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'30-'50 - Centre for Historical Research and Documentation on War

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2’30-’50Bulletin du<str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> d’Études et de<str<strong>on</strong>g>Documentati<strong>on</strong></str<strong>on</strong>g>“Guerre et Sociétésc<strong>on</strong>temporaines”Résidence Palace - Bloc ERue de la Loi 155 - Bte 2B - 1040 BruxellesTél.: 02 / 287 48 11Fax: 02 / 287 47 10cegesoma@cegesoma.beHeures d’ouvertureDu lundi au vendredide 9 à 12 et de 13 à 17h.Directi<strong>on</strong>José GotovitchRédacti<strong>on</strong>Isabelle P<strong>on</strong>tevilleFabrice MaertenTraitement de texteMise en pageAnne BernardImpressi<strong>on</strong> et brochageMoussa LasouadEditeur resp<strong>on</strong>sableJ. GotovitchRue H. Maubel, 521190 BruxellesEditorial ................................................................................... 3Nos collecti<strong>on</strong>sArchives: Les acquisiti<strong>on</strong>s .................................................... 6Microfilmage de journaux et de revues ................................ 13Archives audiovisuelles ........................................................ 14Bibliothèque ......................................................................... 18En chantierL'Administrati<strong>on</strong> belge de 1940 à 1945 ................................ 19Services de renseignements belges, 1940-1945 .................... 21La politique diamantaire allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e pendant la 2 e Guerre .... 22Le maintien de l'ordre à Bruxelles pendant les 2 Guerres .... 23Civilisati<strong>on</strong> ou brutalisati<strong>on</strong> ? La populati<strong>on</strong> et les guerres .. 25InitiativesExode des Carolorégiens vers le Tarn-et-Gar<strong>on</strong>ne ............... 27Les Chemins de la mémoire .................................................. 28Paruti<strong>on</strong> du dernier numéro de la série Jours de Guerre ...... 29Jeunesse et Société. Années 30 - Années 60 ........................ 30Séminaires: Bilan 2001 ......................................................... 32Une “guerre totale” ? La Belgique dans la 1 e Guerre ........... 34In<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>matique ........................................................................ 36A l'étrangerInstituto de Historia de Cuba ............................................... 37Bretagne et identités régi<strong>on</strong>ales pendant la 2 e Guerre .......... 38Le colloque “Testing democracy at the margins” à Vienne .. 41La c<strong>on</strong>férence “Boundaries to freedom..” à Middelburg. ..... 42Le colloque “La Caisse des Dépôts et C<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>s...” ..... 45Krieg - Kriegserlebnis - Kriegserfahrung in Deutschl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> .... 47European Science Foundati<strong>on</strong> - Groupe de travail, Ox<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>d . 49Le colloque “Par-delà les fr<strong>on</strong>tières...” à B<strong>on</strong>dues .............. 50Le colloque “Le travail obligatoire en France” à Caen ....... 51En BelgiqueVoorwaarts au Parlement flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> ........................................ 52“Omgaan met het verleden” ................................................. 54Fédéralisme et ré<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mes de structures: PCB ......................... 55Le Parti social chétien: histoire et futur ................................ 56Gros planCommissi<strong>on</strong> d'Etude des Biens juifs: rapport final ............... 58<str<strong>on</strong>g>Documentati<strong>on</strong></str<strong>on</strong>g>Catalogue de “Obersalzberg - Orts- und Zeitgeschichte” .... 61Les “Bénévoles” du CEGES ........................................... 63Dossier:Enfants de résistant ou de collaborateur: Gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ir sanspère ou mèreN° 37 / Printemps 2002


Éditorialqualité de nos services et de nos per<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mances.J’estime qu’ils oublient un peu vite que, pour moderniser toute organisati<strong>on</strong>, il nesuffit pas de ‘décréter’ et de bouleverser les structures et les hommes et les femmes quiles dirigent. Il y a aussi (….) nécessité de gérer autrement les ressources humaines etnécessité de motiver les différentes catégories d’agents à la définiti<strong>on</strong> et à la réalisati<strong>on</strong>des objectifs de la modernisati<strong>on</strong>.Or, sur ces plans-là, de nouvelles réglementati<strong>on</strong>s v<strong>on</strong>t venir, brutalement et sansc<strong>on</strong>certati<strong>on</strong>, s’ajouter aux précédentes sans nécessairement les abroger ou les simplifier.Il ne faudrait pas après avoir désorganisé la structure de l’Administrati<strong>on</strong> fédérale quel’<strong>on</strong> en arrive à c<strong>on</strong>stater s<strong>on</strong> incapacité à gérer le changement dans un c<strong>on</strong>texte rendutrop rigide par un excès de procédures de c<strong>on</strong>trôle et d’évaluati<strong>on</strong>…”Devant les menaces de tous ordres qui visent la recherche fédérale etles Instituti<strong>on</strong>s qui la portent, à la dem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e du ministre de tutelle, les directeurs desEtablissements fédéraux et les SSTC <strong>on</strong>t élaboré un Livre Blanc, intitulé Horiz<strong>on</strong>2005, qui définit avec clarté et audace les projets et besoins des Etablissementsfédéraux, dans une perspective modernisatrice pensée par les hommes et les femmesqui mènent sur le terrain ce combat à valeur humaniste, scientifique et universelle,dans la c<strong>on</strong>naissance des matières traitées et des besoins publics. Ce livre blanc doitservir de base à une réflexi<strong>on</strong> et à des décisi<strong>on</strong>s gouvernementales qui s’avèrer<strong>on</strong>tdécisives pour l’avenir.Il ne faudrait pas que cet Horiz<strong>on</strong> 2005 soit celui de la ruine dupatrimoine excepti<strong>on</strong>nel que représentent nos instituti<strong>on</strong>s, sacrifiées aux calculsétroits et incompétents des chevaliers du “management” roi.José GotovitchDirecteurFévrier 20024


In memoriamFrançois Bedarida, f<strong>on</strong>dateur et premier directeur de l’Institut d’Histoire du Tempsprésent, est mort le 16 septembre 2001.S’il s’était fait c<strong>on</strong>naître par ses travaux sur la société anglaise, c’est l’histoire de laRésistance et de la guerre qui l’avait porté au premier plan de la recherche et de lanotoriété scientifique. Il avait d<strong>on</strong>né à l’histoire de la Résistance une base théorique àlaquelle chacun faisait appel pour aborder le thème et dirigé plusieurs gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>es entrepriseséditoriales c<strong>on</strong>sacrées à la période. Homme engagé, il c<strong>on</strong>sacra de nombreuses réflexi<strong>on</strong>sà la resp<strong>on</strong>sabilité sociale de l’historien.Succédant à Henri Michel dans des c<strong>on</strong>diti<strong>on</strong>s difficiles, il avait d<strong>on</strong>né dès le départau tout nouvel IHTP, créé en 1978, un lustre et une renommée tant nati<strong>on</strong>ale qu’internati<strong>on</strong>ale.Il fut aussi un très habile et efficace secrétaire général du Comité internati<strong>on</strong>aldes Sciences historiques. Il appuya de sa pers<strong>on</strong>nalité et de s<strong>on</strong> entregent les débuts del’histoire orale en France.Nous voudri<strong>on</strong>s souligner ici que François Bedarida fut dès le départ un ami attentifpour notre <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g>. Dépourvu de la c<strong>on</strong>descendance fréquemment témoignée à Parisenvers les “petits Belges”, il veilla à nous faire participer à toutes les gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>es initiativesprises par s<strong>on</strong> Institut et accepta d’épauler de sa présence nos propres colloques etjournées d’études.Nous répét<strong>on</strong>s ici à Madame Renée Bedarida, elle-même spécialiste de l’histoire deTémoignage chrétien, nos c<strong>on</strong>doléances émues et toute notre sympathie.José Gotovitch5 In memoriam


6 Nos collecti<strong>on</strong>sLes acquisiti<strong>on</strong>sAu cours de l’année académique 2000-2001 <strong>on</strong>t été acquis 60 nouveaux f<strong>on</strong>ds d’archiveset 241 nouveaux journaux pers<strong>on</strong>nelset manuscrits. Tous peuvent être retrouvéssur le site www.cegesoma.be (voir “cataloguegén.”). Que tous les d<strong>on</strong>ateurs et déposantsen soient chaleureusement remerciés.Pour ce qui a trait aux f<strong>on</strong>ds d’archives, leplus gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> nombre (presque la moitié) proviennent,comme de coutume, de pers<strong>on</strong>nesprivées; une dizaine <strong>on</strong>t été <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>més par desinstituti<strong>on</strong>s/organisati<strong>on</strong>s officielles et unnombre équivalent c<strong>on</strong>stituent des collecti<strong>on</strong>sde documents. Par ailleurs, des f<strong>on</strong>dsisolés émanent de structures militaires belges,d’instances d’occupati<strong>on</strong> allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>es,d’organisati<strong>on</strong>s n<strong>on</strong> officielles et d’archivesétrangères. On remarquera en outre que l’extensi<strong>on</strong>de la période couverte par le CEGESapparaît aussi de manière toujours plus évidentedans les collecti<strong>on</strong>s d’archives.Quelques acquisiti<strong>on</strong>s méritent qu’<strong>on</strong> s’yarrête, en particulier parmi celles issues dela belle moiss<strong>on</strong> des archives privées.ArchivesDe la famille, nous av<strong>on</strong>s reçu l’autorisati<strong>on</strong>de microfilmer une partie des archives dusecrétaire général des Affaires étrangèresFern<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> Van Langenhove. Ces documentsc<strong>on</strong>sistent en des classeurs plus ou moinsstructurés par ordre chr<strong>on</strong>ologique, comprenantdes projets de mémoires et d’autrestravaux commencés après sa carrière; entreet au dos de ces pièces se trouvent des documentsd’époque. Tout cela jette un éclairageneuf sur l’envir<strong>on</strong>nement d’un haut diplomateet sur la politique étrangère belge àl’époque du sec<strong>on</strong>d c<strong>on</strong>flit m<strong>on</strong>dial et dela guerre froide (mic 207 et AA 1691).De la veuve d’Edouard Pilaet, une desfigures majeures de la résistance lors de lalibérati<strong>on</strong> d’Anvers, nous av<strong>on</strong>s reçu unedizaine de dossiers qui c<strong>on</strong>cernent aussi laproblématique d’après-guerre relative à cesujet (AA 1710).La veuve d’Alph<strong>on</strong>se Escrinier nous aoffert ses archives en rapport avec la ligned’évasi<strong>on</strong> Eva et le secteur UZH du servicede renseignement et d’acti<strong>on</strong> cl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>estinPortemine/Zéro (AA 1742).Les documents Catherine Salom<strong>on</strong>,évoquant sa vie et celle de sa famille sousl’occupati<strong>on</strong>, fournissent un témoignagepoignant sur l’antisémitisme et la persécuti<strong>on</strong>des Juifs (AA 1738).Après nous avoir transmis ses archivesc<strong>on</strong>cernant le C<strong>on</strong>go, Jean Van Lierde afait de même avec ses volumineuses archivesrelatives au service civil, aux objecteursde c<strong>on</strong>science et au mouvement pour la paix(C<strong>on</strong>fédérati<strong>on</strong> du Service civil de la Jeunesse,<strong>War</strong> Resisters Internati<strong>on</strong>al, Mouvementinternati<strong>on</strong>al de la Réc<strong>on</strong>ciliati<strong>on</strong>). Lef<strong>on</strong>ds est inc<strong>on</strong>tournable pour l’étude decette matière dans la Belgique d’aprèsguerre(AA 1726).Comme <strong>on</strong> le sait, depuis une période récente,le <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> accorde aussi s<strong>on</strong> attenti<strong>on</strong> auxarchives pers<strong>on</strong>nelles en rapport avec la Pre-


V. Darchambeau, Cabinet du ministre des Col<strong>on</strong>ies à l'Office américain du Commerce:la collaborati<strong>on</strong> éc<strong>on</strong>omique avec les Etats-Unis au C<strong>on</strong>go est primordiale pour lem<strong>on</strong>de libre.(CEGES, Archives Van Langenhove)7Nos collecti<strong>on</strong>s


8 Nos collecti<strong>on</strong>sL'avantage de travailler dans les mines.(CEGES, Archives Arbeidsambt Lier)


mière Guerre m<strong>on</strong>diale. Ainsi, nous av<strong>on</strong>sacquis une partie des papiers du lieutenantde réserve Emile Vervloet c<strong>on</strong>cernant le 1 erGrenadiers à l’Yser, sa visite de propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>eaux USA en 1919 avec le détachement belgeauprès du Liberty Loan Committee, et la viedes associati<strong>on</strong>s d’anciens combattants (AA1698). Des archives de la famille Audenaerde-V<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>erlindens<strong>on</strong>t parvenus à nouveaudes documents c<strong>on</strong>cernant entre autres ladétenti<strong>on</strong> comme pris<strong>on</strong>nier politique pendantla 1ère Guerre m<strong>on</strong>diale et la vie quotidiennedans l'entre-deux-guerres (AA 1713).Enfin, dans les plus petits f<strong>on</strong>ds pers<strong>on</strong>nels,s<strong>on</strong>t surtout abordés les thèmes dela résistance et de la captivité de guerre.Qu’en est-il dans les autres groupes d’archives?Le dossier d’enquête du US <strong>War</strong> CrimesGroup, European Comm<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> fournit desprécisi<strong>on</strong>s pénibles sur la capture et l’assassinatde huit aviateurs américains par descollaborateurs et des Allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s près deChimay en avril 1944 (AA 1696) (groupeAutorités alliées).Not<strong>on</strong>s une acquisiti<strong>on</strong> importante dans legroupe Instituti<strong>on</strong>s officielles: les archives1940-1944 de l’Office du Travail de LierNos collecti<strong>on</strong>sRapport de renseignements: l'Uni<strong>on</strong> des Fraternelles de l'Armée de Terre et l'Ordre nouveau.(CEGES, Archives Sipo-SD, Bruxelles)9


Nos collecti<strong>on</strong>s(une mise en dépôt des AGR). Les Officesdu Travail dépendaient de l’Office nati<strong>on</strong>aldu Travail qui ressortissait du Ministèredu Travail et de la Prévoyance sociale(AA 1729).Cit<strong>on</strong>s encore des dépôts des AGR: unepartie des archives des Centrales de l’Alimentati<strong>on</strong>et un f<strong>on</strong>ds du ministère desAffaires éc<strong>on</strong>omiques relatif aux produitscomestibles sous l’occupati<strong>on</strong> (AA 1734).La Belgique envoie ses fils: remerciements au lieutenant Vervloet pours<strong>on</strong> acti<strong>on</strong> dans le succès du “Prêt de la Liberté” américain.(CEGES, Archives Vervloet)10


Le groupe Organisati<strong>on</strong>s / Instituti<strong>on</strong>s d’intérêtgénéral s’est enrichi de l’importantf<strong>on</strong>ds d’archives de l’Associati<strong>on</strong> des Caissesd’Allocati<strong>on</strong>s familiales, instructif surl’histoire de la naissance des allocati<strong>on</strong>sfamiliales (AA 1716).Dans le groupe Militärbefehlshaber, <strong>on</strong>trouve un curieux dossier de la Sipo-SD deBruxelles, c<strong>on</strong>sistant en des rapports politiquesc<strong>on</strong>fidentiels c<strong>on</strong>cernant des pers<strong>on</strong>neset des organisati<strong>on</strong>s, probablement œuvre deLuis Mercader, délégué de la Phalange àBruxelles (AA 1688).Pour ce qui est du groupe Collecti<strong>on</strong>s dedocuments, il c<strong>on</strong>vient de menti<strong>on</strong>ner queles dossiers de corresp<strong>on</strong>dance entre le secrétariatdu CEGES et des témoins de mai1940 et de l’exode s<strong>on</strong>t désormais c<strong>on</strong>sultables;ceux-ci paraissent surtout intéressantspour l'éventuelle relecture des événementsaprès la guerre (AA 1711 et 1712).D’un tout autre ordre, est la petite maisprécieuse collecti<strong>on</strong> de documents d’AndréMoyen c<strong>on</strong>cernant l’anticommunisme enBelgique avant la guerre (AA 1728).Dans les séries d’archives étrangères, <strong>on</strong>tété acquis des comptes rendus sur la situati<strong>on</strong>dans le Nord / Pas-de-Calais en 1939-1940 en provenance de la Préfecture duNord, où il est aussi questi<strong>on</strong> de la Belgique(mic 118). Du plus haut intérêt s<strong>on</strong>t les dossierspers<strong>on</strong>nels d’espi<strong>on</strong>s allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s etautres infiltrés en Gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e-Bretagne, qui <strong>on</strong>taussi été actifs en Belgique ou qui <strong>on</strong>t transitépar notre pays, dossiers c<strong>on</strong>fecti<strong>on</strong>néspar le MI5 et microfilmés pour nous par lePublic Record Office (mic 205). Il s’agit icide matériel secret récemment déclassifié.Par ailleurs, comme menti<strong>on</strong>né plus haut,241 journaux pers<strong>on</strong>nels et manuscrits <strong>on</strong>t,cette année, complété nos collecti<strong>on</strong>s. Unetelle moiss<strong>on</strong> s’explique, en gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e partie,par l’acquisiti<strong>on</strong>, en septembre 2000, de latranscripti<strong>on</strong> de 185 témoignages orauxréunis par le Niçois Michel El Baze en 150‘récits de vie’ (AB 1754 à 1903). De 1981 à1995, cet ancien pied-noir d’origine juivemarqué par la Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale etcelle d’Algérie, a en effet collecté les souvenirsd’acteurs de ces c<strong>on</strong>flits, mais ausside la Gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e Guerre et de celle d’Indochine(voir évocati<strong>on</strong> de l’entreprise et résumésdes textes en AB 1753). Les 17.806 pagesainsi rassemblées f<strong>on</strong>t surtout la part belle àla Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale (165 témoinss’y réfèrent), mais <strong>on</strong> y trouve aussi 26évocati<strong>on</strong>s du premier c<strong>on</strong>flit, 25 de laguerre d’Indochine et 15 de celle d’Algérie.Pour ce qui a trait à la guerre 1940-1945,l’accent est surtout mis sur la résistance (66cas), la captivité (27 cas), les évasi<strong>on</strong>s (21cas) et la déportati<strong>on</strong> (18 cas). Presque tousfrançais, les témoins interrogés s<strong>on</strong>t aussi,dans 83 % des cas, des militaires. Enfin,<strong>on</strong> ne s’ét<strong>on</strong>nera pas que les événementsrelatés aient surtout trait au départementdes Alpes maritimes, et, dans une moindremesure, à la France col<strong>on</strong>iale, en particulierà l’Algérie.La collecti<strong>on</strong> des journaux pers<strong>on</strong>nels etmanuscrits a aussi bénéficié cette année del’apport de quelques dizaines de textes enprovenance de dossiers administratifs oude f<strong>on</strong>ds d’archives. Cette intégrati<strong>on</strong> dedocuments parvenus le plus souvent au<str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> dans les années 70 fausse évidemmentles statistiques. Les préoccupati<strong>on</strong>s decette époque se retrouvent dans les thèmesabordés, qui c<strong>on</strong>cernent le plus souvent laSec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale : la campagnedes 18 jours vient en tête (13 cas ½), devantla résistance (13 cas), l’exode (11 cas), lesBelges en France (9 cas ½), la collaborati<strong>on</strong>/Nos collecti<strong>on</strong>s11


12 Nos collecti<strong>on</strong>sépurati<strong>on</strong> (8 cas ½), les pris<strong>on</strong>niers de guerre(8 cas) et les Belges en Gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e-Bretagne(7 cas). Malgré le poids toujours prép<strong>on</strong>dérantde la dernière guerre, <strong>on</strong> note cependantavec satisfacti<strong>on</strong> le nombre croissant dejournaux pers<strong>on</strong>nels qui ne c<strong>on</strong>cernent pascette période (11 cas). Un petit regret tout demême: que seuls quatre d’entre eux traitentde la Première Guerre m<strong>on</strong>diale. Avis d<strong>on</strong>caux généreux d<strong>on</strong>ateurs !Parmi ces divers documents, <strong>on</strong> attirerasurtout l’attenti<strong>on</strong> sur les mémoires du hautf<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>naire au ministère des Affairesétrangères, Fern<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> Van Langenhove (AB1923-1925), qui couvrent de manière incomplèteles années 1926-1980 et qu’il fautmettre en relati<strong>on</strong> avec ses archives (voirplus haut). En dehors de ces mémoires, d’unvolumineux journal relatif à la vie quotidienned’une Anversoise durant la PremièreGuerre m<strong>on</strong>diale (AB 1961) et d’une l<strong>on</strong>guelettre fournissant des renseignements trèsprécis sur l’état d’esprit des Sarrois aumoment du rattachement de la Sarre àl’Allemagne (AB 1976), les manuscrits ànotre avis les plus dignes d’intérêt, se rapportenttous à la Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale.Cit<strong>on</strong>s pêle-mêle des extraits de notes prisespar Hubert Pierlot entre novembre 1939 etmai 1940 (AB 1944), un petit historique del’Office des Approvisi<strong>on</strong>nements, 1939-1940 (AB 1942), le journal de mai 1940d’un membre de la Commissi<strong>on</strong> provincialedu Brabant de la protecti<strong>on</strong> des œuvres d’arten cas de guerre (AB 1965), des notes prisesen septembre 1940 lors d’une réuni<strong>on</strong> rassemblantdiverses pers<strong>on</strong>nalités de la droiteautoritaire (AB 2002), un rapport de mai1941 du commissaire d’arr<strong>on</strong>dissement,Pierre Derriks, relatif à l’état d’esprit dans leLimbourg (AB 1976), l’historique du réseaude renseignements Brave-Bravery (AB1932), les mémoires d’un agent de renseignementspassé au service de l’Abwehr(AB1921), le témoignage de la résistancesyndicale dans une entreprise anversoise, laMercantile Marine Engineering (AB 1952),l’histoire revisitée par s<strong>on</strong> fils du procès dubourgmestre rexiste de Fleurus (AB 1941),et la réacti<strong>on</strong> de Wim Geldof à l’ouvrage deLieven Saerens sur Anvers et ses Juifs (AB1978).En ce qui c<strong>on</strong>cerne le ray<strong>on</strong>nement denos f<strong>on</strong>ds d’archives, il est naturellementagréable de pouvoir signaler qu’outre deschercheurs, des étudiants et des médias, lem<strong>on</strong>de de la politique a aussi, l’année écoulée,fait amplement usage des documents duCEGES. Ainsi, les experts de la commissi<strong>on</strong>parlementaire Lumumba <strong>on</strong>t accordé uneattenti<strong>on</strong> particulière aux archives EdouardPilaet relatives au C<strong>on</strong>go et à la fameuseopérati<strong>on</strong> “liquidati<strong>on</strong> de C<strong>on</strong>go-meuble”(préparati<strong>on</strong> d’un attentat c<strong>on</strong>tre Lumumba).La c<strong>on</strong>férence de presse tenue à l’occasi<strong>on</strong>de la remise de la sec<strong>on</strong>de partie des archivesde Jean Van Lierde et de l’achèvementde l’inventaire de ses archives sur le C<strong>on</strong>go– la paruti<strong>on</strong> est prévue pour 2002 – a d<strong>on</strong>néune nouvelle fois l’occasi<strong>on</strong> aux journalistesd’interviewer Van Lierde sur sesc<strong>on</strong>tacts avec Lumumba.Enfin, il va de soi que l’opérati<strong>on</strong> visant àl’accès détaillé à nos f<strong>on</strong>ds se poursuit etse reflète sur notre site internet. Une chercheusetemporaire a en outre été engagéepour accélérer l’introducti<strong>on</strong> des listes etinventaires existants dans notre base ded<strong>on</strong>nées Pallas (à c<strong>on</strong>sulter via le siteinternet menti<strong>on</strong>né plus haut). Un atout deplus pour le service public scientifique.Dirk Martin & Fabrice Maerten


