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Numéro HS - Le libraire

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G R A T U I Tp o s t e - p u b l i c a t i o n s 40034260le<strong>libraire</strong>HORS SÉRIE Décembre 2011LE BIMESTRIEL DES LIBRAIRIES INDÉPENDANTESEntrevuesPerrine <strong>Le</strong>blancJocelyne SaucierJim StanfordAlain M. BergeronLibraire d’un jourKarkwa© G u i l l a u m e S i m o n e a u


LORSQUE VOUS ACHETEZUN LIVRE CHEZ NOUS :Vous bénéficiez des conseilspersonnalisés de votre <strong>libraire</strong>indépendant.Vous choisissez parmi 200 000 titres,en format papier ou numérique.Vous soutenez l’économie locale.La destination pour acheter vos livres en ligne


S O M M A I R Ele <strong>libraire</strong> HORS SÉRIEDécembre 2011LE MONDE DU LIVREÉditorial : Près de vous, le <strong>libraire</strong> 7Prix du Gouverneur général :75 ans de distinction littéraire 15LIBRAIRE D’UN JOURJulien Sagot de Karkwa : Pourvu que ça bardasse 8LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 10-11-14Perrine <strong>Le</strong>blanc : À marquer d’une pierre blanche 12Jocelyne Saucier : Promenons-nous dans les bois 16<strong>Le</strong> monde est sans pitié 19DOSSIER : Bilan 2011<strong>Le</strong> livre de l’année selon… 21Littérature québécoise 22Essai 24Polar 25Littérature jeunesse 26Bande dessinée 27PORTRAIT DE LIBRAIRERock Harvey : Sonate pour les livres 29ESSAI<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 30Jim Stanford : C- comme capitalisme 31Indispensable science et nécessaire poésie 33Solutions littéraires 35CUISINE | BEAU LIVRE<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 39POLAR<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 36Deux piliers du polar québécois 37LITTÉRATURE JEUNESSE<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 42N’oublie pas, mon petit bouquin… 43Alain M. Bergeron :Dans l’antre d’une drôle de bête 40BANDE DESSINÉE<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong> craque! 45CES AUTEURS QUI TIENNENT LA ROUTEFrançois Gravel : Discret créateur 47Fille de <strong>libraire</strong>et globe-trotterengagée, Josée-AnneParadis a grandi entrelivres, parties de socceret sorties culturelles.EN PREMIER LIEUGilles Herman estéditeur et directeurgénéral aux éditions duSeptentrion ainsi queprésident du GELi.Accessible littératurePrétendre résumer en 52 pages une année de publications au Québec est unegageure. Il faudrait plutôt parler d’un survol littéraire qui, espérons-le, donnera le goûtde pousser plus loin l’exploration. Et le meilleur endroit pour explorer reste sansconteste les librairies. Ces lieux privilégiés, dévoués à la survie de notre patrimoineculturel, il en existe près de chez vous. On y bouquine tranquillement, on y fait deréelles découvertes — pas nécessairement le palmarès des meilleures ventes! —et on y soutient l’économie locale.C’est à l’initiative du Groupement des éditeurs littéraires (GELi) que l’équipe du <strong>libraire</strong>se retrousse les manches pour relever le défi dans ce numéro hors série consacréexclusivement à la littérature québécoise. Poésie, théâtre, littérature jeunesse, essai,roman, nouvelle, polar, bande dessinée : tous les genres sont évoqués entre les pagesdu présent numéro. À un moment où le livre entame une mutation pour se déclineraussi en format numérique, les éditeurs réitèrent leur pleine confiance dans le métierde <strong>libraire</strong>. Faire rayonner le livre d’ici et nos auteurs talentueux, voilà leur missionquotidienne, qu’ils remplissent à merveille.<strong>Le</strong> magazine le <strong>libraire</strong>, qui publie six numéros annuellement, est toujours disponiblegratuitement dans les librairies indépendantes participantes, dont vous trouverez laliste en page 49, ainsi que dans plusieurs bibliothèques publiques. Par le biais de cenuméro spécial diffusé à grande échelle, nous vous invitons à faire une visite chezvotre <strong>libraire</strong> pour poursuivre vos lectures et dénicher un livre qui vous passionnera.Aussi, ne vous fiez pas qu’aux suggestions émises entre ces pages : le <strong>libraire</strong>, qu’ilsoit derrière le comptoir ou en train de placer des livres sur les rayons, saura vousaiguiller selon vos préférences. N’hésitez pas: il faut demander conseil, il faut osers’approcher de ce professionnel prêt à partager avec vous sa ferveur littéraire!À l’aube d’une ère où les arts et la culture ne semblent pas prioritaires, l’appuiindéfectible de la SODEC et du Conseil des Arts du Canada à ce projet nous montre àquel point le livre est important à leurs yeux. Pour cette raison, nous leur offrons toutenotre reconnaissance et de chaleureux remerciements.Car oui, le livre est important, que ce soit pour s’évader de la grisaille quotidienne,pour s’indigner collectivement des dérives d’un système économique injuste ouencore simplement pour s’envoler au fil de quelques phrases. Une société qui ne litpas, qui ne s’informe pas, qui ne se questionne pas et qui ne rêve pas n’est que l’ombred’elle-même.Josée-Anne Paradis & Gilles HermanLE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 5


À VOSLIVRESÀ VOS LIVRES, PRÊTS, PARTEZ À LA DÉCOUVERTED’AUTEURS FRANCO-CANADIENS!MARGUERITEANDERSENLa viedevant ellesÉditionsPrise de paroleHÉDIBOURAOUIParis BerbèreÉditionsdu VermillonBERTRANDDUGASBrian Toffudans laprophétiedes cancresÉditions deLa GrandeMaréeCLAUDEFORANDUn moinetrop bavardÉditionsDavidERICKENNEDYUtopiaÉditions deLa Grande MaréeLOUISL’ALLIER<strong>Le</strong>s cendresde l’EtnaÉditionsdu VermillonAURÉLIERESCHPars, Ntangu !ÉditionsDavidMARCSCOTTLégendesautochtonesÉditions duChardon Bleu1-888-320-8070 | avoslivres.ca | www.facebook.com/recf.ca


L’ÉDITORIAL DE STANLEY PÉAN<strong>Le</strong> monde du livreÉcrivain, animateurd’émissions de jazz à Espacemusique, rédacteur en chef dela revue le <strong>libraire</strong>, Stanley Péana publié une vingtaine de livresdestinés au lectorat adulteet jeunesse.Près de vous,le <strong>libraire</strong>Il est un commerçant, certes, mais pas unmarchand comme les autres.Il n’a pas l’ambition de vous vendre dessouliers, des burgers ou des gadgetséphémères: sa caverne d’Ali Baba débordede produits passablement différents desnourritures terrestres. C’est votre <strong>libraire</strong>.Et ses employés et lui ont pour particularité devous offrir des livres… qui ne sont jamais quele support de quelque chose de plus grand :la littérature.Quoiqu’ils fassent partie de notre paysageculturel depuis si longtemps qu’on a arrêté des’en émerveiller, les livres ne sont pas desobjets désuets et sans rapport avec notremonde contemporain, n’en déplaise auxinconditionnels du progrès à tout prix. Je nevoudrais pas jouer les trouble-fêtestechnologiques, mais j’aime bien les propos del’écrivain et essayiste Umberto Eco, dans cetteentrevue accordée à Télérama l’été dernier :« <strong>Le</strong> livre de papier est autonome, alors quel’e-book est un outil dépendant, ne serait-ceque de l’électricité, de rappeler Eco.Robinson Crusoé sur son île aurait eu dequoi lire pendant trente ans avec une biblede Gutenberg. Si elle avait été numériséedans un e-book, il en aurait profité pendantles trois heures d’autonomie de sa batterie.Vous pouvez jeter un livre du cinquièmeétage, vous le retrouverez plus ou moinscomplet en bas. Si vous jetez un e-book, ilsera à coup sûr détruit. Nous pouvonsencore aujourd’hui lire des livres vieux decinq cents ans. En revanche, nous n’avonsaucune preuve scientifique que le livreélectronique puisse durer au-delà de troisou quatre ans. »<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong>, le vrai, l’amoureux des lettres,œuvre depuis des années, voire desdécennies, dans un secteur commercial dontles marges bénéficiaires sont minimes. Sansdoute exerce-t-il son métier par dévouementet par passion, au sens de ces termes qui nousrenvoie à la douleur et au sacrifice.Cela étant dit, même si je le fréquente depuisdes années, pas question pour moi de lecanoniser; de toute façon, la sainteté, ce n’estpas mon truc. <strong>Le</strong> <strong>libraire</strong>, on s’entend, n’est pasun missionnaire, mais à l’instar du pharmacien,c’est un commerçant qui se préoccupe devotre bien, au vrai sens du terme, et de votremieux-être intellectuel et spirituel. Quitte àvous recommander, comme le héros duroman de Gérard Bessette, ces lectures dontd’autres auraient voulu par puritanisme voustaire l’existence.Si vous le fréquentez depuis aussi longtempsque moi, vous savez que votre <strong>libraire</strong> vousconnaît autant qu’il connaît vos goûts, vosbesoins essentiels, il les devine et les anticipeà l’occasion. Il a pignon sur rue près de chezvous; et parce qu’il ne lève pas le nez sur leprogrès, lui aussi a aussi une enseigne virtuelleet vous offre également ses produits surplateforme numérique.Et même si nos autorités gouvernementaleshésitent sous de fallacieux prétextes àreconnaître le caractère particulier de sonmétier et des produits qu’il vend, même si ellesrefusent de réglementer le commerce de sesproduits comme on le fait pour la bière, vousvous doutez bien que ce qu’il vous propose estune denrée essentielle, sans prix… mais dontla prospérité dépendrait néanmoins d’uneréglementation équitable sur le prix.LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 7


L E L I B R A I R E C R A Q U E !littérature québécoise | poésieL’AMOURDES MAÎTRESAfin de fuir l’emprise desa mère, Agnès, en quêtede liberté, entreprend depoursuivre des études en littérature dans lagrande ville. De tout temps, elle a cherché lareconnaissance et un refuge affectif auprès deses professeurs. Entrer dans l’univers des grandspenseurs peut s’avérer un exercice douloureux,surtout quand la figure du maître qui nous endonne l’accès revêt le statut de Tout-Puissant.Mélissa Grégoire sonde le sentiment d’insécurité qui habite sanarratrice. Ainsi confrontée à ses faiblesses, celle-ci n’en ressort queplus humaine. Un premier roman profond et instinctif.Véronique Grondin Du CentreMélissa Grégoire, <strong>Le</strong>méac, 246 p., 25,95$BALDAML’IMPROBABLE« Vivez vide si vous n’avezpas le choix, mais vivezvite », dit la mère à ses« enfants doubles ». Dans la course vers lecercle 5000, seule l’intensité, ou plutôtl’apparence de l’intensité, peut vous apporter laréussite. Réussite toute relative d’ailleurs,puisqu’elle ne mène à rien sinon à provoquerl’envie d’autrui. Dans un monde superficiel etavide de performance, où l’on mise sur lesindividus comme s’ils étaient des chevaux, le succès de Mas Baldam,jeune père de famille qui transcende les standards de la banalité,est plus qu’improbable. Et pourtant...Marie-Ève Pichette PantouteCarle Coppens, <strong>Le</strong> Quartanier, 440 p., 27,95$STIGMATES ET BBQ Surprise de taille : lepersonnage principaldu nouveau livre de Stéphane Dompierre estune femme. C’est la première fois queDompierre conjugue son style incisif, sonirrévérence et son humour au féminin, et çamarche! Lors d’un voyage à Sienne,l’introvertie Nathalie Duguay noue unesurprenante amitié et voit rapidementexploser sa routine. Catapultée en dehors desa zone de confort, elle vivra une série depéripéties étonnantes qui l’amèneront à remettre en question seschoix de vie. N’hésitez pas et tombez, une fois de plus, sous lecharme de l’écriture de Stéphane Dompierre!Hélène Talbot Librairie Boutique VénusStéphane Dompierre, Québec Amérique, 252 p., 19,95$BUREAU UNIVERSELDES COPYRIGHTSSous la magnifiqueœuvre de Lino quiillustre la pagecouverture, vous découvrirez un récit pour lemoins étonnant. Vous serez transporté dans lescoulisses de ce roman, dans un monde où l’onne s’appartient plus, où tout a un copyright. <strong>Le</strong>personnage y apprend qu’il ne se possède paslui-même et qu’il n’est qu’un « vaste chantierd’amusement » pour l’auteur. À travers leparcours chaotique du personnage, le romansoulève plusieurs questions intéressantes sur l’art et la littérature,mais aussi, et principalement, sur la liberté. Un romandéstabilisant, amusant et intelligent. Hélène Lépinay-Thomas AlireBertrand Laverdure, La Peuplade, 142 p., 20,95$10 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011POUR DE VRAI Au fil de ses productions,le poète Patrice Desbiens asu imposer, avec une désarmante économie demots, une poésie unique dont la matièrepremière demeure le réel tout cru. <strong>Le</strong> derniertitre, Pour de vrai, composé d’images toujoursaussi fortes, s’inscrit dans cette lignée. Dédié àla mémoire de quelques « vrais », disparus aucours des deux dernières années, ce recueilpose un regard troublant sur un monde où « la vie est tombée surla tête » et devant lequel le poète, toujours aussi génialementinterloqué, est en droit de se demander: « C’est quoi / ? / lajoke / ? » Christian Girard PantoutePatrice Desbiens, L’Oie de Cravan, 60 p., 14$LA TENDRESSE ATTENDRA Voilà un romandont l’écrituresort de l’ordinaire! L’écrivain Matthieu Simardparvient à nous faire ressentir les émotionsvécues par ses personnages, par ailleursattachants. <strong>Le</strong> personnage principal, pour lequelon éprouve de la compassion, devient un amiqu’on a envie de prendre dans ses bras.L’intrigue de l’histoire saura plaire sans aucundoute. L’auteur nous fait réfléchir sur ladétresse humaine et nous propose une fin qui invite àl’introspection. Geneviève Dumont A à ZMatthieu Simard, Stanké, 208 p., 19,95$


