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Place du test urinaire PCA3 pour le diagnostic du cancer ... - Urofrance

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Progrès en urologie (2008) 18, 259—265Disponib<strong>le</strong> en ligne sur www.sciencedirect.comARTICLE DE REVUE<strong>Place</strong> <strong>du</strong> <strong>test</strong> <strong>urinaire</strong> <strong>PCA3</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>diagnostic</strong> <strong>du</strong><strong>cancer</strong> de la prostateValue of urinary <strong>PCA3</strong> <strong>test</strong> for prostate <strong>cancer</strong> diagnosisV. Vlaeminck-Guil<strong>le</strong>m a,∗ , A. Ruffion b , J. Andre aa Service de biologie des tumeurs solides, génomique, protéomique, centre hospitalierLyon-Sud, hospices civils de Lyon, 165, chemin <strong>du</strong> Grand-Revoyet, 69495 Pierre-Bénite, Franceb Service d’urologie, centre hospitalier Lyon-Sud, hospices civils de Lyon, 165, chemin <strong>du</strong>Grand-Revoyet, 69495 Pierre-Bénite, FranceReçu <strong>le</strong> 22 février 2008 ; accepté <strong>le</strong> 31 mars 2008Disponib<strong>le</strong> sur Internet <strong>le</strong> 16 mai 2008MOTS CLÉSCancer de laprostate ;Biomarqueur ;Diagnostic ;Urines ;<strong>PCA3</strong> ;Biopsies prostatiquesRésumé Le gène <strong>PCA3</strong> a été découvert en 1999 sur la base de son expression différentiel<strong>le</strong>entre <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> et <strong>le</strong> tissu prostatique non cancéreux. Plusieurs études ont évalué l’intérêtdiagnostique dans <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate de la mesure, dans <strong>le</strong>s urines enrichies en cellu<strong>le</strong>sprostatiques, <strong>du</strong> nombre de copies des ARN pro<strong>du</strong>its par <strong>PCA3</strong>. Pour une sensibilité légèrementinférieure à cel<strong>le</strong> <strong>du</strong> dosage sérique <strong>du</strong> PSA, la spécificité et <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs prédictives positive etnégative de ce dosage (<strong>test</strong> <strong>PCA3</strong>) apparaissent meil<strong>le</strong>ures. Le <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> apparaît ainsi commeun bon indicateur <strong>du</strong> résultat des biopsies prostatiques. La mise à disposition d’une troussecommercia<strong>le</strong> offre l’opportunité d’engager des études à grande échel<strong>le</strong> <strong>pour</strong> confirmer <strong>le</strong>srésultats, préciser <strong>le</strong>s indications <strong>du</strong> <strong>test</strong> et évaluer son intérêt en économie de la santé. L’undes objectifs est une meil<strong>le</strong>ure sé<strong>le</strong>ction des patients qui doivent être orientés vers des biopsiesprostatiques.© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.KEYWORDSProstate <strong>cancer</strong>;Biomarker;Diagnosis;Urine;Summary <strong>PCA3</strong> gene has been discovered in 1999 because of its differential expression betweenprostate <strong>cancer</strong> and nonneoplastic tissue. Several studies evaluated its value for prostate<strong>cancer</strong> diagnosis. These papers are consistent with significant statistical accuracy of measureof the urinary number of <strong>PCA3</strong> copies (<strong>PCA3</strong> <strong>test</strong>). Whi<strong>le</strong> sensitivity is slightly weaker than thatof seric PSA, specificity as well as positive and negative predictive values are quite better. <strong>PCA3</strong><strong>test</strong> seems therefore to be a good indicator of prostate biopsy results. As a commercial kit is∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : virginie.vlaeminck-guil<strong>le</strong>m@chu-lyon.fr (V. Vlaeminck-Guil<strong>le</strong>m).1166-7087/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.purol.2008.03.029


260 V. Vlaeminck-Guil<strong>le</strong>m et al.<strong>PCA3</strong>;Prostate biopsiesavailab<strong>le</strong>, large studies will be con<strong>du</strong>cted to confirm these results, precise when to perform the<strong>test</strong> and evaluate the benefit/cost ratio. One of the aims is better se<strong>le</strong>ction of those patientswho will really benefit from prostate biopsies.© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.L’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> dosage sérique <strong>du</strong> PSA en pratique cliniquea permis la détection plus fréquente <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> dela prostate à un stade potentiel<strong>le</strong>ment curab<strong>le</strong> [1,2].Undesinconvénients liés à la généralisation <strong>du</strong> dosage dans unedémarche de dépistage indivi<strong>du</strong>el est cependant sa faib<strong>le</strong>spécificité. La zone grise de 4à10ng/ml s’accompagne eneffet d’un taux de biopsies négatives de 45 à 70 %. Ces biopsiesnégatives peuvent a posteriori être considérées commeévitab<strong>le</strong>s : el<strong>le</strong>s auraient pu ne pas être réalisées si <strong>le</strong> dosagesérique <strong>du</strong> PSA avait été parfaitement discriminant. Uneautre limite <strong>du</strong> dosage <strong>du</strong> PSA est <strong>le</strong> <strong>diagnostic</strong> possib<strong>le</strong> de<strong>cancer</strong>s indo<strong>le</strong>nts, non évolutifs (sur<strong>diagnostic</strong>) à l’origined’un « sur-traitement » inapproprié. Il apparaît nécessairede disposer de nouveaux biomarqueurs aux performancessupérieures qui puissent, notamment, distinguer avec plusde spécificité <strong>le</strong>s patients qui ont un <strong>cancer</strong> de ceux qui n’enont pas ou même d’identifier précisément <strong>le</strong>s patients quiont un <strong>cancer</strong> de la prostate évolutif.De nombreuses équipes ont ainsi recherché, puis <strong>test</strong>éde nouveaux biomarqueurs uti<strong>le</strong>s au <strong>diagnostic</strong> <strong>du</strong> <strong>cancer</strong>de la prostate [3]. Les protéines spécifiquement expriméesdans la prostate constituent <strong>le</strong>s candidats <strong>le</strong>s pluslogiques [3], comme par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> prostate-specific membraneantigen (PMSA), l’hepsine, la UDP-N-acetyl-alphad-galactosaminetransferase (GalNAC-T3), l’homéoprotéineNkx3.1, <strong>le</strong> prostate-derived ets factor (PDEF), <strong>le</strong> PCGEM-1ou encore <strong>le</strong> prostate stem cell antigen (PSCA).Parmi <strong>le</strong>s gènes <strong>le</strong>s plus spécifiquement exprimés dans <strong>le</strong><strong>cancer</strong> de la prostate, on relève aussi <strong>PCA3</strong>, dont la descriptionremonte à la fin des années 1990 [4]. Les premièresétudes ont montré la surexpression nette de <strong>PCA3</strong> dans plusde 90 % d’échantillons de <strong>cancer</strong> de la prostate par rapportau tissu prostatique non cancéreux (prostate norma<strong>le</strong>ou hypertrophie bénigne de la prostate) [4—6]. L’utilisationde <strong>PCA3</strong> comme marqueur diagnostique a alors rapidementété proposée et a con<strong>du</strong>it, après plusieurs études cliniques,à l’élaboration d’un véritab<strong>le</strong> <strong>test</strong> biologique utilisab<strong>le</strong> enpratique clinique. L’objectif principal de cette revue est deprésenter <strong>le</strong>s résultats des études con<strong>du</strong>ites sur <strong>PCA3</strong>. Cesrésultats suggèrent que <strong>le</strong>s informations apportées par <strong>PCA3</strong>complètent cel<strong>le</strong>s fournies par <strong>le</strong> dosage sérique <strong>du</strong> PSA plusqu’el<strong>le</strong>s ne <strong>le</strong>s remplacent, dans la perspective de <strong>diagnostic</strong>positif et négatif <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate.Le gène <strong>PCA3</strong>L’identification <strong>du</strong> gène <strong>PCA3</strong> a découlé d’une stratégievisant à l’iso<strong>le</strong>ment d’ARNm ayant une expression différenteselon <strong>le</strong> tissu considéré : <strong>cancer</strong> de la prostate ou tissu prostatiquenon cancéreux (prostate norma<strong>le</strong> ou hypertrophiebénigne de la prostate) [4]. En comparant <strong>le</strong> répertoire enARNm de ces deux types de tissus, l’équipe hollandaise deSchalken a ainsi identifié 11 clones ayant une expressiondifférente [4]. L’expression de l’un d’eux était particulièrementimportante dans <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate, faib<strong>le</strong>ou nul<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> tissu prostatique non cancéreux. Le gènecorrespondant a été baptisé differential display code 3(DD3), puis renommé secondairement <strong>PCA3</strong> en accord avecla nomenclature internationa<strong>le</strong> <strong>du</strong> génome humain.Le gène <strong>PCA3</strong> est situé sur <strong>le</strong> chromosome 9q21—22. Safonction n’est pas connue. Il code plusieurs ARN alternatifs,différant <strong>le</strong>s uns des autres par la présence ou l’absenced’exons inconstants. Il s’agit d’ARN particuliers, dans lamesure où l’analyse de la séquence nucléotidique montrequ’aucune protéine significative ne peut être raisonnab<strong>le</strong>menttra<strong>du</strong>ite à partir de l’un ou l’autre des ARN [4]. CesARN sont considérés comme non codants.Expression tissulaire de <strong>PCA3</strong>Dans l’artic<strong>le</strong> princeps, l’expression majoritaire de <strong>PCA3</strong>dans <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate par rapport au tissu prostatiquenon cancéreux était un élément ayant intrinsèquement permisson identification [4]. Plusieurs travaux ultérieurs, dela même équipe ou d’équipes indépendantes, ont repro<strong>du</strong>itces résultats, y compris par l’utilisation de techniquesquantitatives, mesurant <strong>le</strong> nombre de copies d’ARN présentsdans des échantillons de tail<strong>le</strong> similaire. Aucun desnombreux tissus normaux <strong>test</strong>és en dehors de la prostate(artère, cœur, poumon, cerveau, moel<strong>le</strong> épinière, musc<strong>le</strong>strié, peau, thyroïde, rate, ganglion lymphatique, <strong>le</strong>ucocytes,œsophage, estomac, <strong>du</strong>odénum, iléon, colon, foie,pancréas, sein, vessie, ovaire, utérus, placenta, vésicu<strong>le</strong>ssémina<strong>le</strong>s, <strong>test</strong>icu<strong>le</strong>) n’exprime <strong>PCA3</strong> [4—6]. Seul <strong>le</strong> rein<strong>pour</strong>rait avoir une certaine expression, jugée toutefois insignifiante[5]. L’expression dans <strong>le</strong> tissu prostatique noncancéreux est clairement montrée [4—7], apparemment plusfréquente à proximité <strong>du</strong> tissu cancéreux qu’à distance[7,8]. L’expression dans <strong>le</strong> tissu cancéreux est toutefoisbeaucoup plus forte : entre 66 à 100 fois plus importanteque dans la prostate norma<strong>le</strong> [4,5], 140 fois plus forte quedans l’hypertrophie bénigne de la prostate [9]. La surexpressionde <strong>PCA3</strong> dans <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate apparaît quasiconstante, jusqu’à 95 % des échantillons <strong>test</strong>és [4—8], que<strong>le</strong>s tumeurs soient bien, moyennement ou peu différenciées[4,10]. El<strong>le</strong> est éga<strong>le</strong>ment détectée dans <strong>le</strong>s métastases de<strong>cancer</strong> de la prostate [4]. Dans <strong>le</strong>s lignées cellulaires de<strong>cancer</strong> de la prostate, l’expression est plus inconstante,observée par exemp<strong>le</strong> dans la lignée androgéno-sensib<strong>le</strong>LNCaP, mais pas dans <strong>le</strong>s lignées androgéno-indépendantesPC3 et DU-145 [4,8,11]. L’expression de <strong>PCA3</strong> dans <strong>le</strong>s lésionsprénéoplasiques de la prostate n’a été évaluée que dansdes échantillons de néoplasie intraépithélia<strong>le</strong> de haut gradeadjacente à un <strong>cancer</strong> avéré, et que par hybridation in


