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Tanger, ville frontière - La Pensée de Midi

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Terres <strong>de</strong> femmes, chronique <strong>de</strong> Angèle Paoli, 24 mars 2008<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi, « <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière”, n° 23, février 2008Site internet : http://terres<strong>de</strong>femmes.blogs.com/mon_weblog/2008/03/la-pense-<strong>de</strong>-mid.htmlUN MUR, DEUX MERS<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> longtemps rêvée que portent mes lectures anciennes, colonnes d’Hercule <strong>de</strong> l’enfance<strong>de</strong>s mythologies. <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> refuge <strong>de</strong> Jean Genet, <strong>ville</strong> <strong>de</strong> passage <strong>de</strong> Tennessee Williams, TrumanCapote, William Burroughs, <strong>ville</strong> d'aventure <strong>de</strong> Paul Bowles. Un Thé au Sahara. Qu’y a-t-il <strong>de</strong> communentre la <strong>ville</strong> inscrite <strong>de</strong> si longue date dans l'imaginaire lié aux portes du désert et la <strong>Tanger</strong> d’aujourd’huisoumise à son tour, comme tant d’autres, aux frénésies immobilières sans bornes et aux violences <strong>de</strong> lamo<strong>de</strong>rnité ? <strong>La</strong> lecture du dossier consacré à <strong>Tanger</strong> par <strong>La</strong> Pensée <strong>de</strong> midi, va-t-elle permettre <strong>de</strong> répondreà la lancinante question du <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> « <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière » ?Réalisée par Joseph Marando, la photo <strong>de</strong> la première <strong>de</strong> couverture du n° 23 <strong>de</strong> <strong>La</strong> Pensée <strong>de</strong> midi,« <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière », en dit long sur la nostalgie qui imprègne rivages et hommes. Quel « horizond’attente » pour celui qui, burnous aveugle et silencieux, tournant le dos à la <strong>ville</strong>, contemple l’infini,promesse <strong>de</strong> l’ailleurs ? Attente, suspens, les yeux assis sur l’horizon désert.<strong>La</strong> création comme remè<strong>de</strong> à la <strong>de</strong>structionDans son éditorial intitulé « Destruction/Création », Thierry Fabre met à nouveau l’accent (il l’adéjà fait précé<strong>de</strong>mment dans d'autres numéros) sur ce qui frappe et blesse dès le premier abord.L’asynchronie entre <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s. Mon<strong>de</strong> méditerranéen et Mon<strong>de</strong> européen. « Le Mon<strong>de</strong> méditerranéenvit un temps <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction et semble plongé dans un "paysage <strong>de</strong> la bataille". » Et l’auteur <strong>de</strong>retracer ce qui oppose le mon<strong>de</strong> méditerranéen au mon<strong>de</strong> européen <strong>de</strong>puis 1945. « Non guerre, réconciliationautour <strong>de</strong> la démocratie, du marché et <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme » pour l’un ; violents conflits pourl’autre, « effets dévastateurs » <strong>de</strong> la colonisation, <strong>de</strong>structions incessantes. Des trajectoires historiquesdistinctes auxquelles viennent s'ajouter <strong>de</strong> multiples divergences, y compris dans l'élaboration <strong>de</strong> projetscommuns. Est-il encore possible, s'interroge Thierry Fabre, d'envisager pour les trente années à venir, unfutur commun à ces <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s que tout semble séparer inexorablement ? Selon Thierry Fabre, il y aurgence à renvoyer à ce désir <strong>de</strong> « viva la muerte » un processus <strong>de</strong> création. Seul trait d'union possibleà opposer aux armes. Là encore, le seul maître à penser sur lequel appuyer sa réflexion est Albert Camusdont Thierry Fabre rappelle le sens <strong>de</strong> la mesure et <strong>de</strong>s limites. Ce que l'auteur <strong>de</strong> L'Homme révolté nommaitjadis « la pensée <strong>de</strong> midi ». Paradoxalement, regar<strong>de</strong>r la <strong>de</strong>struction à l'œuvre est une invitation àla création.<strong>Tanger</strong> « transnationale »Le dossier « <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière » s'ouvre sur une « chronique subjective » <strong>de</strong> Michel Péraldi(à qui Thierry Fabre a confié la coordination <strong>de</strong> l’ensemble du dossier). Pour Michel Péraldi, anthropologuequi dirige à Rabat le Centre Jacques-Berque, <strong>Tanger</strong> est une <strong>ville</strong> euroméditerranéenne, « transnationale». Une <strong>ville</strong> qui vit dans un espace-temps qui « débor<strong>de</strong> le national ». Être transnational, celasignifie savoir se glisser dans les plis <strong>de</strong>s lois et s'y rendre invisible. Capacité indispensable à qui veutpasser la frontière sans courir le risque d'y être reconduit manu militari. Pour nombre d'adolescents, «brûler la frontière » constitue du reste un rite <strong>de</strong> passage incontournable, une épreuve initiatique nécessairepour partir à la conquête <strong>de</strong>s marchés du travail européen. En outre, le seul moyen pour ces jeunes<strong>de</strong> s'émanciper d'une vie qu'ils récusent. Passer <strong>de</strong> l'invisibilité à la visibilité ne se fait pas sans dommages.Brutalités et violences sont le prix à payer pour qui veut y parvenir.

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