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Ferme Éric Lessard Être bien épaulé pour réaliser ses projets

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REPORTAGE À LA FERME<strong>Ferme</strong> <strong>Éric</strong> <strong>Lessard</strong><strong>Être</strong> <strong>bien</strong> <strong>épaulé</strong><strong>pour</strong> <strong>réaliser</strong> <strong>ses</strong><strong>projets</strong>PAR YVON GENDREAU*POUR ÉRIC LESSARD D’EAST BROUGHTON, L’ADHÉSION DE LA FERME À UN GROUPECONSEIL AGRICOLE AU MOMENT OÙ IL A DÉCIDÉ DE PRENDRE LA RELÈVE DE SESPARENTS S’EST AVÉRÉE UN CHOIX JUDICIEUX. « NOUS AVONS RÉALISÉ BEAUCOUP PLUSRAPIDEMENT NOS PROJETS D’EXPANSION. »<strong>Éric</strong> et Mélanie avec leurs enfants : Laurie, Léa et Anabel.26AVRIL 2009 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS


C’est en écoutant <strong>ses</strong> parents discuter,un soir d’automne 1998, de la possibilitéde démanteler leur ferme qu’<strong>Éric</strong>manifestera son désir de prendre larelève. Si l’idée lui trottait dans la têtedepuis un moment, il n’avait jamaisvraiment abordé le sujet avec eux. Toustrois conviendront de prendre l’hiver<strong>pour</strong> s’assurer de l’intérêt d’<strong>Éric</strong> et <strong>pour</strong>voir comment ils <strong>pour</strong>raient donner vieau projet.<strong>Éric</strong> prend de l’information un peupartout et participe aux réunions de producteursde lait. Tout en continuant às’interroger sur <strong>ses</strong> véritables motivations,il cherche à savoir quel est lemeilleur moyen de réussir un transfert.On lui recommande alors fortement, ainsiqu’à <strong>ses</strong> parents, d’adhérer au Groupeconseil agricole Beauce-Frontenac, cequ’ils feront. Michel Vaudreuil deviendraalors leur conseiller et leur allié dans lamise en œuvre de tous les <strong>projets</strong>subséquents.PRENDRE DE L’EXPANSION<strong>Éric</strong> et <strong>ses</strong> parents sont conscients quela ferme doit prendre de l’expansion<strong>pour</strong> que le transfert soit viable. C’estégalement la conclusion à laquellearrive leur conseiller. Ensemble, ils sefixent un premier objectif : rentabiliserchaque pied carré de l’entreprise aumaximum. Suivront dès lors toute unesérie de changements qui seront planifiéset budgétés sur une base annuelle(voir petite histoire d’un transfert).Selon <strong>Éric</strong>, tous les travaux réalisésannuellement depuis 1999 ne l’auraientjamais été dans un laps de temps aussicourt sans l’appui de leur conseiller engestion. « On n’est pas bons dans tout,c’est <strong>pour</strong>quoi on trouvait importantd’être <strong>bien</strong> <strong>épaulé</strong>s en matière definancement. Le conseiller voit pleinde cho<strong>ses</strong> qui se passent ailleurs, il aune bonne expertise. Il arrive avec deschiffres concrets qui correspondent à taréalité. Avec lui, on établit un budgetet on se fixe des objectifs réalistes dansle temps. On peut aussi lui poser desquestions <strong>pour</strong> savoir si nos idées ontdu sens. »<strong>Éric</strong> et <strong>ses</strong> parents ne se seraientjamais lancés seuls dans une telle entreprise.« Nous aurions réalisé les <strong>projets</strong>beaucoup plus lentement que ça et il yen aurait eu beaucoup moins, facilementla moitié. Passer de 16 kg/jour à26 d’un coup, on ne se serait jamaisrisqués par nous-mêmes », admet <strong>Éric</strong>.Paul, le père d’<strong>Éric</strong>, donne un bon coupde main à la ferme.LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS AVRIL 200927