<strong>Place</strong> <strong>du</strong> <strong>test</strong> <strong>urinaire</strong> <strong>PCA3</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>diagnostic</strong> <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate 261situ [7]. L’ARN de <strong>PCA3</strong> a été ainsi détecté dans 25 échantillonssur 26 (96 %) [7].L’expression de <strong>PCA3</strong> dans d’autres <strong>cancer</strong>s que <strong>le</strong> <strong>cancer</strong>de la prostate a été recherchée, toujours sans succès :<strong>cancer</strong>s <strong>du</strong> poumon, de l’œsophage, de l’iléon, <strong>du</strong> colon, <strong>du</strong>pancréas, <strong>du</strong> <strong>test</strong>icu<strong>le</strong>, <strong>du</strong> sein, de la vessie ou mélanome[5]. En accord avec ces constatations, aucune expression n’aété retrouvée dans plusieurs lignées cellulaires de <strong>cancer</strong> <strong>du</strong>sein, de la vessie, <strong>du</strong> rein ou de l’ovaire [4].Mesure de l’expression de <strong>PCA3</strong> à viséediagnostiquePoints techniquesLe gène <strong>PCA3</strong> pro<strong>du</strong>it un ARN non codant. Il ne peut doncy avoir de <strong>test</strong> diagnostique mesurant l’expression de laprotéine dans un tissu ou un liquide biologique donné (immunohistochimie,dosage Elisa...). C’est plutôt l’expression del’ARN lui-même qui doit être mesurée. Reste alors <strong>le</strong> choix<strong>du</strong> tissu ou <strong>du</strong> liquide biologique dans <strong>le</strong>quel la mesure doitêtre réalisée. Deux études ont utilisé des échantillons tissulairesde prostate et montré que la présence de l’ARN de<strong>PCA3</strong> permettait de prédire l’existence d’un foyer cancéreuxavec une sensibilité de 78 à 95 %, une spécificité de 57à 97 % et des va<strong>le</strong>urs prédictives positive entre 77 et 93 %et négative autour de 89 % [8,9]. Les échantillons sont toutefoisfaib<strong>le</strong>s : 18 <strong>cancer</strong>s versus 35 hypertrophies bénignesde la prostate (HBP) <strong>pour</strong> une étude [9], 21 <strong>cancer</strong>s versus14 HBP <strong>pour</strong> l’autre [8]. Deux études ont recherché, parRT-PCR quantitative, la présence d’ARN circulant de <strong>PCA3</strong>chez des patients atteints de <strong>cancer</strong> de la prostate [12,13].Dans la première, la recherche d’ARN circulant se faisaitaprès une procé<strong>du</strong>re thérapeutique agressive (prostatectomieradica<strong>le</strong>, thermoradiothérapie, brachythérapie à hautesdoses ou résection transurétra<strong>le</strong> de prostate) [12]. Commeatten<strong>du</strong>, ces gestes invasifs entraînent la présence d’ARN de<strong>PCA3</strong> dans <strong>le</strong> sang, y compris chez <strong>le</strong>s patients opérés <strong>pour</strong>hypertrophie bénigne de la prostate [12], mais il est diffici<strong>le</strong>d’imaginer une application réel<strong>le</strong> de cette mesure sériqueen pratique clinique. Dans l’étude plus récente, en dehorsde deux patients ayant une maladie métastatique, aucundes 65 autres patients cancéreux (dont sept autres avecmétastases) n’avait de l’ARN circulant, pas plus d’ail<strong>le</strong>ursque <strong>le</strong>s 16 témoins sains, un patient avec hypertrophiebénigne de la prostate ou <strong>le</strong>s sept patients avec prostatite[13], suggérant <strong>le</strong> faib<strong>le</strong> intérêt diagnostique d’une tel<strong>le</strong>exploration sérique. L’éjaculat, dans <strong>le</strong>quel sont retrouvées<strong>le</strong>s sécrétions prostatiques ainsi que des cellu<strong>le</strong>s prostatiquesdesquamées, constitue a priori un liquide biologiqueplus adapté à une démarche diagnostique de dépistage.Les autres études ont en fait plutôt utilisé <strong>le</strong>s urines avecdeux avantages présumés : la facilité <strong>du</strong> recueil (notammentpar rapport à la récupération de l’éjaculat) et la présencedémontrée, au moins dans <strong>le</strong> premier jet et éventuel<strong>le</strong>mentamplifiée par <strong>le</strong> toucher rectal, de sécrétions et de cellu<strong>le</strong>sprostatiques [14]. Cinq études cliniques sont ainsi disponib<strong>le</strong>s,ayant évalué l’intérêt diagnostique de la mesure del’expression de <strong>PCA3</strong> dans <strong>le</strong>s urines de patients suspectsd’avoir un <strong>cancer</strong> de la prostate [6,15—18]. Une sixièmeétude a été publiée, visant à comparer <strong>le</strong>s résultats <strong>du</strong> <strong>test</strong><strong>PCA3</strong> selon qu’il a été réalisé dans un échantillon <strong>urinaire</strong> oudans un échantillon de sécrétion prostatique obtenu aprèsmassage transrectal de la prostate. Comme atten<strong>du</strong>, <strong>le</strong>srésultats <strong>du</strong> <strong>test</strong> sont similaires quel que soit <strong>le</strong> liquide biologique<strong>test</strong>é, permettant effectivement <strong>le</strong> recours privilégiécar faci<strong>le</strong> aux urines [19]. Une étude plus récente a <strong>test</strong>éla repro<strong>du</strong>ctibilité de la méthode. Dans ce travail, deuxsites distincts ont évalué <strong>le</strong> <strong>test</strong> sur <strong>le</strong>s mêmes échantillons<strong>urinaire</strong>s, retrouvant des coefficients de variation intraexpérimentation,interexpérimentation et intersite tout à faitsatisfaisants, respectivement de 14, 9,9 et 3,2 % [20].Pour <strong>le</strong>s cinq études sur <strong>le</strong>s urines, la méthodologieemployée a compris <strong>le</strong>s grandes étapes suivantes :• <strong>le</strong> recrutement des patients cib<strong>le</strong>s ;• <strong>le</strong> recueil des urines ;• la récupération et l’amplification spécifiques ;• la mesure <strong>du</strong> nombre de copies d’ARN de <strong>PCA3</strong> ;• l’analyse statistique.La population ciblée par <strong>le</strong>s cinq études cliniques correspondaitaux patients adressés <strong>pour</strong> biopsies prostatiques[16] en raison d’un toucher rectal anormal et/ou d’unPSA augmenté (seuil entre 2 et 3 ng/ml selon <strong>le</strong>s études)[6,15,17,18]. Un toucher rectal était réalisé systématiquementde façon à favoriser l’émission de sécrétions et decellu<strong>le</strong>s prostatiques dans <strong>le</strong>s urines. Les auteurs par<strong>le</strong>ntainsi d’examen prostatique « approfondi » [6] ou « attentif »[15,16]. Les études <strong>le</strong>s plus récentes décrivent une procé<strong>du</strong>remaintenant standardisée avec un appui ferme sur laprostate (suffisant <strong>pour</strong> déprimer la surface de 1 cm), dedehors en dedans avec trois passages par lobe prostatique[17,18]. Les premières urines suivant ce toucher rectal sontalors recueillies, en insistant sur <strong>le</strong> prélèvement <strong>du</strong> premierjet <strong>urinaire</strong>, censé contenir <strong>le</strong> plus de cellu<strong>le</strong>s et de sécrétionsprostatiques [14]. Sont alors analysés soit directement<strong>le</strong>s urines tota<strong>le</strong>s ainsi recueillies [16,17], soit <strong>le</strong> sédiment<strong>urinaire</strong>, riche en cellu<strong>le</strong>s, après centrifugation [6,15,18].L’étape suivante est <strong>le</strong> traitement de l’ARN avec deuxobjectifs essentiels : dans un premier temps, la sé<strong>le</strong>ctionla plus exclusive possib<strong>le</strong> de l’ARN d’intérêt, idéa<strong>le</strong>menten grande quantité <strong>pour</strong> augmenter la sensibilité de ladétection et, dans un second temps, la mesure <strong>du</strong> nombrede copies de cet ARN. Trois générations de <strong>test</strong>s se sontsuccédées. La première utilise une technique classiqued’amplification sé<strong>le</strong>ctive, la RT-PCR, assortie d’une évaluationen temps réel <strong>du</strong> nombre de copies ainsi amplifiées :RT-PCR quantitative en temps réel [6,18]. La seconde générationde <strong>test</strong> utilise une technique d’amplification del’ARN différente, la nuc<strong>le</strong>ic acid sequence-based amplification(NASBA), dans <strong>le</strong> cadre d’un kit commercial, uPM3 TM ,proposé par un laboratoire canadien, DiagnoCure [15,16].La NASBA évite certaines étapes de la RT-PCR et notammentla dénaturation itérative des brins amplifiés. Il enrésulte la possibilité d’obtenir l’amplification sans nécessitéde modifier la température à chaque cyc<strong>le</strong>, dans unseul tube, d’où un gain de temps appréciab<strong>le</strong>, uti<strong>le</strong> à unedémarche diagnostique avec ren<strong>du</strong> rapide des résultats.Cette technologie était essentiel<strong>le</strong>ment appliquée au <strong>diagnostic</strong>de maladies vira<strong>le</strong>s liées à des virus à ARN monobrin(sida, grippe, Sras...). La génération la plus récente<strong>du</strong> <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> utilise une technique d’amplification similaire,


262 V. Vlaeminck-Guil<strong>le</strong>m et al.la transcription-mediated amplification (TMA) aussi rapide,pratique et efficace que la NASBA dont el<strong>le</strong> est dérivée etqui est éga<strong>le</strong>ment appliquée dans <strong>le</strong> <strong>diagnostic</strong> de maladiesinfectieuses (gonococcie, infections à mycobactérie...). Ce<strong>test</strong>, APTIMA ® <strong>PCA3</strong> assay ou Progensa ® , commercialisépar Gen-Probe sous licence avec DiagnoCure, coup<strong>le</strong> àcette technique d’amplification la capture préalab<strong>le</strong> del’ARN d’intérêt par des bil<strong>le</strong>s magnétiques recouvertes deséquences oligonucléotidiques complémentaires de l’ARNcib<strong>le</strong>. Il en résulte l’iso<strong>le</strong>ment spécifique de cet ARNd’intérêt qui seul, est alors soumis à l’amplification [17].La sensibilité <strong>du</strong> <strong>test</strong> s’en trouve théoriquement accrue, cequi répond parfaitement à l’objectif ambitieux de détecterquelques copies de l’ARN d’intérêt dans un échantillonrelativement abondant, en l’occurrence <strong>le</strong> premier jet <strong>urinaire</strong>.Quel<strong>le</strong> que soit la technique d’amplification sé<strong>le</strong>ctivede l’ARN utilisée, la quantification des copies oblige àconstruire une courbe de calibration à partir de solutionscalibrantes contenant une quantité donnée de copies. Desvérifications sont ensuite effectuées à l’aide de contrô<strong>le</strong>spositifs contenant là encore une quantité connue de copiesd’ARN.L’un