évènementDany Masset va <strong>de</strong> table en table pour corriger une enchère ou surveiller le jeu <strong>de</strong> la carte.Itinéraire <strong>de</strong> Découverte, qui permettentune approche pluridisciplinaire, notammenten résonance avec les mathématiques.Enfin, un club <strong>de</strong> bridgerassemble les plus addicts et il y a ena beaucoup.Au total, près <strong>de</strong> 80 enfants sur 700pratiquent le bridge au collège JeanJaurès. Une expérience qui dure <strong>de</strong>puiscinq ans et qui a ramené nombre<strong>de</strong> médailles et <strong>de</strong> coupes au collège.La <strong>de</strong>rnière en date (champion <strong>de</strong>France 2011) trône d’ailleurs dans lebureau <strong>de</strong> Véronique Muse, la principale.Le bridge, elle en connaît tous lesbienfaits car c’est son <strong>de</strong>uxième postedans un établissement qui a mis ce jeuau programme. « Ce n’est pas miraculeuxmais il y a une valeur éducativecertaine et on ne perd rien à développerce jeu à l’école. Les enfants sont heureuxet cela pourrait suffire mais c’estaussi un instrument <strong>de</strong> valorisation pourl’élève. Ils sont fiers et motivés. »Et ce n’est pas toujours le premier <strong>de</strong>la classe qui réussit confirmera Dany.Alexis, 12 ans, me confiera que ce jeule calme et lui a donné l’assurance dontil manquait avant d’ajouter : « Et puis,cela nous permet <strong>de</strong> voyager, d’allerdans <strong>de</strong> beaux hôtels, <strong>de</strong> rencontrerd’autres personnes, <strong>de</strong>s jeunes commenous, en compétition. »C’est la cerise sur le gâteau commeaime à le dire Dany Masset, la gran<strong>de</strong>organisatrice <strong>de</strong> ces sorties. « Il n’ya pas besoin <strong>de</strong> faire trois années <strong>de</strong>bridge pour se confronter à cet exercice,celui <strong>de</strong>s rencontres, <strong>de</strong>s parties,<strong>de</strong>s compétitions. »Le double plaisir <strong>de</strong> ValentinLes jeunes <strong>de</strong> 6 ème ont connu leur premièresortie en tournoi à la rentrée <strong>de</strong>svacances <strong>de</strong> Toussaint après seulementquelques semaines <strong>de</strong> cours.Valentin voudrait plutôt être pharmacienmais il m’avouera que joueur <strong>de</strong>bridge, il y pense quand même, au casoù... C’est un bon élève <strong>de</strong> 3 ème qui acommencé le jeu en 6 ème à contre cœur,avant <strong>de</strong> s’apercevoir que cela luicorrespondait merveilleusement bien.« Je voulais faire du badminton. Aussiles trois premiers mois <strong>de</strong> bridge, je faisaisun peu la tête. Quand j’y repense,je ne regrette pas d’avoir changé ! »Ce garçon d’à peine 13 ans très réfléchia trouvé dans le bridge un doubleplaisir. « C’est vrai que j’aime bien gagnermais ce que je préfère, ce sontles relations que l’on peut établir avecles autres, c’est un genre d’amitié, <strong>de</strong>sliens plus forts… »Et c’est vrai qu’à les observer dans lescours <strong>de</strong> Dany, remuant sur leur chaisemais concentrés sur leur main, on se ditLes enfants sont heureuxet cela pourrait suffiremais c’est aussi un instrument<strong>de</strong> valorisation pour l’élève.Ils sont fiers et motivés.14 L’as <strong>de</strong> trèfle I N°<strong>17</strong> JANVIER 2013
