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Istanbul, ville monde - La pensée de midi

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evue <strong>de</strong> presse<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

Numéro 29<br />

<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, Actes Sud<br />

octobre 2009


<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> n° 29/ Actes Sud, octobre 2009<br />

Inclus : <strong>Istanbul</strong>lu, un cahier <strong>de</strong> photographies <strong>de</strong> Alp Sime<br />

Un dossier coordonné par Nil Deniz et Thierry Fabre<br />

Un projet labellisé par CulturesFrance dans le cadre <strong>de</strong> la saison culturelle <strong>de</strong> la Turquie en France.<br />

En 2000, une équipe d'intellectuels et d'écrivains, au nombre <strong>de</strong>squels Thierry Fabre (rédacteur en chef <strong>de</strong><br />

la revue), Bernard Millet, Hubert Nyssen, Bruno Etienne, Jean Clau<strong>de</strong> Izzo et Emile Temime, ont voulu réfléchir,<br />

ensemble, à la création d’un lieu <strong>de</strong> pensée et <strong>de</strong> parole.<br />

<strong>La</strong> conception <strong>de</strong> cette revue littéraire et <strong>de</strong> débats d’idées, coéditée avec Actes Sud trois fois par an, est ainsi<br />

née <strong>de</strong> l’envie d’établir un endroit propice aux échanges, aux créations et aux débats idées autour du <strong>mon<strong>de</strong></strong> méditerranéen<br />

contemporain.<br />

Depuis, entre réflexion et création, et au travers <strong>de</strong> dossiers thématiques sous la direction d’auteurs, l’ambition<br />

<strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> est d’éclairer les regards sur les enjeux <strong>de</strong> la Méditerranée et les points <strong>de</strong> vue sur le <strong>mon<strong>de</strong></strong>.<br />

Chaque thème est abordé sous un angle pluridisciplinaire, et pour chaque numéro sont sollicités <strong>de</strong>s auteurs,<br />

chercheurs ou écrivains, <strong>de</strong> renom ou à découvrir. Ainsi, cette revue explore-t-elle <strong>de</strong>s questions citoyennes autour<br />

<strong>de</strong>s libertés, <strong>de</strong> la paix, <strong>de</strong>s différences, mais aussi <strong>de</strong>s thèmes littéraires et artistiques.<br />

Ces publications sont organisées en quatre séries thématiques : "Littérature et création", "Portraits <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s",<br />

"Débats d'idées" et "Politique et société".<br />

Après Alger, Palerme, Athènes, Beyrouth et Tanger, voici, dans la série <strong>de</strong>s “portraits <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s”, le nouveau<br />

numéro <strong>de</strong> la revue consacré à <strong>Istanbul</strong>.<br />

<strong>Istanbul</strong> est une <strong>ville</strong> saturée <strong>de</strong> clichés. Minarets et mosquée Bleue, Bosphore et Corne d’Or, perle d’Orient et rêve<br />

d’Occi<strong>de</strong>nt… Comment échapper à ces images toutes faites ? Comment se détacher du poids <strong>de</strong> l’histoire qui fait <strong>de</strong> cette<br />

<strong>ville</strong> une <strong>de</strong>s rares mégapoles <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 2000 ans, à travers Byzance, Constantinople puis <strong>Istanbul</strong> ?... Poli, la <strong>ville</strong> par<br />

excellence ! (...) Notre choix, dans ce dossier, a été <strong>de</strong> tenter d’approcher la <strong>ville</strong> d’aujourd’hui, dans ses facettes les plus contemporaines.<br />

Mais cela ne permet pas pour autant <strong>de</strong> faire le tour <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>, <strong>ville</strong> monstre qui laisse une<br />

empreinte durable, (...) <strong>ville</strong>-aimant, qui s’entoure d’un halo <strong>de</strong> mystère et <strong>de</strong> brume (...). Un voyage au centre d’<strong>Istanbul</strong>,<br />

en dix-neuf escales, avec <strong>de</strong>s contributions <strong>de</strong> : Elif Safak, Kerem Öktem, Karin Karakaslı, Ugur Tanyeli, Michel Peraldi,<br />

Senem Deviren, Altan Gökalp, Atilla Yücel, Tangör Tan, Orhan Esen, Cengiz Aktar, Korhan Gümüs, Pelin Tan, Feri<strong>de</strong><br />

Çiçekoglu, Derya Bengi, Nil Deniz, Timour Muhidine, Küçük Isken<strong>de</strong>r, Alp Sime.<br />

Une invitation à découvrir la multiplicité <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> “entre-<strong>mon<strong>de</strong></strong>s”, où quelque chose <strong>de</strong> singulier du xxi e siècle<br />

advient sous nos yeux…(Nil Deniz et Thierry Fabre, p.11).<br />

Ce dossier, coordonné par Nil Deniz et Thierry Fabre, est suivi <strong>de</strong>s rubriques habituelles : Le Carnet<br />

d'Hubert Nyssen, <strong>La</strong> bibliothèque <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, Les musicales, Questions d'images, En débat, Carnets d'artistes, Le<br />

temps <strong>de</strong>s saveurs et d'un inédit <strong>de</strong> Sener Özmen, “Pourquoi ai-je tué Mme B. ?”.<br />

<strong>La</strong> parution <strong>de</strong> ce numéro et les événements organisés à cette occasion ont été relayés par la presse locale<br />

et nationale, par la radio et par nos partenaires (consulter la liste <strong>de</strong>s partenaires plus loin dans ce document). Qu’ils<br />

en soient tous chaleureusement remerciés ici.<br />

L’équipe <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>


Introduction<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

par Nil Deniz et Thierry Fabre


<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

par Nil Deniz et Thierry Fabre<br />

Texte d’introduction du dossier du n°29 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

<strong>Istanbul</strong> est une <strong>ville</strong> saturée <strong>de</strong> clichés. Minarets et mosquée Bleue, Bosphore et Corne<br />

d’Or, perle d’Orient et rêve d’Occi<strong>de</strong>nt… Comment échapper à ces images toutes faites ?<br />

Comment se détacher du poids <strong>de</strong> l’histoire qui fait <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> une <strong>de</strong>s rares mégapoles<br />

<strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 2000 ans, à travers Byzance, Constantinople puis <strong>Istanbul</strong> ?... Polis, la <strong>ville</strong> par<br />

excellence !<br />

Ville immense, démesurée et insaisissable, dont il est bien difficile <strong>de</strong> tracer les contours,<br />

entre mer Noire et mer <strong>de</strong> Marmara, entre rive européenne et rive asiatique, qui s’étend<br />

jusque vers <strong>de</strong>s confins improbables. Ville dont le nombre <strong>de</strong>s habitants reste en suspens,<br />

selon les interlocuteurs, 13 millions, 14, 16 ou 17 millions ? <strong>La</strong> marge d’appréciation n’est pas<br />

mince et peut inclure la population entière d’autres gran<strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s européennes… Il faut donc<br />

accepter <strong>de</strong> s’y perdre, c’est sans doute une <strong>de</strong>s meilleures façons <strong>de</strong> s’y retrouver. Surtout ne<br />

pas vouloir la réduire, l’enfermer dans <strong>de</strong>s catégories qui le len<strong>de</strong>main même seraient<br />

obsolètes.<br />

Notre seul véritable choix a été <strong>de</strong> tenter d’approcher la <strong>ville</strong> d’aujourd’hui, dans ses<br />

facettes les plus contemporaines. Mais cela ne permet pas pour autant <strong>de</strong> faire le tour du<br />

Moloch ! Une <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>, une <strong>ville</strong> monstre qui laisse une empreinte durable, rarement<br />

dépourvue <strong>de</strong> charme. Une <strong>ville</strong>-aimant, qui s’entoure d’un halo <strong>de</strong> mystère et <strong>de</strong> brume, une<br />

<strong>ville</strong> étendard, <strong>de</strong> la Turquie contemporaine, qui porte fièrement cette sorte d’aura qui traverse<br />

le temps et les <strong>mon<strong>de</strong></strong>s si divers qui la composent, ou parfois la décomposent…<br />

Une <strong>de</strong>s clefs, si l’on en croit la romancière Elif Safak, c’est <strong>de</strong> consentir à un secret,<br />

“<strong>Istanbul</strong> n’existe pas. Au lieu <strong>de</strong> cela, il existe plusieurs <strong>Istanbul</strong> qui vivent côte à côte. Il ne<br />

s’agit pas d’une <strong>ville</strong> unique, mais d’une énorme poupée gigogne.” Et elle nous fait découvrir<br />

ses quatre fragments <strong>de</strong> <strong>ville</strong>… Kerem Öktem s’inscrit pleinement dans cette multiplicité constitutive,<br />

avec ces populations d’origines diverses qui font la <strong>ville</strong>. Mais loin <strong>de</strong>s belles images<br />

sur le cosmopolitisme d’hier et la coexistence d’aujourd’hui, au nom d’un héritage ottoman<br />

revisité, il pointe le nationalisme, la xénophobie et l’intolérance qui habite la <strong>ville</strong> dans ses profon<strong>de</strong>urs.<br />

Karin Karakaslı ne le démentira pas, elle qui fait le portrait sensible <strong>de</strong> sa rencontre<br />

avec l’immense et belle figure <strong>de</strong> Hrant Dink, intellectuel turc d’origine arménienne, assassiné<br />

<strong>de</strong>vant son journal, Agos, en janvier 2007, par un jeune militant nationaliste.<br />

Becoming <strong>Istanbul</strong>… Expositions, cartes et banques <strong>de</strong> données, publications <strong>de</strong> catalogues,<br />

ce travail exemplaire sur l’urbain nous a inspiré pour réaliser ce numéro. L’accueil si<br />

chaleureux et la disponibilité magnifique <strong>de</strong> Pelin Dervis, coordinatrice du projet, avec Bülent<br />

Tanju et Ugur Tanyeli (Garanti Galeri, 2008) nous a permis d’enrichir notre approche et <strong>de</strong><br />

traduire cinq courts textes, inédits en français, <strong>de</strong> ce nouveau dictionnaire d’<strong>Istanbul</strong>.<br />

“Fragments d’un discours amoureux” et critique sur la <strong>ville</strong>, à travers Stambouliote, un mythe<br />

urbain d’Ugur Tanyeli, Zaman <strong>de</strong> Senem Deviren, Balık-ekmek <strong>de</strong> Tangör Tan, Simit d’Orhan<br />

Esen et Biennale <strong>de</strong> Pelin Tan. Le photographe Alp Sime prolonge ces fragments et nous fait<br />

partager son regard singulier dans un portfolio noir et blanc en huit images, qui permet <strong>de</strong><br />

saisir un peu mieux le climat humain et le mystère persistant <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong>.


Michel Peraldi, à partir d’une vision personnelle et d’une exploration documentée <strong>de</strong>s<br />

économies informelles, ce “bazar du <strong>mon<strong>de</strong></strong>” qui caractérise <strong>Istanbul</strong>, nous propose une invitation<br />

au voyage dans le ventre marchand <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> aux richesses souterraines. Altan<br />

Gökalp revient quant à lui sur l’accumulation d’histoires qui ont fait <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> une capitale<br />

symbolique et religieuse, pour l’islam sunnite mais aussi pour la chrétienté orthodoxe.<br />

Attila Yücel nous propose, <strong>de</strong> son côté, une véritable plongée dans le paysage urbain et architectural<br />

<strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> sans bords, qui ne cesse <strong>de</strong> s’agrandir et <strong>de</strong> se transformer.<br />

Cengiz Aktar et Korhan Gümüs, nous rappellent les enjeux d’“<strong>Istanbul</strong>, capitale européenne<br />

<strong>de</strong> la culture”, en 2010, <strong>de</strong>stin d’une <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong> prise entre son horizon européen et une<br />

forme <strong>de</strong> reconquête islamisante, dont certains projets <strong>de</strong> transformations urbaines montrent<br />

bien que l’architecture est encore et toujours “le reflet <strong>de</strong> l’idéologie”…<br />

<strong>La</strong> scène artistique et culturelle d’<strong>Istanbul</strong> est digne d’une <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>. Outre la richesse <strong>de</strong>s<br />

biennales, qui lui donnent aujourd’hui une vraie place à l’échelle internationale, c’est également<br />

une <strong>ville</strong> <strong>de</strong> cinéma. Feri<strong>de</strong> Çiçekoglu, à partir <strong>de</strong> l’exemple singulier <strong>de</strong> Sabiha, héroïne<br />

du film culte Vesikalı Yarim (1968), nous montre ce que peut-être, dans le regard d’une femme<br />

qui tente d’être une “flâneuse”, le jeu entre espace privé et espace public.<br />

<strong>La</strong> musique occupe une place centrale à <strong>Istanbul</strong>. Derya Bengi, à travers son Abécédaire musical,<br />

nous invite à feuilleter les meilleures pages <strong>de</strong> l’album sonore d’<strong>Istanbul</strong>. Nil Deniz, <strong>de</strong><br />

son côté, prolonge cette écoute et nous fait découvrir, à travers différents styles, comment la<br />

<strong>ville</strong> a été chantée. Musiques traditionnelles, arabesk, rap, pop ou expérimentations poétiques<br />

et sonores contemporaines, <strong>Istanbul</strong> reste un personnage principal du <strong>mon<strong>de</strong></strong> musical.<br />

Elle l’est également pour le <strong>mon<strong>de</strong></strong> littéraire, et singulièrement pour la littérature<br />

Un<strong>de</strong>rground dont Timour Muhidine retrace les principales tendances, à travers poètes maudits,<br />

romanciers trash ou polars nouvelle vague… Küçük Isken<strong>de</strong>r, figure étincelante <strong>de</strong> ce<br />

<strong>mon<strong>de</strong></strong> souterrain nous fait partager, dans un récit inédit, la réalité crue et sombre <strong>de</strong>s nuits<br />

<strong>de</strong> Beyoglu…<br />

Au terme <strong>de</strong> ce voyage, en dix-neuf escales, au centre d’<strong>Istanbul</strong>, il ne s’agit pas <strong>de</strong> conclure,<br />

bien au contraire. L’idée serait plutôt <strong>de</strong> vous inviter à partir ou à repartir sur place pour<br />

découvrir d’autres fragments <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong>, “entre-<strong>mon<strong>de</strong></strong>s”, où quelque chose <strong>de</strong> singulier du<br />

XXI e siècle advient sous nos yeux…<br />

Nil Deniz et Thierry Fabre.