L E L I B R A I R E C R A Q U E !littérature québécoise | poésieLES CŒURS TIGRÉS Fusion aboutie du romanhistorique et du thrillermédical, <strong>Le</strong>s cœurs tigrés est teinté de la passionde l’auteur pour sa profession, sa ville, son passé.Yves Morin, cardiologue de Québec à la retraite,nous offre un récit inspiré d’une histoire vraie quia fait beaucoup jaser dans les années 60 : lavingtaine de décès liés à la consommation de labière Dow. Il nous invite à participer au combatobstiné mené en parallèle – quoiqu’à trois sièclesd’intervalle – par deux médecins de l’Hôtel-Dieu deQuébec pour trouver la cause d’une nouvelle maladie mortelle : les cœurstigrés. Monsieur Morin, en grand artiste, parvient à rendre aussicaptivante qu’un suspense cette initiation aux enquêtes médicales touten nous offrant une exquise leçon d’histoire. Christian Vachon PantouteYves Morin, Septentrion, 452 p., 29,95$PIMENT DE CAYENNE ET POUDING CHÔMEUR.LA VIE ÉPICÉE DE CHARLOTTE LAVIGNE (T. 1)Sachant que ce livre parlait de bons soupers, devin et de produits du terroir québécois, je n’aipu faire autrement que de m’en emparer. Ce futune lecture totalement « épicée », divertissanteà souhait, même pour moi qui suis une piètrecuisinière. Rien de tel que de suivre les amoursde Charlotte et ses aspirations professionnellespour se détendre après le travail. Véritable odeà l’amitié que cet ouvrage dont j’attends impatiemment le deuxièmetome. Petit plus : les citations sont un vrai délice!Isabelle Prévost Lamoureux La Maison de l’ÉducationNathalie Roy, Libre Expression, 384 p., 24,95$GÉNÉRATION PENDUE Sur un fond d’effluvesmarins, de plages etde grands espaces, nous suivons Mael dans letumulte de sa vie. Une vie fragile comme uncoquillage. Mael nous raconte son adolescencedifficile : vivre ou ne pas vivre? Elle n’est pasla seule à être confrontée à ce dilemme. Sonentourage ayant des tendances suicidaires, lajeune fille perdra de nombreux amis.Découvrira-t-elle qu’elle tient à la vie? Unroman sur la dure réalité du suicide chez lesadolescents et aussi chez les plus vieux. Des bouts de vies qui netiennent qu’à un mince fil d’espoir, d’amour et d’amitié.Annie Proulx A à ZMyriam Caron, <strong>Le</strong>méac, 208 p., 21,95$LA PORTE DU CIEL Selon moi, La porte duciel est LE livre à lirecette année. <strong>Le</strong> style de l’auteure, déjà bienpeaufiné dans ses deux premiers romans,atteint ici la perfection. L’histoire se dérouleaux États-Unis, en Louisiane, à l’aube de laguerre civile. <strong>Le</strong> roman, construit autour del’image de la courtepointe, nous transportedes champs de coton avec ses esclaves, à lamaison des maîtres et des riches propriétaires,en passant par les marais louisianais où le prêtre tient àconstruire son église. <strong>Le</strong> tout dans une mosaïque flamboyante etgéniale. Si ce n’est pas déjà fait, ouvrez La porte du ciel!Shannon Desbiens <strong>Le</strong>s BouquinistesENTRE LA VILLEET L’ÉCORCEDominique Fortier, Alto, 288 p., 24,95$Comédien, scénariste etréalisateur, Robin Aubertajoute une autre corde àson arc avec un premier recueil de poèmesparu cet automne, Entre la ville et l’écorce.Coincé dans cet étau, le poète tented’émerger, poussé par la seule force de sasensibilité. Cet essor se voit toutefois vitedressé contre la rudesse du monde et, la voixécorchée par cette rencontre, le poèteparvient, malgré tout, à partager une indéniable soif de vivre. Dece choc naît une poésie empreinte d’une certaine naïveté, maisd’où fusent des images vibrantes comme autant d’éclats issus d’unbloc d’émotions brutes. Christian Girard PantouteRobin Aubert, L’Oie de Cravan, 122 p., 14$FAIRE DES ENFANTS C’est l’histoire dePhilippe qui souffrede la haine de soi, une haine si profonde qu’ilrefuse qu’on associe son nom auxcompliments, et qui trouve réconfort dans lesattouchements. C’est l’histoire à retardementd’une frénétique anesthésie dans la drogueet la prostitution violente. C’est l’histoire del’incompréhension de ses parents quant auternissement de cette vie qu’ils ont donnée,chérie, protégée. C’est l’histoire d’un texte dela relève qui arrache maintes et maintes fois le pansementappliqué sur les plaies d’une génération. Une histoire dure,suturée de mots coup de poing, mais vitale, palpitante deréalisme, de lyrisme. Et nécessaire. Guylaine Jacob PantouteÉric Noël, <strong>Le</strong>méac, 96 p., 12,95$LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 11


ENTREVUElittérature québécoiseP E R R I N E L E B L A N CÀ marquer d’une pierre blanche<strong>Le</strong> Prix littéraire du Gouverneur général couronne une année fastepour Perrine <strong>Le</strong>blanc, auteure de L’homme blanc, premier romanrappelant que la grandeur d’une œuvre tient autant à ce qu’elleest qu’à ce qu’elle refuse d’être. Regard dans le rétroviseur avecla nouvelle grande voix de la littérature québécoise.Par Dominic Tardif12 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011Malgré la sinusite paralysante qui l’assaille, malgré la séance photodu lendemain qui l’angoisse un brin (« Au moins, je n’ai pas à mesoucier de mes cheveux. Ils veulent me mettre un chapeau de fourruresur la tête! »), Perrine <strong>Le</strong>blanc, auteure de L’homme blanc, LE romande la rentrée 2010, déballe ses réponses en de longues réflexionsexpansives, revient, corrige, taille soigneusement des phrasesponctuées de nombreuses pauses. Effet revigorant d’une joyeuse dosed’échinacée? Pas exactement. L’écrivaine a appris il y a tout justequelques jours qu’elle est la lauréate 2011 du Prix littéraire duGouverneur général, catégorie romans et nouvelles. De quoi oublierla congestion nasale. « Tu veux savoir ce que ça me fait, comment j’airéagi? », lance l’écrivaine, répétant mot pour mot notre question, avantd’éclater d’un rire incrédule. « C’est immense! D’autant plus que lejury avait vraiment fait une belle sélection. J’ai des amis parmi lesautres finalistes. Déjà d’être sur cette liste c’était fort, c’était beau. »Encensé par la critique, couronné par le Grand Prix du livre deMontréal, L’homme blanc a été repris en France par la mythiquemaison Gallimard dans la non moins mythique collection « Blanche »sous le titre Kolia, du prénom de son héros. L’auteure cueille sonpersonnage principal au goulag sibérien, dans les déjections de samère, puis le regarde tromper la mort et devenir un homme tant bienque mal en apprenant le métier de clown au cirque d’État.Mais rassurez-vous, L’homme blanc n’a rien d’une tartine sur larésilience. Un livre qui prend le parti du non-dit – l’arrimage entre laforme (circonspecte) et le fond (une U.R.S.S. du secret et dusilence) éblouit – et qui aura beaucoup été louangé, constate-t-onen feuilletant la revue de presse, pour ce qu’il n’est pas.© G u i l l a u m e S i m o n e a u


Pas autobiographique, pas accablé par les défauts typiques d’un premierroman (son refus de l’emphase est assez catégorique), pas québécois dansle sujet (« Mais je ne suis pas la seule à m’intéresser à l’Autre », note<strong>Le</strong>blanc, avant de citer en exemple Mélanie Vincelette et Alain Beaulieu,tous deux finalistes au Prix du GG).<strong>Le</strong> récit n’est pas non plus ancré, autre objet de fascination, dans uneexpérience empirique du pays où l’action se déploie. Comment réussit-on àécrire un roman aussi juste avec, pour seule arme, une connaissanceessentiellement livresque de la Russie? «Ma connaissance de la Russien’est pas essentiellement livresque », corrige la principale intéressée,turlupinée par notre choix de mots, avant d’enchaîner avec un beauplaidoyer : « Ma connaissance de la Russie est intuitive, c’est encore plusimportant. <strong>Le</strong> romancier, c’est d’abord quelqu’un qui rêve, qui pense, quise projette. Je n’ai pas besoin d’aller en Russie pour savoir ce que c’est dela neige, pour connaître le froid. Je n’ai pas besoin d’aller en Russie poursavoir ce que c’est être enfermée; on peut l’être chez soi. Je travaillel’imaginaire, je crois au pouvoir de l’imagination. J’ai mis le récit sur papieravant de faire des recherches ponctuelles qui venaient le servir. »« Je l’ai déjà dit et je le redis, j’avais besoin d’aller ailleurs, de me dépayserpour trouver ma voix littéraire, poursuit-elle, et ça voulait dire, entre autres,suivre un personnage masculin. Pourquoi la Russie? Parce que ça fait unequinzaine d’années que je m’y intéresse. Mais je ne suis pas une spécialistede l’histoire, de la littérature ou de la politique russe. Je suis surtout fascinéepar sa culture et par son folklore. Je m’y intéresse en curieuse. »Pas schizophrène« Je n’entends pas de voix, je ne suis pas schizophrène », plaisante Perrine<strong>Le</strong>blanc lorsqu’on aborde la question de son prochain roman. C’est que lesarticles publiés en marge de la parution de L’homme blanc rendaient compted’un projet articulé autour de « voix de femmes assassinées ».« Je voulais juste dire que je ne ferai pas L’homme blanc 2. C’est une autrerespiration. Disons que je mets en scène des voix de femmes qui, parailleurs, sont mortes », précise-t-elle avant de pouffer, comme si elle mesuraitpour la première fois la gravité du sujet. « J’ai fait un mémoire de maîtrisesur L’empreinte de l’ange de Nancy Huston. Huston a ceci de particulierqu’elle se réinvente sur le plan narratif à chaque roman. Je trouve çaintéressant comme démarche de romancier. C’est une bonne idée d’avoirun autre souffle, une autre respiration à chaque livre. »L’HOMME BLANC<strong>Le</strong> Quartanier184 p. | 21,95$Dominique FORTIERLa porte du ciel« L’histoire est irrésistible, triste et bellecomme un blues. » HHHHVoir« Dominique Fortier s’est imposée dans lacourte liste des auteurs incontournables. »La PresseChristine EDDIEParapluies« Une étourdissante comédie des erreurs,avec juste ce qu’il faut de chassés-croisés, dequiproquos et d’erreurs sur la personne pourmystifier ses personnages – et réjouir lelecteur. »L’Actualité« Christine Eddie enchante, éblouit,avec Parapluies. »<strong>Le</strong> DevoirKaroline GEORGESSous bétonPremière sélection duPrix des <strong>libraire</strong>s du Québec 2011« L’OVNI littéraire de la rentrée »<strong>Le</strong> Devoir« Il se pourrait bien que Karoline Georgesait créé un nouveau genre... »La PresseCatherine LEROUXLa marche en forêtPremière sélection duPrix des <strong>libraire</strong>s du Québec 2011« Une étonnante première œuvre, portéepar une écriture d'une forte maturité, [...]Un roman à lire, un nom à retenir. »<strong>Le</strong> Devoirwww.editionsalto.comLE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 13


L E L I B R A I R E C R A Q U E !littérature québécoise | poésie14 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011Dépoussiérezvos idées surle féminisme…www.editions-rm.caL’équipe de la librairie <strong>Le</strong> Fureteurvous souhaite un merveilleuxtemps des fêtes!Choix de qualitéService de commandesEmballages-cadeauxEncouragez la <strong>Le</strong>cture en cadeauDécouvrez notre site : www.librairielefureteur.caet visitez-nous sur450-465-5597ROUGES« Sans poésie je suisimpossible » : d’emblée lerecueil de Jean-François <strong>Le</strong>blanc nous amène aucœur de l’avènement d’un moi qui se révèle àlui-même et à la poésie, qui se redéfinit sanscesse dans un désir de clarté immense, infini.À travers un discours qui se veut à la fois intimeet vaste, on sent la nécessité d’une parolemouvante, de dire et de redire la mort, larupture. C’est véritablement ce besoin de poésie,d’une poésie, qui confère toute sa lucidité aux vers, criant unevérité à ne plus taire. Rouges est le témoignage épars d’un verbe àl’aube de sa puissance. Raphaëlle Beauregard AlireLE ROMAN DELA RÉALITÉJean-François <strong>Le</strong>blanc, Du Noroît, 64 p., 16,95$N’eut été que le titreexiste déjà, ce recueilde poésie de Michel Gayaurait pu s’appeler <strong>Le</strong> livre des questions. Engrand sceptique, l’auteur sonde les mots et leur(la) réalité. Ils sont étudiés, retournés, délités,mais le doute subsiste toujours. Et pourtant ilressort de cette poésie un souffle de luciditéqui pacifie le chaos. Du « silence, qui est lebruit de la nuit » sourd l’intuition qu’il y aautre chose que la raison pour saisir le monde.<strong>Le</strong> roman est imagination, l’imagination est invention. C’est eninventant sa réalité que le poète avance en posant quelques pierressur son chemin. Guy Marchamps Clément MorinMichel Gay, L’Hexagone, 104 p., 19,95$QUAI 31<strong>Le</strong>ur île inondée, descentaines de personness’entassent sur un bateau et accostent auquai 31. <strong>Le</strong> destin de ces réfugiés reposedésormais entre les mains des autorités. Échinecomprendra peu à peu les lois tacites et lestravers du monde dans lequel il a débarqué.Vite étiqueté comme un « sans terre », lependant de nos immigrés, il devra sedébrouiller pour avancer et interagir avec leshabitants de son pays d’adoption malgré toutce qui les divise. La sublime écriture de Marisol Drouin renforce leclimat malsain de cet univers où l’amour, la maladie et la famillene correspondent en rien à nos repères habituels.Sylvianne Blanchette VaugeoisMarisol Drouin, La Peuplade, 120 p., 19,95$


75P R I X D U G O U V E R N E U R G É N É R A Lans de distinction littéraireARTICLEEn 1936, lorsque la Canadian Authors Association remet le premier Prix du Gouverneur général (GG) à l’écrivain Bertram Brooker, elle est loinde se douter que, 75 ans plus tard, cette récompense deviendra la distinction littéraire la plus importante au Canada. Aujourd’hui, plus de621 ouvrages portent le prestigieux sceau doré et plusieurs grands noms de notre littérature sont titulaires d’un, sinon de plusieurs, GG.Or, saviez-vous qu’à ses débuts, le Prix littéraire du Gouverneurgénéral ne récompensait que les auteurs anglophones? Et qu’il n’étaitpas accompagné d’une bourse? Il a fallu attendre 1959 pour que leConseil des Arts du Canada (fondé en 1957) prenne les rênes et décidede créer de nouvelles catégories, au sein desquelles les ouvragesfrancophones ont trouvé leur place. Cette année-là, André Girouxdevient le premier auteur de fiction francophone à recevoir le Prix duGouverneur général avec son recueil de nouvelles Malgré tout, la joie.Toujours en 1959, Félix-Antoine Savard (l’auteur de Menaud, maîtredraveur)remporte un GG dans la catégorie essais francophones pour<strong>Le</strong> barachois.Désormais, à chaque édition du prix, des centaines d’ouvrages sontacheminés aux sept comités chargés de sélectionner les finalistes et lesgagnants francophones (un comité par catégorie : romans et nouvelles,poésie, théâtre, essais, littérature jeunesse-texte, littérature jeunesseillustrationset traduction). Pour les GG 2011, ce sont 682 ouvrages enfrançais qui ont été examinés par les jurés (et 1002en anglais).SAVIEZ-VOUS QUE…Marie-Claire Blais a remportéle Prix du Gouverneur généralà quatre reprises: en 1968, pourManuscrits de Pauline Archange, en1979, pour <strong>Le</strong> sourd dans la ville,en 1996, pour Soifs, et finalement,en 2008, pour Naissancede Rebecca à l’èredes tourments.Par Cynthia BrissonCôté bourse aussi, les choses ontbien changé depuis 1936. En 2011,la valeur annuelle des prix s’élèveà 450 000$. <strong>Le</strong>s gagnants desquatorze catégories repartent ainsiavec une bourse de 25000$, tandisque leur éditeur reçoit 3000$ pourpromouvoir l’ouvrage primé. <strong>Le</strong>s finalistesne sont pas en reste, puisqu’ils obtiennent unprix de consolation de 1000$.SAVIEZ-VOUS QUE…En 1969, Hubert Aquin estsélectionné comme lauréatpour Trou de mémoire, maisl’écrivain refuse le prix pourdes raisons politiques. Il seraimité l’année suivante parFernand Ouellette.Pour l’organisme fédéral qui chapeaute les GG, il s’agit d’un soutienfinancier plus que justifié : « Notre investissement a pour but desoutenir un développement durable de la littérature, dans toute sadiversité et ses réalités », explique Arash Mohtashami-Maali, chef duService des lettres et de l’édition du Conseil des Arts du Canada.« Nous pensons que les écrivains contribuent à l’avancement de laculture collective et nous les soutenons, car nous savonsqu’ils sont les ambassadeurs de la pensée de leur milieu,de leur communauté, de leur époque, de leur province,de leur pays… et notre mandat est de les aider à établirun lien avec les communautés, leur époque, leurpays… », ajoute-t-il.LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 15


ENTREVUElittérature québécoiseJ O C E LY N E S A U C I E RPromenons-nousdans les boisTrente ans que Jocelyne Saucier fait du roman. Loin desmédias et du glamour littéraire, dans ses terres d’écritureen Abitibi, discrète, elle fait son chemin, un livre à la fois.Et voilà qu’Il pleuvait des oiseaux, son quatrième roman,vient de récolter le Prix des cinq continents de laFrancophonie 2011.Par Catherine Lalonde16 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011Jocelyne Saucier devient la première Québécoise àremporter ce prestigieux Prix des cinq continents. <strong>Le</strong> jury,qui incluait Lyonel Trouillot, Jean-Marie <strong>Le</strong> Clézio et notreLise Bissonnette, a préféré son livre à ceux de Fatou Diomeet du « goncourisé » Atiq Rahimi. Jocelyne Saucier l’a déjàdit, sans prétention ni fausse modestie : elle sait quand elletient un bon roman. N’empêche, elle était inquiète quandelle a présenté Il pleuvait des oiseaux à son éditeur, confiet-elleau bout du fil, de sa voix à la fois rieuse et anxieuse :« Une fiction qui met en scène des vieillards en pleine forêt,c’est pas dans l’air du temps! » Ce roman, qui tientdavantage du conte, met en scène des ermites, Tom etCharlie, qui, à eux deux, ont presque deux siècles d’âge.Reclus dans leurs cabanes entre les arbres au bord du lac,ils espèrent mourir de leur mort. Boychuck, vieux compèreblessé à l’âme, vient de passer l’arme à gauche, lorsqu’unephotographe à la recherche de ce survivant des GrandsFeux de Matheson viendra ébranler la quiétude de lacommunauté du lac. Celle-ci sera bousculée, mais finira parrevivre, malgré la mort qui rôde toujours, malgré lamémoire de Boychuck, malgré les malheurs précédents.


