6 > A C T UMilitarisation de l’AfriqueLes syndicalistes du monde disent nonUne pétition a été lancée et adoptée par les participants au Meeting inter<strong>national</strong> d’Alger où ils demandent le départ de tousles soldats américains et français se trouvant actuellement dans les terres africaines ainsi que la force militaire américaine de500 Marines, et huit avions militaires de combat actuellement dans la base située à Moron, en Espagne.Rencontré mercredi soir enmarge d'une rencontred'affaires organiséeconjointement par labanque portugaise BancoEspirito Santo (BES) encollaboration avec laBanque extérieure d'Algérie(BEA), le nouvelambassadeur du Portugal àAlger a bien voulu répondreà nos questions. PourAntonio Gamito, lesentreprises portugaises nedevraient pas se contenterdes contrats de réalisationsmais plutôt travailler àdécrocher des partenariatsà long terme dans un espritgagnant-gagnant.Ainsi que les 450 Marinessupplémentaires basésau sud de l’Italie. Lapétition sera égalementsignée par l’ensemble des militantsdes pays participants dans le meetingd’Alger, c’est ce qu’a annoncéla secrétaire générale du Parti destravailleurs (PT), M me LouizaHanoune, lors du meeting inter<strong>national</strong>d’Alger, tenu hier, à laCentrale syndicale à Alger. Lapatronne du PT a appelé à unemobilisation contre toute interventionmilitaire étrangère enAlgérie et contre toute tentativequi toucherait à l’unité <strong>national</strong>e. «On demande le départ de tous lesmilitaires se trouvant actuellementsur les terres africaines ainsi que leretrait des deux bases américainesse trouvant actuellement enEspagne et le sud de l’Italie. SelonLouiza Hanoune, la présence desbases américaines sur les terresespagnoles est une menace directepour l’Algérie. Une menace quivient au moment où les travailleursalgériens sont parvenus àarracher leurs droits de casser lesdécisions du FMI. «On réitèrenotre attachement à la souveraineté<strong>national</strong>e et la paix», a soulignéHanoune. Ce meeting inter<strong>national</strong>d’Alger a pour but de mettreen exergue cette menace, tirer lasonnette d’alarme et constituer unfront interne pour faire face à cettesituation.Lors de son intervention aumeeting inter<strong>national</strong> d’Alger, M meClaudia Clark, présidente d’unplus grand syndicat américain, adénoncé la politique extérieureaméricaine, notamment la présencedes bases américaines enEspagne et le sud d’Italie. « Notrepays se présente comme un paysqui défend les droits de l’homme,alors qu’en réalité, c’est le premierpays au monde qui viole lesconventions inter<strong>national</strong>es desdroits de l’homme », a-t-elle indiqué.Nous sommes en train deAlgérie News : Excellence, trois mois aprèsavoir pris officiellement vos fonctions àAlger. Quelles sont vos principales missions?Antonio Gamito : Je suis arrivé le 16 marsen Algérie. Après avoir remis mes lettresd'accréditations au président de laRépublique, Abdelaziz Bouteflika, j'aiimmédiatement commencé ma fonction.Pour ce qui est de ma mission en Algérie,celle qui s’inscrit au haut de tableau de mespriorités, c’est la consolidation des relationsbilatérales et le renforcement de lacoopération entre les deux pays. Nous sommesdeux pays très proches et j'oseraismême dire voisins. Notre approche est simple.Nous souhaitons diversifier nos relationsdans un esprit de partenariatgagnant-gagnant. Riche de son expérience,le Portugal pourrait apporter une contributionsignificative à votre pays, notammentle domaine de la formation professionnelleet le transfert technologique.Peut-on savoir quel est le volume deséchanges commerciaux entre les deuxpays ?Le volume des échanges commerciauxentre nos deux pays a atteint l'année dernièreles cinq millions d'euros, en majoritédes ventes d'équipements à destination del'Algérie. Nous reconnaissons au Portugalque ce volume est très faible. Pour ce qui estdes exportations algériennes vers lePortugal, il s'agit essentiellement de gaz.Les échanges sont pour l'instant en déséquilibre,nous travaillerons à les développeret surtout à les équilibrer. Nous ne voulonspas être uniquement client gazier del'Algérie. Il est temps de diversifier noséchanges commerciaux.Vous venez d'assister à des rencontres Bto B entre hommes d'affaires portugais etalgériens. Y a t-il un premier bilan à tirer?Cette rencontre s'inscrit dans le cadred'une stratégie dont le but est d'inciter lesmener un combat contre la politiqueextérieure américaine. Selonelle, l’Algérie a été inscrite parmiles premiers pays qui seront touchéspar cette «hégémonie» extérieureaméricaine, aujourd’hui,nous sommes plus que convaincus.