<strong>La</strong> revue <strong>de</strong> presse<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

CONTACTS<br />

Elisabeth Cestor, coordination : courrier@lapensee<strong>de</strong><strong>midi</strong>.org<br />

Fabienne Tzerikiantz, communication : contact@lapensee<strong>de</strong><strong>midi</strong>.org<br />

142, la Canebière, 13001 Marseille • Tél. : +33 (0)4 96 12 43 19<br />

Sommaires <strong>de</strong>s parutions, biographie <strong>de</strong>s auteurs, boutique en ligne,<br />

actualité et événements(rencontres-débats, émissions <strong>de</strong> radio, lectures...) sur :<br />

www.lapensee<strong>de</strong><strong>midi</strong>.org


<strong>La</strong> presse<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>


Chronique <strong>de</strong> Vincent Duclert pour le Blog <strong>de</strong>s Livres.<br />

20 janvier 2010 (extraits)<br />

Visitez le Blog <strong>de</strong>s Livres sur le site <strong>de</strong> <strong>La</strong> Recherche<br />

(http://larecherche.typepad.fr/le_blog_<strong>de</strong>s_livres)<br />

<strong>La</strong> revue <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> mérite toute notre attention. Créée en 2000 par l’écrivain <strong>de</strong><br />

polar (aujourd’hui décédé) Jean-Clau<strong>de</strong> Izzo, par l’éditeur Hubert Nyssen, par Thierry<br />

Fabre, elle est animée par ce <strong>de</strong>rnier, aujourd’hui coordinateur scientifique du réseau d’excellence<br />

<strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> recherche en sciences humaines sur la Méditerranée Ramses à la<br />

Maison méditerranéenne <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> l’homme d’Aix-en-Provence et concepteur <strong>de</strong>s<br />

rencontres d’Averroès. Son comité <strong>de</strong> rédaction réunit plusieurs écrivains et poètes comme<br />

Bernard Millet et Renaud Ego. Editée par Actes Sud qui en fait sa publication périodique<br />

phare, elle publie <strong>de</strong> remarquables numéros traversés d’une authentique pensée <strong>de</strong>s lieux,<br />

du savoir et <strong>de</strong> la Méditerranée. Elle a déjà à son actif <strong>de</strong>s portraits <strong>de</strong> <strong>ville</strong>, Alger, Palerme,<br />

Athènes, Beyrouth XXI e siècle, Tanger, et aujourd’hui <strong>Istanbul</strong> à l’occasion <strong>de</strong> l’année 2010<br />

où l’ancienne capitale <strong>de</strong>vient, à juste raison, capitale culturelle européenne (233 p., 17<br />

euros).<br />

Ce sont <strong>de</strong> véritables livres collectifs qui sont réalisés ici, et que porte une collection à part<br />

entière chez Actes Sud, « Bleu », également dirigé par Thierry Fabre, avec <strong>de</strong>ux séries,<br />

“Essais, sciences humaines et politique” et “Romans, récits, nouvelles”. Au sein <strong>de</strong> la première,<br />

l’essai d’Emmanuel Terray et <strong>de</strong> Christian Bomberger (également membre du<br />

comité <strong>de</strong> rédaction), Face aux abus <strong>de</strong> mémoire (2006), le portrait <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier et Tzetan<br />

Todorov sur Germaine Tillion, Une anthropologue dans le siècle (2002) … et aussi en<br />

Méditerranée, et l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers ouvrages <strong>de</strong> notre regretté collègue, l’historien <strong>de</strong>s<br />

migrations et <strong>de</strong> Marseille Emile Temime, Un rêve méditerranéen, <strong>de</strong>s Saint-Simoniens aux<br />

intellectuels <strong>de</strong>s années trente (2002). Elle vient <strong>de</strong> mettre à son catalogue <strong>de</strong>s textes du journaliste<br />

assassiné (le 19 janvier 2007) turc <strong>de</strong> confession arménienne Hrant Dink, istanbullu<br />

jusqu’au bout, qui avait donné ses plus belles couleurs esthétiques et politiques à<br />

<strong>Istanbul</strong>, Deux peuples proches, <strong>de</strong>ux voisins, Arménie-Turquie (essai traduit du turc par Emre<br />

Ülker et Dominique Eddé, 204 p., 19 euros). Le livre est préfacé par le journaliste et<br />

écrivain Jean Kéhayan qui lui-même a publié dans le proche passé un recueil d’écrits très<br />

réussi sur sa mémoire turque et le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> paix, et ouvert par Etyen Mahçupyan, un ami<br />

<strong>de</strong> Hrant Dink à la revue Agos que le journaliste et écrivain dirigeait à <strong>Istanbul</strong>. On le voit,<br />

la « pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> » (une expression d’Albert Camus) présente une large extension <strong>de</strong><br />

la notion <strong>de</strong>s Suds, du littéraire au politique, du lointain Orient à la proche Europe (ou le<br />

contraire, grâce à cette « pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> »). (...)<br />

On ne peut donc que saluer cette entreprise intellectuelle et sensible qui est une gran<strong>de</strong><br />

réussite. (...).<br />

Vincent Duclert


Terres <strong>de</strong> femmes, la revue littéraire, artistique & cap-corsaire<br />

d’Angèle Paoli<br />

Site internet <strong>de</strong> Terres <strong>de</strong> Femmes<br />

(http://terres<strong>de</strong>femmes.blogs.com/mon_weblog/2009/10/la-pens%C3%A9e-<strong>de</strong>-<strong>midi</strong>-istanbul-<strong>ville</strong>-<strong>mon<strong>de</strong></strong>.html)<br />

20 octobre 2009<br />

<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, « <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong> »<br />

Chroniques <strong>de</strong> femmes - EDITO<br />

Chronique <strong>de</strong> Angèle Paoli<br />

<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, n° 29, octobre 2009<br />

ISTANBUL, VILLE MONDE<br />

<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> consacre son numéro <strong>de</strong> rentrée à <strong>Istanbul</strong>. Nil Deniz et Thierry Fabre, coordinateurs<br />

du dossier, tentent d'appréhen<strong>de</strong>r le visage multiple et complexe d'<strong>Istanbul</strong>. Loin <strong>de</strong>s clichés qui<br />

en obscurcissent les traits, l'histoire, les préoccupations et les enjeux. En un mot: la vie. <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong><br />

<strong>mon<strong>de</strong></strong>. Tel est le titre choisi pour traduire, dès la première <strong>de</strong> couverture, l'idée d'ampleur, <strong>de</strong> cosmopolitisme<br />

et <strong>de</strong> démesure <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> qui fut, au cours <strong>de</strong>s temps, successivement Byzance,<br />

Constantinople et <strong>Istanbul</strong>.<br />

Dégager la Polis, « la <strong>ville</strong> par excellence », <strong>de</strong> sa gangue <strong>de</strong> clichés pour permettre aux nouveaux<br />

contours, dans leur profusion et leur confusion, d'émerger ; et aux contemporains d'Orient et<br />

d'Occi<strong>de</strong>nt d'accé<strong>de</strong>r aux nouvelles donnes qui traversent, bousculent, secouent, la Turquie, et par làmême<br />

<strong>Istanbul</strong>. Telle est l'ambition <strong>de</strong> ce nouveau dossier <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>.<br />

<strong>Istanbul</strong>(s)<br />

En ouverture, un texte d'Elif Safak, « la romancière la plus lue <strong>de</strong> Turquie ». L'auteure <strong>de</strong> <strong>La</strong><br />

Bâtar<strong>de</strong> d'<strong>Istanbul</strong> (Phébus, 2007) confie au lecteur le secret connu <strong>de</strong>s seuls autochtones : « <strong>Istanbul</strong><br />

n'existe pas ». Seule existe une « énorme poupée gigogne », constituée <strong>de</strong> « <strong>ville</strong>s cachées au sein<br />

même <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> ». Cette impression d'emboîtements multiples se complexifie d'effets déformants, jeux<br />

<strong>de</strong> miroir et trompe-l'oeil qui déplacent les idées reçues et déjouent les pièges imposés par le plus résistant<br />

<strong>de</strong>s clichés : le clivage Orient/Occi<strong>de</strong>nt. Pour Elif Safak, il suffirait <strong>de</strong> penser cette binarité en terme<br />

<strong>de</strong> circulation plutôt que d'opposition pour donner à ces <strong>de</strong>ux notions — davantage imaginaires que<br />

réelles — leur chance <strong>de</strong> coexister dans la complémentarité et la sérénité. Pour Elif Safak, il ne fait aucun<br />

doute qu'<strong>Istanbul</strong>, « la plus orientale <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s d'Occi<strong>de</strong>nt » est « une capitale européenne <strong>de</strong> culture,<br />

d'art et d'histoire ».<br />

<strong>La</strong> romancière évoque également les quatre <strong>Istanbul</strong>(s) qui vivent en parfaite osmose dans la capitale.<br />

Il y a la <strong>ville</strong> <strong>de</strong> ceux qui sont partis, laissant <strong>de</strong>rrière eux les vestiges du passé. Par opposition, il y<br />

a la <strong>ville</strong> <strong>de</strong>s « nouveaux arrivants », pour la plupart <strong>de</strong>s paysans venus d'Anatolie. Installés dans<br />

<strong>Istanbul</strong> <strong>de</strong>puis une cinquantaine d'années, ces habitants, attirés par le profit, sont indifférents à l'histoire<br />

<strong>de</strong> la cité. Viennent ensuite les rési<strong>de</strong>nts stambouliotes <strong>de</strong> longue date. <strong>La</strong> mémoire <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>. Leur<br />

regard est celui <strong>de</strong> la nostalgie d'un passé qui n'est plus. <strong>La</strong> quatrième <strong>ville</strong> est celle <strong>de</strong>s visiteurs en tout<br />

genre, qui projettent sur <strong>Istanbul</strong> leur désir <strong>de</strong> rythme trépi<strong>de</strong>nt.<br />

Autre secret : <strong>de</strong>rrière les apparences <strong>de</strong> l'ordre masculin, c'est la féminité d'<strong>Istanbul</strong> qui domine.


Un cosmopolitisme sans fierté<br />

À la vision optimiste d'Elif Safak s'oppose celle <strong>de</strong> Kerem Öktem. Chercheur et directeur d'étu<strong>de</strong>s<br />

en politique du Moyen-Orient à l'Université d'Oxford, Kerem Öktem met l'accent sur la réticence<br />

d'<strong>Istanbul</strong> « à accepter les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie étrangers ». Une réticence qui s'enracine dans une peur viscérale<br />

<strong>de</strong> l'altérité. Quelle que soit l'origine <strong>de</strong> cette altérité. Sociale, ethnique, religieuse... Pour Kerem<br />

Öktem, s'il existe indéniablement un cosmopolitisme stambouliote, il n'en <strong>de</strong>meure pas moins qu'il est<br />

le résultat <strong>de</strong>s efforts permanents entrepris par le ministère <strong>de</strong> la Culture pour donner d'<strong>Istanbul</strong> l'image<br />

d'un cosmopolitisme réussi. Or, les <strong>mon<strong>de</strong></strong>s qui composent le patchwork intérieur d'<strong>Istanbul</strong>, sont<br />

<strong>de</strong>s entités distinctes qui s'excluent et se déchirent, jusque dans leur imaginaire culturel.<br />

Ainsi nombreux sont les écrivains turcs d'aujourd'hui qui, à la recherche d'une « diversité ethnique<br />

et culturelle disparue », explorent leur <strong>ville</strong> et tentent <strong>de</strong> recréer la « splen<strong>de</strong>ur perdue <strong>de</strong><br />

l'époque ottomane ». Paradoxalement, le romancier Orhan Pamuk, nostalgique <strong>de</strong> ce passé disparu,<br />

s'attache à peindre dans son <strong>de</strong>rnier roman, The Museum of Innocence (Faber and Faber, 2009) une<br />

<strong>Istanbul</strong> monochrome et grise. C'est l'<strong>Istanbul</strong> <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité <strong>de</strong>s années 1970. C'est aussi celle <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong> désertion <strong>de</strong>s communautés grecques et juives.<br />

En revanche, la <strong>de</strong>scription que fait Ihsan Oktay Anar <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>de</strong> Constantin, Konstantiniyye,<br />

dans Atlas <strong>de</strong>s continents brumeux (Actes Sud, 2001), est sans doute plus proche <strong>de</strong> l'<strong>Istanbul</strong> d'aujourd'hui.<br />

« Une <strong>ville</strong> où la différence et la diversité sont porteuse <strong>de</strong> synergie, mais aussi d'une tension,<br />

d'une angoisse et d'une créativité en perpétuel mouvement, et où le désir <strong>de</strong> cosmopolitisme et l'expérience<br />

quotidienne coïnci<strong>de</strong>nt rarement ».<br />

D'autres écrivains ont cessé <strong>de</strong> se tourner vers un passé rassurant pour affronter un présent agité<br />

<strong>de</strong> tensions multiples dont le passé lui-même n'est pas exclu. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la littérature et <strong>de</strong> la création<br />

artistique, un « imaginaire historique original » s'est établi <strong>de</strong>puis 1994. « L'âge d'or ottoman ». « Un<br />

Jardin d'E<strong>de</strong>n turc », vision d'une « société où les religions et les cultures coexistaient en parfaite harmonie,<br />

sous la domination bienveillante et incontestée <strong>de</strong>s classes dirigeantes musulmanes et<br />

turques. »<br />

Derrière ce rêve édénique c'est une autre réalité qui s'impose : celle <strong>de</strong>s conflits qui divisent les<br />

quartiers et les rues <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>. Et <strong>de</strong> la répression. Nombre d'habitants indésirables font l'objet d'expulsions.<br />

Que conclure sur le cosmopolitisme stambouliote ? Certes, ce cosmopolitisme est indéniable.<br />

Certes <strong>Istanbul</strong> est une <strong>ville</strong> « véritablement internationale ». Elle est aussi une « <strong>ville</strong> <strong>de</strong> transit et<br />

d’immigration africaine et arabe », une <strong>ville</strong> qui abrite la plus vaste communauté kur<strong>de</strong> ; une <strong>ville</strong><br />

ouverte à tous les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie et à tous les choix sexuels ; une « <strong>ville</strong> <strong>de</strong> femmes », enfin. Mais, <strong>de</strong><br />

ce cosmopolitisme, <strong>Istanbul</strong> ne tire aucune fierté. Derrière le cosmopolitisme d’<strong>Istanbul</strong>, ce qui persiste<br />

ce sont les conflits et les tensions d’une <strong>ville</strong> en pleine mutation qui a du mal à vivre dans le « plaisir<br />

<strong>de</strong> la différence » sa vocation multiculturelle.<br />

<strong>Istanbul</strong> « Clic-Clac »<br />

Dans un récit kaléidoscopique où alternent souvenirs d’enfance et présent d’adulte, Karin<br />

Karakasli, écrivain et journaliste, évoque avec une émotion toujours très vive, la personnalité <strong>de</strong> Hrant<br />

Dink. Cet écrivain turc d’origine arménienne, fondateur du journal turco-arménien Agos, est mort en<br />

2007, assassiné par un nationaliste turc, <strong>de</strong>vant la porte du journal. <strong>La</strong> communauté arménienne a<br />

rendu hommage, lors <strong>de</strong> ses funérailles, dans le plus grand silence, au grand homme disparu dans la<br />

violence du sang versé. Karin Karakasli, elle, s’est convaincue que son <strong>de</strong>stin était d’écrire.


Stambouliote, un mythe urbain<br />

Qu’est-ce qu’un Stambouliote ? Qu’est-ce qu’être « <strong>Istanbul</strong>lu » ? Pour beaucoup d’entre nous, est<br />

stambouliote celui/celle qui vit à <strong>Istanbul</strong>. Ugur Tanyeli, architecte spécialisé dans l’architecture ottomane et<br />

turque, reprend cette définition pour en approfondir le sens.<br />

Stricto sensu, le terme stambouliote désigne celui/celle qui est né(e) et a grandi à <strong>Istanbul</strong>. Dans l’imaginaire<br />

collectif, le terme recouvre l’idée qu’être stambouliote signifie aussi être porteur <strong>de</strong>s valeurs culturelles<br />

du passé. Cette idée semble avoir fait son apparition au début du XIX e siècle. Pério<strong>de</strong> à laquelle le concept <strong>de</strong><br />

stambouliote « a commencé à désigner la population urbaine supposée possé<strong>de</strong>r une culture raffinée. » Or<br />

ce champ <strong>de</strong> valeurs culturelles est assez difficile à cerner. Quant à la civilisation qui en est le centre, elle est<br />

à jamais engloutie.<br />

Aujourd’hui, avec l’entrée <strong>de</strong> la Cité dans le <strong>mon<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong>s échanges internationaux, le concept <strong>de</strong> stambouliote<br />

a évolué. « Le terme fait allusion à l’autochtone le plus proche <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>ntal, <strong>de</strong> l’Autre ».<br />

Paradoxe important : plus la <strong>ville</strong> d’<strong>Istanbul</strong> voit croître son influence dans le pays, plus le concept <strong>de</strong> stambouliote<br />

a tendance à s’amenuiser. « Le Stambouliote apparaît comme un nouveau type d’individu en perte<br />

d’i<strong>de</strong>ntité. » « À mesure qu’<strong>Istanbul</strong> renaît, le Stambouliote meurt ». D’où l’urgence <strong>de</strong> repenser ce concept.<br />

Ce qui ne peut se faire que si la métropole prend en compte, dans un vaste processus d’intégration et<br />

<strong>de</strong> partage culturel, les diverses communautés venues <strong>de</strong>s quatre coins <strong>de</strong> la Turquie.<br />

<strong>Istanbul</strong>, le bazar du <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

L’anthropologue Michel Peraldi, directeur du Centre Jacques-Berque à Rabat (Maroc), se penche sur la<br />

question : <strong>Istanbul</strong> est-elle une <strong>ville</strong> « globale » ? Est dite « globale » la <strong>ville</strong> qui « concentre un nombre<br />

conséquent d’instruments et d’acteurs qui exercent un pouvoir économique et politique à l’échelle mondiale<br />