Il pleuvait des oiseaux parle ainsi autant de solidarité que de solitude; del’inévitabilité et de la beauté pas toujours romantique de la vieillesse; dela capacité à reconstruire son bonheur.PENSER L’AUTRE AUTREMENT© CyclopesJocelyne Saucier adore les anecdotes de la petite histoire. Comme cesspectaculaires Grands Feux qui, dans les années 1920, ont rasé desvillages, des vies et des acres dans le Nord de l’Ontario : « Pourtant je nesuis pas passéiste, précise l’auteure. Je pense qu’en fin de compte, j’aimeles longues histoires de vie, prises du début à la fin. Ça m’a tellementbouleversée, ces Grands Feux. L’image la plus forte qui me reste, c’estqu’après ces incendies qui dévastaient tout sur des centaines dekilomètres, le lendemain, ce qu’on entendait, c’était le bruit desmarteaux. <strong>Le</strong>s gens reconstruisaient tout de suite. Ils s’installaient làparce qu’ils avaient l’espoir du pays, parce que la terre était riche en sonsous-sol et ils le savaient. Ils restaient. » Saucier a déjà tissé le passé etle présent dans <strong>Le</strong>s héritiers de la mine (XYZ éditeur) et dans Jeanne surles routes (XYZ éditeur), dans lesquels elle revenait sur le passécommuniste de Rouyn-Noranda, maintenant occulté. Celle qui a étéjournaliste dans sa région pendant plus de dix ans ne se lasse pasd’effectuer des recherches pour ses romans. Elle y traque le détail : « Cesont des toiles de fond. Mais il faut en user avec modération, pour queça nourrisse l’imaginaire sans le paralyser. »« Il faut lire, écrire et vivre », dit tout simplement Jocelyne Saucier. Ellemêmea un jour tout largué pour vraiment s’y mettre : « J’ai écrit, commeplein de monde, à travers le travail, les enfants, l’argent, la mort, la vie...Je faisais des contrats pour obtenir du chômage et alors j’écrivais quandles enfants étaient à l’école, de 9h à 16h, de septembre à juin. J’ai encorece rythme scolaire. Une amie me dit que j’écris comme si j’étais àl’usine... » Si cet honneur des « cinq continents » vient bouleverser cerythme immuable, Jocelyne Saucier le savoure. « Tout le temps que jefaisais ce livre, quelque chose avait mal en moi d’avoir pris cette décision,il y a trente ans, d’écrire du roman. J’en étais à me demander si c’étaitsimplement un entêtement aveugle de ma part. <strong>Le</strong> prix vient comme unbaume. » L’écrivaine prépare actuellement son voyage, puisque le prixlui vaut de participer à une rencontre d’auteurs au Sénégal. Elle litMont Plaisant (Philippe Rey éditeur), du Camerounais Patrice Nganang,qui a remporté une mention spéciale. « C’est très fleuri, très différent. Cequi me fait plaisir, c’est qu’Il pleuvait des oiseaux est une histoireéminemment nordique, qui va être lue grâce à ce prix sous les palmiers,dans une cour au Sénégal, en Tunisie... Ça me fait plaisir que ce roman,qui porte la culture, l’esprit, la vitalité, l’énergie du Nord, soit lu à traversle prisme d’autres cultures, d’autres imaginaires. »IL PLEUVAITDES OISEAUXXYZ éditeur184 p. | 22$www.memoiredencrier.comw.SorooGary VictorUn polarvaudou bouleversantControverse cubaineentree letabacet le sucreFernando Ortiz<strong>Le</strong> grand livrede Cuba<strong>Le</strong>s latrinesMakenzy OrcelUne plongée dansles bas-fondssde Port-au-Prince<strong>Le</strong>s Printemps arabesabMichel Peterson (dir.)Un printemps nouveaupour tous les peuples112601260 Bélanger, bureau 201, Montréal, Québec H2S 1H9info@memoiredencrier.commoiredencrier.comTél. : 514 989-1491, Télec. : 514 938-9217LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 17


YVES BEAUCHEMINEMIUCHLa serveuse euse du Café CherrierEN LIBRAIRIE RIE LE 2 NOVEMBRE


I C I C O M M E A I L L E U R SÉcrivain, animateurd’émissions de jazz à Espacemusique, rédacteur en chefde la revue le <strong>libraire</strong>,Stanley Péan a publié unevingtaine de livres destinésau lectorat adulte etjeunesse.LA CHRONIQUE DE STANLEY PÉANlittérature québécoise<strong>Le</strong> monde est sans pitié« Nous vivons une époque épique et nous n’avons plus rien d’épique »,affirmait avec véhémence Léo Ferré, qui serait sans doute attristé deconstater que rien ne semble avoir changé, sinon peut-être pour lepire. À la crise économique qui perdure correspond une crise desvaleurs, qui se révèle un terreau propice pour lesdérives comme celle dont témoigne le roman deCarle Coppens.<strong>Le</strong> héros éponyme de Baldam l’improbable esttesteur en chef dans une importante entreprise etdoit « générer de l’avant » pour gravir les échelonsvers la réussite. En somme, Mas Baldam vit dansune sorte de téléréalité à ciel ouvert, où descapteurs (caméras de surveillance) disposés à tousles coins de rue permettent de mesurer leclassement de chaque individu au palmarès social.Bienvenue dans ce cauchemar du personalbranding, où des juges et des jurés se repassentinlassablement les bandes enregistrées de la viede simples citoyens pour noter l’intensité duBALDAML’IMPROBABLECarle Coppens<strong>Le</strong> Quartanier440 p. | 27,95$moindre geste, de la moindre émotion éprouvée ou simulée. Oncomplète ensuite le pointage grâce à la collecte d’information privéeet au bulletin d’intimité que tous et chacun doivent remplir en vued’atteindre le summum de la notoriété, le fameux Cercle 5000.« Votre position au classement dépend ainsi de l’interaction de cesméthodes d’évaluation, imparfaites, je ne le discute pas, maispréférables à l’arbitraire qui permettait jusqu’ici à certains de réussirleur vie alors que d’autres échouaient, sans que personne sacheprécisément pourquoi », peut-on lire sous la plume glaciale de CarleCoppens, qui gagne son pain dans le milieu de la publicité, mais qu’onconnaît surtout pour ses recueils de poésie. (<strong>Le</strong> premier, Poèmescontre la montre, lui avait valu le prix Émile-Nelligan en 1996).À première vue, la prémisse et les thématiques de ce premier romanne sont pas tout à fait neuves – à l’amateur de speculative fiction, ellesrappelleront tour à tour le fameux 1984 de George Orwell, la nouvelle« <strong>Le</strong> prix du danger » de Robert Sheckley dont Stephen King sembles’être inspiré pour écrire son Running Man, sans oublier l’épisodeSpecial Delivery de la série « The Twilight Zone » des années 1980,dont on avait cru déceler l’influence dans le film The Truman Show dePeter Weir.Faisant fi des similarités avec les œuvres susnommées qui sont,finalement, bien superficielles, Carle Coppens développe ces idéescourantes avec beaucoup d’aplomb et une certaine ingéniositésatirique, qui s’exerce aux dépens de notre époque où la popularitése mesure au nombre d’« amis » Facebook et d’« abonnés » Twitter.Je n’en citerais pour preuve que la table des équivalences des querellesamoureuses que nous propose le romancier : un bijou d’ironiegrinçante! D’ailleurs, comme le notait Catherine Lalonde dans<strong>Le</strong> Devoir, les interrogations soulevées dans le roman avaient déjà étéévoquées par Coppens dans son deuxième recueil de poésie, <strong>Le</strong> grandlivre des entorses : « Si l’on vous promettait un meilleur rendement/seriez-vous disposé à changer la marque de vos aspirations?/Vousporterez-vous acquéreur d’un malaise/de catégorie supérieure dansles trois prochains mois? »Évidemment, dans ce monde où tout individu aspire à être reconnucomme extraordinaire, Mas Baldam fait figure d’antihéros; plus oumoins heureux dans son mariage avec Alice (prénom qui est en soitune piste), dénué de réelle ambition, notre homme se démarque aufond en étant « extraordinairement moyen ». En un sens, Baldam, c’estMeursault inscrit plus ou moins contre son gré à Occupation Doubleet Star Académie. Et ce roman se révèle une amusante biopsie denotre époque narcissique, en deuil d’icônes et d’objets de vénérationtranscendants.LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 19


· 14 grands livres· 600 autres· 75 ans· 1 site webconseildesarts.caprixlittéraires dugouverneurgénéral 2011deWitt<strong>Le</strong>blancHallDupréChauretteShieldsMerolaForanMooreYoungWardaFournierWinkler<strong>Le</strong>rouxQuels sont vos trois livres favoris parmi les GG?Adoptez l’application Mes GG préférés et partagez vos favorisavec amis et admirateurs sur Facebook.Suivez-nous sur Twitter @conseilartscan #GG201175 ansdeggrandslivres


B I L A N2 0 11I L A N 2 0 1 1En cette saison des bilans annuels, l’équipe du <strong>libraire</strong> profite de ce numéro hors série consacré àla littérature québécoise pour jeter un regard en arrière et ausculter, une ultime fois, la productiondes douze derniers mois. Or, qui dit bilan dit aussi choix. Il a bien sûr fallu trancher. Certains ouvragesà grand tirage ont cédé leur place à des titres qui, à défaut d’avoir été publié en grande quantité,ont été de grande qualité. L’expertise de nos <strong>libraire</strong>s et de nos chroniqueurs nous a aidés à naviguerdans cette abondante cuvée 2011. Sur ce, bonne lecture… et bonne année!<strong>Le</strong> livre de l’année selon...©Perry MahGeorges Laraque :Ancien attaquant des Canadiens de Montréal,Georges Laraque se dévoile dans sa toute récenteautobiographie intitulée La force d’y croire.©Hans Laurendeau,Shoot StudioNormand Laprise :Chef au prestigieux restaurant Toqué! et juge àl’émission <strong>Le</strong>s Chefs!, Normand Laprise estégalement porte-parole pour La Tablée des Chefs,organisme qui lutte contre la faim.CrudessenceDavid Côté et Mathieu Gallant(De l’Homme)« Un livre qui regroupe 180 recettes simples et quidonne le goût de vivre, de manger et de prendresa santé en main! »60 biscuits chinois<strong>Le</strong>w Yung-Chien (Du passage)« Un petit bijou que j’ai découvert grâce à uneamie. <strong>Le</strong> livre donne des petits moments debonheur et offre des pensées positives aux gensqui sont toujours à la course (comme moi) et quin’arrivent pas toujours à lire de longs bouquins. »©J. HébertPierre Chastenay :Visage bien connu du milieu scientifique,l’astronome Pierre Chastenay anime <strong>Le</strong> codeChastenay depuis 2008.©Valérie Jodoin-KeatonMara Temblay :Auteure-compositrice-interprète, Mara Tremblayen aura charmé plus d’un avec la fougue de samusique. Récemment, elle a publié son premierroman, Mon amoureux est une maison d’automne.Chroniques des années-lumièreLaurent Drissen (MultiMondes)« Laurent Drissen a mis par écrit, dans un style clairet vivant, le contenu de ses excellentes chroniquesà l’émission <strong>Le</strong>s Années lumière. Pour tout savoirsur l’actualité astronomique et comprendre le cielau-dessus de nos têtes! »GuyanaÉlise Turcotte (<strong>Le</strong>méac)« Un croisement merveilleusement bien ficeléentre les perceptions de l’adulte et de l’enfantau sujet de la mort et la confiance. Élise Turcotte,toujours avec une grande sensibilité, décritl’intérieur émotif de l’humain. »©Martine DoyonStéphane Dompierre :Auteur, blogueur et chroniqueur, on reconnaîtsa plume incisive dans son dernier-né : Stigmateset BBQ. Depuis Un petit pas pour l’homme,Dompierre a conquis plusieurs lecteurs en mald’histoires urbaines.Hongrie-Hollywood ExpressÉric Plamondon (<strong>Le</strong> Quartanier)« Hongrie-Hollywood Express est à la fois décalé,déjanté et profond. Dans le style unique dePlamondon, ce livre se pose hors des sentiersbattus.»© <strong>Le</strong> Quartanier /Frédérick DuchesneSamuel Archibald :Grâce à Arvida, Samuel Archibald s’est affichéen 2011 sur la scène littéraire. Professeur àl’UQAM, il travaille également à un nouveauroman intitulé 1994.AtavismesRaymond Bock (<strong>Le</strong> Quartanier)« Un grand chant fou de l’histoire, de l’hommerieet du territoire comme on n’en avait plus entendudepuis trop longtemps. »LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 21