«Les USA continuent de violerles Conventions inter<strong>national</strong>esdes droits de l’homme, la preuve,actuellement, il y a deux millionsde prisonniers dans les prisonsaméricaines. Souvent le droit syndicaln’est pas reconnu dans notrepays», a affirmé Claudia Clark. Etd’ajouter «nous aimons l’Algérieparce qu’il est sur la bonne voiealors que les Etats-Unis se trompent.D’autre part, lors de sonintervention, M. Lucien Gautier,ALGERIE NEWS Samedi <strong>29</strong> juin <strong>2013</strong>président du Parti ouvrier indépendantde <strong>Fr</strong>ance, a dénoncé,également, toute forme d’ingérencedans les affaires internes del’Algérie. «Nous soutenons inconditionnellementle droit du peuplealgérien à disposer de lui-même,nous sommes contre les pressionset menaces étrangères, c’est pourquoinous sommes partie prenantede ce meeting inter<strong>national</strong>d’Alger», a-t-il déclaré. Et d’ajouter,«en <strong>Fr</strong>ance, nous menons campagnecontre toutes formes d’ingérencedans les affaires internes del’Algérie. M. Lucien Gautier a, parailleurs, dénoncé d’une manièreplus énergique l’intervention militairefrançaise au Mali. «Noussommes contre l’interventionmilitaire française au Mali et nousluttons pour que nos troupes seretirent et laissent le peuple maliendécider seul de son avenir», a-t-ilsouligné. De nombreuses conférencesont été organisées pourexpliquer que la situation catastrophiquedu peuple malien est laconséquence directe de l’interventionmilitaire française qui atrouvé comme prétexte la luttecontre le terrorisme alors que cesmêmes terroristes sont armés parl’impérialisme français, anglais etAntonio Gamito, ambassadeur de la République du Portugal à Alger«Nous voulons travailler avec l’Algérie sur le long terme»entreprises portugaises à découvrir lesopportunités d'investissements et de partenariatqu'offre l'Algérie. A titre d'exemple,la banque portugaise Banco Espirito Santo(BES) a noué une collaboration avec laBanque extérieure d'Algérie (BEA). Unedémarche qui vise à approfondir le développementdu partenariat B to B entre lesdeux parties. Aujourd'hui, quarante trois(43) entreprises portugaises ont participé àcette rencontre d'affaires avec des entreprisesalgériennes. D’ores et déjà, le premierobjectif est atteint car nous avons créé uncadre de rencontres et d'échanges entreentreprises. Nous ne recherchons pas descontrats à court terme. Ce qui intéresse lesentreprises portugaises, concerne des partenariatsà moyen voire à long terme dansdes domaines diversifiés. Nous invitons parla même occasion les entreprises algériennesà venir au Portugal.Que pensez-vous du climat des affaires enAlgérie, notamment la règle 51 /49 régissantl'investissement étranger ?En ce qui nous concerne, il importe Cede veiller au respect des lois du gouvernementet du peuple algériens. Au Portugal,cette règle n'existe pas, mais ici chez vous, ily a cette règle, il faut donc la respecter ettravailler avec. Si le gouvernement algériensouhaite la changer, nous sommes là. S’ilfaut travailler avec, nous sommes là aussi.Les entreprises portugaises que vous avezinvitées en Algérie ne la trouvent-elles pascontraignante ?Non absolument pas. La preuve,aujourd'hui 43 entreprises portugaises sontprésentes à cette rencontre d'affaires.Même avec le 51/49, nos entreprises sonttoujours présentes en Algérie. Il faut travailleravec le cadre réglementaire régissantle climat d'affaires. Cela n'a pas empêchéaméricain. L’invasion du Mali estune menace pour toute la régiondu Sahel. L’intervention militairefrançaise comme toute interventionmilitaire aboutit toujours à unchaos. Aucun pays n’a réussi àretrouver sa souveraineté aprèsune intervention militaire, que cesoit au Mali, en Libye, enAfghanistan ou l’Irak. Selon lui,l’acte terroriste de Tiguentourineest une tentative de faire impliquerl’Algérie dans la guerre du Mali.