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Tanger, ville frontière - La Pensée de Midi

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evue <strong>de</strong> pressenuméro 23, <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi, Actes Sud, février 2008


<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi n°23, Actes Sud, février 2008Un dossier coordonné par Michel Péraldiavec la complicité <strong>de</strong> la revue Nejma<strong>Tanger</strong> est une <strong>ville</strong> où les <strong>de</strong>ux rives <strong>de</strong> la Méditerranée se touchent <strong>de</strong>s yeux.Ville frontière, <strong>Tanger</strong> n’est plus seulement une <strong>ville</strong> internationale, comme elle le fut jadis, mais une <strong>ville</strong>transnationale. “C’est-à-dire qu’elle vit au quotidien dans un espace temps très peu national ”, commele souligne Michel Péraldi qui a dirigé ce numéro <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi.Cité à nulle autre pareil, <strong>Tanger</strong> est traversée et débordée par <strong>de</strong> nombreuses frontières. Ce sont les multiplesfacettes <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> complexe que ce numéro se propose <strong>de</strong> dévoiler. A partir <strong>de</strong>s contes cruels etsavoureux <strong>de</strong> M’rabet, <strong>de</strong> récits singuliers, recueillis et partagés avec la complicité <strong>de</strong> la revue Nedjma,d’histoires <strong>de</strong> vie comme celle d’Elena Prentice ou à l’heure du cocktail chez Paul Bowles, qui témoignentd’un cosmopolitisme toujours vivace, <strong>de</strong> la Calle <strong>de</strong>l Diablo et <strong>de</strong>s Lucioles <strong>de</strong> la nuit tangéroise décritespar Mona Kezari et Ab<strong>de</strong>lmajid Arrif, <strong>de</strong>s rebelles <strong>de</strong> la mondialisation, qui cherchent à traverser la frontièrevers l’Europe comme une brava<strong>de</strong> et un défi trop souvent mortel (Merce<strong>de</strong>s Alavarez), <strong>de</strong>s jeux subtilsà propos du respect <strong>de</strong>s bonnes mœurs ou <strong>de</strong>s spéculations dans la Casbah (Carole Viché, Julien LeTellier et Catherine Mattéi), sans oublier ce qui fait le mythe <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong> dans sa relation au cinéma(Simona Schnei<strong>de</strong>r), ou sa réalité d’une <strong>ville</strong> entre <strong>de</strong>ux mers, confrontée à l’invisible ou trop visibleprésence d’un mur, dans le récit <strong>de</strong> Driss Ksikes.<strong>Tanger</strong>, une <strong>ville</strong> aimantée par sa relation à la frontière…(quatrième <strong>de</strong> couverture, par Thierry Fabre).Coordonné par Michel Péraldi, anthropologue et membre du comité <strong>de</strong> rédactoin, cenuméro a été présenté lors <strong>de</strong> multiples événements, et a été relayé par la presse écrite, radiophonique,et par nos partenaires (consulter la liste <strong>de</strong>s partenaires plus loin dans ce document).Qu’ils en soient tous chaleureusement remerciés ici.L’équipe <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi... petit rappelEn 2000, une équipe d'intellectuels et d'écrivains, au nombre <strong>de</strong>squels Thierry Fabre(rédacteur en chef <strong>de</strong> la revue), Bernard Millet, Hubert Nyssen, Bruno Etienne, Jean Clau<strong>de</strong> Izzo etEmile Temime, ont voulu réfléchir, ensemble, à la création d’un lieu <strong>de</strong> pensée et <strong>de</strong> parole.<strong>La</strong> conception <strong>de</strong> cette revue littéraire et <strong>de</strong> débats d’idées, coéditée avec Actes Sud troisfois par an, est ainsi née <strong>de</strong> l’envie d’établir un endroit propice aux échanges, aux créations et auxdébats idées autour du mon<strong>de</strong> méditerranéen contemporain.Depuis, entre réflexion et création, et au travers <strong>de</strong> dossiers thématiques sous la directiond’auteurs, l’ambition <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi est d’éclairer les regards sur les enjeux <strong>de</strong> laMéditerranée et les points <strong>de</strong> vue sur le mon<strong>de</strong>. Chaque théme est abordé sous un angle pluridisciplinaire,et pour chaque numéro sont sollicités <strong>de</strong>s auteurs, artistes, chercheurs ou écrivains, <strong>de</strong>renom ou à découvrir.Ces publications sont organisées en quatre séries thématiques : "Littérature et création","Portraits <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s", "Débats d'idées" et "Politique et société".<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière est le cinquième numéro <strong>de</strong> la série “Portraits <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s”.


Introduction<strong>Tanger</strong> transnationale, par Michel Péraldi


Introduction au dossier<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi, n°23<strong>Tanger</strong> transnationalepar Michel PéraldiJ’ai découvert <strong>Tanger</strong> à l’occasion d’une rencontre en octobre 2005. Il y soufflait un vent froid pareilau mistral, la <strong>ville</strong> était sombre et désespérément vi<strong>de</strong>. Tout <strong>Tanger</strong> semblait avoir migré dans les cafésface aux écrans <strong>de</strong> télé. Une foule exclusivement masculine assistait en direct au match qui ce soir-làopposait le Barça (Barcelone) au Real <strong>de</strong> Madrid. Je crois que le Barça a gagné, ce qui n’a pas eu unegran<strong>de</strong> importance sur l’humeur <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>, comme tentait <strong>de</strong> me l’expliquer un peu plus tard un jeuneTangérois : une moitié <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> est pour le Real, l’autre pour le Barça, et les moitiés s’inversentchaque année.<strong>Tanger</strong> était <strong>ville</strong> internationale à une autre époque, lorsqu’elle était gouvernée par un consortiumreprésentant <strong>de</strong>s nations et pas mal d’entrepreneurs interlopes, <strong>Tanger</strong> aujourd’hui est transnationale.C'est-à-dire qu’elle vit au quotidien dans un espace-temps très peu national. Pour comprendrela différence, il faut préciser que l’international, c’est <strong>de</strong> l’excès <strong>de</strong> nation. Dans le <strong>Tanger</strong> <strong>de</strong>sannées trente, toutes les puissances coloniales étaient là, tellement là et puissantes qu’elles avaientdû mettre en place un comité pour gérer la <strong>ville</strong> et veiller aux velléités d’hégémonie <strong>de</strong>s uns ou <strong>de</strong>sautres. Le transnational, c’est au contraire ce qui excè<strong>de</strong> le national, le débor<strong>de</strong>. Il ne viendrait pas àl’esprit <strong>de</strong>s supporters occasionnels du Barça ou du Real <strong>de</strong> penser qu’ils soutiennent quelque chosed’un esprit national espagnol en suivant distraitement le championnat. Ils le font justement sans passionnationale, en dilettantes blasés et comme revenus <strong>de</strong>s nationalismes.Une part <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong> vit donc aujourd’hui dans un espace-temps transnational euroméditerranéen.Jenny est écossaise, précise-t-elle, pas anglaise, elle vit à <strong>Tanger</strong> <strong>de</strong>puis dix ans. Elle y avait ouvert unspeakeasy, comme au temps <strong>de</strong> la prohibition. <strong>Tanger</strong>, c’est vrai, est encore une <strong>ville</strong> où il faut parfoissavoir se cacher pour boire. Jenny n’est pas venue <strong>de</strong> loin, puisqu’elle vivait à Marbella <strong>de</strong>puis vingtans lorsqu’elle est arrivée à <strong>Tanger</strong> après un divorce et la mort d’un enfant. C’est une force Jenny, toujoursprête à rebondir même si la vie la frappe fort. Aujourd’hui ça va, elle a acheté sa maison dans lamédina et s’occupe <strong>de</strong> transactions immobilières. <strong>Tanger</strong> n’est pas Marrakech, mais il y a désormaisune <strong>de</strong>man<strong>de</strong> européenne pour les maisons <strong>de</strong> la casbah ou <strong>de</strong> la médina. S’il ne lui arrive rien <strong>de</strong>trop grave, Jenny gagne assez d’argent pour vivre tranquillement ce qu’on appelle une retraite. Carpour être retraité, il faut avoir travaillé et surtout avoir été reconnu comme tel. Jenny a travaillé, toutesa vie, et parfois même beaucoup, comme lorsqu’elle tenait le restaurant-bar-boîte <strong>de</strong> son mari àMarbella. Mais comme dans les ménages agricoles, son mari oubliait <strong>de</strong> la déclarer et ne lui donnaitque le strict nécessaire pour les dépenses du ménage. A soixante-trois ans Jenny n’a donc qu’une maigreretraite qui lui vient d’Air France, où elle a travaillé trois ans. “Je ne suis pas assez riche pourtomber mala<strong>de</strong>”, dit-elle. “Ici je dépends <strong>de</strong> l’hospitalité <strong>de</strong>s autorités”, dit-elle aussi, et entendonsqu’elle n’a aucun statut. Tous les <strong>de</strong>ux mois, il lui faut aller passer quelques jours à Marbella pourrevenir ensuite en “touriste” au Maroc. C’est cela aussi le transnational, se glisser dans les plis <strong>de</strong>slois et s’y rendre invisible.