22 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011B I L A N 2 0 1 1L I T T É R A T U R E Q U É B É C O I S EEN 2011, VOTRE LIBRAIRE A PRÉFÉRÉ :U É BÉPar Dominique C<strong>Le</strong>mieuxOLa plus belle plume de l’année :L’homme de la SaskatchewanJacques Poulin (<strong>Le</strong>méac)Choix convenu? Peut-être, mais Jacques Poulinbricole l’écriture comme nul autre. Chaque fois, onest séduit par sa délicatesse, sa précision, sonrythme et son sens inné de la narration. LireL’homme de la Saskatchewan, c’est décrocher, pourun moment, de la froideur des matins d’hiver.ArvidaSamuel Archibald (<strong>Le</strong> Quartanier)Quel conteur cet Archibald! Arvida, c’est leplaisir de se faire raconter des histoires. DesMonts-Valin au Japon, on les dévore toutes.À découvrir!Jean-Philip Guy Du SoleilDes retours attendus... et réussis :Qui de nous deux? | Gilles Archambault | BoréalClandestino | Sergio Kokis | Lévesque éditeurVoyage au Maghreb en l’an mil quatre cent del’Hégire | Louis Gauthier | Fides<strong>Le</strong> seul instant | Robert Lalonde | BoréalS’enfuir, prendre la route, décrocher du quotidien. Pasde doute, les écrivains sont les meilleurs compagnonsde voyage. Tantôt ils nous guident au nord du 60 eparallèle, tantôt ils bifurquent vers un Montréalméconnu. Dans le passé, dans le présent, ici ou ailleurs,peu importe. Allez, en voiture!C’est justement sur une autorouteenneigée qu’on s’élance avec <strong>Le</strong> sablierdes solitudes de Jean-SimonDesRochers (<strong>Le</strong>s Herbes rouges), letemps d’un carambolage monstre.DesRochers met ainsi en scène treizepersonnages impliqués dans lacatastrophe. Du camionneur américainà la soldate traumatisée, de la masseuse au ministre,DesRochers réussit un autre tour de force, un romanchoral aussi inventif que La canicule des pauvres.La grande Abla Farhoud signe aussi un romanpolyphonique, campé au cœur de la Métropole. <strong>Le</strong>sourire de la petite juive (VLB éditeur) dresse untouchant portrait de vingt protagonistes de la rueHutchinson. Québécois, Haïtiens, Juifs ou Grecs, ons’attache à ces citoyens du Montréal moderne.De son côté, Rachel <strong>Le</strong>clerc brode, avec La patience desfantômes (Boréal), la saga de cinq générations d’unefamille gaspésienne, les <strong>Le</strong>vasseur. Chaque chapitredévoile le destin d’un membre du clan. D’un drame àl’autre, de la maladie au suicide, on voyage entre lesvivants et les morts, on s’émeut devant l’écriturepuissante. Coup de cœur assuré!Certains préféreront peut-être l’exotique Porcelaine(Marchand de feuilles), premier volet de la trilogieUn poème pour la route :Devenir vieux | Étienne Lalonde | <strong>Le</strong>s Herbes rougesCe qui tue a plusieurs noms | Carol <strong>Le</strong>Bel | L’HexagoneGéographie de l’ordinaire | Nicolas Lauzon | Du passage<strong>Le</strong> mur | Nadia Sattouf | Poètes de brousseVieillir | Louis-Philippe Hébert | <strong>Le</strong>s Herbes rouges


I S E«Dragonville» signée Michèle Plomer. On y navigue entre le HongKong des années 1910 et les Cantons-de-l’Est d’aujourd’hui.D’attachants personnages s’invitent dans une histoire alliantfantastique et romance.La révélation féminine de l’année :KuessipanNaomi Fontaine(Mémoire d’encrier)Cette Innue de 23 ans fait une entréeremarquée dans le monde des lettres aveccette incursion au cœur d’une réserveamérindienne. Un ton juste, un regard neuf etune écriture solide: Naomi Fontaine estdestinée à un bel avenir!Autre époque, autre lieu pour Dominique Fortier qui publie, chez Alto,La porte du ciel. C’est dans la Louisiane du XIX e siècle, à l’orée de laguerre civile, que les destins de deux fillettes, l’une riche et blanche,l’autre pauvre et noire, se croisent. Ce récit envoûtant dévoile, une foisde plus, l’ampleur du talent de l’auteure de Du bonusage des étoiles, bientôt adapté au cinéma parJean-Marc Vallée.On demeure aux États-Unis pour dévorer <strong>Le</strong>sderniers jours de Smokey Nelson (Héliotrope),sublime retour à la fiction pour Catherine Mavrikakis.La question de la peine de mort y est abordée defaçon sensible. On suit le tueur Smokey Nelson,bientôt exécuté pour le meurtre d’une famille dans un petit motel.Mais on s’attarde aussi au sort du pauvre Sidney, accusé à tort desmeurtres; à celui de Pearl, la femme de chambre qui a découvert lescorps; et à celui de Ray, marqué à jamais par le décèsdes membres de sa famille. Un portrait saisissant denos voisins du Sud.Tout aussi bouleversant, Aminata de Lawrence Hill(Pleine Lune) dévoile les luttes d’une jeune Africainearrachée à sa famille et à son pays. Vendue commeesclave en Caroline du Sud, elle tentera de comblersa soif de liberté et combattra les injustices. On sortchaviré de la lecture de ce roman basé sur des faits vécus.Enfin, détour essentiel en poésie avec Une plage intemporelled’Anthony Phelps (Du Noroît), ce « vieil artisan / tisserand de syllabes »d’origine haïtienne. Avec tendresse et lucidité, il parle de la vie,simplement.D’autres incontournables :La nuit des morts-vivants | François Blais | L’instant mêmeOss | Audrée Wilhelmy | <strong>Le</strong>méacRoman-réalité | Dominic Bellavance | Coups de têteDrag | Marie-Christine Arbour | TriptyqueL’amour des maîtres | Mélissa Grégoire | <strong>Le</strong>méacPolynie | Mélanie Vincelette | Robert LaffontLa révélation masculinede l’année :La main d’ImanRyad Assani-Razaki (L’Hexagone)La main d’Iman, couronné avec raison par leprix Robert-Cliche du premier roman, marquel’arrivée d’une voix forte dans le milieulittéraire. On suit trois générations depersonnages qui démontrent l’ampleur dudrame africain. En filigrane, on réfléchit surle sens de la liberté, de la dignité, ducolonialisme et de l’immigration.La plus bellecouverture de l’année :<strong>Le</strong>s éditions La Peuplade,pour l’ensemble de leur productionDepuis cinq ans, la maison d’édition deChicoutimi se démarque par ses puissantstextes et son esthétique irréprochable. Pourchaque titre, les éditeurs font appel à destalents d’ici (Lino, Josée Landry Sirois...).Toujours sublime!La métamorphose de l’année :La concordance des tempsEvelyne de la Chenelière (<strong>Le</strong>méac)2011 aura été l’année de tous les succès pourcette jolie brunette. Sa pièce de théâtreBashir Lazhar a pris vie au cinéma sous lacaméra inventive de Philippe Falardeau, etson visage a rayonné dans le film Café deFlore de Jean-Marc Vallée. Enfin, elle a écritson premier roman, La concordance des temps, le récit d’uncouple meurtri. « Un petit bijou de littérature! », selon DaphnéDeschatelets Hamel, de la librairie Du Soleil à Gatineau.LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 23


24 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011B I L A N 2 0 1 1E S S A IS S A IEN 2011, VOTRE LIBRAIRE A PRÉFÉRÉ :<strong>Le</strong> futur, mode d’emploi :<strong>Le</strong> futur prêt-à-porter. Comment lascience va changer nos viesMathieu-Robert Sauvé (MultiMondes)L’histoire des sciences est remplie de prédictionserronées comme « la radio n’a aucun avenir ».Malgré les risques de l’exercice, Sauvé s’emploie àimaginer le monde de demain en traitant dequestions telles que l’immortalité, la fin dumonde… Enrichissant.L’œuvre d’une vie :<strong>Le</strong>s premiers Juifs d’Amérique 1760-1860Denis Vaugeois (Septentrion)Abondamment documenté et illustré, le livre deDenis Vaugeois représente pour l’historien lamatérialisation de plus de cinquante ans de passionpour le sujet. Un ouvrage de référence qui se litcomme un récit d’aventures.<strong>Le</strong> remède imaginaireGuillaume Marois etBenoit Dubreuil (Boréal)À recommander à tous ceux qui veulent unlivre franc, mais sans arrière-pensée malsaine,un livre qui suggère sans imposer.Ismaël Bellil La Maison de l’ÉducationD’autres incontournables :Wanderer. Essai sur le Voyage d’hiver de Franz Schubert | Georges <strong>Le</strong>roux | Nota BeneDe colère et d’espoir | Françoise David | ÉcosociétéPostures viriles : ce que dit la presse masculine | Lori Saint-Martin | Remue-ménageJournal de guerre | Lieutenant J.S. Benoit Cadieux | VLB éditeurPar Benjamin EskinaziSi les livres d’histoire devaient retenir un mot, un seul,pour définir l’année 2011, le mot « indignation » seraitun choix judicieux. Indignation, d’abord, dans les paysarabes qui ont connu, et continuent de vivre, leurPrintemps : la Tunisie débarrassée de Ben Ali; l’Égyptedélivrée de Moubarak; la Libye libérée de Kadhafi…Indignation, aussi, envers un capitalisme débridé qui acausé une crise financière majeure et menace d’endéclencher une autre. Ce modèle économique estdénoncé par des dizaines de milliers de personnes – les« Indignés » – qui manifestent pacifiquement dans lesplus grandes villes des pays occidentaux, dont le Canada,pour réclamer plus de justice et d’équité sociale.Indignation, bien sûr, au fil des pages d’un livre magistralsoulignant les 50 ans de Liberté, cette revue culturelle quia marqué l’histoire de la pensée québécoise. AnthologieLiberté : 1959-2009. L’écrivain dans la cité (<strong>Le</strong> Quartanier)compile les meilleurs essais d’une publication dont « lesdeux mamelles ont toujours été l’indignation etl’enthousiasme », selon son rédacteur en chef Pierre<strong>Le</strong>febvre. On retrouvera notamment dans cetteanthologie « La fatigue culturelle du Canada français »,un texte aussi célèbre qu’incisif, signé Hubert Aquin.Indignation, encore, chez Bernard Émond. Dans unrecueil de textes brillants intitulé Il y a trop d’images(Lux), le cinéaste engagé se fait très critique vis-à-visd’une société dans laquelle il ne se reconnaît pas,rejetant en masse ses valeurs matérialistes, son culte dela consommation et la dissolution du sens dans ledivertissement. Dans les mots d’Émond se révèlent « unQuébec et, surtout des Québécois, qui ont décidémenttroqué leurs idéaux pour le confort et l’indifférence »,comme l’écrit Anne-Marie Genest de la librairiePantoute. Il y a trop d’images est un brûlot garanti 100%sans langue de bois.Indignation, enfin, dans le Montréal des années 60, oùdes militants issus de la majorité francophone et desminorités raciales et ethniques luttent pour« décoloniser » le Québec, en commençant par lamétropole. C’est l’histoire de cemilitantisme que raconte avecbrio Sean Mills dans Contesterl’empire. Pensée colonialeet militantisme politique àMontréal, 1963-1972 (Hurtubise).P


P O L A RO L A RSouvent mal aimé, mal jugé, le polar québécois travaille pourtantd’arrache-pied pour gagner ses lettres de noblesse. Entre letorrent de nouveautés signées par des vedettes étrangères ettous les autres genres littéraires qui jouent du coude en librairie,les enquêtes policières « fabriquées au Québec » restent parfoistapies dans l’ombre… On veut bien respecter l’appellation« roman noir », mais pourquoi ne pas mettre en lumièrequelques titres à l’occasion de ce bilan 2011?Prenez le discret Petit feu, publié à La courteéchelle. A-t-il été avalé par la vague des romanssuédois ou pire encore, vampirisé par unCharlaine Harris ou un Stephenie Meyer? Quoiqu’il en soit, les nouvelles d’André Maroisauraient mérité une plus grande visibilité. Cesvingt-trois histoires courtes, mettant en vedettela Grande Faucheuse, se déploient dans ununivers noir, grinçant et teinté de l’humour irrésistible de l’auteurde Sa propre mort. Des microfictions à savourer cet hiver,au coin du feu.Que dire de Pour ne pas mourir ce soir, écrit par GuillaumeLapierre-Desnoyers, chez Lévesque éditeur? A-t-on seulementremarqué que la maison d’édition avait publié un roman noir?Pourtant, ce premier polar de l’auteur prouve merveilleusementEN 2011, VOTRE LIBRAIRE A PRÉFÉRÉ :La chorale du diableMartin Michaud (Goélette)Avec un style percutant et une ambiancesombre maîtrisée, Martin Michaud nous entraînedans une enquête bien construite, à la fois trèshumaine et à la limite du surnaturel. Voilà un polarréussi. Vivement le retour de Victor <strong>Le</strong>ssard!Morgane Marvier MonetD’autres incontournables :<strong>Le</strong> mois le plus cruel | Louise Penny | Flammarion Québec<strong>Le</strong> cas des casiers carnassiers. Malphas (t. 1) | Patrick Senécal | AlireÀ deux pas de chez elle | François Gravel | Québec AmériqueJ’haïs le hockey | François Barcelo | Coups de têtebien qu’on peut faire un très bon romanpolicier… sans policiers! Ainsi, dans Pour ne pasmourir ce soir, deux journalistes rivaux finissentpar s’associer afin de lever le voile sur les étrangesdécès qui se multiplient autour d’eux. Un récitdifférent qui signe la venue d’une nouvelle plumedans le monde du polar québécois.Par Cynthia BrissonEn contre partie, s’il est une maison qui est parvenue à sespécialiser dans le genre, c’est Alire. Elle publie en effet plusieursdes grands noms de la littérature policière de la Belle Province.Aux côtés des Patrick Senécal et des Jean-Jacques Pelletier dece monde, on retrouve Jacques Côté qui, depuis l’hiver dernier,tient les lecteurs en haleine avec sa série « <strong>Le</strong>s cahiers noirs del’aliéniste », dont le deuxième tome a paru cet été. L’enquête,qui a des airs de western, vous fera découvrir un XIX e siècleméconnu et captivant. « L’atmosphère de l’époque y est fort biendécrite, l’action est bien ficelée, l’écriture, raffinée et, même sion ne s’y balade qu’en fiacre, le rythme est soutenu », indiqueYves Guillet, de la librairie <strong>Le</strong> Fureteur. Ne passez donc pasà côté!<strong>Le</strong> polar le plus dépaysant :SoroGary Victor(Mémoire d’encrier)La plume de Gary Victor voustransportera, une fois de plus, surson île natale. Porté sur le soro,cette boisson aux propriétésdélirantes, l’inspecteur Azémarmène une enquête sans queue ni tête, comme seull’écrivain haïtien sait les inventer!Un vent defraîcheur féminin :PwazonDiane Vincent (Triptyque)<strong>Le</strong>s aventures de JosetteMarchand ont valu à DianeVincent de figurer parmi lesfinalistes du prix Saint-Pacôme2010. Voici la suite des péripétiesde cette « massothérapeute éclectique » et de sonami Vincent Bastianello, inspecteur à la police deMontréal.LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 25