Microfilmage de journaux et de revuesEn mars 2001 a démarré un projetcommun à la Bibliothèque royale et auCEGES de copie de journaux et de revuessur microfilm. Cette opérati<strong>on</strong> poursuittrois buts. Le premier, la c<strong>on</strong>servati<strong>on</strong>: lesoriginaux, qui pendant et au lendemain dela guerre <strong>on</strong>t souvent été imprimés sur dupapier de qualité douteuse ne doivent plusêtre c<strong>on</strong>sultés, et d<strong>on</strong>c ne courent plus lerisque d’être détériorés ou soumis à dégradati<strong>on</strong>.Un deuxième avantage est legain de place: les originaux peuvent êtrerangés et stockés dans un moindre espace.Un troisième avantage est l’extensi<strong>on</strong> descollecti<strong>on</strong>s. La Bibliothèque royale et leCEGES <strong>on</strong>t recours aux collecti<strong>on</strong>s dupartenaire pour, dans la mesure du possible,combler les vides dans les séries dechaque instituti<strong>on</strong>. En outre, des titres <strong>on</strong>tété échangés. Techniquement, les microfilmss<strong>on</strong>t réalisés par la Bibliothèqueroyale. La bibliothèque du CEGES reçoitune copie de chaque film. A l’heure actuelle,37 titres <strong>on</strong>t été filmés. Les microfilmss<strong>on</strong>t directement accessibles à larecherche via Pallas, de telle manière quele lecteur puisse retrouver titre et lieu dec<strong>on</strong>servati<strong>on</strong> via les terminaux de la sallede lecture ou via le site internet www.cegesoma.be, Catalogue gén.Nos collecti<strong>on</strong>sDirk LuytenNouveaux collèguesFlorence Deg<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> (17.02.1977) est arrivée au <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> le 1er octobre 2001pour une durée d’un an en tant qu’attachée. Licenciée en Histoire etdiplômée en sciences du livre – secti<strong>on</strong> bibliothécaire de l’UCL, elle estchargée de l’intégrati<strong>on</strong> des listes et des inventaires d’archives dans Pallas,moteur de recherche du <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> sur internet.Frank Caestecker (29.06.1960), licencié en Histoire de l’Université deG<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>, prol<strong>on</strong>ge s<strong>on</strong> cursus universitaire en étudiant pendant plusieursannées à Varsovie, à Florence et aux Etats-Unis. En 1994, il défend avecsuccès sa thèse de doctorat qui a pour sujet “Alien Policy in Belgium,1830-1940. The Creati<strong>on</strong> of Guest Workers, Refugees <str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> IllegalAliens”. S<strong>on</strong> expérience professi<strong>on</strong>nelle est variée. Il passe du Musée d’Artmoderne de Bruxelles au Haut Commissariat aux Réfugiés, de la VrijeUniversiteit Brussel au Vlaams Centrum Integratie Migranten Brussel,et par bien d’autres endroits encore. Auteur de nombreuses publicati<strong>on</strong>sc<strong>on</strong>cernant principalement les phénomènes de migrati<strong>on</strong>, il a rejoint leCEGES le 1 er février 2002 pour un m<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>at de recherche de quatre ansportant sur “L’analyse de la politique belge d’expulsi<strong>on</strong> (1875-1975) et,en particulier, sur l’influence des deux guerres m<strong>on</strong>diales sur lephénomène”.13


14 Nos collecti<strong>on</strong>sArchives audiovisuellesPhotothèque: Acquisiti<strong>on</strong>sLe CEGES vient d’acheter une importantecollecti<strong>on</strong> privée composée en toutde 771 photos. Celle-ci provient d’unsoldat allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> qui a séjourné, de 1940 à1943, dans différents lieux de Belgique.Cette collecti<strong>on</strong> est pour deux rais<strong>on</strong>s degr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e valeur: d’une part, elle d<strong>on</strong>ne uneimage authentique – sans aucune intenti<strong>on</strong>Photos n<strong>on</strong> datéesNuméro de série Sujet Nombre de photos839/16/1 Alost 12 Blankenberge 193 Bruges 154 Gentbrugge 15 Ledeberg 26 Melle 37 Overmere-D<strong>on</strong>k 38 Matériel de guerre belge capturé 79 Soldats allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s pendant la pause de midi 710 Transport des troupes par train 711 Réservoirs d’essence en feu 312 Distributi<strong>on</strong> des distincti<strong>on</strong>s 413 Vues et scènes de rue n<strong>on</strong> localisées 3013/1 Cimetières et tombes 2313/2 Photos de soldats allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s 8513/3 Varia 27Photos datéesA) 1940839/16/14 Deinze (27 décembre) 115 Term<strong>on</strong>de (23 septembre) 1617 G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>. Expositi<strong>on</strong> d’art (13 juillet) 218 G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>. La vie dans un quartier de soldats (le séminaire) (juill.-oct.) 1319 Lokeren (7 octobre) 2B) 1941de propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e – de la vie quotidienned’une unité militaire allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e dans notrepays, et, d’autre part, elle nous permet dedécouvrir à travers la mémoire visuelle etpers<strong>on</strong>nelle d’un simple soldat allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ce qui l’a prof<strong>on</strong>dément touché dans nosc<strong>on</strong>trées.Ci-dessous l’inventaire de cette collecti<strong>on</strong>.839/16/20 Bruxelles. Relève de la garde allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e devant le Palaisroyal de Laeken (10 avril) 321 Bruxelles. Le port de Bruxelles (10 avril) 322 Bruxelles. Vues et scènes de rue (1941) 10


En juin 1940, une cantine, installée sur la petite place devant le théâtre municipal brugeois, attireun gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> nombre de soldats allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s et de Brugeois affamés.(Collecti<strong>on</strong> CEGES)Dans lesenvir<strong>on</strong>s deG<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>: deuxmilitairesallem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>sadmirent, enmars 1941, lerudimentaire“abri public”.(Collecti<strong>on</strong>CEGES)15Nos collecti<strong>on</strong>s


16 Nos collecti<strong>on</strong>s23 Bruxelles. Les Palais du Heysel (1941) 724 Bruxelles. Défilé de la Garde flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e (1941) 525 Bruxelles. Départ des troupes allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>es du Collège Saint-Michel(1941) 726 Bruxelles. Pris<strong>on</strong>niers militaires français dans l’école des Cadets deLaeken (1941) 127 Bruxelles. Officiers allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s dans l’école des Cadets de Laeken (1941) 227/1 Geel (?). Kermesse (25 août) 228 G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>. Vues et scènes de rue (mars-juin) 6529 G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>. Quartier de La Coupure (avril-juin) 630 G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>. Célébrati<strong>on</strong> du Führers Geburtstag (avril) 1031 G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>. Parc communal (mars-juin) ?32 G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>. La vie dans un quartier de soldats (le séminaire) (23 mai) 1533 Courtrai. Vues et scènes de rue (1941) 2634 Courtrai. Soldats allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s qui fêtent Noël (déc.) 1835 Lokeren (9-13 avril) 636 Oostakker (20 avril) 237 Canal G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> - Terneuzen (avril-mai) 838 Canal G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>-Bruges (13 avril) 639 Mais<strong>on</strong>s le l<strong>on</strong>g de la route Anvers-Maria-ter-Heide (16 avril) 340 Arrêt le l<strong>on</strong>g d’un canal (24 mai) 541 Promenade le l<strong>on</strong>g de la Lys (24 mai) 342 Départs de soldats allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s (28 mai) 943 Idem (28 décembre) 12C) 1942839/16/44 Dinant. Vues et scènes de rue (février) 3145 Dinant. Troupes allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>es (février) 1746 Bivouac sur le M<strong>on</strong>t-de-l’Enclus (juillet) 4347 Knocke. Vues et scènes de rue (mars-avril) 1648 Knocke. Troupes allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>es (mars-avril) 849 Courtrai. Vues et scènes de rue (juillet) 650 Courtrai. Soldats allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s au repos dans le Soldatenheim (3 juillet) 1051 Roulers. Kermesse (juillet) 352 Roulers. Vues et scènes de rue (juillet) 653 Roulers. Le l<strong>on</strong>g du canal (juillet) 554 Rumbeke (juin) 1355 Soldats allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s et épluchage de pommes de terre (10 mai) 356 Départ le l<strong>on</strong>g d’un canal (13 mai) 557 Démissi<strong>on</strong> du Hauptmann Jans<strong>on</strong> (28 mai) 1258 Fêtes de Noël 4D) 1943839/16/59 Soldats allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s avec du muguet (17 avril) 360 Soldats allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s dans un camp sous tentes (8 juillet) 2761 Soldats allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s en marche (23 juillet) 662 Inspecti<strong>on</strong> des armes (août) 1263 Sur la Lys 2


Nous remerci<strong>on</strong>s vivement le chevalierRaynier van Outryve d’Ydewalle, deBeernem, pour s<strong>on</strong> aimable prêt dequarante photos excepti<strong>on</strong>nelles surLé<strong>on</strong> Degrelle et le rexisme dans lesannées trente. Ces documents photographiques<strong>on</strong>t été scannés et pourr<strong>on</strong>tdésormais être visualisés sur notre siteInternet (www.cegesoma.be, Cataloguegén.).Nous av<strong>on</strong>s également reçu des photosintéressantes sur la 1ère Guerre m<strong>on</strong>diale,de Jacques Drouart et Emmanuel Debruyne,et sur le Groupe G (secteur Ath),de Fabrice Maerten.Frans SelleslaghNos collecti<strong>on</strong>sDurant l'été 1942, civils endimanchés et Allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s en uni<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>me impeccable se promènentle l<strong>on</strong>g des attracti<strong>on</strong>s <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>aines à Roeselaere.(Collecti<strong>on</strong> CEGES)M<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>at de recherche rec<strong>on</strong>duitBénédicte Rochet a entamé sa troisième année de rechercheau CEGES sur “L’Administrati<strong>on</strong> belge de 1940 à 1945:refuge et berceau de modernisati<strong>on</strong> ?”.17


18 Nos collecti<strong>on</strong>sEvoluti<strong>on</strong> des collecti<strong>on</strong>s:Au cours de l’année écoulée, la bibliothèquea pu procéder à l’achat de 916ouvrages récents, le présent dénombrementayant été arrêté à la date du 1 erdécembre 2001.Faut-il le dire, les études ayant directementtrait au sec<strong>on</strong>d c<strong>on</strong>flit m<strong>on</strong>dial s<strong>on</strong>tà présent devenues minoritaires: elles nec<strong>on</strong>cernent plus ‘que’ 326 titres, mêmesi différents travaux peuvent encore serattacher plus ou moins à cette époque del’histoire, qu’il s’agisse du franquisme etde la guerre d’Espagne, du Komintern oudes extrêmes droites européennes. Il fautnoter que dans cet ensemble, la part destravaux en provenance d’outre-Rhin, asubi une hausse sensible. Nous av<strong>on</strong>sen effet accordé une attenti<strong>on</strong> toute particulièreaux dernières producti<strong>on</strong>s del’historiographie allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e c<strong>on</strong>cernantla violence sociétale en général et la criminalitéde guerre en particulier. Est-ilBibliothèquebesoin de préciser que cet intérêt n’estpas le fruit du hasard: il a été stimulépar la présence en nos murs d’une équipede jeunes chercheurs qui s’attachent àréévaluer l’impact des c<strong>on</strong>flits sur lasociété civile au niveau de leurs retombées(dites) périphériques (délits de droitcommun, prostituti<strong>on</strong>, violences politiques,etc...).Pour le reste, si nous n’av<strong>on</strong>s plus eu lab<strong>on</strong>ne <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>tune d’intégrer dans nos collecti<strong>on</strong>sdes ensembles livresques aussimassifs que naguère – hormis les piècesencore récoltées dans la bibliothèquepers<strong>on</strong>nelle de Jean Van Lierde – notreéquipe s’est trouvée heureusement complétéepar l’arrivée de Max Adelsdorfer,engagé pour un c<strong>on</strong>trat d’un an commedocumentaliste. Il a réussi en peu detemps à fournir une aide appréciable àHilde Keppens pour la numérotati<strong>on</strong> et leclassement des livres en questi<strong>on</strong>.Chantal Kesteloot et Dirk Luyten,tous deux chercheurs au CEGES, <strong>on</strong>t été promusau rang de premier assistant.Alain Colign<strong>on</strong>


L’administrati<strong>on</strong> belge de1940 à 1945“Refuge et berceau de modernisati<strong>on</strong> ?”Depuis l’appariti<strong>on</strong> du capitalisme, lelibéralisme éc<strong>on</strong>omique était de mise,seuls les jeux de l’offre et de la dem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>edéterminaient les facteurs éc<strong>on</strong>omiques etl’Etat ne s’en préoccupait guère. Mais lesd<strong>on</strong>nées du jeu v<strong>on</strong>t se modifier fin desannées 20, début des années 30. La criseéc<strong>on</strong>omique qui déstabilise le m<strong>on</strong>de etles nombreuses revendicati<strong>on</strong>s socialespoussent l’Etat belge à redéfinir s<strong>on</strong> rôlevis-à-vis de la société et à se c<strong>on</strong>vertir enun Etat interventi<strong>on</strong>niste. Cette interventi<strong>on</strong>gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>issante implique n<strong>on</strong> seulementune expansi<strong>on</strong> de l’administrati<strong>on</strong>, auniveau des services et du pers<strong>on</strong>nel, maisaussi une nouvelle c<strong>on</strong>cepti<strong>on</strong> de sa politiqueet de ses méthodes. Partant, des organismesde c<strong>on</strong>certati<strong>on</strong> entre travailleurset employeurs s<strong>on</strong>t inaugurés sous l’égidede l’administrati<strong>on</strong>. Mais ce n’est encorequ’une première approche aux résultatspeu c<strong>on</strong>crets, cette c<strong>on</strong>certati<strong>on</strong> n’étantpas officiellement instituti<strong>on</strong>nalisée. L’objetde la recherche, élaborée sous les auspicesdu CEGES et des SSTC depuis octobre1999, est de déterminer l’impact de la2ème Guerre m<strong>on</strong>diale dans cette mouvancedirigiste de l’Etat, dans la modernisati<strong>on</strong>de la pratique administrative et la mise enplace de l’organisati<strong>on</strong> éc<strong>on</strong>omique etsociale de l’après-guerre. Il ne s’agit pasd’aborder les politiques ou les systèmeséc<strong>on</strong>omiques et sociaux de la guerre et del’après-guerre mais plutôt d’analyser l’élaborati<strong>on</strong>et la gesti<strong>on</strong> de ces politiques parl’administrati<strong>on</strong> centrale.L’occupati<strong>on</strong> allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e amène la suppressi<strong>on</strong>des instances de c<strong>on</strong>certati<strong>on</strong> entreemployeurs et travailleurs. Dorénavant,les c<strong>on</strong>diti<strong>on</strong>s de travail, les salaires, lesprix, l’organisati<strong>on</strong> industrielle,… s<strong>on</strong>tgérés par l’Etat, plus exactement par desservices administratifs d’ordre nouveau.Le paysage administratif se modifie: uneénorme bureaucratie supplémentaire semet en place et les nouvelles recrues amènentavec elles des c<strong>on</strong>cepti<strong>on</strong>s socioéc<strong>on</strong>omiquesmodernes. Celles-ci d<strong>on</strong>nentlieu à de nombreuses réflexi<strong>on</strong>s et étudessur les politiques étatiques à adopter ausein des services d’étude des départementsmais aussi dans les réseaux d’études extraministériels,dans les milieux industriels etacadémiques. L’administrati<strong>on</strong> belge veutren<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>cer la coordinati<strong>on</strong> et la planificati<strong>on</strong>de la politique gouvernementale: obtenirUNE seule politique afin d’éviter les c<strong>on</strong>flitsde compétences, les directives qui sec<strong>on</strong>tredisent. L’unificati<strong>on</strong> et la simplificati<strong>on</strong>des lois, des règlements et des méthodesadministratives doivent faciliter la gesti<strong>on</strong>et le c<strong>on</strong>trôle de cette politique. L’administrati<strong>on</strong>a besoin de développer sa politiquesur des bases scientifiques précises,imprégnées des nouvelles théories éc<strong>on</strong>omiqueset sociales. Elle doit recruter unpers<strong>on</strong>nel qualifié et faire appel aux interventi<strong>on</strong>sextérieures comme les Universitésqui <strong>on</strong>t une influence déterminante.Elaborer la politique est une chose, encorefaut-il l’appliquer et veiller au respect de19 En chantier


20 En chantiers<strong>on</strong> exécuti<strong>on</strong> par la société belge. Cetteétude se c<strong>on</strong>centre sur la politique desprix et salaires, deux éléments déterminantsdans la vie quotidienne de la populati<strong>on</strong>qui mobilisent de tout temps la société.Souvent étudié au niveau des chiffres(cfr P. Scholliers), le problème de lafixati<strong>on</strong> des prix et salaires et de leurapplicati<strong>on</strong> n’a pas encore fait l’objetd’une étude approf<strong>on</strong>die. Cette politiqueest intéressante car elle implique plusieursinstances administratives, surtout durant laSec<strong>on</strong>de Guerre: Ministère des Affaireséc<strong>on</strong>omiques, Ministère du Travail et dela Prévoyance sociale, Ministère desFinances et Ministère de l’Intérieur. Cettemultitude de services compétents rendlaborieuse la tâche de l’élaborati<strong>on</strong>, del’exécuti<strong>on</strong> et du c<strong>on</strong>trôle de la politique.Les c<strong>on</strong>flits de compétences s<strong>on</strong>t légi<strong>on</strong>entre les services, une Militärverwaltunginterventi<strong>on</strong>niste et un m<strong>on</strong>de patr<strong>on</strong>alimbu de sa puissance retrouvée. Les théorieset politiques diverses fois<strong>on</strong>nent et lessancti<strong>on</strong>s pour n<strong>on</strong>-applicati<strong>on</strong> du règlementenvahissent les cours et tribunaux.L’administrati<strong>on</strong> de la guerre vit d’unepart dans un c<strong>on</strong>texte particulier lié auxcirc<strong>on</strong>stances du c<strong>on</strong>flit qui supposentl’adaptati<strong>on</strong> aux c<strong>on</strong>traintes, l’arrivée denouvelles têtes. Mais, d’autre part, ellen’est pas en totale rupture avec s<strong>on</strong> passéet l’évoluti<strong>on</strong> qui s’est ébauchée dans lesannées 30. Le rôle d’interventi<strong>on</strong> qui luia été assigné dans ses rapports avec lasociété est poursuivi de manière accrue.En 1940, l’absence de c<strong>on</strong>trôle du législatifet l’existence d’un exécutif d<strong>on</strong>t lessommets, les Secrétaires généraux, s<strong>on</strong>trestreints dans leurs prérogatives par laMilitärverwaltung et par l’applicati<strong>on</strong>d’une politique du moindre mal, entraînentles services à se libérer des entravesde la hiérarchie. Ceux-ci s<strong>on</strong>t cependantlimités par les rouages de c<strong>on</strong>trôle quel’administrati<strong>on</strong> s’est imposée: le c<strong>on</strong>trôlebudgétaire du Ministère des Finances ausein de l’exécutif, par l’intermédiairenotamment des inspecteurs des Finances,est un véritable instrument de pressi<strong>on</strong>face aux nouvelles politiques. Le tout estde déterminer dans quelle mesure cetteprise d’aut<strong>on</strong>omie des services a eu lieu etsurtout d’évaluer quelles traces celle-ci alaissées après le c<strong>on</strong>flit. En 1944, lesinstances officielles reprennent leur place,il est nécessaire de remettre de l’ordredans l’administrati<strong>on</strong>: choix des hommes,choix des services et organismes. Il fautréorganiser le tout dans une perspective derati<strong>on</strong>alisati<strong>on</strong> qui permette la reprise enmain rapide d’un m<strong>on</strong>de socio-éc<strong>on</strong>omiquequi inévitablement a changé. L’Etat nepeut plus être autre chose qu’un WelfareState, ce qui implique une politique coord<strong>on</strong>née,planifiée mais aussi déléguée à denouvelles instances.Bénédicte RochetLe Comité internati<strong>on</strong>al d’Histoire de la Deuxième Guerrem<strong>on</strong>diale bénéficie d’un site Internet hébergé par le site del’Institut d’Histoire du Temps présent (Paris): www.ihtp.cnrs.fr


