FOOTBALL COUPEDEFRANCEColmar se cramponneContre Monaco (1 - 0 a.p.), les Alsaciens avaient du cœur. Et du fer sous les semelles pour mieux tenir sur la pelouse gelée.COLMAR –de notre envoyé spécialLES VINGT-QUATRE bouteilles de« château-pontet-fumet » sont arrivéesmardi matin. Il était grandtemps. Dominique Lihrmann,l’entraîneur des SR Colmar, nous l’aavoué hier : « J’étais paniqué, je n’ycroyais plus. » Comment ? Deuxcolis de vins de Bordeaux auraientaidé à la qualification des Verts faceà Monaco (1-0 a.p.) ? Une nouvelleaffaire dans le football ? Les joueursde la Principauté ont-ils été enivrés àleur insu ? Les Alsaciens se doperaient-ilsau grand cru pour courirplus vite ?Ne riez pas, Lihrmann est trèssérieux : « En fait, tout a commencéaprès notre qualification contreRibeauvillé (Promotion d’Excellencedu Haut-Rhin), au troisième tour(3-2). Après le match, avec le président,les entraîneurs, les dirigeants,le toubib (1), on s’est retrouvés chezmoi. Il me restait douze bouteilles dece cépage. On en a ouvert une enmangeant du fromage. Ensuite,après chaque match de Coupe deFrance gagné, on a répété le cérémonial.» Lorsque survient la catastrophe: « On a fini la dernière bouteilleaprès la victoire à Saint-Louis(DH, 2-1), en trente-deuxièmes definale. » La cave est fouillée. Plusrien. Les recherches sont élargies.Enfin, sur Internet, Bruno Scherer,l’un des entraîneurs, trouve un négociantqui vend le même vin. La commandeest établie. Trois semainesd’attente. Et la délivrance, mardi.Après Monaco, chez « Doumé », lesbouchons ont sauté. Il faut bien finirle fromage.Lihrmann : « Je sais, ça peut faire riremais c’est un des paramètres quim’ont fait croire qu’on allait réussircette folie. Là, c’est de la superstition,mais çavaavec lereste. Toutestallé comme on l’espérait. Je n’avaispas un seul blessé dans l’effectif, cequi n’était plus arrivé depuis desmois. Et puis, c’est vrai, le temps aété notre allié. Entre des Monégasquesqui n’avaient pas envie dejouer et nous qui en rêvions depuisdes nuits, le destin a choisi. »« Soudain, une forcenous a poussésvers l’avant »Le destin etle flair.Jusqu’au boutdescrampons, Colmar ne se sera trompéen rien. Si, souvent, les Alsaciens ontparu mieux tenir sur la patinoire duStadium, c’est que l’option concernantles chaussures a été décisive.Pendant que les Monégasques ontévolué « en stabilisés »,les Verts ontjoué avec de petits crampons en ferde 8 millimètres. C’est ChristopheMilliet, le gardien, qui a convaincuses entraîneurs, après avoir essayédifférentes semelles durant lasemaine. Il ne fut pas le dernier à enpr<strong>of</strong>iter, restant parfaitement sur sesappuis pour pêcher, sur sa gauche, lepenalty de Gigliotti (83 e ). « Tu as étéfabuleux, pr<strong>of</strong>ite bien de tout ce quiarrive », viendra lui dire un GuillaumeWarmuz plein d’élégance,après le match.C’est après l’exploit de leur gardienque les hommes de fer prirent d’ailleursune nouvelle dimension. AliNemouchi, l’ancien (trentedeuxans) : « Soudain, c’est commesi une forcenous avait propulsés versl’avant. Le public s’est mis à pousser.On ne pensait plus à résister, il n’yavait plus de fatigue. Quand François(Bader) a marqué durant la prolongation,je ne peux pas dire, j’étaisdans un état second. »Ivre de bonheur, Nemouchi montraità tout le monde son tee-shirt, surlequel était écrit « Amine » : « C’estle prénom de mon fils de treize mois.Maintenant, j’ai une histoire à luiraconter pour la vie, même s’il y apeut-être une suite. »Et la suite sera ce qu’en fera ungroupe dont il serait injuste de dégagerl’un ou l’autre. « C’est ça, le plusbeau, glisse Lihrmann,cette idée quechacun apporte sa pierre. Ce sontdes gars formidables. » Nemouchi :« Il faut en pr<strong>of</strong>iter autant que possible.C’est un passage. Il durera cequ’il faut mais, dans les têtes, c’estpour toujours. »Sous les yeux de José Guerra,l’entraîneur qui a montré la voie avecSchiltigheim il y a trois ans (2), Colmara repris le flambeau alsacien.Lihrmann : « Comme Schilik, on voudraitpr<strong>of</strong>iter de l’élan de la Coupepour monter en CFA à la fin de la saison.» Ilreste trois points àreprendreà Vesoul et il faudra dormir un peuavant la venue d’Auxerre C, samedi,au Stadium. Car Nemouchi, parexemple, ne sait plus très bien àquelle heure il s’est couché, jeudimatin. Avec ses potes, il a terminé au« Poisson Rouge », une boîte de nuitde la périphérie. Mais il avait toutprévu. Il est en congé jusqu’à lundi.Ensuite, il y aura le tirage au sort :« Moi, je veux Marseille. Pour ça, jejoue n’importe où. »Sur l’excellent site du club(www.srcolmar.fr), quotidiennementmis à jour, les pronostics commencent.Les plaisanteries aussi. Defaux messages laissent croire que lemaire de Colmar va ériger une stèleau centre-ville en l’honneur des vainqueurset que Jacques Chirac a étésensible au succès colmarien. Hier,2 février, c’était la date anniversairede la libération de la ville, en 1945.Pour d’autres raisons, moinssérieuses, Colmar, soixante et un ansplus tard, a connu un réveil heureux.JEAN-MARC BUTTERLIN(1) Roland Hunsinger, Dédé Hermann,Bruno Scherer, Jean-Louis Jaegli,Gilbert Meyer et Bernard Faller.