Pour cela, il suffit <strong>de</strong> bouger imperceptiblement, <strong>de</strong> passer la frontière. Très exactement quatorze kilomètresici, mais pour l’avoir éprouvé je sais qu’il est plus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> franchir les quelques kilomètresdu détroit que la centaine <strong>de</strong> mètres qui séparent Tijuana <strong>de</strong> San Diego, celle qui est <strong>de</strong> nos jours,hors Palestine, la frontière la mieux gardée du mon<strong>de</strong> et dont l’Europe semble vouloir s’inspirer pourpenser ses rapports à l’autre du Sud. <strong>Tanger</strong> est pleine aujourd’hui <strong>de</strong> ces mobiles transnationaux,même si pour les besoins <strong>de</strong> la cause européenne les médias se focalisent sur les Africains et lesseuls aventuriers <strong>de</strong>s pateras. Un jeune oisif <strong>de</strong> la place <strong>de</strong>s Fainéants m’a dit un jour que oui, ilaimerait bien faire un tour en Espagne, pour voir. Mais s’il est là sur la place, c’est d’abord parce quele paysage est sublime. L’Europe aujourd’hui veut voir les jeunes <strong>de</strong> la place comme <strong>de</strong>s papillonsfascinés par les lumières d’en face qui battent les vitres <strong>de</strong> ses fenêtres closes. A Tijuana, par endroits,les Américains, pensant la même chose <strong>de</strong>s Mexicains, ont dressé un mur immense. Cynisme sansdoute, le mur est fait <strong>de</strong> poteaux <strong>de</strong> béton plantés les uns à côté <strong>de</strong>s autres à quelques centimètres ;assez écartés pour laisser <strong>de</strong>s interstices où coller son visage et tenter d’apercevoir quelque chose duparadis, si près. Mais pas assez pour passer. On dit que certains maintenant, <strong>de</strong>s enfants surtout,meurent étouffés <strong>de</strong> tenter le passage, coincés dans les mailles <strong>de</strong> ce filet d’un nouveau genre. <strong>Tanger</strong>n’est pas Tijuana, c’est une <strong>ville</strong>, Tijuana est un cauchemar pour faire croire que le rêve est en face.On peut encore rêver <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong>. Pourtant il n’y a jamais eu autant d’Européens qu’aujourd’hui à<strong>Tanger</strong>. L’été, ils sont même <strong>de</strong>s millions, ils déambulent nonchalamment jusqu’au petit matin, mangenttous les poissons que <strong>de</strong>s pêcheurs vont braconner maintenant jusque sous les côtes algériennes.Ils sont européens d’origine marocaine, occupent les immenses terrasses <strong>de</strong>s bars à néon <strong>de</strong>la plage, dansent jusqu’à l’aube dans les boîtes disco, roulent en Volkswagen, sifflent les filles dansla rue (lesquelles d’ailleurs sont souvent leurs sœurs ou cousines), s’envoient <strong>de</strong>s litres <strong>de</strong> bière etcomprennent douze mots en darija, douze, dont salam oualekum et oualekum salam. Il faut jusqu’àquinze minutes pour trouver au mois d’août un taxi dont une place est libre. Ils ressemblent <strong>de</strong> moinsen moins aux jeunes Marocains qui sont leurs cousins, surtout parce qu’ils semblent emportés parune spirale <strong>de</strong> croissance et d’obésité quand les locaux sont maigres et secs comme <strong>de</strong>s hidalgos.Autre point commun avec les jeunes Mexicains, carcasses immenses, comme gonflés à l’hélium.Aux feux rouges, il est désormais fréquent <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s enfants surgir brusquement <strong>de</strong>s bas-côtés, l’airfiévreux. Ils ont ce qui semble être une dizaine d’années à peine, ils sont sales, dépenaillés, droguésbien souvent. Par groupes <strong>de</strong> trois ou quatre, tels <strong>de</strong>s oiseaux, ils prennent d’assaut un semiremorqueou un camping-car, courent autour, à l’exact moment où le feu passe au vert. Ils cherchentfrénétiquement une place où se cacher, se nicher dans l’espoir <strong>de</strong> passer en clan<strong>de</strong>stins en Europe.Dans la plupart <strong>de</strong>s cas les chauffeurs les repèrent et les font <strong>de</strong>scendre sans aménité avant d’arriverau port. Je sais aussi par Merce<strong>de</strong>s, qui les connaît presque tous par leur nom, que ces enfantsjouent. Le passage sur l’autre rive, on dit ici “brûler la frontière”, est un rite d’initiation, violent, brutal,comme le sont d’ailleurs toutes les épreuves rituelles <strong>de</strong> l’adolescence. Les héros reviennent entre<strong>de</strong>ux gendarmes tout auréolés <strong>de</strong> gloire. Les policiers voient en eux <strong>de</strong> fins stratèges prêts à tout pouraller conquérir les marchés du travail européens.Je ne peux pas dire comment je le sais, mais je le sais : <strong>de</strong>s toits <strong>de</strong> certains entrepôts installés dansla zone franche, sur le port, on jette <strong>de</strong> l’autre côté du mur <strong>de</strong>s marchandises qui seront vendues lelen<strong>de</strong>main dans les kisarias. Rien <strong>de</strong> très affriolant, <strong>de</strong>s shampooings, <strong>de</strong>s pots <strong>de</strong> confiture ou <strong>de</strong>sbiscuits secs, <strong>de</strong>s couvertures espagnoles, mais c’est tout l’intérêt <strong>de</strong> la zone franche aujourd’hui quecette muraille qui l’entoure et les toits-terrasses <strong>de</strong>s entrepôts. M., qui m’y accompagne a fait fortuneen arnaquant <strong>de</strong>s barons du shit dont il faisait la comptabilité. Eux non plus ne le savent pas, oun’aimeraient pas que ça se sache, pas plus que les douaniers à qui il “paye la route”, dit-il. Ouvrir laroute et fermer les yeux. En ce moment, il importe et exporte ainsi, via son entrepôt <strong>de</strong> la zonefranche, du vin espagnol, plutôt bon.