». Sur le plan sociologique est dite « globale » la <strong>ville</strong> qui rassemble autour d’elle, comme autant <strong>de</strong><br />

satellites, les peuples « assujettis », dépendants <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> phare, dont elles assurent les relais<br />

sur le plan économique. <strong>La</strong> plus puissante <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s globales actuelles est New York, celle qui a servi <strong>de</strong> modèle<br />

aux gran<strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s qui rêvent <strong>de</strong> lui ressembler.<br />

<strong>Istanbul</strong> a-t-elle l’envergure suffisante pour être classée parmi les <strong>ville</strong>s globales ? Il est incontestable<br />

qu’<strong>Istanbul</strong> dont la population, sans cesse en expansion est impossible à chiffrer avec précision (entre 12 et<br />

15 millions) est une « mégapole ». Il est incontestable aussi que la plus gran<strong>de</strong> <strong>ville</strong> <strong>de</strong> la Turquie, qui est<br />

aussi sa capitale économique, est « un point nodal <strong>de</strong> connexions entre les capitales européennes » d’une<br />

part et l’Extrême Orient, <strong>de</strong> l’autre.<br />

Industrieuse et commerciale, <strong>Istanbul</strong> est-elle pour autant une <strong>ville</strong> « globale » ? Penche-t-elle du côté<br />

<strong>de</strong> Londres ou du côté du Caire ? Est-elle, comme d’autres, une <strong>ville</strong> autophage ? <strong>La</strong> Turquie va-t-elle se faire<br />

dévorer par <strong>Istanbul</strong> ?<br />

De la <strong>ville</strong> « globale », <strong>Istanbul</strong> possè<strong>de</strong> la capacité à rassembler les peuples voisins, dans « un<br />

espace qui va <strong>de</strong> la Kabylie à l’Oural jusqu’aux rives <strong>de</strong> la Chine en passant par toutes les poussières d’Etats<br />

issus <strong>de</strong> la fragmentation <strong>de</strong> l’Empire soviétique ». « Une centaine <strong>de</strong> nationalités sont ainsi représentées<br />

dans <strong>Istanbul</strong> ». Avec ces grands mouvements <strong>de</strong> population sont nés <strong>de</strong>s multitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> commerces parallèles,<br />

fondés sur le principe <strong>de</strong> la « chaîne relationnelle ». Le « commerce <strong>de</strong> bazar » constitue aujourd’hui<br />

le « cœur économique » d’<strong>Istanbul</strong>. Qui voit se développer dans ses périphéries tout un artisanat clan<strong>de</strong>stin<br />

capable <strong>de</strong> fournir les ateliers du Sentier à Paris. Championne <strong>de</strong> la contrefaçon, <strong>Istanbul</strong> peut s’enorgueillir<br />

d’être l’égale <strong>de</strong> New York. Pour autant, <strong>Istanbul</strong> ne peut prétendre être classée parmi les <strong>ville</strong>s « globales<br />

». Contrairement à d’autres <strong>ville</strong>s capables <strong>de</strong> créer « <strong>de</strong>s ossatures, <strong>de</strong>s architectures <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong><br />

<strong>ville</strong> », <strong>de</strong> faire intervenir <strong>de</strong>s acteurs mobilisés par le « capitalisme cognitif », <strong>Istanbul</strong> ne fait que capter et<br />

relancer le cycle du commerce. Sans parvenir à satelliser les <strong>ville</strong>s qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s réseaux stambouliotes.<br />

Pour le moment, le capitalisme que développe <strong>Istanbul</strong> est un « capitalisme <strong>de</strong> parias ». Le capitalisme<br />

« d’une humanité souffrante ».


<strong>Istanbul</strong> : l’éternité pour mémoire<br />

Directeur <strong>de</strong> recherche ethnolinguistique au CNRS, Altan Gökalp s’intéresse au passé religieux<br />

d’<strong>Istanbul</strong>. Un passé à la fois riche et complexe, marqué par une histoire turbulente, soumise <strong>de</strong>puis toujours<br />

à la hantise <strong>de</strong> l’invasion barbare : Perses, Arabes et Turcs d’hier ; Kur<strong>de</strong>s, <strong>La</strong>zes et tant d’autres aujourd’hui.<br />

Des passages successifs <strong>de</strong>s envahisseurs, la Polis porte les traces dont ren<strong>de</strong>nt compte, <strong>de</strong> manière harmonieuse,<br />

les créations <strong>de</strong>s hommes. Musique et architecture empreintes <strong>de</strong>s grands « mythes qui se<br />

pensent entre eux à l’insu <strong>de</strong>s hommes qui les créent », selon la célèbre formule <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Lévi-Strauss. Ainsi<br />

en est-il du Süleymaniyé ou <strong>de</strong> la mosquée <strong>de</strong> Sultan Ahmet (dite Bleue), synthèse savante entre <strong>de</strong>ux religions<br />

réputées antagonistes. Erigée à la gloire <strong>de</strong> Soliman le magnifique par Sinan, architecte arménien converti à<br />

l’islam, le Süleymaniyé témoigne <strong>de</strong> la présence du « numineux », « esprit du lieu générateur <strong>de</strong> crainte<br />

sacrée ». Mais à <strong>Istanbul</strong>, nombreux sont les lieux que le tressage <strong>de</strong> l’histoire et <strong>de</strong>s religions ont chargé <strong>de</strong><br />

symboles que « les siècles ne parviennent pas à détruire ni même à émousser ».<br />

Cependant, <strong>de</strong>rrière le rêve <strong>de</strong> syncrétisme religieux, les conflits ethniques et religieux <strong>de</strong>meurent dans<br />

le Grand <strong>Istanbul</strong>. Notamment avec la population kur<strong>de</strong>, <strong>de</strong> confession alévie.<br />

Tout ce qui est immobile est en mouvement<br />

Architecte <strong>de</strong> renom, Attila Yücel invite le promeneur à une visite approfondie d’<strong>Istanbul</strong>. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’impression<br />

première d’enchevêtrement inextricable <strong>de</strong>s nouvelles constructions en tous genres, autoroutes,<br />

nœuds <strong>de</strong> croisements à étages, tours, zones industrielles…, ce que découvre le voyageur, c’est l’évolution<br />

d’une <strong>ville</strong> en perpétuel mouvement. De multiples i<strong>de</strong>ntités se côtoient, qui façonnent <strong>de</strong> nouvelles i<strong>de</strong>ntités,<br />

elles-mêmes en perpétuel changement. Depuis le XIX e siècle, la physionomie <strong>de</strong> la Polis n’a cessé <strong>de</strong> se transformer.<br />

Au gré <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong> ses habitants et <strong>de</strong>s besoins d’une époque. Ce qui a vu le jour au cours du<br />

siècle précé<strong>de</strong>nt est abandonné ou détruit ou encore remo<strong>de</strong>lé au siècle suivant. Ainsi <strong>de</strong> la Corne d’Or qui est<br />

passé « en moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents ans d’un lieu aristocratique en un lieu industriel, d’un lieu <strong>de</strong> vie traditionnel<br />

en un lieu <strong>de</strong> pauvreté et qui, par la vision hygiéniste d’un administrateur urbain, fut évacué tout à coup pour<br />

être couvert d’une ban<strong>de</strong> verte indéfinissable… ». De « nouvelles i<strong>de</strong>ntités » se succè<strong>de</strong>nt le long <strong>de</strong> la Corne<br />

d’Or qui « change petit à petit <strong>de</strong> peau mais aussi <strong>de</strong> nature. » Cependant nul concepteur visionnaire ne prési<strong>de</strong><br />

à l’élaboration <strong>de</strong>s réformes urbaines et la métropole « n’a toujours pas un plan directeur qui fasse l’unanimité<br />

». De sorte que la « fragmentation, le non achevé et le mouvement » constituent la réalité première<br />

<strong>de</strong> la <strong>ville</strong>. Dont le centre, sans cesse mouvant, est <strong>de</strong>venu impossible à déterminer.<br />

Balik-ekmek et Simit<br />

Ces <strong>de</strong>ux textes brefs, l’un écrit par le gastronome Tangör Tan, l’autre par Orhan Esen, chercheur en<br />

urbanisme et écrivain évoquent <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> spécialités culinaires stambouliotes.<br />

Balik-emek désigne un sandwich au poisson grillé dont l’existence, vieille <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> cent cinquante ans,<br />

a été mise en péril par le Conseil pour la protection du patrimoine naturel. Accusés <strong>de</strong> dégra<strong>de</strong>r le paysage, les<br />

ven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> sandwichs, délogés <strong>de</strong> leur emplacement habituel, furent contraints <strong>de</strong> s’installer dans un<br />

emplacement attribué par la mairie du Grand <strong>Istanbul</strong> et <strong>de</strong> s’accoutrer d’un pseudo costume ottoman. Il semble<br />

que ces changements soient responsables <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s sandwichs au poisson qui ont perdu<br />

« leur goût d’antan ».<br />

Le simit, galette <strong>de</strong> farine cuite au feu <strong>de</strong> bois, est une spécialité stambouliote qui fait l’unanimité dans<br />

tous les milieux. Distribués par les simitçi agréés se sont vu récemment obligés <strong>de</strong> mettre leurs véhicules ?<br />

landaus et bicyclettes, aux normes imposées par la municipalité, transformant ainsi ces vénérables figures<br />

légendaires en pitres pour touristes. Le simit, pâtisserie <strong>de</strong>s pauvres, cherche à retrouver sa dignité d’antan.


Suivent <strong>de</strong>ux articles qui présentent la Polis dans le projet européen. <strong>Istanbul</strong>, élue « capitale européenne<br />

2010 » doit s’affirmer<br />

Ville <strong>mon<strong>de</strong></strong>, élue « capitale européenne <strong>de</strong> la culture pour 2010 », <strong>Istanbul</strong> doit s’affirmer dans sa<br />

véritable dimension européenne. Ce n’est qu’à ce prix que la Polis pourra sortir <strong>de</strong>s stéréotypes réducteurs<br />

d’« entité fermée sur elle-même ou isolée à l’extrême Orient du continent, voire d’un autre continent »<br />

dans lesquelles elle continue d’être consignée par le regard <strong>de</strong>s Européens sur les Turcs et vice-versa. C’est<br />

ce qu’affirme le politologue Cengiz Aktar dans Cosmos-Polis.<br />

Choisie par le comité <strong>de</strong> sélection pour sa volonté <strong>de</strong> réhabilitation <strong>de</strong>s valeurs préservées <strong>de</strong> la <strong>ville</strong><br />

ainsi que pour la redécouverte <strong>de</strong> valeurs en voie <strong>de</strong> disparition, <strong>Istanbul</strong> suscite <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> position souvent<br />

contradictoires. Réhabiliter certains quartiers <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> tout en préservant le tissu humain, transformer<br />

ces contradictions en source d’énergie, tel est l’important défi que la <strong>ville</strong> se doit <strong>de</strong> relever.<br />

Au cœur du débat qui anime la relation <strong>de</strong> la Turquie avec l’Union européenne, la culture joue un rôle<br />

crucial. Source <strong>de</strong> conflits entre Turquie et Europe, la culture est vécue <strong>de</strong> part et d’autre comme un « fossé<br />

infranchissable », alimenté par le sentiment <strong>de</strong> disparités inconciliables. <strong>Istanbul</strong> apparaît généralement<br />

comme l’exception culturelle et jouit d’une aura particulière qui la met au rang <strong>de</strong> modèle d’un cosmopolitisme<br />

réussi.<br />

Ville <strong>mon<strong>de</strong></strong>, <strong>Istanbul</strong>, image miniature <strong>de</strong> la Turquie, l’est peut-être aussi <strong>de</strong> l’Europe. Européenne,<br />

elle préfigure la Turquie <strong>de</strong> <strong>de</strong>main.<br />

Conscient qu’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la population résiste aux valeurs occi<strong>de</strong>ntales et effectue un retour<br />

vers un passé islamique, Khoran Gümüs, architecte et directeur <strong>de</strong> projets urbains pour <strong>Istanbul</strong> capitale<br />

européenne 2010, s’interroge sur la possibilité pour la Polis <strong>de</strong> voir se réaliser un projet républicain qui<br />

rassemble l’opinion publique sans exclure les particularités.<br />

Nombreux sont les plans d’aménagement <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> qui se sont succédés <strong>de</strong>puis les années 1930 sur<br />

l’instigation <strong>de</strong> Mustafa Kemal Atatürk jusqu’à nos jours. Depuis la réalisation <strong>de</strong>s projets effectués par l’urbaniste<br />

français Henri Prost, projets qui virent se développer « les nouveaux lieux emblématiques <strong>de</strong> la<br />

République » jusqu’à la création en 1970 du Centre culturel Atatürk, le Atatürk Kültür Merkezi, qui visait à<br />

déplacer dans « une surface publique <strong>de</strong> l’État-nation », les manifestations culturelles jusqu’alors apanage<br />

<strong>de</strong>s lieux privés (théâtres, cinémas, salles d’exposition). Après nombre <strong>de</strong> litiges qui ont failli conduire à sa<br />

<strong>de</strong>struction, le Atatürk Kültür Merkezi fait l’objet d’un plan <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> et <strong>de</strong> rénovation. D’autres espaces<br />

<strong>de</strong> la <strong>ville</strong>, réaménagés à l’époque républicaine, sont aujourd’hui soumis à <strong>de</strong> vastes projets <strong>de</strong> rénovation.<br />

Ainsi du Parc ottoman qui concentre histoire et culture mais aussi « <strong>de</strong>s espaces mo<strong>de</strong>rnes et sociaux »<br />

est promis à l’ambition d’offrir à la jeunesse un modèle sur lequel construire le futur à partir d’un passé historique<br />

glorieux.<br />

Le but poursuivi aujourd’hui par les instances politiques et administratives d’<strong>Istanbul</strong> est d’« offrir à<br />

ce nouveau programme <strong>de</strong> culture nationale la place qu’il mérite » en évitant <strong>de</strong>s bouleversements excessifs.<br />

C’est aussi une manière <strong>de</strong> circonscrire la mo<strong>de</strong>rnisation dans la sphère privée et <strong>de</strong> freiner l’occi<strong>de</strong>ntalisation<br />

culturelle inhérente à l’entrée d’<strong>Istanbul</strong> sur la scène culturelle européenne.<br />

Entre ces <strong>de</strong>ux articles, un dossier photographies en noir et blanc. Réalisées entre 2003 et 2007 par<br />

Alp Sime, stambouliote né en 1970 dans la Polis, ces photos expriment la douleur humaine, le désarroi, l’attente<br />

d’un ailleurs improbable. <strong>La</strong> seule femme présentée dans ce portfolio donne l’impression <strong>de</strong> détresse,<br />

d’abandon, <strong>de</strong> résignation. Dans un espace géographique qu’il est difficile <strong>de</strong> définir comme appartenant à<br />

la Turquie. Des photos sombres, qui ne donnent pas d’<strong>Istanbul</strong> une vision idyllique.<br />

D’autres chroniques complètent ce dossier important. Proposant <strong>de</strong>s ouvertures culturelles où le cinéma<br />

et la musique ont leur place. De ce <strong>mon<strong>de</strong></strong> extrêmement complexe qu’est celui <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> plurielle<br />

d’<strong>Istanbul</strong>, ce qui me frappe au cours <strong>de</strong> ma lecture, c’est la résistance <strong>de</strong>s Stambouliotes et plus généralement<br />

<strong>de</strong> la Turquie à l’entrée en scène <strong>de</strong> ce pays dans la cartographie culturelle <strong>de</strong> l’Europe. C’est aussi l’emprise<br />

<strong>de</strong> plus en plus forte <strong>de</strong> l’islam sur les choix politico-culturels <strong>de</strong> ce pays et le recul progressif du cosmopolitisme<br />

européen.<br />

Comme le constate Khoran Gümüz, nombreux sont ceux qui martèlent l’idée que « le peuple a perdu<br />

son i<strong>de</strong>ntité à cause <strong>de</strong>s valeurs occi<strong>de</strong>ntales »… Il est indéniable aussi que « le néo-ottomanisme »<br />

effectue… un retour vers un passé islamique incompatible avec les valeurs occi<strong>de</strong>ntales.