(2) En janvier 2003, Schiltigheim,alors également en CFA 2, avait battuTroyes (L 1) en 32 es de finale (3-1),n’étant éliminé qu’en quarts de finalepar Rennes (L 1) à la Meinau (1-2).Monaco coupe le sonAprès leur élimination surprise à Colmar, les joueurs monégasques ont été priésde garder le silence. Ambiance.MONACO –de notre envoyé spécialFRANÇOIS BAUDER a beau êtreingénieur informaticien, il a provoquéun énorme bug en marquant mercredile but de la victoire de Colmar (CFA 2)face à Monaco (1-0 a.p.). Dignes etfair-play dans la défaite, les joueursmonégasques n’ont pas fait des conditionsdangereuses une excuse toutetrouvée à leur défaite. Mais cetteclaque, sans précédent dans l’histoirerécente du club en Coupe de France,est venue au pire moment pour l’ASM,sur la lancée d’un mois de janvierperturbé parlesmouvements d’effectifet inquiétant sur le plan des résultats.Très énervés d’avoir été obligés dejouer, surpris par la non-titularisationde Zikos ou l’entrée de Givet enposition d’attaquant durant la prolongation,les Monégasques sont encruelle panne de confiance. Aprèsl’épisode de la pelouse trop neuve deLouis-II face à Lyon, l’expédition enAlsace a été glaciale à bien des égards.L’équipe alignée ressemblait pourtantd’assez près à celle qui avait écraséRhône-Vallées (CFA 2) au tour précédent(6-0), mais ce Colmar-Monacorestera « un match de merde à oubliertrès vite », selon Olivier Veigneau,interrogé en début d’après-midi. «Sion avait marqué le penalty (raté parGigliotti, 83 e minute), on n’en parleraitpas, poursuit-il. On a perdu, mais on aencore des objectifs à atteindre et cen’est pas en s’engueulant que lasituation va s’arranger. »Muet depuis mercredi soir, FrancescoGuidolin avait décrété hier un inhabituelhuis clos à Louis-II, d’ordinaireréservé aux veilles de match. Vers15 heures, après l’arrivée des joueurs,dont le capitaine Gaël Givet, alorsdisposé à parler à l’issue de la séance,Jean-Luc Ettori vint annoncer aux journalistesprésents qu’aucun membre dugroupe (joueurs, entraîneur) nes’exprimerait jusqu’à demain. Unsilence qui n’a pas pour cause l’éliminationà Colmar mais un article deL’Équipe (notre édition du 1 er février),contenant trop « de contrevérités »selon le directeur sportif de l’ASM (*).De leur côté, Michel Pastor, qui n’a passouhaité répondre à nos questions, etson vice-président Gérard Brianti sesont adressés aux joueurs avant leurentraînement, leur explicitant cesconsignes de silence.Ettori :« Cette éliminationest une péripétie »« Il ne s’agissait pas de mettre legroupe devant ses responsabilités,assure Ettori. Sur le plan sportif, toutne va pas bien, mais nous sommes enreconstruction. On savait que ce neserait pas simple, et ce n’est passimple. Les dirigeants sont venus direaux joueurs : cette élimination est unepéripétie, il vous reste la Coupe de laLigue,l’UEFAet laL 1oùon veutterminerà la meilleure place possible. Lasituation n’est pas dramatique. »L’ancien gardien nie tout malaise ausein du groupe, comme l’expliquaithier Olivier Sorlin, dénonçant« le bazar » et le silence de Guidolin àson égard. «La crise, ce sont desaffabulations de journalistes, poursuitEttori. Pour Sorlin (parti sans regrets àRennes et sévère à l’égard de sonancien club), c’est plus facile de faireporter la faute sur l’entraîneur que dese regarder dans la glace. »Dans cette ambiance sympathique,l’ASM essaie de préparer son déplacementà Rennes, demain, où le duoDi Vaio - Vieri devrait être réuni pour ladeuxième fois seulement depuis l’arrivéedes deux attaquants italiens.« Je suis persuadé qu’ils vont apportertout ce que l’on attend d’eux, glisseGÉRARD BRIANTI, le vice-président de Monaco, démenttoute tension particulière au sein du club.«Iln’yapasdecrise»MONACO –de notre envoyé spécial« QUELLE EST VOTRE ANALYSE de l’élimination deMonaco à Colmar ?– Colmar a été la meilleure équipe, bravo à eux. Mais il yavait un vrai danger à jouer ce match dans de telles conditions.On peut se réjouir que, malgré le gel, le brouillard et lereste il n’y ait pas eu d’accidents. Il n’y aura bientôt que depetites équipes ou des équipes B de clubs pr<strong>of</strong>essionnels enCoupe de France si on n’est pas plus protégé.– Les joueurs monégasques regrettent de ne pasavoir été davantage soutenus par leurs dirigeants(*). Que répondez-vous ?– J’ai insisté pour qu’ils jouent. Quand on participe à uneépreuve, on se plie au règlement. Les joueurs sont pr<strong>of</strong>essionnelset payés pour jouer. Mais ces conditions ont niveléles valeurs par le bas. Il n’y avait pas une grande équipecontre une petite équipe, mais simplement vingt-deux typesqui essayaient de tenir debout, sans appui. C’était une parodiede football. Il ne fallait pas jouer.– Cette élimination est-elle la plus grosse désillusionde l’histoire du club en Coupe de France ?– Non, ce matchlaissera peut-être des traces physiquementEttori. Mais cette semaine n’est pasdécisive pour le club. Si on se fait éliminermardi contre Nice en Coupe de laLigue, il faudra l’accepter. On reconstruit.»Plus question de Ligue des champions,ni même d’Europe. Ce brutal changementde discours ne va pas rassurer lessupporters, dont les forums évoquent,depuis mercredi soir, « la honte, lecalvaire, la situation risible et grave »d’une équipe comptant de nombreuxinternationaux français et étrangers.Mais aucun ingénieur informaticien.STÉPHANE KOHLER(*) Le club n’a pas souhaité exercer sondroit de réponse dans nos colonnesmais a donc décrété un très exceptionnel« silenzio stampa », une périodede silence pénalisant l’ensemble desmédias qui suivent Monaco.mais pas moralement. Les joueurs sont remontés. Nousallons réagir dans l’adversité.– Le huis clos décrété hier répond-il à une volontéde protéger le groupe ?– Le huis clos était prévu. Nous allons rencontrer lesjoueurs, avec le président, pour les assurer de notre compréhensionet de notre soutien total. On est tous solidaires. Il n’ya pas de crise. C’est très dur de perdre contre une équipe deCFA 2, mais ce n’est pas sur un match pareil que l’on peutjuger le groupe. Je suis sûr que les joueurs vont réagir. Il n’y apas de problème.