Services de renseignementsbelges, 1940-1945Voici un peu plus d’un an que le projet‘Service de renseignements’ a débuté.Au-delà de l’histoire événementielle etorganisati<strong>on</strong>nelle de ces services, l’accentest mis sur la recherche du tissu social àl’origine des ces différents services. Quis<strong>on</strong>t les agents ? De quel milieu socioéc<strong>on</strong>omiques<strong>on</strong>t-ils originaires ? Dansquelle mesure ce milieu influence-t-illeurs activités ? La questi<strong>on</strong> de la reproducti<strong>on</strong>d’une certaine hiérarchie socialeau sein de celle du réseau, principalementpar le biais du recrutement, est elle aussiposée. Les cadres traditi<strong>on</strong>nels, éc<strong>on</strong>omiques,politiques, culturels ou spirituels,ser<strong>on</strong>t-ils ceux des réseaux ? Et quellesera la place de la femme, ou celle desjeunes gens ? L’engagement de ces pers<strong>on</strong>nesest motivé par la défense d’uncertain nombre de valeurs. Retrouve-t-<strong>on</strong>une certaine ‘pilarisati<strong>on</strong>’ dans le recrutementdes différents services, ou le patriotismesuffit-il à rassembler sans distincti<strong>on</strong>l’ensemble des agents ? A s<strong>on</strong> tour, cepatriotisme est-il c<strong>on</strong>currencé par d’autresvaleurs, comme l’anti-fascisme ?Pour rép<strong>on</strong>dre à ces questi<strong>on</strong>s et à biend’autres encore, nous av<strong>on</strong>s notamment ànotre dispositi<strong>on</strong> un gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> nombre def<strong>on</strong>ds d’archives, pers<strong>on</strong>nels ou issus desorganisati<strong>on</strong>s résistantes. Mais la plus richedocumentati<strong>on</strong> provient très probablementdes dossiers de liquidati<strong>on</strong> des Servicesde Renseignements et d’Acti<strong>on</strong> et deleurs agents, déposés au CEGES par laSûreté de l’Etat. Nous c<strong>on</strong>stitu<strong>on</strong>s actuellementune importante banque de d<strong>on</strong>néessur base d’un large échantill<strong>on</strong> (20 %) desdossiers pers<strong>on</strong>nels de cette collecti<strong>on</strong>.Celle-ci permettra une approche quantitativesolide du phénomène, qui ne prendratoutefois sa pleine mesure que combinéeaux apports plus qualitatifs des autressources que nous exploit<strong>on</strong>s. Parmi cesdernières, il importe de menti<strong>on</strong>ner lessources orales ainsi que de nombreuxjournaux pers<strong>on</strong>nels.Une première esquisse de cette approchesociétale des services de renseignementsest récemment parue dans le n° 9 desCHTP sous le titre “Services de renseignementset société: lecas du réseau Tégal,1940-1944”.En chantierEmmanuel DebruyneService Beagle [1944 ?].A l'extrême droite, AlbertToussaint, chef du service.(Coll. CEGES)21


22 En chantierLa politique diamantaireallem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e pendant la Sec<strong>on</strong>deGuerre m<strong>on</strong>dialeLa politique diamantaire allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>efut inspirée en gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e mesure par uneimportante pénurie en diamants quirégnait dans l’industrie de guerre duReich. Le diamant est la matière premièrenaturelle la plus dure qui soit.Dans ses catégories de moindre qualité,le diamant est d<strong>on</strong>c particulièrementpropice au polissage ou au <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>age dansles industries stratégiques de précisi<strong>on</strong>et d’armements. Il existe d<strong>on</strong>c, à côtédu commerce de diamants de luxe, unmarché pour le diamant industriel qui,grâce à s<strong>on</strong> importance stratégiquegr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>issante, c<strong>on</strong>nut un essort remarquablependant la Sec<strong>on</strong>de Guerre. Lapénurie de diamants en Allemagnenazie c<strong>on</strong>cernait en premier lieu ce typede diamant. Il va de soi que les alliés,eux aussi, et surtout les Etats-Unis, développèrentun appétit gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>issant pour ceproduit.Dans ce cadre, l’étude de l’industriediamantaire belge en temps de guerrese révèle particulièrement intéressantequ<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> l’<strong>on</strong> prend en compte le fait quela première société d’extracti<strong>on</strong>diamantifère au m<strong>on</strong>de, la Sociétéinternati<strong>on</strong>ale <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>estière et minière duC<strong>on</strong>go (Forminière), opérait justementau C<strong>on</strong>go belge et que s<strong>on</strong> acti<strong>on</strong>naireprincipal était l’Etat belge. La distributi<strong>on</strong>de diamants bruts à usage industrielproduits par la Forminière, était priseen charge par le cartel m<strong>on</strong>opoliste dudiamant sous la tutelle de la sociétéDe Beers d’Afrique du Sud. Pour éviterque ce produit stratégique ne tombe auxmains des pays de l’Axe, sa distributi<strong>on</strong>fut soumise au c<strong>on</strong>trôle du gouvernementbritannique. Il apparaît ainsi de plus enplus clairement que le gouvernementbelge en exil à L<strong>on</strong>dres, en sa qualitéd’acti<strong>on</strong>naire principal du plus gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>fournisseur de diamants industrielsd’une importance capitale sur le planstratégique, ne perdait pas de vuel’imminente libérati<strong>on</strong> du territoirenati<strong>on</strong>al, et se trouvait de ce fait dansune positi<strong>on</strong> idéale pour défendre lesintérêts de l’industrie diamantaireanversoise.Pendant ce temps, les instituti<strong>on</strong>sd’Ordre nouveau instaurées à Anverstentaient désespérément d’endiguer ladécrépitude du secteur en freinant dansla mesure du possible le pillage allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>des réserves diamantaires et la déportati<strong>on</strong>des ouvriers spécialisés vers leReich.Eric Laureys


Le maintien de l'ordre àBruxelles pendant les deuxguerres m<strong>on</strong>dialesEn chantierAvec le livre récent de Sophie deSchaepdrijver (De Groote Oorlog.Het k<strong>on</strong>inkrijk België tijdens de EersteWereldoorlog), la Première Guerrem<strong>on</strong>diale est revenue au centre del’intérêt des historiens belges. Lerenouveau historiographique de cettepériode a été lancé il y a une une b<strong>on</strong>nedizaine d’années par la créati<strong>on</strong> du <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g>de Recherche de l’Historial de la Gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>eGuerre. Par s<strong>on</strong> approche internati<strong>on</strong>ale(historiens allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s, anglais et français),il a réussi à créer un courant européen quitente de présenter une histoire sociale etculturelle de 14-18 écrite en oppositi<strong>on</strong>à l’histoire militaire classique qui dominaitjusque peu l’historiographie de laPremière Guerre m<strong>on</strong>diale. La rechercheréalisée dans le cadre du projet ‘Violence,criminalité et guerres: une approchecomparée des deux c<strong>on</strong>flits m<strong>on</strong>diaux’financé par les SSTC est <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>tementinfluencée par ce nouveau courant.Néanmoins nous av<strong>on</strong>s tenu à intégrerégalement la Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>dialedans ce projet.La comparais<strong>on</strong> explicite entre les deuxc<strong>on</strong>flits permettra d’une part de c<strong>on</strong>staterles c<strong>on</strong>tinuités dans les préoccupati<strong>on</strong>sde l’occupant, dans les réacti<strong>on</strong>s del’administrati<strong>on</strong> et dans la mise en placed’un système mixte de surveillance. Etd’autre part, elle permettra d’identifierles différences entre les deux c<strong>on</strong>flitsqui tiennent à la radicalisati<strong>on</strong> du régimed’occupati<strong>on</strong> allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>, aux changementsintervenus dans la société belgedans l’entre-deux-guerres et à l’évoluti<strong>on</strong>des corps chargés du maintien del’ordre.Pendant la Première Guerre m<strong>on</strong>diale,les autorités allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>es semblentc<strong>on</strong>stituer un bloc assez uni<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>me(même si les études sur le f<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>nementde l’occupati<strong>on</strong> à l’arrière du fr<strong>on</strong>ts<strong>on</strong>t encore peu nombreuses). A côté dela police militaire qui intervient chaquefois que des soldats s<strong>on</strong>t impliqués, lesautorités militaires créent, en 1915,une police des mœurs pour c<strong>on</strong>trôlerla prostituti<strong>on</strong>. Du côté de l’Etat belge,les autorités nati<strong>on</strong>ales se s<strong>on</strong>t réfugiéesau Havre; l’administrati<strong>on</strong> provincialetourne au ralenti; seules les communesassurent une c<strong>on</strong>tinuité de l’Etat belgedans le quotidien. Dès août 14, lesautorités communales de la Ville deBruxelles assument un rôle de représentati<strong>on</strong>régi<strong>on</strong>ale et nati<strong>on</strong>ale (cfr lapers<strong>on</strong>nalité d’Adolphe Max, l’importancede Bruxelles pour la créati<strong>on</strong> duComité central qui s’appellera ensuiteComité nati<strong>on</strong>al). Pendant la guerre,seul le Comité nati<strong>on</strong>al, qui aspired’une certaine manière à devenir ungouvernement officieux, c<strong>on</strong>testeras<strong>on</strong> autorité. Parmi les quatre vecteurstraditi<strong>on</strong>nels du maintien de l’ordre, la23


24 En chantierpolice communale est la seule à subsisteren territoire occupé. S<strong>on</strong> histoireest “un terrain d’étude quasi vierge” 1 ,même si <strong>on</strong> dispose pour Bruxellesd’études sur l’avant-14. A la veille dela guerre, la police communale deBruxelles est une instituti<strong>on</strong> bien établiequi arrive à exercer un c<strong>on</strong>trôle étroitdu territoire. Elle est probablement laplus puissante en Belgique. L’arméeet la gendarmerie s<strong>on</strong>t retranchéesderrière l’Yser et la garde civique estdissolue. Les autorités communalesbruxelloises créent cependant de nouvellesunités pour sec<strong>on</strong>der la policecommunale, à savoir la garde bourgeoiseet la garde ouvrière. Le corpsdes pompiers est également intégrédans des tâches de surveillance.Durant la Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale,le nombre des acteurs est beaucoupplus important à tous les niveaux. Certesle Militärbefehlshaber est théoriquementseul maître à bord et dispose avecla Feldgendarmerie, la Geheime Feldpolizeiet l’Abwehr de trois corps depolice pour assurer l’ordre. Mais ilne restera pas seul. Très rapidementd’autres instituti<strong>on</strong>s allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>es commele NSDAP, la Sipo-SD ou les SS semanifestent en Belgique et exigent uneparticipati<strong>on</strong> au maintien de l’ordre.Au niveau étatique belge, une sorte degouvernement nati<strong>on</strong>al subsiste avec laprésence des Secrétaires généraux quideviennent une courroie de transmissi<strong>on</strong>des ordres allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s. De plus, lesautorités provinciales et communalesc<strong>on</strong>tinuent également de f<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>ner.Cette politique de présence se traduitsur le plan policier par la c<strong>on</strong>tinuité.C<strong>on</strong>trairement à la Première Guerrem<strong>on</strong>diale, un quatrième acteur apparaîten 1940-1944: les mouvements de collaborati<strong>on</strong>et de résistance. Pendant laguerre, les mouvements de collaborati<strong>on</strong>v<strong>on</strong>t créer des milices privées, bouleversantl’équilibre entre les <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>ces del’ordre belges et allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>es. Si la résistancedevient par s<strong>on</strong> acti<strong>on</strong> armée unfacteur de ‘désordre’, s<strong>on</strong> aspirati<strong>on</strong> àun rôle actif dans le maintien de l’ordreintervient à la fin de la guerre.Benoît Majerus1Lode VAN OUTRIVE, Yves CARTUYVELS & Paul PONSAERS, Les polices en Belgique. Histoire sociopolitiquedu système policier de 1794 à nos jours, Bruxelles, 1991, p. 107.Date à retenir !Les 28 et 29 novembre 2002, le CEGES organise un colloqueinternati<strong>on</strong>al sur le thème de “Guerre et éc<strong>on</strong>omie”.


Civilisati<strong>on</strong> ou brutalisati<strong>on</strong> ?La populati<strong>on</strong> belge et les deuxguerres m<strong>on</strong>dialesEn chantierSous l’influence du développement d’unesérie de phénomènes au sein de la société,l’intérêt scientifique pour le problème dela violence s’est accru de faç<strong>on</strong> énormedans le courant des années 90. Le termeviolence devient également peu à peu unenoti<strong>on</strong> centrale dans l’historiographie.Dans le débat historique se dessinent deuxtendances apparement opposées. Le pointde cristallisati<strong>on</strong> du débat est le classementdes expériences de violence extrêmespendant les deux guerres m<strong>on</strong>diales.Un premier groupe est issu de la théoriede la civilisati<strong>on</strong> du sociologue allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>Norbert Elias 1 . Elias part de l’idée qu’<strong>on</strong>assiste à une diminuti<strong>on</strong> progressive del’utilisati<strong>on</strong> de la violence physique depuisl’époque moderne. Il attribue ce phénomèneà un développement du Zwangzum Selbstzwang, qui trouve s<strong>on</strong> originedans une différenciati<strong>on</strong> croissante dutravail (et dans la prol<strong>on</strong>gati<strong>on</strong> des chaînesd’interdépendance qui y s<strong>on</strong>t liées) etdans la naissance de l’état moderne (m<strong>on</strong>opolede la violence). Dans plusieurspays d’Europe de l’Ouest, des études,basées sur le l<strong>on</strong>g terme, semblent étayerquantitativement les théories d’Elias. Laplupart d’entre elles accordent peu d’attenti<strong>on</strong>à la guerre, c<strong>on</strong>sidérée comme unfacteur à court terme, quoi qu’un éminent“éliasien” comme Abram de Swaan penseque des explosi<strong>on</strong>s de violence pendantdes périodes de guerre pourraient parfaitements’intégrer dans la théorie de lacivilisati<strong>on</strong>.On trouve un tout autre s<strong>on</strong> de clochechez les chercheurs de l’Historial de laGr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e Guerre à Pér<strong>on</strong>ne. Annette Beckeret Stéphane Audouin-Rouzeau c<strong>on</strong>sidèrentla noti<strong>on</strong> de ‘violence’ comme undes c<strong>on</strong>cepts essentiels pour une b<strong>on</strong>necompréhensi<strong>on</strong> de la Première Guerrem<strong>on</strong>diale. Tous deux accordent une gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>evaleur au c<strong>on</strong>cept de ‘brutalisati<strong>on</strong>’,développé par George Mosse. SuivantMosse la vie politique allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e pendantl’entre-deux-guerres est devenue plusbrutale suite aux expériences de violencependant la première guerre, notamment aufr<strong>on</strong>t 2 . Becker et Rouzeau appliquent lec<strong>on</strong>cept à toutes les sociétés européennes3 . Par la descripti<strong>on</strong> qu’ils d<strong>on</strong>nent desdiverses <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mes de violence (thick descripti<strong>on</strong>),ils s’opposent à un discourshistorique “sans émoti<strong>on</strong>” sur la guerre.Leur point de vue s’inscrit totalement dansl’histoire culturelle.1N. ELIAS, Über den Prozess der Zivilisati<strong>on</strong>. Sociogenetische und psychogenetische Untersuchungen,Bâle, 1939.2G. MOSSE, Fallen Soldiers. Reshaping the Memory of World <strong>War</strong>s, L<strong>on</strong>dres, 1990.3S. AUDOIN-ROUZEAU & A. BECKER, 14-18 retrouver la Guerre, Paris, 2000, p. 48-49.25


En chantierL’objectif de cette étude est d’estimerl’impact de l’expérience de la guerre surla société belge du point de vue de laviolence. La recherche doit se positi<strong>on</strong>nerface au dilemme brutalisati<strong>on</strong>-procès decivilisati<strong>on</strong>. Les deux thèses doivent êtrec<strong>on</strong>fr<strong>on</strong>tées avec des sources c<strong>on</strong>crètes,sans tomber dans une visi<strong>on</strong> téléologique.Naturellement, la recherche ne doit pasrestée limitée à une éventuelle augmentati<strong>on</strong>ou diminuti<strong>on</strong> de la violence. Uneanalyse qualitative est également nécessaire.D’un point de vue historique, lesapproches sociologiques et anthropologiquesde la violence s<strong>on</strong>t les plus utilisables.C<strong>on</strong>crètement, la recherche est circ<strong>on</strong>scriteà un espace géographique relativementlimité. Cette limite est nécessaire,car sans c<strong>on</strong>naissance détaillée des circ<strong>on</strong>stances,les violences peuvent semblervides de sens et incompréhensibles.Un premier aperçu a été d<strong>on</strong>né par lacollecte des statistiques de causes dedécès n<strong>on</strong> publiées par l’INS. Ces d<strong>on</strong>néespermettent d’esquisser de manièredifférenciée l’évoluti<strong>on</strong> à l<strong>on</strong>g terme deshomicides (modèles régi<strong>on</strong>aux, armes ducrime, sexe des victimes,…). Pour uneb<strong>on</strong>ne interprétati<strong>on</strong> de ces d<strong>on</strong>nées, elles<strong>on</strong>t été c<strong>on</strong>fr<strong>on</strong>tées avec d’autres sourcesstatistiques. L’objectif final est d’aboutirpour la période 1900-1960 à une analyseétoffée des homicides.Anto<strong>on</strong> VrintsEurope in Exile. European Exile Communities in Britain 1940-1945, éditépar Martin CONWAY & José GOTOVITCH, Ox<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>d, Berghahn Books, 2001, 288 p.Durant la Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale, L<strong>on</strong>dres fut trans<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mée en ville européenne.Petit à petit, elle devint, de faç<strong>on</strong> inattendue, un endroit de refuge pour des milliersd’Européens, qui par choix ou poussés par les événements gagnèrent la Gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e-Bretagne,fuyant les campagnes militaires menées sur lec<strong>on</strong>tinent européen. Soldats, Premiers ministres,m<strong>on</strong>arques, bureaucrates, femmes et enfants,tous furent c<strong>on</strong>fr<strong>on</strong>tés aux incertitudes et auxpérils d’une existence au sein d’une culturequi ne leur était pas familière. Ce phénomène‘d’exil européen’ en Gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e-Bretagne a jusqu’iciété négligé par la recherche historiquec<strong>on</strong>sacrée à la Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale. Danscet ouvrage novateur, une équipe internati<strong>on</strong>aled’historiens s’est penchée sur les groupesd’exilés issus de Belgique, de France, des Pays-Bas, de Pologne, de Norvège et de Tchécoslovaquie.L’ouvrage est en vente chez Berghahn Books Ltd., 3Newtec Place, Magdalen Rd., Ox<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>d, OX4 1RE; tél.:+44(0)1865 250011, fax: +44(0)1865 250056,courrier: publicityUK@berghahnbooks.com26


Exode des Carolorégiens vers leTarn-et-Gar<strong>on</strong>ne en mai 1940Un travail de mémoire et une occasi<strong>on</strong> de retrouvailles…Du 10 au 14 mai 2000, l’associati<strong>on</strong>“Arkheia. Histoire. Mémoire du 20 esiècle” et la ville de M<strong>on</strong>tauban (Tarnet-Gar<strong>on</strong>ne)<strong>on</strong>t organisé un colloqueintitulé “La France du repli: les réfugiésdans le Midi,1940” 1 avec une quarantained’intervenants français et étrangers(voir Bulletin du CEGES ’30-’50, n°35,p.35-36). L’objectif du colloque étaitd’analyser l’exode des populati<strong>on</strong>s belges,françaises, espagnoles et autres dans leSud-Ouest de la France. Ces journées<strong>on</strong>t révélé la prédominance des réfugiésbelges dans la régi<strong>on</strong> au début du sec<strong>on</strong>dc<strong>on</strong>flit m<strong>on</strong>dial. L’accent fut égalementmis sur les nombreuses initiatives d’aideet de secours prises tant par les administrati<strong>on</strong>slocales françaises que par lesBelges eux-mêmes. Plus particulièrement,un témoignage a rapporté le replide l’administrati<strong>on</strong> communale de laVille de Charleroi, c<strong>on</strong>duite par AlfredMichotte, alors secrétaire communal,dans la ville de M<strong>on</strong>tauban en mai 1940.Ce groupe de m<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ataires et de nombreuxcivils carolorégiens avaient fait ce l<strong>on</strong>gpériple dans les cami<strong>on</strong>s de pompiers etles bennes à ordures.Cette anedocte fut c<strong>on</strong>firmée et étofféelors du Sal<strong>on</strong> “Vacances Loisirs” à Charleroi.Au gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> ét<strong>on</strong>nement du pers<strong>on</strong>nelde l’Office du tourisme du Tarn-et-Gar<strong>on</strong>ne,présent au Sal<strong>on</strong>, des Carolorégienss’adressèrent à ce st<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> pour évoquer leurexil dans le Sud-Ouest et les b<strong>on</strong>ssouvenirs qu’ils avaient gardés de larégi<strong>on</strong> et de ses habitants.Le colloque et les divers témoignages<strong>on</strong>t c<strong>on</strong>duit la Ville de Charleroi et leC<strong>on</strong>seil général du Tarn-et-Gar<strong>on</strong>ne àprendre c<strong>on</strong>tact afin d’étayer ces souvenirsd’un temps oublié.Par le biais de Max Lagarrigue, historienet organisateur du colloque, et dePaul Rousseau, directeur adjoint à l’animati<strong>on</strong>urbaine-loisirs de Charleroi, unprojet a été mis sur pied. L’idée était deretrouver des ‘exodés’ carolorégiens descendusdans le Tarn-et-Gar<strong>on</strong>ne à partir demai 1940, de recueillir leurs témoignageset par la suite de les remettre en c<strong>on</strong>tactavec leur famille d’accueil de 1940, ouavec les descendants de celle-ci, grâce àun voyage dans le Tarn-et-Gar<strong>on</strong>ne dansle courant du mois de mai 2002.Un appel à témoins dans la presse localea permis de recueillir une cinquantaine denoms et adresses d’enfants et/ou de parents,originaires de Charleroi, partis endirecti<strong>on</strong> du Sud-Ouest lors de l’invasi<strong>on</strong>allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e. Un premier c<strong>on</strong>tact a eu lieuau Château de M<strong>on</strong>ceau-sur-Sambre, le 19octobre 2001. La journée, organisée par laVille de Charleroi, a d<strong>on</strong>né aux témoinsn<strong>on</strong> seulement l’occasi<strong>on</strong> de se renc<strong>on</strong>trermais également de relater brièvementleurs souvenirs. Cette renc<strong>on</strong>tre fut fructueusetant du point de vue des d<strong>on</strong>nées etdes documents apportés que sur les plansrelati<strong>on</strong>nel et émoti<strong>on</strong>nel; plusieurs pers<strong>on</strong>nesparties ensemble en exode se s<strong>on</strong>tretrouvées plus de 60 ans après.1Les Actes du colloque s<strong>on</strong>t publiés dans 1940, la France du repli. L’Europe de la défaite,Toulouse, Editi<strong>on</strong>s Privat, 2001, 384 p.27 Initiatives


