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Explosion des amendes d'ordre. Notre enquête! Lausanne

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Le Régional 18 - 19 août 2005 - No 287<br />

Au moment où les activités <strong>des</strong><br />

Corps de police locaux sont rendues<br />

publiques dans les rapports de gestion<br />

<strong>des</strong> communes, force est de constater<br />

dans la région lausannoise une<br />

hausse parfois spectaculaire du montant<br />

<strong>des</strong> amen<strong>des</strong> <strong>d'ordre</strong> perçues en<br />

2004 par rapport à celles de l'année précédente.<br />

Si tous les chiffres ne sont pas<br />

forcément significatifs (dans les communes<br />

de petite taille par exemple), le<br />

caractère généralisé du phénomène est<br />

susceptible d'interpeller les usagers,<br />

dont certains tendent à développer le<br />

«syndrome de la vache à lait». La hausse<br />

de presque quarante pourcents enregistrée<br />

à Pully est le cas le plus frappant.<br />

«Environ 90% <strong>des</strong> amen<strong>des</strong> <strong>d'ordre</strong><br />

concernent <strong>des</strong> problèmes liés au stationnement»<br />

constate Claude Cagna, le<br />

commandant de la police de Pully. «La<br />

grosse augmentation <strong>des</strong> infractions est<br />

liée à l'augmentation notoire <strong>des</strong> zones<br />

de parcage à durée limitée à Pully, en<br />

raison d'un report de la charge <strong>des</strong> stationnements<br />

de pendulaires suite au<br />

durcissement perceptible en ville de<br />

<strong>Lausanne</strong>. La hausse <strong>des</strong> tarifs est une<br />

décision politique. De mon côté, je ne<br />

dispose d'aucun effectif supplémentaire.»<br />

REGIONAL P Date N C M J<br />

08 19.08<br />

Enquête<br />

Danse sur la Riviera, contredanses à <strong>Lausanne</strong><br />

Contraventions • Le zèle <strong>des</strong> contractuels suit-il une courbe ascendante? Certains automobilistes ont-ils raison de développer<br />

le «syndrome de la vache à lait»? Quelle est la mesure du durcissement de la politique de stationnement? Le Régional publie les chiffres<br />

<strong>des</strong> «prunes» perçues dans quelques communes de la région. La Riviera qui rit, <strong>Lausanne</strong> qui pleure.<br />

Municipale de la sécurité publique,<br />

Doris Cohen-Dumani réagit<br />

Connaissiez-vous ces chiffres?<br />

Non, à part bien sûr ceux concernant <strong>Lausanne</strong>. Nous avons beaucoup de<br />

discussions avec nos collègues <strong>des</strong> Municipalités voisines, mais peu sur ces<br />

questions de stationnement et d'amen<strong>des</strong>. Nous manquons peut-être d'une<br />

vision globale.<br />

Pourquoi une telle hausse?<br />

La raison pour laquelle il y a plus d'infractions et plus d'amen<strong>des</strong>, c'est principalement<br />

l'augmentation <strong>des</strong> zones à durée limitée. Nous introduisons progressivement<br />

les macarons, il y a quatre nouvelles zones cette année. Plus de<br />

zones contrôlées, donc plus d'infractions. Il faut aussi parler du comportement<br />

<strong>des</strong> automobilistes qui se détériore. Les gens manquent de discipline.<br />

De notre côté, nous souhaitons favoriser la rotation <strong>des</strong> places et les possibilités<br />

de parcage en général, y compris privé, en favorisant la construction de<br />

parkings par exemple.<br />

Est-ce que ces amen<strong>des</strong> rapportent à la commune?<br />

La recette est plus élevée que les investissements en personnel, donc ça rapporte.<br />

Mais on ne le fait pas pour cela, mais bien pour le respect du droit, et<br />

aussi pour la prévention.<br />

Les chiffres dans la région, à Pully en particulier, donnent l'impression que<br />

les problèmes de stationnement en ville de <strong>Lausanne</strong> se répercutent sur les<br />

communes limitrophes?<br />

<strong>Lausanne</strong> a donné une certaine impulsion avec l'introduction <strong>des</strong> macarons.<br />

Au vu de la satisfaction <strong>des</strong> habitants, d'autres communes ont suivi et adopté<br />

<strong>des</strong> politiques semblables, ce qui explique peut-être en partie cette hausse.<br />

Pour ce qui concerne la question du stationnement <strong>des</strong> pendulaires, elle ne<br />

peut pas être envisagée uniquement à l'échelle de la ville. La volonté de la<br />

