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Fr-11-06-2013 - Algérie news quotidien national d'information

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C U L T U R E23<strong>11</strong> es Rencontres cinématographiques de BéjaïaDes courts qui en disent long !Dimanche dernier, la soirée fut consacrée aux courts-métrages à la Cinémathèque de Béjaïa. Quatre films ont étéprojetés en ce deuxième jour des Rencontres cinématographiques de Béjaïa.De notre envoyée spécialeà Béjaïa : Sarah HaidarLa Marocaine Mahassine El-Hachadinous vient avec son court-métrage«Carte postale» (23 mn);l’Algérienne Bahia Allouache présente«Une Journée ordinaire» (22 mn) ; le<strong>Fr</strong>ançais Vincent Mariette est présent avec«Les Lézards» (14 mn) et Mounia Meddouravec « Edwige » (15 mn).Quatre cinémas différents, l’un plongeantdans les traditions ancestrales duHaut-Atlas, l’autre chroniquant pour unejournée à la fois banale et cruciale del’Histoire récente de l’Algérie, le troisièmeracontant une rencontre improbable etenfin, « Edwige » qui nous plonge dans unamour dément.Mahassine El-Hachadi a été révélée au10e Festival inter<strong>national</strong> de Marrakechavec son court-métrage «Apnée», qui aremporté le Grand prix de la compétition« Cinécole ».Cette année, elle vient à Béjaïa avec sondernier-né « Carte Postale » dont le titre estparfaitement antagonique avec le contenu.Nous sommes dans le Haut-Atlas, dans unvillage où les filles sont mariées dès leurspremières menstruations. Filmée à lamanière d’un documentaire, cette fictionévolue lentement, s’attarde sur les visages,la gestuelle et les instants d’une vie socialehors du temps. Amina a neuf ans, elle saitqu’elle se retrouvera bientôt dans la maisond’un homme dont elle ne connaît rien, etque, comme toutes les autres, la tradition laforcera à se marier en faisant fi de sonjeune âge. Elle observe ce petit monde avecle regard d’une enfant mais avec la luciditéd’une adulte, ayant cette capacité de scruteret de comprendre la nature de cette injustice.El Hachadi ne verse pas pour autantdans « Carte postale » ; elle filme ses personnagesavec intelligence, n’étant ni tropproche ni trop distante. Par moments, lafroideur de certains plans nous fait penserà un véritable documentaire ethnographique,mais ils sont très vite contrebalancéspar une certaine tendresse facilementdétectable à travers les gros plans surAmina, visage merveilleusement expressif,ainsi que sur les femmes de ce village. Onretiendra la scène de l’accouchement d’uneadolescente, formidable et atroce en mêmetemps, filmée au détail près et superbementchorégraphiée.Le 10 mai ? Et alors ?On transhume vers une autre atmosphère,moins feutrée et moins taciturne !«Une Journée ordinaire» de BahiaAllouache, se déroule dans un immeublealgérois le 10 mai 2012, jour des électionslégislatives. Une bande sonore retransmetl’inénarrable discours du Président, deuxjours auparavant : le fameux «Tab djnani» !Dans l’appartement, Salima discute avecses trois amies tandis que sur la terrasse,trois jeunes hommes essaient de fixer uneantenne parabolique. La caméra est souventimmobile, elle semble n’avoir pourrôle que de « photographier » les personnagesportés par une interprétation souventjuste mais qui tombe parfois dans le jeutélévisuel. Le propos du film est assezcocasse : entre les discussions strictementféminines des quatre amies et les commentairesfootballistiques passionnés des deuxhommes sur la terrasse, cette fameuse journéedu 10 mai passe sans le moindre intérêtpour les élections. La vie algéroise, à traversces six personnages, se poursuit tranquillement,les occupations ordinaires de cettetranche sociologique choisie par la réalisatriceinhibent entièrement l’importancesupposée de cette journée du 10 mai. Arappeler que « Une Journée ordinaire » aété sélectionné au dernier Festival ducourt-métrage de Clermont-Ferrand.Transcendance reptileFilm en noir et blanc, plus noir queblanc, «Les Lézards» de Vincent Mariette,arbore un surréalisme vaporeux à l’imagede ce hammam dans lequel sont