des écueils de l’utilisation des urines est <strong>le</strong> caractèrepotentiel<strong>le</strong>ment variab<strong>le</strong> <strong>du</strong> nombre de cellu<strong>le</strong>s prostatiquesprésentes dans <strong>le</strong>s urines. Ce sont ces cellu<strong>le</strong>s, cancéreusesou non, qui contiennent l’information (l’ARN) détectéepar <strong>le</strong> <strong>test</strong>. Pour vérifier l’informativité de l’échantillon<strong>urinaire</strong>, il faut donc pouvoir disposer d’une mesure quantitativede la présence d’ARN d’origine prostatique. Toutes<strong>le</strong>s études mesurant l’expression de <strong>PCA3</strong> dans <strong>le</strong>s urinesont ainsi évalué simultanément, avec la même technique,<strong>le</strong> nombre de copies de l’ARNm <strong>du</strong> PSA. Les échantillons <strong>urinaire</strong>sétaient alors considérés comme non informatifs si laquantité d’ARNm de PSA n’était pas significative : ces échantillonsne contenaient pas assez de cellu<strong>le</strong>s prostatiques<strong>pour</strong> que <strong>le</strong> <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> soit interprétab<strong>le</strong> de façon fiab<strong>le</strong>. Laplupart des études publiées donne <strong>le</strong> taux d’informativité,c’est-à-dire la proportion d’échantillons interprétab<strong>le</strong>s.Avec <strong>le</strong>s <strong>test</strong>s de première et deuxième génération, ce tauxd’informativité varie de 79 à 92 % [15,16,18]. L’étude utilisant<strong>le</strong> <strong>test</strong> de troisième génération rapporte un taux de98,2 % [17], un résultat concordant avec l’accroissementatten<strong>du</strong> de la sensibilité de la technique utilisée <strong>pour</strong> amplifiersé<strong>le</strong>ctivement de l’ARN cib<strong>le</strong>.La mesure de l’ARNm de PSA permet par ail<strong>le</strong>urs une normalisation<strong>du</strong> nombre de copies de l’ARN de <strong>PCA3</strong> par <strong>le</strong>calcul <strong>du</strong> ratio <strong>PCA3</strong>:PSA (score <strong>PCA3</strong>). Dans la prostate norma<strong>le</strong>,l’expression <strong>du</strong> <strong>PCA3</strong> est théoriquement nul<strong>le</strong> alorsque cel<strong>le</strong> <strong>du</strong> PSA est réputée d’être constante d’un indivi<strong>du</strong>à l’autre. Dans <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate, l’expression de<strong>PCA3</strong> augmente alors que l’on sait que cel<strong>le</strong> <strong>du</strong> PSA diminueen moyenne de 1,5 fois par rapport au tissu non cancéreuxadjacent [21]. Il en résulte donc théoriquement une sensibilisationde la mesure <strong>du</strong> nombre de copies de <strong>PCA3</strong>, associéeà la normalisation des taux d’un indivi<strong>du</strong> à l’autre.RésultatsPour évaluer la va<strong>le</strong>ur diagnostique <strong>du</strong> <strong>test</strong> PC3 dans <strong>le</strong>surines, <strong>le</strong>s cinq études ont fina<strong>le</strong>ment comparé deux populations,séparées par <strong>le</strong>s résultats histologiques des biopsiesprostatiques : patients porteurs d’un <strong>cancer</strong> et patientsn’ayant pas de cellu<strong>le</strong> cancéreuse (prostate norma<strong>le</strong>,prostatite aiguë ou plus souvent chronique, hypertrophiebénigne de la prostate). Les ratios <strong>PCA3</strong>:PSA ont été comparésde façon à déterminer <strong>le</strong>s performances statistiques <strong>du</strong><strong>test</strong> : spécificité, sensibilité, va<strong>le</strong>urs prédictives positives etnégatives. Une courbe receiver operator characterization(ROC) a été établie. Pour la construction de cette courbe,on fait varier <strong>le</strong> seuil à partir <strong>du</strong>quel on considère que <strong>le</strong><strong>test</strong> est positif (ratio supérieur à la va<strong>le</strong>ur choisie) puis,<strong>pour</strong> chaque seuil, on calcu<strong>le</strong> sensibilité et spécificité. Lacourbe est bâtie avec la va<strong>le</strong>ur (1−spécificité) en abscisseet la sensibilité en ordonnée. La courbe ROC a deux intérêtsmajeurs. Le premier est qu’el<strong>le</strong> permet de définir <strong>le</strong>meil<strong>le</strong>ur seuil à appliquer <strong>pour</strong> un <strong>test</strong> diagnostique : <strong>le</strong>meil<strong>le</strong>ur seuil est celui qui correspond à la meil<strong>le</strong>ure spécificitétout en préservant la sensibilité. C’est ce seuil que l’onpeut alors proposer lors de l’utilisation éventuel<strong>le</strong> en pratiqueclinique. Le second intérêt est <strong>le</strong> calcul de l’aire sousla courbe (area under curve des anglo-saxons ou AUC) dontl’importance est corrélée à l’intérêt diagnostique <strong>du</strong> <strong>test</strong> :au minimum, l’AUC est de 0,5 (c’est la performance <strong>du</strong> <strong>test</strong><strong>du</strong> pi<strong>le</strong> ou face) et plus el<strong>le</strong> augmente, plus <strong>le</strong> <strong>test</strong> s’éloignedes performances d’un <strong>test</strong> uniquement lié au hasard.Les résultats des cinq études cliniques en termes d’AUCmontrent effectivement un intérêt <strong>du</strong> <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> avec deschiffres variant de 0,66 à 0,87 (Tab<strong>le</strong>au 1). Une étude donnepar comparaison, chez <strong>le</strong>s mêmes patients, l’AUC obtenuepar <strong>le</strong> dosage sérique <strong>du</strong> PSA total et <strong>du</strong> PSA libre (respectivement0,57 et 0,58), montrant au passage que ces dosagessériques sont peu performants (assez proches des