REPORTAGE À LA FERMEIl sentait chez <strong>ses</strong> parents un peud’inquiétude à l’idée de faire desdépen<strong>ses</strong> aussi importantes dès ledépart. La ferme n’avait pratiquementplus de dettes. Doubler le quota en13 mois seulement (5 kg supplémentairesseront achetés en 2000) les obligeaità en contracter de nouvelles et ilfallait qu’ils s’assurent de leur capacitéde les rembourser.Le hangar a été transformé en étable froide <strong>pour</strong> les taures.sont en bonne partie attribuables aufait qu’<strong>Éric</strong> et son père ont exécuté euxmêmesla presque totalité des travaux.La formation d’électricien d’<strong>Éric</strong> lui aété très utile <strong>pour</strong> améliorer l’étable.Si la ferme a pu augmenter sonquota aussi rapidement, c’est qu’elle enavait les moyens. « Quand c’est chiffré,tu sais où tu t’en vas, affirme <strong>Éric</strong>. Lesbudgets annuels montraient que c’étaitpossible. Et des chiffres, le groupeconseil te permet d’en obtenir plusieursqui, mis à leur place, te donnent unportrait réaliste de ta situation. »Curieusement, les <strong>projets</strong> des <strong>Lessard</strong>étaient tellement viables qu’ils auraientmême voulu aller plus vite une foisl’objectif atteint.Soulignons cependant que la rapiditéde l’expansion et la limitation des coûtsL’expansion de la ferme a été réalisée enbonne partie à l’intérieur des murs del’étable existante. Une petite rallonge<strong>pour</strong> la stabulation libre a toutefois étéajoutée.LES MOTIVATIONS D’ÉRICÀ 20 ans, <strong>Éric</strong> entame des études enélectricité en vue de devenir son proprepatron. Un été, alors qu’il manque detravail dans son domaine, il vientdonner un coup de main à la ferme. Ilréalise que ce son père jouit d’une bellequalité de vie et qu’il a un horaire plusflexible que celui d’un électricien.Bien sûr, <strong>Éric</strong> a toujours l’espritd’entreprise; il croyait devenir un jourentrepreneur en électricité. Mais enregardant aller <strong>ses</strong> patrons, il se rendcompte que le temps libre <strong>pour</strong>rait luifaire défaut. Il découvre que le métierd’agriculteur laisse plus de liberté. Enfin de compte, l’agriculture, et plusparticulièrement tout ce qui concerne28AVRIL 2009 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS


REPORTAGE À LA FERMEla machinerie, l’attire réellement.Donc, à 22 ans, il se dit qu’il doit faireun choix. S’amorce alors tout unprocessus de réflexion et de remise enquestion qu’il mûrira un moment avantd’en parler à <strong>ses</strong> parents ce fameux soird’automne 1998. Une fois qu’il auradécidé de prendre la relève, il irasuivre un cours intensif en productionlaitière au Centre de formation agricolede Saint-Anselme, où il obtiendrason diplôme d’études professionnellesen 2000.À ce moment-là, il est encore troptôt <strong>pour</strong> procéder au transfert etdégager l’argent nécessaire <strong>pour</strong> verserun salaire supplémentaire. <strong>Éric</strong> continuedonc son travail d’électricien, maisil se rapproche de la ferme et vientaider <strong>ses</strong> parents. L’entrepreneur quil’emploie est au courant de son rêve deprendre la relève à la ferme familialeet lui donne une certaine latitude,particulièrement pendant la périodedes gros travaux. En 2003, <strong>Éric</strong> ces<strong>ses</strong>on boulot et s’investit à plein tempsdans la ferme.EN VITESSE DE CROISIÈREAujourd’hui, <strong>Éric</strong> considère que laferme a atteint le maximum de sacapacité de production. Tout autreprojet d’expansion exigerait desdépen<strong>ses</strong> importantes et le forcerait àrevoir sa façon de travailler. On parleraitalors de nouveaux bâtiments, demain-d’œuvre