Article paru dans le n°23 <strong>de</strong> Zibeline, page 6.<br />

<strong>Istanbul</strong> à <strong>midi</strong>, par René DIAZ.<br />

Visitez le site <strong>de</strong> Zibeline (www.journalzibeline.fr)<br />

<strong>Istanbul</strong> à <strong>midi</strong>. Dans son éditorial, Thierry Fabre examine la nouvelle donne en<br />

Méditerranée et au Moyen-Orient consécutive à l’arrivée à la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s Etas-Unis <strong>de</strong><br />

Barack Obama. Ce qui nous rappelle qu’<strong>Istanbul</strong> est bien un <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> la<br />

Méditerranée. Et une <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>, chargée d’histoire... Mais la revue, comme à son habitu<strong>de</strong>,<br />

veut voir au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s apparences. Elle réunit une somme <strong>de</strong> regards pour décrypter<br />

les réalités <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>. Ainsi, Elif Safak propose un postulat : <strong>Istanbul</strong> n’existe pas ! En fait<br />

ce sont quatre <strong>ville</strong>s qui coexistent. Le passé, le présent et l’avenir s’acharnent à <strong>de</strong>ssiner<br />

la diversité <strong>de</strong> la cité. Ce constat est prolongé lorsqu’on abor<strong>de</strong> la composition <strong>de</strong>s populations<br />

<strong>de</strong> la <strong>ville</strong>. Cosmopolite, elle l’est ! Mais l’entrée dans la mondiolisation a bousculé<br />

les constructions anciennes. Si un passé fantasmé <strong>de</strong> tolérance multiculturelle, supposé<br />

exister à l’époque ottomane, remplit les rêves <strong>de</strong> concor<strong>de</strong> <strong>de</strong> la bourgeoisie musulmane<br />

islamique, il permet surtout <strong>de</strong> nier la peur viscérale <strong>de</strong> l’autre, et l’intolérance qui<br />

l’accompagne : les minorités <strong>de</strong> toutes sortes sont donc bien mal loties. L’assassinat évoqué<br />

<strong>de</strong> Hrant Dink, intellectuel arménien, le confirme : la “turquicité” ne saurait être contestée<br />

dans un paysage politique gangrené par le nationalisme. Les bouleversements politiques,<br />

plus ou moins récents, semblent, quand à eux, avoir abouti à la perte <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité<br />

stambouliote. Michel Péraldi abor<strong>de</strong> les réalités plus tangibles <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> : <strong>Istanbul</strong> est une<br />

villle globale. Fouillant les ressorts économiques <strong>de</strong> la métropole, il conclut à l’établissement<br />

d’un “capitalisme <strong>de</strong> paria” bien différent du fonctionnment <strong>de</strong>s autres <strong>ville</strong>s globales<br />

qui dominent le <strong>mon<strong>de</strong></strong>.<br />

Cosmopolite, la <strong>ville</strong> l’est aux dires <strong>de</strong> Cengiz Aktar qui appelle sa désignation<br />

comme capitale européenne <strong>de</strong> la culture pour 2010... Il en révèle les enjeux, dans son<br />

tissu urbain même, et nous ramène à cette lutte entre nationalisme, islamisme et ouverture<br />

aux autres. <strong>La</strong> production littéraire (voir page 8) <strong>de</strong> la capitale <strong>de</strong> a Turquie reflète ces<br />

diversités et ces combats.<br />

C’est donc une <strong>ville</strong> grouillante <strong>de</strong> vie, surprenante, attachante mais aussi ambiguë<br />

qui se déssine à la lecture <strong>de</strong> ce numéro <strong>de</strong> la revue.


NIL DENIZ & THIERRY FABRE (coordination)<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong> (<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>/Actes Sud)<br />

Article <strong>de</strong> Guillaume Arias paru dans le<br />

journal Ventilo, n°263, page 4.<br />

Visitez le site <strong>de</strong> Ventilo<br />

(http://www.journalventilo.net)<br />

Que savons-nous d’<strong>Istanbul</strong>, métropole si lointaine à la frontière<br />

entre Orient et Occi<strong>de</strong>nt ? Pour Nil Deniz et Thierry Fabre, c’est<br />

une <strong>ville</strong>-aimant aux contours flous, qui a plus d’un tour dans son<br />

sac pour nous inviter à la rencontrer. C’est à cette entreprise que<br />

s’attelle <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>. L’approche est ici résolument contemporaine,<br />

alimentée par une vingtaine d’experts, artistes et<br />

essayistes passionnés. Capitale européenne <strong>de</strong> la culture en 2010<br />

et principale <strong>ville</strong> d’un pays ouvertement candidat à l’entrée dans<br />

l’Union Européenne, <strong>Istanbul</strong> est un foisonnement <strong>de</strong> personnes<br />

(près <strong>de</strong> 15 millions d’habitants), <strong>de</strong> monuments historiques<br />

religieux, <strong>de</strong> musiques, et <strong>de</strong>s spéciaités culinaires en tout genre,<br />

tel ce balik-ekmek, sorte <strong>de</strong> sandwich au pain grillé. Mais elle est<br />

aussi caractérisée par un cosmopolitisme méfiant car encore<br />

nourri <strong>de</strong> relents nationalistes et par un retour bien tardif <strong>de</strong> la<br />

femme sur le <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la scène. Cet ouvrage constitue donc une<br />

riche lecture, préalable à tout voyage sur place, et une incitation à<br />

la redéfinition <strong>de</strong> son avenir par ses habitants, les Stambouliotes.<br />

ISTANBUL, VILLE MONDE<br />

Encart paru dans la rubrique “Le<br />

débat” <strong>de</strong> <strong>La</strong> Provence du 6 juin<br />

2010.<br />

Extrait <strong>de</strong> l’article “Où est l’avenir <strong>de</strong><br />

la Turquie ?” par Philippe <strong>La</strong>rue.<br />

Cet article propose aussi une interview<br />

<strong>de</strong> Cengiz Aktar, auteur du n°29<br />

<strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> et <strong>de</strong> Dorothée<br />

SCMID, responsable du programme<br />

“Turquie” à l’Ifri.<br />

Visitez le site <strong>de</strong> <strong>La</strong> Provence<br />

(www.laprovence.com)<br />

Il y a les ateliers qui fabriquent <strong>de</strong>s produits bon marché comme<br />

<strong>de</strong> la haute technologie. Il y a les noctambules du <strong>mon<strong>de</strong></strong> entier<br />

qui viennent danser dans les boîtes où se produisent les meilleurs<br />

DJ du moment, après avoir convenu que Londres et New York<br />

étaient dépassés. Il y a entre 12 et 15 millions d’habitants qui s’activent<br />

et au moins autant <strong>de</strong> touristes, d’acheteurs et <strong>de</strong> pélerins<br />

qui passent.<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong> à cheval sur l’Europe et l’Orient est le symbole<br />

<strong>de</strong> cette Turquie mo<strong>de</strong>rne et ancrée dans son histoire où tout<br />

se joue. <strong>La</strong> revue <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, en dix-neuf escales et autant<br />

d’auteurs sur l’économie, le bazar mondial, l’architecture, la gastronomie,<br />

le cinéma, la movida, les stambouliotes... fait le portrait<br />

<strong>de</strong> cette “<strong>ville</strong> aimant, qui s’entoure d’un halo <strong>de</strong> mystère et <strong>de</strong><br />

brume, une <strong>ville</strong> étendart <strong>de</strong> la Turquie d’aujourd’hui”, selon les<br />

mots <strong>de</strong> Nil Deniz et Thierry Fabre. “Une <strong>ville</strong> où quelque chose<br />

du XXI e siècle advient sous nos yeux”, ajoutent-ils.<br />

<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, revue distribuée en librairie par Actes Sud, 240 pages, 17<br />

euros.


<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

cité comme référence


LA PENSEE DE MIDI N° 29<br />

« <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> du <strong>mon<strong>de</strong></strong> »<br />

Oublions tous les clichés sur <strong>Istanbul</strong>, c’est une <strong>ville</strong> mo<strong>de</strong>rne dont il est question ici. Elle est présentée<br />

dans cette édition <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> sous forme <strong>de</strong> kaléidoscope, avec sa population cosmopolite, son<br />

marché ouvert sur le <strong>mon<strong>de</strong></strong>, ses paysages urbains en mouvement, son art contemporain, sa littérature. Une<br />

invitation à découvrir en 19 étapes cette <strong>ville</strong> plurielle située à la jonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>mon<strong>de</strong></strong>s.<br />

Critique : Un livre sincère qui décrit merveilleusement bien les nombreuses facettes <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> mo<strong>de</strong>rne.<br />

L’auteur : Cette œuvre a vu le jour sous la direction <strong>de</strong> Thierry Fabre, essayiste, rédacteur en chef <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée<br />

<strong>de</strong> <strong>midi</strong> et <strong>de</strong> Nil Deniz.<br />

Edition: <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> no. 29, Portofolio <strong>de</strong> Alp Sime<br />

Date <strong>de</strong> parution: 2009<br />

Pages: 229<br />

ISBN: 978-2-7427-8666-4<br />

Site internet d’Arte.tv : http://www.arte.tv/fr/


Dans l’article <strong>de</strong> Luc Le Chatelier paru dans le n°3140 du magazine<br />

Télérama, l’auteur cite Atilla Yücel, l’un <strong>de</strong>s contributeurs du<br />

n°29 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> et référence l’ouvrage.<br />

En voici un extrait :<br />

Ça bouillonne à <strong>Istanbul</strong><br />

Urbanisme / Le grand bazar<br />

Le 25 mars 2010<br />

“LE MONDE BOUGE - Destruction <strong>de</strong>s vieux quartiers, constructions<br />

sauvages, non-respect <strong>de</strong>s normes anti-sismiques : l'ancienne<br />

perle du Bosphore, en faisant table rase <strong>de</strong> son passé et en<br />

poussant ses pauvres hors <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>, pourrait y perdre son âme…<br />

A moins que le débat sur l’urbanisme ne soit porté sur la place<br />

publique. Suite <strong>de</strong> notre week-end stambouliote”. (...) “« Vu<br />

d'avion, tout cet étalement urbain manque un peu <strong>de</strong> plan<br />

directeur, et les déplacements, en transports en commun ou, pis,<br />

en voiture, relèvent du cauchemar », reconnaît le professeur d'architecture<br />

Atilla Yücel (3), qui peste aussi contre le mauvais entretien<br />

<strong>de</strong> l'espace public et le mépris <strong>de</strong> la problématique environnementale.<br />

Mais, rien à faire, il « adore <strong>Istanbul</strong> », cette <strong>ville</strong><br />

anarchique, contrastée, industrieuse, où les quartiers misérables<br />

jouxtent les centres d'affaires, tandis que les classes moyennes<br />

ne rêvent que d'une petite maison avec petite piscine dans un<br />

lotissement bien gardé, avec la vue, au loin, sur les cargos russes<br />

qui remontent en ahanant vers la mer Noire. Pour la vue, on<br />

signe tout <strong>de</strong> suite !”<br />

(3) L'un <strong>de</strong>s dix-neuf auteurs <strong>de</strong> “<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>”, 2009, <strong>La</strong><br />

pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> n° 29, Actes Sud.<br />

Dans Le Magazine Littéraire (http://www.magazinelitteraire.com/)<br />

n°498 (juin 2010), un numéro spécial consacré<br />

aux écrivains <strong>de</strong> la Méditerranée, Alexis Brocas fait référence au<br />

numéro 29 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> dans son article “Le partage <strong>de</strong><br />

<strong>midi</strong>” (pp 18-23) où il donne la parole, entre autres, à Thierry<br />

Fabre.


“<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>”<br />

Rubrique “Voyages” <strong>de</strong><br />

Reflets DNA n°282 du 20 au<br />

26 février 2010.<br />

“<strong>La</strong> revue <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> qu’édite Actes Sud a consacré le dossier<br />

du numéro d’octobre <strong>de</strong>rnier à <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong> qui rassemble<br />

19 textes composés comme autant <strong>de</strong> focus par <strong>de</strong>s politologue,<br />

chercheur, journaliste, architecte, urbaniste, écrivain... dont Elif<br />

Safak, l’une <strong>de</strong>s romancières les plus lues en Turquie, née à<br />

Strasbourg.”<br />

“<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> étendard”, page<br />

12, par Vénéranda Paladino.<br />

Site Internet :<br />

http://www.lesrencontres.eu/in<strong>de</strong>x.php?option=com_cont<br />

ent&task=view&id=83&Itemid=29<br />

<strong>La</strong> rencontre d'<strong>Istanbul</strong>, 3-6/06/2010<br />

Réunion <strong>de</strong> l'Assemblée générale <strong>de</strong>s rencontres & Débat public :<br />

"<strong>Istanbul</strong>: la vie artistique et culturelle en mouvement"<br />

<strong>Istanbul</strong>, Capitale européenne <strong>de</strong> la culture 2010 avec Pécs (Hongrie) et Essen (Allemagne), a accueilli la réunion <strong>de</strong><br />

l’Assemblée générale <strong>de</strong> l’association le vendredi 4 juin et une scèance publique dédiée à la vie artistique et culturelle<br />

à <strong>Istanbul</strong>, le samedi 5 juin.<br />

Ouvrage conseillé :<br />

<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, revue n° 29 : <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

Ouvrage coordonné par Nil Deniz et Thierry Fabre, <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> (Acte Sud, octobre 2009), 238 pages, 17<br />

À travers dix-neuf récits, nous découvrons une <strong>ville</strong> aux multiples facettes, cosmopolite et multiculturelle mais également<br />

nationaliste, tournée vers la mo<strong>de</strong>rnité mais très enracinée dans la tradition, mystérieuse, en mouvement perpétuel.<br />

Si la romancière turque Elif Safak nous parle d’<strong>Istanbul</strong> comme d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>ville</strong>s cachées, où les notions<br />

d’Orient et Occi<strong>de</strong>nt coexistent et se complètent, Kerem Öktem, chercheur et directeur d'étu<strong>de</strong>s en politique du<br />

Moyen-Orient à l'Université d'Oxford, met en avant la difficulté d’<strong>Istanbul</strong> à accepter les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie étrangers, la<br />

peur <strong>de</strong> la diversité. Il parle d’une <strong>ville</strong> cosmopolite malgré elle.<br />

Altan Gökalp, directeur <strong>de</strong> recherche ethnolinguistique au CNRS, retrace l’histoire d’une <strong>ville</strong> capitale symbolique et<br />

religieuse, qui n’a pas complètement réglé ses conflits ethniques et religieux.<br />

Karin Karakasli, écrivain et journaliste, nous rappelle sa rencontre avec Hrant Dink, intellectuel turc d’origine arménienne,<br />

et son assassinat en 2007, dont <strong>Istanbul</strong> a été le théâtre.<br />

L’architecte Ugur Tanyeli essaye <strong>de</strong> comprendre qu’est-ce qu‘un Stambouliote. L’anthropologue Michel Peraldi,<br />

explore les richesses d’une <strong>ville</strong> marchan<strong>de</strong> et l’architecte Attila Yücel nous invite à découvrir une <strong>ville</strong> en mouvement<br />

constant, sans bords, dont le centre est impossible à cerner.<br />

Le politologue Cengiz Aktar entame une réflexion sur le <strong>de</strong>stin d’une <strong>ville</strong> entre ouverture européenne et retour aux<br />

valeurs islamiques.<br />

D’autres contributions nous ai<strong>de</strong>nt à mieux comprendre la richesse culturelle et la multiplicité <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> (Senen<br />

Deviren, Orhan Esen, Korhan Gumus, Pelin Tan, Feri<strong>de</strong> Cicekoglu, Derya Bengi, Timour Muhidine, Kucuk Isken<strong>de</strong>r,<br />

Nil Deniz).