performances<strong>du</strong> pi<strong>le</strong> ou face <strong>pour</strong> des va<strong>le</strong>urs-seuils de 4 ng/ml)et que <strong>le</strong> <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> <strong>le</strong>ur est supérieur [18]. Une autre étudeconfirme aussi l’intérêt <strong>du</strong> calcul <strong>du</strong> ratio <strong>PCA3</strong>:PSA par rapportà la mesure seu<strong>le</strong> <strong>du</strong> nombre de copies de <strong>PCA3</strong> avec,<strong>pour</strong> ce dernier <strong>test</strong>, une AUC de 0,575 [17].Les performances <strong>du</strong> <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> en termes de sensibilité,spécificité et va<strong>le</strong>urs prédictives des cinq études sont donnéesdans <strong>le</strong> Tab<strong>le</strong>au 1. Pour une sensibilité un peu inférieureau dosage sérique <strong>du</strong> PSA (variant de 65 à 82 %), la spécificitéapparaît franchement meil<strong>le</strong>ure (de 66 à 89 %), de mêmeque la va<strong>le</strong>ur prédictive positive (48 à 75 %) et la va<strong>le</strong>urprédictive négative (80 à 90 %). Ces données sont prometteusesdans la mesure où <strong>le</strong>s performances ainsi enregistréesmontrent que <strong>le</strong> <strong>test</strong> est rarement positif en l’absence de<strong>cancer</strong> et que <strong>le</strong>s patients ayant un <strong>test</strong> négatif ont peu dechances d’avoir malgré tout un <strong>cancer</strong> de la prostate. Unautre élément encourageant est que <strong>le</strong>s résultats sont similairesquel que soit <strong>le</strong> taux de PSA, y compris dans la zonegrise où <strong>le</strong>s performances <strong>du</strong> PSA souffrent justement deplus d’imperfections [15—17].PerspectivesLes performances <strong>du</strong> <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>diagnostic</strong> <strong>du</strong> <strong>cancer</strong>précoce de la prostate sont, sur la base des cinq étudesactuel<strong>le</strong>ment publiées, prometteuses. Il reste bien sûr àdéfinir la place exacte qu’il <strong>pour</strong>rait prendre en pratiqueclinique. Pourrait-il se substituer au dosage sérique <strong>du</strong> PSA,voire aux biopsies prostatiques ? Faut-il plutôt <strong>le</strong> considérercomme un éventuel biomarqueur qui viendrait en complémentde ces autres démarches diagnostiques <strong>pour</strong> participer


<strong>Place</strong> <strong>du</strong> <strong>test</strong> <strong>urinaire</strong> <strong>PCA3</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>diagnostic</strong> <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate 263Tab<strong>le</strong>au 1 Résumé des cinq études ayant évalué l’intérêt diagnostique de la mesure <strong>du</strong> score <strong>PCA3</strong> dans <strong>le</strong>s urines <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>diagnostic</strong> <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate.AUC Se (%) Sp (%) VPP (%) VPN (%)Références Origine de la population Nombre de patients Nombre d’échantillonsinformatifs (%), dont <strong>cancer</strong>s (%)0,72 67 83 53 90Hessels et al. [6] Hollandaise monocentrique 108 NC24 (22)0,87 82 76 69 87Tinzl et al. [15] Autrichienne monocentrique 201 158 (79)62 (39)0,86 66 89 75 83Fradet et al. [16] Canadienne multicentrique 517 443 (86)152 (34)0,75 69 79 50 89Groskopf et al. [17] Américaine monocentrique 70 68 (98)16 (24)0,66 65 66 48 80van Gils et al. [18] Hollandaise multicentrique 583 534 (92)174 (33)NC : non connu ; Se : sensibilité ; Sp : spécificité ; VPP : va<strong>le</strong>ur prédictive positive ; VPN : va<strong>le</strong>ur prédictive négative.à la décision, au moins dans certaines situations cliniquesdiffici<strong>le</strong>s, soit de faire des biopsies prostatiques, soit d’opter<strong>pour</strong> tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> modalité thérapeutique ? Pourrait-il avoirun intérêt <strong>pour</strong> l’établissement d’un pronostic ? Pourrait-ilaider au <strong>diagnostic</strong> non pas de la maladie aux stades précoces,mais de la récidive après traitement non chirurgical ?Quelques éléments de réponse sont déjà disponib<strong>le</strong>s. Sil’intérêt diagnostique de <strong>PCA3</strong> est fortement suggéré, sonapport <strong>pour</strong> l’établissement d’un pronostic, par exemp<strong>le</strong>,est beaucoup moins certain. Il n’a ainsi pas été mis en évidencede corrélation entre l’expression de <strong>PCA3</strong> et <strong>le</strong> stadepT ou <strong>le</strong> score de G<strong>le</strong>ason [5,7,8]. De même, Marks et al.n’ont pas montré de différence significative <strong>pour</strong> <strong>le</strong> score<strong>urinaire</strong> de <strong>PCA3</strong> chez 60 patients atteints de <strong>cancer</strong> selonque <strong>le</strong> score de G<strong>le</strong>ason était de 6 ou de 7 [22]. La va<strong>le</strong>ur<strong>du</strong> score <strong>PCA3</strong> ne permet pas non plus de prédire ni <strong>le</strong>stade pT, ni <strong>le</strong> volume tumoral, ni <strong>le</strong> score de G<strong>le</strong>ason, nid’autres caractéristiques tumora<strong>le</strong>s comme la localisation(zone transitionnel<strong>le</strong> ou périphérique) ou la distance entre latumeur et l’urètre [10]. Aucune autre étude n’a spécifiquementété dédiée à la recherche d’un rô<strong>le</strong> pronostique de lamesure de <strong>PCA3</strong> dans aucun liquide biologique, mais la sensibilitémême <strong>du</strong> <strong>test</strong>, positif même en présence d’un faib<strong>le</strong>contingent tumoral (moins de 10 % de cellu<strong>le</strong>s cancéreusessur <strong>le</strong>s échantillons) [5,6], laisse penser qu’une corrélationentre <strong>le</strong> score et <strong>le</strong> pronostic est peu probab<strong>le</strong> : <strong>le</strong> <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong>semb<strong>le</strong> plutôt correspondre à un outil de <strong>diagnostic</strong> précoce.Il <strong>pour</strong>rait aussi constituer un outil de surveillance dansune population particulière de patients : ceux qui ont déjàeu des biopsies prostatiques négatives alors qu’ils présentaientune suspicion clinique (toucher rectal anormal)ou biologique (augmentation des taux de PSA). À l’heureactuel<strong>le</strong>, il n’existe pas de consensus quant aux modalitésde surveillance de cette catégorie de patients qui constituent<strong>pour</strong>tant, <strong>du</strong> fait même de la faib<strong>le</strong> spécificité actuel<strong>le</strong><strong>du</strong> dosage sérique <strong>du</strong> PSA, <strong>le</strong>s deux tiers des patients ayanteu des biopsies prostatiques. On ne sait pas par exemp<strong>le</strong>,<strong>pour</strong> peu que <strong>le</strong>s anomalies cliniques ou biologiques qui ontcon<strong>du</strong>it au premier jeu de biopsies prostatiques persistent,si de nouvel<strong>le</strong>s biopsies sont absolument nécessaires. Danscette population, il semb<strong>le</strong> bien que <strong>le</strong>s performances <strong>du</strong><strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> soient globa<strong>le</strong>ment similaires à la populationgénéra<strong>le</strong> [16,22] (Tab<strong>le</strong>au 2). Une étude européenne est encours <strong>pour</strong> répondre spécifiquement à cette question et sesrésultats préliminaires vont dans <strong>le</strong> même sens [23,24]. Dansces études où la préva<strong>le</strong>nce <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> diagnostiqué sur <strong>le</strong>srésultats des rebiopsies oscil<strong>le</strong> entre 14 et 36 %, la va<strong>le</strong>urprédictive négative est de 83 à 94 %, ce qui signifie que <strong>le</strong>risque d’avoir une <strong>cancer</strong> si <strong>le</strong> <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> est négatif après aumoins une série de biopsies négatives est faib<strong>le</strong> (6 à 17 %).Le <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> constitue ainsi une aide potentiel<strong>le</strong>ment précieuse<strong>pour</strong> la décision de nouvel<strong>le</strong>s biopsies prostatiqueschez <strong>le</strong>s patients ayant déjà eu au moins une série de biopsiesnégatives.Une dernière perspective concerne <strong>le</strong> couplage <strong>du</strong> score<strong>PCA3</strong> avec d’autres marqueurs diagnostiques. L’idée généra<strong>le</strong>,commune en fait à de nombreux <strong>cancer</strong>s, est de penserque la démarche diagnostique sera d’autant plus fiab<strong>le</strong>qu’el<strong>le</strong> sera basée sur l’évaluation de plusieurs marqueurs.La sensibilité globa<strong>le</strong> devrait être améliorée dans la mesureoù <strong>le</strong> <strong>test</strong> global serait considéré comme positif si au moinsun marqueur est positif, de même que la spécificité si la


264 V. Vlaeminck-Guil<strong>le</strong>m et al.Tab<strong>le</strong>au 2 Évaluation diagnostique de la mesure <strong>du</strong> score <strong>urinaire</strong> <strong>PCA3</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>diagnostic</strong> <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate chezdes patients ayant eu au moins une biopsie négative.Références Origine de la population Nombre depatientsSensibilité(%)Spécificité(%)VPP (%) VPN (%)Fradet et al. [16] Canadienne multicentrique 91 74 87 74 87Marks et al. [22] Nord-américaine multicentrique 226 58 72 43 83Haese et al. [23] Européenne multicentrique 43 67 78 33 94VPP : va<strong>le</strong>ur prédictive positive ; VPN : va<strong>le</strong>ur prédictive négative.positivité <strong>du</strong> <strong>test</strong> global est nuancée par la nécessité d’avoirau moins un marqueur connu <strong>pour</strong> son extrême spécificitépositif. À ce titre, il faut souligner que la mesure de biomarqueursdans <strong>le</strong>s urines ne concerne pas <strong>le</strong> seul <strong>PCA3</strong>. Aainsi par exemp<strong>le</strong> déjà été évaluée la va<strong>le</strong>ur diagnostiquede l’activité télomérase et de l’hyperméthylation <strong>du</strong> promoteurde la gluthatione-S-transferase P1 (GSTP1) <strong>pour</strong> <strong>le</strong><strong>cancer</strong> de la prostate dans <strong>le</strong>s urines recueillies après massageprostatique [25—27]. Un autre exemp<strong>le</strong> est donné parla détection simultanée dans <strong>le</strong>s urines de l’ARN de <strong>PCA3</strong>et de celui <strong>du</strong> gène de fusion anormal TMPRSS2-ERG [28].Cet ARNm est mesurab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s urines comme <strong>PCA3</strong> [29].La sensibilité <strong>du</strong> <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> dans cette étude est de 62 %.El<strong>le</strong> est de 37 % <strong>pour</strong> la détection de l’ARNm de TMPRSS2-ERG et monte à 73 % lorsque <strong>le</strong>s deux marqueurs sont utilisésconjointement [28]. De la même façon, une étude récentemontre l’intérêt de coup<strong>le</strong>r à la mesure <strong>urinaire</strong> <strong>du</strong> <strong>PCA3</strong>(en l’occurrence par RT-PCR quantitative, sans rapport sur <strong>le</strong>nombre de copies <strong>du</strong> PSA) la