12.07.2015 Views

Sept 2007 n°217 - Foyer Notre-Dame des Sans-Abri

Sept 2007 n°217 - Foyer Notre-Dame des Sans-Abri

Sept 2007 n°217 - Foyer Notre-Dame des Sans-Abri

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Sylvie Quesemand Zucca« Je vous salis ma rue »Clinique de la désocialisationÉditions Stock, <strong>2007</strong>, 192 pages, 17 eurosMedecinPsychiatre,partageant sesactivités entreson cabinet etle Samu Socialde Paris,l’auteureanalyse leseffets, dans ladurée, de la vie<strong>des</strong> individussans abri.Ainsi que le dit la préface, « ce livre qui portele titre atroce par sa contrepèterie deJacques Prévert indique que l’homme devientnon seulement objet mais détritus ».L’auteure est médecin psychiatre, partageant sesactivités entre son cabinet et le Samu social deParis.Elle appartient à l’équipe mobile du Réseau Souffranceset Précarité, basée à l’Hôpital Esquirol.« Elle se déplace vers <strong>des</strong> personnes signaléesdans la rue ou les centres d’hébergement par lestravailleurs sociaux, les médecins, les infirmiers deces structures et <strong>des</strong> marau<strong>des</strong> du Samu social ».Ce qui caractérise ce livre, c’est l’importance attachéeau mental <strong>des</strong> exclus et les conséquencesqu’en tire l’auteure pour l’organisation <strong>des</strong> soins.Il comporte six parties : « Dehors en attendant demain» est une présentation de l’exclusion ; puis« Figures de la rue » présente les différents typesSpiritualité et Cultured’exclus ; « L’asphalte » décrit la vie dans la rue ;« L’identité éclatée » évoque la dissolution de lapersonne à la rue ; « Le non-sens » montre les violenceset les différents seuils de la chute et lasixième partie, « Folies à la rue, folies de la rue »est consacrée à la psychiatrie dans la rue.Le livre est très intéressant, très vivant par les <strong>des</strong>criptionsfaites <strong>des</strong> personnes rencontrées, lesparoles et les écrits présentés. Il ne s’agit pas seulementde diagnostics scientifiques mais de témoignagesavec la parole <strong>des</strong> intéressés. C’est pourquoiil apporte quelque chose de nouveau qui nouspermet de saisir sur le vif les problèmes rencontréspar <strong>des</strong> personnes en situation d’exclusion.Situations très diverses : les jeunes, les sans-papiers,les femmes, les chômeurs et les travailleurspauvres, les anciens enfants institutionnalisés, lespersonnes âgées, les mala<strong>des</strong> mentaux chroniquesà la rue, les mala<strong>des</strong>.Puis elle examine le problème de«L’asphaltisation », c’est-à-dire l’enracinementprogressif à même le sol de personnes désocialiséesqui peuvent même refuser une prise en charge.Elles n’ont plus la notion du temps, ont perdu celledu mouvement. De grands exclus ont <strong>des</strong> lésionscorporelles graves, la douleur n’est plus perçue, le« lien de l’humain à son propre corps s’estompe àson tour ».Le chapitre « Les géographies de l’exclusion »traite de la manière dont les sans-abri utilisent laville, déterminant leur territoire, non sans luttesavec les riverains, et entre eux ; et aussi du refusd’hébergement.La quatrième partie, « L’identité éclatée », particulièrementintéressante, montre l’importance dela honte, « la conscience du regard… de l’autresur soi ». « L’obligation de recourir à l’appui <strong>des</strong>es semblables et <strong>des</strong> services d’action sociale »est une épreuve vécue comme une disqualificationsociale. « La honte est un signe avant-coureurfondamental d’auto-exclusion ».Sous le titre de « <strong>Sans</strong> filiation fixe », l’auteur examinela perte de repères familiaux, la coupure avecles amis et les proches, et pense que c’est un problèmeà travailler pour le secours à apporter au« clodo » de la famille. Elle note que pour ceux quiont perdu leurs repères, la vie est vide, il y a impossibilitéde se projeter dans l’avenir.Dans le chapitre « Violences » (5 e partie, « Le nonsens »), elle évoque toutes les formes d’agressiondepuis celle <strong>des</strong> cafards sur le corps, celle du froid,<strong>des</strong> hébergés, <strong>des</strong> suicidaires, celle aussi <strong>des</strong> institutions…et insiste sur le temps nécessaire ensoins, en suivi pour sortir de cet état.Elle montre les difficultés <strong>des</strong> travailleurs sociauxpour assurer ces soins dans le système d’aide ac-L’Arche sous l’Arc en Ciel - N°217 - <strong>Sept</strong>embre <strong>2007</strong> - 21

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!