26 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011B I L A N 2 0 1 1L I T T É R A T U R E J E U N E S S EE U N ESPar Josée-AnneSParadisELa plus belle plume :L’amélanchierJacques Ferron et Denis Côté(Planète rebelle)En remaniant les mythiques mots de Ferron,Denis Côté adapte pour les jeunes cetteépopée classique. Un talent de conteur auservice d’un monde onirique et magique : toutpour une réussite littéraire.<strong>Le</strong>s plus belles illustrations :Si prèsNatalia Colombo (Imagine)Avec ses illustrations riches en textures, encontrastes et en émotions, Si près se révèle unrécit tout en concision, sur l’amitié pure. <strong>Le</strong>bonheur, il faut l’attraper au vol, apprend-ondans cet album inspiré où textes et images secomplètent avec brio.EN 2011, VOTRE LIBRAIRE A PRÉFÉRÉ :La lignée du sable. Hanaken (t.1)Geneviève Blouin (Trampoline)Surprise de cet été que ce petit bijou sur leJapon médiéval, à la fois bien documenté etrempli d’action. On plonge dans les aventuresde Yukié et Satô avec grand plaisir et on leslit d’une traite!Mariane Cayer DaigneaultD’autres incontournables :<strong>Le</strong> monde de Théo | Louis Émond et Philippe Béha | HurtubiseVrai de vrai, papi? | Émilie Rivard et Anne-Claire Delisle | Bayard CanadaÊtre un héros | Collectif | La courte échellePince-toi le nez! | Frédérique Loew (textes) et Caroline Hamel (ill.) | <strong>Le</strong>s 400 coupsOutil magique qui fait rêver, la littérature jeunesse ararement été aussi précieuse à notre société. Ellematérialise l’imagination, elle se pose en vecteur deculture. Elle propage idées et valeurs, mais surtout,elle divertit et initie les jeunes aux mots, essentielspour une meilleure compréhension du monde.En 2011, c’est sous le signe de la différence queplusieurs ouvrages jeunesse se sont démarqués.Charlotte Gingras, qui nous avait offert une superbeode à l’unicité avec Ophélie, reprend sa plumecomme une arme et frappe fort avec Guerres (Lacourte échelle), dans lequel elle relate la vie ébranléede trois jeunes dont le père est parti en Afghanistan.« Bouleversant roman que celui-ci, au sujet d’uneguerre émotionnelle, douloureuse, vécue par ceuxqui restent et attendent », en avait dit avec justesseJosyane Girard, <strong>libraire</strong> au Fureteur.« Ceux qui passent à travers leur secondaire, ce sonteux, les véritables guerriers », déclarait Biz, de LocoLocass, en entrevue. Mettant en application ceténoncé, le rappeur s’adresse aux jeunes adultes dansLa chute de Sparte (<strong>Le</strong>méac), un récit où l’on suitSteeve durant son cinquième secondaire, passageobligé parsemé des tourments d’adolescents quicherchent leur place et qui vivent leur différence avecdifficulté avant la liberté promise du cégep. Sanscontredit : un livre qui s’est démarqué par sa verve,franche et cultivée.Du côté des albums, la différence est également àl’honneur. L’une des révélations de l’année est sanscontredit Fourchon (Isabelle Arsenault et Kyo Maclear,La Pastèque), avec son petit personnage quidétonne : il a la tête de sa mère – une cuillère – et lescheveux de son père – une fourchette. N’empêche, ilest mignon comme tout! D’autres personnageshybrides se sont bien démarqués au courant de 2011 :les Dragouilles (Michel Quintin),de la série éponyme, qui, entredocumentaires, BD et petitesactivités, rappellent aux jeunesle plaisir de découvrir ce qui secache sous la lecture.B


B A N D E D E S S I N É EA N D EJoyeuse macédoine de talents :<strong>Le</strong> démon du hockeyCollectif (Glénat Québec)Derrière cette très belle couverture signéeMathieu Lampron, retrouvez les gagnants duconcours annuel organisé par Hachette. Unebonne cuvée 2011, extrêmement diversifiée!Historiquement implacable :<strong>Le</strong>s personnages de Tintin dans l’histoireCollectif (La Presse)En collaboration avec la rigoureuse revueHistoria, les éditions La Presse proposent unouvrage audacieux retraçant les différentsévénements historiques qui ont marqué l’œuvred’Hergé. Une belle manière de découvrir une foisde plus l’univers de Tintin!EN 2011, VOTRE LIBRAIRE A PRÉFÉRÉ :Paul au parcMichel Rabagliati (La Pastèque)Rabagliati nous offre avec candeur et générositéun morceau de son enfance. Un pur bonheurnarratif pour ce septième tome des aventuresde Paul. Indiscutablement la bande dessinéede l’année! Annie Léonard Marché du livreQuelques Québécois publiés à l’étranger :Un couple d’enfer. <strong>Le</strong>s nombrils (t. 5) | Delaf et Dubuc | DupuisChroniques de Jérusalem | Guy Delisle | DelcourtConventum | Pascal Girard | DelcourtComédie sentimentale pornographique | Jimmy Beaulieu | DelcourtD’autres incontournables :Chroniques sauvages | François Lapierre | Glénat QuébecNocturne | Pascal Blanchet | La PastèqueDPar Cynthia EBrissonSDepuis quelques années déjà, la bande dessinéequébécoise fait son petit bonhomme de chemin,revendiquant chaque saison un peu plus d’espace enlibrairie, un peu plus de visibilité sur la scène culturelle,un peu plus… d’audace, pourquoi pas? Car les artistesde chez nous ne se contentent plus d’imiter lesFranquin, Hergé et autres génies européens. <strong>Le</strong>scréateurs d’ici ont maintenant leur voix, leur style et, en2011 plus que jamais, l’audace aura donné de la couleurà leurs albums.En effet, n’est-ce pas audacieux de la part des éditionsAlto (qui ne publiaient jusque-là que de la littérature) delancer une adaptation en bande dessinée de la piècede théâtre <strong>Le</strong> dragon bleu, de Robert <strong>Le</strong>page et MarieMichaud? Mis en image par Fred Jourdain, jeuneillustrateur de Québec, ce « scénario graphique » a sufaire exploser les codes de la BD traditionnelle. Peu debulles, un cadrage vraiment léger, des doubles pagesen abondance, un trait qui rappelle par moment lesestampes chinoises, alors que, quelques feuilles plustard, le lecteur est propulsé dans une Chine résolumentmoderne... « Il en résulte un roman graphiquebouleversant et d’une rare beauté », dira FrançoisMartin de la librairie Clément Morin.Audacieux, Jean-Paul Eid et les éditions de laPastèque l’ont été aussi. En perçant un trou d’unpouce et quart de diamètre en plein centre du Fonddu trou, ils ont ouvert la porte à une scénarisationcomplètement survoltée. Jérôme Bigras, qui ressurgitdes archives de la revue Croc après une retraite dequinze ans, peut ainsi faire des allers-retours dans lepassé et dans le futur. De la haute voltige narrative,signée par une figure marquante des débuts de labande dessinée québécoise!Dans le clan des survoltés, Francis Desharnais(Burquette) et Pierre Bouchard tiennent le hautdu pavé avec Motel Galactic (Pow Pow). Récit descience-fiction propulsé par un humour déjantéet délicieusement absurde, Motel Galactic donnenéanmoins à voir un futur pas si irréaliste qu’onvoudrait bien le croire. Bref, deux jeunes artistespubliés par une maison d’édition qui vient desouffler sa première bougie, c’est rafraîchissant etça embaume… l’audace, bien sûr!LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 27


D e s i d é e s c a d e a u x P O U R N O Ë L !<strong>Le</strong>s plaisirs de la gastronomie12Divertissementet cultureQuelle est la plus vieilleformule magique ?3123Où est Patatepilée ?Un amusant album de type« cherche et trouve »L’Agent Jean, tome 1Une nouvelle BD humoristique !Guide zodiaque des filles<strong>Le</strong> guide pour tout connaîtresur votre signe et ceuxde vos amiesQuelle chanteuse a vu sachanson « Chats sauvages »se hisser au sommetdes palmarès en 1987 ?MODUS VIVENDI • PRESSES AVENTURE • BRAVO • ROUGEWWW.GROUPEMODUS.COM


PORTRAIT DE LIBRAIRER O C K H A R V E YSonate pour les livres« Moi je travaille dans une librairie / C’est occupé les jours de pluie /Quand il fait beau, c’est plus tranquille / alors j’me tape un Boule et Bill. /<strong>Le</strong>s goûts c’est pas à discuter / Moi je vends des livres, c’est mon métier. »Chanter sa passion, sur des airs folk, pourquoi pas?Par Josée-Anne ParadisIl a gagné ses éperons, autant sur les planches de la scènemusicale que sur le plancher de sa librairie. Rock Harvey, auteurcompositeur-interprète,a ceci de particulier : il aime les mots aupoint d’en faire l’assise de ses deux métiers.Propriétaire de la librairie Liber, à New Richmond, en Gaspésie,Rock Harvey ne se croyait pourtant pas destiné à un tel avenir.« C’est sur le tard, vers 15 ou 16 ans, que je me suisréellement initié à la lecture », avoue celui qui adécouvert l’univers livresque grâce à Henri Troyat et<strong>Le</strong> front dans les nuages (épuisé), dans lequel il remetle nez de temps à autre. C’est justement vers cetâge que, tous les hivers, à la période des Fêtes,Rock Harvey prêtait main-forte à ses parents, alorspropriétaires de la librairie Liber. « L’occasion faitle larron, comme on dit! », lance-t-il en riant.Aujourd’hui, le commerce de la Baie-des-Chaleurscélèbre ses 25 ans et peut compter sur une équipe stable(certains employés y sont depuis les débuts!) dont le principalsouci est la qualité du service à la clientèle. À preuve, lors de sonpassage dans leurs locaux, Gilles Vigneault s’était exclamé : « Ça,ce sont des vrais <strong>libraire</strong>s! » Cette icône de la musique québécoise,qui avait demandé à voir les livres de Guillaume Vigneault, avaitalors ajouté en boutade qu’il voyait ainsi aux intérêts de son fils.Accessible littératureOutre la beauté du paysage, les régions présentent l’avantaged’être loin des grandes chaînes de librairies. Ainsi, Rock Harveyexplique qu’il n’est pas rare que les trois librairies indépendantesde sa région se prêtent main-forte lorsque l’occasion se présente,comme c’est le cas lors de l’organisation du festival Livres en fête!,célébration qui permet aux auteurs de visiter leurs admirateursDeux auteursfétiches :Marcel PagnolArnaldur Indriasongaspésiens. <strong>Le</strong>urs principales concurrentes sont plutôt lespharmacies : « Comme on ne peut pas vendre de pilules en librairie,ce serait plus juste si chacun se concentrait sur son métier! »avoue en riant monsieur Harvey, pour qui être <strong>libraire</strong> est unevocation, un métier fascinant. Associant d’abord les <strong>libraire</strong>s à desenquêteurs, qui doivent trouver un livre avec parfois bien peud’indices (la seule couleur d’une couverture!), il les compareensuite à des psychologues : « Un <strong>libraire</strong> doit être discret.Je ne croyais pas que c’était ainsi avant de travailler enlibrairie, mais plusieurs clients se confient à nous.Bien entendu, on doit ensuite garder le “secretprofessionnel” sur leurs confidences! »Rock Harvey, qui incarnera nul autre que JeanValjean dans la prochaine production musicale <strong>Le</strong>sMisérables, en Gaspésie, a acquis une clientèle fidèleau fil des ans. Sa vision de la lecture n’y est sûrementpas pour rien : « La lecture doit appartenir à tout le monde,pas juste à l’élite », maintient-il. Et pour séduire les jeunes adultesréticents à la lecture, il propose Salut mon frère, du GaspésienPhilippe Garon (Vents d’Ouest), un ouvrage qui toucheraassurément les collégiens. <strong>Le</strong>s mots, qu’il les chante ou les vende,Rock Harvey, en plus de les chérir, les partage.LIBRAIRIE LIBER166, boul. Perron Ouest, New Richmond (QC) G0C 2B0418 392-4828 | liber@globetrotter.netwww.rockharvey.comLE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 29


L E L I B R A I R E C R A Q U E !essaiJE MANGEAVEC MA TÊTECe livre prône le végétarisme,et même le « véganisme », unmode de vie fondé sur le refusde l’exploitation animale. Mais l’auteuren’impose rien : elle explique, elle réfute lesarguments des carnivores, elle cite denombreuses études, propose des tas de pistesde lecture en fin de texte. <strong>Le</strong> hic? Peut-êtrequ’avec ce livre, Élise Desaulniers prêche auxconvertis, car rares sont les omnivores quilisent ce type d’essais. Reste que ces écrits doivent exister, aucas où ils en conscientiseraient certains. Serez-vous l’un d’eux?Christine Arseneault-Boucher PantouteÉlise Desaulniers, Stanké, 264 p., 29,95$FORÊT ET SOCIÉTÉEN MAURICIEEntrez dans les camps debûcherons, photos à l’appui!Forêt et société en Mauricieest un livre passionnant dans lequel les historiensRené Hardy et Normand Séguin revisitent la périodede 1850 à 1910 à la lumière des connaissancesactuelles en écologie. On découvre notammentl’émergence, au début du XX e siècle, d’un courantde pensée appelé « conservationnisme ». Cecourant, marqué par un souci pour l’environnement,n’a pas survécu au tumulte de la Deuxième Guerre mondiale.Un voyage dans le passé qui met en évidence la place centrale del’activité forestière, aussi bien dans l’occupation du territoire que dansla survie des habitants de la région. Benoît St-Aubin L’ExèdreRené Hardy et Normand Séguin, Septentrion, 250 p., 29,95$HISTOIRE DE MOTS SOLITES ET INSOLITESJ’ai toujours été un amateur inconditionnelde l’étymologie : je me réjouis donc de voirapparaître sur nos tablettes un ouvragequébécois qui touche à ce domaine. Sans êtreun dictionnaire, le livre de Gaétan St-Pierrenous présente les origines multiples demots choisis et l’évolution du sens d’unvocabulaire qui meuble notre parler de tousles jours. Depuis le grec, le latin et le celtique jusqu’auxanglicismes et américanismes, c’est un voyage dans le temps quinous est proposé à travers un travail de recherche hors pair. Unlivre à garder près de soi en tout temps. Passez le mot!Shannon Desbiens <strong>Le</strong>s BouquinistesGaétan St-Pierre, Septentrion, 332 p., 29,95$ÉCRIRE AU PAPE ET AU PÈRE NOËLBenoît Melançon a une curiosité dévorante. Outrel’œuvre de Diderot et celle de Maurice Richard,il se passionne pour le monde épistolaire. DansÉcrire au pape et au Père Noël, il nous présentedes « pratiques curieuses, des coutumesparticulières, des réflexions étonnantes » liéesà l’échange de lettres : histoire de sportifsépistoliers, d’un Tintin qui ne l’est pas, debouteilles à la mer, de pigeons voyageurs... <strong>Le</strong> résultat est unecélébration de l’intelligence et de l’érudition, des bonheursd’écriture, des histoires surprenantes qui raviront les amateurs debizarreries et d’inventivité. Christian Vachon PantouteBenoît Melançon, Del Busso, 168 p., 19,95$30 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011RECOURSAUX SOURCES<strong>Le</strong> peuple québécoissemble plus confus quejamais, en ces tempsgris où moult idéologues se livrent, sur laplace publique, à un bras de fer frénétiquepour récupérer à leur compte le devenircollectif. <strong>Le</strong> rapport trouble qu’entretiennentles Québécois avec leur histoire d’avant 1960ajoute à la confusion. Heureusement, ÉricBédard s’attelle à la tâche d’éclairer lesméandres de notre histoire, de Lionel Groulx à Trudeau. Tout celaafin que, forts d’une connaissance décomplexée de l’endroit d’oùnous venons, nous puissions enfin savoir où aller.Michaël Dumouchel AlireÉric Bédard, Boréal, 280 p., 27,95$LA RECONQUÊTEDU QUÉBEC<strong>Le</strong> nouvel essai de RoméoBouchard s’inscrit avecforce dans l’actualité. Àl’heure où gaz de schiste, éoliennes et autresressources naturelles maladroitement exploitéessoulèvent les passions dans différentes régionsdu Québec, M. Bouchard prône la réappropriationde notre territoire. En effet, pourquoicontinuer de confier nos ressources naturelles àdes compagnies étrangères, peu soucieuses del’économie locale, sans parler de l’impact environnemental? En sebasant sur le modèle gaspésien, l’auteur propose une nouvellevision économique, oui, mais aussi sociale et démocratique pour leQuébec. La première phase de la Révolution tranquille est terminéeet, selon M. Bouchard, il est grand temps d’entamer la secondeétape du « Maîtres chez nous ». Cynthia Brisson le <strong>libraire</strong>Roméo Bouchard, Écosociété, 228 p., 24$