28 InitiativesLe CEGES a été invité à participer àce projet pour y apporter un soutienscientifique: c<strong>on</strong>textualisati<strong>on</strong> de laSec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale et plusspécifiquement de l’exode, apport dedocuments et mise au point sur lestechniques d’interviews à caractèrehistorique.L’objectif final est de réaliser une vidéoretraçant l’exode des Carolorégiens sur lesroutes de France à partir des interviews filmées,ainsi qu’une publicati<strong>on</strong>. Les enquêtesauprès des témoins v<strong>on</strong>t être menéespar deux étudiants en communicati<strong>on</strong> del’IPSMA-Charleroi en partenariat avecl’Atelier-Vidéo 3 e Age de Charleroi.Bénédicte RochetLes Chemins de la MémoireInitié par le Mémorial de Caen, ce projetréunit six partenaires européens – Haus derGeschichte der Bundesrepublik Deutschl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>,Allemagne; CEGES, Belgique; MuseoGernika, Espagne; Mémorial de Caen, France;Istituto beni artistici, culturali e naturali,Italie; D-Day Museum, Royaume-Uni –qui se proposent de baliser ensemble les‘Chemins de la Mémoire’ des deux c<strong>on</strong>flitsm<strong>on</strong>diaux et de la guerre civile espagnole.Dans l’air du temps, ce projet, peaufinélors de réuni<strong>on</strong>s préparatoires à Bruxelles(mars 2001) et à Paris (septembre 2001),a obtenu l’aval de la Commissi<strong>on</strong>européenne, qui intervient, de manièresubstantielle, dans s<strong>on</strong> financement.A terme (octobre 2002), le projet doitdéboucher sur l’élaborati<strong>on</strong> d’un siteinternet accessible dans les langues des6 pays partenaires. Celui-ci offrira unesélecti<strong>on</strong> rais<strong>on</strong>née (n<strong>on</strong> exhaustive) delieux de mémoire, liés aux deux c<strong>on</strong>flitsm<strong>on</strong>diaux et à la guerre civile espagnole.Exclusivement situés sur le territoirenati<strong>on</strong>al, les lieux retenus s<strong>on</strong>t regroupésen thèmes communs, arrêtés de c<strong>on</strong>certpar les différents partenaires. Ces thèmess<strong>on</strong>t ensuite déclinés en sujets laissés à lalibre appréciati<strong>on</strong> des instituti<strong>on</strong>s participantes.L’ensemble devrait s’articuler demanière cohérente en vue d’illustrer unrécit général des c<strong>on</strong>flits, principalementdestiné au gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> public et aux établissementsscolaires.Chaque lieu sera présenté à l’aide d’unefiche qui se composera d’une noticehistorique et d’une notice touristique,destinée à promouvoir un tourisme demémoire (musées, mémoriaux, cimetières,etc.). Elle sera, de préférence, agrémentéed’illustrati<strong>on</strong>s d’époque, et renverra versd’autres sites internet pertinents.En dehors des réuni<strong>on</strong>s de c<strong>on</strong>certati<strong>on</strong>(Caen, oct. 2001 et Bologne, nov. 2001),la mise en commun du travail s’opère àl’aide de l’extranet. Cet outil, c<strong>on</strong>çu surmesure pour rép<strong>on</strong>dre aux besoins despartenaires, leur permet d’échanger desin<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mati<strong>on</strong>s, de participer à des <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>umsde discussi<strong>on</strong> en ligne et d’alimenter unebanque de d<strong>on</strong>nées commune, qui c<strong>on</strong>stituerale f<strong>on</strong>dement du site internet. Lefrançais en est la langue véhiculaire.A ce stade, une centaine de lieux de mémoire<strong>on</strong>t été sélecti<strong>on</strong>nés en Belgique.Répartis sur l’ensemble du territoire, ilsévoquent les principales étapes et problématiquesdes 1 e et 2 de Guerres m<strong>on</strong>diales.La rédacti<strong>on</strong> des notices a aujourd’huicommencé: elle devrait se poursuivre del<strong>on</strong>gues semaines encore.Anne Godfroid


Même les b<strong>on</strong>nes choses <strong>on</strong>t une fin…Paruti<strong>on</strong> du dernier numéro de la série Jours de GuerrePour saluer la paruti<strong>on</strong> du dernier volumede la série “Jours de Guerre”, Dexia et leCEGES <strong>on</strong>t organisé le 3 décembre 2001,à l’auditorium de Ligne, une après-midide réflexi<strong>on</strong> et de bilan. Près de 250pers<strong>on</strong>nes y <strong>on</strong>t assisté, signe de la vitalitéde la collecti<strong>on</strong> et de l’intérêt qu’elle asuscité. Entamée en 1989, la série compteà présent 24 volumes, soit une véritableencyclopédie de 4.000 pages (et plus de2.000 photos) c<strong>on</strong>sacrées à la Sec<strong>on</strong>deGuerre m<strong>on</strong>diale en Belgique.Initialement, la publicati<strong>on</strong> devait accompagnerla série télévisée mais il est rapidementapparu qu’une publicati<strong>on</strong> écritedevait également offrir des articles desynthèse et d<strong>on</strong>c aller au-delà des évocati<strong>on</strong>s,des témoignages et des analysestélévisées. Aujourd’hui, l’ensembleunique c<strong>on</strong>tient à la fois des articles devulgarisati<strong>on</strong>, des synthèses de recherchesantérieures mais aussi des c<strong>on</strong>tributi<strong>on</strong>soriginales qui n’<strong>on</strong>t fait l’objet d’aucuneautre publicati<strong>on</strong>. La dernière livrais<strong>on</strong>,“Jours de Paix”, c<strong>on</strong>tient des articles surles enjeux politiques de la libérati<strong>on</strong>, surla répressi<strong>on</strong> des collaborati<strong>on</strong>s, sur leretour des pris<strong>on</strong>niers, sur les rapportsentre la Belgique et les alliés. L’ensembleest complété d’une orientati<strong>on</strong> bibliographiquesur la Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>dialeen Belgique et d’un index des noms citésdans l’ensemble de la série. Un numérod<strong>on</strong>t la sortie se devait d’être épinglée.Trois thèmes <strong>on</strong>t été abordés au cours decet après-midi présidé par José Gotovitch.Renaud Gahide (Dexia) a exposé ladémarche qui a amené l’une des principalesbanques belges – à l’époque, encorele Crédit communal – à se lancer dans pareilleaventure éditoriale. Outre le rappeldes faits, l’orateur avait également réservéquelques surprises à l’assistance: en l’occurrence,le projet de rééditi<strong>on</strong> de l’ensemble– aujourd’hui épuisé – sous <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>me de e-book et surtout la préparati<strong>on</strong>, sur le mêmesupport, d’une versi<strong>on</strong> néerl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>aise.Francis Balace (Ulg), qui a dirigé lacollecti<strong>on</strong>, a évoqué la questi<strong>on</strong> de lavulgarisati<strong>on</strong> en histoire et le public ciblépar la collecti<strong>on</strong>. Avec le talent oratoirequ’<strong>on</strong> lui c<strong>on</strong>naît, il a retracé la genèsede la série tout en abordant la difficultéd’écriture d’une période de l’histoire siparticulière en termes d’engagements etd’enjeux de mémoire individuels et29 Initiatives


elles traduites ? Des éléments particulièrementintéressants <strong>on</strong>t été épinglés tels lecaractère quasiment révoluti<strong>on</strong>naire desélites de la JOC à la fin des années 60,plutôt en rupture par rapport à une baseplus traditi<strong>on</strong>nelle, ou encore l’importanceL’émergence d’une culture, d’une mode,d’un engagement jeunes s<strong>on</strong>t caractéristiquesdes sixties. Marc Hooghe a évoquéla mobilisati<strong>on</strong> de la jeunesse et s<strong>on</strong> engagementà travers ce que l’<strong>on</strong> a qualifié deInitiativesdu sentiment d’adhési<strong>on</strong> à travers l’uni<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>medes Jeunes Gardes par exemple. Lerôle ou l’absence du père a également étéavancé pour expliquer certains types d’engagement.Si l’expérience de la PremièreGuerre à travers la figure du père paraîtavoir été un facteur déterminant pour lesjeunesses d’extrême droite, not<strong>on</strong>s le rôlede <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mateur, de matrice des cadres communistesque représentait le passage parles écoles de Moscou.La sec<strong>on</strong>de partie de la journée abordait,elle, la questi<strong>on</strong> sous un angle plus novateur: celui des jeunesses en délinquance,une questi<strong>on</strong> envisagée à la fois du pointde vue du législateur (Jenneke Christiaens)mais aussi des acteurs et plus particulièrementdes jeunes filles (Margo DeKoster). Les noti<strong>on</strong>s de normes et de valeurss<strong>on</strong>t essentielles pour comprendrel’attitude de parents qui <strong>on</strong>t recours àl’instituti<strong>on</strong> judiciaire comme “redresseurde torts”.nouveaux mouvements sociaux.Marnix Beyen a animé une table r<strong>on</strong>deautour des thèmes de la traditi<strong>on</strong> et desdimensi<strong>on</strong>s générati<strong>on</strong>nelles, de la jeunessecomme avant-garde et de lacréati<strong>on</strong> de nouvelles sous-cultures.Enfin, Gita Deneckere et Rudi VanDoorslaer <strong>on</strong>t tiré les c<strong>on</strong>clusi<strong>on</strong>s dela journée en insistant sur la nécessitéd’une c<strong>on</strong>textualisati<strong>on</strong> sociale, sur lerôle des facteurs de genre et de sexe etsur la diversité des approches comparatives.Nous pouv<strong>on</strong>s, d’ores et déjà, ann<strong>on</strong>cerque les actes de cette journée ser<strong>on</strong>tpubliés dans le <strong>on</strong>zième numéro desCahiers d’Histoire du Temps présent du<str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g>.Chantal Kesteloot31


InitiativesBilan des Séminaires 2001C’est avec enthousiasme qu’Anto<strong>on</strong>Vrints a tiré les c<strong>on</strong>clusi<strong>on</strong>s de s<strong>on</strong>mémoire de licence c<strong>on</strong>sacré à l’activismeà Anvers au cours de la Première Guerrem<strong>on</strong>diale. C<strong>on</strong>sidérée comme “La Mecque”de l’activisme, la métropole abritaiten effet un noyau de flamingants offensifsmais combien étaient-ils et qui étaientils? L’orateur a repéré quelque 1.700noms. Si l’<strong>on</strong> croise les diverses sourcesdisp<strong>on</strong>ibles, <strong>on</strong> en arrive à l’idée que 1 %de la populati<strong>on</strong> a été touchée par le phénomène.Parmi ce pourcentage se trouvaientessentiellement des f<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>naireset des employés et peu d’ouvriers dansl’ensemble. Ce s<strong>on</strong>t évidemment lesmilieux c<strong>on</strong>fr<strong>on</strong>tés à la francisati<strong>on</strong> quise retrouvent les mieux représentés.C’est un curieux séminaire qu’est venuprésenter Alain Brose. Médiéviste de<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mati<strong>on</strong>, il a réalisé un mémoire delicence sur le mythe de Charlemagne vupar les nazis. Sujet en apparence passi<strong>on</strong>nant:chaque régime politique n’est-il pasen quête de légitimati<strong>on</strong> ? S’agissant deCharlemagne, la questi<strong>on</strong> est évidemmentintéressante: quelle visi<strong>on</strong> du gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> hommele régime nazi a-t-il cherché à promouvoir? Quels s<strong>on</strong>t les auteurs qui s’y s<strong>on</strong>tintéressés ? Autant de questi<strong>on</strong>s d<strong>on</strong>t nousespéri<strong>on</strong>s des tentatives de rép<strong>on</strong>se. Notreattente n’a hélas pas été renc<strong>on</strong>trée: aucunede ces questi<strong>on</strong>s n’a été véritablementdéveloppée et jamais la noti<strong>on</strong> même dumythe n’a été véritablement abordée. Uneoccasi<strong>on</strong> manquée.Ce s<strong>on</strong>t les résultats de ses travaux derecherche menés dans le cadre du CEGESque Wolfgang Bregentzer a développés.L’expositi<strong>on</strong> universelle de 1958 marqueun tournant essentiel dans l’histoire de laBelgique d’après 1945. La page de la guerreest définitivement tournée: <strong>on</strong> véhiculel’image d’un m<strong>on</strong>de de progrès. On metaussi en scène une Belgique sûre d’elle, nepercevant pas combien le sol va se dérobersous ses pieds à brève échéance (indépendancedu C<strong>on</strong>go, gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e grève de l’hiver1960-1961). L’expositi<strong>on</strong> exalte enfin lanati<strong>on</strong> d<strong>on</strong>t pourtant le caractère unitaireva être de plus en plus mis à mal durantles sixties.Gerhard Hirschfeld, directeur de la Bibliothekfür Zeitgeschichte, a focalisé s<strong>on</strong>exposé sur l’évoluti<strong>on</strong> de l’historiographieallem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e. Il s’est centré sur la période dela Première Guerre m<strong>on</strong>diale, inc<strong>on</strong>testablementla période qui, dans ces dix dernièresannées, a c<strong>on</strong>nu les plus gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s bouleversementsen Allemagne comme ailleurs.Il a évoqué les nouveaux sujets maisaussi le renouvellement des perspectives.La séance de clôture du dernier séminaired’histoire c<strong>on</strong>temporaine de l’UCL, a étél’occasi<strong>on</strong>, pour le <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g>, d’accueillirFabrice Virgili; il y a quelques annéesdéjà, celui-ci était venu nous entretenirde ses recherches alors balbutiantes. Onlui doit aujourd’hui une importante thèsede doctorat sur le thème des femmes t<strong>on</strong>dues.Au cours de la séance, il a évoquéce phénomène particulier d<strong>on</strong>t il a faitla géographie mais a également replacél’enjeu à travers d’autres c<strong>on</strong>flits du XXesiècle, la Première Guerre m<strong>on</strong>diale et laGuerre d’Espagne notamment.Le 17 mai, Godfried Kwanten est venuprésenter les résultats de sa thèse de doctoratc<strong>on</strong>sacrée à l’homme d’Etat, AugustDe Schrijver (1898-1991). Catholique issud’un milieu bourgeois francoph<strong>on</strong>e, l’hommen’en apparaît pas moins comme proflam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>et sensible à la questi<strong>on</strong> sociale.Député à partir de 1928, un m<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>at qu’ila c<strong>on</strong>servé jusqu’en 1965, il a exercé de32


nombreuses resp<strong>on</strong>sabilités ministérielles.Il a également joué un rôle actif dans laf<strong>on</strong>dati<strong>on</strong> du PSC/CVP après-guerre. Lorsde s<strong>on</strong> exposé, l’orateur s’est focalisé surle rôle joué par De Schrijver comme figurede c<strong>on</strong>sensus notamment dans la miseen œuvre de la législati<strong>on</strong> linguistique desannées trente et dans la gesti<strong>on</strong> du dossierc<strong>on</strong>golais en 1960.Durant l’entre-deux-guerres, la Belgique aaccueilli de nombreux réfugiés russes. Cesgroupes se distinguent évidemment trèsnettement du courant de gauche que c<strong>on</strong>stituaientles Russes exilés avant 1914. Durantl’entre-deux-guerres, notre pays servaitd’ailleurs de quartier général effectifdes armées blanches en exil. Ce s<strong>on</strong>t cesréfugiés qui <strong>on</strong>t été au cœur du séminairede Wim Coudenys (10 septembre). L’orateur,un des meilleurs spécialistes de cetteémigrati<strong>on</strong>, nous a éclairé sur quelquesunsde ses aspects, à commencer par l’importancedes mythes dans l’histoire de cephénomène, comme celui relatif au profilsociologique de ces exilés. Il a relevé laprésence de nombreux militaires très engagésdans l’anticommunisme et a évoquéles rapports particuliers entre l’Eglisecatholique et ce milieu orthodoxe.En novembre, le CEGES a eu le plaisird’accueillir pour la première fois dans lecadre de ses séminaires, Michel Dumoulin,professeur d’Histoire c<strong>on</strong>temporaine àl’UCL et président de l’Institut d’Etudeseuropéennes, chaire Jean M<strong>on</strong>net. A l’occasi<strong>on</strong>de la paruti<strong>on</strong>, aux éditi<strong>on</strong>s Complexe,de l’ouvrage c<strong>on</strong>sacré à LéopoldIII, l’orateur s’est penché sur les stratessuccessives de l’analyse de la Questi<strong>on</strong>royale et de la pers<strong>on</strong>nalité du Roi. Il aabordé les <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mes littéraires de l’évocati<strong>on</strong>caractéristiques des années cinquante, cellestélévisées des fameux “Télé-mémoires”avant d’aborder “le temps des historiens”.Sel<strong>on</strong> l’orateur, ce temps a surtout pris s<strong>on</strong>envol au début des années 1970, périodeau cours de laquelle les polémiques demeuraientvives. Il c<strong>on</strong>state combienaujourd’hui le sujet demeure populaire etsensible, et combien certains n’hésitenttoujours pas à faire m<strong>on</strong>tre d’une c<strong>on</strong>descendancepersistante à la lecture destravaux historiques.Benoît Mihaïl (aspirant FNRS ULB) a analysé,à l’aide de quelques séquences choisies,l’importance pour l’histoire du cinémamais aussi en termes de sensibilitésnati<strong>on</strong>ales et morales de La kermesse héroïque.Lors de sa sortie, le film a suscitéde vives réacti<strong>on</strong>s dans le m<strong>on</strong>de catholiqueet du côté flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>. Chahuts et manifestati<strong>on</strong>sse s<strong>on</strong>t déroulés dans diversesvilles flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>es. Pour rappel, ce film évoquel’attitude des habitants de la ville deBoom à l’ann<strong>on</strong>ce de la venue de l’ambassadeurd’Espagne et de sa suite et durantleur séjour. Le film met en évidence lalâcheté des édiles communaux à laquelles’oppose la qualité de l’accueil des femmesde Boom.Au cours du dernier séminaire de l’année2001, Frank Seberechts a développé unaspect des recherches menées dans le cadrede sa thèse de doctorat soutenue à l’Universitéde G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> en juin dernier. Il a évoquéles relati<strong>on</strong>s éc<strong>on</strong>omiques entre le portd’Anvers et l’Allemagne au lendemain dela Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale. Cette problématiques’inscrit dans une perspectivebeaucoup plus large qui est celle de l’attitudeà adopter à l’égard de l’Allemagneaprès 1945: faut-il l’isoler ou l’intégrerdans le champ des nati<strong>on</strong>s ? A cette questi<strong>on</strong>se greffe dans le c<strong>on</strong>texte anversois,la questi<strong>on</strong> du redéploiement éc<strong>on</strong>omiquedu port dans une période de c<strong>on</strong>currenceaccrue avec les ports néerl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ais. Sanssurprise, ce s<strong>on</strong>t d<strong>on</strong>c somme toute desc<strong>on</strong>sidérati<strong>on</strong>s éc<strong>on</strong>omiques qui <strong>on</strong>t motivéune reprise rapide des c<strong>on</strong>tacts commerciauxet la recréati<strong>on</strong> d’une chambrede commerce allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e à Anvers.Chantal KestelootInitiatives33


InitiativesUne “guerre totale” ?La Belgique dans la Première Guerre m<strong>on</strong>dialeNouvelles tendances de la recherche scientifiqueColloque internati<strong>on</strong>alorganisé par la secti<strong>on</strong> d’Histoire de l’ULB en collaborati<strong>on</strong> avec le CEGES16-17 janvier 2003Appel à communicati<strong>on</strong>sAu cours des dernières années, lesrecherches sur la Première Guerre m<strong>on</strong>diale<strong>on</strong>t c<strong>on</strong>nu un développement rapidetant en Belgique qu’à l’étranger. Bénéficiantde l’ouverture de nouveaux f<strong>on</strong>ds,les chercheurs <strong>on</strong>t exploité des pistes quijusque-là n’avaient guère retenu l’attenti<strong>on</strong>.Leurs travaux <strong>on</strong>t débouché sur unerelecture des différents aspects du c<strong>on</strong>flit.Ils <strong>on</strong>t notamment permis de mieux mesurerl’impact de celui-ci sur la sociétébelge dans s<strong>on</strong> ensemble en soulignant àquel point le c<strong>on</strong>flit a touché prof<strong>on</strong>démenttoute l’organisati<strong>on</strong> de la sociétécivile.Le colloque de janvier 2003 a pour objectifde faire le point sur ces nouvelles tendancesde la recherche historique en centrantplus particulièrement s<strong>on</strong> approche surtrois thèmes: “les communautés nati<strong>on</strong>alesdans la tourmente”, “guerre et intimité” et“le m<strong>on</strong>de culturel, artistique et scientifique”.Ces thèmes ser<strong>on</strong>t examinés tantpour la période du c<strong>on</strong>flit que pour l’immédiataprès-guerre. Cette approche permettrade mieux comprendre ce que l’<strong>on</strong> aappelé la “culture de guerre” et ses c<strong>on</strong>séquencessur la société belge d’après 1918.En c<strong>on</strong>viant à cette manifestati<strong>on</strong> denombreux chercheurs étrangers, lesorganisateurs visent surtout à bien mettreen perspective les recherches menéesaujourd’hui en Belgique avec les travauxréalisés ailleurs dans le m<strong>on</strong>de. La c<strong>on</strong>fr<strong>on</strong>tati<strong>on</strong>permettra ainsi de mieux soulignerles nouveaux chantiers de recherchequi s’ouvrent aux historiens de ce débutde siècle. Dans cette optique, le colloqueveillera également à accorder une placeparticulière aux jeunes chercheurs.Thèmes proposés1. Les communautés nati<strong>on</strong>ales dans latourmenteLa Belgique de l’intérieur- La mise en place des processus desolidarité (CNSA…)- La mobilisati<strong>on</strong> c<strong>on</strong>tre l’ennemi (lesréseaux de résistance…)- Le patriotisme: une valeur partagée partous ?34- Les rapports avec l’ennemi (viepolitique et syndicale en Belgiqueoccupée, la répressi<strong>on</strong>, la collaborati<strong>on</strong>)- Les processus discriminatoires à l’égarddes étrangers pendant le c<strong>on</strong>flit et dansl’immédiat après-guerre- La répressi<strong>on</strong> de la collaborati<strong>on</strong> et lajustice populaire au lendemain duc<strong>on</strong>flit.


