Voyages de Leïla Menchari - Institut du Monde Arabe
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Sur un air <strong>de</strong> ParisParis, le 14 juillet, les barrica<strong>de</strong>s, les monuments célèbres,le tout sur un air <strong>de</strong> Francis Lemarque.Photographe : Quentin Bertoux« Paris est une fête ! C’est la ville dont je rêvais lorsque j’étais adolescenteà Tunis, puis celle <strong>de</strong> mes années <strong>de</strong> vache maigre à l’école <strong>de</strong>s Beaux Arts,qui étaient malgré tout magiques… Je me souviens <strong>de</strong> ma première annéeà Paris. Je me sentais un peu per<strong>du</strong>e et, surtout, j’avais tellement froid.Et puis, j’ai découvert la poésie <strong>de</strong> cette ville. Soudain, j’ai eu moins froid,je me suis sentie mieux. On nous avait <strong>de</strong>mandé à nous, étudiants <strong>de</strong>s BeauxArts, <strong>de</strong> repeindre les bateaux-mouches. On pique-niquait sur <strong>de</strong>s sacs<strong>de</strong> couchage et on écoutait <strong>de</strong>s chansons sur Paris : Gréco, Montand, FrancisLemarque… Pour faire ce décor, je me suis référée à cet éblouissement <strong>de</strong> ladécouverte et à ce bonheur <strong>de</strong> jeunesse. Il fallait convoquer ces impressions,extraire ce parfum <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> ma mémoire.Il me fallait procé<strong>de</strong>r à une sublimation <strong>de</strong>s lieux… J’ai ainsi <strong>de</strong>mandé àAngélique Lefebvre, qui travaille merveilleusement l’organdi, <strong>de</strong> me faireune tour Eiffel dans ce tissu immaculé et transparent. Une tour commeune illusion dans la lumière… J’ai fait placer un écran lumineux dans le fond<strong>de</strong> la vitrine pour faire jouer toutes les transparences. J’ai proposé à IonCondiescu, peintre, fresquiste, <strong>de</strong> faire Notre-Dame. J’adore les monuments<strong>de</strong> Paris et je voulais qu’ils soient là, <strong>de</strong> manière emblématique. Et je les aimariés avec <strong>de</strong>s objets Hermès, <strong>de</strong>s cuirs bleus, blancs et rouges. Les objetssont mon vocabulaire <strong>de</strong> conteuse sans mots.Ce sont mes fantasmes que j’expose, les moments forts <strong>de</strong> ma vie. Tous mesdécors sont un mariage d’onirisme et d’artisanat. Je les rêve et je fais appelà <strong>de</strong>s artisans qui savent lire et tra<strong>du</strong>ire mes rêves ».1417