la vie du comptoirCollecte des céréalesUne collecte de maïs recordLa récolte <strong>2012</strong> de maïs restera dans les annales. Plus en raison des volumes engrangésque des très bons rendements obtenus qui – compte tenu du potentiel génétique de laplante – sont vraisemblablement condamnés à être dépassés.RYTHME DE LA COLLECTE DE MAÏS SUR LES TROIS DERNIÈRES CAMPAGNES6000005000004000003000002000001000000On a cru un moment que le rendement record de 2011serait battu. Mais non… Avec une moyenne de 117qtx/hectare sur le département du Bas-Rhin*, le maïsrécolte <strong>2012</strong> affiche un petit quintal de moins que le scoreofficiel de l’année passée. Si le record de productivité n’a pasété dépassé, il en est un autre qui a volé en éclats : celui dela production et de la collecte alsacienne de maïs. La «faute»à des rendements élevés mais surtout à une augmentationsubstantielle des superficies emblavées. L’épisode de gelsévère de février <strong>2012</strong> qui avait conduit au retournementde près d’un tiers des superficies de céréales d’automnea amené la sole de maïs à un niveau proche du plafond de2004. Pour la coopérative, c’est une première : la collectedépasse les 500 000 tonnes. Les quantités réceptionnéesdurant la campagne de récolte avoisinent les 520 000tonnes ; elles sont en hausse de 13% par rapport à l’annéedernière. Heureusement ces quantités importantes n’ontpas été combinées avec une humidité du grain élevée. Lacollecte affiche des teneurs en eau légèrement supérieures àcelles de l’an passé – de l’ordre de 27,5% – caractéristiquesd’une année précoce et plutôt «sèche». Une bonne nouvelle,financièrement pour les producteurs mais aussi pour lacoopérative, qui en cas d’humidité élevée, se trouve face à unchoix cornélien : préserver la qualité ou privilégier le débit ?De tels volumes ne sont cependant pas sans poser problèmeà un organisme stockeur. D’autant que les bonnes conditionsmétéorologiques ont accéléré et concentré la collecte quis’est déroulée sur cinq semaines contre huit il y a encorequelques années. Au plus fort de la période, la coopérativea réceptionné près de 120 000 tonnes de maïs sur unesemaine, avec une pointe de 115 camions/jour nécessairespour désengorger les centres de collecte. Les files d’attentede livreurs dans les cours des silos ont alors été fréquenteset des aménagements en termes d’horaire d’ouverture dessites ont dû être décidés. La politique commerciale de lacoopérative en faveur des maïs cornés – plus précoces – etle système des primes de post-campagne ont contribué àun étalement de la collecte qui cette année s’est avéré êtreindispensable à l’organisation logistique. Cette imposante etencombrante récolte a également contraint la coopérative,comme sa filiale G. Muller, à louer des capacités de stockagede courte durée afin d’absorber temporairement le surplus decollecte et de limiter les ventes de dégagement pénalisantesfinancièrement. Le silo de Lauterbourg – actuellement encours de construction – permettra à la coopérative, dès <strong>2013</strong>,d’améliorer son efficacité logistique et économique.* Source : FranceAgriMerMARCHé DES CéRéALES<strong>Des</strong> prix de céréales de plus en plus imprévisibles,des modes d’achat de plus en plus « prévus »Le sujet a été évoqué durant les assemblées de section. La coopérative doit impérativement adapterses modes d’achat des céréales en culture. Les marchés sont devenus erratiques et les attentes desproducteurs ont évolué. Denis Fend, directeur de la coopérative, revient sur ce qui va changer en <strong>2013</strong>.Au <strong>Fil</strong> <strong>Des</strong> <strong>Saisons</strong> : On évoquerégulièrement le phénomène de volatilitédes prix sur le marché des céréales.Quelles sont les incidences en ce quiconcerne leur commercialisation ?Denis Fend : S’il constitue uneproblématique quotidienne pour notreorgane de vente de céréales qu’est EUREPI,l’amplification du phénomène de volatiliténous oblige également à prendre certainesdispositions en ce qui concerne nos formulesd’achat des céréales en culture.AFDS : Il existe donc, pour l’adhérent,plusieurs façons de vendre ses céréalesà la coopérative ?DF : En effet, le prix « Acompte à la récolte +compléments » vendu et optimisé clé en mainpar EUREPI, reste plus que jamais la formulephare et c’est d’ailleurs celle qui est choisiepar 90% des adhérents à ce jour. Mais n’estpas moins bon adhérent celui qui choisitde vendre ses céréales à un « Prix Net », aucours du jour. Ses motivations peuvent