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Pascal Dumasattire de nouvelles populations en provenance essentiellement des Îles Loyautéet de la côte Est de la Province Nord. Toutefois malgré ce dépeuplement relatifde la Brousse, certains espaces restent attractifs : c’est le cas particulièrementdes communes de Poindimié à l’Est et de Voh, Koné, Pouembout (VKP) àl’Ouest qui connaissent aujourd’hui un développement démographique etéconomique remarqué. Ce dernier entrainé par le projet de construction del’usine métallurgique du Nord actuellement sur la voie de la concrétisation,n’a toutefois pas encore d’impacts suffisamment conséquents pour réduireles déséquilibres. En effet, la Brousse dépend toujours économiquementde l’influence grandissante des effets d’agglomération de Nouméa et sondéveloppement profite d’abord à l’enrichissement de la capitale. En fait, lavaleur ajoutée n’est pas créée en Brousse, à l’exemple de la construction dela route transversale Koné-Tiwaka, où les entreprises ainsi que les matériauxde construction provenaient principalement de Nouméa. L’émergence desgrands projets miniers structurants, et leurs besoins en termes d’emploidevraient inverser cette tendance en créant du salariat, mais aussi en favorisantles échanges commerciaux grâce à l’implantation de ports en eaux profondes.Aujourd’hui donc, l’attente du rééquilibrage économique passe par les projetsde transformation de minerai. Ainsi, l’usine hydrométallurgique du groupeValve Inco à Goro dans le Sud du pays, prête à renter en phase de production,va engendrer plus de 800 emplois directs et jusqu’à 2 600 emplois indirects etinduits. Dans le Nord sur le site de Koniambo, le projet de la Société Minièredu Sud Pacifique (SMSP), contrôlée par la Province Nord en partenariat avecXstrata Nickel, prévoit la mise en production d’une usine pyrométallurgiqueen 2011. Cette dernière devrait générer 1 000 emplois directs et jusqu’à 2 500emplois indirects.Ce constat en demi-teinte ne doit cependant pas faire oublier que le rééquilibrages’est accompagné d’un développement remarquable des infrastructureset des services publics en faveur de la Brousse. Les résultats sont indéniablesavec un rattrapage de la qualité de l’environnement socio-économique quis’opère depuis 20 ans. On peut particulièrement noter un désenclavementdes populations isolées, des meilleures conditions d’accès au service public,une amélioration générale de l’état de santé de la population, une élévationimportante du niveau de formation et surtout une augmentation considérabledes conditions de vie des ménages. Ce que l’on peut conclure : le rééquilibrages’opère (même si il est clair que les déséquilibres interprovinciaux restent encoreinégaux selon les secteurs et qu’ils devraient être encore durables…) mais sestraductions spatiales en Brousse sont peu visibles (les changements ne sont186
Le développement de la « Brousse » néo-calédonienne : mythe ou réalité ?pas compatibles avec l’échelle d’observation). Les équipements structurantsconstituent les seules marques visibles sur l’espace mais ces dernières sont trèsponctuelles (outre l’usine du Sud qui est aujourd’hui sortie de terre). Malgréces 20 dernières années de développement les modifications sur le territoiretelles qu’une densification significative de l’habitat ou des bâtiments commerciauxsont loin d’être observables. Les empreintes du rééquilibrage ne sont pastransposables dans l’espace et l’amélioration de la qualité de l’environnementsocio-économique, résultat indéniable, ne peut être réellement perçue surle territoire. Il est aussi important de noter qu’aujourd’hui, on constate undéplacement du déséquilibre spatial non plus du Sud au Nord mais entre lacôte au vent et la côte sous le vent. Cette dichotomie Est/Ouest, déjà présenteen 1989, risque d’être de plus en plus marquée avec le développement du pôleVKP entrainé par l’usine métallurgique de Koniambo. Dans les années à venir,nous risquons aussi d’observer une aggravation des déséquilibres préexistantsentre les tribus et les villages, ces derniers profitant davantage de l’améliorationdu confort de vie.Pour finir, rappelons que cet exemple calédonien avec ces dissymétriesspatiales est loin d’être unique et correspond d’une manière générale audispositif spatial en milieu insulaire qui répond à un modèle anisotropique. Peuhiérarchisé, le territoire est dominé par la capitale ou le chef-lieu qui regroupeune très grande partie de la population et des activités économiques de l’île.Ainsi, en Polynésie Française (4 000 km²) plus des deux tiers de la populationse concentre dans la capitale Papeete qui s’étend sur 180 km² du littoral de l’îlede Tahiti de 1 000 km². Dans l’archipel des Fidji (18 000 km²) plus de la moitiéde la population occupe les 300 km² de l’aire urbaine de Suva.RemerciementsL’auteur tient vivement à remercier Thomas Poirot (chargé de mission àl’Institut pour le Développement des Compétences en Nouvelle-Calédonie)pour son aide précieuse apportée à la rédaction de cet article et particulièrementaux données statistiques fournies.187
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