A midi, dans un restaurant espagnol justement, j’ai mangé sûrement l’un <strong>de</strong>s meilleurs poissonsdont je me souvienne, énorme daura<strong>de</strong> sauvage vidée <strong>de</strong> ses arêtes et farcie aux vermicelles parfumés.C’est d’habitu<strong>de</strong> une recette plutôt réservée au poulet beldi. Il y a donc à <strong>Tanger</strong> du poissonbeldi. J’étais en compagnie <strong>de</strong> Zouina, qui a réinvesti les économies <strong>de</strong> ses dix années passées enEspagne “à faire la pute”, dit-elle, dans une agence immobilière. En face <strong>de</strong> nous, son amant, fonctionnaireau cadastre, ne dira pas un mot, pas même en partant. J’ai croisé le soir très tard, dans lesboîtes <strong>de</strong> nuit et les pubs <strong>de</strong>s rues adjacentes à l’avenue Pasteur, <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> parti et <strong>de</strong>s députés,un juge, <strong>de</strong>s notables dont je découvrais plus tard avec surprise la photo dans la presse lorsqu’ilsétaient promus à <strong>de</strong> hautes fonctions, <strong>de</strong>ux ou trois écrivains <strong>de</strong> gauche et <strong>de</strong>s hommes d’affaires. Ilssont dans le transport ou le textile, l’immobilier ou la finance et ils adorent le poisson et le vin espagnol.J’ai croisé là-bas un poète très connu au Maroc, <strong>de</strong>s messieurs très respectés à <strong>Tanger</strong> qui ontgardé cette habitu<strong>de</strong> d’un autre âge qui consiste à priser un tabac broyé comme <strong>de</strong> la poussière qu’ilsdéposent en fines lignes sur le bord <strong>de</strong> leur poignet avant <strong>de</strong> le respirer. J’ai croisé aussi <strong>de</strong>s professeursd’Université et <strong>de</strong>s putes en activité.<strong>La</strong> prostitution à <strong>Tanger</strong> est une activité très usuelle, pratiquée dans tous les bars <strong>de</strong> nuit et boîtes <strong>de</strong>la <strong>ville</strong>. L’âge <strong>de</strong>s jeunes filles suit très rigoureusement le standing du lieu. Mais toutes les femmesqui exercent cette activité sont ou ont été <strong>de</strong>s ouvrières, <strong>de</strong>s femmes au foyer divorcées, <strong>de</strong>s mèresou <strong>de</strong>s filles attentionnées. Elles ne pratiquent d’ailleurs pas une prostitution à l’européenne, où leshommes se succè<strong>de</strong>nt, à la chaîne. Elles se tiennent par groupes dans les bars, atten<strong>de</strong>nt un signediscret d’un client auprès <strong>de</strong> qui l’une d’entre elles s’installe, formant un couple qui boit, rit et fumecomme le ferait n’importe quel couple dans une boîte <strong>de</strong> nuit. Quand les clients sont rares ou tar<strong>de</strong>nt,elles dansent seules, face aux miroirs, étudiant <strong>de</strong>s poses <strong>de</strong> série télé. Lorsqu’on arrive un peutôt dans les bars, on les voit arriver elles aussi, habillées comme toutes les filles <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s populaires,portant même pour certaines le voile et la djellaba. Un sac plastique sous le bras, elles vont auvestiaire revêtir <strong>de</strong>s tenues plus appropriées à leur métier, robe décolletée, short ou jupe étroite,comme les ouvrières qui vont au travail enfilent <strong>de</strong>s blouses ou <strong>de</strong>s bleus. Parfois l’homme s’en va,trop fatigué ou trop ivre pour aller plus loin, se contente d’un baiser appuyé et d’une accola<strong>de</strong> maladroite,et la fille trouve un autre client ou rentre seule chez elle, dans l’un <strong>de</strong> ces quartierspériphériques sur les collines au sud, vers l’aéroport.Longues rues en pente bordées d’immeubles <strong>de</strong> brique rouge qui ne seront sans doute jamaisenduits, sur <strong>de</strong>s rues jamais goudronnées où <strong>de</strong>s souks se sont installés, ruralisant aussitôt la <strong>ville</strong>qui s’étend. Je me souviens qu’au moment <strong>de</strong> l’Aïd, en plein cœur <strong>de</strong> la médina, <strong>de</strong>s paysans viennentvendre <strong>de</strong>s ballots <strong>de</strong> foin pour nourrir les moutons que l’on entend bêler sur les terrasses et lesbalcons, dans les arrière-cours. Dans ces quartiers poussiéreux et comme <strong>de</strong>s niches ruralesdéplacées dans la <strong>ville</strong>, les hommes sont habillés <strong>de</strong> longues djellabas blanches et les femmes <strong>de</strong> noirjusqu’aux yeux, à la mo<strong>de</strong> saoudienne.Le plus souvent, l’homme et la fille finissent la nuit ensemble, dans une chambre <strong>de</strong>s petits hôtels ducentre où les filles ont leurs habitu<strong>de</strong>s. Un seul homme par nuit. J’ai encore croisé un fabricant hollandais<strong>de</strong> bateaux et un autre Hollandais très étrange, venu se cacher à <strong>Tanger</strong> <strong>de</strong> sa femme marocaine,dont il ne supportait plus l’entrée brutale en religion et qu’il avait laissée à la tête <strong>de</strong> leur ryadà Marrakech. J’ai suivi les débuts <strong>de</strong> tractations très compliquées que <strong>de</strong>ux entrepreneurs lyonnaismettaient en œuvre pour ouvrir une filière d’importation <strong>de</strong> vaches françaises au Maroc. L’ami quim’a présenté nombre <strong>de</strong> ces nouveaux cosmopolites et qui m’a accompagné dans les nuits tangéroisesest un économiste, il a été professeur <strong>de</strong>s universités dans une autre vie, avant que le roi ne déci<strong>de</strong><strong>de</strong> mettre en prison les militants <strong>de</strong>s gauches radicales. Au début <strong>de</strong>s années quatre-vingt, il a doncpassé plusieurs années dans les sombres prisons du Maroc, y a gagné beaucoup d’amis et pris ladécision qu’il n’avait qu’une vie, <strong>de</strong>s talents <strong>de</strong> “rassembleur” et qu’il <strong>de</strong>vait si possible essayer <strong>de</strong> lesemployer à gagner <strong>de</strong> l’argent sans s’user au travail. Il y est parvenu, possè<strong>de</strong> aujourd’hui quelqueshôtels à <strong>Tanger</strong>, à Marbella, <strong>de</strong>s appartements à Marrakech, à <strong>Tanger</strong> bien sûr ou sur la côte, quatrebeaux enfants issus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mariages. Nous avons décidé d’écrire un jour ensemble un livre <strong>de</strong>théorie économique pour lancer un mouvement moral et politique que nous baptiserons flussisme.


Les nouveaux cosmopolites <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong> sont espagnols ou néerlandais, français et bien sûr marocains,mais ils sont d’abord <strong>de</strong>s hommes d’affaires dans une <strong>ville</strong> qui vibre comme une ruche, encore toutétonnée <strong>de</strong> la rapidité avec laquelle le séisme s’est déclenché. Ne nous y trompons pas, le capitalismeest tout sauf un mouvement tranquille et progressif, c’est une force qui soulève, bouleverse,excite et saoule. <strong>Tanger</strong> s’était assoupie après le départ <strong>de</strong>s bourgeoisies internationales, livrée dansles années soixante à quelques bandits interlopes qui y tenaient <strong>de</strong>s bor<strong>de</strong>ls et trafiquaient les cigarettes.Puis sont arrivés les beatniks et les hippies, mais ils étaient à peine assez nombreux pour fairevivoter <strong>de</strong>ux ou trois bars <strong>de</strong> nuit, dont un où les joueurs <strong>de</strong> fléchettes sont maintenant les cadreseuropéens <strong>de</strong>s maquiladoras. Par contre ils fumaient beaucoup, pas seulement du tabac. <strong>La</strong> guerredu Liban est arrivée, le cannabis libanais a disparu sous les bombes, et le Rif s’est trouvé en position<strong>de</strong> monopole. <strong>Tanger</strong> a vu brusquement arriver l’argent <strong>de</strong>s montagnards que leurs cultures ontenrichis, le terme est faible. Ils ont fait construire <strong>de</strong>rrière les arènes désaffectées <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong>, où nemeurt plus aucun taureau, <strong>de</strong>s villas immenses, prodigieusement sophistiquées, comme conçuespar <strong>de</strong>s architectes qui n’auraient pas su faire <strong>de</strong> couloirs ni relier les pièces entre elles, couvertes <strong>de</strong>toits pago<strong>de</strong>s aux tuiles vertes. Ces villas ne servent qu’aux fils et filles <strong>de</strong>s barons, que leurs parentsenvoient faire à <strong>Tanger</strong> <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s d’économie ou <strong>de</strong> comptabilité.L’autre bourgeoisie, celle <strong>de</strong>s Fassi, <strong>de</strong>s Soussi, <strong>de</strong>s Casaoui arrivée discrètement dans les annéessoixante-dix et qui relance l’activité industrielle à <strong>Tanger</strong>, se loge plus discrètement et avec infinimentplus <strong>de</strong> goût dans les plis secrets <strong>de</strong> ce quartier qu’on appelle la Montagne, promontoire face àl’Espagne, avant l’Atlantique, au pli <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux mers. Sérieux et graves, âpres au travail et fermes sur lamorale, même musulmans ils sont comme ces industriels protestants dont Weber disait que leurascétisme et leur engagement au travail avaient capacité à moraliser le capitalisme. Nulle partcomme à <strong>Tanger</strong>, on ne peut aujourd’hui mesurer les écarts culturels et moraux qui séparent les “fractionsdu capital”, comme on aurait dit en <strong>de</strong>s époques où la pensée était guidée par <strong>de</strong>s timoniers.Il y a bien quelque chose d’une fracture morale qui sépare les bourgeoisies : affairistes cyniques etjoueurs d’un côté, entrepreneurs travailleurs et engagés <strong>de</strong> l’autre. Les premiers sont <strong>de</strong>s truqueursun peu voyous qui fonctionnent par coups et opportunités, parce qu’ils ont compris que le capitalismeest aussi une économie <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> la mobilité. Ils n’arraisonnent pas les navires, ne pillentni ne rançonnent les caravanes, ils se contentent <strong>de</strong> saisir au vol <strong>de</strong>s marchandises qui vont parfoisun peu moins vite que les autres. On raconte qu’un riche promoteur aujourd’hui établi a fait fortuneen faisant saisir sur le régime du droit adoulaire les biens d’une communauté <strong>de</strong> religieusesespagnoles qu’il a obligées à faire leurs valises. Un autre aurait débuté en arnaquant les héritiers d’unduc anglais. Evi<strong>de</strong>mment, les immeubles qu’ils construisent ont <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> finitions, évi<strong>de</strong>mmentils fréquentent les prostituées et boivent <strong>de</strong> l’alcool, même si la chronique locale fait état <strong>de</strong>conversions spectaculaires à la vertu religieuse sur la fin <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> certains.Et plus secrète encore la Vieille Montagne, repli dans ce pli montagneux, où <strong>de</strong>s hauts murs commeceux qui cachent les basti<strong>de</strong>s marseillaises protègent ce qui reste <strong>de</strong>s bourgeoisies et <strong>de</strong>s aristocratiesinternationales, américaines, britanniques, italiennes. Les jardins y sont somptueux, attendantleur Matisse en dévalant vers la mer et <strong>de</strong>s plages invisibles. Dans l’un <strong>de</strong> ces jardins justement, montéléphone <strong>de</strong>vient subitement fou. D’une allée à l’autre, il ne cesse <strong>de</strong> passer du réseau marocain auréseau espagnol, enfilant les messages <strong>de</strong> bienvenue sur les réseaux…L’argent va aussi dans les immeubles qui ont poussé comme <strong>de</strong>s champignons <strong>de</strong>puis les annéesquatre-vingt, qui sont vi<strong>de</strong>s et peuvent le rester sans que cela gêne grand mon<strong>de</strong>. L’essentiel est d’investirvite ; le terme a quelque chose <strong>de</strong> fa<strong>de</strong> pour dire une opération qui est à la fois <strong>de</strong> hauteéconomie et <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> jouissance lorsque <strong>de</strong>s immeubles entiers se payent en liqui<strong>de</strong> aux terrasses<strong>de</strong>s cafés. <strong>Tanger</strong> est sans doute encore aujourd’hui la capitale <strong>de</strong>s immeubles neufs et déserts, vaisseauxsilencieux et sombres échoués au bord <strong>de</strong>s avenues même pas terminées. <strong>Tanger</strong> se met à dangereusementressembler à Tijuana.