– La demi-finale de Coupe de la Ligue, mardiprochainàLouis-IIcontreNice,est-ellelarencontrela plus importante de votre saison ?– Tous les matches sont importants. Rennes samedi, puisNice.Onne lâche pas du tout le Championnat, etil nous restetrois compétitions (L 1, Coupe de la Ligue et Coupe del’UEFA).– Comment va Christian Vieri, qui a reçu uncoupaugenou gauche lundi à l’entraînement ?– Il se soigne et cela devrait lui permettre d’être rétabli pourjouer samedi à Rennes. » – S. K.(*) Gaël Givet a déclaré mercredi soir à Colmar : « Si celaavait concerné une autre équipe que Monaco, ce matchn’aurait pas eulieu. Peut-être que nos dirigeants auraient dûmettre plus de pression. »M. Fraise ne regrette rienINTERROGÉ HIER, M. Fraise reconnaissaitavoir « résisté à defortes pressionsmonégasques » pour donner lecoup d’envoi du match Colmar-Monaco.L’arbitre assurait aussi n’avoir «niregret ni sentiment de culpabilité », etavoir reçu le soutien de Marc Batta, ledirecteur national de l’arbitrage.« La grosse crainte, c’était le risque deblessure, or les pressions se sont avéréesinfondées, tout s’est bien passé,a-t-il poursuivi. Les conditions étaientdifficiles mais elles étaient celles d’unsport d’extérieur. Il n’y a pas eu deblessés. C’était difficile mais jouable.(…) Il y a un décalage entre l’étatEN DIRECT DE LA LIGUE 1MARSEILLERien de grave pour BarthezHier, Fabien Barthez portait une minerve à la sortie de la Commanderie. Mettantfin aux interrogations suscitées par son forfait à l’échauffement contre Metz enCoupe de France (2-0), mercredi, le docteur Lankar, responsable du staff médical,a précisé que c’était lui qui avait pris cette décision « car il avait déjà une raideur àla nuque après la sieste.Quand ilest revenude l’échauffement, ilvoulaitmettre unpansement chauffant, mais je le lui ai déconseillé et j’ai pris l’initiative de le fairerenoncer au match. La minerve, aujourd’hui, sert uniquement de protection ».Jean Fernandez pense qu’il pourra jouer dimanche. Par ailleurs, Carrasso(adducteurs) et Lamouchi (cuisse) passeront aujourd’hui une échographie. Nasri(entorse des ligaments d’un genou) est forfait contre Troyes. – H. F.LYONRechutepour RéveillèreCarew a été victime d’un coup sur le pieddroitsans gravité,mercredisoir à Ajaccio(2-1a.p.). Enrevanche, Réveillère,obligéde sortir au bout d’une demi-heure, estforfait contre Bordeaux. Il souffre d’undécollement de l’aponévrose d’unischio-jambier gauche. Une nouvelleIRMla semaineprochainedétermineraledegré de cicatrisation. – C. C.BORDEAUXJurietti souffre d’une tendinite auxadducteurs. – L. L.LILLEDumont et Debuchy (genou) sont forfaitscontre Nice. Lichtsteiner (pied) etFauvergue(béquille) sont incertainsdemême qu’Aboucherouane, de retourde la CAN. – M. Bo.METZEn raison du brouillard, les Messins ontattendu hier après-midi pour quitterMarseille. Le décrassage fut annulé.–R.R.d’esprit des vingt-deux joueurs sur leterrain et les déclarations d’aprèsmatch (virulentes de la part des Monégasques).(…) J’ai discuté avec un oudeux joueurs de Monaco avant la rencontre.L’un d’eux m’a dit qu’ilsallaient s’adapter et qu’avec lescadences infernales, il était préférablequ’ilsjouent. Quandj’aiprisladécisionde donner le coup d’envoi, les joueursont été vigilants et pros. Il aurait étéfacile pour les Colmariens de se jeter àtout va et de tacler, comme il aurait étéfacile pour les Monégasques de glisseret d’en rajouter… Mais, pendant lematch, tout le monde a joué le jeu,NANCYContre Metz, Correa pourra comptersur les retours de Brison, Kroupi etBerenguer. – R. R.NANTESDimitrijevic (béquille à la cuissegauche) et Guillon (genou droit) quiont passé des échographies rassurantesont repris avec le groupe. Maiscomme Capoue (lumbago) et Bamogo(double entorse), ils sont toujoursincertains pour samedi. – Ph. C.NICEFanni (cuisse) est partant pour Lille.Diakité est qualifié. – Ja. G.PARIS-SGDja Djedje sera indisponible trois mois.Il a subi l’ablation d’un fragment d’os àla cheville gauche. Par ailleurs, Rothena repris cette semaine l’entraînementavec ballon. Il ne devrait pas être prêtdemain contre Saint-Étienne, contrairementà Dhorasoo, de retour d’uneblessure à un mollet. – D. D.COLMAR. –Les joueursde Colmar(ici Mastroianni,àdroite)avaient choiside jouer avecdes cramponsvissés,contrairementaux Monégasques(ici Dos Santos),qui s’en étaienttenus auxchaussures pour«stabilisés».Sur la patinoiredu Stadium,le pari desAlsaciensa été gagnant.(Photo Pierre Lahalle)Pourquoi le match s’est jouéL’arbitredeColmar-Monacoadécidédedonnerlecoupd’envoi,aprèsunelonguehésitationetmalgrélapressiondes Monégasques. Récit.JOUER, NE PASJOUER ? Telle était la question.Et ce ne fut pas une mince affaire. En fin de matinée,mercredi, Francesco Guidolin, l’entraîneurmonégasque, accompagné de Jean-Luc Ettori,son directeur sportif, était venu arpenter lapelousedu Stadiumde Colmar, encore recouverted’unefine pelliculede neige.Guidolin ne fitaucuncommentaire, attitude qu’il conservera après lematch, mais à entendre les «Mamma mia!Mamma mia ! » lancés en exécutant des pas dedanse, on devinait sans peine le fond de sapensée.Ettori, lui, n’en référa pas à sa génitrice et signifiaclairement que le terrain était injouable à sesyeux : « Mais ce que je ne comprends pas, c’estpourquoi la Fédération n’a pas fourni une bâcheaux Colmariens. Le match est fixé depuis troissemaines et tout le monde connaît le climat, ici,en hiver. » De fait, les Sports Réunis Colmaravaient reçu une proposition. Il leur en aurait coûté150000 euros,plus que ce querapporte la qualificationpour les huitièmes de finale(135 000 euros). Impensable.Midi : Dominique Fraise, l’arbitre, foule à son tourl’aire de jeu. Il ordonne alors de faire enlever laneige et donne rendez-vous à 17 heures pour unedécision finale. Les bénévoles du club se mettentau boulot. Sans trop y croire.17 heures : l’arbitre et ses assistants effectuentune première reconnaissance. Le pessimismes’accentue. Petite réunion dans le vestiaire, puisM. Fraise décide d’un nouvel essai, en tenue. Différemmentcramponnés, l’arbitre et ses assistantsalternent courses et pas chassés. Ils retournentau vestiaire. Devant les grilles fermées, lesspectateurs commencent à s’agglutiner.Dominique Lihrmann, l’entraîneur colmarien, nese fait plus trop d’illusions : « C’est très limite. »« Je m’étais fait une raison, reconnaissait-il, hier.J’aimêmepenséquel’arbitre avait faitdéblayerleterrain pour que le match ne puisse pas se jouertant les responsables monégasques manifestaientleur envie qu’il soit remis. »La décisionque personne n’attendaitLes joueurs de la Principauté arrivent au stade. Ilest 17 h 50,à peine plus d’uneheure avant le coupd’envoi. Alors commencent les allées et venuesdans la pièce occupée par les arbitres. Les dirigeants,les capitaines, les entraîneurs. Et la décision,celle que personne n’attendait plus, tombe :« On commence le match », annonce M. Fraise.Fou de rage, Gaël Givet traverse le couloir :« C’est n’importe quoi. » Il parvient à forcer levestiaire arbitral. Ressort de suite. Dernières tentativesde pression, mais M. Fraise refuse désormaistoute incursion.Monaco pose des réserves, dans lesquelles il estquestion de poursuivre l’arbitre devant les juridictionspénales et civiles en cas de blessure.L’immense majorité des Monégasques ne veulentpas que le match débute. Leur énervements’accentue lorsqu’ils apprennent que GérardBrianti, le vice-président du club, absent àColmar, a exigé, par téléphone, auprès de Jean-Luc Ettori que l’équipe joue.La partie commence finalement à 19 h 10, avecdix minutes de retard et s’éternise puisque c’estau cours de la prolongation que les Monégasquess’inclinent. Pour suivre le jeu, le public doits’accommoder du brouillard. Conformément à lacirculaire 5.06 de la Direction nationale de l’arbitrage,le délégué principal est tenu d’interpellerl’arbitre s’il juge, depuis les gradins, que les spectateursn’ont pas une vision correcte du match.Or, M. Fraise n’a pas été sollicité. À moins qu’il nesoit pas monté en tribune, le délégué de Colmar-Monaco a donc considéré que la visibilité desspectateurs était suffisante.Hier matin, au lendemain de la défaite, les Monégasquess’enfonçaient dans le doute (voir ci-dessous)et leur président MichelPastor s’entretenaitavec celui de la Fédération, Jean-Pierre Escalettes.Mais le club de la Principauté ne tenterapas d’autres démarches <strong>of</strong>ficielles, convaincuqu’elles ne changeront plus rien. « Le délégué dumatch ne voulait pas que le match se joue, assureGérard Brianti. Mais cela ne change rien. Colmara été le meilleur. J’ai insisté pour qu’on joue parceque, lorsqu’on participe à une épreuve, on se plieà son règlement. Nos joueurs sont pr<strong>of</strong>essionnelset payés pour jouer. » Ettori, lui, s’interroge :« Est-ce que M. Fraise a décidé tout seul ? Je ne lecrois pas. L’arbitre et la Fédération ont pris ungros risque et joué à la roulette russe. Il n’y apas eu d’accident. Tant mieux pour eux, mais cen’est certainement pas une excuse. » – J.-M. B.(avec S. K. et R. Te.)il n’y a eu aucun contentieux. J’ai justediscuté une minute avec Di Vaio audébut de la prolongation et il s’interrogeaitun peu. (…) Si Gigliotti avait ratéson penalty à cause d’une glissade,vousnepensezpas qu’ilseraitvenu mele reprocher ? Quant au gardien deColmar (Christophe Millet a déclaréque, dans le brouillard, il n’avait pas vule but de son coéquipier, FrançoisBader), je crois que c’est une boutade.Le ballon était orange, on a fait destests avant la rencontre avec plusieurschaussures. On croisait les joueurs àl’échauffement, ça allait. » – R. Te.RENNESY. Hadji, de retour de la CAN, etIsaksson (quadriceps) sont aptes.Aux soins et forfait : Frei (hanche),Ouaddou (cuisse) et E. Didot (tendond’Achille). – J.-D. C.SOCHAUXBoudarène (cuisse) est arrêté pourdeux semaines. Weldon souffre d’untendon d’Achille. – C. M.STRASBOURGA. Farnerud et Gameiro sont rétablis.Johansen (micr<strong>of</strong>issure du tendond’Achille droit) est à l’arrêt pour dixjours. – M. K.ClassementPts J. G. N. P. p. c. Diff.— — — — — — — —1. Lyon 54 23 16 6 1 39 15 +242. Bordeaux 45 24 12 9 3 22 12 +103. Auxerre 42 24 13 3 8 32 24 +84. Lille 40 24 11 7 6 34 17 +175. Paris-SG 37 23 11 4 8 28 22 +66. Marseille 36 24 10 6 8 25 27 -27. Le Mans 35 24 10 5 9 24 19 +58. Lens 34 24 7 13 4 30 20 +109. Monaco 33 23 9 6 8 22 18 +410. Saint-Étienne 33 23 8 9 6 21 20 +111. Nancy 32 24 9 5 10 24 19 +512. Rennes 32 24 10 2 12 24 35 -1113. Nantes 30 23 8 6 9 24 23 +114. Nice 30 23 7 9 7 17 19 -215. Toulouse 30 24 8 6 10 24 28 -416. Sochaux 26 24 6 8 10 18 25 -717. Troyes 25 23 6 7 10 21 29 -818. AC Ajaccio 17 24 3 8 13 13 29 -1619. Strasbourg 15 23 2 9 12 14 30 -1620. Metz 14 24 2 8 14 14 39 -25LES RÉVÉLATIONS D’EYDELIEBoli :«Cen’estpastrès élégant »Sur OMTV, Basile Boli a réagi auxpropos de Jean-Jacques Eydelie dansL’Équipe Magazine, et notamment ausujet d’un dopage présumé lors de lafinale de C 1 entre Marseille etl’AC Milan en 1993.