mesure simultanée d’autres biomarqueurspotentiels <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate [30], commeSPINK1/TATI, GOLPH2 et TMPRSS2-ERG [28].ConclusionParmi <strong>le</strong>s nouveaux biomarqueurs en cours de développement<strong>pour</strong> l’aide au <strong>diagnostic</strong> dans <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate,<strong>PCA3</strong> tient une place à part. Sa mesure dans <strong>le</strong>s urines remplit<strong>pour</strong> l’instant un certain nombre de points <strong>du</strong> cahierdes charges demandé à un marqueur utilisab<strong>le</strong> en pratiqueclinique : l’échantillon biologique est faci<strong>le</strong> d’accès (recueildes urines après toucher rectal appuyé), la technique demesure est transposab<strong>le</strong> d’une équipe à l’autre (un kitcommercial est déjà disponib<strong>le</strong>) et <strong>le</strong>s performances statistiques<strong>du</strong> <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> sont bonnes, retrouvées par plusieurséquipes différentes sur des populations d’origines différentes.En pratique, <strong>le</strong> <strong>test</strong> <strong>PCA3</strong> semb<strong>le</strong> apporter laspécificité qui manquait au dosage sérique <strong>du</strong> PSA et <strong>pour</strong>raiten constituer un complément uti<strong>le</strong>. Il reste à déterminerses indications en pratique clinique, en privilégiantla distinction entre <strong>cancer</strong> et prostate non cancéreuse,la distinction entre <strong>cancer</strong> évolutif et <strong>cancer</strong> indo<strong>le</strong>nt ouencore la meil<strong>le</strong>ure sé<strong>le</strong>ction des patients pouvant réel<strong>le</strong>mentbénéficier des biopsies prostatiques.Références[1] Soulié M, Rébillard X, Vil<strong>le</strong>rs A. Le dépistage <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> de laprostate. Prog Urol 2003;13:1272—5.[2] Vil<strong>le</strong>rs A, Rébillard X, Soulié M, Davin JL, Coloby P, MoreauJL, et al. Le dépistage <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate. Prog Urol2003;13:209—14.[3] Schalken JA. Validation of mo<strong>le</strong>cular targets in prostate <strong>cancer</strong>.BJU Int 2005;96(Suppl. 2):23—9.[4] Bussemakers MJ, van Bokhoven A, Verhaegh GW, Smit FP, KarthausHF, Schalken JA, et al. 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<strong>Place</strong> <strong>du</strong> <strong>test</strong> <strong>urinaire</strong> <strong>PCA3</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>diagnostic</strong> <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> de la prostate 265[18] van Gils MP, Hessels D, van Hooij O, Jannink SA, Pee<strong>le</strong>n WP,Hanssen SL, et al. The time-resolved fluorescence-based <strong>PCA3</strong><strong>test</strong> on urinary sediments after digital rectal examination; aDutch multicenter validation of the <strong>diagnostic</strong> performance.Clin Cancer Res 2007;13:939—43.[19] van Gils MP, Cornel EB, Hessels D, Pee<strong>le</strong>n WP, Witjes JA, MuldersPF, et al. Mo<strong>le</strong>cular <strong>PCA3</strong> <strong>diagnostic</strong>s on prostatic fluid. Prostate2007;67:881—7.[20] Sokoll LJ, Ellis W, Lange P, Noteboom J, Elliott DJ, Deras IL, etal. A multicenter evaluation of the <strong>PCA3</strong> mo<strong>le</strong>cular urine <strong>test</strong>:pre-analytical effects, analytical performance, and <strong>diagnostic</strong>accuracy. Clin Chim Acta 2008;389:1—6.[21] Meng FJ, Shan A, Jin L, Young CY. The expression of a variantprostate-specific antigen in human prostate. Cancer EpidemiolBiomarkers Prev 2002;11:305—9.[22] Marks LS, Fradet Y, Deras IL, Blase A, Mathis J, Aubin SM, etal. <strong>PCA3</strong> mo<strong>le</strong>cular urine assay for prostate <strong>cancer</strong> in menundergoing repeat biopsy. Urology 2007;69:532—5.[23] Haese A, Van Poppel H, Marberger M, Mulders PF, Abbou CC,Boccon-Gibod L, et al. The value of the <strong>PCA3</strong> assay in guidingdecision which men with a negative prostate biopsy needimmediate repeat biopsy: preliminary European data. Eur UrolSuppl 2007;6:48.[24] Rittenhouse H. Analytical and clinical factors in the qualityand standardization of two prostate <strong>cancer</strong> <strong>test</strong>s. Tumor Biol2007;28(Suppl. 1):24.[25] Meid FH, Gygi CM, Leisinger HJ, Bosman FT, Benhattar J. Theuse of telomerase activity for the detection of prostatic <strong>cancer</strong>cells after prostatic massage. J Urol 2001;165:1802—5.[26] Goessl C, Mul<strong>le</strong>r M, Heicappell R, Krause H, Straub B, SchraderM, et al. DNA-based detection of prostate <strong>cancer</strong> in urine afterprostatic massage. Urology 2001;58:335—8.[27] Cairns P. Gene methylation and early detection of genitourinary<strong>cancer</strong>: the road ahead. Nat Rev Cancer 2007;7:531—43.[28] Hessels D, Smit FP, Verhaegh GW, Witjes JA, Cornel EB,Schalken JA. Detection of TMPRSS2-ERG fusion transcriptsand prostate <strong>cancer</strong> antigen 3 in urinary sediments mayimprove diagnosis of prostate <strong>cancer</strong>. Clin Cancer Res 2007;13:5103—8.[29] Laxman B, Tomlins SA, Mehra R, Morris DS, Wang L, HelgesonBE, et al. Noninvasive detection of TMPRSS2: ERG fusiontranscripts in the urine of men with prostate <strong>cancer</strong>. Neoplasia2006;8:885—8.[30] Laxman B, Morris DS, Yu J, Siddiqui J, Cao J, Mehra R, et al. Afirst-generation multip<strong>le</strong>x biomarker analysis of urine for theearly detection of prostate <strong>cancer</strong>. Cancer Res 2008;68:645—9.

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