisagé comme acteur social et donc étudié à partir <strong>de</strong>facteurs tels que sa socialisation, son insertion dans <strong>de</strong>s réseaux sociaux ou son exposition aux discours<strong>de</strong>s médias. L’idée est ici que suffisamment <strong>de</strong> résultats ont été accumulés sous l’ang<strong>le</strong> individualistepour suggérer <strong>de</strong> travail<strong>le</strong>r <strong>de</strong> manière plus contextualisée. Enfin, il était attendu <strong>de</strong>s contributeurs qu’ilsprésentent <strong>de</strong>s résultats empiriques en <strong>le</strong>s rapportant à la méthodologie utilisée pour éclairer quel aspect<strong>de</strong> la production du raisonnement est mis au jour par <strong>le</strong> dispositif d’enquête.L’appel à contribution a suscité une douzaine <strong>de</strong> propositions qui ont été adresséesmajoritairement par <strong>de</strong>s docteurs et doctorants et reflétaient, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la <strong>science</strong> politique, uneouverture vers la sociologie. Cinq contributions ont été présentées et discutées.Une première session <strong>de</strong> l’atelier a regroupé trois contributions qui présentaient une certaine articulationautour du rapport <strong>de</strong>s citoyens au politique à partir <strong>de</strong>s perceptions et <strong>de</strong>s enjeux liés à <strong>le</strong>urenvironnement urbain :- David GOUARD (Université Paris I-CRPS), “ Prises <strong>de</strong> paro<strong>le</strong>s et compétences politiques à Ivry-sur-Seine ”