Tout est allé tellement vite que la <strong>ville</strong> a désormais <strong>de</strong>s allures <strong>de</strong> palimpseste. Il est <strong>de</strong>s témoignagesarchéologiques délicieusement endormis sur leur gloire passée, comme ces cafés baroques, oùmême les ampoules n’ont jamais été changées <strong>de</strong>puis les années trente. Le Vienne, Le Berlin, LesChamps-Elysées et le salon <strong>de</strong> thé Porte, repeint certes. Comme ces boutiques figées dans le temps, etcelle-là au hasard, qui ne vend que <strong>de</strong>s ciseaux encore emballés dans du papier <strong>de</strong> soie, qu’un vieuxmonsieur ne parlant qu’espagnol défroisse pour chaque paire qu’il déballe comme si <strong>de</strong>puis un siècleun objet rare m’attendait.Depuis ces années quatre-vingt la <strong>ville</strong> suit une courbe ininterrompue <strong>de</strong> croissance. Les usines sontarrivées, et toujours à flots continus et réguliers l’argent <strong>de</strong>s montagnes. Un ami, marocain installéen Finlan<strong>de</strong>, achète sur plan un appartement presque sur la plage. Deux ans après, plâtres à peinesecs, il se voit offrir le double <strong>de</strong> ce qu’il l’a payé par le promoteur même qui le lui a vendu.Enfin aujourd’hui le capital industriel investit la zone. Un walli <strong>de</strong> choc fait raser par dizaines lesmaisons <strong>de</strong>s barons abusivement plantées sur le bord <strong>de</strong> mer entre <strong>Tanger</strong> et le site du nouveau port.Les ruines sont ostensiblement visibles, comme <strong>de</strong>s gibets qui serviraient d’exemples. Les entreprisesont travaillé à la lueur <strong>de</strong>s projecteurs, elles ont ouvert la montagne, dans un paysage étonnant <strong>de</strong>collines ari<strong>de</strong>s et rugueuses couronnées d’éoliennes, pour creuser ex nihilo un nouveau port <strong>de</strong> commerceà soixante kilomètres <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>. Dans toute l’histoire <strong>de</strong>s politiques d’aménagementeuropéennes on a fait cela une fois et une seule, à Fos, près <strong>de</strong> Marseille. Le nouveau port existe<strong>de</strong>puis l’été, géré par <strong>de</strong>s capitaux <strong>de</strong> Dubaï. Je le crois promis à <strong>de</strong>venir le premier <strong>de</strong> la méditerranée,formant un dispositif portuaire avec celui d’Algésiras, en face. Anvers a fait fortune en mariantson port avec celui <strong>de</strong> Rotterdam. Plus un seul mouvement social ne peut paralyser le trafic, puisqu’ilfaudrait parier sur une improbable coordination <strong>de</strong>s dockers belges et néerlandais. Si l’un fait grève,l’autre reçoit le trafic. Imparable. C’est un peu la même chose qui se prépare entre <strong>Tanger</strong> et Algésiras.Marseille, Gênes ou Barcelone sont foutus. On creuse à une vitesse ahurissante, rarement vue sur unchantier au Maroc, <strong>de</strong>ux autoroutes et une voie <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer. Mais aucun Etat là encore n’a réellementvoulu cela. Cette nouvelle <strong>ville</strong> et ses sites industriels sont nés d’abord <strong>de</strong> la volonté du roi <strong>de</strong>combler le préjudice économique et moral que le nord du Maroc avait subi sous le règne précé<strong>de</strong>nt.Le nouveau <strong>Tanger</strong>, futur premier port <strong>de</strong> Méditerranée, nouvelle économie frontalière enfin remise àl’échelle du mon<strong>de</strong>, est la conséquence d’une volonté <strong>de</strong> rétablir la dignité perdue d’une région, bienplus que <strong>de</strong>s calculs <strong>de</strong>s aménageurs ou <strong>de</strong>s économistes.<strong>Tanger</strong> est donc désormais <strong>de</strong> ces <strong>ville</strong>s dont les contrastes et les écarts sont si vifs que ceux qui lesportent ou les subissent semblent ne plus vivre dans le même mon<strong>de</strong>. Transnationale elle l’est aussi,avec cette impossible et introuvable compétence à donner un sens commun à ces niches et dérives.Pouvait-elle être en l’état source d’inspiration, redonner aux artistes qui continuent d’y vivre et d’yvenir la double assurance d’y trouver la sérénité d’un mythe désormais ancré comme les colonnesd’Hercule sur le bord <strong>de</strong>s rives, en même temps qu’un souffle neuf ? C’est en tout cas <strong>de</strong> le penserqui nous a donné l’envie <strong>de</strong> faire ce numéro et <strong>de</strong> le consacrer à la <strong>ville</strong> que la frontière aspire.Michel Péraldi


<strong>La</strong> revue <strong>de</strong> presse<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontièreCONTACTSElisabeth Cestor, coordination : courrier@lapensee<strong>de</strong>midi.orgFabienne Tzerikiantz, communication : contact@lapensee<strong>de</strong>midi.org142, la Canebière, 13001 Marseille • Tél. : +33 (0)4 96 12 43 19Toute l’actualité autour <strong>de</strong> la revue, les sommaires <strong>de</strong>s parutions,<strong>de</strong>s biographies d’auteurs, une boutique en ligne,et tous les événements à venir (rencontres-débats, émissions <strong>de</strong> radio, lectures...) sur :www.lapensee<strong>de</strong>midi.org


Le matricule <strong>de</strong>s anges n°93Mai 2008Escale à <strong>Tanger</strong>