Emissions <strong>de</strong> radio<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>


CARNET NOMADE<br />

une émission en compagnie <strong>de</strong> Colette Fellous<br />

Le numéro 29 <strong>de</strong> la revue <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> a été présenté dans l’émission <strong>de</strong><br />

Colette Fellous, Carnet noma<strong>de</strong> (le 27 décembr 2009, <strong>de</strong> 14h à 15h).<br />

Deux <strong>de</strong>s auteurs du numéro 29 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, Cengis Aktar et Attila Yücel,<br />

sont aussi intervenus dans cette émission.<br />

Site <strong>de</strong> France Culture : http://www.franceculture.com/<br />

AU RENDEZ-VOUS DE MIDI<br />

L’émission mensuelle <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

sur Radio Grenouille (88.8 FM)<br />

<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> vous donne ren<strong>de</strong>z-vous le premier samedi <strong>de</strong> chaque mois à 11<br />

heures sur les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Radio Grenouille pendant une heure, pour trois moments<br />

<strong>de</strong> discussion et d’écoute : musique, littérature et débats d’idées.<br />

Une émission conçue et animée par Thierry Fabre et Elisabeth Cestor.<br />

Deux émissions ont été diffusées, en lien direct avec le numéro 29 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong><br />

<strong>midi</strong>.<br />

Dans l’émission du mois d’octobre 2009, dans la rubrique “actualité littéraire”, a<br />

été présenté un entretien avec le sociologue Michel Péraldi, mené par Thierry Fabre,<br />

à l’occasion <strong>de</strong> la parution du nouveau numéro <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> “<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong><br />

<strong>mon<strong>de</strong></strong>” (n°29, octobre 2009) dans lequel le sociologue a écrit “<strong>Istanbul</strong>, le bazar<br />

du <strong>mon<strong>de</strong></strong>”.<br />

En écoute libre sur le site <strong>de</strong> Radio Grenouille (www.grenouille888.org) et sur le site <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

(www.lapensee<strong>de</strong><strong>midi</strong>.org).<br />

Dans l’émission du mois <strong>de</strong> novembre 2009, le dossier <strong>de</strong> la rubrique “actualité littéraire”<br />

a été consacré à la littérature contemporaine en Turquie. Avec un<br />

témoignage <strong>de</strong> Timour Muhidine, écrivain, traducteur, éditeur chez Actes Sud, mais<br />

également <strong>de</strong> Thierry Fabre et <strong>de</strong> Cengiz Aktar lors <strong>de</strong> la rencontre organisée par <strong>La</strong><br />

pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, le réseau Paris-Bibliothèque et Culturesfrance le 22 octobre 2009 à<br />

Paris, à l’occasion <strong>de</strong> la parution <strong>de</strong> ce numéro.<br />

En écoute libre sur le site <strong>de</strong> Radio Grenouille (www.grenouille888.org) et sur le site <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

(www.lapensee<strong>de</strong><strong>midi</strong>.org).<br />

A la technique <strong>de</strong> Radio Grenouille : Djilali.


En décembre 2009, à l’occasion <strong>de</strong>s rencontres “Portrait <strong>de</strong> <strong>ville</strong>” autour <strong>de</strong> la parution<br />

du n°29 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, Xavier Thomas a réalisé pour Radio Grenouille les<br />

interviews <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> ce numéro, présents lors <strong>de</strong> ces rencontres : Atilla<br />

Yücel et Karin Karakasli.<br />

Mutations urbaines, avec Attila Yücel (architecte)<br />

On abor<strong>de</strong> les problématiques liées à l’urbanisme complexe (et un brin anarchique)<br />

d’<strong>Istanbul</strong>, mégapole <strong>de</strong> 16 millions d’habitants, avec Attila Yücel, architecte et<br />

urbaniste venu récemment à Marseille à l’invitation <strong>de</strong> la revue <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> qui<br />

publie un numéro intitulé <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>.<br />

Le contexte politique et les minorités, avec Karin Karakasl1 (journaliste)<br />

Avec au centre <strong>de</strong> la discussion la question arménienne, on écoute Karin Karakasl1<br />

qui participa durant dix ans à l’aventure <strong>de</strong> la revue Agos, fondée par l’intellectuel militant<br />

Hrant Dink (assassiné en 2007).<br />

Cliquez sur ce LIEN pour écouter ces interviews<br />

(http://www.grenouille888.org/dyn/spip.php?article2652&var).


Les rencontres<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>


EVENEMENT<br />

JEUDI 22 OCTOBRE 2009<br />

à 19h, Auditorium <strong>de</strong> l’Hôtel <strong>de</strong> <strong>ville</strong>, Paris<br />

Rencontre-débat<br />

autour <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière parution <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

<strong>La</strong> pensée<br />

<strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

en partenariat avec<br />

ISTANBUL, VILLE MONDE<br />

<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, n°29<br />

ACTES SUD, OCTOBRE 2009<br />

En présence <strong>de</strong> Thierry Fabre et Nil Deniz, coordinateurs du<br />

numéro ; Cengiz Aktar, politologue, directeur du département<br />

d’étu<strong>de</strong>s européennes à l’université Bahçesehir,<br />

<strong>Istanbul</strong> ; Çelenk Bafra, directrice artistique pour les arts<br />

visuels <strong>de</strong> la “Saison <strong>de</strong> la Turquie en France” ; Atilla Yücel,<br />

architecte à <strong>Istanbul</strong> et maître <strong>de</strong> conférence à l’université<br />

<strong>de</strong> Bilgi ; Timour Muhidine, spécialiste <strong>de</strong> littérature turque,<br />

enseignant à l’Inalco.<br />

<strong>Istanbul</strong> fait partie <strong>de</strong> ces <strong>ville</strong>s saturées <strong>de</strong> clichés où les<br />

minarets, la mosquée Bleue, le Bosphore, la Corne d’Or et<br />

l’opposition désuète et trompeuse entre Orient et Occi<strong>de</strong>nt<br />

participent d’une vision simpliste <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>.<br />

Ce numéro <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> a pour ambition <strong>de</strong> faire<br />

découvrir la <strong>ville</strong> contemporaine à travers ses multiples<br />

facettes. Une invitation à découvrir <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> “entre<strong>mon<strong>de</strong></strong>s”<br />

où quelque chose <strong>de</strong> singulier du XXI e siècle<br />

advient sous nos yeux…<br />

En partenariat avec le réseau Paris Bibliothèques<br />

(http://www.paris-bibliotheques.org/).<br />

Manifestation organisée dans le cadre <strong>de</strong> la Saison <strong>de</strong> la<br />

Turquie en France (juillet 2009 - mars 2010). Site internet :<br />

www.saison<strong>de</strong>laturquie.fr


DANS LA SERIE "PORTRAIT DE VILLE"<br />

3 e édition<br />

ISTANBUL, VILLE MONDE<br />

Après Alger, Palerme, Athènes, Beyrouth et Tanger,<br />

voici, dans la série <strong>de</strong>s «portraits <strong>de</strong> <strong>ville</strong> », le nouveau<br />

numéro <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> consacré à<br />

<strong>Istanbul</strong>.<br />

C’est l’occasion d’accueillir à Marseille et dans la<br />

Région plusieurs auteurs <strong>de</strong> ce dossier : Pelin Dervis,<br />

directrice <strong>de</strong> la galerie d’art Garanti Galerisi à<br />

<strong>Istanbul</strong>, Karin Karakaslı, écrivaine, journaliste, Altan<br />

Gökalp, directeur <strong>de</strong> recherche pour le groupe<br />

« étu<strong>de</strong>s turques et ottomanes » du CNRS, et Atilla<br />

Yücel, architecte.<br />

Les débats sont animés par Thierry Fabre et <strong>de</strong> Nil<br />

Deniz, coordinateurs du n°29 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>.<br />

Ces trois rencontres, organisées les 7, 8 et 10 décembre<br />

2009 à Toulon, Aix-en-Provence et Marseille, ont<br />

été labellisées par Culturesfrance dans le cadre <strong>de</strong> la<br />

Saison <strong>de</strong> la Turquie en France (juillet 2009 - mars<br />

2010) www.saison<strong>de</strong>laturquie.fr<br />

Rencontres annoncées par les partenaires et coorganisateurs<br />

<strong>de</strong> ces événements, mais aussi sur les sites suivants :<br />

Collectif pour le développement <strong>de</strong> la coopération décentralisée<br />

en Méditerranée (http://www.medicoop.com)<br />

Paca-Informations-Economiques, L’Hebdo <strong>de</strong> la Rédaction<br />

(http://www.pacainfoeco.com)<br />

BIBLIOBS (http://bibliobs.nouvelobs.com)<br />

Le Mon<strong>de</strong> Diplomatique (http://www.<strong>mon<strong>de</strong></strong>diplomatique.fr)


DANS LA SERIE "PORTRAIT DE VILLE",<br />

3 e édition<br />

"ISTANBUL, VILLE MONDE"<br />

Débat animé par Thierry Fabre et Nil Deniz,<br />

coordinateurs du n°29 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

En présence <strong>de</strong> Karin Karakasli, écrivaine,<br />

journaliste Altan Gökalp, directeur <strong>de</strong><br />

recherche pour le groupe « étu<strong>de</strong>s turques et<br />

ottomanes » du CNRS, Attila Yücel, architecte<br />

et Pelin Dervis, directrice <strong>de</strong> la galerie<br />

d’art Garanti Galerisi à <strong>Istanbul</strong>.<br />

Le 7 décembre 2009, à 18h30,<br />

Faculté <strong>de</strong> droit, Toulon<br />

Rencontre-débat en partenariat avec le<br />

Collège Méditerranéen <strong>de</strong>s Libertés<br />

(http://www.cmltoulon.org/).<br />

Cette rencontre se déroulera à la Faculté <strong>de</strong><br />

droit, 35 avenue Alphonse Dau<strong>de</strong>t, 83 000<br />

Toulon, amphithéâtre 500.1<br />

Tél. 04 94 88 61 57<br />

http://comeli.org<br />

<strong>La</strong> librairie Gaïa a présenté sur place une sélection <strong>de</strong><br />

livres.


Le 8 décembre 2009, à 18h30,<br />

Cité du Livre, Aix-en-Provence<br />

salle Armand Lunel<br />

Rencontre-débat en partenariat<br />

avec les Ecritures Croisées à la Cité du Livre d’Aix-en-Provence,<br />

8, rue <strong>de</strong>s Allumettes<br />

Tél. 04 42 91 98 88<br />

www.citedulivre-aix.com<br />

<strong>La</strong> librairie Forum Harmonia Mundi a proposé sur place une sélection <strong>de</strong> livres.


Le 10 décembre 2009, à 18h30<br />

Bibliothèque <strong>de</strong> l’Alcazar, Marseille<br />

Rencontre-débat autour <strong>de</strong> la parution <strong>de</strong> "<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>"<br />

58 Cours Belsunce<br />

Tél. 04 91 55 90 00<br />

www.bmvr.marseille.fr<br />

<strong>La</strong> librairie Maupetit a proposé sur place une sélection <strong>de</strong> livres<br />

(http://www.maupetitlibraire.fr/)<br />

Jeudi 10 décembre 2009 à 18h30<br />

Bibliothèque <strong>de</strong> Marseille à<br />

Vocation Régionale<br />

Alcazar, salle <strong>de</strong> conférence<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>, par Nil<br />

Deniz et Thierry Fabre (rédacteur<br />

en chef <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>).<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

Conférence, jeudi 10 décembre<br />

2009 à 18h30, salle <strong>de</strong> conférence<br />

<strong>Istanbul</strong> est une <strong>ville</strong> saturée <strong>de</strong><br />

clichés. <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> a<br />

souhaité approcher la <strong>ville</strong> d’aujourd’hui,<br />

dans ses facettes les<br />

plus contemporaines : une invitation<br />

à découvrir la multipplicité<strong>de</strong><br />

cette <strong>ville</strong> entre-<strong>mon<strong>de</strong></strong>s.<br />

Débat animé par Thierry Fabre.


Article paru sur le site <strong>de</strong> Babelmed.net, le 28/11/2009<br />

Méditerranée / Présentation d’ «<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong>-<strong>mon<strong>de</strong></strong>»<br />

Après Alger, Palerme, Athènes, Beyrouth et Tanger, <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

sort, chez Actes Sud, un nouveau numéro dans la série <strong>de</strong>s portraits<br />

<strong>de</strong> <strong>ville</strong>, autour d’<strong>Istanbul</strong>. Pour abor<strong>de</strong>r ce lieu saturé <strong>de</strong> clichés, les<br />

concepteurs <strong>de</strong> l’édition, Thierry Fabre et Nil Deniz, ont choisi d’approcher<br />

la <strong>ville</strong> d’aujourd’hui, dans ces facettes les plus contemporaines,<br />

en dix-neufs articles.<br />

Le numéro sera présenté lors <strong>de</strong> trois rencontres : à Toulon, le 7<br />

décembre (Faculté <strong>de</strong> droit) ; à Aix-en-Provence, le 8 décembre, à la<br />

Cité du livre ; et à Marseille, le 10 décembre (Bibliothèque <strong>de</strong><br />

l’Alcazar). Ces rencontres donneront lieu à <strong>de</strong>s débats et <strong>de</strong>s lectures,<br />

en présence <strong>de</strong> plusieurs auteurs ayant participé au numéro.<br />

Les rencontres seront animées par T. Fabre, rédacteur en chef <strong>de</strong> la<br />

revue, et N. Deniz, organisatrice <strong>de</strong> projets culturels et artistiques<br />

entre la Turquie, la France et l’Allemagne. Les auteurs invités seront :<br />

Karin Karakasli, écrivaine et journaliste ; Altan Gökalp, directeur <strong>de</strong><br />

recherche pour le groupe "étu<strong>de</strong>s turques et ottomanes" du CNRS ;<br />

Attila Yücel, architecte ; et Pelin Dervis, directrice <strong>de</strong> la galerie d'art<br />

"Garanti Galerisi" à <strong>Istanbul</strong>. Une gran<strong>de</strong> diversité d’intervenants,<br />

donc, qui reflète la variété <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue et <strong>de</strong>s domaines évoqués<br />

dans ce numéro.<br />

Un correspondant <strong>de</strong> Babelmed suivra ces rencontres, et en rendra<br />

compte sur le site. [Ces articles sont reproduits ci-après, ndlr)]


Article paru sur le site <strong>de</strong> Babelmed.net, par Emmanuel<br />

Vigier, le 22/12/2009.<br />

Méditerranée / Vues sur <strong>Istanbul</strong><br />

Peut-on parler d'<strong>Istanbul</strong> sans la voir ? A l'occasion <strong>de</strong> la parution du <strong>de</strong>rnier numéro <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong><br />

<strong>midi</strong>, "<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>", <strong>de</strong>s intellectuels turcs ont participé dans le Sud <strong>de</strong> la France à un cycle <strong>de</strong><br />

conférences sur la <strong>ville</strong> "insaisissable". Des paroles <strong>de</strong> Stanbouliotes qui ne se passent pas d'images.<br />

C'est une <strong>ville</strong> "dont il est bien difficile <strong>de</strong> tracer les contours", comme le soulignent Nil Deniz et Thierry<br />

Fabre, dés les premières pages d'"<strong>Istanbul</strong> <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>". Leurs invités, qui "vivent la <strong>ville</strong> <strong>de</strong> l'intérieur"<br />

ne vont jamais les contredire... Atilla Yücel est architecte et universitaire.<br />

Pour parler d'<strong>Istanbul</strong>, il est venu avec <strong>de</strong>s images, bien qu'il s'en méfie: "Les images d'<strong>Istanbul</strong> sont<br />

sinon fausses au moins limitées, partielles. Il est si difficile d'échapper aux lieux communs, aux visions<br />

orientalistes." L'architecte s'est attaché à montrer la <strong>ville</strong> dans son extraordinaire expansion, à travers<br />

<strong>de</strong>s vues aériennes. "C'est une <strong>ville</strong> sans borne, sans limite, qui s'étend chaque jour."<br />

<strong>La</strong> <strong>ville</strong> sans fin<br />

Dans le texte publié par <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, l'architecte tente d'organiser un voyage dans la <strong>ville</strong> sans fin,<br />

un voyage dans l'histoire du paysage <strong>de</strong> la cité : "Cette élégance tapageuse qui s'érige tout à côté <strong>de</strong> ces<br />

traces <strong>de</strong> pauvreté vous rappelle cette réalité due à l'absence <strong>de</strong> prévision, à la spontanéité et au<br />

développement hybri<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>."<br />

Atilla Yücel montre <strong>de</strong>s images inattendues d'autoroutes qui s'entrelacent autour d'un pont séculaire.<br />

Et l'incontournable place <strong>de</strong> Taksim, "le vi<strong>de</strong> au coeur <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>." Insaisissable <strong>Istanbul</strong>, comme si les<br />

mots et les photographies ne suffisaient pas.<br />

D'<strong>Istanbul</strong>, Pelin Dervis a rapporté <strong>de</strong>s pièces du beau puzzle qu'est "Becoming <strong>Istanbul</strong>", un projet<br />