ENTREVUEessaiJ I M S T A N F O R DC-comme capitalismePour les non-initiés, l’économie a des allures de créature diabolique, de monstre terrifiantconstitué de chiffres, de jargon incompréhensible et de graphiques obscurs. <strong>Le</strong> sujet est tropcompliqué, austère, aride. C’est en pensant à tous ceux qui sentent venir la migraine dès qu’onévoque la finance que l’économiste canadien Jim Stanford a écrit son Petit cours d’autodéfenseen économie (Lux). Sa devise : « L’économie est trop importante pour êtrelaissée aux économistes. »Par Benjamin EskinaziEn un peu moins de 500pages, Jim Stanford s’emploieà démystifier l’économie,pour que cette sciencesociale ne soit plus réservéeà une élite en costumetrois-pièces, mais soit accessibleà tous. L’auteur, très critique envers le capitalisme,lui donne à peine la note de passage : C-.Illustration: © Charb« Il y a de la provocation là-dedans, explique-t-il. Mais il y a aussi la volontéde ne pas fournir la réponse réflexe de la gauche, qui serait de donner unF au capitalisme. Nous sous-estimons toujours le capitalisme. Je ne croispas, malgré la crise que nous vivons actuellement, que le capitalisme vas’effondrer. »<strong>Le</strong> livre de Stanford paraît alors que le monde est plongé dans sa pirecrise financière en quatre-vingts ans : « Et ça va empirer, commentel’économiste. Nous sommes dans une situation similaire à la Crise de1929. On peut s’attendre à une décennie de récession. »Dans ce contexte économique lugubre, un mouvement planétaire – lesIndignés – demande des comptes aux gouvernements du monde entierpour leur gestion de la crise financière et les profondes inégalités de lasociété. « Nous sommes les 99% qui ne tolèrent plus l’avidité et lacorruption des 1% », clament-ils.« <strong>Le</strong> slogan des Indignés est non seulement justifié moralement, il estaussi exact économiquement, explique Stanford. Alors que 1% de lapopulation subvient à ses besoins grâce à sa fortune, les 99% restantsdoivent travailler pour vivre. » Au Canada, 1% des Canadiens possède letiers de la richesse financière du pays.« Je ne sais pas ce qui va émerger de la mobilisation desIndignés, mais ce mouvement a le potentiel de briser lapassivité et le sentiment de défaite dont je parle dans lelivre. Cette passivité est la plus grande réussite desnéolibéraux. Ils ont réussi à convaincre la population quevivre dans l’incertitude et dans la peur (de perdre sonemploi, de tomber malade…) était normal, et qu’il neservait à rien de se battre pour exiger mieux. Il faut que lagauche montre qu’elle est capable de gagner des bataillespour surmonter cette passivité », commente l’auteur.« On essaie de nous faire croire que la crise financière que nous subissonsaujourd’hui était inéluctable, que c’était une catastrophe naturelle, commeune météorite qui s’écraserait sur la Terre, tempête Stanford. C’est unmythe. La crise était non seulement prévisible, elle était aussi évitable. »Stanford blâme, entre autres choses, la déréglementation financière :« <strong>Le</strong> travail des banques, c’est de créer du créditex nihilo. C’est une chose dont l’économie a besoin.Mais pourquoi assigne-t-on cette tâche à des banquesprivées dont le but est de faire du profit? Nous devonsdissocier le travail élémentaire des banques de laspéculation. C’était un des principes des années 30,mais nous l’avons abandonné dans les années 90. »<strong>Le</strong> Petit cours d’autodéfense en économie se termine surun appel à agir. Mais comment? « Un vieux dictonsyndicaliste dit: “Éduquer, mobiliser, organiser”,rappelle Stanford. La première étape estd’apprendre – et de rejeter les conneries de la télé –avant de s’exprimer haut et fort pour défendreses intérêts. »PETIT COURSD’AUTODÉFENSEEN ÉCONOMIELux496 p. | 24,95$LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 31


S E N S C R I T I Q U ENormand Baillargeon estprofesseur en sciences del’éducation à l’UQAM. Aussiessayiste, il est l’auteur duPetit cours d’autodéfenseintellectuelle, qui a connuun franc succès.LA CHRONIQUE DE NORMAND BAILLARGEONessaiIndispensable scienceet nécessaire poésieAvec le livre époustouflant qu’il a consacré à GastonMiron, Pierre Nepveu s’est assuré de donner aumythique poète un grand et trop rare bonheur: celuid’avoir un biographe à sa hauteur.Sur plus de 900 pages, Nepveu nous permet de suivreMiron depuis sa naissance, en 1928, et son enfanceagathoise jusqu’à son décès à Montréal, en 1996. Sesétudes, ses rencontres — c’est toute notre littératurerécente qui passe dans ces pages —, ses amours, sesamis, ses voyages, sans oublier ses combats et sesespérances politiques : rien de ce qui fut et de ce quifit Miron n’est oublié par Nepveu, dont il estimpossible de quitter le livre.GASTON MIRON.LA VIE D’UNHOMMEPierre NepveuBoréal904 p. | 39,95$Par-dessus tout, le biographe éclaire, comme jamaisce ne fut fait avant lui, le double et symétrique rapport que Miron entretintà l’écriture, plus précisément à la poésie et au pays, un pays rêvé et à faire.En bout de piste, Miron, me semble-t-il, est l’archétype d’une certainequébécitude dont il est le contemporain, d’une certaine émancipationcollective, d’une certaine et haute idée de nous-mêmes qui naît à sonépoque et qui prend son envol en même temps que lui. <strong>Le</strong> miracle de sapoésie est justement qu’elle parvient à dire : « je » à la sept millionièmepersonne du singulier. Cette voix là, indispensable, n’est pas près de se taireet il faut remercier Nepveu qui, par son exemplaire et monacal travail, nousen donne à entendre des tonalités nouvelles.Y a-t-il de l’eau dans le gaz?Une information scientifique solide est désormais indispensable auxcitoyens et à la tenue de véritables débats démocratiques sur une foulede sujets cruciaux, allant de l’état de l’environnement au réchauffementclimatique en passant par la possible surpopulation.Il faut donc saluer ces scientifiques qui prennent la peine de nousinformer de manière claire et rigoureuse sur des enjeux de société quisont, en partie au moins, de nature scientifique. C’est ce que faitNormand Mousseau, un physicien de l’Universitéde Montréal, à propos des gaz de schiste.Mousseau situe d’abord le gaz naturel dans lepanorama énergétique mondial, puis il expliquepourquoi la demande pour cette ressource croît etest appelée à croître. D’autant qu’avec le gazde schiste, des pays apprennent qu’il existedans leur sol des roches contenant ungaz abondant et dont l’exploitation,désormais technologiquement possible,serait économiquement viable.LA RÉVOLUTION DESGAZ DE SCHISTENormand MousseauMultiMondes146 p. | 24,95$Dans la deuxième partie de l’ouvrage, ilexplique la géologie de ces roches etrappelle comment une technologie récente,la « fracturation hydraulique », permet de faire remonter le gaz à lasurface. Il examine ensuite les risques environnementaux de cettepratique, notamment pour les populations qu’on déplace et pour l’eau,qui peut être contaminée. Il souligne aussi sa possible contribution auxchangements climatiques.Mousseau rappelle ensuite qu’il existe divers modèles d’exploitation dugaz de schiste (aux États-Unis, au Canada et hors de l’Amérique du Nord),avant de se concentrer sur les aspects économiques de cette exploitation,en examinant plus particulièrement les exemples de la Norvège, del’Alberta et du Québec.Mousseau termine son ouvrage en rappelant les avenues qui s’offrentau Québec. Doit-on refuser cette ressource? Se convertir au gaz naturel?Passer progressivement à des énergies propres? Ou convient-il plutôtde « porter le débat à un niveau supérieur qui tienne compte nonseulement des retombées à l’interne, mais également du reste dumonde »?C’est là un vaste et important débat auquel Mousseau apporte une trèsprécieuse contribution.LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 33


ARTICLESolutions littérairesEn lançant le recueil De quoi le Québec a-t-il besoin? Fragments d’un dialogue essentiel, Jean Barbe, Marie-France Bazzo et Vincent Marissalpoursuivent la discussion amorcée, il y a quelques années déjà, dans le cadre de l’émission Bazzo.TV. Cette question – « De quoi le Québeca-t-il besoin? » –, posée chaque semaine aux invités présents sur le plateau, est devenue, par la force des choses, LA question.Certains s’y attendent et s’y préparent, d’autres sont pris au dépourvu. Mais tous finissent par y répondre.Par Anne-Marie Genest, de la librairie PantouteDe quoi le Québec a-t-il besoin? (<strong>Le</strong>méac) recense ainsi lesréponses de personnalités de tous horizons – artistes,politiciens, athlètes, scientifiques, entrepreneurs, etc. – quiexposent, chacune à leur manière, les carences du Québec.Certains d’entre eux défendent des valeurs primordiales,comme « l’amour » ou « la compassion »; d’autres mettentl’accent sur des notions plus concrètes: considérations socioéconomiques,affirmation de l’identité québécoise...Comme dans tous les arts, on peut trouver dans la littérature un échoaux questionnements qui sont dans l’air du temps. Pour le simpleplaisir de l’exercice, je vous propose des extraits de réponse à LAquestion, tirés de l’essai de Barbe, Bazzo et Marissal, suivis de mespropres suggestions d’œuvres littéraires qui viennent corroborer cesréflexions.Yannick Nézet-Séguin, chef d’orchestre : « On aurait besoin parfoisde se souvenir un peu plus d’où on vient [...] de construire sur ce qu’on a bâti. »<strong>Le</strong> livre : Arvida (<strong>Le</strong> Quartanier) • Arvida, ville industrielle modèledu Saguenay, doit son nom au président de la compagnie d’aluminiumqui l’a créée en 1925. De cette ville qui l’a vu naître, Samuel Archibaldtire le titre de son recueil et l’inspiration des nouvelles qui lecomposent. À travers les récits de petites gens, de souvenirs oud’anecdotes familiales, d’histoires de pêche, de chasse, de hockey, defantômes ou d’horreur – toutes « à moitié fausses et à moitié inventées »– on se laisse emporter dans un univers familier déguisé en contréelointaine. <strong>Le</strong> ton résolument québécois de l’auteur se goûte comme unmets du terroir revisité. Arvida vient nous chatouiller les racines.René-Daniel Dubois, écrivain, dramaturge : « <strong>Le</strong> Québec abesoin de réfléchir [...] de remettre les regards à zéro, de peser sur reset. »<strong>Le</strong> livre : Voyage léger (La Peuplade) • Dans Voyage léger,Ariane décide de prendre le premier vol, quelle que soit ladestination, pour fuir son présent. Mais, à l’aéroport, ellerebrousse chemin sans le dire à personne. Pendant les semainesqui vont suivre, à l’insu de tous, elle habitera sa propre ville commeune étrangère, dormant à l’hôtel, marchant des kilomètres,voyageant dans les rues qu’elle croyait connaître, posant un regard neufsur ce qui l’entoure comme sur elle-même et ce qui l’a façonnée. MélissaVerreault nous offre un roman sous forme de quête identitaire, dans lequelle retour à l’essentiel apparaît comme la seule planche de salut.Pascale Bussières, actrice: «On a tout ce qu’il faut ici [...] On atellement tout qu’on gaspille.»<strong>Le</strong> livre : Bashir Lazhar (<strong>Le</strong>méac) • Originaire d’Algérie, BashirLazhar a immigré à Montréal dans l’espoir d’y faire venir sa famille etde s’inventer une vie meilleure. Aujourd’hui remplaçant dans uneclasse de 6 e , il constate, impuissant, que la rigueur a fait place à uneindulgence molle. Dans sa pièce Bashir Lazhar, Evelyne de la Chenelièrenous présente crûment un homme qui a tout perdu, mais qui se débatpour inculquer des notions essentielles à des élèves habitués à recevoirbeaucoup, sans qu’on exige véritablement d’eux un effort. Par le biaisd’un (quasi-)monologue, l’auteure nous met face à nous-mêmes.Elle nous force à comparer notre situation à celle de Lazhar et àconstater que nous vivons dans une telle opulence que nous devenonsdes enfants gâtés.LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 35


CONNAÎTRE,DIFFUSERET AGIR.Robert Cadotteet Anik MeunierDÉCOUVRIRL’ÉCOLE D’ANTANÀ TRAVERSUNE GALERIEDE PHOTOSÉTONNANTESMichèle Villegas-KerlingerENTREVOIRL’HISTOIREMÉCONNUE DESFRANCOPHONESD’AMÉRIQUEDU NORDBIZANGOL E L I B R A I R EC R A Q U E !polarJe connaissais Stanley Péanpour ses émissions sur lejazz à Radio-Canada, maisson écriture romanesquerestait pour moi inconnue.Dans Bizango, toutcommence avec un incendieau cours duquel une vieillefemme est sauvée par un mystérieux bonsamaritain qu’elle croit être son mari, décédédepuis plusieurs années. Ensuite, apparitions etcoups d’éclat se multiplient, et bientôt unejournaliste, un policier et toute la bande d’uncaïd se lanceront aux trousses de l’inconnu. Onplonge alors dans l’univers sordide des gangsmafieux de Montréal, dominé par la vente dedrogue et le proxénétisme. Mais rassurez-vous,les méchants risquent de trouver le diable surleur chemin. Tania Massault PantouteStanley Péan, <strong>Le</strong>s Allusifs, 296 p., 26,95$36 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011Jean-Claude Thibodeauet France LamontagneCONNAÎTRELES GESTESVERTS ANCRÉSDANS LESHABITUDESDE VIE DESQUÉBÉCOISTOUS NOS LIVRES SONT DISPONIBLESEN VERSION NUMÉRIQUE.CHAMBRE 426Fin du mois d’octobre.Halloween approche.Annabelle trouve samère inconsciente aupied de l’escalier. C’estalors que refont surfaceles douloureux souvenirsde son passé marqué parl’omniprésence de la mort et de la religion.L’auteure, qui nous avait habitués à desunivers tordus dans ses précédents livres,récidive avec ce dernier roman dont la forceest de peindre des personnages quipourraient être nos voisins. Grâce à un styled’écriture accessible, elle réussit à entraînerle lecteur dans une zone trouble. Foi de<strong>libraire</strong> : beaucoup de gens ont découvert leplaisir de la lecture grâce à MadeleineRobitaille. Harold Gilbert SélectMadeleine Robitaille, De Mortagne,384 p., 24,95$