Zibeline n°6, page 50(du 20/03 au 24/04/2008)Entrer chez l’autre, par René DIAZ


Terres <strong>de</strong> femmes, chronique <strong>de</strong> Angèle Paoli, 24 mars 2008<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi, « <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière”, n° 23, février 2008Site internet : http://terres<strong>de</strong>femmes.blogs.com/mon_weblog/2008/03/la-pense-<strong>de</strong>-mid.htmlUN MUR, DEUX MERS<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> longtemps rêvée que portent mes lectures anciennes, colonnes d’Hercule <strong>de</strong> l’enfance<strong>de</strong>s mythologies. <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> refuge <strong>de</strong> Jean Genet, <strong>ville</strong> <strong>de</strong> passage <strong>de</strong> Tennessee Williams, TrumanCapote, William Burroughs, <strong>ville</strong> d'aventure <strong>de</strong> Paul Bowles. Un Thé au Sahara. Qu’y a-t-il <strong>de</strong> communentre la <strong>ville</strong> inscrite <strong>de</strong> si longue date dans l'imaginaire lié aux portes du désert et la <strong>Tanger</strong> d’aujourd’huisoumise à son tour, comme tant d’autres, aux frénésies immobilières sans bornes et aux violences <strong>de</strong> lamo<strong>de</strong>rnité ? <strong>La</strong> lecture du dossier consacré à <strong>Tanger</strong> par <strong>La</strong> Pensée <strong>de</strong> midi, va-t-elle permettre <strong>de</strong> répondreà la lancinante question du <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> « <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière » ?Réalisée par Joseph Marando, la photo <strong>de</strong> la première <strong>de</strong> couverture du n° 23 <strong>de</strong> <strong>La</strong> Pensée <strong>de</strong> midi,« <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière », en dit long sur la nostalgie qui imprègne rivages et hommes. Quel « horizond’attente » pour celui qui, burnous aveugle et silencieux, tournant le dos à la <strong>ville</strong>, contemple l’infini,promesse <strong>de</strong> l’ailleurs ? Attente, suspens, les yeux assis sur l’horizon désert.<strong>La</strong> création comme remè<strong>de</strong> à la <strong>de</strong>structionDans son éditorial intitulé « Destruction/Création », Thierry Fabre met à nouveau l’accent (il l’adéjà fait précé<strong>de</strong>mment dans d'autres numéros) sur ce qui frappe et blesse dès le premier abord.L’asynchronie entre <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s. Mon<strong>de</strong> méditerranéen et Mon<strong>de</strong> européen. « Le Mon<strong>de</strong> méditerranéenvit un temps <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction et semble plongé dans un "paysage <strong>de</strong> la bataille". » Et l’auteur <strong>de</strong>retracer ce qui oppose le mon<strong>de</strong> méditerranéen au mon<strong>de</strong> européen <strong>de</strong>puis 1945. « Non guerre, réconciliationautour <strong>de</strong> la démocratie, du marché et <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme » pour l’un ; violents conflits pourl’autre, « effets dévastateurs » <strong>de</strong> la colonisation, <strong>de</strong>structions incessantes. Des trajectoires historiquesdistinctes auxquelles viennent s'ajouter <strong>de</strong> multiples divergences, y compris dans l'élaboration <strong>de</strong> projetscommuns. Est-il encore possible, s'interroge Thierry Fabre, d'envisager pour les trente années à venir, unfutur commun à ces <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s que tout semble séparer inexorablement ? Selon Thierry Fabre, il y aurgence à renvoyer à ce désir <strong>de</strong> « viva la muerte » un processus <strong>de</strong> création. Seul trait d'union possibleà opposer aux armes. Là encore, le seul maître à penser sur lequel appuyer sa réflexion est Albert Camusdont Thierry Fabre rappelle le sens <strong>de</strong> la mesure et <strong>de</strong>s limites. Ce que l'auteur <strong>de</strong> L'Homme révolté nommaitjadis « la pensée <strong>de</strong> midi ». Paradoxalement, regar<strong>de</strong>r la <strong>de</strong>struction à l'œuvre est une invitation àla création.<strong>Tanger</strong> « transnationale »Le dossier « <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière » s'ouvre sur une « chronique subjective » <strong>de</strong> Michel Péraldi(à qui Thierry Fabre a confié la coordination <strong>de</strong> l’ensemble du dossier). Pour Michel Péraldi, anthropologuequi dirige à Rabat le Centre Jacques-Berque, <strong>Tanger</strong> est une <strong>ville</strong> euroméditerranéenne, « transnationale». Une <strong>ville</strong> qui vit dans un espace-temps qui « débor<strong>de</strong> le national ». Être transnational, celasignifie savoir se glisser dans les plis <strong>de</strong>s lois et s'y rendre invisible. Capacité indispensable à qui veutpasser la frontière sans courir le risque d'y être reconduit manu militari. Pour nombre d'adolescents, «brûler la frontière » constitue du reste un rite <strong>de</strong> passage incontournable, une épreuve initiatique nécessairepour partir à la conquête <strong>de</strong>s marchés du travail européen. En outre, le seul moyen pour ces jeunes<strong>de</strong> s'émanciper d'une vie qu'ils récusent. Passer <strong>de</strong> l'invisibilité à la visibilité ne se fait pas sans dommages.Brutalités et violences sont le prix à payer pour qui veut y parvenir.


En écho à Michel Péraldi, Merce<strong>de</strong>s Jiménez Alvarez, anthropologue qui s'intéresse aux « mineurscandidats à l'immigration », évoque le cas <strong>de</strong> « Sheitan » le diable et <strong>de</strong> tant d'autres qui ont choisi lavoie <strong>de</strong> la rébellion. Et donc <strong>de</strong> l'exil hors <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong>, hors du Maroc.Autre portrait, celui <strong>de</strong> Mohcine, le « brillant faux gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la médina », confronté aux tribulationsd'une ascension exceptionnelle suivie d'une chute qui le conduit en prison. Réalisé par Julien Le Tellier —géographe « spécialisé dans les étu<strong>de</strong>s urbaines au Maroc » — et Catherine Mattei, doctorante en sociologieà l'Université Aix-Marseille I, ce portrait vise à étudier l'évolution <strong>de</strong>s relations entre les gens issus<strong>de</strong> la Casbah et l'intelligentsia argentée, nouvellement implantée dans le quartier du vieux <strong>Tanger</strong>.Comment se vit la cohabitation entre les habitants les moins nantis <strong>de</strong> la Casbah et la gentry souventexcentrique et provocatrice qui s'y enracine ?Lieux<strong>La</strong> calle <strong>de</strong>l Diablo — rue du Diable — doit peut-être son nom aux débri<strong>de</strong>ments nocturnes qui l'animentencore en dépit <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> la police pour la rendre convenable. Mona Kezari, doctorante enanthropologie, regrette le temps où la rue grouillait <strong>de</strong> toute une population où se mêlaient « ouvriers,chauffeurs <strong>de</strong> taxis, petits commerçants, prolétaires <strong>de</strong> la drogue, étrangers, ouvrières travesties enamantes tarifées, prostituées professionnelles, accompagnatrices, petites amies, affairistes, artistes etflambeurs <strong>de</strong> nuit ». Aujourd'hui, la calle <strong>de</strong>l Diablo, prise en mains par les promoteurs immobiliers etles partisans <strong>de</strong> la purification, conduit sa résistance nocturne contre la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mœurs pour éviter <strong>de</strong>voir ses bars fermer l'un après l'autre. Les incontournables du <strong>Tanger</strong> by night <strong>de</strong>meurent. « LesAmbassa<strong>de</strong>urs » et le « Romero Bar », le « Morocco Palace » et « Le Monocle ». Un univers où l'argentest l'élément-clé <strong>de</strong> l'échange hommes-femmes.Pour l'ethnologue Ab<strong>de</strong>lmajid Arrif, <strong>Tanger</strong> se décline selon les rêves du jour et <strong>de</strong> la nuit. Tantôt «ligne brisée du désir <strong>de</strong> l'ailleurs », tantôt « ligne d'octroi » sur laquelle se fon<strong>de</strong>nt l'échange et la misère; tantôt « <strong>ville</strong>-seuil » peuplée <strong>de</strong> voyageurs et d'hommes en exil, « <strong>ville</strong> ouverte sur le large » pourles uns, « <strong>ville</strong> fermée » sur la misère et les compromissions pour les autres ; « <strong>ville</strong> du référentiel »où se croisent et se jaugent les <strong>de</strong>stins que tout oppose, <strong>Tanger</strong> est la « ligne <strong>de</strong> brisure <strong>de</strong>s phantasmes» que domine la figure sublime <strong>de</strong> la putain. « Ligne lumineuse », <strong>Tanger</strong> s'illumine <strong>de</strong> ses chimériqueslucioles. Un patchwork où se télescopent pour une nuit barbare, le muezzin et les filles. « Nadia,Houriyya, Zarha and co » qui « s'offrent en pâture au cercle d'une nuit ».Mais la photogénique <strong>Tanger</strong> est aussi <strong>ville</strong> légendaire du cinéma. Les noms <strong>de</strong>s salles obscuresrésonnent encore dans les mémoires <strong>de</strong> la « Perle du désert ». Alcazar, Capitol, Ciné-Americano, Dawliz,Flandria, Goya, Ciné Lux, Mabrouk, Mauritania, Paris, Rif, Roxy, Tarik et Vox. Quatorze salles en tout dontcinq d'entre elles continuent <strong>de</strong> se battre pour tenter <strong>de</strong> survivre.Écrivain et photographe américaine installée à <strong>Tanger</strong> <strong>de</strong>puis 2005, Simona Schnei<strong>de</strong>r retrace l'histoired'amour entre la <strong>ville</strong> et le cinéma. En même temps que l'histoire du cinéma tangérois. Avant d'évoquerle cinéma international <strong>de</strong> la Cinémathèque et les festivals du film <strong>de</strong> la <strong>Tanger</strong> d'aujourd'hui. <strong>La</strong> programmation,toujours plus exigeante et plus vaste, est la preuve indubitable que le cinéma tangérois agardé droit <strong>de</strong> cité et se bat pour l'avenir.Le dossier <strong>de</strong> « <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière » se clôt sur l'évocation du Café Commercy, « lieu mythique» où se regroupent les fumeurs <strong>de</strong> shit. Parmi eux, un étrange personnage, marin <strong>de</strong> son état et lecteurd'un livre unique qui sent encore l'io<strong>de</strong> <strong>de</strong>s anciens voyages. Driss Ksikes, écrivain, passe <strong>de</strong> longsmoments en compagnie <strong>de</strong> Ba Allal. Il est seul à écouter encore les récits du vieux matelot amateur <strong>de</strong>périples intérieurs. Des récits d'autant plus vibrants que désormais, la « mer est morte », séparée <strong>de</strong>shommes par un mur <strong>de</strong> béton. Pour Ba Allal, <strong>Tanger</strong> n'est plus qu'une terrible équation : Un mur, <strong>de</strong>uxmers.Angèle PaoliVoir aussi :- (sur Terres <strong>de</strong> femmes) <strong>La</strong> Pensée <strong>de</strong> midi, n° 19/« Qui menace qui ? » ;- (sur Terres <strong>de</strong> femmes) <strong>La</strong> Pensée <strong>de</strong> midi, n° 20/« Beyrouth XXIe siècle » ;- (sur Terres <strong>de</strong> femmes) <strong>La</strong> Pensée <strong>de</strong> midi, n° 22/« Mythologies méditerranéennes » ;- (dans le Magazine <strong>de</strong> Zazieweb) Revue <strong>de</strong>s revues V : <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi. Penser le mon<strong>de</strong> méditerranéen,par Angèle Paoli.