"multimedia", qui se décline sur plusieurs supports. Le livre a été conçu comme une encyclopédie à<br />

laquelle une centaine d'auteurs a contribué. Cinq textes issus <strong>de</strong> cette nouvelle exploration d'<strong>Istanbul</strong><br />

sont publiés par <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>. On y trouve l'histoire du sandwich au poisson, le "balik-ekmek", loin<br />

d'être anecdotique.<br />

Photos, cartes, vidéos: "Becoming <strong>Istanbul</strong>" est conçu avec beaucoup d'images, notamment <strong>de</strong>s vues<br />

<strong>de</strong> la <strong>ville</strong> <strong>de</strong> loin. Du ciel. Comme s'il fallait nécessairement s'éloigner d'<strong>Istanbul</strong> pour mieux la voir.<br />

"Nous avons essayé <strong>de</strong> comprendre la <strong>ville</strong>. Il y a par exemple une centaine d'images accompagnées<br />

<strong>de</strong> textes qui ai<strong>de</strong>nt à mieux saisir la topographie sociale." Le projet a déjà donné lieu à plusieurs expositions.<br />

Il va se décliner sur le web.(1) Comme la <strong>ville</strong>, il ne pourra jamais s'arrêter.<br />

Percevoir l'éternité<br />

L'anthropologue Altan Gökalp insiste lui sur l'imaginaire que la <strong>ville</strong> porte en elle. "C'est peut-être vue<br />

<strong>de</strong> la mer qu'on la perçoit le mieux. Qu'on perçoit son éternité."<br />

"Si vous ouvrez vos yeux et votre coeur, vous vous rendrez compte qu'<strong>Istanbul</strong> est pleine <strong>de</strong> contradictions."<br />

ajoute Karin Karakasli. Elle aussi a fait appel aux images pour raconter "son" <strong>Istanbul</strong> (voir interview<br />

dans l’article suivant, ndlr). A l'ai<strong>de</strong> d'un "visioscope", l'écrivain déroule le film <strong>de</strong> dix années <strong>de</strong><br />

sa vie auprès <strong>de</strong> Hrant Dink, intellectuel turc d'origine arménienne assassiné à <strong>Istanbul</strong> en janvier 2007.<br />

"Clic-clac" écrit elle à chaque début <strong>de</strong> chapitre..."Clic-clac"...Les images se succè<strong>de</strong>nt. Le sens <strong>de</strong> la<br />

<strong>ville</strong> échappe au fil <strong>de</strong>s mots. "Attention" nous dit Altan Gökalp, "à vouloir trouver une raison à cette<br />

<strong>ville</strong>, on perd la raison..."<br />

(1) Le site www.becomingistanbul.org <strong>de</strong>vrait être mis en ligne avant la fin <strong>de</strong> l'année.


Article paru sur le site <strong>de</strong> Babelmed.net le 22/12/2009.<br />

Avec <strong>de</strong>s propos recueillis par Emmanuel Vigier.<br />

Méditerranée / Rencontre avec Karin Karakasli<br />

Dans <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, la nouvelle <strong>de</strong> Karin Karakasli s'intitule « <strong>Istanbul</strong>, Clic, Clac ». Elle revient sur ses<br />

années à Agos, les rêves <strong>de</strong> Hrant Dink. Et sur l'accélération <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong>puis sa mort. Interview.<br />

Quand avez vous écrit ce texte ? Quelle est sa genèse ?<br />

C'est un texte complètement nouveau, spécialement écrit pour <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>. Il s'agit <strong>de</strong> montrer comment<br />

la <strong>ville</strong> était avant et après la mort <strong>de</strong> Hrant Dink, comment elle s'est transformée. J'étais en effet une<br />

<strong>de</strong> ses collègues les plus proches, les 11 <strong>de</strong>rnières années avant sa mort. J'avais aussi <strong>de</strong>s impressions sur<br />

la cité, disons, plus littéraires. J'avais expérimenté la douleur, le chagrin...Comment surmonter tout cela ?<br />

Comment la <strong>ville</strong> a vécu cette perte ? Cette dizaine d'années a représenté une pério<strong>de</strong> immense. Je me suis<br />

aussi sentie spectatrice <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>.<br />

Comment décrire cette pério<strong>de</strong>, pendant laquelle vous avez travaillé avec Hrant Dink ? Quels mots trouver<br />

?<br />

Quand j'étais enfant, j'avais un jouet, un petit objet qui permettait <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s diapositives. Il suffisait <strong>de</strong><br />

l'actionner, <strong>de</strong> faire "clic-clac" et vous faisiez partie <strong>de</strong> l'image. Tout en restant spectateur. C'était vraiment<br />

mon sentiment pendant ces années-là. Quand on vit un tel traumatisme, on <strong>de</strong>vient spectateur, à la fois<br />

<strong>de</strong> la <strong>ville</strong>, <strong>de</strong> ce qui s'y passe et <strong>de</strong> soi-même...C'est comme si je pouvais voir les clichés <strong>de</strong> mon propre<br />

film. Le trottoir <strong>de</strong>vant le journal Agos est une image récurrente. Là où il y a eu d'immenses manifestations.<br />

Ou bien avant, durant les jours heureux, quand ce trottoir n'était rien d'autre qu'un trottoir.<br />

<strong>La</strong> rencontre avec Hrant Dink est une image essentielle dans le film <strong>de</strong> ces années. Comment s'est-elle<br />

déroulée ?<br />

C'est lui qui m'a rencontrée!. J'avais 23 ans. Je venais <strong>de</strong> gagner un prix littéraire. A ce moment-là, il n'était<br />

pas encore journaliste, il était propriétaire d'une librairie. Il m'a félicitée, m'a offert un ca<strong>de</strong>au et il m'a<br />

annoncé la prochaine création du premier journal bilingue, en turc et en arménien, Agos. Il m'a proposé un<br />

emploi. Et ça a été une expérience gigantesque, pas seulement du travail... Il m'a dit: « Ceci n'est pas une<br />

offre d'emploi, je vais élargir ton <strong>mon<strong>de</strong></strong>. »<br />

Qu'a représenté le journal Agos pour vous ? Pour les Arméniens <strong>de</strong> Turquie ?<br />

C'était comme une école pour moi. J'ai à la fois renoué avec mon i<strong>de</strong>ntité arménienne et expérimenté cette<br />

i<strong>de</strong>ntité à travers la politique, la littérature, l'histoire...Et puis, j'ai découvert <strong>de</strong> nouvelles façons d'écrire :<br />

faire <strong>de</strong>s articles en arménien, comment produire <strong>de</strong> l'information, avec quelle sensibilité.<br />

Ce n'était pas un journal. C'était l'endroit où il fallait être, à la juste place, au bon moment... Voilà, c'était<br />

le <strong>de</strong>stin. Le journal est <strong>de</strong>venu comme une maison pour moi. Ce qui n'était pas sans poser quelques problèmes,<br />

évi<strong>de</strong>mment.<br />

Malheureusement, les trois <strong>de</strong>rnières années ont été vraiment dramatiques. Je ne veux pas seulement parler<br />

<strong>de</strong> l'assassinat <strong>de</strong> Hrant. L'état l'avait rendu vulnérable, avait fait <strong>de</strong> lui une cible. Mais ça été un long<br />

processus. Il n'a pas été tué comme ça du jour au len<strong>de</strong>main. Ses discours pacifistes ont été peu à peu<br />

complètement transformés, détachés <strong>de</strong> leurs contextes. On a fait <strong>de</strong> lui une cible, au fil du temps. Et c'est<br />

comme ça, qu'il en est venu à être accusé d'insulter l'i<strong>de</strong>ntité turque.


Quelle image avait Hrant Dink ?<br />

Il était la personnification d'Agos à lui tout seul. Bien sûr, le journal entier était visé. Mais tout était focalisé<br />

sur Hrant Dink, qui était <strong>de</strong>venu un modèle pour les Arméniens <strong>de</strong> Turquie. Les gens n'étaient pas<br />

habitués à voir un personnage arménien comme lui, engagé politiquement, une figure publique.<br />

Ses préoccupations n'étaient pas seulement liées la communauté arménienne. Il prenait part au processus<br />

<strong>de</strong> démocratisation du pays. C'était un patriote, Hrant Dink, un amoureux <strong>de</strong> la Turquie. Il avait une<br />

influence considérable. Il pouvait convaincre les gens. Voilà ce qui le rendait dangereux.<br />

Vous dites avoir alors renoué alors avec vos racines arméniennes ? Elles étaient cachées ?<br />

Jusqu'à Agos, mon i<strong>de</strong>ntité arménienne se résumait aux traditions, aux cérémonies religieuses et à la<br />

langue maternelle. C'était tout. Avec Agos, ça a changé. Je suis issue d'une famille arménienne <strong>de</strong><br />

Turquie typique! Quand vous êtes arménien <strong>de</strong> Turquie, vous n'êtes pas nécessairement intéressé par<br />

l'histoire, la politique. Etre arménien en Turquie avant Hrant, c'était vivre dans une communauté fermée.<br />

Il y avait <strong>de</strong>s peurs intégrées. Il ne s'agissait pas d'être visible.»<br />

Quelle place a occupé Agos ?<br />

Le journal a son histoire, aussi. Il s'est transformé, au fil du temps. C'était un rêve, quelque chose d'un<br />

peu fou, aussi! Les Arméniens <strong>de</strong> Turquie ont eu soudain une nouvelle voix. Une nouvelle voix qui était<br />

attendue et entendue.<br />

Au départ, le journal s'est surtout préoccupé <strong>de</strong> culture, la culture arménienne. Dans une certaine<br />

mesure, on avait la volonté <strong>de</strong> montrer à la société turque les problèmes essentiels <strong>de</strong> la communauté<br />

arménienne.<br />

Et puis, au fil du temps, quand Hrandt est <strong>de</strong>venu un personnage public, le journal n'a plus seulement<br />

produit <strong>de</strong> l'information mais aussi un discours, une pensée. Avec un nouveau point <strong>de</strong> vue sur l'histoire,<br />

avec un véritable engagement dans le processus <strong>de</strong> normalisation <strong>de</strong>s relations entre la Turquie et<br />

l'Arménie. Avec une attention à tous les éléments constitutifs <strong>de</strong> la démocratisation du pays. En envoyant<br />

<strong>de</strong>s signes à la diaspora arménienne, aux Arméniens d'Arménie. Tout ça était très nouveau dans le<br />

<strong>mon<strong>de</strong></strong> arménien, qu'une voix s'élève, venant <strong>de</strong> Turquie! Avec une double i<strong>de</strong>ntité: être arménien et<br />

citoyen <strong>de</strong> Turquie.<br />

Dans quelle mesure, peut-on dire qu'<strong>Istanbul</strong> n'est plus la même <strong>de</strong>puis la mort <strong>de</strong> Hrant, après ces<br />

énormes manifestations en son hommage ?<br />

Il s'est passé quelque chose <strong>de</strong> tellement...humain, universel. Si Hrant était impliqué dans la politique,<br />

<strong>de</strong>s affaires arméniennes en Turquie, il était aussi <strong>de</strong>venu une figure universelle.<br />

Cette vive émotion ne s'expliquait pas seulement parce qu'un journaliste d'origine arménienne avait été<br />

assassiné. <strong>La</strong> Turquie est malheureusement habituée à la violence, ce n'était pas la première fois. Dans<br />

ces manifestations, il y avait toutes sortes <strong>de</strong> gens, <strong>de</strong>s jeunes, <strong>de</strong>s gens ordinaires, <strong>de</strong>s gens qui d'habitu<strong>de</strong><br />

ne parlent pas, ne vont pas aux manifestations, ne sont pas politisés. C'était une réaction très<br />

humaine. C'est ce qui fait qu'elle fut si précieuse.<br />

Bien sûr, nous ne pouvons pas rester fixés sur ce seul et même jour. Il s'est passé tellement <strong>de</strong> choses<br />

dans beaucoup <strong>de</strong> domaines. Dans la justice, l'armée. Dans toute les institutions. Dans le gouvernement.<br />

Dans l'opposition. Et tout est relié. L'assassinat <strong>de</strong> Hrant est un élément <strong>de</strong> cette réaction en<br />

chaîne.<br />

Votre vie après Agos ?<br />

J'ai travaillé pendant plus <strong>de</strong> dix ans à Agos. D'abord pour la pages media et culture, puis comme reponsable<br />

du département éditorial. A la fin, la maison est <strong>de</strong>venue une cage. Le contexte était <strong>de</strong>venu tellement<br />

menaçant. <strong>La</strong> <strong>de</strong>rnière année a été tellement dure. Aprés son assassinat, j'avais besoin d'aller vers<br />

une vie...inattendue. Sa mort a donné une autre forme à ma vie, <strong>de</strong> la même manière que, <strong>de</strong> son vivant,<br />

il l’avait façonnée. Je suis <strong>de</strong>venue <strong>de</strong> plus en plus politisée. J’ai encore écrit pour le journal puis quand<br />

on m'a proposé <strong>de</strong> travailler dans l'enseignement, j'ai accepté. C'était aussi un <strong>de</strong>s rêves <strong>de</strong> Hrandt :<br />

être avec <strong>de</strong>s enfants, transmettre.


Les annonces <strong>de</strong> la parution<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>


Le blog <strong>de</strong> Patrick<br />

Le Berrigaud<br />

Le blog <strong>de</strong> Patrick Le Berrigaud (http://plbd.blogspot.com/)<br />

Patrick Le Berrigaud, consultant Europe Union pour la Méditerranée.<br />

passage<br />

dulivre<br />

Date <strong>de</strong> saisie : 18/10/2009<br />

Genre : Sociologie, Société<br />

Editeur : Actes Sud, Arles, France<br />

Auteur : Nil Deniz | Thierry Fabre<br />

.com fnac.com <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

mollat.com<br />

Site internet : http://www.mollat.com/livres/istanbul-<strong>ville</strong>-<strong>mon<strong>de</strong></strong>-<br />

9782742786664.html<br />

Pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> (<strong>La</strong>) : <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

dossier coordonné par Nil Deniz et Thierry Fabre<br />

Éditeur : Actes Sud, Arles (Bouches-du-Rhône)<br />

<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, Marseille<br />

Description : 229 pages; (24 x 13 cm)<br />

(annonce suivie d’un résumé)<br />

Dans les revues...<br />

<strong>La</strong> Pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

Autour d’« <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong> », un dossier <strong>de</strong> près d’une vingtaine <strong>de</strong> contributions<br />

permet <strong>de</strong> mesurer le rôle que joue, notamment chez les « islamistes modérés<br />

», la réévaluation, sinon la réécriture, <strong>de</strong> l’ottomanisme. (N° 29, octobre,<br />

bimestriel, 17 euros. — 142, <strong>La</strong> Canebière, 13001 Marseille.)<br />

Sites Internet : http://www.lapensee<strong>de</strong><strong>midi</strong>.org<br />

http://www.<strong>mon<strong>de</strong></strong>-diplomatique.fr/revues/pensee<strong>de</strong><strong>midi</strong><br />

passiondulivre.com<br />

<strong>La</strong> Pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, n° 29. <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

Nil Deniz | Thierry Fabre<br />

Actes Sud, Arles, France<br />

<strong>Istanbul</strong> est une <strong>ville</strong> saturée <strong>de</strong> clichés. Minarets et mosquée Bleue, Bosphore et<br />

Corne d'Or, perle d'Orient et rêve d'Occi<strong>de</strong>nt... Comment échapper à ces images<br />

toutes faites ? Comment se détacher du poids <strong>de</strong> l'histoire qui fait <strong>de</strong> cette <strong>ville</strong> une<br />

<strong>de</strong>s rares mégapoles <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille ans, à travers Byzance,<br />

Constantinople puis <strong>Istanbul</strong> ?... Polis, la <strong>ville</strong> par excellence ! Ville immense,<br />

démesurée et insaisissable, dont il est bien difficile <strong>de</strong> tracer les contours, entre mer<br />

Noire et mer <strong>de</strong> Marma (...)<br />

Site internet <strong>de</strong> Sener Ozmen (http://sener-ozmen.blogspot.com/)<br />

Sener Ozmen, l’un <strong>de</strong> auteurs du n°29 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, met cette<br />

parution à l’honneur sur son blog.<br />

Les "Carnets d'Eucharis",<br />

le blog <strong>de</strong> Nathalie Riera<br />

Site internet : http://lescarnets<strong>de</strong>ucharis.hautetfort.com/la-pensee<strong>de</strong>-<strong>midi</strong><br />

Annonce <strong>de</strong> cette parution sur le blog <strong>de</strong> Nathalie RIERA, Les carnets<br />

d’Eucharis, vibrations <strong>de</strong> langue et d’encres. Les "Carnets<br />

d'Eucharis", un entretissage <strong>de</strong> soleil et d’air, lorsque la poésie n’est<br />

pas <strong>de</strong> nous ennuyer, mais <strong>de</strong> nous érafler.