I N D I C E SNorbert Spehnerest chroniqueur depolars, bibliographe etauteur de plusieursouvrages sur le polar,le fantastique et lascience-fiction.LA CHRONIQUE DE NORBERT SPEHNERDeux piliersdu polar québécoispolarAu cours des dix dernières années, le roman policier québécoisest littéralement sorti de l’ombre pour gagner un public de plusen plus vaste et enthousiaste. Deux écrivains (parmi d’autres) ontcontribué à cet essor avec deux séries policières remarquables quiont rapidement conquis un grand nombre de fans.retrouver dans de nouvelles aventures. Dans laquarantaine, Martin Michaud est un écrivainambitieux, dynamique et sympathique, qui vientde se tailler, en peu de temps, une place de choixdans l’élite de la filière québécoise.Au début de l’année dernière, Martin Michaud a fait une entréeremarquée sur la scène du polar québécois avec un récit intituléIl ne faut pas parler dans l’ascenseur, mettanten vedette l’inspecteur Victor <strong>Le</strong>ssard, un flictourmenté de la police de Montréal. Cettepremière intrigue, plutôt bien ficelée, lui a valules éloges de la critique et une place parmi lesfinalistes du Prix Saint-Pacôme du romanpolicier, trophée convoité qu’il a finalementremporté cette année avec La chorale dudiable. Dans ce dernier livre, Victor <strong>Le</strong>ssardenquête sur un drame familial : une femme etses trois enfants ont été tués sauvagement àcoups de hache. <strong>Le</strong> mari, auteur présumé ducarnage, s’est suicidé après s’être tranché lalangue. <strong>Le</strong>ssard, qui ne croit pas à la thèse dusuicide, décide de creuser l’affaire. Par ailleurs,une jeune fille qui dévoilait ses charmes surLA CHORALE DUDIABLEMartin MichaudGoélette502 p. | 24,95$Internet a été kidnappée. L’enquête est confiée à Jacinthe Taillon,une ancienne coéquipière à la Section des crimes majeurs, unegrande-gueule aux méthodes expéditives, qui voue à <strong>Le</strong>ssard unehaine féroce. Quand les deux affaires se recoupent, laconfrontation est inévitable et prend une tournure singulière. Surfond de fanatisme religieux, ce thriller de qualité nous proposeune intrigue complexe, développée avec brio, et des personnagescaptivants et crédibles qu’on aura certainement le plaisir dePlus discret, mais non moins doué, MaximeHoude vient de publier L’infortune des biennantis. Il s’agit de la sixième enquête de StanCoveleski, un ancien flic recyclé en détectiveprivé à Montréal, dans les années 40. Aprèsla mort de son épouse, Coveleski a sombrédans la déprime. Grâce à l’inspecteurMaranda, de la Sûreté provinciale, il reprendpeu à peu goût à la vie et tente de relancersa carrière en acceptant de petits boulotsL’INFORTUNE DESBIEN NANTISMaxime HoudeAlire376 p. | 14,95$d’enquête routiniers. Quand le mari d’une de ses bonnes amiesest assassiné, il se lance dans la mêlée pour découvrir le vraicoupable (les policiers soupçonnent la veuve). L’affaire secomplique quand un de ses amis proches est tué à son tour dansdes circonstances mystérieuses. Si le début de l’histoire est un peulent, la suite est nettement plus captivante. Contrairement auxromans précédents, le dénouement est un peu plus heureux etdébouche sur une note d’espoir quand Coveleski renoue avecl’amour. Récit après récit, la personnalité de ce détective s’étoffe.Issu de la tradition du roman noir américain des années 30-40, cedur à cuire à l’humour corrosif n’hésite pas à jouer du poing oudu revolver au mépris des lois, surtout quand il s’agit de venger lamort d’un ami auquel il doit la vie. <strong>Le</strong>s enquêtes se déroulenttoujours sur une toile de fond historique, discrètement évoquéeen filigrane, qui n’interfère jamais avec les principales péripétiesdu récit. Bref, un bon cru, et le meilleur de la série.LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 37


Également disponibles en livre numériqueLina SavignacL'IrlandaisElwinLINA SAVIGNACLa MAISONSUR LA GRÈVEGens du voyageUne expérience de caravaningROMANLina SavignacLa Caboche304 p. 26,95 $342 p. 24,95 $La CabocheLa trilogieLa Caboche194 p. 24,95 $417 p. 24,95 $474 p. 24,95 $www.editionslacaboche.qc.ca356 p. 24,95 $Au bout d’ici et d’ailleurs...www.editionsxyz.com38 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011Il pleuvaitdes oiseauxJocelyne SaucierCocoricoPan BouyoucasNepaliumtremensJean DésyNuits blancheset jours de gloireHélène RiouxLa petiteet le vieuxMarie-Renée Lavoie


L E L I B R A I R E C R A Q U E !cuisine | beau livreL’ART DE VIVRE SELON JOE BEEFVoici un fabuleux livre de recettes! Morin etMcMillan nous inondent d’histoires,d’anecdotes, de notes de jardinage et plusencore. Il y a de la viande après l’os au pointde ne plus savoir où les recettes commencentet où les commentaires se terminent. Nouspassons du guide de voyage au Smörgåsbord, d’anecdotes sur legoût à l’éclair au Velveeta, de notes historiques au Joe Beef César...Des textes justes et soignés, des recettes à vous convertir unvégétarien, une mise en page et des photos rehaussant l’expérience.Rien n’a été négligé. C’est un cadeau magnifique! C’est un art devivre! Francis <strong>Le</strong>febvre CarcajouMeredith Erickson, David McMillan et Frédéric Morin,Parfum d’encre, 292 p., 39,95$DE LA VILLE, IL NEME RESTE QUE TOI<strong>Le</strong> titre seul suffit à fairevagabonder l’esprit. Au fildes pages, les aquarellesde Normand Cousineau s’amalgament aux poèmesde Jennifer Tremblay, afin de créer une fresque auxcouleurs de voyages et d’amours fragiles. Qu’il soitsuscité par un visage inconnu ou par un paysage,le mal du pays se mue en une véritable ode à l’artet à la découverte. <strong>Le</strong> mot ou la couleur? La question ne se pose mêmeplus. D’ailleurs, les deux forment une paire si bien assortie qu’on ne saitplus lequel est venu avant l’autre : l’aquarelle ou le poème? Je suissincèrement impressionnée par ces deux artistes qui ont su unir leurstalents pour capter l’essence même du voyage et du manque. L’œuvre quien résulte est grandiose. Stéphany Gagnon PantouteJennifer Tremblay et Normand Cousineau, De la Bagnole, 128 p., 29,95$ABONNEMENT1 an (6 numéros)Responsable : André Beaulieu | 418 948-8775 poste 228Adressez votre chèque à l’attention de le <strong>libraire</strong>.Poste régulièreQuébec : 18,40$(TPS et TVQ incluses)Par voie terrestreÉtats-Unis : 50$Europe : 60$Autres provinces canadiennes 16,96$ (TPS incluse)Par avionÉtats-Unis : 60$Europe : 70$Abonnement pour les bibliothèques aussi disponible(divers forfaits).<strong>Le</strong>s prix sont sous réserve de modifications sans préavis. <strong>Le</strong>sprix pour l’étranger incluent la TPS.EN COUVERTURESincères remerciements à Harricana par Mariouche, qui nousa gracieusement prêté le manteau « Vintage Harricana envison noir », de même que le « Chapeau Harricana en fourrurede renard recyclée » que porte Perrine <strong>Le</strong>blanc, en couverture.Amis des animaux, ne vous braquez pas contre le <strong>libraire</strong> :luxueux, tous les produits de cette designer québécoise sontproduits de façon éthique, ici au Canada, et n’utilisent que dela fourrure recyclée. Pour plus d’information, visitez lewww.harricana.qc.ca ou la boutique Harricana au 3000, rueSaint-Antoine Ouest, à Montréal. Quant à la superbe photo,nous la devons à l’œil avisé du talentueux GuillaumeSimoneau (www.7578.com/guillaume).174 pages ; 22,95 $queversion PDF:18$L'instant mêmeFRANÇOISBLAISLa nuit des morts vivantsPrix des Librairesliste préliminaireLE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 39


ENTREVUEA L A I N M . B E R G E R O Nlittérature jeunesse© Karine GottotDans l’antred’une drôle de bêteConnaissez-vous Billy Stuart? Il ne s’agit pas d’un célèbre chanteur rock.Et s’il a les yeux au beurre noir, ce n’est pas parce qu’il monte sur le ring avec des pros de la boxe.Billy Stuart est un jeune raton laveur en kilt, courageux et attachant,nouvelle vedette de la littérature jeunesse née de l’imaginaire du prolifique Alain M. Bergeron.Par Claudia Larochelle40 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011« Billy Stuart n’est pas l’ÉLU avec un grand É. Il ne chevauche pas unours polaire. Il ne porte pas d’anneau à son doigt ni à son oreille. Dansses tiroirs, il ne cache pas de collections de masques ou de pierres. Iln’a pas de daemon qui marche à ses côtés depuis sa naissance. Sonfront n’est pas zébré d’une cicatrice. Bref, le sort du monde ne reposepas sur ses frêles épaules. »C’est en ces mots, qui sonnent comme unavertissement, qu’Alain M. Bergeronprésente son nouveau héros, dès lespremières pages des deux premierstomes (<strong>Le</strong>s Zintrépides et Dans l’antre duMinotaure) de cette série de romansgraphiques destinée aux lecteurs deplus de 8 ans.Passionné et plutôt mignon, enraison des illustrations del’éternel complice de l’auteur,Samuel Parent (Sampar),Billy Stuart ne saurait êtreennuyeux. Il n’a d’ailleursqu’une idée en tête : suivreles traces de son grandpère,Virgile, un aventuriertéméraire. C’est une lettrede ce dernier, l’invitant àvenir le saluer avant sonvoyage dans le temps, qui© Samparl’incite à se rendre au cœur de la forêt des Kanuks avec ses amis de labande des Zintrépides. Mais ce n’est pas parce qu’il est entouré deMuskie la mouffette, Foxy la renarde, Yéti la belette, Galopin lecaméléon et FrouFrou l’énervant caniche blanc des voisins qu’il est àl’abri des embrouilles…L’Écosse à VictoriavilleC’est dans sa résidence de Victoriaville qu’AlainM. Bergeron a créé les rebondissements de cepersonnage écossais qui porte le kilt avec style, sortede clin d’œil à sa femme, amoureuse de l’Écosse etlectrice assidue des romans de Sonia Marmen, DianaGabaldon, Diane Lacombe et compagnie.Devant sa fenêtre qui lui donne une vueimprenable sur les Appalaches, l’écrivain n’a paseu à farfouiller trop loin dans les recoins de sonimagination pour plonger dans cet univers :« J’étais un fan du personnage de dessinsanimés des années 60, Billy Quest. D’où lenom de Billy… Et comme plusieurs autresvieux de mon âge (rires), j’ai grandiavec Bob Morane. C’est gravé enmoi. Plus près de nous, lepersonnage de la sourisGeronimo Stilton a aussi unlien de parenté avec monraton laveur », précise-t-il.


C’est certainement grâce à ses rencontres avec les jeunes, lors deses visites dans les écoles du Québec, que le quinquagénaire reste àl’affût de leurs préoccupations. Pas question d’être à côté de laplaque pour l’écrivain qui sait se renouveler. Avec le succès de lacollection « Savais-tu? » et de son Capitaine Static, un héros électriqueet pas mal rigolo, les petits lecteurs accueillent l’auteur comme unroi. Une école de Blainville lui a d’ailleurs consacré un festival. Riende moins. « <strong>Le</strong>s jeunes d’aujourd’hui sont pas mal plus allumés queje pouvais l’être à leur âge, et c’est tant mieux. Ils aiment rire. Avecmes histoires, je ne vais pas dans des zones sombres, je laisse ça àd’autres qui le font bien, moi je suis dans le divertissement, dans lesbons gags. »Des grands bonheurs de lectureà placer sous le sapin.L’éternel gaminAvec son amour des blagues, son talent pour créer des énigmeset cette capacité qu’il a d’instruire dans la folie et le plaisir,Alain M. Bergeron ne voudrait jamais cesser d’écrire pour lajeunesse. Aucune envie de s’adonner à la littérature adulte. Rien àfaire, ce père de deux grands enfants reste un éternel gamin : « Hierencore, je relisais un « Astérix ». Je ne cesse d’y découvrir des choses,je suis encore émerveillé. »Fort des 154 livres jeunesse qu’il a publiés – il dit avoir « enfin atteintson poids » – l’auteur peut affirmer qu’elles sont loin derrière lui, cesnombreuses années à œuvrer comme journaliste : « J’ai mené les deuxcarrières en parallèle durant quinze ans. Quinze années durantlesquelles j’écrivais de la fiction le soir après le travail et pendant lescongés. Je me consacre désormais entièrement à ça. <strong>Le</strong> problèmeavec moi n’a jamais été le manque d’idées, mais plutôt le manque detemps. »Alain M. Bergeron dit écrire en moyenne un livre par mois et sesrencontres dans les écoles sont planifiées jusqu’en 2013. S’il ne veutpas avoir des yeux semblables à ceux de son Billy Stuart de ratonlaveur, l’écrivain de Victoriaville ne peut pas écrire toutes lesaventures qui cognent à la porte de son imaginaire. La file est longueet ça se bouscule au portillon…LES ZINTRÉPIDES.BILLY STUART (T. 1)Michel Quintin160 p. | 14,95$DANS L’ANTRE DU MINOTAURE.BILLY STUART (T. 2)Michel Quintin160 p. | 14,95$LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 41


L E L I B R A I R E C R A Q U E !littérature jeunesseLAPIN-CHAGRINET LES JOURS D’ELKOCet album aborde unsujet difficile : laguerre, vue et vécuepar des enfants. C’estpourtant un récittout en douceur et entendresse que nous offrent les créatrices,grâce au personnage de Lapin-Chagrin, l’amiimaginaire de deux enfants, qui absorbeleur tristesse et leur douleur. Image vivantedes épreuves traversées, il grandit jusqu’àdevenir énorme. Au final, les enfantsquittent leur pays en guerre pour prendrele dur chemin de l’immigration, mais Lapin-Chagrin reste derrière, gardien de lamémoire des épreuves vécues. Un des plusbeaux albums que j’ai lus de ma vie.Dès 6 ans Mariane Cayer DaigneaultSylvie Nicolas (textes) et Marion Arbona (ill.),Trampoline, 48 p., 12,95$MOTS DOUX POURENDORMIR LA NUITDéposer sa tête surla lune et se laisserbercer par ladouceur des poèmesde Jacques Pasquet.Monter à bord dutrain du sommeil et partir à la découvertede la nuit grâce à ses mots doux.S’abandonner au souffle rêveur desillustrations de Marion Arbona. Se laisservalser par la musique d’Étienne Loranger. Depetits instants de bonheur pour rêver unenuit étoilée où la Petite Ourse danse,l’éléphant éternue et les nuages sont dedentelle. Dès 3 ansMartine Lamontagne PaulinesJacques Pasquet (textes) et MarionArbona (ill.), Planète rebelle, 36 p., 21,95$42 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011UN P’TIT GARSD’AUTREFOIS.L’APPRENTISSAGETout se bouscule dans lavie d’Étienne. Son père,représentant pharmaceutique,lui annonce quela famille déménage àSaint-Georges de Beauce.Heureusement, Étienne crée très rapidementun lien d’amitié avec Samuel. Ce dernier luifait connaître les gens du coin et leurshabitudes, à commencer par le vieux monsieurCalvase, qui fait découvrir aux deux enfants lemonde des oiseaux, des pierres semiprécieuseset bien plus encore. Tout va pour lemieux jusqu’au jour où… Dans ce roman,Étienne nous raconte sa vision de la vie audébut des années 50. Dès 12 ansMélanie Charest A à ZMichel Langlois, Hurtubise, 268 p., 12,95$LA GRANDE ÉCOLE.TON ALBUMDE LA RENTRÉELa grande école estun merveilleux contequi vise à encouragerles petits qui entrentà la maternelle. Josée Rochefort, uneenseignante chevronnée qui aime les enfants,a choisi l’humour pour aider les petits àapprivoiser la rentrée scolaire. Ils suivrontl’histoire du jeune Émile qui, loin d’êtreeffrayé, a hâte de voir les personnesextraordinaires qu’il va rencontrer dans sonécole. <strong>Le</strong>s images colorées et amusantesattireront à coup sûr l’attention de vosenfants. Ceux-ci pourront inscrire leurssouvenirs à la dernière page et ainsi lesconserver. Petit plus : la maison d’éditionFonfon offre une trousse pédagogique sur sonsite Internet. Dès 4 ans Louise Poulin CarcajouJosée Rochefort (textes) et Jean Morin (ill.),Fonfon, 32 p., 14,95$