Voisins Citoyens Méditerranée, Avril 2008<strong>Tanger</strong>, frontière et croisée <strong>de</strong>s chemins, un dossier réalisé par Mireille AmielSite internet : http://www.vcm.1901.org/


SitartmagUne <strong>ville</strong> “transnationale”, par Jean-Pierre LongreSite internet :http://www.sitartmag.com/pensee<strong>de</strong>midi08.htmUne <strong>ville</strong> « transnationale »« Le transnational, c’est ce qui excè<strong>de</strong> le national, le débor<strong>de</strong> », explique Michel Péraldi (qui a coordonnécet ensemble « avec la complicité <strong>de</strong> la revue Nejma ») ; et, poursuit-il, <strong>Tanger</strong> vit «dans un espace-tempstransnational euroméditerranéen ». Tout ce dossier est en quelque sorte un développement et une illustration<strong>de</strong> ces données introductives : <strong>Tanger</strong> est une <strong>ville</strong> à la fois ouverte et fermée, si proche et en mêmetemps si lointaine – ce que symbolise la «Place <strong>de</strong>s Fainéants » (ou « Esplana<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Paresseux ») d’où unmultitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> regards immobiles clignent vers les côtes d’Espagne, juste en face.Comme <strong>de</strong> coutume, ce numéro <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi donne, plus qu’un aperçu, une vision en profon<strong>de</strong>ur<strong>de</strong> cette cité complexe, entre Méditerranée et Atlantique, entre Afrique et Europe, « grouillante Babel »(Mohamed El Halim), « <strong>ville</strong>-seuil », « ligne <strong>de</strong> brisure » et « ligne lumineuse » (Ab<strong>de</strong>lmajid Arrif), où «les rapports sociaux qui s’y développent sont les indicateurs pertinents <strong>de</strong> la transformation <strong>de</strong> la sociétémarocaine » (Carole Viché), même si les « nouveaux cosmopolites » (espagnols, néerlandais, français,marocains) qui la peuplent creusent « les écarts culturels et moraux » (Michel Péraldi).Au fil <strong>de</strong>s textes, passent les silhouettes <strong>de</strong> célébrités telles que Paul Bowles, Tennessee Williams, TrumanCapote, William Burroughs, celles <strong>de</strong>s hippies <strong>de</strong>s années 60, <strong>de</strong>s prostitués et <strong>de</strong>s noctambules quihantent encore la « calle <strong>de</strong>l Diabolo », celles <strong>de</strong>s jeunes gens qui se lancent le défi du passage versl’Europe ; on dialogue avec Elena Prentice, peintre américaine installée ici, on parcourt avec Mohcine la «Casbah qui s’embourgeoise » et où s’installe la « gentry » d’aujourd’hui (Julien Le Tellier et CatherineMattei) ; on découvre l’histoire cinématographique <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> (Simone Schnei<strong>de</strong>r), et on mesure combienla notion <strong>de</strong> frontière peut être fluctuante, combien la fermeture peut être une terrible source <strong>de</strong> désespoir<strong>de</strong>vant une mer « morte » (Driss Knises).D’ailleurs le « limes », nous dit Simon-Pierre Hamelin dans un texte sensible et poétique, est pluriel :<strong>Tanger</strong>, « univers dans un mouchoir <strong>de</strong> poche », est traversée <strong>de</strong> frontières spatiales, temporelles, personnelles,collectives, que l’on passe et repasse… Et pour inaugurer le tout, S.-P. Hamelin, libraire et écrivain,éditeur <strong>de</strong> la belle revue Nejma, propose <strong>de</strong>s « Contes tangérois » <strong>de</strong> Mohamed M’Rabet, « récits doux,savoureux et cruels pour entrer à <strong>Tanger</strong>, côté merveille ».Ce numéro <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi est complété par les rubriques habituelles. Dans son carnet, HubertNyssen consigne ses considérations quotidiennes, littéraires, politiques (à l’époque <strong>de</strong>s élections prési<strong>de</strong>ntielles<strong>de</strong> 2007), avant les pages critiques consacrées aux lectures, à la musique (un « rap à <strong>Tanger</strong> »en harmonie avec le dossier), les notes artistiques, culinaires, un débat, un inédit… Une revue complète,dont l’essentiel est bien ce « <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière », qui fait écho à <strong>de</strong>s numéros antérieurs consacrés àAlger, Palerme, Athènes, Beyrouth… À suivre…Jean-Pierre Longre(avril 2008)Jean-Pierre Longre enseigne la littérature contemporaine à l’Université Jean Moulin Lyon 3. Auteur d’étu<strong>de</strong>ssur divers écrivains du XX e siècle, collaborateur <strong>de</strong> revues, il a participé à la publication <strong>de</strong>s romans <strong>de</strong>Queneau dans la Bibliothèque <strong>de</strong> la Pléia<strong>de</strong>, s’intéresse à la comparaison <strong>de</strong>s arts (littérature, musique,peinture) et effectue <strong>de</strong>s recherches sur les littératures francophones (Roumanie et Belgique en particulier).Derniers ouvrages parus : Raymond Queneau en scènes (Presses Universitaires <strong>de</strong> Limoges, 2005) etJean Prévost aux avant-postes (Collectif, avec William Marx, Les Impressions Nouvelles).


PRÉSENTATION DU NUMÉRO SUR INTERNEThttp://www.mon<strong>de</strong>-diplomatique.fr/revues/pensee<strong>de</strong>midi : « “<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière” : à travers <strong>de</strong>stémoignages <strong>de</strong> journalistes et d’écrivains, un dossier aux styles variés, y compris <strong>de</strong>s contes »www.bladi.net/16924-pensee -midi-dossier-tanger.html : « ce numéro se propose <strong>de</strong> dévoiler les multiplesfacettes <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong> »http://www.casafree.com/modules/news/article.php?storyid=12458 : « Michel Péraldi, qui a dirigé cedossier dévoile le regard d’écrivains et <strong>de</strong> chercheurs en sciences sociales sur la <strong>ville</strong>, sa population internationaleet son histoire au 20 e siècle »http://www.avmaroc.com/actualite/revue-litteraire-a120634.htmlhttp://www.tangerexpress.com/13literaturaautor.asp?Letra=Mhttp://www.africultures.com/in<strong>de</strong>x.asp?menu=affiche_livre&no=7725 : présentation et sommaire dunuméro.http://www.africultures.com/in<strong>de</strong>x.asp?menu=affiche_livre&no=7725 : mise en ligne <strong>de</strong> l’article <strong>de</strong> MichelPéraldi « <strong>Tanger</strong> transnationale » (introduction au dossier).« Appels <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong> », par Mehdi Ahoudighttp://mediterranee.blogsthema.marseille-provence2013.fr/archives/25http://www.babelmed.net/Pais/Méditerranée/tanger_<strong>ville</strong>.php?c=3108&m=34&l=frMarocains rési<strong>de</strong>nts à l’étranger : http://www.mre.ma/(...) <strong>La</strong> revue littéraire française "<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi" a consacré, dans son <strong>de</strong>rnier numéro, un dossier à la<strong>ville</strong> <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong>. Dans cette livraison, Michel Péraldi, qui a dirigé ce dossier, dévoile le regard d’écrivains et<strong>de</strong> chercheurs en sciences sociales sur la <strong>ville</strong>, sa population internationale et son histoire au 20ème siècle.« Tan querida Tànger » le Blog <strong>de</strong> Brahim Marrakchihttp://tanqueridatanger.canalblog.comLe portail <strong>de</strong>s blogs afriquainshttp://www.afriblog.com (annonce <strong>de</strong> la parution, suivie <strong>de</strong> la quatrième <strong>de</strong> couverture)Le Magazine Littéraire, n°474, avril 2008Encart publicitaire annonçant la parution du numéroet les rencontres organisées dans la série Portraits<strong>de</strong> <strong>ville</strong>s.


Dans le Journal Hebdomadaire, du 1 er au 7 mars 2008Librarie <strong>de</strong>s Colonnes, <strong>Tanger</strong>Le numéro 23 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi arrive en tête <strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong>s ouvrages publiés en France.