«En Algérie, il y a une forte combativitédes travailleurs et des jeunes.Nous enregistrons de façon continued’importantes conquêtessociales. Mais nous connaissons enmême temps une véritable menaced’intervention militaire américainequi se précise de plus en plus.La situation est grave et dangereuse,et je vous assure que le Partides travailleurs n’exagère rien. Faceà cela, nous sommes à la fois auxcôtés des travailleurs dans les luttessyndicales et les luttes de la jeunessepour arracher les revendicationsdémocratiques et économiques,et en campagne <strong>national</strong>e derésistance pour la défense de lasouveraineté <strong>national</strong>e, contre l’ingérenceétrangère.Mohammed Zerroukicertaines entreprises d'afficher leur volontéà investir dans des domaines aussi diversque l'agroalimentaire, la pêche, la santé, letourisme et les énergies renouvelables. Voussavez, dans les relations entre deux pays, iln'y a pas que le commerce. Nous accordonsaussi une grande importance à la dimensionhumaine.Y a-t-il eu des engagements fermes de lapart d'entreprises portugaises en Algérie ?Oui bien sûr. Je peux vous citer d'ailleursen plus du partenariat qui vient d'êtreconclu entre la Banco Espirito Santo (BES)et la Banque extérieure d'Algérie (BEA),des entreprises qui se sont engagées dans lesecteur douanier, la pêche, les travauxpublics, comme la Copad, qui est spécialiséedans la réalisation des gros projets d'engineering.Il y a plusieurs entreprises portugaisesqui offrent leurs services dans différentsdomaines. Selon le ministère duCommerce, il y a 86 entreprises portugaisesprésentes en Algérie. C’est très appréciable.<strong>Fr</strong>aichement installé en Algérie, quelregard portez-vous sur le pays ?Je me sens chez moi.Excellence, pourquoi les entreprises portugaisesdu BTPH sont absentes desgrands projets d'urbanisme lancé par legouvernement, bien qu'elles soient trèscotés sur le marché inter<strong>national</strong> ?Certes elles (les entreprises) ne sont pasencore nombreuses à s'intéresser au potentielque représente ce domaine chez vous.Nous travaillons actuellement à changercette situation. Mais je tiens à vous rappelernotre souhait, ce n'est pas seulement devoir nos entreprises décrocher des contratset repartir, nous voulons des relationsdurables.Entretien réalisé par Yahia Maouchi
A C T U7Assassinat de BoudiafUne génération néede la traîtriseDepuis la mort de Mohamed Boudiaf il y a vingt et un ans, l’Algérie a augmenté de 12 millions d’habitants, autrementdit du tiers de la population d’aujourd’hui, à peu près. Ces citoyens qui ont peut-être voté les communales et leslégislatives précédentes, parce que l’âge révolu de dix-huit ans le permet en Algérie, vont devoir élire l’annéeprochaine le futur président de la République.Par Nadir BachaDans ces douze millions – il y ena qui ont certainement disparudepuis, des dizaines de milliers,peut-être beaucoup plus –«kayen ou kayen», il y a équivalemmentmoitié filles moitié garçons, desressortissants nés dans la misère, d’autresdans la classe moyenne, si elle a un sens enAlgérie, certains aussi dans la classe avantagée,dans plus ou moins le circuit du mérite,dans le hasard des vicissitudes des paradoxessocioéconomiques ou carrément au sein desfamilles mafieuses.Ils sont d’abord nés suite à une espèced’abandon de famille par la démission deChadli Bendjedid, un président élu et doncresponsable devant son peuple, six moisavant leur naissance en 1992, la date fatidiquede la double tragédie de l’assassinat duchef de l’Etat et de l’entrée en matière de laguerre civile, qui aura duré quelque sixannées pendant lesquelles la mort, la disparition,le viol, le