« Les déclarations de Jean-JacquesEydelie ne sont pas très élégantespour nous, ses partenaires. (...)Ce n’est pas facile à accepter quequelqu’un vienne dire, treize ansaprès,quecequ’onafait,c’étaitdubidon, a déclaré l’ancien défenseurmarseillais. Je comprends qu’ilpuisse être malheureux aujourd’hui,qu’il a vécu des moments difficiles.Je peux comprendre sa détresse,mais, de grâce, qu’il changed’armes ! » Par ailleurs, la sortie dulivre de Jean-Jacques Eydelie,intitulé Je ne joue plus, aétéavancée au 15 février. Les éditionsde l’Archipel devaient lecommercialiser initialement le1 er mars. Bernard Tapie a transmismardi une assignation en référé àl’éditeur afin « d’obtenir sans délaidu président du tribunal de grandeinstance la communication du livre ».■ AS ROME : ONZE PERSONNESMENACÉES DE PRISON. –Onzepersonnes sont poursuivies pourdéplacement de drapeaux etbanderoles faisant l’apologie dunazisme et du fascisme lors dumatch entre l’AS Rome et Livourne(3-0), dimanche. Elles encourent despeines allant de trois mois à un ande prison. Des banderoles avaientnotamment repris la devise dessoldats d’Hitler et menacé de«four»les équipes de la LazioRome et de Livourne. Le ministre del’Intérieur, Giuseppe Pisanu, aprécisé que ces onze individusn’appartenaient pas à des groupesde supporters de l’AS Rome. Le clubromain a été condamné à disputerune rencontre à huis clos et surterrain neutre.■ L 1 : LE PROGRAMME DESMATCHES REMIS. –LaLFPacommuniqué les nouvelles dates desmatchesreportésdela24 e journéedeLigue1.SeullematchMonaco-Lyonn’apasencorepuêtrefixé, puisque Monaco dispute lesdemi-finales de la Coupe de la Liguela semaine prochaine et lesseizièmes de finale aller de la Coupede l’UEFA la semaine suivante. Voicile nouveau programme. Mercredi8 février, 20 heures : Strasbourg -Paris-SG ; Mardi 14 février,20 heures : Saint-Étienne - Nice,Nantes-Troyes. À déterminer :Monaco-Lyon. Par ailleurs, laCommission centrale de la Coupe deFrance a fixé Châteauroux-Sochauxau mardi 14 février, à 20 heures.■ LA LIGUE ESPAGNOLE ENSUSPENSION DE PAIEMENT ? –LaLigue espagnole a annoncé, hier,qu’elle allait demander à se déclareren suspension de paiement aprèsqu’une décision de justice lui aimposé de payer à la chaîne privéeAntena 3 la somme de 25 millionsd’euros pour la vente de droits deretransmission télévisée. Lecontentieux, qui date de 1989, aconnu divers rebondissements. «Lefootball ne va pas s’arrêter et laLigue va continuer à travaillernormalement, aassurélesecrétairegénéraldelaLigue,CarlosDel Campo, après la décision. D’unpoint de vue pratique, il ne se passerien. C’est une situation prévue parla loi pour tenter de protéger lepatrimoine de la Ligue et de sesclubs. Nous présentons cettedemande (de déclaration desuspension de paiement) car lasolvabilité de l’institution estmenacée. »■ NEWCASTLEÉCARTESOUNESS.– Au lendemain d’une nouvelledéfaite à Manchester City (0-3),Newcastle a écarté Graeme Souness.L’entraîneur écossais, en postedepuis septembre 2004, paie unesérie de mauvais résultats. LesMagpies sont seulement quinzièmesde la Premier League.■ COMMISSION DE DISCIPLINE. –La commission de discipline réuniehier a pris les décisions suivantes.LIGUE 1. – Un match de suspensionferme : Mathis (Auxerre), Laslandes(Bordeaux), Cerdan (Le Mans), Collin(AC Ajaccio) ; un match ferme debanc de touche et de vestiaired’arbitres : Sanchez (Saint-Étienne).LIGUE 2. –Unmatchferme:Mangione (Dijon) ; un match fermede banc de touche et de vestiaired’arbitres : Gourcuff (Lorient). Parailleurs, l’avertissement donné auLensois Assou-Ekotto contreBordeaux (1-0) a été annulé.■ CHOPLIN À BAYONNE. –Le milieu manceau Jérémy Choplin(20ans)aétéprêtéjusqu’àlafindela saison à Bayonne (N). – Ch. L.■ LIRI À BOULOGNE. –Auchômageaprès avoir notamment évolué àSedan, l’attaquant ivoirien SergeAlain Liri (26 ans) s’est engagéjusqu’à la fin de la saison àBoulogne-sur-Mer (N).■ STAM À L’AJAX EN JUILLET. –Ledéfenseur international néerlandaisdu Milan AC, Jaap Stam (33 ans) asigné avec l’Ajax Amsterdam uncontrat de deux ans qui débuteraen juillet.■ CABANAS À COLOGNE. –LeFCCologne a fait signer l'internationalsuisse Ricardo Cabanas (27 ans),ex-capitaine du Grasshopper Zurich.Cabanas, qui a évolué à Guingamp(janv. 2004-juin 2004), a signé àCologne jusqu'en juin 2010. – A. Me.■ MAZEAUD ET LE SPORT À LASORBONNE. – Pierre Mazeaud,président du Conseil constitutionnelet ancien ministre de la Jeunesse etdes Sports, donnera une conférencelundi6février,à9h30,àl’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, dans le cadre du diplôme« droit du sport » inauguré endécembre dernier par Jean-FrançoisLamour, actuel ministre des Sports.PAGE 4 VENDREDI 3 FÉVRIER 2006
FOOTBALL COUPED’AFRIQUEDESNATIONS(quartsdefinale)GUINÉE - SÉNÉGALSous le soleil de GuinéeSpectaculaires, créatifs, mais également solides en défense, les Guinéens sont devenus la sensation de ce tournoi.AUJOURD’HUI, A ALEXANDRIE,15 HEURES (14 heures,heure française),STADE HARAS EL-HEDOOD(Eurosport)GUINÉE : Diarso – Jabi, Baldé (cap.),Kalabane, I. Camara – Feindouno,Thiam, M. Sylla, Mansaré – K. Diawara,O. Bangoura. Remplaçants : K.Camara (g.), A. Bangoura (g.), M. Cissé,M. A. Diallo, Kaba, Se. Camara,Souaré,K. Sylla,Ib.Bangoura,Is.Bangoura,S. Bangoura, Yattara. Entraîneur: P. Neveu.SÉNÉGAL : Sylva – Coly (cap.), Diatta,So. Diawara, Daf – Kamara, BoubaDiop,A. Faye, Diouf ou Diagne-Faye –H. Camara, So. Camara ou Niang.Remplaçants : P. M. Diouf (g.), C.N’Diaye (g.), Diakhaté, Dramé,N’Daw, Is. Ba, Djiba, Diagne-Faye ouDiouf, Niang ou So. Camara, Barry, F.Mendy. Absent : Beye (suspendu).Entraîneurs : A. Sarr et A. Traoré.ALEXANDRIE –de notre envoyé spécialDEVANT SA BIÈRE, calé au bar entreplusieurs survêtements jaunes, le journalistedu Berliner Zeitung venuprendre la température de cette Couped’Afrique des nations avant la grandmessede juin n’en revient pas. « C’estincroyable, je n’avais jamais vu ça. Onse croirait dans un film ! » Les Guinéens,hilares, sont tous là. Il est prèsde deux heures du matin et le SyliNational vient tout juste de remportersa troisième victoire d’affilée (face à laTunisie, 3-0, après avoir battu l’Afriquedu Sud, 2-0, et la Zambie, 2-1). Pendantque Sambegou Bangoura prend enphoto tout ce qui bouge, le plan debataille s’organise. Ce soir, l’opérationportes ouvertes a été décrété parPatrice Neveu, un entraîneur heureux.