Voyages de Leïla Menchari - Institut du Monde Arabe

Céramique Ottomane, IznikSur les traces de Byzance un sérail cher au sultanpour ses épouses au parfum d’encens.Photographe : Guillaume de Laubier« Il y avait longtemps que j’avais envie de travailler à partir de la céramiqueottomane d’Iznik. Mais comment ?… J’ai pris des contacts et je suis partieen Turquie, à Iznik…Mon décor devait être une salle de palais. Pour cela il fallait non seulementplanter un décor de rêve, mais il était aussi nécessaire de travailler le plafond.La beauté, la richesse de ce palais devait être celle d’un bijou, d’un écrin,d’une bonbonnière. Le regard ne sait plus où donner, il rebondit du solau plafond. Il est fasciné. J’ai donc imaginé un plafond à caissons peint etdécoré à la feuille d’or et des arcades travaillées à la feuille d’or ajourée.J’ai installé deux tables en demi-lune et des tabourets en laque de cinabre.La technique très ancienne de la laque de cinabre consiste à recouvrir de2000 couches l’objet à laquer. Ensuite, l’artiste graveur intervient et sculpteses figures dans les épaisseurs de laque. C’est une technique que les Chinoispratiquent encore. J’ai accordé le rouge des tabourets à celui d’un braseroen céramique que j’ai fait fabriquer en Tunisie.Nous sommes à Byzance ; et Byzance est le carrefour des peuples etdes arts. La rencontre entre Occident et Orient. Byzance, c’est l’opulence néede ces rencontres et de ces chocs culturels. L’œil s’enchante à ce mélangejoyeux de feuille d’or indienne, de céramique ottomane ou tunisienne,de laque de cinabre chinoise, de cuir repoussé travaillé comme à Tolède surdes motifs du xviii e siècle français… Cette manière de gommer les frontières,d’abolir le temps invite à l’humanisme, à la tolérance ».1013