à embaucher et deL’installation d’une easy-line avecporteur double a permis de libérer pasmal de temps de travail.La <strong>Ferme</strong> <strong>Éric</strong> <strong>Lessard</strong> a un cheptel de85 têtes, dont 46 vaches en lactation.manque de terres. « Ce serait vraimentune tout autre affaire, soutient <strong>Éric</strong>.J’aurais à étudier sérieusement ledossier. Quelles seraient ma charge detravail et ma qualité de vie? » Pourl’instant, il se concentre sur le remboursementde <strong>ses</strong> dettes. Dans 10 ans,il verra. Actuellement, le <strong>pour</strong>centagede dépen<strong>ses</strong> de la ferme tourne autourde 50 %, mais il a été plus élevé pendantquelque temps après le transfert.<strong>Éric</strong> espère abaisser <strong>ses</strong> dépen<strong>ses</strong> à45 % au cours des prochaines années.Il veut aussi préserver sa qualité devie. « Ce n’est pas parce qu’on a uneferme qu’il n’y a que le travail quicompte. Il faut aussi penser à lafamille. » Au fil des ans, l’établissementd’un budget et la réalisation de certainsinvestissements lui ont permisd’embaucher un employé et de prendrecongé une fin de semaine sur deux.LA FORMULE DE GROUPE, UNE FAÇONDE S’AMÉLIORER<strong>Éric</strong> avoue tirer avantage de la formulede groupe. « Tu peux te comparer avecles meilleurs et voir là où sont tes faibles<strong>ses</strong>.Comme les données sontchiffrées, que ce soit en <strong>pour</strong>centage,à l’hectolitre, par vache, etc., c’est facilede voir s’il y a amélioration ou non. Ilne faut pas avoir peur de te compareret de t’interroger sur tes faibles<strong>ses</strong>. Çate permet d’améliorer ton efficacité. Et,si tu es efficace, ça veut aussi dire quetu peux améliorer ta qualité de vie. »<strong>Éric</strong> n’hésite pas à participer auxmidis-causeries organisés par songroupe conseil. On y discute d’une questionen particulier – les frais vétérinairesou un chantier de balles rondes,par exemple – et les producteurs peuventpartager leurs expériences :chacun explique comment il s’y prend.Le conseiller du groupe organise lesréunions et y participe; il tâte le poulsde <strong>ses</strong> membres <strong>pour</strong> savoir de quelssujets ils aimeraient parler. On peut enaborder quatre ou cinq dans une année.L’activité a lieu surtout l’hiver.<strong>Éric</strong> est administrateur de songroupe conseil depuis 2006 et fait aussipartie d’un petit groupe de quatre producteursqu’il a formé. Ceux-ci se rencontrentenviron quatre fois par annéeet mettent tous leurs chiffres sur latable. Celui qui a les meilleurs résultatsexplique sa méthode. Toutes lesdonnées sont fournies par le groupeconseil. À tour de rôle, chaque membredu groupe est l’hôte de la réunion etc’est celui qui reçoit qui décide du sujetde la discussion. « Faut accepter la critiqueet avoir l’esprit ouvert », dit <strong>Éric</strong>.Les thèmes dont ils traitent sont trèsvariés et peuvent même toucher la viefamiliale : les vacances, par exemple.« Quand tu restes seul dans tesaffaires, tu ne vois plus ce qui va <strong>bien</strong>ou ce qui va mal. Les rencontres degroupe t’aident à comprendre ce quicloche. S’ouvrir au collectif, c’est encoremieux que de rester seul dans son coinà espérer obtenir une subvention <strong>pour</strong>réussir », conclut <strong>Éric</strong>.LA PETITE HISTOIRE D’UN TRANSFERT• 1998 – Paul, le père d’<strong>Éric</strong> parledepuis déjà un moment de la possibilitéde démanteler sa ferme. Sesdeux filles ne sont pas intéressées àreprendre l’entreprise. Par contre,<strong>Éric</strong>, qui est alors électricien, manifestede l’intérêt. Pris par surprise,Paul et Claudette, les parents,s’entendent avec lui sur la nécessitéde prendre quelques mois <strong>pour</strong>réfléchir à tout cela.