À l’autre bout du salon, vêtus de jauneou de jean, les joueurs laissent déborderleur trop-plein d’émotion dans unconcerto assourdissant de cris et derires. Emporté un moment par la foule,Kaba Diawara réussira à crocheter sespartenaires. Il rejoindra Bobo Baldé, levrai boss de l’équipe, assis devant satasse de thé. Les deux hommes ne finirontpas la douce et courte nuit égyptienneen boîte.Soudain, le hall marbré de l’hôtelretrouvesaquiétude. Le tourbillonjaunea disparu, happé par les ascenseurs.Patrice Neveu peut souffler : « Ce soir, jeles laisse faire. En vivant sur place, àConakry, j’ai appris à mieux peser mesactes et mes mots. Bien sûr, j’ai imposéune discipline mais, de temps en temps,il faut savoir la moduler. »Dans cette ville d’Alexandrie, dont lenom magique résonne d’échos légendaireset littéraires depuis près devingt-quatre siècles, les Guinéens sonten train d’écrire leur propre histoire.Depuis la dernière Coupe d’Afrique,disputée en Tunisie il y a deux ans, quatorzenouveaux joueurs ont intégré lasélection. Cette mini-révolution coïncideen fait avec l’arrivée du Français.Lequel a immédiatement marqué sonterritoire et les esprits des joueurs en sebattant pour conserver ses adjointsPapa Camara et Abdoulaye Keita« Banks », un moment évincés.« Ensuite, je me suis appuyé sur troishommes de base pour construire monéquipe, raconte-t-il. Pascal Feindouno,un joueur qui prendra encore unedimension supplémentaire quand ilquittera la France. Bobo Baldé lui, estrespecté par tous, mais il n’en abusepas. Quant à Fodé Mansaré, il a prisbeaucoup de volume à Toulouse. J’aiaussi beaucoup consulté Internet poursavoir où évoluaient les Guinéens enEurope car il pouvait y avoir un très bonjoueur qui se cachait dans un clubmoyen. Je ne voulais avoir aucunregret. »Des garçons comme Souaré (Jura-Sud)ou Morlaye Cissé (Sedan), tous deuxévoluant en CFA, ont ainsi rejoint lasélection, tout comme Kalabane(Auxerre), à l’époque à l’Étoile duSahel, Ismaël Bangoura du Mans et uncertainKaba Diawara, une référence enL 1, mais qui n’avait curieusementjamais été appelé par le Syli.Patrice Neveua tenu bonPatrice Neveu s’est également déplacéen Allemagne, à Wolfsburg, pourconvaincre Pablo Thiam de revenir ensélection. « Je ne voulais plus y aller,explique le capitaine de la formationallemande. Après avoir disputé deuxCAN, en 1994 en Tunisie et en 1998 auBurkina Faso, j’avais décidé d’arrêter.J’ai été élevé à l’école de la Bundesligaet je ne comprenais pas ce fonctionnement.C’était n’importe quoi. J’ai faitune longue pause avant que le coachvienne me convaincre. Il m’a promisqu’il y aurait davantage de rigueur et ila tenu parole. »Durement critiqué par la presse guinéennedès son arrivée à Conakryen mai 2004, Patrice Neveu, qui vitonze mois sur douze en Guinée, aappris la patience et tenu bon. «J’aiessuyé des critiques énormes, notammentquand j’ai décidé de ne pas appelerdes joueurs comme Salam Sow, quin’avait pas de club ou SouleymaneYoula, un bon élément, mais quim’aurait posé des problèmes enÉgypte. »Longtemps considéré comme unentraîneur militaire, « c’est ce qu’ondisait de moi en France », Neveu s’est,petit à petit, laissé happer par la doucequiétude africaine : « Je suis presquedevenu guinéen dans ma façon d’agir.Je sais aujourd’hui qu’ils ont à la foisbesoin d’être poussés et en mêmetemps protégés. Je leur dis souvent :“ Prenez un peu de ma rigueur, maissurtout, gardez votre créativité. ” »Un message reçu cinq sur cinq par FodéMansaré, le « fils » de ce coach, qui estégalement sa conscience et son protecteur: « Il me parle beaucoup et me faitconfiance. Moi, en retour, j’essaye detout donner, explique le Toulousain.Parfois, ilgueule, mais jene disrien, carjesais qu’il le fait pour monbien et pourceluidelaGuinée. »Parfois, Fodéentresans frapper dans la chambre du coachen partance et « gueule » à son tourpour tenter de le retenir. Alors, PatriceNeveu sourit comme un gosse. Sa voixpuissante, où les mots forts se bousculentd’habitudedansun flot ininterrompu,se fait subitement plus douce.JEAN-PHILIPPE COINTOTSÉNÉGALLe tableau finalQuarts de finale Demi-finales Finale(aujourd'hui et demain)(mardi 7 février)Aujourd'hui, au Caire, stade International :ÉgypteAu Caire, stade International :(18 heures)RD CongoAujourd'hui,,à Alexandrie, stade H. El-Hedood d :(18 heures)Guinée(14 heures)SénégalDemain, au Caire, stade de l’Académie militaire :CamerounÀ Alexandrie, stade H. El-Hedoo(18 heures)Côte d’IvoireDemain, à Port-Saïd :(14 heures)Nigeria(14 heures)TunisieN. B. : programme en heure française.Pour l’heure locale, ajouter une heure.Tous les matches en direct sur Eurosport, sauf la finale, sur TF 1.(vendredi 10 février,au Caire, stade International,17 heures)3 e place(jeudi 9 février, au Caire,stade de l’Académie militaire,17 heures)FERDINAND COLY, le capitaine du Sénégal, évoque sans concession la qualification miraculeuse de son équipe.Mais il croit aussi en elle.