racket, étaient le lot <strong>quotidien</strong>dans une ambiance de banqueroute<strong>national</strong>e, les uns et les autres parviennent àcette majorité «absolue» - matrimonialepour le mâle, tandis que la majorité pour lafemelle est laissée au soin d’une improbableloi fondamentale qui intériorisera qu’unenation ait besoin de deux sexes à part entièrepour se perpétuer dans le renouvellement –qui s’interrogent plus que nulle part ailleurssur la fonction d’un chef d’Etat, président dela République soit-il, ou souverain.Cette gigantesque frange démographique,qui a été au moins à l’école jusqu’àapprendre à lire et écrire, est venue aumonde d’office endettée d’une incommensurabletrahison <strong>national</strong>e. Elle appréciel’Ansej pour ne pas quémander, pour pratiquerson métier, s’il en est, ou pour frauderles institutions, mais tous ses organes sensoriauxsont braqués sur le visa pourl’Occident. « Je suis née le jour même del’assassinat de Boudiaf qui est, d’après ceque j’ai lu dans l’Histoire, parmi les grandschefs qui ont décidé de faire la guerre auxcolonialistes et alors tout enfant à l’école, j’aicompris que ma vie dans ce pays va être unemalédiction ! »Ce sont les paroles d’une employée dansun grand magasin de vêtements en banlieuealgéroise, qui possède par contre un prénomqui sonne l’espérance. Elle y travaille danscet établissement depuis son échec au baccalauréat,il y a trois années, sur lequel elle metune croix :«A quoi ça sert d’avoir un diplôme si onne trouve pas avec du boulot ? Le moindresou que je gagne ici, je le cache précieusementpour envisager un voyage sans retour,mes parents et mes frères et sœurs le saventet ils ne peuvent rien pour m’en empêcher,je vais fêter mes 21 ans et je ne sais pas ce quitourne autour du président de laRépublique depuis deux mois, tu parlesd’un pays dans lequel on éprouve une idéepositive sur son avenir ! »Un peu plus loin, sous un abribus, troisgarçons attendent silencieusement un arrivagepour embarquer, deux sont adossés à laparoi en verre et le troisième est assis sur lerebord du trottoir. Au moment de leurentreprise, l’un des deux gaillards deboutallume une cigarette ; il fera 21 ans en aoûtJe suis née le jour même del’assassinat de Boudiaf qui est,d’après ce que j’ai lu dans l’Histoire,parmi les grands chefs qui ont décidéde faire la guerre aux colonialistes...et il est malheureux que la mer n’est pas propicepour la sardine, son créneau actuelpour aller traquer quelques casiers à lapêcherie avec ses copains, qui sont avec lui àpatienter le bus de Kouba pour partir voirun ami qui a du boulot pour eux. Ils ontquitté l’école au même niveau du BEM, ilsne se sont pas inscrits au Service <strong>national</strong>mais ils possèdent tous un passeport « surlequel il ne manque que le visa pourl’Europe ou le Canada ! » MohamedBoudiaf? Ils se balancent des œillades,tiquent avec le sourire nerveux jusqu’à ceque celui qui était assis, se relève et parle dela salle qui porte le même nom. Il croit quec’est une salle de réunions de « politique oùon fait les discours ». D’où la nécessité d’uneexplication rapide sur l’événement téléviséen direct du <strong>29</strong> juin 1992 et aussitôt quelquesréminiscences éparses reviennent à lasurface de la mémoire des jeunes garçonsmais qui ne s’accompagne d’aucun point devue personnel sur les tenants et aboutissantsdu crime commis, mis à part la mort d’unchef – ils ne savent pas s’il a été élu, qui ilétait, ils ne connaissent pas l’Histoire de leurpays, l’Histoire de l’Algérie révolutionnaire,ils ignorent qu’un Abane a été assassiné pendantla guerre de Libération par ses frères,un Krim, un Khider, encore moins unKhemisti, un Mecili, dans la période del’Indépendance, celui qui fumait, Kabylegrandi à Alger, a entendu dire que MatoubLounès a été assassiné parce qu’il a «massacréQassaman ». Par contre, tous les troissont convaincus que les responsables, quiont organisé l’opération, avaient peur queMohamed Boudiaf mette en grand dangerleurs intérêts. Ils se mettent sur la chausséelorsqu’ils