La Belgique de l’extérieur- Les déportés- Les pris<strong>on</strong>niers- Les réfugiés- L’image de la Belgique dans le m<strong>on</strong>dependant et après le c<strong>on</strong>flitLe fr<strong>on</strong>t- La justice militaire- Le “shell shock” (traumatismespsychiques…)- Les déserteurs- Les permissi<strong>on</strong>naires- Les anciens combattants dans la sociétéd’après-guerre2. Guerre et intimité- La cellule familialeComité organisateurMichaël Amara (ULB),Serge Jaumain (ULB),Comité scientifiqueJosé Gotovitch (CEGES), Laurence vanYpersele (UCL), Eliane Gubin (ULB),Pierre-Alain Tallier (AGR), Sophie deSchaepdrijver (Pennsylvania StateUniversity), Patrick Lefèvre (MRHM),Adresses de c<strong>on</strong>tactSerge Jaumain et Michaël Amara,Université libre de Bruxelles, Secti<strong>on</strong>d’Histoire / CP 175, 50 av. Roosevelt,1050 Bruxelles (Belgique), tél.: +32-2-6503803, fax: +32-2-6503919, courriel:sjaumain@ulb.ac.be & mamara@ulb.ac.beSite Webwww.ulb.ac.be/philo/histoire/colloques.html- La morale sexuelle- Le choc traumatique du deuil- La gesti<strong>on</strong> de l’absence du “chef defamille”- L’impact du c<strong>on</strong>flit sur la situati<strong>on</strong> de lafemme3. Le m<strong>on</strong>de culturel, artistique,scientifique- La perte des repères dans le m<strong>on</strong>deintellectuel- L’influence sur la littérature, le théâtre- Le rôle et l’acti<strong>on</strong> de la censureallem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e- Les tentatives de germanisati<strong>on</strong> de lacultureBenoît Majerus (CEGES),Anto<strong>on</strong> Vrints (CEGES).Annette Becker (Paris X-Nanterre etHistorial de Pér<strong>on</strong>ne), Alan Kramer(Trinity College Dublin), Gerd Krumeich(Heinrich Heine Universität-Düsseldorf).Benoît Majerus et Anto<strong>on</strong> Vrints,CEGES, Résidence Palace / Bloc E, Ruede la Loi 155 / Bte 2, B-1040 Bruxelles,tél.: +32-2-2874714, fax: +32-2-2874710,courriel: benoit.majerus@cegesoma.be &anto<strong>on</strong>.vrints@cegesoma.beLes langues utilisées lors du colloque ser<strong>on</strong>t le français, le néerl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ais et l’anglais.Les propositi<strong>on</strong>s de communicati<strong>on</strong>s doivent être soumises aux organisateurs avant le30 juin 2002.35 Initiatives


36 In<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>matiquePendant l’année écoulée, la cellulein<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>matique du CEGES a surtout travailléau cœur du système. Ainsi, l’OPAC a étéréécrit en prof<strong>on</strong>deur pour rendre possiblela c<strong>on</strong>sultati<strong>on</strong> simultanée de plusieursbanques de d<strong>on</strong>nées Pallas (vous ne vousen serez naturellement pas beaucouprendu compte sur le site du CEGES).On a en outre œuvré intensivement àla réécriture complète du module archivistique,d<strong>on</strong>t la nouvelle versi<strong>on</strong> seraprête dans le courant du premier semestre2002. Par ailleurs, de nombreux c<strong>on</strong>tactsexternes <strong>on</strong>t été pris dans le but de distribuerle système sur une gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e échelle, cequi devrait se faire à partir de septembre2002, et l’équipe s’est perfecti<strong>on</strong>néetechniquement à l’occasi<strong>on</strong> de OracleOpenWorld, une manifestati<strong>on</strong> de gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>eenvergure pour “DBA’s” et autres techniciensde l’in<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>matique organisée par lafirme du même nom à Berlin du 18 au 21juin.In<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>matiquePallas a aussi été présenté à la bourse dela C<strong>on</strong>férence du Patrimoine (Erfgoedc<strong>on</strong>ferentie)tenue au musée des Beaux-Arts d’Anvers les 18, 19 et 20 novembre.Lors de cette c<strong>on</strong>férence, différents groupesde travail composés de spécialistes<strong>on</strong>t tenté de <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>muler des recomm<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ati<strong>on</strong>spour une meilleure définiti<strong>on</strong> etgesti<strong>on</strong> du ‘patrimoine’, ainsi que pourles méthodes et les outils qui c<strong>on</strong>viennentle mieux à cet effet. Une de ces nouvelles<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mes de patrimoine, les créati<strong>on</strong>s artistiquespubliées sur internet, s<strong>on</strong>t ainsi trèsdifficile à ‘saisir’ et à c<strong>on</strong>server du fait deleur caractère passager et de l’évoluti<strong>on</strong>rapide de la technologie. Enfin, les 26 et27 avril, des discussi<strong>on</strong>s <strong>on</strong>t eu lieu àAmsterdam avec les instituti<strong>on</strong>s sœurs àl’étranger (NIOD, IHTP, Institut fürZeitgeschichte) à propos de l’installati<strong>on</strong>et de l’entretien de sites web; <strong>on</strong> y a enoutre réfléchi aux possibilités d’un projetcommun dans un cadre européen.Patrick TemmermanAPPEL URGENT !Le CEGES recherche un objet très commun et pourtant devenutrès rare !Nos collecti<strong>on</strong>s manquent cruellement d’un type d’ouvrage d’une rarebanalité: l’annuaire téléph<strong>on</strong>ique ! Si vous disposez encore d’anciensannuaires datant de la première moitié du 20 e siècle, quelle quesoit la régi<strong>on</strong> qu’ils recouvrent, ou de tout autre ouvrage comprenantdes listes d’adresses, commerciales ou privées, sachez qu’ils viendraientà point compléter notre documentati<strong>on</strong>.D’avance, un gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> merci !Emmanuel Debruyne


Instituto de Historia de Cuba, LaHavane, 25-27 avril 2001Cuarto Taller Cientifico Internaci<strong>on</strong>al, communicati<strong>on</strong> “Lassolidaridades internaci<strong>on</strong>ales, obreras y revoluci<strong>on</strong>arias del siglo 20”L’embargo décrété et maintenu par lesEtats-Unis sur la République de Cuba n’apas eu que des c<strong>on</strong>séquences éc<strong>on</strong>omiques.Les difficultés de communicati<strong>on</strong>s,la pauvreté en moyens in<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>matiques voireen papier c<strong>on</strong>stituent des éléments très matérielsqui brident le développement desrecherches et la circulati<strong>on</strong> de celles-ci.Un pays qui a investi prioritairement dansl’éducati<strong>on</strong> et qui c<strong>on</strong>naissait un ray<strong>on</strong>nementintellectuel et artistique incomparableen Amérique latine s’est trouvé bloquébrutalement dans s<strong>on</strong> développement. Cesdifficultés <strong>on</strong>t été un élément déterminantdans le raidissement idéologique qui pèsedésormais lourdement sur la vie intellectuellecubaine. Comme toujours dans lespays où la bataille idéologique fait rage,l’histoire, principalement c<strong>on</strong>temporaine,est placée sous haute surveillance. Touteouverture sur le m<strong>on</strong>de ne peut qu’être bénéfiqueà la décrispati<strong>on</strong>, ne peut qu’aiderà diminuer le sentiment de “<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>teresse assiégée”,porteur d’agressivité et d’intransigeanceintellectuelle. C’est pourquoi il estimportant de pratiquer une politique deprésence et de rép<strong>on</strong>dre aux invitati<strong>on</strong>sdes instituti<strong>on</strong>s cubaines de recherche.Cette coopérati<strong>on</strong> ren<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>ce égalementceux qui se battent au sein de ces instituti<strong>on</strong>sc<strong>on</strong>tre sectarisme et dogmatismes.Ayant eu la chance de vivre quelquessemaines à Cuba en 1960, j’ai eu quelquepeine à retrouver en 2001 la ferveur quirégnait alors dans tous les domaines. Ferveuret rigueur <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>ment souvent un coupleétrange. Au sein de l’Institut d’Histoire deCuba, organisateur du colloque auquelnous éti<strong>on</strong>s c<strong>on</strong>viés, la ferveur s’attachaitencore à la parole, la rigueur relevait destechniques de documentati<strong>on</strong> utilisées,sans que les deux corresp<strong>on</strong>dent toujours.En clair, le langage militant quelque peusimpliste, s’appuie sur des projets derecherche, de récolte et de classement desarchives dans la traditi<strong>on</strong> scientifique etarchivistique la plus pure. Ainsi l’Institutrassemble les archives de la période révoluti<strong>on</strong>naire,une très gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e bibliothèqueet des collecti<strong>on</strong>s de périodiques qui rem<strong>on</strong>tentau XIXe siècle. Il poursuit l’élaborati<strong>on</strong>d’une gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e histoire de Cubadepuis les origines. Il développe un importantprojet d’histoire des femmes, poursuitles recherches sur l’histoire de la classeouvrière et des paysans cubains.C<strong>on</strong>scients des dangers de l’isolement,l’Institut développe un programmesystématique de renc<strong>on</strong>tres et journéesd’études, principalement centrées surl’Amérique latine. Dans ce cadre, au coursdu quatrième atelier scientifique internati<strong>on</strong>altenu fin avril 2001 à La Havane,nous av<strong>on</strong>s présenté, Anne Morelli et moi,une double communicati<strong>on</strong> c<strong>on</strong>sacrée auxorganisati<strong>on</strong>s de solidarité internati<strong>on</strong>aleen Belgique, avant et après la Sec<strong>on</strong>deGuerre m<strong>on</strong>diale.Nous av<strong>on</strong>s pu c<strong>on</strong>stater à cette occasi<strong>on</strong>,combien la recherche européenneest peu c<strong>on</strong>sciente de l’immensité et dela vitalité du domaine historiographiquehispanique, en particulier latinoaméricain.Or nous dispos<strong>on</strong>s, dans les37 À l'étranger


38 À l'étrangerBretagne et identités régi<strong>on</strong>alespendant la Sec<strong>on</strong>de Guerrem<strong>on</strong>dialeDu 15 au 17 novembre 2001 s’est tenu àBrest, à l’Université de Bretagne occidentale,un colloque c<strong>on</strong>sacré à la Bretagne etaux identités régi<strong>on</strong>ales pendant la Sec<strong>on</strong>deGuerre m<strong>on</strong>diale. Organisé par ChristianBougeard, le colloque abordait à lafois la questi<strong>on</strong> sous l’angle bret<strong>on</strong> maisaussi par une mise en perspective avecd’autres régi<strong>on</strong>s de France et d’Europeoccidentale. Quelque 450 pers<strong>on</strong>nes y assistaient– le colloque se tenait à ‘bureauxfermés’ – signe d’un intérêt significatif dela société bret<strong>on</strong>ne pour cette période des<strong>on</strong> histoire. Plus de cinquante ans aprèsles faits, le sujet demeure chargé commeen <strong>on</strong>t d’ailleurs encore témoigné quelqueséchanges lors de la discussi<strong>on</strong>. C’est quele réveil d’un mouvement bret<strong>on</strong> plutôtprogressiste dans les années soixante abrouillé les cartes et qu’il est des aspectsde l’engagement de militants bret<strong>on</strong>sdurant l’occupati<strong>on</strong> d<strong>on</strong>t <strong>on</strong> n’aime guèrese souvenir, voire qu’eux-mêmes <strong>on</strong>tpréféré oublier.“Renc<strong>on</strong>tres L’Histoire en Débat”organisées à Saint-Jacques-de-Compostelle depuis de nombreusesannées, d’une sorte de <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>um dynamiquemulti<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>me qui nous amène cettehistoriographie quasi à domicile, unesorte de C<strong>on</strong>grès internati<strong>on</strong>al desSciences historiques du M<strong>on</strong>de hispanique1 . Les Cubains en s<strong>on</strong>t partieprenante.Il y aurait là occasi<strong>on</strong>s à saisir pour leshispanistes. En ce qui c<strong>on</strong>cerne Cuba,nous encourage<strong>on</strong>s tous nos collègues àfaire parvenir travaux et in<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mati<strong>on</strong>s auxchercheurs cubains 2 . Il en s<strong>on</strong>t fri<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s.1Cfr L´Histoire en Débat: courriel: h-debate@cesga.es; website: www.h-debate.com.2Luis H. Serrano Perez, Instituto de Historia de Cuba: serrano@hist.cipcc.inf.cu.José GotovitchLa questi<strong>on</strong> de l’identité régi<strong>on</strong>ale et del’engagement des mouvements aut<strong>on</strong>omistesn’est évidemment pas spécifique à laBretagne. Une analyse à l’intérieur desfr<strong>on</strong>tières de l’hexag<strong>on</strong>e et au-delà decelles-ci a m<strong>on</strong>tré combien les courantsaut<strong>on</strong>omistes <strong>on</strong>t, de manière générale, étéc<strong>on</strong>fr<strong>on</strong>tés à des choix similaires même sibien évidemment chaque cas s’inscrit dansun c<strong>on</strong>texte régi<strong>on</strong>al et nati<strong>on</strong>al spécifique.Il s’agit dès lors d’appréhender la questi<strong>on</strong>régi<strong>on</strong>ale n<strong>on</strong> seulement à travers ceux quila posent explicitement – les militants régi<strong>on</strong>alistes– mais aussi à travers les sociétésde manière générale. C’est ainsi qu’explorantle cas bret<strong>on</strong>, le colloque a portén<strong>on</strong> seulement sur le mouvement bret<strong>on</strong>mais aussi sur la société bret<strong>on</strong>ne. Parrapport à l’engagement résistant, celle-cin’est apparue ni décalée ni en pointe parrapport aux autres régi<strong>on</strong>s françaises.Malgré les atouts indéniables d<strong>on</strong>t elledisposait, la Révoluti<strong>on</strong> nati<strong>on</strong>ale n’afinalement guère fait recette en Bretagne,


comme l’a rappelé Christian Bougeard.Jacqueline Sainclivier a dressé un bilanhistoriographique de la résistance en Bretagne.D’autres communicati<strong>on</strong>s <strong>on</strong>t évoquél’acti<strong>on</strong> de groupes ou de pans entiersde la société bret<strong>on</strong>ne depuis les catholiques(Yv<strong>on</strong> Tranvouez) et les protestants(Jean-Yves Carlier) jusqu’aux communistes(Franck Liaigre et Guy Haudebourg)et aux gaullistes. C’est évidemment l’engagementdes militants bret<strong>on</strong>s qui a leplus nourri la discussi<strong>on</strong>. Comment, partantd’un antifascisme précoce au sein duParti aut<strong>on</strong>omiste bret<strong>on</strong> et de la Ligue fédéralistede Bretagne, le mouvement a-t-ilpu aborder de faç<strong>on</strong> dispersée la Sec<strong>on</strong>deGuerre m<strong>on</strong>diale ? Plusieurs communicati<strong>on</strong>s(Jean-Jacques M<strong>on</strong>nier, MichelDenis) <strong>on</strong>t évoqué cette période douloureuse,m<strong>on</strong>trant à la fois la violence et laprof<strong>on</strong>deur de certains engagements dansla collaborati<strong>on</strong> et, pour certains déjà,dans la pré-collaborati<strong>on</strong>, t<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>is qued’autres <strong>on</strong>t préféré taire leurs sentimentsbret<strong>on</strong>s ou se tenir à l’écart. Le rôle desintellectuels (Daniel Le Couédic) est unefois de plus apparu comme un paramètreimportant pour mesurer la puissance desidentités régi<strong>on</strong>ales. Leur resp<strong>on</strong>sabilitéparticulière émergeait aussi en filigrane decette questi<strong>on</strong>. Mais l’analyse des comportementsne peut se faire sans accorder uneattenti<strong>on</strong> particulière à l’ensemble desprotag<strong>on</strong>istes : l’Etat français et ses tentativesde remodelage de la structure autourd’un nouvel échel<strong>on</strong>, la régi<strong>on</strong> (MarcOlivier Baruch), mais surtout l’attitudede l’occupant et plus particulièrement sesrapports avec le nati<strong>on</strong>alisme bret<strong>on</strong>(Li<strong>on</strong>el Boissou). Si raviver le nati<strong>on</strong>alismec<strong>on</strong>stitue un jeu subtil d<strong>on</strong>t l’occupantallem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> fera également en partieusage dans ses rapports avec le nati<strong>on</strong>alismeflam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>, il en va tout autrementdans le cas italien (Gianni Per<strong>on</strong>a). Lerégime de Mussolini a, au c<strong>on</strong>traire,c<strong>on</strong>tribué à l’effacement des identitésrégi<strong>on</strong>ales, poursuivant en cela la politiquede l’Etat libéral antérieur. C’est dèslors à la faveur de la résistance que lesrégi<strong>on</strong>s retrouvent une légitimité, unesituati<strong>on</strong> qui doit également être analyséeà la faveur de la chr<strong>on</strong>ologie des opérati<strong>on</strong>smilitaires.C’est bel et bien l’engagement du mouvementbret<strong>on</strong> dans la collaborati<strong>on</strong> quinourrit s<strong>on</strong> discrédit d’après-guerre. Laquesti<strong>on</strong> de l’épurati<strong>on</strong> demeure d’ailleurstrès sensible. Le fait d’avoir étémilitant bret<strong>on</strong> était-il un critère aggravantdans les procès ? Luc Capdevillane le pense pas. Il a cependant eu <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>tà faire pour en c<strong>on</strong>vaincre une partiedu public qui, quels que soient les résultatsde travaux scientifiques, demeurepersuadé que l’Etat a saisi cette occasi<strong>on</strong>pour se débarrasser du mouvement bret<strong>on</strong>.Un discours qui, vu de Belgique, apparaîtétrangement familier. Il est d’ailleursd’autres parallélismes entre mouvementsbret<strong>on</strong> et flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>. Mais, comme l’a signaléJosé Gotovitch, ce parallélisme sedoit d’être nuancé: l’attitude du mouvementbret<strong>on</strong> au cours de la Sec<strong>on</strong>deGuerre m<strong>on</strong>diale rappelle finalementplus l’attitude d’une partie du mouvementflam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> au cours… de la PremièreGuerre m<strong>on</strong>diale; en outre, en termes denombre, les quelque quinze cents adhérentsdu Parti nati<strong>on</strong>aliste bret<strong>on</strong> pèsentpeu en regard des milliers de membres duVNV. A l’instar de ce que des militantsflam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s <strong>on</strong>t pu croire, certains <strong>on</strong>t pensé,côté bret<strong>on</strong>, que la période était propiceà la c<strong>on</strong>solidati<strong>on</strong> du statut de la languebret<strong>on</strong>ne allant même jusqu’à déclarer,comme l’intellectuel bret<strong>on</strong> RoparzHem<strong>on</strong>, que la langue bret<strong>on</strong>ne étaitdevenue langue d’Etat. Là aussi, le terrainest sensible. Les resp<strong>on</strong>sables actuelsde l’Uni<strong>on</strong> culturelle bret<strong>on</strong>ne <strong>on</strong>t rappelé39 À l'étranger


40 À l'étrangercombien ils n’aimaient guère être comparésaux initiateurs des émissi<strong>on</strong>s en bret<strong>on</strong>qui <strong>on</strong>t sévi durant l’occupati<strong>on</strong>.La questi<strong>on</strong> des sensibilités régi<strong>on</strong>alesa également été évoquée pour des régi<strong>on</strong>smoins traditi<strong>on</strong>nellement nourriesd’aspirati<strong>on</strong> à l’aut<strong>on</strong>omie. AinsiFrançoit Marcot a m<strong>on</strong>tré combienl’appartenance franc-comtoise étaitsollicitée par la résistance dans unemesure inégalée jusqu’alors, sans quepour autant <strong>on</strong> puisse véritablementparler d’identité franc-comtoise. Le casde la Provence est également très révélateur.Comme le soulignait Jean-MarieGuill<strong>on</strong>, il y a d’une part une Provenceimaginaire nourrie du félibrige, a prioriplus proche du discours traditi<strong>on</strong>nalistede Vichy. Il y a d’autre part, une identitéprovençale, une langue de c<strong>on</strong>nivence,un espace régi<strong>on</strong>al partagé par de nombreuxrésistants. Ces résistants s<strong>on</strong>tégalement unis par un attachement auxvaleurs de la République, des valeursqui se nourrissent d’un passé opposantune Provence blanche à une Provencerouge. Le cas de l’Alsace (Alfred Wahl)est, lui, bien évidemment tout à fait particulier.Dès l’entre-deux-guerres, lesmouvements aut<strong>on</strong>omistes y disposentAttenti<strong>on</strong> !d’une assise importante mais éclatée etlà aussi <strong>on</strong> peut parler pour certainsnoyaux d’une pré-collaborati<strong>on</strong>. Laquesti<strong>on</strong> de l’épurati<strong>on</strong> y est égalementposée en termes sensibles: 20.000dossiers <strong>on</strong>t été ouverts et <strong>on</strong>t débouchésur 12.000 c<strong>on</strong>damnati<strong>on</strong>s, soit 1,2 %de la populati<strong>on</strong>. Le cas wall<strong>on</strong> (ChantalKesteloot) est singulier: d’abord parcequ’il n’y a pas de véritable mouvementde collaborati<strong>on</strong> inspiré par le mouvementwall<strong>on</strong> et ensuite parce que l’analysede ce mouvement pose une nouvellefois la questi<strong>on</strong> de la légitimité parrapport à des courants de résistance quise revendiquent bien plus du patriotismebelge et de l’antifascisme. Enfin, le casdu Pays basque est, lui, tout à faitparticulier. Severiano Rojo Hern<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>eza mis l’accent sur l’ambivalence permanented’un parti d<strong>on</strong>t les objectifs fluctuantss<strong>on</strong>t à la base de rapports de proximitéou d’hostilité et même d’hostilitéviolente avec le pouvoir en place quelqu’il soit, qu’il s’agisse des républicainsou des franquistes.Bref, un colloque et des discussi<strong>on</strong>squi n’<strong>on</strong>t bien évidemment pas épuiséle sujet. Les actes en ser<strong>on</strong>t, à n’en pasdouter, un intéressant prol<strong>on</strong>gement.Chantal KestelootSeuls ceux qui en <strong>on</strong>t fait la dem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e expresse (en nousrenvoyant le <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mulaire adéquat) <strong>on</strong>t reçu le Bulletin n° 36(Bulletin technique). Le prochain “Bulletin technique”(Bibliographie, acquisiti<strong>on</strong>s archives, bibliothèque etphotothèque...) portera le numéro 37bis et sera envoyéuniquement aux pers<strong>on</strong>nes inscrites.