• 1999 – Le projet de transfert commenceà prendre forme. À l’automne1999, <strong>Éric</strong> suit un cours en productionlaitière. Convaincus qu’il faudraenvisager une expansion de la fermeet voulant <strong>bien</strong> réussir le transferttout en s’assurant d’établir un budgetréaliste <strong>pour</strong> y parvenir, les propriétaireset leur fils deviennentmembres du Groupe conseil agri-30AVRIL 2009 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS


REPORTAGE À LA FERMEcole Beauce-Frontenac. MichelVaudreuil, le conseiller, les appuiedans leurs démarches initiales etcontinuera de les assister par la suite.Leur premier objectif est l’achat de10 kg de quota et l’achat en copropriétéd’une machinerie à ballesrondes.• 2000 – Paul et Claudette transfèrent20 % des parts de l’entreprise à <strong>Éric</strong>.La fosse à fumier est construite,l’étable est agrandie et on achèteUne des recommandations de leurconseiller a été la fabrication de lamoulée à la ferme. C’est d’ailleurs<strong>Éric</strong> qui s’est occupé du système decommande électrique.5 kg/jour de quota. <strong>Éric</strong> reçoit aussi1 kg de quota de la relève. En prèsd’un an, la ferme passe donc de16 kg/jour à 32 kg/jour.• 2001 – Aménagement de l’étable àstabulation libre <strong>pour</strong> les génis<strong>ses</strong> etdu parc de vêlage; installation d’unsystème de ventilation naturelle.• 2002 – Amélioration de 28 stalles(tapis et mangeoire), achat d’unsoigneur à moulée, d’un compresseurà vacuum et d’un réservoirà lait.• 2003 – <strong>Éric</strong> cesse son travail d’électricienet se consacre à temps pleinà la ferme laitière. Ses parts dansl’entreprise sont maintenant de 35 %.On agrandit 18 stalles, on passe à lamoulée composée de grains, onachète du quota supplémentaire et<strong>Éric</strong> construit lui-même sa maisonen bonne partie. La ferme possèdemaintenant un quota de 45 kg/jour.• 2004 – Transformation d’un hangaren étable froide <strong>pour</strong> les taures.• 2005 – Installation d’un pipeline de3 po, achat de huit retraits automatiquesà connexion rapide et installationd’une easy-line avec porteurdouble. Ce dernier achat, fortementrecommandé par leur conseiller,permettra de libérer du temps detravail qui <strong>pour</strong>ra être alloué àd’autres tâches. « C’est notre plusbelle réussite», lance <strong>Éric</strong> avec fierté.• 2006 – Achat d’une presse à ballesrondes (roto-cut), achat d’une terrevoisine de 60 acres, modification deslogettes de l’étable froide.• 2007 – Le transfert de ferme estfinalisé et <strong>Éric</strong> en devient l’uniquepropriétaire.LA FERME ET LA FAMILLEAujourd’hui, la ferme d’<strong>Éric</strong> <strong>Lessard</strong> aun cheptel de 85 têtes, dont 46 vachesHolstein pur sang en lactation. Elles’étend sur 85 ha, dont 69 en prairie; lereste est boisé. <strong>Éric</strong> loue aussi 13 ha deterres.<strong>Éric</strong> et sa conjointe, Mélanie Gilbert,ont trois filles : Anabel, 2 mois, Laurie,2 ans, et Léa, 3 ans. <strong>Éric</strong> prend toujoursune semaine de vacances en famillel’été et s’organise <strong>pour</strong> passer plus detemps avec les siens aux fêtes de find’année. Dans <strong>ses</strong> loisirs, il s’adonne àla pêche, joue au hockey deux fois parsemaine et assume son rôle de pompiervolontaire.* Yvon Gendreau, journaliste, FPLQ32AVRIL 2009 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

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