remarquent le bus pointer au loinet nous tentons une dernière question surALGERIE NEWS Samedi <strong>29</strong> juin <strong>2013</strong>l’absence prolongée du présidentde la République. «Même Président comme lui,je ne serais pas revenu, unpeuple comme nous n’a pasbesoin d’un Président maisd’un nabi comme RassoulAllah pour pouvoir fairequelque chose ! », a dit celui qui n’a fait quesourire depuis le début du débat, tandis quele bus arrive, il s’est retourné et a ajouté : « Acondition qu’il laisse quelqu’un pour s’occuperde l’Ansej ! »Vers le crépuscule, le cyber de la Maisonde jeunes est clairsemé parce que laconnexion est catastrophique. Dans la cour,il est difficile de déterminer l’âge autour dela vingtaine, le soleil a déjà fait assez bronzéet selon les cas, les traits peuvent vieillir ourajeunir et la misère peut jouer des tours enaccostant un adolescent de quatorze ans lecroyant étudiant à Bab Ezzouar, DelyBrahim ou Bouzaréah, ou au contraire, biennourri, bien dormi, bien épanoui dans sachambre pour lui tout seul, sa garde-robepersonnelle, son téléviseur et ses accessoires,le Smartphone qui ne quitte pas sa poche, etcetera, avec son argent de poche de milledinars par jour, on va vers un gaillard qu’ona jugé heureux dans la vingtaine mais quirépond d’une voix qui n’a pas encore opéréla mue. Bref, sur l’escalier qui monte vers lasalle de spectacles et de la conférence, desjeunes discutent du match Italie-Espagnequi doit commencer en début de soirée.La question sur Mohamed Boudiaf etson assassinat tombe mal à propos dans uneatmosphère de tension due à l’excitationpour la grande rencontre de foot et la déceptiond’Internet défectueux qui rend nerveuxles habitués programmés à cette heure de lajournée, d’autant qu’une information venaitd’être lâchée sur les résultats imminents dubac dans la Toile. Tout le monde semble prisau dépourvu dans un site supposé de culture,presque dans le même scénario d’hésitationque celui de l’abribus, mais Hakimprend le risque de dire ce qu’il a dans le ventre,beaucoup plus que ce qu’il a dans la tête– qu’il reconnaît que son papa tente de remplirde temps à autre, parce qu’il est militantactif dans un important parti. Vingt et unprintemps glanés en février, c’est-à-direqu’il avait quatre mois à l’assassinat deTayeb El Watani, il travaille comme pizzaïoloà mi-temps et à la pièce du côté deBirkhadem ; lui aussi, il a son passeport, il necompte pas faire le Service <strong>national</strong> et ilattend un bon tuyau pour voir s’il a assez defric pour acheter son visa, sinon il verracomment régler le problème dans la clandestinité,payer un navigateur dans le transportmaritime ou aller voir dans un autrepays sans visa la façon d’aller de là-bas versl’Europe.Pour lui, Boudiaf était comme les personnagesde « Ahl el kaf », en trente ansd’absence de son pays qu’il a sauvé des griffesdes colons français, il n’a pas réalisé queles gens qui y sont restés, sont devenus desétrangers pour lui, les gens du peuple et lesgens qui gouvernent. Il est revenu avec lamentalité avec laquelle il a quitté l’Algérie,brave, généreuse, patriote et désintéressée,explique Hakim, il a cru que ces qualitéssont encore partagées par la majorité descitoyens et au moins présentes dans la classequi gouverne. «C’est à la dernière secondequ’il a appris tout ça, le moment où on avidé un chargeur dans son dos ! », les jeunesqui entourent Hakim nous regardent d’unœil de vouloir dire :« Qu’est-ce que vous voulez de plus ? »Un des habitués de l’enceinte qui venaitd’arriver vers les dernières phrases de soncamarade nous a suivi jusqu’à la porte desotie pour ajouter : « Tous les Algériens quipossèdent l’amour de leur pays sont desBoudiaf et dans une liste que seul le bonDieu sait par qui elle est dressée, ils sont desgens déjà morts et enterrés ou bousillés etjetés dans la mer ! » C’est un étudiant enfinances et compatibilité et il a vingt-deuxans. Il ne m’a pas reconnu mais sa tantepaternelle est une très grande amie, redoutablepatriote du barreau et passionnée desdroits de l’Homme.N. B.