qu’on <strong>de</strong>vrait avoir recours plus souventaux jeux. Les voilà qui calculent,mémorisent les levées, interpellent leurpartenaires. Parfois, quelques invectivesfusent quand l’autre a mal joué,plus rarement un geste d’énervementvite recadré par Dany mais le plus souventun calme étonnant règne dans lasalle <strong>de</strong> cours.Mme Masset se promène entre lestables, elle encourage les élèves à lacompétition en félicitant ceux qui remplissentleur contrat.Avec les jeunes <strong>de</strong> 6 ème , la voilà pluspédagogue encore. C’est le <strong>de</strong>uxièmecours <strong>de</strong> sa matinée.« Aujourd’hui, on va apprendre l’atout.Vous jouez la 23, c’est Sud qui donne.Je viens vous ai<strong>de</strong>r s’il le faut. » Dans sasalle <strong>de</strong> bridge, 18 élèves, dont 6 filles,ont pris place en orientant Sud vers lafenêtre. Audrey, la sœur <strong>de</strong> Corentin,un grand déjà très prometteur, s’estinscrite sur les conseils <strong>de</strong> son frère.Elle veut marcher sur ses traces <strong>de</strong> sonaîné. « à la maison, personne ne jouaitmais on a quand même l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>scartes, me dit-elle. Belote, crapette,manille ! »Dany déplore que les filles ne s’accrochentpas davantage. « Elles aban-Eric REMY,directeur général <strong>de</strong> La FFBPOURQUOI PAS MATIèREOPTIONNELLE AU BAC ?Dans quel contextecette conventionentre l’éducation nationaleet la FFB a-t-elle été signéeet quelle en est la finalité ?On a trois ans pour démontrer quele bridge a le pouvoir <strong>de</strong> redonner àcertains élèves le goût <strong>de</strong>s sciences.Il y a un gros déficit en matière scientifiqueet l’éducation nationale nousfait aujourd’hui confiance, commeelle l’a fait en son temps avec leséchecs, pour amener indirectementplus <strong>de</strong> jeunes à acquérir cet espritlogique qui fait parfois défaut. LaFFB avait <strong>de</strong>puis longtemps misé surla jeunesse et <strong>de</strong> nombreux établissementsproposent déjà du bridgescolaire. Nous espérions cet agrémentet nous avons travaillé dans cesens. Il faut dire que le bridge possè<strong>de</strong>un grand défenseur au sein <strong>de</strong>l’éducation nationale en la personne<strong>de</strong> Michel Gouy, inspecteur d’académieet bridgeur, qui est une <strong>de</strong>s chevillesouvrières <strong>de</strong> cet accord.Comment les choses vont-ellesse dérouler concrètement ?La convention a été signée en septembre.Cette première année estcelle <strong>de</strong> la préparation afin d’assurerla mise en place <strong>de</strong> l’enseignementdès la rentrée 2013. Nous n’allonspas tout <strong>de</strong> suite proposer le bridgeà l’école mais bien un enseignementsous forme <strong>de</strong> jeux mathématiques,première étape avant d’abor<strong>de</strong>r lesrègles <strong>de</strong> bridge et le jeu lui-même.Pour cela, il faut que les enseignantspuissent s’appuyer sur un ouvrage.C’est sur ce livre que nous travaillonsactuellement. Il jettera un pontentre les mathématiques et le bridgesous forme ludique. C’est avec cetoutil que nous <strong>de</strong>vrons convaincreles chefs d’établissement et les enseignants<strong>de</strong> choisir cette nouvellediscipline. Et puis les comités <strong>de</strong> laFFB et les académies <strong>de</strong> l’éducationnationale vont apprendre à travaillerensemble.Quels objectifs s’est fixéela FFB pour gagner son pari ?Réussir notre pari ce serait en premierque notre convention soit renouveléeau bout <strong>de</strong>s 3 ans. Aujourd’hui,quelques 5 000 jeunes jouent aubridge dans le cadre scolaire, pourquoine pas doubler ce chiffre d’icilà. Et puis pourquoi ne pas imaginervoir notre discipline <strong>de</strong>venir unematière optionnelle au Baccalauréat.Si le bridge redonnait aux élèves lamotivation et l’envie <strong>de</strong> progresser,ce serait sans doute la plus belle <strong>de</strong>svictoires. ■serg_dibrovaL’as <strong>de</strong> trèfle I N°<strong>17</strong> JANVIER 2013 15