« Le destin est avec nous »Battu deux fois sur trois, deuxième de son groupe à égalité de pointsavec le Ghana et le Zimbabwe, le Sénégal a gagné sa place en quart definale grâce à une meilleure différence de buts. La défaite des Lionsface au Nigeria (1-2), mardi dernier, alors qu’ils menaient au score àdouzeminutesdelafindumatch,afaitnaîtredesinterrogations.FerdinandColy, le défenseur de Parme, est agacé par le manque de rigueurde sa formation et se projette sur ce quart de finale face à la Guinée.LE CAIRE –de notre envoyé spécial« MARDI SOIR, il y avait parfoisun peu de colère chez certainsjoueurs. Comment vous sentezvousaujourd’hui ?– La joie a quand même toujours étéprésente. Simplement, la qualificationet nos quatre-vingt minutes de bonfootballont été entachéespar ces deuxbuts.Maisbon, voilà:le destin est avecnous. Tant mieux. Ce qui s’est passé,c’est un signe.– Le destin peut-il vous amenerloin ?– Jepense,oui. Mais à conditionde nepas oublier une chose : si on a perdu decette manière, c’est qu’on a des faiblesses.– Lesquelles ?– La concentration, la rigueur. On aeupeur, on a arrêté de jouer. Ce n’est pasdigne d’une grande équipe.– Que vaut ce Sénégal ?– C’est le problème : on se pose desquestions. Mais bon, on ne va pas nonplus faire la fine bouche. N’oublionspas qu’on est passés par la petiteporte, mais savourons aussi cemoment-là.– Mardi, vous avez déclaré quevous n’arrêtiez pas de répéterles mêmes choses à vos coéquipiers,et que cela ne servait visiblementà rien.– (Il sourit.) Je sais pourquoi j’ai ditça… Il faut toujours être derrière lesuns et les autres. C’est un peu le problèmedu Sénégalais. Il faut absolumentque je continue à faire ce travail.C’est fatigant, c’est usant même. Maissi je me relâche, on s’endort.« La Guinéeme fait penserau Sénégal de 2002 »– Vous avez eu une réunion, cetaprès-midi (hier). De quoi avezvousparlé ?BUTEURS. – 1. Eto’o (Cameroun) ; Santos (Tunisie),4; buts ; 3. Flavio Amado (Angola),Feindouno (Guinée), 3buts;5.Drogba (Côte d’Ivoire) ; Abo Treka, Moteb (Égypte) ; O.Bangoura (Guinée) ; Martins (Nigeria), 2 buts ; 10. Maurito (Angola) ; Geremi, Meyong(Cameroun) ; A. Koné, Y. Touré (Côte d’Ivoire) ; A. Hassan, Mido (Égypte) ; Adamu,Amoah (Ghana) ; S. Bangoura, K. Diawara (Guinée) ; Lua-Lua, Mputu (RD Congo) ;Kames (Libye) ; Obi Mikel, Obodo, Taiwo (Nigeria) ; Is. Ba, H. Camara, S. Camara (Sénégal); Chérif Touré, Kader (Togo) ; Benachour, Bouazizi (Tunisie) ; Chamanga, C. Katongo,Tana (Zambie) ; Benjani, Chimedza (Zimbabwe), 1but.A marqué contre son camp : Kalemba (RD Congo, pour le Cameroun).Pascal Feindouno (allongé) sourit, le gardien KemokoCamara s’apprête à l’étreindre. Qualifiée pour les quartsde finale et devenue l’une des attractions principalesde la CAN, la Guinée respire la joie. Celle d’un groupe uni.(Photo Jean-Marc Pochat)■ DINDANE EST REVENU. – L’attaquant ivoirien de Lens, Aruna Dindane, quiavait dû rentrer en France en raison d’un deuil familial avant le premier match deson équipe, a rejoint ses coéquipiers hier. « Je ne vais pas revenir là-dessus (ledeuil). Il n’y a pas grand-chose à dire, a commenté le joueur, qui s’est présenté enconférence de presse moins d’une heure après son arrivée à l’hôtel où résident lesIvoiriens. Leplusimportant, c’estd’avoir rejointle groupe.Jouer, nepas jouer, êtreprêt ou non, c’est secondaire. » « On verra s’il peut jouer ou pas. Le préparateurphysique doit le voir », avait expliqué un peu plus tôt Henri Michel, le sélectionneurdes Éléphants. En quart de finale, la Côte d’Ivoire affronte le Cameroundemain au Caire.■ RECTIFICATIF. – Dans notre édition d’hier, une erreur s’est glissée dansla listedes cinq pays africains qualifiés pour la Coupe du monde 1998. Il fallait lire :Afrique du Sud, Cameroun, Maroc, Nigeria, Tunisie.– D’un peu tout ça. On doit discuter,discuter sans arrêt. Quand on est dansnotre confort, on n’est pas bons.– Pourtant, sur le papier…– (Il coupe et rit quelques instants.)Ah ça, c’est sûr… Quand tu regardesles clubs où évoluent nos joueurs,notre banc de touche, tu te dis : “Maisc’est pas possible !” La vérité, c’estqu’une grande équipe, ce n’est pas forcémentde grands joueurs. L’exempleparfait, c’est la Guinée. Elle me faitpenser au Sénégal de 2002. Il y a beaucoupd’enthousiasme, beaucoup degaieté, ça joue en équipe. On a un peuperdu ça. Ce qui m’énerve, c’est qu’onest capables de tout. Ça fait peur et, enmême temps, ça donne de l’espoir. Onpeut perdre contre n’importe quicomme battre les meilleurs. Mais ondoit absolument devenir plus réguliers! C’est bien beau, l’expérience.Mais elle sert à quoi, là ? Dans lesmoments clés, il faut savoir cadenasser,mettre le pied. J’espère qu’on vamonter en puissance pour ce quart definale.– Vous semblez vraiment ycroire.– J’en suis persuadé. On peut faire tellementmieux. Quand on est dos aumur, on se surpasse, on a une autrementalité. Jouer un quart de finale, enplus dans un derby contre la Guinée,c’est exceptionnel ! Mais on regardeaussi plus loin. Tout est possible. »SÉBASTIEN TARRAGO■ DIOUF INCERTAIN. – Victime dedouleurs musculaires, El-Hadji Diouf aécourté son entraînement, hier soir.Selon le staff médical sénégalais, lejoueur de Bolton est incertain pour larencontre face à la Guinée. Une décisionsera prise aujourd’hui. – S. Ta.ÉGYPTE - RD CONGOL’Égypte,lesensdel’histoire?Opposée au Congo, l’Égypte possède l’avantage d’évoluer dans une ambiance exceptionnelledepuis le début du tournoi.AUJOURD’HUI, 19 HEURES (18 heures,heure française), AU CAIRE, STADE INTERNATIONAL(Eurosport)ÉGYPTE : El-Hadary – Abdel Wahab, Saïd, El-Sakka, Gomaa – Shawki, M. Hassan,A. Hassan (cap.), Barakat – Moteb, Zaki ou Mido. Remplaçants : A. W. El-Sayed (g.),Abdel Monsef (g.), A. El-Sayed, T. El-Sayed, Fathy, Hosni, Abdel Malek, Ali, Sabry,H. Hassan. Absent : Abo Treka (suspendu). Entraîneur : H. Chehata.RD CONGO : Kalemba – Kinkela, Mubiala, Kamudimba, Ilunga – Tshiolola, Matumona,Mbayo, Mbala – Mbele Lelo, Lua-Lua (cap.). Remplaçants : Chansa (g.),Dikete (g.), Lubanzadio, Nsumbu, Ilongo, Kasongo, Matingou, Milambo, Kabamba.Absents : Kabundi, Bokese, Mputu (suspendus). Entraîneur : C. Le Roy.LE CAIRE –de notre envoyé spécialIL FAUT ENTENDRE ce bruit infernalpour imaginer l’effet qu’il produit touten bas, sur les joueurs. Une demiheureavant le début de chaquematch, parfois même avant, le showdébute. 