Site internet : http://adam.mmsh.univ-aix.fr/<br />

Annonce <strong>de</strong> la parution du n°29 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> parue le<br />

02/12/2009.<br />

Site internet : http://www.lepetitjournal.com/<br />

Annonce parue le 14/12/2009<br />

Site internet : http://www.lenem.ca/nem<br />

Annonce <strong>de</strong> la parution, dans le n°29 <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>, <strong>de</strong> l’article<br />

<strong>de</strong> Catherine Peillon dans la rubrique “Les musicales”, sous le<br />

titre “Hil<strong>de</strong>gar<strong>de</strong> von Bningen et Lorraine Vaillancourt : <strong>de</strong>ux<br />

femmes rebelles dans leur siècle”.


Les publicités<br />

<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>


Publicités parues<br />

dans les numéros<br />

22 et 24 du journal<br />

Zibeline.


Autour d’<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>


HRANT DINK<br />

Turquie/Arménie. Deux peuples proches, <strong>de</strong>ux voisins lointains<br />

(Actes Sud, 2009)<br />

Nous tenons à signaler ici la parution en 2009 <strong>de</strong> l’ouvrage <strong>de</strong><br />

Hrant Dink, Turquie/Arménie. Deux peuples proches, <strong>de</strong>ux voisins<br />

lointains (Actes Sud).<br />

Ce livre est paru dans la catégorie essais, sciences humaines<br />

et politiques <strong>de</strong> la collection Actes Sud “Bleu”, dirigée par<br />

Thierry Fabre, et qui s’inscrit dans la continuité du travail éditorial<br />

<strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>.<br />

AU RENDEZ-VOUS DE MIDI<br />

Radio Grenouille 88.8 FM<br />

Signalons également l’émission du mois <strong>de</strong> mars 2010, et sa<br />

rubrique “actualité musicale”, dans laquelle Nil Deniz, coordinatrice<br />

avec Thierry Fabre <strong>de</strong> ce numéro consacré à <strong>Istanbul</strong>,<br />

a présenté la DJ germano-turque DJ IPEK, à l’occasion <strong>de</strong> sa<br />

venue à Marseille à Babel Med Music le 27 mars 2010.<br />

En écoute libre sur le site <strong>de</strong> Radio Grenouille (www.grenouille888.org)<br />

et sur le site <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> (www.lapensee<strong>de</strong><strong>midi</strong>.org).


L’éditorial<br />

“États-Unis, fin <strong>de</strong> l’arrogance ?”, par Thierry Fabre.


<strong>La</strong> pensée<br />

<strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

“États-Unis, fin <strong>de</strong> l’arrogance ?”, par Thierry Fabre.<br />

Editorial <strong>de</strong> “<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>”<br />

numéro 29, <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

Cet article a été publié dans ce numéro, sur le blog “Billet d’humeur” <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

(http://www.lapensee<strong>de</strong><strong>midi</strong>.org/Etats-Unis-fin-<strong>de</strong>-l-arrogance,140.html) et sur le site <strong>de</strong> RUE89<br />

(http://www.rue89.com/).<br />

“En ce jour, nous sommes réunis car nous avons préféré l’espoir à la peur, la volonté d’agir en commun au conflit et à la<br />

discor<strong>de</strong>.” Telles sont les paroles <strong>de</strong> Barack Obama lors <strong>de</strong> son discours d’investiture à Washington. Elles annoncent un changement<br />

<strong>de</strong> temps et d’époque par rapport à l’ère <strong>de</strong> George W. Bush. Rappelons-nous, c’était il n’y a pas si longtemps que Dick<br />

Cheney et Donald Rumsfeld, inspirés par la constellation <strong>de</strong>s néocons, Paul Wolfowitz, Richard Perle, Charles Krauthammer ou<br />

Robert Kagan, faisaient l’éloge <strong>de</strong> la guerre, <strong>de</strong> la force et <strong>de</strong> “l’hégémonie bienveillante” <strong>de</strong>s États-Unis d’Amérique…<br />

Il suffit d’avoir écouté le discours du nouveau prési<strong>de</strong>nt américain au Caire, le 4 juin 2009, pour se rendre compte que,<br />

vraiment, quelque chose a changé dans le temps du <strong>mon<strong>de</strong></strong>. Un discours inspiré, travaillé dans la forme même <strong>de</strong> son élocution,<br />

une heure <strong>de</strong>bout, sans l’ai<strong>de</strong> d’aucune note et sans une hésitation. Un discours tout en subtilité et en profon<strong>de</strong>ur qui ne masque<br />

rien et va au cœur <strong>de</strong>s choses <strong>de</strong> l’incompréhension et <strong>de</strong> la violence accumulée entre les États-Unis et le <strong>mon<strong>de</strong></strong> musulman. Un<br />

discours sans révérence ni soumission, nulle mention ni remerciement au pouvoir égyptien d’Hosni Moubarak, qui pourtant l’accueillait.<br />

Mais ce ne sont pas les régimes au pouvoir qui sont les <strong>de</strong>stinataires <strong>de</strong> son propos, il les contourne pour s’adresser à<br />

la conscience <strong>de</strong> chacun. Sans crainte, préférant résolument “l’espoir à la peur, la volonté d’agir en commun au conflit et à la discor<strong>de</strong>”,<br />

dans un Moyen Orient saccagé par la violence et étouffé par l’oppression. Il ne concè<strong>de</strong> rien aux tueurs d’innocents, bien<br />

au contraire, et il cite le Coran (V, 32) : “Tuer une âme non coupable du meurtre d’une autre âme ou <strong>de</strong> dégâts sur terre c’est<br />

comme d’avoir tué l’humanité entière ; et faire vivre une âme c’est comme <strong>de</strong> faire vivre l’humanité entière.” Face à la culture <strong>de</strong><br />

la mort qui s’insinue dans la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s consciences, il en appelle à l’élan <strong>de</strong> la vie, face aux hommes du ressentiment et face<br />

à leurs imprécations il en appelle à la parole libre et au combat, – en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s sentiers <strong>de</strong> la violence –, d’un Man<strong>de</strong>la contre l’apartheid<br />

ou d’un Martin Luther King contre la ségrégation <strong>de</strong>s Noirs. Et il sait <strong>de</strong> quoi il parle car s’il est prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s États-Unis<br />

aujourd’hui, il leur doit beaucoup. Il rejette avec véhémence le négationnisme qui s’est répandu dans les opinions du <strong>mon<strong>de</strong></strong> arabe<br />

et musulman, et il appelle à la reconnaissance d’Israël pour sortir d’une guerre qui, si rien ne bouge, est bien partie pour durer<br />

cent ans…<br />

Pas <strong>de</strong> complaisance donc, dans ce discours du Caire, mais une sincère reconnaissance et une réelle exigence à sortir du<br />

statu quo. C’est un acte inaugural et fondateur, un discours politique majeur qui ouvre un horizon et <strong>de</strong>ssine une perspective.<br />

Des mots, encore <strong>de</strong>s mots, <strong>de</strong> beaux principes et <strong>de</strong> vaines paroles qui ne changeront rien à la réalité sur le terrain… <strong>La</strong><br />

coalition <strong>de</strong>s sceptiques et <strong>de</strong>s assis, au <strong>de</strong>meurant bien nombreuse, est là pour veiller à l’inertie, sans compter les hostiles à un<br />

tel changement d’époque, comme les islamistes et autres djihadistes ou les nationalistes israéliens qui scan<strong>de</strong>nt : “Barack Hussein<br />

Obama, no you can’t !”. Il est vrai que son exigence au Proche-Orient se fon<strong>de</strong> désormais sur une relation <strong>de</strong> réciprocité : à la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’une reconnaissance d’Israël par le <strong>mon<strong>de</strong></strong> arabe, répond une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> faite à Israël <strong>de</strong> reconnaître la création d’un État<br />

palestinien et d’arrêter toute colonisation dans les territoires occupés. Le gouvernement <strong>de</strong> Benjamin Netanyahou n’a pas tardé à<br />

répondre par une fin <strong>de</strong> non-recevoir à cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, considérée comme illégitime. Que les États-Unis financent Israël, qu’ils le<br />

protègent militairement, contre toute attaque éventuelle, et politiquement, aux Nations unies, contre toute résolution hostile, mais<br />

<strong>de</strong> quoi se mêlent-ils lorsqu’ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt l’application du droit international ? <strong>La</strong> colonisation peut se poursuivre, comme si <strong>de</strong><br />

rien n’était, cela relève <strong>de</strong>s affaires intérieures israéliennes… Combien <strong>de</strong> temps un tel sophisme va t-il continuer à s’imposer, à<br />

l’échelle internationale ? Combien <strong>de</strong> temps les États-Unis vont-ils continuer à accepter un tel déni <strong>de</strong> droit et <strong>de</strong> justice ?<br />

L’époque a changé et les dirigeants israéliens, que ce soient Benjamin Netanyahou, Avidor Lieberman ou Ehud Barak, ne<br />

semblent pas avoir compris que le temps <strong>de</strong> l’arrogance est révolu, que la politique du fait accompli n’est plus <strong>de</strong> mise, que la<br />

guerre préventive, comme au Liban en 2006 ou à Gaza en 2008, n’est plus possible.<br />

Une bonne part <strong>de</strong> la crédibilité internationale <strong>de</strong>s États-Unis <strong>de</strong> Barack Obama, dans les mois et les années à venir, va<br />

en tout cas se jouer au Proche-Orient, et singulièrement dans la relation entre Israël, Palestine et <strong>mon<strong>de</strong></strong> arabe. <strong>La</strong> question iranienne<br />

va-t-elle troubler le jeu ? Entrerons-nous à nouveau dans un cycle <strong>de</strong> guerre, d’attaques préventives et <strong>de</strong> course à l’arme<br />

nucléaire dans la région ? Quelle sera la place <strong>de</strong> la Turquie, dans les années à venir, en Europe ou hors d’Europe ? Pour jouer quel<br />

rôle, puissance médiatrice ou puissance antagoniste ?<br />

Vingt ans après la chute du mur <strong>de</strong> Berlin, 1989/2009, nous sommes bien loin du nouvel ordre international alors annoncé<br />

avec autant d’espoirs que d’illusions. L’élection <strong>de</strong> Barack Obama à la tête <strong>de</strong>s États-Unis, en pleine crise économique et financière<br />

internationale, sera-t-elle une illusion <strong>de</strong> plus ou le signe annonciateur que quelque chose a vraiment changé ?<br />

Comme l’a si justement écrit Wajdi Mouawad, dans Le Soleil ni la Mort ne peuvent se regar<strong>de</strong>r en face, à partir d’une conscience<br />

intime du tragique :<br />

Il semble que ce soit là<br />

Dans cette obstination à rêver<br />

Que rési<strong>de</strong> leur part d’intouchable ;<br />

Dans cette obstination à rêver<br />

Que chaque civilisation trouve sens et direction…<br />

Thierry Fabre<br />

Rédacteur en chef <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>


Les partenaires


Zibeline<br />

(www.journalzibeline.fr/)<br />

Zibeline est un magazine culturel régional qui rend compte <strong>de</strong> la culture qui s’élabore au<br />

<strong>midi</strong>, en annonçant les spectacles et les événements, mais aussi en portant un regard critique,<br />

constructif et politique, sur l’actualité culturelle. Loin <strong>de</strong> s’en tenir au spectacle,<br />

Zibeline conçoit la culture vivante comme un espace intellectuel aux facettes multiples, où<br />

les arts, les littératures, les sciences et le patrimoine se répon<strong>de</strong>nt. Ce que Zibeline affirme<br />

tous les mois, en 30000 exemplaires disponibles pour tous.<br />

Zibeline, le gratuit qui se lit, est donc particulièrement heureux d’être partenaire, <strong>de</strong>puis sa<br />

création en 2007, <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong>. Un partenariat naturel, entre un mensuel jeune et<br />

une revue plus ancienne, dans un esprit commun <strong>de</strong> débat et d’élaboration d’une culture<br />

vivante à travers la réflexion, la transmission et les arts.<br />

Site internet <strong>de</strong> César: http://journalcesar.canalblog.com/<br />

Site internet <strong>de</strong> Paris-Bibliothèques: http://www.paris-bibliotheques.org/<br />

Site internet <strong>de</strong> la BMVR :<br />

http://www.bmvr.marseille.fr/Portail/site/typo3.asp?id=accueil&lang=FR<br />

Site internet <strong>de</strong> la Saison <strong>de</strong> la Turquie : http://www.saison<strong>de</strong>laturquie.fr/<br />

Site internet du CNL : http://www.centrenationaldulivre.fr/<br />

Librairie Forum Harmonia Mundi (http://www.librairie-paca.com/Aix-en-<br />

Provence/Forum-Harmonia-Mundi)<br />

Site internet <strong>de</strong> Babelmed: http://www.babelmed.net/<br />

Site internet du CML : http://www.cmltoulon.org/<br />

Site internet : http://www.librairie-paca.com//<br />

Site internet : http://www.maupetitlibraire.fr/


AU RENDEZ-VOUS DE MIDI<br />

(http://www.grenouille888.org)<br />

<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> vous donne ren<strong>de</strong>z-vous le premier samedi <strong>de</strong> chaque<br />

mois à 11 heures sur les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> radio grenouille (88.8 FM) pendant une<br />

heure pour trois moments <strong>de</strong> discussion et d’écoute : musique, littérature<br />

et débats d’idées. Une émission conçue et animée par <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong><br />

/ Elisabeth Cestor, Thierry Fabre.<br />

Visitez le site internet <strong>de</strong> Rue89<br />

(http://www.rue89.com/)<br />

Site internet <strong>de</strong> CulturesFrance : http://www.culturesfrance.com/<br />

Site internet : http://www.librairie-gaia.com/<br />

Cité du LIvre, Aix-en-Provence - Ecritures Croisées<br />

Site internet : http://www.citedulivre-aix.com/Typo3/in<strong>de</strong>x.php?id=ecritures-croisees<br />

CAIRN<br />

(http://www.cairn.info/revue-la-pensee-<strong>de</strong>-<strong>midi</strong>.htm)<br />

Les résumés, sommaires et plans d’articles <strong>de</strong> <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> sont en<br />

accès gratuit, ainsi que le texte intégral <strong>de</strong> certains articles. Les autres articles<br />

peuvent être acquis à l’unité (pay-per-view). Vous pouvez aussi<br />

acquérir <strong>de</strong>s numéros (versions papier et électronique) ou vous abonner<br />

en ligne. Par ailleurs, <strong>de</strong>s licences d’accès à différents bouquets <strong>de</strong> revues<br />

sont proposées aux bibliothèques et institutions.<br />

Les partenaires financiers<br />

Le Conseil régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur<br />

Le Conseil général <strong>de</strong>s Bouches-du-Rhône<br />

Le ministère <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la Communication – Direction Régionale<br />

<strong>de</strong>s Affaires Culturelles


<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

Sommaire


Le dossier<br />

Editorial : États-Unis, fin <strong>de</strong> l’arrogance ?, par Thierry Fabre<br />

Introduction : <strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>, par Nil Deniz et Thierry Fabre<br />

<strong>Istanbul</strong>(s), par Elif Safak<br />

Un cosmopolitisme sans fierté, par Kerem Öktem<br />

<strong>Istanbul</strong> “Clic Clac”, par Karin Karakaslı<br />

Stambouliote, un mythe urbain, par Ugur Tanyeli<br />

<strong>Istanbul</strong>, le bazar <strong>mon<strong>de</strong></strong>, par Michel Peraldi<br />

Zaman, par Senem Deviren<br />

<strong>Istanbul</strong> : l’éternité pour mémoire, par Altan Gökalp<br />

Tout ce qui est immobile est en mouvement, par Atilla Yücel<br />

Balık-Ekmek, par Tangör Tan<br />

Simit, par Orhan Esen<br />

Cosmos-polis, par Cengiz Aktar<br />

Deux projets <strong>de</strong> la République pour <strong>Istanbul</strong>, par Korhan Gümüs<br />