Le colloque “Testing democracyat the margins” à VienneLe colloque “Testing democracy at themargins, a transatlantic dialogue <strong>on</strong>‘extremism’ in democracy”, qui s’estdéroulé à Vienne (Autriche) les 28 et 29juin 2001, avait été organisé par la secti<strong>on</strong>‘Public Affairs’ de l’ambassade des Etats-Unis. Ce n’était évidemment pas unhasard si l’Autriche de Haider avait étéchoisie comme point de chute pour unemanifestati<strong>on</strong> de ce type; le colloque enquesti<strong>on</strong> servit d’ailleurs de théâtre à l’unedes dernières prestati<strong>on</strong>s publiques del’ambassadeur Kathryn Hall, qui avait éténommée par l’administrati<strong>on</strong> Clint<strong>on</strong>.Six ateliers de discussi<strong>on</strong> avaient été prévus,avec un questi<strong>on</strong>nement c<strong>on</strong>cernantla démocratie libérale face à la tyrannie dela majorité, la restricti<strong>on</strong> des libertés civilesafin de combattre l’extrémisme, lespartis extrémistes et le système électoral,les stratégies politique, sociale et éc<strong>on</strong>omiquec<strong>on</strong>tre l’extrémisme, la cooptati<strong>on</strong>ou la marginalisati<strong>on</strong> des extrémismes et,enfin, les ‘valeurs occidentales’ et la démocratielibérale.Les membres de ces ateliers se recrutaientessentiellement parmi les politologuesaméricains, austro-allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s ou venantd’autres pays occidentaux mais il y avaitégalement des délégués d’instituti<strong>on</strong>s nati<strong>on</strong>aleset internati<strong>on</strong>ales attachés à la défensedes Droits de l’Homme, aux oeuvressociales, etc...., ainsi que des journalistes.Il n’est pas questi<strong>on</strong> de résumer ici lesdeux journées d’interventi<strong>on</strong>s dans lesateliers et de discussi<strong>on</strong>s avec la salle. Latendance générale était cependant visible:le public reçut la plupart du temps unmessage très idéaliste et politiquementcorrect, qui ne brillait pas par s<strong>on</strong> analysehistorique. On y insista beaucoup sur lesmérites du combat antiraciste, sur lesdroits des homosexuel(le)s et d’autresc<strong>on</strong>sidérati<strong>on</strong>s de ce type. Brillait par s<strong>on</strong>absence, une analyse multidisciplinaire surl’ascensi<strong>on</strong> de l’extrême droite, de mêmequ’un questi<strong>on</strong>nement sur nombre d’aspectsdes démocraties bourgeoises occidentales.On n’évoqua pas n<strong>on</strong> plus commeclés de compréhensi<strong>on</strong> éventuelles, lesincidences de l’éc<strong>on</strong>omie de marché et ducapitalisme. Bref, <strong>on</strong> en resta pour l’essentielà des problèmes de superstructures –pour utiliser un terme démodé. On citaévidemment des rapports de cause à effetpolitiques, culturels et ethniques intervenantdans la m<strong>on</strong>tée de l’extrême droite,mais <strong>on</strong> aurait peut-être pu, en l’occurrence,penser à la vieille boutade “qui neveut pas parler du capitalisme doit se tairesur le fascisme”. Sans en revenir auxthéories marxistes élémentaires sur lefascisme – agent du gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> Capital –, <strong>on</strong>aurait peut-être pu profiter de l’occasi<strong>on</strong>pour se livrer à une réflexi<strong>on</strong> critique surles c<strong>on</strong>séquences éventuelles de certaineéc<strong>on</strong>omie de marché dans la décompositi<strong>on</strong>des structures sociales.Quoi qu’il en soit, ces stratégies, pétriesde b<strong>on</strong>s sentiments mais <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>melles, discutéesau cours de ce colloque – finalementplus politique que scientifique – ne semblenten aucun cas suffisantes pour menerla lutte c<strong>on</strong>tre l’extrême droite. Cela vientpeut-être du fait qu’aucun historien n’avaitété invité dans les ateliers de discussi<strong>on</strong>...Dirk Martin41À l'étranger


42 À l'étrangerLa c<strong>on</strong>férence “Boundaries tofreedom: the cultural cold war inEurope, 1945-1960” à MiddelburgEn collaborati<strong>on</strong> avec le NIOD, notreinstituti<strong>on</strong>-sœur, et l’Associati<strong>on</strong> (néerl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>aise)d’Histoire du 20 e Siècle, le RooseveltStudy Center organisait les 18 et 19octobre derniers un colloque en langueanglaise particulièrement intéressant surle thème de la guerre froide “culturelle”(au sens large du terme) en Europe.Cinq <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>ums offraient l’occasi<strong>on</strong> d’enapprof<strong>on</strong>dir les aspects les plus importants:“Scripting the cold war”; “Organisingthe cold war”; “Politics of productivity”;“Opini<strong>on</strong> makers <str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> covert acti<strong>on</strong>”et “Cold war <str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> popular culture”. Lesdiscours introductifs, les exposés et lesdiscussi<strong>on</strong>s furent d’une haute tenuescientifique, ce qui n’a rien d’ét<strong>on</strong>nant,vu la qualité des historiens invités, entête desquels <strong>on</strong> trouvait l’éminence griseDavid Caute.W. Scott Lucas (Université de Birmingham)a commencé avec ce que devaientêtre sel<strong>on</strong> lui les thèmes d’une étude de cec<strong>on</strong>flit ‘culturel’ spécifique: la <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mati<strong>on</strong>d’un réseau mélangeant l’étatique et leprivé en vue de gagner la guerre froideen termes de lutte entre “ways of life”;la promoti<strong>on</strong> de l’idéologie américainecomme idéologie universelle, alors qu’auxUSA il ne venait même pas à l’esprit qu’ilpouvait s’agir d’une idéologie; le triptyqueEtat – média – public qui ne produisaitpas seulement de la propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>emais une véritable “culture” américainepour la justificati<strong>on</strong> de la politique extérieureUS.Deux exposés pratiques purent en illustrercertains aspects. Dans les “Femmesaméricaines et l’offensive soviétique de lapaix”, Helen Laville a approf<strong>on</strong>di le rôledes associati<strong>on</strong>s féminines américainesdans le combat engagé à l’enc<strong>on</strong>tre del’approche des Russes, qui essayaientd’élaborer une relati<strong>on</strong> à la paix spécifiqueaux femmes. De s<strong>on</strong> côté, DavidEllwood a évoqué la propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e entourantle plan Marshall en Italie, laquelleéchoua complètement sur le plan duchangement des habitudes et des pratiquesde larges couches de la populati<strong>on</strong>,mais devint bel et bien un modèle pourl’establishment.Marc Lazar (Université Paris X) a présentéla “culture de guerre froide” des PCitalien et français au sein du <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>um “Organisingthe cold war”. D’un point de vuecomparatif, le PCI a davantage essayé demarquer l’idéologie et la propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e des<strong>on</strong> t<strong>on</strong> propre, n<strong>on</strong> parce qu’il ne s’inscrivaitpas dans la ligne soviétique, mais parceque le PCI voulait éviter la ghettoïsati<strong>on</strong>,ce que le PCF ne craignait pas desubir.Au cours des exposés suivants, RichardAldrich s’est c<strong>on</strong>centré sur la soi-disantguerre de l’in<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mati<strong>on</strong> du “CulturalRelati<strong>on</strong>s Department” britannique, etValérie Aubourg sur l’organisati<strong>on</strong> del’atlantisme dans “Bilderberg et l’Institutatlantique”. Le CRD, qui s’était occupépendant la guerre des c<strong>on</strong>tacts culturels etintellectuels interalliés, se développa en


une machine de guerre cl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>estine destinéeà endiguer les influences soviétiquesdans le m<strong>on</strong>de des fédérati<strong>on</strong>s, des festivalset des mouvements internati<strong>on</strong>aux(surtout sur le plan culturel et sur celuide la jeunesse). Le groupe Bilderberg etl’Atlantic Institute – tous deux financéspar la f<strong>on</strong>dati<strong>on</strong> Ford – s’essayèrent àpréparer les élites européennes et américainesà une communauté atlantique; leurplus gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> succès survint dans les annéessoixante, lorsqu’ils parvinrent à limiterla prise de distance de l’establishmentgaulliste en France.Le <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>um “Politics of productivity” a faitentrer en ligne de compte un autre aspect,présenté par Anth<strong>on</strong>y Carew (Universitéde Manchester) dans s<strong>on</strong> exposé introductifsur la politique de productivité et lapolitique anticommuniste dans le c<strong>on</strong>textedes USA et du mouvement internati<strong>on</strong>aldes travailleurs. Le CIO (American C<strong>on</strong>gressof Industrial Organisati<strong>on</strong>s) a jouéun gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> rôle dans les tentatives d’élévati<strong>on</strong>du niveau de productivité en Europe.A l’occasi<strong>on</strong> d’un projet-pilote entreprisen ce sens avec les syndicats européensn<strong>on</strong> communistes, le CIO avait d’ailleursmis l’accent sur les techniques de négociati<strong>on</strong>ssalariales collectives, ce que leshautes instances de l’administrati<strong>on</strong>Marshall et surtout les cercles patr<strong>on</strong>auxeuropéens avaient en fait peu apprécié.Carew m<strong>on</strong>tra que l’approche plus directementanticommuniste de l’AmericanFederati<strong>on</strong> of Labour (AFL) était un élémentimportant de la c<strong>on</strong>currence avec leCIO pour l’attributi<strong>on</strong> des allocati<strong>on</strong>s gouvernementalesau profit de leurs programmesrespectifs développés autour de l’aspect‘travail’ du plan Marshall.Nina Fischman et Till Geiger présentèrentdes exposés complémentaires au sujetd’une part de la réacti<strong>on</strong> des syndicatsbritanniques à l’égard de la politique deproductivité, et d’autre part de l’emploide nouvelles techniques d’analyse pourl’établissement des revenus nati<strong>on</strong>aux(“nati<strong>on</strong>al income analysis”). L’effet anticommunistede la politique de productivitésemble limité, sel<strong>on</strong> Fischman, d’abordparce qu’elle était déjà devenue la normedans l’industrie de guerre britannique,ensuite du fait de l’optique quasi “artisanale”dans laquelle se situait un certainnombre de trade-uni<strong>on</strong>s. Geiger poursuivitsur la lancée en évoquant les antécédentsde l’introducti<strong>on</strong> du “nati<strong>on</strong>alincome analysis” américain en Europe.L’emploi de celui-ci avait pour but decoord<strong>on</strong>ner le réarmement occidental,mais au-delà de ce but direct, l’introducti<strong>on</strong>sous la pressi<strong>on</strong> américaine – vial’Organisati<strong>on</strong> de Coopérati<strong>on</strong> éc<strong>on</strong>omiqueeuropéenne – d’un système de comptenati<strong>on</strong>al st<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ardisé devait aider à intégrerl’Europe dans la politique américaine.Le dessein caché des Américains étaitde manière plus manifeste encore au programmedu <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>um abordant la questi<strong>on</strong>des faiseurs d’opini<strong>on</strong> et de l’acti<strong>on</strong> cl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>estine.L’exposé introductif de FrancesSaunders (absente, journaliste au NewStatesman) s’étendait sur le fait que laCIA, entre autres via l’allocati<strong>on</strong> secrètede f<strong>on</strong>ds par le soi-disant C<strong>on</strong>gress <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>Cultural Freedom (CCF), menait par lebout du nez un gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> nombre d’intellectuelsouest-européens (notamment degauche n<strong>on</strong> communiste). Cette visi<strong>on</strong> aété mise en doute dans l’exposé de HughWil<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>d, qui étudiait plus spécifiquementla gauche britannique et la CIA. Fort d’uncertain nombre d’exemples, il attira l’attenti<strong>on</strong>sur le fait que la CIA finançait eneffet cercles, revues, etc. de la gaucheintellectuelle britannique, mais que ceuxci,à la gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e frayeur des Américains,suivaient leur propre voie et que l’utilisa-À l'étranger43


44 À l'étrangerti<strong>on</strong> “propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>iste” de ces cercles nerép<strong>on</strong>dit pas du tout à leurs attentes.Ingenborg Philipsen apporta sa pierre àl’édifice en évoquant le rejet<strong>on</strong> du CCF auDanemark, la Society <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g> Freedom <str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>Culture, qui était plus soucieuse de propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>epolitique et de pêche à l’in<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mati<strong>on</strong>que d’influence culturelle – cequi n’était guère ét<strong>on</strong>nant, le dirigeant decelle-ci étant le chef d’un service secretprivé, étroitement lié au service de renseignementsdanois. Tity De Vries traita lecas néerl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ais, ou plutôt le n<strong>on</strong>-cas, carle CCF ne s’installa jamais aux Pays-Basmalgré le fait que le pays figurait parmiles plus fidèles alliés des Américains.Elle l’expliqua notamment par le manqued’engagement politique des écrivains etdes artistes, l’absence de débat public etla percepti<strong>on</strong> négative de la cultureaméricaine.En guise d’ouverture au dernier <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>um,portant sur la guerre froide et la culturepopulaire, Jessica Gienow-Hecht (Universitéde Harvard) nous fit un exposésur “La culture et la guerre froide”, eninsistant sur le fait qu’en réalité, “l’exportati<strong>on</strong>culturelle” (américaine) et la “propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>eculturelle” <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>maient un groupeparticulièrement hétérogène d’acti<strong>on</strong>s, demotivati<strong>on</strong>s et de pers<strong>on</strong>nes, dépendant oun<strong>on</strong> du gouvernement. Elle a par ailleursétabli dans sa recherche que la propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ede guerre froide stimulait toutautant la “haute” culture (la politiquemusicale américaine en Allemagne,par exemple, en revenait à des c<strong>on</strong>tactsexistant depuis le 19 e siècle), qu’elle enmanipulait les représentati<strong>on</strong>s.David M<strong>on</strong>od et Hugo Frey présentèrentdans ce c<strong>on</strong>texte deux études decas, respectivement celui de Porgy <str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>Bess en tant que propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e de guerrefroide, et celui de la récepti<strong>on</strong> de Hitchcockdans la France de la guerre froide.Porgy <str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> Bess – cofinancé par le Départementd’Etat – fit une tournée européennede 1952 à 1956, URSS incluse, diffusantle message sous-jacent qu’aux Etats-Unis,les noirs n’étaient pas c<strong>on</strong>sidérés commecitoyens de sec<strong>on</strong>de z<strong>on</strong>e. De même, lesfilms de Hitchcock <strong>on</strong>t évidemment jouéun rôle dans l’attracti<strong>on</strong> exercée parl’Amérique sur les Français.On le c<strong>on</strong>state, Middelburg nous aoffert une analyse à froid de l’influence“culturelle” tant cl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>estine que transparentedes USA, en Europe de l’Ouest,de s<strong>on</strong> caractère disparate et du (manquede) succès de ces entreprises. Un trèsb<strong>on</strong> colloque d<strong>on</strong>c, combinant dans sadiffusi<strong>on</strong> de recherches récentes qualitéd’expressi<strong>on</strong> et caractère scientifique, letout dans le cadre d’une problématiqueparticulièrement intéressante. Les Actesdu colloque se devr<strong>on</strong>t d’être d’aussib<strong>on</strong>ne facture, tout autant qu’un sec<strong>on</strong>dcolloque prévu, qui devrait aborderdavantage la problématique du point devue soviétique.Dirk MartinNB: Ceux qui désireraient en savoir plus au sujet du RSC peuvent c<strong>on</strong>sulter s<strong>on</strong> site:http:\\www.roosevelt.nl


La Caisse des Dépôts etC<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>s, la Sec<strong>on</strong>de Guerrem<strong>on</strong>diale et le 20 ème siècleÀ l'étrangerAu cours de la décennie écoulée, laCaisse des Dépôts et C<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>s fut,à plusieurs reprises, interpellée par desmembres de la communauté juive française.S<strong>on</strong> rôle dans la spoliati<strong>on</strong> des Juifsde France avait jusqu’alors été largementocculté. Devançant la vol<strong>on</strong>té politique,la Caisse des Dépôts et C<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>sdécida, en 1996, de se livrer à s<strong>on</strong> propreexamen de c<strong>on</strong>science. Elle se dota pourse faire des moyens matériel et humainnécessaires, recrutant entre autres, pourcinq ans, des archivistes, des éc<strong>on</strong>omisteset des historiens.Le colloque qui s’est tenu les 28, 29 et 30novembre dernier, à Paris, est le résultatdu travail accompli par cette équipe, audépart des archives de l’instituti<strong>on</strong>, préalablementcollati<strong>on</strong>nées. Ces travaux, publiéssous le titre La spoliati<strong>on</strong> antisémitesous l’Occupati<strong>on</strong>: c<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>s et restituti<strong>on</strong>s1 , complètent <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>t à propos le Rapportgénéral dressé par la Missi<strong>on</strong> d’étudesur la spoliati<strong>on</strong> des Juifs de France,communément appelée Missi<strong>on</strong> Mattéoli.Les interventi<strong>on</strong>s du 28 novembre furentsurtout centrées sur le statut et le f<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>nementd’une instituti<strong>on</strong>, qui devraitfêter s<strong>on</strong> bicentenaire dans une quinzained’années. En rais<strong>on</strong> de leur approchefranco-française, elles ne présentaientqu’un intérêt limité pour un publicétranger.Les communicati<strong>on</strong>s du lendemain sefocalisèrent sur la Sec<strong>on</strong>de Guerrem<strong>on</strong>diale et le rôle particulier remplipar la Caisse des Dépôts et C<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>sau cours de l’occupati<strong>on</strong>. De 1941à 1944, elle servit en effet de réceptacleau produit de la liquidati<strong>on</strong> des biens,mobiliers et immobiliers, c<strong>on</strong>fisquésaux Juifs. Sylvain Manville et Pierre-Yves Aigrault décrivirent les modalitésdu pillage organisé à la lumière del’amende du milliard (1941-1942) etdes biens saisis sur les internés deDrancy. L’implicati<strong>on</strong> d’un organismed’Etat dans le processus de spoliati<strong>on</strong>,fait unique en Europe, soulevait biendes questi<strong>on</strong>s quant à la neutralité,réelle ou supposée, de cet organisme.En d’autres termes, la Caisse, brasséculier de l’Etat, fut-elle un instrumentinc<strong>on</strong>scient de la spoliati<strong>on</strong>,comme elle le prétendit après-guerre ?Alya Aglan analysa <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>t brillammentla situati<strong>on</strong>: elle échafauda la théoriedu rouage neutre, à laquelle se rallia,entre autres, Philippe Verheyde, qui1CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS, La spoliati<strong>on</strong> antisémite sous l’Occupati<strong>on</strong>: c<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>s etrestituti<strong>on</strong>s. Rapport définitif, Paris, 2002.45


46 À l'étrangerse c<strong>on</strong>centra sur les modalités derestituti<strong>on</strong>s et de réparati<strong>on</strong>s aprèsguerre.L’instituti<strong>on</strong>, en d’autres circ<strong>on</strong>stancesjalouse de s<strong>on</strong> aut<strong>on</strong>omie statutaire, setrans<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>ma en ‘exécutante passive’ desinj<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>s de Vichy. Elle se mua, parlà même, en outil dévoyé au servicede l’Etat: prélevant ici, soldant là, elledérogea à s<strong>on</strong> devoir de protecti<strong>on</strong>c<strong>on</strong>tre la rapacité publique, des f<strong>on</strong>dsqui lui avaient été c<strong>on</strong>fiés. Pour sadéfense, l’instituti<strong>on</strong> se présenta commele bouclier – factice – épargnant, dansle même temps, le patrimoine individuelet collectif c<strong>on</strong>voité par l’occupant.La collaborati<strong>on</strong> d’Etat qui s’instauraentre le Reich et l’Etat français futévidemment à l’origine de cetteperversi<strong>on</strong> du rôle de la Caisse. MichelMargairaz enchaîna tout naturellementpar une réflexi<strong>on</strong> sur la collaborati<strong>on</strong>financière et évoqua les avantagesque l’Etat et l’instituti<strong>on</strong> avaient à ytrouver, notamment en matière desouscripti<strong>on</strong> de c<strong>on</strong>trat d’assurance –thématique développée par MagaliRenard.Les c<strong>on</strong>tributi<strong>on</strong>s du surlendemainévoquèrent la situati<strong>on</strong> dans les différentspays impliqués dans un processus dedésenjuivement de l’éc<strong>on</strong>omie et de lasociété – l’Italie (Marie-Anne Matard-B<strong>on</strong>ucci), la Belgique (Jean-PhilippeSchreiber), les Pays-Bas (GerardAalders), l’Allemagne (ChristopherKopper), et accessoirement la Suisse(Marc Perrenoud) – et tentèrent, dansla mesure du possible, d’établir un parallèleavec la situati<strong>on</strong> française.Ce colloque a mis en évidence la richessedes archives de la Caisse des Dépôts etC<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>s, et a permis de mesurerles ef<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>ts c<strong>on</strong>sentis par cette dernièreen vue de leur c<strong>on</strong>servati<strong>on</strong> et de leurexploitati<strong>on</strong>. Le travail accompli en sesmurs, qu’il s’agisse du traitement scientifiqueou in<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>matique des d<strong>on</strong>nées exhumées,c<strong>on</strong>stitue une étape importantedans un processus de restituti<strong>on</strong> plus largeengagé par l’Etat français.Anne GodfroidAnne Godfroid a travaillé au <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> pour une période de trois mois, dansle cadre du projet “Les chemins de la mémoire” initié par le Mémorial deCaen. Engagée depuis par le Musée royal de l’Armée et d’Histoiremilitaire, elle finalisera néanmoins, en parallèle, ce projet internati<strong>on</strong>al.Nous lui souhait<strong>on</strong>s b<strong>on</strong>ne route !