Municipalité est de mettre en place <strong>des</strong> parking-relais. Mais trouver de la<br />

place en périphérie représente une grosse difficulté, et les emplacements<br />

appropriés ne sont pas forcément sur le territoire communal. L'idée aurait été<br />

d'avoir <strong>des</strong> parking-relais acceptés par la région. A Pully, c'est très difficile, à<br />

cause du manque d'espace disponible. D'une manière générale, c'est plus<br />

facile dans l'ouest lausannois. Le Canton dispose de terrains, et nos politiques<br />

vont dans le même sens. Nous essayons aussi de collaborer avec le privé, <strong>des</strong><br />

surfaces commerciales par exemple.<br />

Dans <strong>des</strong> quartiers comme Vennes, le métro rend l'idée du parking-relais<br />

intéressante, incitative. Alors que c'est beaucoup plus difficile à Pully, où<br />

l'offre en transports publics est plus faible.<br />

A <strong>Lausanne</strong>, en cas d'infraction au stationnement, traite-t-on de manière<br />

différente un résident doté d'un macaron ou un visiteur?<br />

Non. Surtout pas lors de parcage sur les trottoirs, pour lequel nos sommes<br />

intransigeants.<br />

Il y a pourtant <strong>des</strong> zones où il est difficile de trouver à se parquer, même<br />

pour les résidents?<br />

Certainement, il y a un peu plus de tension dans <strong>des</strong> quartiers comme Sous-<br />

Gare, Ouchy ou Montchoisi. Mais même dans ces quartiers, les macarons<br />

vendus ne représentent que les deux tiers environ <strong>des</strong> places disponibles.<br />

Faut-il s'attendre à la poursuite de cette tendance à la hausse <strong>des</strong> amen<strong>des</strong><br />

<strong>d'ordre</strong>?<br />

Ce que je peux vous dire, c'est que nous renforçons les contrôles de nuit,<br />

jusque-là presque inexistants. Le week-end en particulier, on trouve <strong>des</strong> véhicules<br />

parqués vraiment n'importe où. C'est dangereux parce que l'intervention<br />

<strong>des</strong> secours en cas de problème est entravée. Si l'incendie de la salle du<br />

Grand Conseil s'était déclaré un week-end, c'est peut-être tout le quartier qui<br />

aurait brûlé! Quatre «scootéristes» sont actuellement en formation, ils veilleront<br />

au respect <strong>des</strong> règles de parcage durant la nuit en particulier.<br />