Biennale, par Pelin Tan<br />

Sabiha, une flâneuse dans la <strong>ville</strong>, par Feri<strong>de</strong> Çiçekoglu<br />

Abécédaire musical, par Derya Bengi<br />

Chanter <strong>Istanbul</strong>, par Nil Deniz<br />

Chats dégueulasses et jeunes bâtards : une littérature un<strong>de</strong>rground, par Timour Muhidine<br />

Une obscure performance pour Beyoglu, par Küçük Isken<strong>de</strong>r<br />

PortFolio<br />

Cahier <strong>de</strong> 8 photographies <strong>de</strong> Alp Sime


Les rubriques<br />

Le carnet d’Hubert Nyssen<br />

En débat<br />

<strong>La</strong> burqa pour les hommes, une mo<strong>de</strong>ste proposition par Pierrette Fleutiaux<br />

Burqa : lorsque méconnaissance fait loi ou la vraie victoire possible <strong>de</strong>s fondamentalistes, par Raphaël Liogier<br />

<strong>La</strong> bibliothèque <strong>de</strong> <strong>midi</strong> (par Marguerite Pozzoli, Renaud Ego, Nathalie Riera, Manoël Penicaud, Gilles Suzanne,<br />

Philippe Di Méo,Pascal Krajewski, Pascal Boulanger, Charlotte Serrus, Marie-Paule Sébastien, Michel Guérin)<br />

Pour Pia Fontana, en souvenir<br />

Christophe Tarkos, Ecrits poétiques<br />

Ossip Man<strong>de</strong>lstam, Le timbre égyptien<br />

Louis Massignon, Ecrits mémorables<br />

Roberto Saviano, Le Contraire <strong>de</strong> la mort<br />

Sait Faik Abasiyanik, Un homme inutile et Un serpent à Almedag<br />

Angel Vasquez, <strong>La</strong> chienne <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> Juanita Narboni<br />

William Burroughs, Essais<br />

Michel Puech, Homo sapiens technologicus : philosophie <strong>de</strong> la technologie contemporaine, philosophie <strong>de</strong> la sagesse contemporaine<br />

Saskia Sassen, <strong>La</strong> Globalisation. Une sociologie<br />

Bernard Sichère, L’Etre et le Divin<br />

Jean-Yves Jouannais, Artistes sans œuvres, I would prefer not to<br />

Marc Angenot, Dialogue <strong>de</strong> sourds (Traité <strong>de</strong> rhétorique antilogique)<br />

Chakè Matossian, Des admirables secrets <strong>de</strong> l’Ararat (Vinci, Dürer, Michel-Ange sur les traces d’Er et <strong>de</strong> Noé)<br />

Carine Krecké, Retour au point <strong>de</strong> non-retour (Chronique <strong>de</strong> voyage)<br />

Les musicales<br />

Hil<strong>de</strong>gar<strong>de</strong> von Bingen et Lorraine Vaillancourt : <strong>de</strong>ux femmes rebelles dans leur siècle, par Catherine Peillon<br />

Slam au riff, par Gilles Suzanne<br />

Carnet d’artiste<br />

Nicolas Frespech, par Pierre Baumann<br />

Questions d’images<br />

Inland <strong>de</strong> Tariq Teguia, par Eric Vidal<br />

Repères méditerranéens : une mémoire audiovisuelle à différentes échelles, par Stéphane Mourlane<br />

Le temps <strong>de</strong>s saveurs<br />

Rouge comme une tomate, par Pierre Giannetti<br />

Pourquoi j'aime le fast-food maison, par Mayalen Zubillaga<br />

Les inédits<br />

Pourquoi ai-je tué Mme B. ?, par Sener Özmen


<strong>Istanbul</strong>, <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong><br />

les auteurs


Cengiz Aktar<br />

Politologue et directeur du Centre pour l’Union européenne à l’université <strong>de</strong> Bahçe?ehir (<strong>Istanbul</strong>), Cengiz Aktar a été professeur<br />

d’étu<strong>de</strong>s européennes à l’université <strong>de</strong> Galatasaray d’<strong>Istanbul</strong> et a dirigé l’ouvrage collectif Lettres aux Turco-sceptiques (Actes Sud,<br />

2004).<br />

Derya Bengi<br />

Depuis 1996, Derya Bengi est rédacteur en chef <strong>de</strong> la revue musicale Roll à <strong>Istanbul</strong>, consacrée à la musique traditionnelle et à<br />

la musique rock et punk. Il est réputé pour ses interviews, conduites comme <strong>de</strong>s conversations, avec <strong>de</strong>s musiciens nationaux et<br />

internationaux.<br />

Feri<strong>de</strong> Çiçekoglu<br />

Après avoir étudié l’architecture à l’université technique du Moyen-Orient d’Ankara et à l’université <strong>de</strong> Pennsylvanie<br />

(Phila<strong>de</strong>lphie), où elle a obtenu sa thèse <strong>de</strong> doctorat, Feri<strong>de</strong> Çiçekoglu a été arrêtée après le coup d’État militaire <strong>de</strong> 1980 en<br />

Turquie et détenue comme prisonnière politique jusqu’en 1984. Inspirée <strong>de</strong> cette époque, sa nouvelle, Uçurtmayı Vurmasınlar<br />

[Don’t Let Them Shoot the Kite], a été portée à l’écran et a reçu <strong>de</strong> nombreux prix dont le Prix du public Rencontres internationales<br />

(Cannes,1989). Parmi ses autres scénarios, Journey to Hope a reçu l’Oscar du meilleur film étranger en 1991. Elle a aussi publié<br />

<strong>de</strong> nombreuses nouvelles traduites en plusieurs langues ainsi que divers articles et livres (au nombre <strong>de</strong>squels New York –<br />

<strong>Istanbul</strong> en 2003). Actuellement, elle vit et enseigne à <strong>Istanbul</strong> à l’université <strong>de</strong> Bilgi.<br />

Nil Deniz<br />

Après <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s d’Islamwissenschaft (sciences <strong>de</strong> l’Islam), Nil Deniz a travaillé à l’Institut d’Orient <strong>de</strong> Hambourg. Elle a par la<br />

suite développé <strong>de</strong>s projets d’échanges culturels entre le <strong>mon<strong>de</strong></strong> arabe, la France et l’Allemagne dans le domaine du théâtre, <strong>de</strong><br />

la danse et <strong>de</strong> la musique. Elle a réalisé pour le cinéma allemand la traduction, entre autres, <strong>de</strong>s films <strong>de</strong> Fatih Akın, (Head-on ;<br />

Crossing The Bridge) et <strong>de</strong> Nuri Bilge Ceylan (Trois singes). Actuellement, elle met en place, à travers le projet “sublimes portes”<br />

qu’elle dirige, <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces artistiques autour <strong>de</strong>s <strong>ville</strong>s ports d’<strong>Istanbul</strong>, <strong>de</strong> Hambourg et <strong>de</strong> Marseille.<br />

Senem Deviren<br />

Architecte et professeur à l’université technologique d’<strong>Istanbul</strong>, Senem Deviren s’est spécialisée dans le <strong>de</strong>sign, avec une<br />

prédilection pour le développement urbain et le développement durable. Elle a reçu, pour ses recherches, la bourse Manfred-<br />

Heindler.<br />

Orhan Esen<br />

Chercheur indépendant en urbanisme, écrivain et gui<strong>de</strong>, Orhan Esen travaille sur <strong>de</strong> nombreux projets relatifs au développement<br />

urbain d’<strong>Istanbul</strong>. Avec Stephan <strong>La</strong>nz, il a co-écrit <strong>Istanbul</strong> : self-service city (Berlin, b-books, 2005).<br />

Thierry Fabre<br />

Thierry Fabre, essayiste, est rédacteur en chef <strong>de</strong> la revue <strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> et créateur <strong>de</strong>s Rencontres d’Averroès (Marseille). Il<br />

a notamment publié Le Noir et le bleu (Librio, 1998), Les Représentations <strong>de</strong> la Méditerranée (Maisonneuve et <strong>La</strong>rose, 2000),<br />

Traversées (Actes Sud, 2001, grand prix littéraire <strong>de</strong> Provence) et Eloge <strong>de</strong> la pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> (Actes Sud, 2007). Il dirige la collection<br />

“Bleu” chez Actes Sud.<br />

Altan Gökalp<br />

Altan Gökalp est directeur <strong>de</strong> recherche dans le groupe “Étu<strong>de</strong>s turques et ottomanes” du CNRS. Ses domaines <strong>de</strong> recherches<br />

sont l’ethnolinguistique <strong>de</strong>s peuples turcophones, la littérature turcophone traditionnelle et mo<strong>de</strong>rne, et l’univers symbolique <strong>de</strong>s<br />

religions préislamiques et <strong>de</strong> la religion populaire <strong>de</strong>s Turcs.<br />

Korhan Gümüs<br />

Korhan Gümüs est architecte. Actuellement directeur <strong>de</strong> projets urbains pour <strong>Istanbul</strong> capitale européenne <strong>de</strong> la culture 2010, il<br />

anime un programme hebdomadaire à Açık Radio à <strong>Istanbul</strong>. Maître <strong>de</strong> conférence dans <strong>de</strong>s associations d’urbanisme, il publie<br />

régulièrement dans <strong>de</strong>s journaux quotidiens turcs ainsi que dans <strong>de</strong>s revues d'architecture (Arkitera, Domus, Arra<strong>de</strong>mento<br />

Mimarlık, Yapı).<br />

Küçük Isken<strong>de</strong>r<br />

Küçük Isken<strong>de</strong>r est l’un <strong>de</strong>s noms les plus connus <strong>de</strong> la poésie turque mo<strong>de</strong>rne. Il s’est aussi investi dans la culture un<strong>de</strong>rground,<br />

notamment cinématographique, et a défrayé la chronique par ses poèmes sur la réalité sociale et en dévoilant son homosexualité.<br />

Il a publié <strong>de</strong>s poésies, <strong>de</strong>s nouvelles et <strong>de</strong>s journaux intimes, et reste l’une <strong>de</strong>s figures majeures <strong>de</strong> la jeunesse alternative<br />

et <strong>de</strong> la culture un<strong>de</strong>rground d’<strong>Istanbul</strong>.


Karin Karakaslı<br />

Écrivain, journaliste et traductrice turque, Karin Karaka?lı a débuté sa carrière au journal hebdomadaire turc et arménien Agos<br />

où elle a été à la tête du département éditorial. Elle a notamment écrit When the moon Meets the Sea (Bu Publishing, 1997),<br />

Song of Other <strong>La</strong>nguages (Varlık Publishing, 1999) et Can I Get Out Somewhere You Don’t Mind (Dogan Kitap Publishing, 2006).<br />

Timour Muhidine<br />

Timour Muhidine est écrivain. Spécialiste <strong>de</strong> littérature turque qu’il enseigne à l’Inalco (Institut National <strong>de</strong>s <strong>La</strong>ngues<br />

Orientales), il est également traducteur, notamment <strong>de</strong> Nedim Gürsel. Il dirige la collection “Lettres turques“ chez Actes Sud.<br />

À paraître : Hommes inutiles et tavernes d’<strong>Istanbul</strong> : <strong>La</strong> vie <strong>de</strong> Bohème, <strong>Istanbul</strong>, Collection Bouquins, Robert <strong>La</strong>ffont (2009).<br />

Kerem Öktem<br />

Kerem Öktem est chercheur et directeur d’étu<strong>de</strong>s en politique du Moyen-Orient à l’université d’Oxford. Deux ouvrages ont été<br />

publiés sous sa direction : In the long shadow of Europe. Greeks and Turks in the era of post-nationalism, en collaboration avec<br />

Kalypso Nicolaidis et Othon Anastasakis (Brill, 2009), et Turkey’s engagement with mo<strong>de</strong>rnity. Conflict and change in the twentieth<br />

century, avec Celia Kerslake et Philip Robins (Palgrave Macmillan, 2009). Sa <strong>de</strong>rnière contribution au débat sur <strong>Istanbul</strong><br />

consiste en une série d’articles pour Becoming <strong>Istanbul</strong>: An Encyclopedia (Garanti Platform, 2008). Il prépare actuellement un<br />

livre sur l’histoire <strong>de</strong> la Turquie <strong>de</strong>puis 1989, Angry nation, qui paraîtra en 2010.<br />

Michel Peraldi<br />

Anthropologue, Michel Peraldi dirige le Centre Jacques-Berque à Rabat (Maroc). Il est notamment l’auteur <strong>de</strong> Cabas et conteneurs.<br />

Activités marchan<strong>de</strong>s informelles et réseaux migrants transfrontaliers (en collaboration, Maisonneuve et <strong>La</strong>rose, 2001) et,<br />

avec Michel Samson, <strong>de</strong> Gouverner Marseille : enquête sur les <strong>mon<strong>de</strong></strong>s politiques marseillais (<strong>La</strong> Découverte, 2006).<br />

Elif Safak<br />

Professeur en sciences politiques aux États-Unis et à <strong>Istanbul</strong>, Elif Safak est aussi la romancière la plus lue <strong>de</strong> Turquie. Elle a<br />

notamment écrit The Forty rules of love (Viking, 2010), <strong>La</strong> Bâtar<strong>de</strong> d'<strong>Istanbul</strong> (Phébus, 2007) et Bonbon Palace (Phébus, 2008).<br />

À la recherche d’un croisement entre étu<strong>de</strong> sociopolitique et littérature, elle a été à l’origine <strong>de</strong> plusieurs polémiques.<br />

Aujourd’hui, elle écrit <strong>de</strong> nombreux articles pour divers journaux tels que le New York Times ou Le Mon<strong>de</strong>.<br />

Alp Sime<br />

Alp Sime est né à <strong>Istanbul</strong> en 1970. Après <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s à l’université <strong>de</strong> Boston, ses travaux photographiques ont été exposés à<br />

<strong>Istanbul</strong> (Parallax, Gallery x-ist, 2009 ; Ramora, Elturko Art Gallery, 2002) et à Athènes (<strong>Istanbul</strong>lu, Mavromihalı 55<br />

Photography Gallery, 2006), ainsi que lors d’expositions collectives (Turkish Contemporary Art, Sotheby’s, Londres, 2009, et<br />

The Collection 2005, Leica Gallery, <strong>Istanbul</strong>, 2005).<br />

Tangör Tan<br />

Après <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s en agriculture et en gastronomie, Tangör Tan est <strong>de</strong>venu chef en Italie. Il participe à <strong>de</strong> nombreuses conférences<br />

internationales sur la nourriture et travaille désormais à <strong>Istanbul</strong> où il coordonne le magazine Slow Food.<br />

Ugur Tanyeli<br />

Architecte, Ugur Tanyeli a débuté sa carrière à <strong>Istanbul</strong> en tant qu’assistant <strong>de</strong> recherches en histoire <strong>de</strong> l’art. Après avoir<br />

enseigné aux États-Unis, il revient finalement à <strong>Istanbul</strong> pour étudier l’architecture ottomane et celle <strong>de</strong> la Turquie, entrée dans<br />

une ère nouvelle. Coordinateur du magazine Arredamento Mimarlik, il publie aussi <strong>de</strong> nombreux ouvrages sur l’architecture<br />

d'<strong>Istanbul</strong> et <strong>de</strong> la Turquie et organise <strong>de</strong>s expositions autour <strong>de</strong> ses travaux.<br />

Atilla Yücel<br />

Atilla Yücel est un architecte <strong>de</strong> renom. Il a débuté sa carrière en conduisant <strong>de</strong>s recherches sur l’aménagement urbain<br />

d’<strong>Istanbul</strong> au xviiie siècle, puis a travaillé sur <strong>de</strong>s projets d’urbanisme et <strong>de</strong> restauration <strong>de</strong> l’habitat. Tout en continuant ses<br />

recherches, il donne <strong>de</strong>s cours magistraux à <strong>Istanbul</strong> et partage ainsi son expérience et ses découvertes avec ses étudiants.


<strong>La</strong> pensée <strong>de</strong> <strong>midi</strong> 142, la Canebière • F-13001 Marseille<br />

Tél. : +33 (0)4 96 12 43 19 / Fax : +33 (0)4 96 12 43 20<br />

c o u r r i e r @ l a p e n s e e d e m i d i . o r g

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