empêtrésLéon et Bruno. Le premier, campé par l’excellentVincent Macaigne («Un Monde sansfemmes», «Le Naufragé» de GuillaumeBrac) a donné rendez-vous à une possibleconquête draguée sur Internet. BenoîtForgeard joue le rôle de Bruno, qui accompagneson ami dans cet endroit improbableoù il devra séduire une femme virtuelle.Pratiquement nus, les deux compèresLe film du jour« C’était mieux demain »Documentaire de la Tunisienne Hind Boudjemaâ,« C’était mieux demain » suit dans le tumulte d’unerévolution, une femme, Aïda, qui a tout à refaire et quine veut plus regarder en arrière. Sa vie patauge d’unquartier défavorisé à l’autre. La révolution est là. Muepar une volonté de s’en sortir, de trouver un toit dansTunis pour elle et ses enfants, elle fait fi desévénements historiques qui l’entourent. Son seul butétant de se reconstruire, elle est convaincue que larévolution est une bénédiction. Le film s’intéresse àcette femme effrontée, déjantée et à son parcoursatypique ; il raconte un moment de vie d’une femmedans cet intense intervalle qu’est la révolution d’unpays. Succès critique et publique en Tunisie ou enBelgique (où vit Hind Boudjemaâ), « C’était mieuxdemain » a été sélectionné dans plusieurs festivalsinternationaux à l’instar du Festival inter<strong>national</strong> dufilm francophone de Namur, de la 69e Mostra deVenise, et au FID Marseille.S. H.ALGERIE NEWS Mardi <strong>11</strong> juin <strong>2013</strong>sont noyés dans une atmosphère totalementirréelle et échangent de dialogues farfelussur la sexualité, la vie, les rapportshomme-femme…L’attente dure assez longtemps ; Léon etBruno remplissent l’écran d’une intenseprésence. Filmés subtilement dans la moiteuret la sensualité du hammam, ils sont àla fois antagoniques et parfaitement indissociables.Léon, rondelet, torse velu et calvitiemanifeste, contraste avec les musclesfins et la belle chevelure de Bruno. Mais lesdeux composent un duo séducteur, alliantbonhomie et mystère, volubilité et silences.Quelquefois, on se désintéresse même decette femme qui devrait venir et l’on seconcentre sur ces deux corps à la fois distantset irrésistiblement attirés l’un parl’autre.Cependant, il ne s’agit aucunementd’une tension sexuelle mais bien d’un flottement,superbement rythmé par VincentMariette et porté par l’interprétationaérienne, sciemment chancelante, deVincent Macaigne et Benoît Forgeard…Edwige, cette inconnueEnfin, le dernier court-métrage clôt enbeauté cette soirée de dimanche. « Edwige »de Mounia Meddour, est, à la fois, angoissantet plein d’une douceur étrange. Le personnageéponyme, campé par l’impeccableClaude Perron, est une femme solitaire,silencieuse, vivant selon un rythme quasimathématique,et travaillant au service dechambre d’un hôtel en bord de mer. Sa vies’écoule comme un long chapelet d’ennuiet d’automatismes inamovibles, jusqu’à cequ’elle rencontre cet homme, client de l’hôtel,dont elle tombe froidement et silencieusementamoureuse.Quelques dialogues, beaucoup deregards, et un corps suffocant sous le poidsde ses inhibitions, ponctuent ces rares etcourtes rencontres entre les deux. En 15minutes, Mounia Meddour nous racontel’enfer glacial d’une femme étrange,inquiétante, et pour laquelle pourtant onéprouve un mélange de tendresse et decompassion. Edwige est obsédée par le belhomme de l’hôtel, l’image devient pesante,le ton lancinant, le visage congestionnéd’une multiplicité de sentiments, et c’estainsi qu’on se retrouve en plein thriller. Ilfait froid dans ce film mais à aucunmoment, on ne décroche le regard de cettefemme et de cet endroit tout aussi angoissantoù elle se transformera en romantiquetueuse ! « Edwige » arbore un langage cinématographiqueraffiné, une graphie descorps sublimée par la caméra de Meddouret surtout une atmosphère mortuaire etattachante qui ne sera perturbée paraucune surenchère esthétisante. Auteure dedeux documentaires, Mounia Meddoursigne sa première fiction avec ce courtmétrageet s’apprête à en faire un long oùl’on retrouvera la même Edwige.S. H.

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