êtrediverses : arbitrer un prix d’achat d’alimentspour son bétail, maîtriser son prix de vente…L’exigence principale pour l’agriculteur étantalors d’être au quotidien au fait des marchéset d’accepter de parfois gagner… mais aussisouvent de perdre. Le mode d’achat à « PrixNet » pouvant s’accompagner d’éventuellesoptions (EVOL+, SECURE…).Libre choix est aujourd’hui laissé à nosadhérents entre l’un ou l’autre des deuxmodes de commercialisation, voire unpanachage des deux.AFDS : Qu’est-ce qui, aujourd’hui,contraint à faire changer les choses ?DF : C’est le cas de la commercialisation dumode « Acompte + compléments », confiéeà EUREPI, où les choses vont devoir évoluerquelque peu. En effet, la commercialisationd’une récolte de maïs par exemple peut sefaire sur une période de près de 20 mois(de décembre 2011 à juillet <strong>2013</strong> pour larécolte <strong>2012</strong> par exemple). Suivant les prixdu moment et les tendances prévues, lesventes d’EUREPI peuvent se positionnerplus ou moins fortement à certaines périodes,justement pour optimiser le prix de vente.Seulement pour vendre, encore faut-il savoirquelle quantité vendre !Nous maîtrisons relativement bien lessurfaces de céréales récoltables et lesquantités « livrables » à la coopérative,même si les aléas climatiques aidant, nostechniciens ont parfois plus de mal à prévoirprécisément les rendements moyens parculture. Mais c’est bien au niveau du choix dumode de commercialisation que la prévisionest la plus difficile, certains adhérents sedécidant parfois au dernier moment, voireaprès la livraison.AFDS : Quelle est alors la nouveauté ?DF : À partir de cette année et pourla participation au mode « Acompte »uniquement, nous demanderons à nosadhérents un engagement écrit. Pour les blésavant le 30 juin <strong>2013</strong> et pour les maïs avant le31 août <strong>2013</strong>.Différentes « options » seront ouvertes commepar exemple :- Je livrerai toute ma récolte au <strong>Comptoir</strong> etje veux que l’intégralité de ma récolte soitpayée au mode « Acompte ».- Je livrerai toute ma récolte au <strong>Comptoir</strong> etje veux que l’intégralité de ma récolte soitpayée au mode « Acompte » sauf X tonnesque je fixerai au « Prix Net ».- Je livrerai Y tonnes qu’on me paiera aumode « Acompte ».Cet engagement sera gage d’équité entreles apporteurs de céréales et permettra àEUREPI d’améliorer encore sa performancepour les tonnages qui lui sont confiés.Ce cadrage est très important et nosadhérents doivent y réfléchir dès à présentpour prendre une décision posée et sereineavec l’aide de leur technicien-conseil.Au fil des saisons <strong>#42</strong> hiver <strong>2012</strong>-<strong>2013</strong>4
AUDIT QUALITéEt c’est repartipour un an de progrès !Traditionnellement le début du mois de décembre est dédié auxaudits de notre système Qualité par un organisme de certification. Leséquipes internes, bien que rompues à l’exercice, appréhendent toujourscette « épreuve » annuelle. Lors de l’audit, l’organisme certificateurvérifie de manière objective la mise en œuvre des bonnes pratiquesselon un référentiel unifié et reconnu pouvant prendre le format d’unenorme. Ces audits sont réalisés chaque année sur un cycle de trois ansselon le schéma suivant : un audit de renouvellement puis deux auditsde suivi. Le <strong>Comptoir</strong> et Gustave Muller sont certifiés ISO 9001 depuis2001, CSA/GTP depuis 2003 et 2BSvs depuis février <strong>2012</strong>.Ainsi, l’audit <strong>2012</strong> a porté sur la norme ISO 9001 : 2008(management de la qualité) et sur deux référentiels« métier » 2BSvs et CSA/GTP. L’audit conduit sur quatrejours a permis aux auditeurs André Werner et Jean-FrançoisLeveugle de la société SQS* de rencontrer la Direction générale,la Direction administrative et financière et les responsablesde différents services (Houblon, Entretien, Développement &Communication, Système d’Informations). Bien entendu plusieurssilos du <strong>Comptoir</strong> et de la société Gustave Muller ont eux aussiété audités. A l’issue de l’audit de renouvellement CSA/GTP etde suivi ISO 9001 et 2BSvs, le <strong>Comptoir</strong> agricole et sa filialeGustave Muller ont conservé leur certification sur l’ensemble destrois référentiels. Un plan d’actions correctives a été établi afinde répondre aux points d’améliorations identifiés par l’auditeur.Quelques rappels sur les certificationsspécifiques aux métiers du grainLa certification CSA/GTP (Charte Sécurité Alimentaire/Good Trading Practice) développée par