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3 Décembre 2012 - 20minutes.fr

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10 FRANCELUNDI 3 DÉCEMBRE <strong>2012</strong>STUPÉFIANTSLe laboratoire des douanes détecte des substances illicites inédites tous les ansÀ LA RECHERCHE DE NOUVELLES DROGUESWILLIAM MOLINIÉC’est la caverne d’Ali Baba du toxicomane.Cocaïne, cannabis,opium, GHB, méthamphétamine…Liquide, sous forme de barrettes, decomprimés ou d’herbe. Le service commundes laboratoires des douanes, nichéen plein cœur de Paris, conservé dansune grande armoire les échantillons dessubstances illicites saisies par les agents.Depuis 2009, la dizaine de chimistes quitravaille dans ce laboratoire a vu son activitémuter vers une course <strong>fr</strong>énétique àla découverte de nouveaux produits. Desdrogues de synthèse dont les moléculessont modifiées par les trafiquants afind’échapper à la législation sur les stupéfiants.Une odeur de barbe à papa« En moyenne, nous découvrons une àdeux nouvelles substances chaquemois », explique Catherine Lamoureux,responsable stupéfiants au laboratoiredes douanes. Ces nouvelles drogues ontceci de particulier que seule l’analysescientifique de la molécule peut permettrede les identifier et de les classercomme stupéfiants.Mais avant que l’Etat ou l’Europe ne légifèrent,il peut se passer plusieurs moisdurant lesquels les trafiquants épuisentleur substance sur Internet en toute impunité.En août, le ministère de la Santéa classé l’intégralité des drogues de synthèsede la famille des cathinones, unesubstance chimique provenant desfeuilles d’un arbuste a<strong>fr</strong>icain, commestupéfiants. Si certaines étaient déjà illégales,comme la méphédrone dès 2010,leur achat sur Internet, où elles sont venduescomme « sels de bains » , a fait denombreux adeptes pour ses propriétéshallucinogènes proches de l’amphétamine.Ces drogues de synthèse, en provenancedes Pays-Bas, de Nouvelle-Zélande ou d’Asie, se déclinent sous despackagings séduisants et à l’odeur parfoisalléchante de barbe à papa. Au pointqu’elles ont été surnommées « designersdrugs ».« Les consommateurspensent avoir affaireà du cannabis naturel.Ce qui est faux. »Catherine Rossi, chimisteLes inquiétudes se portent surtout surles cannabinoïdes de synthèse qui reproduisentles effets du haschich, sans quel’on sache véritablement les conséquencessur la santé. La plus connue,interdite, est le « Spice ». « On remarqueque ces substances peuvent changerd’un sachet à l’autre. Les consommateurspensent avoir affaire à du cannabisnaturel. Ce qui est faux », précise CatherineRossi, chimiste au service commundu laboratoire. Le phénomène dépasselargement la France. Au total, 49 nouvellesdrogues de synthèse ont été détectéesen 2011 et plus de 50 en <strong>2012</strong>, anoté l’Observatoire européen des drogueset toxicomanies (OEDT), dans unrapport publié à la mi-novembre. WLes sportifs dopés jouentbien souvent avec la législationLe laboratoire découvre « une à deux nouvelles substances chaque mois ».Ces nouvelles drogues de synthèse se déclinent sous des packagings séduisants.En matière de dopage, les sportifs professionnelsont souvent, eux aussi, unemolécule d’avance sur les autorités.« Ne pas se laisser semer par ceux quisont sans scrupules », c’est le motd’ordre de John Fahey, le président del’Agence mondiale antidopage (AMA). Ilétait à Paris le 12 novembre pour participerau premier symposium internationaldédié à la coopération entre l’industriepharmaceutique et les autorités encharge de la lutte contre le dopage. Unebataille pas gagnée d’avance. Les tricheurs« ont parfois accès à des substancesencore jamais sorties sur lemarché », expose Arne Ljungqvist, levice-président de l’AMA. Ils se les procurentvia leur entourage, souvent lié aucrime organisé, ou par Internet. Les laboratoiressont incités à nouer des partenariatsavec l’AMA. Dès qu’une nouvellemolécule pharmaceutique est miseau point, et avant même l’autorisationde mise sur le marché, « elle est livréeavec son secret de fabrication et les méthodesqui permettent de la détecter »,précise Philip Thomson, vice-présidentde la communication de GSK. Il revientalors à l’AMA de déterminer si ce futurmédicament peut avoir des propriétésdopantes et de mettre au point un testde dépistage. « L’avantage, c’est qu’onest sûr que les sportifs n’utiliseront pasimpunément notre médicament pour sedoper, et c’est bon pour notre image »,justifie Philippe Van der Auwera, responsablesécurité du médicament chezRoche. WALEXANDRA BOGAERTPHOTOS : VINCENT WARTNER / 20 MINUTESLes échantillons des substances illicites sont conservés dans une armoire forte.

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