Krieg – Kriegserlebnis – Kriegserfahrungin Deutschl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> 1914-1945.Vergleichende Aspekte einer deutschenMilitär- und Erfahrungsgeschichtein den beiden WeltkriegenPotsdam, 13-15 mars 2001Ces dernières années, l’historiographiemilitaire classique allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e a été attaquéede divers côtés. Ainsi la Wehrmachtsausstellungde 1995, organisée par leHamburger Institut für Sozial<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>schung,m<strong>on</strong>trait l’implicati<strong>on</strong> de l’armée allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>edans une guerre d’exterminati<strong>on</strong>.Par ailleurs, de jeunes historiens <strong>on</strong>tplaidé pour un renouvellement approf<strong>on</strong>dide l’histoire militaire 1 . A leursyeux, les recherches doivent s’orienterrésolument vers les expériences du“soldat ordinaire”. Le succès de cecourant transparaît aussi dans le faitque même le MilitärgeschichtlichesForschungsamt (MGFA), jadis un pilierd’une approche plus traditi<strong>on</strong>nelle del’histoire militaire, n’est pas resté insensibleà cette approche; le titre du colloque“Krieg - Kriegserlebnis - Kriegserfahrungin Deutschl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> 1914-1945. VergleichendeAspekte einer deutschen Militär- undErfahrungsgeschichte in den beidenWeltkriegen” d<strong>on</strong>t il fut l’organisateur, entémoigne déjà. Par là, le MFGA rec<strong>on</strong>naîtaussi implicitement le lien qui existe entreles deux guerres. Les thèses de Fischersemblent d<strong>on</strong>c avoir été enfin acceptéesimplicitement par les représentants del’armée allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e. Le colloque se déroulaità Potsdam où le MFGA s’est récemmentinstallé et présentait un programmecopieux, composé de c<strong>on</strong>tributi<strong>on</strong>s dequalités diverses.La première secti<strong>on</strong> était c<strong>on</strong>sacrée à laquesti<strong>on</strong> de savoir si l’aspect totalitairedes deux guerres m<strong>on</strong>diales pourraitc<strong>on</strong>stituer l’élément fédérateur pourl’étude de la première moitié du XXesiècle. Bruno Thoss (MGFA) a plaidépour l’utilisati<strong>on</strong> du terme de violencecomme élément fédérateur d’une nouvelleapproche de la guerre. Rolf-Dieter Müller de s<strong>on</strong> côté proposa unc<strong>on</strong>cept plus classique, celui de la“guerre totale”.La deuxième secti<strong>on</strong> était c<strong>on</strong>sacréeaux soldats. Tenant compte de l’intérêtgr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>issant pour l’histoire des marginaux(cfr dernier numéro de 14-18. Aujourd’hui- Today - Heute, la revue de l’Historial),Christophe Jahr (HU-Berlin) a analyséle phénomène de la déserti<strong>on</strong> pendantles deux guerres. La radicalisati<strong>on</strong> qu’il1Thomas KÜHNE & Benjman ZIEMANN (dir.), Was ist Militärgeschichte ?, Paderborn [e.a.], 2000.47 À l'étranger


48 À l'étrangerrelève au niveau des c<strong>on</strong>damnati<strong>on</strong>s à mortpour déserti<strong>on</strong> (1914-18: 48; 1945: envir<strong>on</strong>15.000) n’est cependant pas directementliée à la présence des nati<strong>on</strong>auxsocialistes,comme <strong>on</strong> pourrait le penser.Pour bien expliquer ce phénomène, il faut,sel<strong>on</strong> Jahr, se pencher sur la soi-disantculpabilité du m<strong>on</strong>de judiciaire dans lefameux “poignard dans le dos”. En effet,dans les années vingt, l’idée que l’inertiedes juges à l’égard des troubles dansl’armée allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e a c<strong>on</strong>tribué à la défaitecommence à faire s<strong>on</strong> chemin. Pour éviterle même reproche pendant la Sec<strong>on</strong>deGuerre m<strong>on</strong>diale, les instituti<strong>on</strong>s judiciairesse m<strong>on</strong>trèrent particulièrement sévères.La populati<strong>on</strong> civile était le thèmede la troisième secti<strong>on</strong>. Ute Daniel (TU-Braunschweig) y a présenté la c<strong>on</strong>tributi<strong>on</strong>la plus intéressante. Elle s’est livréeà une analyse sexuée du Fr<strong>on</strong>t et duHeimatfr<strong>on</strong>t. Toutes les c<strong>on</strong>tributi<strong>on</strong>sc<strong>on</strong>cernant l’occupati<strong>on</strong> dém<strong>on</strong>trentqu’une analyse comparative des deuxguerres reste un exercice difficile. L’absencede fil rouge a rendu la comparais<strong>on</strong>entre la Belgique (Pierre Lierneux -ERM), le Nord de la France (LudgerTewes - Universität Bochum), la Pologne(Cezary Krol - Académie des Sciences)et la Biélorussie (Bernhard Chiari - MGFA) impossible. Les c<strong>on</strong>tributi<strong>on</strong>s de ladernière secti<strong>on</strong> étaient très diverses.C’est principalement la très fine analysec<strong>on</strong>ceptuelle de la littérature relative à“guerre et violence” de Benjamin Ziemann(Universität Bochum) qui a retenul’attenti<strong>on</strong>. Le colloque s’est clôturé partrois c<strong>on</strong>tributi<strong>on</strong>s sur le travail demémoire de l’expérience de guerre dans lalittérature, la peinture et le film.Quelles c<strong>on</strong>clusi<strong>on</strong>s peut-<strong>on</strong> tirer de cecolloque pour l’historiographie belge ?D’abord que l’étude comparative del’histoire des guerres en Belgique en estencore à ses premiers balbutiements. Orle fait excepti<strong>on</strong>nel que la Belgique aitété occupée à deux reprises pendant unel<strong>on</strong>gue période, suscite un vif intérêt enAllemagne. On peut d’ailleurs y ajouterque la recherche sur la Belgique pendantla Première Guerre m<strong>on</strong>diale a c<strong>on</strong>nurécemment un <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>t regain d’intérêt outre-Rhin. Un ef<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>t s’impose d<strong>on</strong>c aussi ducôté belge.Ensuite, la nouvelle histoire militaireallem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e peut être une source d’inspirati<strong>on</strong>pour l’historiographie militaireen Belgique. L’histoire de l’expériencedu fr<strong>on</strong>t reste encore à écrire; le casbelge, spécifique par rapport aux autrespays, nécessite une attenti<strong>on</strong> particulière.Le thème de la relati<strong>on</strong> entre le fr<strong>on</strong>tet le fr<strong>on</strong>t intérieur est encore en friche.Le phénomène de la déserti<strong>on</strong> a étéessentiellement analysé dans le cadredu flamingantisme. Des sujets tels quel’ennui au fr<strong>on</strong>t ou la réintégrati<strong>on</strong> dessoldats dans la société civile s<strong>on</strong>t àpeine étudiés. Espér<strong>on</strong>s que l’inventorisati<strong>on</strong>en cours au Musée Royalde l’Armée de f<strong>on</strong>ds importants jusqu’icifermés, va susciter un nouvelintérêt pour l’histoire militaire enBelgique. En effet, si les historiensmilitaires belges prennent leurs distancesd’une “histoire bataille” et s’oriententrésolument vers une histoire des“expériences” (Erfahrungsgeschichte)des militaires, cette discipline historiquea encore un bel avenir devant elle.Benoît Majerus et Anto<strong>on</strong> Vrints


European Science Foundati<strong>on</strong> –Groupe de travail “The Structuresof daily Life”Ox<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>d, septembre 2001La European Science Foundati<strong>on</strong> peutêtre comparée au F<strong>on</strong>ds nati<strong>on</strong>al de laRecherche scientifique ou au F<strong>on</strong>ds voorWetenschappelijk Onderzoek Vla<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>eren;l’organisati<strong>on</strong> finance des projets de rechercheeuropéens à moyen terme, projetsauxquels participent des chercheurs issusde divers pays d’Europe occidentale etorientale. Un des projets en cours ensciences humaines porte sur “L’occupati<strong>on</strong>en Europe: l’impact des régimesnati<strong>on</strong>al-socialiste et fasciste”. Au seindes différents groupes de travail (“Teams”),<strong>on</strong> analyse l’impact à l<strong>on</strong>g terme de l’occupati<strong>on</strong>sur les sociétés des divers pays.Ces groupes de travail abordent les thèmessuivants: “La lutte pour la légitimitéen politique et en culture”, “La c<strong>on</strong>tinuitédes églises”, “Le développement deséc<strong>on</strong>omies locales”, “Les migrati<strong>on</strong>s”,“La persécuti<strong>on</strong> et l’exterminati<strong>on</strong> desjuifs”, “Les structures de la vie quotidienne”.C’est à ce dernier groupe detravail que nous av<strong>on</strong>s participé.Ce groupe a tenu une première renc<strong>on</strong>treà Ox<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>d du 6 au 9 septembre 2001. Desparticipants venus de Grèce, des Pays-Bas, de Gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e-Bretagne, de France, deTchéquie, de Pologne, du Danemark etde Belgique <strong>on</strong>t abordé diverses facettesde la vie quotidienne entre 1940 et 1942:la violence c<strong>on</strong>tre les femmes, la viequotidienne dans les régi<strong>on</strong>s industrielles,les activités de résistance, la publicité,l’applicati<strong>on</strong> du droit pénal allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>dans les régi<strong>on</strong>s occupées. La questi<strong>on</strong>des sources à utiliser pour des recherchesportant sur la vie quotidienne a égalementété évoquée (presse cl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>estine, messagespublicitaires dans les journaux).Malgré la diversité des thèmes, une sériede questi<strong>on</strong>nements communs se s<strong>on</strong>tdessinés. Ainsi, il est clair que la dimensi<strong>on</strong>politique ne peut être sous-estimée:la c<strong>on</strong>tinuité (ou n<strong>on</strong>) des structures del’Etat et le rôle (nouveau) des élites(locales) <strong>on</strong>t été lourds de c<strong>on</strong>séquences.La rec<strong>on</strong>figurati<strong>on</strong> des relati<strong>on</strong>s socialesfera également l’objet d’autres recherches.La pénurie a été un catalyseur importanten la matière. Les relati<strong>on</strong>s transitaientpar des règles <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>melles et in<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>melles,surtout en ce qui c<strong>on</strong>cerne les rapportsavec l’occupant. Ces règles étaient n<strong>on</strong>seulement élaborées par les pouvoirspublics mais aussi par les communautés(locales). Des groupes de travail ser<strong>on</strong>torganisés au cours des prochaines annéesautour de ces thèmes. Ces travaux déboucher<strong>on</strong>tsur une publicati<strong>on</strong>; la prochaineréuni<strong>on</strong> de travail aura lieu enseptembre 2002.Dirk Luyten49 À l'étranger


50 À l'étrangerPar-delà les fr<strong>on</strong>tièresnati<strong>on</strong>ales et académiquesLe colloque de B<strong>on</strong>dues du 20 octobre 2001Il semble parfois que les fr<strong>on</strong>tièresnati<strong>on</strong>ales c<strong>on</strong>diti<strong>on</strong>nent davantage lescadres de la recherche historique que lanature des phénomènes étudiés. Le Nordde la France ne fait pas excepti<strong>on</strong> à cetterègle, puisque sa situati<strong>on</strong> a bien souventprésenté davantage de similitudes avecla Belgique (ou certaines de ses parties,comme le Hainaut) qu’avec l’ensemble dela France. Et ce fut particulièrement le casau cours de la Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale,comme nous l’a rappelé le colloque tenule 20 octobre dernier, à B<strong>on</strong>dues, près deTourcoing. En organisant ce colloque,intitulé “L’engagement dans la Résistancedans l’Europe du Nord-Ouest”, la communede B<strong>on</strong>dues et l’Université de Lille-3<strong>on</strong>t essayé de c<strong>on</strong>tribuer à l’analyse duphénomène par d’autres biais que celuide l’histoire strictement nati<strong>on</strong>ale.Différentes interventi<strong>on</strong>s <strong>on</strong>t m<strong>on</strong>trécombien les variables régi<strong>on</strong>ales <strong>on</strong>t puintervenir dans l’entrée en Résistance.Le souvenir de la première occupati<strong>on</strong>,le rattachement administratif par lesAllem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s à la Belgique, la proximitégéographique de la Gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e-Bretagne, liésaux spécificités socio-éc<strong>on</strong>omiques, <strong>on</strong>tfaç<strong>on</strong>né la m<strong>on</strong>tée du refus. Le cas despaysans et celui des universitaires <strong>on</strong>t étéplus spécialement approf<strong>on</strong>dis. Ce derniers’appuyait d’ailleurs sur une comparais<strong>on</strong>avec l’exemple, bien c<strong>on</strong>nu chez nous, desuniversités belges. Notre collègue FabriceMaerten a ren<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>cé cette perspective comparativepar un exposé sur la problématiquedu Hainaut, une province à la foisindissociable du c<strong>on</strong>texte belge, et trèsproche, géographiquement et socio-éc<strong>on</strong>omiquement,des départements septentri<strong>on</strong>aux.Deux exposés, le premier portantsur la z<strong>on</strong>e sud et le sec<strong>on</strong>d, plus original,sur la Lorraine, <strong>on</strong>t encore ren<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>cé l’idéede développements régi<strong>on</strong>aux d’autantplus accentués qu’ils se produisent dansune France administrativement éclatée.Associé à une petite expositi<strong>on</strong>, ce colloques’adressait à un public particulièrement‘métissé’, mélange d’historiensprofessi<strong>on</strong>nels et d’enseignants, d’amateursd’histoire et d’anciens résistants.Les communicati<strong>on</strong>s étaient entrecoupéesde témoignages de ces derniers. Si ceuxcif<strong>on</strong>t parti du lot quotidien des membresde la professi<strong>on</strong>, ils n’en fournirent pasmoins autant d’apports vécus aux c<strong>on</strong>sidérati<strong>on</strong>splus théoriques des historiens,susceptibles de c<strong>on</strong>tribuer à l’intérêt d’unpublic débordant largement le cénaclerestreint de la recherche scientifique.Un type de manifestati<strong>on</strong> peu encline àengendrer des débats épiques entre spécialistesde questi<strong>on</strong>s pointues, mais quic<strong>on</strong>tribuera à sa manière à combler lefossé parfois trop large entre ceux-ci etun plus large public.Emmanuel Debruyne


Le travail obligatoire en FranceUn colloque à CaenLes 13, 14 et 15 décembre 2001, sedéroulait au célèbre Mémorial de Caen,un colloque internati<strong>on</strong>al sur le thème“La main-d’œuvre française exploitée parle IIIème Reich”. Il s’agissait d’une initiativede la Fédérati<strong>on</strong> nati<strong>on</strong>ale desRescapés et Victimes des Camps nazisdu Travail <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>cé, qui après des années dedémarches difficiles et souvent pénibles,reçut l’appui d’importantes instancespolitiques et scientifiques françaises.Trois journées durant, presque tous lesaspects de la mise au travail en Allemagnenazie furent examinés sous la loupeavec, bien entendu, un accent spécialsur l’implicati<strong>on</strong> des Français dans cerecrutement de <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>ces de travail paneuropéen.Tant les répercussi<strong>on</strong>s du STO(Service du Travail obligatoire) au niveaurégi<strong>on</strong>al qu’au niveau nati<strong>on</strong>al furentapprof<strong>on</strong>dies. Les discussi<strong>on</strong>s qui clôturaientchaque sessi<strong>on</strong> n’étaient passeulement le fait de scientifiques, maisétaient aussi truffées de témoignagesd’anciens travailleurs <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>cés français.Ils firent part, souvent d’une manièretrès émotive, de leurs expériences etexpliquèrent leurs sentiments d’indignati<strong>on</strong>c<strong>on</strong>cernant leur n<strong>on</strong>-rec<strong>on</strong>naissanceen tant que déportés. En France, ilss<strong>on</strong>t en effet souvent encore c<strong>on</strong>sidéréscomme des patriotes de sec<strong>on</strong>d rang.Les c<strong>on</strong>tacts in<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mels dans les coulissesc<strong>on</strong>duisirent également à un échanged’idées plus approf<strong>on</strong>di sur des sujetsc<strong>on</strong>troversés qui n’avaient pas étécomplètement débroussaillés durantles sessi<strong>on</strong>s, et à quelques rendez-vousintéressants. Ainsi par exemple, aprèsla séance c<strong>on</strong>sacrée au travail obligatoireen Europe, <strong>on</strong> s’est mis d’accordsur le principe d’organiser en 2002 ou2003 une journée d’étude ou un colloqued<strong>on</strong>t le fil c<strong>on</strong>ducteur sera basésur une approche comparative du travailobligatoire en Europe de l’Ouest.Frans Selleslagh51 À l'étranger


52 En BelgiqueVoorwaarts au Parlement flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>En septembre 1999, paraissait dans lapresse flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e un appel sous le titreVoorwaarts maar niet vergeten (Dépassésans être oublié). Cet appel se situait dansle c<strong>on</strong>texte de l’après décret Suykerbuyk,décret qui, rappel<strong>on</strong>s-le, avait été cassépar la Cour d’Arbitrage. Il émanait d’ungroupe d’intellectuels flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s, au nombredesquels <strong>on</strong> retrouvait plusieurs historiens.Tout en c<strong>on</strong>damnant fermementla collaborati<strong>on</strong> c<strong>on</strong>sidérée comme “undéraillement du mouvement d’émancipati<strong>on</strong>politique”, ces intellectuels voulaienttourner la page n<strong>on</strong> pas en oubliant lepassé mais en tendant à la clémence. Cettepremière initiative a été suivie, un an plustard, du célèbre “pard<strong>on</strong> historique” pr<strong>on</strong><strong>on</strong>céen août 2000 par Frans-Jos Verdoodtà la tribune du pèlerinage de l’Yser.Il s’agissait d’un pard<strong>on</strong> lancé pour lesfautes, les erreurs d’appréciati<strong>on</strong> et lesmauvaises alliances scellées il y a prèsde 60 ans par une partie du nati<strong>on</strong>alismeflam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>.Dès sa créati<strong>on</strong>, les objectifs du groupeVoorwaarts furent, entre autres, d’approf<strong>on</strong>dirla réflexi<strong>on</strong> sur le thème de la “réc<strong>on</strong>ciliati<strong>on</strong>”et d’entrer en c<strong>on</strong>tact avecdes francoph<strong>on</strong>es. Ces c<strong>on</strong>tacts <strong>on</strong>t trouvéune première c<strong>on</strong>crétisati<strong>on</strong> lors d’unejournée d’étude au Parlement flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>le 9 juin dernier 1 . Cette manifestati<strong>on</strong> abénéficié d’un écho médiatique particulierqui tenait à la fois aux circ<strong>on</strong>stances, aulieu de la réuni<strong>on</strong> et au discours de clôture.Quelques semaines auparavant, JohanSauwens, ministre du gouvernementflam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>, avait été c<strong>on</strong>traint de démissi<strong>on</strong>nersuite à sa présence remarquée à uneréuni<strong>on</strong> du Sint-Maartensf<strong>on</strong>ds, uneorganisati<strong>on</strong> d’anciens vol<strong>on</strong>taires dufr<strong>on</strong>t de l’Est. Peu avant le 9 juin, legroupe Voorwaarts avait, quant à lui,reçu le prix du gouvernement flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>.Plusieurs orateurs se s<strong>on</strong>t succédé à latribune. Le groupe Voorwaarts lui-mêmea été présenté par Jan Debrouwere aprèsqu’Herman Balthazar ait introduit lajournée. La communicati<strong>on</strong> la plus remarquéea sans c<strong>on</strong>teste été celle de BrunoDe Wever qui a clairement resitué laperspective: le passé n’est pas le champexclusif de l’historien académique mêmesi toutes les approches du passé ne sevalent pas. L’historien a des resp<strong>on</strong>sabilitéssociales et c’est à ce titre qu’uncertain nombre se retrouvent dans legroupe Voorwaarts. C<strong>on</strong>cernant l’histoirede la Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale, il a, unefois de plus, rappelé l’importance et levolume des études c<strong>on</strong>sacrées à cettequesti<strong>on</strong> et la visi<strong>on</strong> somme toute assezc<strong>on</strong>sensuelle au sein du m<strong>on</strong>de scientifiquesur nombre de thèmes délicats,ce qui n’exclut pas le débat. Il n’y ad<strong>on</strong>c ni “secret”, ni tabou, ni complot.A propos de la collaborati<strong>on</strong>, il a clairementrappelé que ses objectifs étaientni plus ni moins que la destructi<strong>on</strong> de lasociété civile flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e. Ce faisant, il ainsisté sur la nécessité de distinguer lacollaborati<strong>on</strong>, de la politique du moindremal. Enfin, il a évoqué le c<strong>on</strong>texte de larépressi<strong>on</strong>.1Les actes de cette journée <strong>on</strong>t d’ores et déjà été publiés: F.S. VERDOODT (dir.), Voorwaarts maarniet vergeten. Acta van de studiedag, Anvers, Academia Press, 2001.


Jaap Kruithof a présenté une c<strong>on</strong>tributi<strong>on</strong>de type plus philosophique portantrespectivement sur les noti<strong>on</strong>s complexesd’oubli, de pard<strong>on</strong> et de réc<strong>on</strong>ciliati<strong>on</strong>.Tout en c<strong>on</strong>damnant fermement l’amnistie,il a fait appel à un geste du pouvoir.La sec<strong>on</strong>de partie de la journée étaitc<strong>on</strong>sacrée à des réflexi<strong>on</strong>s. Quatreorateurs <strong>on</strong>t pris la parole: Jan Bank,professeur “d’histoire patriotique” àl’Université de Leyde et attaché auNederl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s Instituut voor Oorlogsdocumentatie;José Gotovitch, directeurdu CEGES et professeur à l’ULB; JeanPuissant, professeur à l’ULB, et LudoAbicht, philosophe et professeur émérite.Jan Bank s’est focalisé sur la situati<strong>on</strong>néerl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>aise où la questi<strong>on</strong> de la répressi<strong>on</strong>de la collaborati<strong>on</strong> a surtout étéappréhendée par une approche de psychologiesociale. José Gotovitch a, lui,souligné la difficulté du travail de l’historienet surtout la difficulté d’influer surles mentalités collectives. Il a rappelé lesdifférences de sensibilité de part et d’autrede la fr<strong>on</strong>tière linguistique tout en mettanten garde c<strong>on</strong>tre les simplificati<strong>on</strong>s abusiveset les amalgames généralisateurs. C<strong>on</strong>cernantla répressi<strong>on</strong>, il a souligné combienla justice et s<strong>on</strong> f<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>nement s<strong>on</strong>tun reflet de la société et de s<strong>on</strong> f<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>nement.Il a attiré l’attenti<strong>on</strong> sur le dangerque représenterait l’étude des “dérapagesde la répressi<strong>on</strong>” sans prise en compte duc<strong>on</strong>texte sociétal général. Il a aussi évoquél’impossibilité de tourner la page: les faitsdemeurent; ce qui est possible et nécessaire,“c’est d’oublier les pers<strong>on</strong>nes”. Ilfaut ouvrir les sociétés au dialogue mais lanoti<strong>on</strong> de pard<strong>on</strong>, estime José Gotovitch,ne cadre pas avec une approche historiquedes phénomènes. Jean Puissant a égalementinsisté sur l’oubli impossible et, plusencore, sur l’oubli comme h<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>icap pourfaire f<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>ner les sociétés, se référant àcelles qui f<strong>on</strong>t l’impasse, pour des rais<strong>on</strong>spolitiques, sur ce qui s’est passé. Il a évoquéla questi<strong>on</strong> de l’amnistie comme facteurde blocage tout en insistant sur l’importancedes noti<strong>on</strong>s d’émancipati<strong>on</strong> socialeet culturelle. Quant à Ludo Abicht, ila essentiellement plaidé pour le dialogue.Le socialiste Norbert De Batselier, présidentdu Parlement flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>, a clôturé lajournée par un discours très bien documentéet remarqué. Il a ann<strong>on</strong>cé qu’ilcomptait prendre une initiative avecl’ensemble des partis démocratiques, unsignal dans le sens d’une réc<strong>on</strong>ciliati<strong>on</strong>.Une intenti<strong>on</strong> qui est entrée dans sapremière phase de c<strong>on</strong>crétisati<strong>on</strong> débutjanvier 2002. Cinq fracti<strong>on</strong>s des partisdémocratiques flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s <strong>on</strong>t déposé unepropositi<strong>on</strong> de résoluti<strong>on</strong> c<strong>on</strong>damnant lacollaborati<strong>on</strong> et rec<strong>on</strong>naissant les erreurset les dérapages de la répressi<strong>on</strong> et del’épurati<strong>on</strong>. L’ensemble de la propositi<strong>on</strong>se situe pleinement dans la lignée destravaux du groupe Voorwaarts.Signal<strong>on</strong>s par ailleurs une initiative c<strong>on</strong>jointedu CEGES et des éditi<strong>on</strong>s Laborqui préparent un ouvrage de synthèsedestiné au public francoph<strong>on</strong>e et quic<strong>on</strong>tiendra un état de la questi<strong>on</strong> sur lacollaborati<strong>on</strong> en Fl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>re et en Wall<strong>on</strong>ie,une présentati<strong>on</strong> de la répressi<strong>on</strong>, uneanalyse des stéréotypes c<strong>on</strong>cernant laguerre, l’occupati<strong>on</strong>, la résistance etla collaborati<strong>on</strong> dans toutes les régi<strong>on</strong>sdu pays, une analyse de la questi<strong>on</strong> del’amnistie ainsi qu’une présentati<strong>on</strong> dugroupe Voorwaarts. Cet ouvrage devraitparaître à l’été 2002.Chantal Kesteloot53 En Belgique