Coop de FranceMétiers du Grain, la FNA** et le SYNACOMEX*** couvre lesactivités de collecte, de stockage, de commercialisation etde transport des céréales, oléagineux et protéagineux. Ellepermet une reconnaissance des bonnes pratiques d’hygièneet de traçabilité (qualité sanitaire des marchandises mises surle marché).La certification 2BSvs (biomasse, biocarburants, schémavolontaire pour la durabilité) a été développée par les opérateursfrançais des filières de production végétale et de biocarburants.Le schéma volontaire 2BSvs permet de démontrer, via unevérification indépendante, le respect des critères de durabilitéfixés par la directive européenne 2009/28/CE. Cette démarchepermet ainsi de certifier la biomasse utilisée comme matièrepremière et les biocarburants (biodiesel et bioéthanol)répondant aux exigences de durabilité de la Directive ÉnergiesRenouvelables.*SQS: Association Suisse pour le Système de Qualité et deManagement**FNA : Fédération du Négoce <strong>Agricole</strong>*** SYNACOMEX : Syndicat Nationale du Commerce ExtérieurrepèreLes fondamentaux du capitalisme coopératif (7/7)La Responsabilité MutuelleNous l’avons vu à travers les autres principes, l’opération économiquecoopérative se caractérise fondamentalement par la mise en commundes productions ou services et par un partage équitable et négociéentre coopérateurs des sommes générées par cette action collective.Le principe de responsabilité mutuelle s’illustre par la participationéconomique des membres de la coopérative, plus particulièrementdans le financement de l’action coopérative qui présente certainesspécificités par rapport aux entreprises « capitalistes ».Une coopérative ne peut être financéeque par des prêts financiers – aupremier rang desquels figure le capitalsocial –, par des réserves constituées par lescoopérateurs, voire par des provisions ayantun caractère de réserve.La constitution d’un capital social estnécessaire pour le démarrage d’unecoopérative et un apport en capital esttoujours demandé aux nouveaux adhérents.Le coopérateur n’est pas libre de souscrirele montant du capital social qu’il souhaiteraitdétenir. C’est en fonction de l’activité réaliséeavec la coopérative qu’est calculé le montantdu capital social à souscrire par chaqueadhérent. Ce « financement » est destiné à laréalisation de services et non d’un profit. Lecapital social d’une coopérative ne peut doncpas être assimilé à un capital-actions, c’est unfacteur de production et il doit être rémunéréen tant que tel. Il n’a pas à couvrir l’exigenced’actionnaires et, par conséquent, sarémunération ne peut égaler celle d’un capitalrisqué. C’est pourquoi, dans les coopératives,l’intérêt versé aux sociétaires sur le capitalsocial est plafonné au taux de rendement desobligations des sociétés privées.Lorsque elle est favorable, l’activité dela coopérative permet de constituer desréserves suffisantes qui prennent le relais ducapital social en matière de financement.Ces réserves sont constituées suite à ladécision de l’assemblée générale de nepas distribuer une partie de l’excédentdistribuable aux coopérateurs. Elles confèrentaux coopératives une dynamique financièred’un grand intérêt pour leurs adhérents.Elles conduisent à un autofinancementcomplémentaire à celui constitué par lapratique fiscale de l’amortissement, largementinsuffisante pour renouveler en permanenceles investissements de la coopérative et luipermettre de garantir à terme sa compétitivitéet par conséquent sa vie même. Au-delàde cette fonction de couverture du coûtéconomique de l’action en commun, lesréserves constituent un financement en fondspropres permettant une économie de fraisfinanciers. Dans tous les cas, ces réservesdemeurent indisponibles aux coopérateurs.Elles sont un bien collectif constituéprogressivement par des générations decoopérateurs et transmis aux nouveauxcoopérateurs afin qu’ils puissent bénéficierde l’œuvre commune ainsi créée.De ce fait, les parts sociales d’un adhérentsortant ne sont pas remboursées à un montantplus élevé que celui de leur souscription carcela reviendrait à partager la valorisation del’outil économique utilisé par la coopérative etdonc à réduire la valeur économique de l’outilau profit de ceux qui partent et au détrimentde ceux qui restent. À travers cette notion deréserves impartageables, on retrouve l’idéeque la responsabilité sociale de l’entreprisecoopérative dépasse celle de ses membresactuels.Au fil des saisons <strong>#42</strong> hiver <strong>2012</strong>-<strong>2013</strong>5