Propos recueillis par Alain Jarne<br />

Le décors est posé, le refrain est sensiblement<br />

le même dans les autres communes<br />

de l'est lausannois, comme victimes<br />

<strong>des</strong> «dégâts collatéraux» de la<br />

surcharge lausannoise.<br />

Epicentre: <strong>Lausanne</strong><br />

La hausse de treize pourcents enregistrée<br />

à <strong>Lausanne</strong> représente tout de<br />

même plus de vingt mille contredanses<br />

supplémentaires en l'espace d'une<br />

année. Pour Christian Séchaud, porteparole<br />

de la police lausannoise, on ne<br />

peut en aucun cas incriminer un zèle<br />

particulier de la part <strong>des</strong> contractuels:<br />

«Depuis 1997, nous verbalisons de la<br />

même manière. A cette époque, suite à<br />

une hausse <strong>des</strong> tarifs de stationnement,<br />

nous nous étions montrés un peu plus<br />

souples.» De fait, du zénith que représentaient<br />

les 196'000 contraventions<br />

distribuées en 1996 aux «mauvais parqueurs»,<br />

<strong>Lausanne</strong> a enregistré une<br />

baisse <strong>des</strong> «prunes» deux années consécutives.<br />

Puis du plancher de 112'000 en<br />

1998, la hausse a été modérée et régulière<br />

durant quatre ans, pour ensuite<br />

prendre l'ascenseur dès 2003 et aboutir<br />

en 2004 à 165'000 contraventions. La<br />

police de pointer du doigt le comporte-<br />

Attention ceinture.<br />

ment <strong>des</strong> usagers: «De plus en plus, les<br />

gens se parquent vraiment n'importe<br />

comment. Dix mille véhicules amendés<br />

étaient stationnés sur les trottoirs».<br />

2003 a vu une hausse de huit pourcents<br />

de ce comportement jugé dangereux.<br />

«<strong>Lausanne</strong> est bien obligée de prendre<br />

<strong>des</strong> mesures par rapport au trafic pendulaire,<br />

c'est une volonté clairement<br />

affichée par la Municipalité depuis<br />

longtemps.» Et Christian Séchaud de<br />

rappeler que la situation est appelée -<br />

sur décision du Conseil communal - à<br />

se durcir encore, avec la disparition programmée<br />

<strong>des</strong> zones blanches au profit<br />

<strong>des</strong> macarons et le renforcement en particulier<br />

<strong>des</strong> contrôles de nuit. Rappelons<br />

enfin que le nombre de voitures<br />

immatriculées à <strong>Lausanne</strong> - 55'000 en<br />

2004 - est en légère hausse, mais exactement<br />

dans le sillage de l'augmentation<br />

de la population.<br />

Moins de pression sur la Riviera<br />

La situation semble avoir été moins tendue<br />

sur la Riviera, où pour ce qui<br />

concerne le stationnement, les infractions<br />

sanctionnées ont été plutôt à la<br />

baisse. Peut-être est-ce lié au grand<br />

chambardement que représente la mise<br />

en place de Police 2000, dont la Riviera<br />

est une zone pilote. «Je pense en effet<br />

qu'il y a eu un peu moins de contrôle,<br />

reconnaît l'adjudant Gattone à la police<br />

de Vevey. J'ai le sentiment que dans<br />

cette phase de mise en place, nous<br />

avons été un peu plus présents dans les<br />

villages, un peu moins dans les agglomérations.»<br />

Pourtant l'accalmie pourrait<br />

bien être passagère, comme en<br />

témoigne en tous cas l'augmentation de<br />

l'effectif <strong>des</strong> gar<strong>des</strong> de police en ville de<br />

Montreux.<br />

En conclusion, lorsqu'on a la désagréable<br />

surprise de trouver un bulletin<br />

de versement derrière l'essuie-glace, on<br />

peut garder à l'esprit ce dont on nous<br />

assure dans tous les postes de police de<br />

la région: Il n'existe aucune pratique<br />

visant à encourager le zèle <strong>des</strong> contractuels<br />

sous forme de quotas ou autre<br />

(comme c'est le cas à Bâle-Ville), et les<br />

sommes portées au budget <strong>des</strong> communes<br />

sont <strong>des</strong> montants théoriques,<br />

en aucun cas <strong>des</strong> objectifs prioritaires<br />

pour les policiers…<br />

Alain Jarne<br />

Parcage, vitesse, paiements:<br />

«De la négligence!»<br />

Outre l'envahissement <strong>des</strong> trottoirs lausannois,<br />

les utilisateurs motorisés <strong>des</strong><br />

chaussées de la capitale et de ses environs<br />

se sont rendu coupables d'un certain<br />

nombre d'autres méfaits. La vitesse<br />

par exemple. Pully, qui dispose d'un<br />

radar mobile partagé avec Renens et<br />

Prilly, a vu la proportion de contrevenants<br />

passer de 4 à 5% <strong>des</strong> contrôlés. Il<br />

faut toutefois relever que la commune<br />

de Pully a fait une demande expresse au<br />

canton pour ramener la vitesse de ses<br />

artères principales de 60 à 50 km/h.<br />

«Ce n'est pas énorme, mais ça m'inquiète(!)»,<br />

avoue le commandant<br />

Cagna, qui rappelle qu'en 2002, les<br />

excès de vitesse concernaient moins de<br />

3% <strong>des</strong> usagers. Idem pour ce qui est<br />

<strong>des</strong> radars fixes situés aux feux: Pully<br />

enregistre sur un peu plus de 7000<br />

heures de contrôle(!) une hausse de 0.1<br />

à 0.35% <strong>des</strong> infractions.<br />

A <strong>Lausanne</strong>, la situation est jugée<br />

stable. «Nous avons diminué les<br />

contrôles, mais en même temps, nous<br />

Le mouchard qui rapporte.<br />

les avons recentrés sur les secteurs qui<br />

nous paraissaient potentiellement les<br />

plus dangereux», explique Christian<br />

Séchaud. Avec plus de 9% de conducteurs<br />

en infraction, <strong>Lausanne</strong> détient le<br />

record régional.<br />

Quant à Jean-Yves Curty, l'un <strong>des</strong> deux<br />

présidents de la Commission de police<br />

de <strong>Lausanne</strong>, il relève que ses «clients»<br />

augmentent: «Les contrevenants ont 30<br />

jours pour payer, ensuite de quoi ils<br />

encourent une procédure ordinaire en<br />

commission de police. Les gens sont de<br />

plus en plus négligents. Non seulement<br />

la hausse <strong>des</strong> amen<strong>des</strong> est sensible, mais<br />

aussi la proportion de celles qui ne sont<br />

pas payées dans les délais.» Ainsi <strong>des</strong> 5.2<br />

millions encaissés après procédure en<br />

Commission de police en 2003, on<br />

passe à 6.8 millions en 2004 (dont 90 à<br />

95% sont <strong>des</strong> amen<strong>des</strong> <strong>d'ordre</strong>). «Je ne<br />

suis pas étonné par les statistiques européennes<br />

qui placent les Suisses en tête<br />

<strong>des</strong> mauvais payeurs!» conclut Jean-<br />

Yves Curty. AJ<br />

Nombre d'amen<strong>des</strong> de stationnement à <strong>Lausanne</strong> : évolution 1996-2004

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