A U PAY S D E S M E R V E I L L E SC’est à l’université, grâce àun professeur passionnant,que Nathalie Ferraris esttombée amoureuse deslivres pour enfants. À telpoint qu’elle a commencéà en critiquer, puis àen écrire.LA CHRONIQUE DE NATHALIE FERRARISlittérature jeunesseN’oublie pas,mon petit bouquin…Dans un peu moins de 1 900 800 secondes, Noël sera à nos portes. Pendantque vous prendrez enfin le temps de savourer votre café du matin, vosenfants se dirigeront tout droit vers le sapin de Noël et l’excitation battrason plein. Comment faire autrement avec ces boules éblouissantes, cesguirlandes multicolores et ces lumières scintillantes? Même le chat et lechien s’en mêleront en jouant avec les rubans et en sautant dans la crèchedu petit Jésus.Patience!Mais comme Noël ne sera là que dans 31 680 minutes,il vous faudra faire patienter vos mômes. Pour les aider,proposez-leur Trooooooooooop long!, de Louis Émondet Julie Miville. Zou, l’héroïne de ce roman humoristique,a déterminé que « le plus beau cadeau du monde » étaitune merveille, une splendeur, un trésor : une poupéequi parle. Or, il reste six jours avant Noël etZou n’est pas très patiente. <strong>Le</strong>s films qu’elleregarde traînent en longueur, les dictées deM me Archambault s’étirent à n’en plus finiret les journées passent aussi rapidement« qu’une chenille traversant une couche deciment frais ». Zou se demande commentfaire pour que le temps passe plus vite etpour arriver en un clin d’œil à Noël. Avec sesTROOOOOOOOOOOPLONG!Louis Émond (textes) etJulie Miville (ill.)Soulières éditeur72 p. | 8,95$grands yeux expressifs, l’attachante Zou fera éclater de rire les petits et lesgrands, surtout ceux pour qui attendre « est la torture la plus cruelle de lavie ». <strong>Le</strong>s lecteurs y trouveront des idées d’activités à faire pour comblerles mille ans d’attente avant Noël, telles que fabriquer des cartes desouhaits et lire des romans d’aventures.Exubérance!<strong>Le</strong>s plus petits, qui ne comprennent pas encore à combien de jourséquivalent 528 heures, adoreront Noël en été, de Nadine Descheneaux etRémy Simard. Dans cet album, l’auteure imagine ce que serait la fête deNoël si elle se déroulait pendant la saison chaude : le père Noël auraitcertainement la tête rasée et se promènerait ensandales, la Fée des étoiles porterait des lunettes desoleil, les rennes seraient remplacés par desflamants roses et le melon et la crème glacéedétrôneraient le lait et les biscuits. Très amusant, celivre suscitera de belles discussions entre vous et vosbambins sur ce que serait la fête de Noël si elleétait célébrée à une autre saison quel’hiver. Pour compléter la lecture,d’intéressantes activités sont proposéesen fin d’album, comme créer despères Noël habillés en pompiers ou encowboys.Persévérance!Étant donné qu’il reste toujours un peu moins de vingt-deux jours avantNoël et qu’il faut occuper les enfants pendant ce temps interminable,<strong>Le</strong> Noël du petit Gnouf, de Dominique Demers et Gabrielle Grimard, voussera aussi d’une aide précieuse. C’est la veille de Noël et, dans leur forêt,les Gnoufs préparent des gâteaux à la cerisette, du pataclache aux pommeset d’autres mets délicieux. Mais le petit Gnouf n’a pas le cœur à la fête, caril est le seul Gnouf qui n’a pas accompli une mission. Heureusement, ce24 décembre lui apportera l’occasion d’aider unpetit garçon en deuil. Cette histoire célèbre levéritable esprit de Noël en véhiculant des valeurscomme le courage, l’entraide et l’amour. <strong>Le</strong>sillustrations transportent le lecteur dans un universféérique tout de blanc et de bleu vêtu. Faisant fide l’ère de surconsommation dans laquelle nousbaignons, cet album prouve que lalecture peut remplir le cœur debonheur autant, sinon plus, qu’unjouet rapidement relégué au fondd’un placard. De quoi réfléchir lors desvingt-deux prochains dodos!NOËL EN ÉTÉNadine Descheneaux(textes) et Rémy Simard (ill.)ERPI12 p. | 6,95$LE NOËL DU PETIT GNOUFDominique Demers (textes)et Gabrielle Grimard (ill.)Dominique et compagnie32 p. | 21,95$LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 43


28 août 1948,New York CityTrois destins se jouent, au longd’une nuit qui peine à voir le jour.-APRES QUATRE ANS D’ABSENCE, PASCAL BLANCHET NOUS REVIENTAVEC UN NOUVEAU ROMAN GRAPHIQUE. POUR L’OCCASION,LA PASTEQUE EN A FAIT UN OBJET MAGNIFIQUE.-


L E L I B R A I R E C R A Q U E !COUREURSDES BOIS.RADISSON (T. 3)Jean-Sébastien Bérubé, jeuneauteur de Rimouski issu del’École multidisciplinaire del’image de l’Université dubande dessinéeQuébec en Outaouais, nous fait découvrirl’étonnante épopée d’une figure emblématiquede la Nouvelle-France, le coureur des boisPierre-Esprit Radisson. Un excellent troisièmetome dans la lignée des deux précédents, quinous entraîne au fin fond du Québecseptentrional à la recherche de la mythique mer du Nord. Sous letrait à la fois nerveux et précis de l’auteur prennent vie despersonnages historiques et fictifs vibrants de réalisme. Une lecturecaptivante et instructive! Kasia Mielczarek Marché du LivreDES COLLECTIONS JEUNESSEPOUR DÉVELOPPER LE PLAISIR DE LIREJean-Sébastien Bérubé, Glénat Québec, 48 p., 19,95$PAUL AU PARC Enfin, l’attente estterminée, j’ai lu ledernier « Paul »! Quand j’ai refermé le livre,j’étais sous le choc et sous le charme. Encoreune fois, le talent d’auteur de MichelRabagliati opère. On suit un jeune Paul âgéde 10 ans, dans un Montréal à l’ombre du FLQ.C’est un garçon plutôt solitaire qui découvrela camaraderie chez les scouts, avec desjeunes, mais aussi avec des adultes quil’inspireront. Merci Michel Rabagliati pour cet univers où j’ail’impression de me reconnaître, mais qui me chamboule toujoursau dernier moment. Merci et bravo!Shannon Desbiens <strong>Le</strong>s BouquinistesMichel Rabagliati, La Pastèque, 144 p., 24,95$REWIND Dans Rewind, Philippe Girard nouspropose une histoire de gangsterhors du commun. Un homme se fait tirerdessus dans la rue. Il sait que sa seule chancede survie est de trouver dans la foule la femmequi pourra le mettre à l’abri. Laquelle choisirat-il?Peu importe s’il fait le mauvais choix : leprotagoniste a le pouvoir de revenir en arrièreet de changer sa destinée. Dans un stylegraphique très personnel, l’auteur s’interrogesur l’éternel recommencement et la vie perpétuelle. Cette histoireprécède celle de La visite des morts, parue en 2010.Catherine Arsenault A à ZPhilippe Girard, Glénat Québec, 136 p., 21,95$bayardlivres.calecturesdenicholas.comLE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 45Bayard-Pub-<strong>Le</strong>Libraire-vf.indd 1 11-11-11 16:30


Des idées-cadeauxpourNOËL F


CES AUTEURS QUI TIENNENT LA ROUTEF R A N Ç O I SG R A V E L© Martine DoyonDiscret créateurIl y a des auteurs flamboyants reconnus pour leur imagepublique et il y en a de plus discrets. François Gravel fait partiede cette deuxième catégorie. Pourtant, depuis plus de vingt ans,il poursuit une carrière d’écrivain et ses œuvres ont rejointde nombreux lecteurs.ParMarie-Hélène Vaugeois,de la librairie Vaugeois<strong>Le</strong> roman Ostende, mettant en vedette un jeune homme qui rêvait defaire la révolution depuis son sous-sol avant de travailler en librairie,est un des livres qui m’a profondément marquée. Au point que j’aichoisi ce roman pour me représenter lorsque je suis devenue une<strong>libraire</strong> certifiée. C’est aussi le premier livre que j’ai offert à monconjoint européen. Émue, je l’ai également été par l’histoired’Arlette, personnage principal d’Adieu, Betty Crocker, cette fée dulogis incapable de sortir de sa maison.Parallèlement à sa carrière d’écrivain, François Gravel a étéprofesseur d’économie au cégep jusqu’à sa retraite en 2006. Pourdevenir enseignant, il a dû contrôler son bégaiement. Ce problèmede langage l’a amené à écrire le très beau Guillaume, histoire d’uneamitié entre un chien et un garçon bègue. J’ai eu la chance derencontrer l’auteur quelques heures après avoir refermé ce livre. Jen’ai pas pu m’empêcher de lui dire que j’avais pleuré en terminantce texte très personnel. Il m’a tout simplement répondu : « Moiaussi ».Assez tôt, il a alterné littérature jeunesse et littérature pour lesadultes. Il a réussi à exceller dans les deux catégories. Pour lespremiers lecteurs, la série « David », vraiment très réussie, exploreles craintes des petits et les aide à trouver des moyens de déjouerleurs peurs. D’ailleurs, David et le salon funéraire a remporté le prixTD en 2006. Ça prenait un écrivain comme Gravel, qui comprendbien l’âme des petits, pour réussir à écrire un récit dédramatisantune visite dans un funérarium. Sa série « Klonk », une histoired’amitié qui fait fi des années et des différences, est totalementcharmante. Personnellement, j’ai littéralement craqué lorsque Klonkest parti à la recherche d’une amoureuse à la peau couleur « biscuitfeuilles d’érable », dans Un amour de Klonk. L’auteur a égalementréussi à donner des frissons aux adolescents avec sa série« Sauvages ».Ça prenait un écrivain comme Gravel, quicomprend bien l’âme des petits, pour réussir àécrire un récit dédramatisant une visite dans unfunérarium.Dès son premier roman, La note de passage, Gravel a su créer uneatmosphère unique. Il sait utiliser ses dons de conteur pour explorerdifférents sujets. Il a ainsi écrit un roman à saveur historique,Bonheur fou, racontant les premières années de l’hôpital Saint-Jeande-Dieuet mettant en scène Bernard Dansereau, un aliéniste obsédépar le bonheur terrestre, et sœur Thérèse-de-Jésus, directrice etfondatrice de cet « asile de fous ». Sa plus récente publication, À deuxpas de chez elle, est un roman policier, sa première incursion dans cegenre littéraire.Auteur de plus de cinquante livres, François Gravel fait partie de cesécrivains dont on aime suivre la carrière non pas pour ses facéties,mais bien pour le plaisir que nous procure chacune de sespublications. Un auteur qui tient la route certes, mais surtout unécrivain qui poursuit son chemin.LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011 • 47


le <strong>libraire</strong>HORS SÉRIEDécembre 2011LES LIBRAIRES CRAQUENT!ÉDITIONÉditeur : <strong>Le</strong>s Librairies indépendantes du Québec (LIQ)Président fondateur: Denis <strong>Le</strong>BrunPrésident : Yves GuilletDirecteur : Dominique <strong>Le</strong>mieuxRÉDACTIONDirection : Josée-Anne ParadisRédacteur en chef : Stanley PéanAdjoints : Cynthia Brisson, Benjamin EskinaziChroniqueurs : Normand Baillargeon, Nathalie Ferraris,Stanley Péan, Norbert SpehnerJournalistes : Catherine Lachaussée, Claudia Larochelle,Dominic TardifPRODUCTIONDirection : Josée-Anne ParadisMontage : KX3 Communication inc.Photographie couverture : Guillaume SimoneauRévision linguistique : Mathieu PilonIMPRESSIONTranscontinental Interweb MontréalTirage : 500 000 exemplairesNombre de pages : 52le <strong>libraire</strong> est publié six fois par année.Numéros 2012 : janvier, mars, mai, juillet, septembre, novembrePUBLICITÉJosée-Anne Paradis 418 948-8775, poste 227DISTRIBUTIONLibrairies partenaires et associéesAndré Beaulieu 418 948-8775, poste 228abeaulieu@le<strong>libraire</strong>.orgwww.le<strong>libraire</strong>.orgTextes inédits - Actualité - Agenda - Coin des éditeursClément MorinGuy MarchampsLa Maison de l’ÉducationIsabellePrévost Lamoureux<strong>Le</strong>s BouquinistesShannon DesbiensLibrairieBoutique VénusHélène TalbotCarcajouHélèneLépinay-ThomasIsmaël BellilChristian GirardStéphany GagnonAlireRaphaëlleBeauregardSylvianne BlanchettePantouteMarie-Eve PichetteChristine Arseneault-BoucherMichael DumouchelVaugeoisMarie-HélèneVaugeoisChristian VachonAnne-Marie GenestLibrairie Marché du livrePaulinesMartine LamontagneDu CentreVéronique GrondinDaigneaultMariane CayerDu SoleilJean-Philip GuySélectHarold GilbertMonet48 • LE LIBRAIRE • HORS SÉRIE • DÉCEMBRE 2011Édimestre: Cynthia Brisson | edimestre@le<strong>libraire</strong>.orgWebmestre: Daniel Grenier | webmestre@le<strong>libraire</strong>.orgUne réalisation des librairies Pantoute (Québec), Clément Morin(Trois-Rivières), <strong>Le</strong>s Bouquinistes (Chicoutimi) et <strong>Le</strong> Fureteur (Saint-Lambert).Une production des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Tous droitsréservés. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle n’estautorisée qu’avec l’assentiment écrit de l’éditeur. <strong>Le</strong>s opinions et les idéesexprimées dans le <strong>libraire</strong> n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.Fondé en 1998 | Dépôt légal Bibliothèque et Archivesnationales du Québec | Bibliothèque et Archives CanadaISSN 1481-6342 | Envoi de postes-publications 40034260le <strong>libraire</strong> est subventionné par le Conseil des Arts du Canada et la SODECle <strong>libraire</strong> reconnaît l’appui financier du gouvernement du Canada parl’entremise du Fonds du livre du Canada pour ce projet.LE LIBRAIRE est disponible dans 83 librairiesindépendantes du Québec, de l’Ontarioet du Nouveau-Brunswick ainsi que dans700 bibliothèques affiliées aux CRSBP.Francis <strong>Le</strong>febvreExèdreBenoît St-AubinLouise PoulinKasia Mielczarek Annie LéonardA à ZMorgane MarvierAnnie Proulx Catherine Arsenault Geneviève Dumont Mélanie Charestle <strong>libraire</strong>Stanley Péan Josée-Anne Paradis Cynthia Brisson Benjamin Eskinazi Dominique <strong>Le</strong>mieuxDenis <strong>Le</strong>Brun


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Changer d’existenceRHONDA BYRNE• Une invitation à la table de la sagesseFRANÇOIS GERVAIS• Parce que le bonheur, ça s’apprendCHRISTINE MICHAUD• « Je veux connaître les pensées de Dieu. »EinsteinMARC FISHER• D’hier à demainSHANIA TWAINUne femme remarquable, son histoire apportera sagesse, inspiration et espoir.• ISBN 978-2-89225-763-2 512 pages 34,95 $Gangs de rues<strong>Le</strong>s rouges contre les bleusMARCBEAUDET ET LUC BOILYIrrésistible, cette BD plaira aux amateurs de hockey de 7 à 107 ans.• ISBN 978-2-89225-762-5 56 pages 19,95 $


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DES ROMANS QUÉBÉCOIS POUR TOUS !MADAME TOUT-LE-MONDEJuliette ThibaultLA PETITE COUSINE DE FREUDAnn CharneyLES PREMIERS MAGICIENSMaude RoyerAU BORD DE LA RIVIÈREMichel DavidJE VOUDRAIS QU’ON M’EFFACEAnaïs Barbeau-LavaletteÀ BORD DE L’OURAGANCamille BouchardFÉLICITÉJean-Pierre CharlandROSE DE LA TUQUEJacques AllardUN P’TIT GARS D’AUTREFOISMichel Langlois

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