Emissions <strong>de</strong> radio et <strong>de</strong> télévision<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière


Radio Grenouille 888L’écoute à la carte : http://www.grenouille888.org/dyn/spip.php?article1304PORTRAIT DE VILLE : TANGER"Mohammed alla dans la chambre à coucher et s’assit au bord du lit.<strong>La</strong> tête entre les mains il regardait le tapis <strong>de</strong> fourrure à ses pieds.Qu’est-ce qui s’est passé ? pensa-t-il. Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’étais en train <strong>de</strong> dire ?Où suis-je allé ? Avec qui étais-je ? Qui était-ce ?M. David entra dans la chambre à coucher. "Comment vas-tu, Mohammed ? Qu’est-ce qui se passe ?— Où suis-je allé ? <strong>de</strong>manda Mohammed en levant la tête. Avec qui est-ce que j’étais ?A qui est-ce que j’étais en train <strong>de</strong> parler ?— Tu me parlais à moi, dit M. David. Tu n’es allé nulle part."Mohammed M’rabet, L’amour pour quelques cheveux, Gallimard 1997.Quelques lignes <strong>de</strong> l’auteur Mohammed M’rabet, dont le <strong>de</strong>rnier numéro <strong>de</strong> la revue <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong>midi intitulé <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière, invite à lire ou relire le trésor d’histoires, couchées sur le papierpar Paul Bowles.<strong>Tanger</strong>, au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s clichés et <strong>de</strong>s lieux communs, est un bout <strong>de</strong> terre chargé <strong>de</strong> rêves, d’espoirset d’histoires. <strong>Tanger</strong> le jour, la nuit, dont les volutes bleutées se dissipent au matin sur les quaisdu méga-port "king size". Frontière physique ou immatérielle, déplacée, diffuse ou violente, frontièreque traversent les rêves <strong>de</strong>s brûleurs, à <strong>Tanger</strong> les frontières sont intangibles. Cette tableron<strong>de</strong> enregistrée le 25 mars 2008 aux Archives et Bibliothèque du Département (20 rue Mirès àMarseille) accueille quelques témoignages sur cette <strong>ville</strong>-frontière, les réalités et les fantômes quila traversent. Elle réunit :Michel Péraldi, anthropologue, Driss Ksikes, écrivain et dramaturge, Simon-Pierre Hamelin,directeur <strong>de</strong> la revue Nedjma et libraire à <strong>Tanger</strong>, Myriam Cheikh, anthropologue. <strong>La</strong> rencontre étaitanimée par Thierry Fabre, rédacteur en chef <strong>de</strong> la revue <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi.Le canard <strong>de</strong> la GrenouilleÉmission spéciale / <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière, samedi 29 mars à 10h<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière, génère du texte, <strong>de</strong> l’image, du récit, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stins et <strong>de</strong>s rencontres.Extraits <strong>de</strong> la table ron<strong>de</strong>, complétés d’interviews <strong>de</strong>s participants :http://www.grenouille888.org/dyn/canard/canard.htmlMedi 1 sat (la première chaîne tout info du Grand Maghreb) :Emission diffusée le vendredi 21 mars 2008 « <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong>transnationale » : « <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière se veut un portrait<strong>de</strong> l’intérieur <strong>de</strong> la cité du détroit »… « Thierry Fabre a refuséles discours nostalgiques et passéistes sur la <strong>ville</strong> »http://www.medi1sat.ma/fr/emission2.aspx?t=1Les rencontres “Portraits <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s” peuvent être écoutées sur: http://www.marseilleprovence2013.fr/in<strong>de</strong>x.php?option=com_content&task=view&id=258&ltemid=362Les rencontres “Portraits <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s” ont bénéficié d’émissionsspéciales sur les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Monte Carlo Doualiyahttp://www.mcdoualiya.com/rmcmo/français/articles/098/article_153.asp


Les rencontres et leur présence dans les médias<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière


Le <strong>de</strong>rnier numéro <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi présente <strong>Tanger</strong>, la cité marocaine où les <strong>de</strong>ux rives<strong>de</strong> la Méditerranée se touchent <strong>de</strong>s yeux. <strong>Tanger</strong> n’est plus seulement une <strong>ville</strong> internationale,mais une <strong>ville</strong> transnationale. <strong>Tanger</strong>, une <strong>ville</strong> aimantée par sa relation à la frontière...Un dossier coordonné par Michel Péraldi.Avec la complicité <strong>de</strong> la revue Nejma.A cette occasion, plusieurs <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> ce dossiersont accueillis à Marseille et dans la région :Driss KSIKESSimon-Pierre HAMELINMichel PERALDIMériam CHEIKHGilles SUZANNEAb<strong>de</strong>lmajid ARRIFAu cours <strong>de</strong> débats, lectures, projections et rencontres... présentés et animés par ThierryFABRE, rédacteur en chef <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi, les auteurs nous feront découvrir les différentesfacettes <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong>...


PROGRAMMETANGER, VILLE FRONTIÈREMARDI 25 MARS, à 18h30, Marseille, Archives et Bibliothèque D&épartementale <strong>de</strong>s Bouches-du-Rhône, 20,rue <strong>de</strong>s Mirès, 13003.Rencontre avec Michel Péraldi, Driss Ksikes, Simon-Pierre Hamelin, Mériam Cheikh.Animée par Thierry Fabre.Suivie <strong>de</strong> la projection du documentaire <strong>Tanger</strong>, le rêve <strong>de</strong>s Brûleurs <strong>de</strong> Leila Kilani (2002, 53 minutes, co-productionVivement lundi !, INA, France 3)En mai 1991, l’Espagne, à l’unission <strong>de</strong>s pays membres du groupe Schengen, déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> soumettre les ressortissants maghrébinsau régime <strong>de</strong>s visas. Depuis, les candidats au départ clan<strong>de</strong>stin - Marocains, Maliens, Sénégalais, Mauritaniens et autresAfricains -, affluent massivement et sans discontinuer à <strong>Tanger</strong>. On les appelle en dialecte marocain les “harraga”, les “brûleurs”,ceux qui sont prêts à tout accepter pour partir, prêts à brûler leurs papiers et leur i<strong>de</strong>ntité, pour faire <strong>de</strong> ce départ une entrepriseirréversible.<strong>La</strong> librairie Regards proposera sur place une sélection <strong>de</strong> livres.TANGER, VILLE FRONTIÈREMERCREDI 26 MARS, à 18h30, Châteauvallon, Centre National <strong>de</strong> Création et <strong>de</strong> Diffusion Culturelle, 795,chemin <strong>de</strong> Châteauvallon, commune d’OllioullesRencontre avec Michel Péraldi, Driss Ksikes, Simon-Pierre Hamelin, Mériam Cheikh.Animée par Thierry Fabre.Suivie <strong>de</strong> la projection du documentaire <strong>Tanger</strong>, le rêve <strong>de</strong>s Brûleurs <strong>de</strong> Leila Kilani.<strong>La</strong> librarie Gaïa proposera sur place une sélection <strong>de</strong> livres.En partenariat avec le Collège Méditerranéen <strong>de</strong>s Libertés.RENCONTREVENDREDI 28 MARS, à 19h, Aix-en-Provence, Librairie Forum Harmonia Mundi, 20, place <strong>de</strong> VerdunAvec Michel Péraldi, Driss Ksikes, Simon-Pierre Hamelin, Mériam Cheikh.Animée par Thierry Fabre.TANGER, VIE NOCTURNESAMEDI 29 MARS, 14h30, Marseille, Docks <strong>de</strong>s Sud, à l’occasion du salon Babel Med MusicRencontre avec Michel Péraldi, Gilles Suzanne, Simon-Pierre Hamelin, Mériam Cheikh.Animée par Thierry Fabre.RETROUVEZ DES ENTRETIENS ET RETRANSMISSIONS DES RENCONTRESSUR RADIO GRENOUILLE (88.8 FM OU www.grenouille888.org)ET MONTE CARLO DOUALIYA (www.mc-doualiya.com).ORGANISATION<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi et la Bibliothèque départementale <strong>de</strong>s Bouches-du-Rhône.PARTENARIATSCOLLÈGE MÉDITERRANÉEN DES LIBERTÉS, CMCA (Centre Méditerranéen <strong>de</strong> la CommunicationAudiovisuelle), BABEL MED MUSIC, MONTE CARLO DOUALIYA, AFRICULTURES, RADIO GRENOUILLE,ZIBELINE, LIBRAIRES À MARSEILLE, LIBRARES DU SUD, RÉGION PROVENCE-ALPES-CÔTE-D’AZUR,MINISTÈRE DE LA CULTURE (DRAC), CONSEIL GÉNÉRAL DES BOUCHES-DU-RHÔNE.


