« Mon frère est mort, nous étions comme deux étoiles dans un cielnu »,transm<strong>et</strong>tant en quelques mots à la fois leur communion intime <strong>et</strong> leurprofonde solitude. Le 13 décembre 1925 il se r<strong>et</strong>rouva donc très seul,dans un monde beaucoup plus prompt à le vénérer qu'à tenter decomprendre ce qu'il disait. Parallèlement à sa douleur, Krishnamurti futencore plus révolté spirituellement. Sa nature réservée l'avait en eff<strong>et</strong>poussé à croire les théosophes qui lui avaient affirmé qu'il pouvait partirpour les Indes car <strong>son</strong> frère ne mourrait pas, puisqu'il devait seconderKrishnamurti dans sa mission future. Or, tandis que le bateau qui l<strong>et</strong>ransportait traversait la mer Rouge, il apprit que Nityananda venait demourir. Dès lors, parallèlement à sa souffrance intérieure, ce fut le rej<strong>et</strong>de toutes les influences que la Société Théosophique avait exercées surlui. Le refl<strong>et</strong> matériel de c<strong>et</strong>te libération intérieure sera bientôt ladissolution de l'Ordre de l'Étoile, à la tête duquel les théosophes l'avaientplacé. N'ayant plus <strong>son</strong> frère pour le comprendre <strong>et</strong> pour l'aider, il sentitla nécessité de tout comprendre par lui-même. Dans <strong>son</strong> immensedouleur, il cherchait à r<strong>et</strong>rouver <strong>son</strong> frère dans la nature entière <strong>et</strong>« dans le visage de chaque passant ». C'est alors qu'il comprit que tantque l'individu Krishnamurti aurait une entité propre <strong>et</strong> serait différentdes autres, la séparation entre <strong>son</strong> frère <strong>et</strong> lui demeurerait.« Quand mon frère mourut, on me dit qu'il était parfaitementheureux sur le plan astral, que tout pour lui était beau <strong>et</strong>couleur de rose. Pensez-vous que ma douleur fut apaisée ? Jecompris que tant qu'il existait une séparation entre lesindividus, tant que Krishnamurti serait plus important pourmoi, comme individu, que les autres, la douleur subsisterait <strong>et</strong>mon frère me manquerait. Lorsque je fus capable dem'identifier avec tous <strong>et</strong> de sentir, non pas seulement d'unemanière intellectuelle, mais aussi à travers mon cœur qu'iln'existe pas de séparation réelle, je trouvais mon bonheur.»C<strong>et</strong>te découverte fut capitale, <strong>et</strong> c'est ainsi que la mort de Nityanandaconstitua un tournant décisif dans la libération intérieure deKrishnamurti. A partir de c<strong>et</strong>te découverte, la mort de <strong>son</strong> frère ne futplus pour lui un arrêt, ne fut plus subie, mais devint un enrichissement,un prétexte à la découverte intérieure <strong>et</strong> une véritable révélation de sanature irréelle. C<strong>et</strong>te nature irréelle, c'était Krishnamurti en tantqu'individu séparé des autres <strong>et</strong>, lorsqu'elle disparut dans la révélation
de <strong>son</strong> irréalité, Krishnamurti « mourut ». Étant mort à lui-même, ildevint tous les autres, car il n'en était plus séparé par c<strong>et</strong>te natureirréelle. Il n'eut plus à chercher <strong>son</strong> frère dans la nature <strong>et</strong> « le visage dechaque passant » car il était alors <strong>son</strong> frère, comme il était tous lesautres. C'est la rai<strong>son</strong> pour laquelle il précisera un jour,« je suis toutes choses car je suis la Vie ».La « Vie », il la nomme aussi « le Maître » <strong>et</strong> encore « Le Bien-Aimé ».Dans le dix-septième poème du recueil « L'Immortel Ami », il écrit :« Oui, j'ai cherché mon Bien-AiméEt je l'ai découvert établi dans mon cœur.Mon Bien-Aimé regarde par mes yeux,Car maintenant mon Bien-Aimé <strong>et</strong> moi nous sommes un.Je ris avec Lui,Avec Lui je joue.C<strong>et</strong>te ombre n'est point la mienne,C'est l'ombre du cœur de mon Bien-Aimé,Car maintenant, mon Bien-Aimé <strong>et</strong> moi nous sommes un. »Dans le Bull<strong>et</strong>in International de l'Étoile de février 1930, Krishnamurtiindiquera ce qu'il entend par le « Bien-Aimé ». « Pour moi, le Bien-Aiméest chacun de vous, le brin d'herbe, le pauvre <strong>et</strong> le riche, le chienmalheureux <strong>et</strong> les montagnes grandioses, les arbres magnifiques... » Enjanvier 1927, la libération intérieure devint totale. Il a un peu plus d<strong>et</strong>rente ans <strong>et</strong> déclare :« J'ai été fait simple. »La dissolution de l'Ordre de l'Étoile <strong>et</strong> le refus d'avoir des disciplesA la lumière de sa propre existence, Krishnamurti secoue alors la torpeurde ceux qui l'entourent, torpeur qui les fait adhérer à des croyances <strong>et</strong>suivre des guides. Il sait que l'erreur consiste à accepter au lieu decomprendre, il sait« qu'il est beaucoup plus facile de suivre aveuglément que decomprendre <strong>et</strong> de devenir ainsi vraiment libre ».Alors couronnant tout cela, il déclare à ses adorateurs :
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