Istanbul, ville monde - La pensée de midi
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Article paru dans le n°23 <strong>de</strong> Zibeline, page 6.<br />
<strong>Istanbul</strong> à <strong>midi</strong>, par René DIAZ.<br />
Visitez le site <strong>de</strong> Zibeline (www.journalzibeline.fr)<br />
<strong>Istanbul</strong> à <strong>midi</strong>. Dans son éditorial, Thierry Fabre examine la nouvelle donne en<br />
Méditerranée et au Moyen-Orient consécutive à l’arrivée à la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s Etas-Unis <strong>de</strong><br />
Barack Obama. Ce qui nous rappelle qu’<strong>Istanbul</strong> est bien un <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> la<br />
Méditerranée. Et une <strong>ville</strong> <strong>mon<strong>de</strong></strong>, chargée d’histoire... Mais la revue, comme à son habitu<strong>de</strong>,<br />
veut voir au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s apparences. Elle réunit une somme <strong>de</strong> regards pour décrypter<br />
les réalités <strong>de</strong> la <strong>ville</strong>. Ainsi, Elif Safak propose un postulat : <strong>Istanbul</strong> n’existe pas ! En fait<br />
ce sont quatre <strong>ville</strong>s qui coexistent. Le passé, le présent et l’avenir s’acharnent à <strong>de</strong>ssiner<br />
la diversité <strong>de</strong> la cité. Ce constat est prolongé lorsqu’on abor<strong>de</strong> la composition <strong>de</strong>s populations<br />
<strong>de</strong> la <strong>ville</strong>. Cosmopolite, elle l’est ! Mais l’entrée dans la mondiolisation a bousculé<br />
les constructions anciennes. Si un passé fantasmé <strong>de</strong> tolérance multiculturelle, supposé<br />
exister à l’époque ottomane, remplit les rêves <strong>de</strong> concor<strong>de</strong> <strong>de</strong> la bourgeoisie musulmane<br />
islamique, il permet surtout <strong>de</strong> nier la peur viscérale <strong>de</strong> l’autre, et l’intolérance qui<br />
l’accompagne : les minorités <strong>de</strong> toutes sortes sont donc bien mal loties. L’assassinat évoqué<br />
<strong>de</strong> Hrant Dink, intellectuel arménien, le confirme : la “turquicité” ne saurait être contestée<br />
dans un paysage politique gangrené par le nationalisme. Les bouleversements politiques,<br />
plus ou moins récents, semblent, quand à eux, avoir abouti à la perte <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité<br />
stambouliote. Michel Péraldi abor<strong>de</strong> les réalités plus tangibles <strong>de</strong> la <strong>ville</strong> : <strong>Istanbul</strong> est une<br />
villle globale. Fouillant les ressorts économiques <strong>de</strong> la métropole, il conclut à l’établissement<br />
d’un “capitalisme <strong>de</strong> paria” bien différent du fonctionnment <strong>de</strong>s autres <strong>ville</strong>s globales<br />
qui dominent le <strong>mon<strong>de</strong></strong>.<br />
Cosmopolite, la <strong>ville</strong> l’est aux dires <strong>de</strong> Cengiz Aktar qui appelle sa désignation<br />
comme capitale européenne <strong>de</strong> la culture pour 2010... Il en révèle les enjeux, dans son<br />
tissu urbain même, et nous ramène à cette lutte entre nationalisme, islamisme et ouverture<br />
aux autres. <strong>La</strong> production littéraire (voir page 8) <strong>de</strong> la capitale <strong>de</strong> a Turquie reflète ces<br />
diversités et ces combats.<br />
C’est donc une <strong>ville</strong> grouillante <strong>de</strong> vie, surprenante, attachante mais aussi ambiguë<br />
qui se déssine à la lecture <strong>de</strong> ce numéro <strong>de</strong> la revue.