74 000 spectateurs, autant devoix qui s’élèvent avant de s’abattresur la pelouse. Un bon tiers de la foulepossède entre ses mains deux bâtonsen plastique insolites. Elle les faits’entrechoquer à intervalles réguliers,créant une atmosphère effarante dansle stade international du Caire.« Notre principale force, c’est vraimentde jouer à domicile, devant cepublic, dans cette ambiance, raconteAbdel Zaher el-Sakka, le défenseurégyptien de Konyaspor, en Turquie.Quand on a affronté le Maroc (0-0),(Noureddine), Naybet est même venum’en parler après le match. Si on étaitsi déterminés pour le dernier matchcontre la Côte d’Ivoire (3-1), c’étaitaussi parce qu’on tenait absolument àfinir premiers du groupe et à resterici. »La République démocratique duCongo de Claude Le Roy seraconfrontée à cette folie, tout àl’heure, en quart de finale de la compétition.Éliminés dès le premier touren 2004, recalés pour la Coupe dumonde (1), les Pharaons ont relancéles espoirs du pays en seulementtrois matches (deux succès, un nul).Évoluer à domicile constitue unLe Congo rêve d’exploitLE CAIRE –de notre envoyé spécialDANS LE HALL de l’hôtel, un attroupement soudaintrouble la quiétude ambiante. « Coach, onvient de trouver quelqu’un dans la chambre deMputu ! » Claude Le Roy se lève, sévère, va auxrenseignements puis revient. « Certainement unagent. » Qui aurait passé les filtres mis en placepar le sélectionneur de la République démocratiquedu Congo ? D’anciens membres de l’équipenationale, postés à tous les niveaux de l’établissement,veille en effet à la quiétude du groupe.Renseignements pris, il s’agit d’un chauffeur detaxi venu récupérer son argent... Pas grave : Le Royavantage considérable, et la RDCdevra réaliser une prouesse, ce soir,pour inverser le sens de l’histoire.La Coupe d’Afrique fait escale auCaire pour la quatrième fois depuis1957. En trois tentatives, l’Égypte adéjà remporté le trophée à deuxreprises (2). En 24 éditions, le paysorganisateur s’est imposé dix fois.Hossam Hassan,39 ans et 6 mois…Ici, plus personne n’imagine l’Égyptes’incliner. Erreur rituelle qui agaceprodigieusement Hassan Shehata, lesélectionneur local : « La RDC n’estpas une bonne équipe ? Il luimanque des joueurs importants ? Lematch sera facile ? Tout cela estfaux, répète à l’envi le successeur deMarco Tardelli, parti en octobreassure que ses étonnants lutins congolais sontassaillis, depuis le premier match XXL livré contrele Togo (2-0), par des marchands de rêve. Il s’irritede ces mouvements perpétuels.Mputu, l’un des plus impressionnants, l’un desplus recherchés, sera absent contre l’Égypte, àcause d’une expulsion. Comme Bokese, le défenseurcentral. Kabundi, l’autre axial, sera aussiindisponible en raison de cartons jaunes. Le Roydevra redessiner son équipe et modifier quasimenttoute la défense. Pas facile au moment d’aborderl’hôte de la CAN devant 80 000 fanatiques. «Onsait que nous aurons plus qu’une équipe contrenous mais les joueurs sont sereins, concentrés. Ils2004 quand les chances de qualificationpour la Coupe du monde étaientdéjà compromises. C’est méconnaîtrele football que de dire ça. »Malgré une performance tropmoyenne face au Maroc (0-0) lors desa deuxième rencontre du tournoi,l’Égypte s’appuie sur un jeu collectifabouti, renforcé par la présence dansson onze de départ de six à septjoueurs du club d’Al-Ahli, vainqueurde la Ligue des champions d’Afriqueen 2005. Mais elle a aussi ses problèmes.Le milieu de terrain Abo Trekaa été injustement suspendu (3), etMido, touché aux adducteurs,devrait déclarer forfait. La chanced’Hossam Hassan ? Entré en coursde match face aux Ivoiriens, lalégende du football égyptien a étéimpliquée sur deux buts. À trenteneufans et six mois, l’homme aux167 sélections ne sera peut-être pastitulaire. Mais deux décennies aprèsavoir remporté sa première Couped’Afrique (4), déjà au Caire, il pourraità nouveau faire une apparition etrendre ce public, qui le vénère, unpeu plus exalté encore. – S. Ta.(1) Elle a fini troisième du groupe de laCôté d’Ivoire et du Cameroun.(2) À domicile, l’Égypte s’est imposéeen 1959 et 1986. Mais elle a aussi remportéla CAN en 1957 et en 1998. Avecquatre titres, elle détient le record dunombre de victoires, à égalité avec leCameroun et le Ghana.(3) Il a reçu deux avertissements, dontun pour une faute commise par l’un deses coéquipiers.(4) Il a participé à la campagne victorieuseen 1998.sont bien. J’ai eu vraiment beaucoup de plaisir àaller à l’entraînement, hier matin. Nous sommesheureux d’être ensemble. Sur le dernier matchcontre le Cameroun (0-2), les joueurs ont pluscherché à savoir qui aurait le maillot d’Eto’o, ce nesera pas le cas contre l’Égypte. »Tout est en place. Mercredi, un envoyé de la présidencea ramené la mallette et les 15 000 dollarspar joueur accordés pour la qualification en quartsde finale. Ces derniers en recevront 20 000 de plusen cas de qualification en demi-finales. Lua-Lua, lecapitaine, est confiant : « Tout se passe bien, noussommes prêts. » Comme le glisse Le Roy dans unsourire : « Et pourquoi pas ? » –H.P.TOURNOI DE PARIS ILE-DE-FRANCELes 11 et12FÉVRIER 06BERCYJUDOAVECVENDREDI 3 FÉVRIER 2006 PAGE 5