LES RENCONTRES ET LEUR PRÉSENCE DANS LES MÉDIASPORTRAITS DE VILLESRencontre avec les auteurs du 25 au 29 mars 2008à Marseille, Chateauvallon, Nice et Aix-en-ProvenceCésar n°261, mars 2008.Zibeline n°6 (du 20/03 au 24/04/2008)Les rencontres ont été annoncées dansMarseille l’Hebdo n°384 (semaine du 19 au 25 mars 2008)<strong>La</strong> Provence, lundi 24 mars 2008 : LITTERATURE “D’Aix à Marseille, un portrait <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong>”Le <strong>de</strong>rnier numéro <strong>de</strong> la revue <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi présente <strong>Tanger</strong>, la cité marocaine. C’est l’occasiond‘accueillir dans la région plusieurs <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> ce dossier. Au cours <strong>de</strong> débats, lectures, projections,du 25 au 29 mars, <strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière, 2 e édition <strong>de</strong> Portraits <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s, se déploiera entre Marseille (cemardi à 18h30 aux archives départementales puis samedi à 14h30 au Docks <strong>de</strong>s Sud), Aix (vendredi à 19hà la librairie Forum Harmonia Mundi) et Châteauvallon dans le Var (mercredi à 18h30 au CNCDC).Et sur Internet« Appels <strong>de</strong> <strong>Tanger</strong> », par Mehdi Ahoudighttp://mediterranee.blogsthema.marseille-provence2013.fr/archives/25http://www.babelmed.net/Pais/Méditerranée/tanger_<strong>ville</strong>.php?c=3108&m=34&l=frhttp://sudplanet.net/in<strong>de</strong>x.php?out=1&menu=ev&no=15198http://www.marseille.sortir.eu/conf/tanger-<strong>ville</strong>-frontierehttp://www.yaquoi.com/TANGER-VILLE-FRONTIERE,8559http://www.fondation-seydoux.org/pages/actualites/fiche_breve.php?id=325http://www.imf.asso.fr (Institut Méditerranéen <strong>de</strong> Formation)http://www.mc-doualiya.com/rmcmo/français/articles/098/article_153.aspSortir Marseille Provence : http://www.marseille.sortir.eu/conf/tanger-<strong>ville</strong>-frontiere.


L’Hebdo n°385, semaine du 26/03/2008 au 01/04/2008SORTIR, page 36“Babel Med Music, une fenêtre sur le mon<strong>de</strong>”, par Fred Sturlesi


Zibeline, n°7, du 24/04 au 22/05/2008<strong>La</strong> <strong>ville</strong> mirage, par Agnès FRESCHEL.


Les partenaires


Zibeline(www.journalzibeline.fr/)Zibeline est un magazine culturel régional qui rend compte <strong>de</strong> la culture quis’élabore au midi, en annonçant les spectacles et les événements, mais aussien portant un regard critique, constructif et politique, sur l’actualité culturelle.Loin <strong>de</strong> s’en tenir au spectacle, Zibeline conçoit la culture vivantecomme un espace intellectuel aux facettes multiples, où les arts, les littératures,les sciences et le patrimoine se répon<strong>de</strong>nt. Ce que Zibeline affirmetous les mois, en 30000 exemplaires disponibles pour tous.Zibeline, le gratuit qui se lit, est donc particulièrement heureux d’être partenaire,<strong>de</strong>puis sa création en 2007, <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi. Un partenariatnaturel, entre un mensuel jeune et une revue plus ancienne, dans un espritcommun <strong>de</strong> débat et d’élaboration d’une culture vivante à travers la réflexion,la transmission et les arts.AU RENDEZ-VOUS DE MIDI(http://www.grenouille888.org)<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi vous donne ren<strong>de</strong>z-vous le premier samedi <strong>de</strong> chaque moisà 11 heures sur les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> radio grenouille (88.8 FM) pendant une heurepour trois moments <strong>de</strong> discussion et d’écoute : musique, littérature etdébats d’idées. Une émission conçue et animée par <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi /Elisabeth Cestor, Thierry Fabre.Librarie Maupetit, MarseilleSite internet : http://www.maupetitlibraire.fr/Librairie RegardsLibrairie Regards, MarseilleLibrarie Forum Harmonia MundiAix-en-ProvenceBabel Med MusicSite internet : http://www.dock-<strong>de</strong>s-suds.org/Librairie Gaïa, ToulonSite internet : http://www.librairie-gaia.com/Monte Carlo Doualiya : station <strong>de</strong> radio publique française arabophone à<strong>de</strong>stination du Moyen-Orient, du Golfe et du Maghreb.Site internet : http://www.france24.com/ar/Site internet du Collège Méditerranéen <strong>de</strong>s Libertés : http://www.cmltoulon.org/


CMCA (Centre Méditerranéen <strong>de</strong> la Communication Audiovisuelle)Site internet : http://www.cmca-med.org/fr/home.phpSite internet : http://www.africultures.com/php/Site internet <strong>de</strong> l’association Libraires à Marseille : http://www.librairiepaca.com/Association-Libraires-a-MarseilleSite internet <strong>de</strong> l’association Libraires du Sud : http://www.librairiepaca.com/Association-Libraires-du-Sud<strong>La</strong> revue littéraire NejmaSite internet <strong>de</strong> la revue Nejma : http://www.nejma.ma/CAIRN(http://www.cairn.info/revue-la-pensee-<strong>de</strong>-midi.htm)Les résumés, sommaires et plans d’articles <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midisont en accès gratuit, ainsi que le texte intégral <strong>de</strong> certains articles.Les autres articles peuvent être acquis à l’unité (pay-perview).Vous pouvez aussi acquérir <strong>de</strong>s numéros (versions papieret électronique) ou vous abonner en ligne. Par ailleurs, <strong>de</strong>slicences d’accès à différents bouquets <strong>de</strong> revues sont proposéesaux bibliothèques et institutions.Les partenaires financiersLe Conseil régional Provence-Alpes-Côte-d’AzurLe Conseil général <strong>de</strong>s Bouches-du-RhôneLe ministère <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la Communication – DirectionRégionale <strong>de</strong>s Affaires Culturelles


Sommaire<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière


<strong>Tanger</strong>, <strong>ville</strong> frontière(<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi, n°23, Actes Sud, 2008)Un dossier coordonné par Michel PéraldiEditorial : Destruction / Création, par Thierry FabreLE DOSSIER<strong>Tanger</strong> transnationale, par Michel PéraldiContes tangerois, par Mohamed M’rabetLimes, par Simon-Pierre HamelinTon frère Bachir, par Mohamed El HalimEntretien avec Elena Prentice, par Michel Péraldi<strong>La</strong> calle <strong>de</strong>l diablo, par Mona Kezari<strong>Tanger</strong>ina ou la brûlure <strong>de</strong>s lucioles, par Ab<strong>de</strong>lmajid ArrifRebelles <strong>de</strong> la mondialisation, par Merce<strong>de</strong>s Jiménez AlvarePortrait <strong>de</strong> Khalid..., par Carole VichéAu cœur <strong>de</strong> la Casbah…, par Julien Le Tellier et Catherine Mattei<strong>Tanger</strong> fait son cinéma, par Simona Schnei<strong>de</strong>rUn mur, <strong>de</strong>ux mers, par Driss Ksikes


LES RUBRIQUESCarnets d’Hubert Nyssen<strong>La</strong> bibliothèque <strong>de</strong> midi (par Renaud Ego, Philippe Di Méo, Michel Guérin, PascalKrajewski, Guillaume Pigeard <strong>de</strong> Gurbert, Pierre Baumann, Charlotte Serrus)Storytelling, Christian SalmonIstanbul, souvenirs d’une <strong>ville</strong>, Orhan Pamuk<strong>La</strong> sorcellerie capitaliste, Isabelle Stengers et PignarreLe Candidat, Gustave FlaubertQu’est-ce qu’une nation ?, Ernest RenanLe mon<strong>de</strong> selon les grands penseurs actuels, Jean-Michel Besnier, Jean-René <strong>La</strong>dmiral, IsabelViolante, et al.Un dimanche au cachot, Patrick ChamoiseauUn moment donné, Brancusi et la photographie, Pierre Schnei<strong>de</strong>rToni Grand, <strong>La</strong> légen<strong>de</strong>, CollectifLe Rire <strong>de</strong> résistance, Sous la dir. <strong>de</strong> Jean-Michel RibesLes musicalesRap à <strong>Tanger</strong>, par Gilles SuzanneCarnets d’artistesEntretien avec Marie Bovo, par Vincent GastonQuestions d’imagesFilmer / Enregistrer, par Eric VidalEn débat<strong>La</strong> gauche déboussolée, par Thierry FabreLe temps <strong>de</strong>s saveursLes jujubes du cabanon <strong>de</strong> tonton David, par Pierre GiannettiLes inéditsUne superstition <strong>de</strong>s Lumières à Naples : le jettatore, par Sergio Benvenuto


<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> midi 142, la Canebière • F-13001 MarseilleTél. : +33 (0)4 96 12 43 19 / Fax : +33 (0)4 96 12 43 20c o u r r i e r @ l a p e n s e e d e m i d i . o r g

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