54 En Belgique“Omgaan met het verleden”A l’initiative de Charta 91 et de l’Unesco-Centrum Vla<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>eren, et en collaborati<strong>on</strong>avec Points critiques, l’UFSIA et deshistoriens issus de diverses instituti<strong>on</strong>s,une journée d’étude sur le thème “Omgaanmet het verleden” s’est tenue à Anvers,dans les locaux de l’UFSIA, le 24 novembre2001. La date n’avait pas été choisieau hasard puisqu’il s’agissait d’évoquerle 10 e anniversaire du “zwarte z<strong>on</strong>dag”.Mais tel n’était pas le seul objectif : lespromoteurs de cette journée voulaientaussi s’adresser à l’opini<strong>on</strong> publique, àl’instar de la démarche du groupe Voorwaarts,pour attirer l’attenti<strong>on</strong> sur lesenjeux de mémoire. Au cœur de ces enjeux,plusieurs questi<strong>on</strong>s se télescopent:la collaborati<strong>on</strong> mais aussi l’attitude decertaines élites traditi<strong>on</strong>nelles, l’importancedu génocide, la sélecti<strong>on</strong> des faits, lanoti<strong>on</strong> d’oubli. Ce s<strong>on</strong>t là des thèmes omniprésentset particulièrement sensibles.Herman Van Goethem (UFSIA) afocalisé s<strong>on</strong> exposé autour de trois axes:les différences de sensibilités entre laFl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>re et la Wall<strong>on</strong>ie, les enjeux politiqueset sociétaux de la répressi<strong>on</strong>, etl’évoluti<strong>on</strong> de l’historiographie. BrunoDe Wever (Université de G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>) a situéles problématiques dans une perspectiveplus large, évoquant les parallélismespossibles avec les Pays-Bas à propos desquelsil a souligné le rôle des historiens etles polémiques récentes autour de l’ouvrageGrijs verleden de Chris Van der Heijden.Il a aussi tracé des parallélismes surle plan instituti<strong>on</strong>nel, mettant l’accent surles rôles respectifs du NIOD et du CEGES.Abordant le cas spécifique de la Fl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>re,il a épinglé le rôle particulier de certainesproducti<strong>on</strong>s historiques telles que Twintigeeuwen Vla<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>eren et l’Encyclopedie v<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e Vlaamse Beweging dans la <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mati<strong>on</strong>des mentalités collectives et l’accès audébat public de milieux issus ou prochesde la collaborati<strong>on</strong>.Dirk Luyten (CEGES) a refait la genèsede certains courants anti-démocratiquesen Fl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>re dans l’entre-deux-guerres. Ila m<strong>on</strong>tré combien le discours critique àl’égard de la démocratie était indissociablede la c<strong>on</strong>structi<strong>on</strong> de l’espace politiqueflam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> même s’il n’est évidemment pasl’apanage du nord du pays. De marginalequ’elle était au cours des années vingt, lacritique gagne en intensité à la faveur dela crise éc<strong>on</strong>omique. Ce phénomène n’estévidemment pas spécifique à la Fl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>remais il va y prendre une dimensi<strong>on</strong> particulièrede par la vol<strong>on</strong>té de dimensi<strong>on</strong> intégrativede ce discours dans une perspectiveplus générale d’émancipati<strong>on</strong> du peuple flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>autour d’un axe double qui se nourritde modernisme et de traditi<strong>on</strong>alisme.Paul Verbraeken (Charta 91) a, pour sapart, évoqué la croissance c<strong>on</strong>stante duVlaams Blok en Fl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>re et l’évoluti<strong>on</strong> del’attitude des partis traditi<strong>on</strong>nels. Il s’estattardé sur des scénarios de c<strong>on</strong>tagi<strong>on</strong> dudiscours d’extrême droite au sein d’autres<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mati<strong>on</strong>s tout en abordant lui aussi leclimat intellectuel très particulier d’unecertaine Fl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>re qui véhicule depuis toujoursune dimensi<strong>on</strong> apologétique dupassé. Il a posé la questi<strong>on</strong> du rôle del’historien à ce sujet.La dernière partie de la journée était c<strong>on</strong>sacréeà une table r<strong>on</strong>de. Pieter Lagrou


(CNRS-IHTP), Georgi Verbeek (KUL),Frans-Jos Verdoodt (ADVN) et ChantalKesteloot (CEGES) étaient invités àréagir à la fois sur la thématique généralede la journée et sur la questi<strong>on</strong> de la résurgencedu passé en Fl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>re et ailleurs.Enfin, Gita Deneckere (Université deG<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>) a livré, en guise de c<strong>on</strong>clusi<strong>on</strong>,quelques c<strong>on</strong>sidérati<strong>on</strong>s sur le rôle deshistoriens et sur l’omniprésence desLe <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> des Archives communistesde Belgique, le <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> d’Histoire et deSociologie des Gauches et le F<strong>on</strong>dsd’Histoire du Mouvement wall<strong>on</strong>organisaient c<strong>on</strong>jointement le 27 octobre2001 un colloque sur le thème“Fédéralisme et ré<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mes de structuresanticapitalistes 1960-1965. Un nouveausouffle pour le Parti Communiste deBelgique”.Ce colloque faisait le pari audacieux demettre en présence n<strong>on</strong> seulement deschercheurs mais aussi des militants. Unetelle initiative n’est pas sans risque. Certainsacteurs <strong>on</strong>t du mal à réfléchir surl’événement et les actes qu’ils <strong>on</strong>t posés.Qui plus est, l’histoire du communismeest indissociable de s<strong>on</strong> devenir ultérieuret il reste difficile pour certainsde l’appréhender aujourd’hui dans lasérénité.débats sur le poids du passé. Bref, unejournée intéressante qui m<strong>on</strong>tre combiences questi<strong>on</strong>s interpellent les historienset pas uniquement en Fl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>re. Les questi<strong>on</strong>sposées ne s<strong>on</strong>t certes pas neuvesmais elles corresp<strong>on</strong>dent à une dem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>esociale toujours en attente, un appel auquelles historiens ne peuvent demeurerindifférents. Là aussi, <strong>on</strong> attend les actesavec intérêt.Fédéralisme et ré<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mes destructuresUn souffle nouveau pour le PCBChantal KestelootMalgré un programme très chargé et desorateurs parfois trop bavards, la journéea bien rép<strong>on</strong>du aux multiples attentesqu’elle s’était fixées. Certes, elle ne metpas un point final à l’histoire du PCBdurant cette période, que du c<strong>on</strong>traire !Mais elle a balayé la diversité desengagements et des combats du m<strong>on</strong>decommuniste et de la gauche radicalemême si <strong>on</strong> peut regretter l’absence detoute communicati<strong>on</strong> c<strong>on</strong>sacrée à lajeunesse. Le début des années 1960,aussi qualifié “d’embellie” dans l’histoiredu PCB offre en effet un terrainprivilégié d’analyse. Mais cette noti<strong>on</strong>même d’embellie se doit d’être nuancée.Si le PCB se porte mieux, c’est qu’ilétait tombé au plus bas au cours dela décennie 1950. Mais les grève del’hiver 1960-1961 v<strong>on</strong>t être l’occasi<strong>on</strong>pour les communistes d’un redéploiementmilitant. Après quelques hésitati<strong>on</strong>s, ils55 En Belgique


56 En Belgiqueendosser<strong>on</strong>t la bannière du fédéralismemême si, comme cela est apparu àmaintes reprises au cours de la journée,cet engagement n’a jamais occupé toutl’espace militant: le combat en faveurde la paix, la lutte ouvrière et syndicaleoffraient aux militants communistes autantd’espaces et de visibilités.La questi<strong>on</strong> a d’ailleurs été posée: commentc<strong>on</strong>cilier cet engagement fédéraliste(wall<strong>on</strong>) dans une structure nati<strong>on</strong>ale quine laisse guère d’aut<strong>on</strong>omie aux communistesflam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s et wall<strong>on</strong>s ? Commentc<strong>on</strong>cilier une culture politique internati<strong>on</strong>alisteet un discours wall<strong>on</strong> ?Le début des années 1960 est égalementmarqué par le sceau du grippisme qui amobilisé bien des énergies même si, endéfinitive, c’est surtout la fédérati<strong>on</strong> bruxelloisequi a été touchée. Ces années s<strong>on</strong>taussi à placer sous le sceau d’un fois<strong>on</strong>nementmilitant qui se retrouve éclatéentre le trotskysme au sein et à l’extérieurdu PSB, et la mouvance wall<strong>on</strong>ne au seindu Parti wall<strong>on</strong> des Travailleurs et del’Uni<strong>on</strong> de la Gauche socialiste. Par rapportà ces noyaux, le PCB devait aussilutter pour sa légitimité propre.Malgré l’embellie, le PCB c<strong>on</strong>tinuaitd’être mal c<strong>on</strong>sidéré et plusieurs orateurs<strong>on</strong>t souligné les rapports parfois difficilesentre le m<strong>on</strong>de communiste et les milieuxsyndicaux. Les relati<strong>on</strong>s n’étaient pasn<strong>on</strong> plus toujours aisées avec certainesbranches du mouvement wall<strong>on</strong> où lescommunistes tentaient également de jouerun rôle actif. Le témoignage des militantsa mis en lumière, à la fois la diversité dessituati<strong>on</strong>s dans une Wall<strong>on</strong>ie aux visagesmultiples, et le souvenir des luttes: lesgrèves et les projets de maintien del’ordre bien sûr, mais aussi la participati<strong>on</strong>particulièrement active des communistesau vaste pétiti<strong>on</strong>nement del’automne 1963.Bref, une journée intéressante quitrouvera un prol<strong>on</strong>gement dans laparuti<strong>on</strong> des actes ann<strong>on</strong>cée pour 2002.Le Parti social chrétienHistoire et futurChantal KestelootLe 21 février 2001, le <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> d’étudede la vie politique de l’Université librede Bruxelles organisait une journée deréflexi<strong>on</strong> sur le devenir potentiel du PSC àla lumière de s<strong>on</strong> passé récent. L’initiativese devait d’être soulignée à un momentoù, compte tenu de ses derniers déboiresélectoraux, le parti semble se trouver à lacroisée des chemins. Le projet paraissaitd’autant plus digne d’intérêt qu’il marquaitnettement s<strong>on</strong> intenti<strong>on</strong> de sortirdes lieux communs liés à une analysesuperficielle de la situati<strong>on</strong> pour tenterde décrypter les ressorts prof<strong>on</strong>ds duphénomène.La journée a, de manière générale,rép<strong>on</strong>du à l’attente, alliant n<strong>on</strong> sans uncertain b<strong>on</strong>heur histoire et politologie.Ainsi, Pascal Delwit et Christian


V<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ermotten <strong>on</strong>t chacun sel<strong>on</strong> leurangle spécifique, bien mis en évidencel’évoluti<strong>on</strong> du vote social chrétien enBelgique depuis l’avènement du suffrageuniversel. Ils <strong>on</strong>t tous deux souligné lafracture des années 60, qui marque la finde l’hégém<strong>on</strong>ie du PSC/CVP sur le pays.S’appuyant sur la répartiti<strong>on</strong> géographiquedes votes à travers le XXe siècle,V<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ermotten a en outre tenté d’allerau-delà des c<strong>on</strong>stats pour avancer unesérie d’éléments ayant pu jouer en défaveurdu PSC/CVP. Outre des facteursc<strong>on</strong>nus de l<strong>on</strong>gue date (laïcisati<strong>on</strong> de labourgeoisie, industrialisati<strong>on</strong> précoce,recul de la pratique religieuse), il a misen évidence l’importance du faire-valoirdirect, qui a permis une émancipati<strong>on</strong> plusrapide des populati<strong>on</strong>s vis-à-vis desnotables catholiques locaux. Par ailleurs, àpartir des années 60, le Parti libéral, enab<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g><strong>on</strong>nant ses positi<strong>on</strong>s anti-cléricales,a de plus en plus c<strong>on</strong>currencé en Wall<strong>on</strong>iel’espace traditi<strong>on</strong>nellement investi par lessociaux-chrétiens, qui aujourd’hui surl’ensemble du pays en s<strong>on</strong>t réduits à pesersur des z<strong>on</strong>es périphériques.Si les c<strong>on</strong>tributi<strong>on</strong>s de Lieven De Wintersur les mutati<strong>on</strong>s à l’œuvre dans le votesocial chrétien, et de Pascal Delwit etBenoit Hellings sur les mutati<strong>on</strong>s structurelleset organisati<strong>on</strong>nelles du PSC <strong>on</strong>tessentiellement dépeint des traits c<strong>on</strong>temporains,celles de Paul Magnetteet de Paul Wynants <strong>on</strong>t repl<strong>on</strong>gé dansle passé pour poser des questi<strong>on</strong>s f<strong>on</strong>damentalesquant au devenir du parti. Eneffet, Magnette s’est dem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>é à juste titresi le pers<strong>on</strong>nalisme pouvait sauver le PSCde l’impasse dans laquelle la crise del’identité c<strong>on</strong>fessi<strong>on</strong>nelle et la course aucentre des autres partis semblent l’avoirc<strong>on</strong>duit. L’ambiguïté inhérente à la créati<strong>on</strong>et à l’utilisati<strong>on</strong> de ce c<strong>on</strong>cept depuisles années 30 ne paraît pas en tout casaugurer d’un remède miracle. Passanten revue les différentes étapes de l’évoluti<strong>on</strong>du PSC depuis 1945, Wynants arejoint cette problématique en soulignantqu’après avoir été jusqu’en 1968 un partidu bien commun, le parti a cherché à sepositi<strong>on</strong>ner dans un centre qui cachaitmal les tensi<strong>on</strong>s entre gauche et droite.Aujourd’hui sel<strong>on</strong> lui, il doit choisir souspeine de disparaître.En tout cas, sel<strong>on</strong> Pierre Verjans, lesystème de piliers (ou de clois<strong>on</strong>s) missur pied depuis la fin de la PremièreGuerre m<strong>on</strong>diale paraît ne plus avoir derais<strong>on</strong>s d’être dans une société de plus enplus déclois<strong>on</strong>née. Si, de nos jours, lesstructures chrétiennes situées hors duparti (enseignement, mutualités, syndicats)renc<strong>on</strong>trent encore un succèsindéniable, ce n’est pas à cause desvaleurs propagées, mais bien de la qualitédes services rendus. Alors, le PSCa-t-il encore vraiment un avenir ? JoelleMilquet le croit bien évidemment, maisses projets de relance du parti sur desbases pers<strong>on</strong>nalistes exposées en fin dejournée c<strong>on</strong>vaincr<strong>on</strong>t-elles l’électorat ?Ceci n’est bien sûr plus du ressort del’historien…Les actes de cette stimulante journéedevraient être publiés au moment de lasortie de ce Bulletin.En BelgiqueFabrice Maerten57


58 Gros planLe rapport final de laCommissi<strong>on</strong> d’étude desbiens juifsAu terme de quatre années d’activités,la “Commissi<strong>on</strong> d’étude sur le sort desbiens des membres de la Communautéjuive de Belgique spoliés ou délaisséspendant la guerre 1940-1945" (désormaisdénommée la Commissi<strong>on</strong> d’étude)a transmis très exactement le 12 juillet2001 s<strong>on</strong> rapport final au gouvernement 1 .Les recherches proprement dites menéesavec une équipe limitée composée de 6historiens et 2 historiens d’art <strong>on</strong>t en faitduré deux ans. La Commissi<strong>on</strong> d’étudeest néanmoins c<strong>on</strong>vaincue d’avoir pu<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>muler des rép<strong>on</strong>ses aux questi<strong>on</strong>sessentielles.En ce qui c<strong>on</strong>cerne la spoliati<strong>on</strong> durantla période de l’occupati<strong>on</strong>, la Commissi<strong>on</strong>a c<strong>on</strong>clu que les services allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ss<strong>on</strong>t effectivement parvenus à “désenjuiver”l’éc<strong>on</strong>omie en Belgique maisque cette opérati<strong>on</strong>, abstracti<strong>on</strong> faitedu secteur du diamant, n’a été que d’unmaigre avantage pour le Reich tant surle plan financier qu’éc<strong>on</strong>omique. Cettesituati<strong>on</strong> est principalement due auc<strong>on</strong>texte juridique dans lequel l’Administrati<strong>on</strong>militaire allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e a encadrél’organisati<strong>on</strong> du pillage; cet encadrementn’était à s<strong>on</strong> tour pas un librechoix mais la c<strong>on</strong>séquence de la politiqued’occupati<strong>on</strong> de l’administrati<strong>on</strong>occupante: là où cela était possible, ils’agissait de laisser l’administrati<strong>on</strong>autocht<strong>on</strong>e gérer la situati<strong>on</strong> pour agirelle-même comme instance de c<strong>on</strong>trôle.Ce choix a c<strong>on</strong>traint l’administrati<strong>on</strong>militaire allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e à respecter, tout aumoins de faç<strong>on</strong> <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>melle, la législati<strong>on</strong>belge. C’est pour ces rais<strong>on</strong>s que lesavoirs “juifs et ennemis” <strong>on</strong>t été géréspar une société an<strong>on</strong>yme de droit belgecréée par l’administrati<strong>on</strong> militaireallem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e; cette s.a. pouvait effectivementgérer des biens mais elle nepouvait pas en disposer. C’est ainsique, c<strong>on</strong>trairement à la situati<strong>on</strong> qui aprévalu en France et aux Pays-Bas,pays voisins, les biens juifs spoliés<strong>on</strong>t bien été centralisés, pour une partieessentielle, dans une banque de pillage,ils y s<strong>on</strong>t demeurés jusqu’à la libérati<strong>on</strong>sans que l’occupant puisse en disposer.Le régime d’occupati<strong>on</strong> militaire en Belgiquea déporté la populati<strong>on</strong> juive sur ordrede Berlin et pillé ses biens tout en permettant,de faç<strong>on</strong> invol<strong>on</strong>taire, qu’une partiede ses biens sortent intacts de la guerre.1Les biens des victimes des persécuti<strong>on</strong>s anti-juives en Belgique. Spoliati<strong>on</strong>, Rétablissement desdroits. Résultats de la Commissi<strong>on</strong> d’étude. Rapport final de la Commissi<strong>on</strong> d’étude sur le sortdes biens des membres de la Communauté juive de Belgique spoliés ou délaissés pendant laguerre 1940-1945, Bruxelles, 2001, 2 vol., 479 et 280 p.


Une partie des membres de la Commissi<strong>on</strong> d'Etude lors d'une de ces dernières réuni<strong>on</strong>s au16 rue de la Loi, en juin 2001. De gauche à droite, assis: D. De Br<strong>on</strong>e (directeur général duMinistère des Finances), R. Van Doorslaer (directeur), L. Buysse (président), I. Maduda-Lukebamoko (adjointe du directeur), N. Vanhove (Ministère des Affaires éc<strong>on</strong>omiques),P. Martin (Ministère des Affaires étrangères); debouts: G. Van Gerven (avocat général ém.auprès de l'Auditorat général), G. Schneck (président ém. du C<strong>on</strong>sistoire central israélite) etJ.Ph. Schreiber (historien, ULB).En ce qui c<strong>on</strong>cerne le rétablissementdes droits après la guerre, la commissi<strong>on</strong>d’étude a également abouti àquelques c<strong>on</strong>clusi<strong>on</strong>s significatives:“certains domaines <strong>on</strong>t fait l’objet d’untravail satisfaisant t<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>is que d’autresprésentent de sévères lacunes et erreurs” 2 .En fait, il manquait aux resp<strong>on</strong>sablespolitiques et administratifs belges lacompréhensi<strong>on</strong> de la significati<strong>on</strong> réelledu judéocide. C’est là la rais<strong>on</strong> principalepour laquelle la liquidati<strong>on</strong> desbiens juifs a en fait été menée par l’Officedu Séquestre qui avait été créé pourgérer les biens des “ennemis” et des“suspects”. Peu d’ef<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>ts <strong>on</strong>t été menés2Idem, t. 1, p. 317.pour rechercher les ayants droit desvictimes. Les biens appartenant à des“inc<strong>on</strong>nus” et à ceux qui n’avaient pasréagi après quelques années <strong>on</strong>t abouti,directement ou indirectement, dans letrésor public.Parallèlement, les activités de l’Officede Récupérati<strong>on</strong> éc<strong>on</strong>omique (ORE)et surtout de la petite cellule artistiqueexistant en s<strong>on</strong> sein n’<strong>on</strong>t d<strong>on</strong>né quepeu de résultats en matière de récupérati<strong>on</strong>des œuvres d’art et des biens culturelsspoliés. Plus important encore,les victimes juives furent de facto excluesdu processus de réparati<strong>on</strong> des59 Gros plan


60 Gros pl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ommages de guerre matériels. Laclause de nati<strong>on</strong>alité (envir<strong>on</strong> 95 %de la populati<strong>on</strong> juive était composéed’étrangers) et la n<strong>on</strong>-rec<strong>on</strong>naissancedes déportés raciaux comme pris<strong>on</strong>nierspolitiques en s<strong>on</strong>t la cause. Cette discriminati<strong>on</strong>a été renouvelée lors del’applicati<strong>on</strong> de la législati<strong>on</strong> Wiedergutmachung.Ce n’est que lors de ladeuxième phase, qui portait spécifiquementsur l’indemnisati<strong>on</strong> des biens,que les victimes juives <strong>on</strong>t reçu ce àquoi elles avaient droit (mais alorsdirectement du gouvernement allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>).Il n’y a que dans le secteur du diamantque la politique de rétablissement desdroits a fait excepti<strong>on</strong> à la règle: l’improvisati<strong>on</strong>belge et, en partie la pressi<strong>on</strong>américaine, <strong>on</strong>t finalement d<strong>on</strong>néun résultat très satisfaisant. Est-ce unhasard s’il s’agit là d’un secteur éc<strong>on</strong>omiqueimportant pour la Belgique,secteur dans lequel la populati<strong>on</strong> juiveoccupe sur le plan internati<strong>on</strong>al unepositi<strong>on</strong> clé ?La commissi<strong>on</strong> d’étude se devait dèslors d’effectuer encore pas mal derecherches supplémentaires. Elle s’est,en la matière, c<strong>on</strong>centrée sur les secteursessentiels: l’Etat, le secteur desassurances et les instituti<strong>on</strong>s financières.La collecte des sources nécessairesn’a pas toujours été aisée et ce, particulièrementdans le secteur bancaire où ceproblème s’est posé jusqu’au terme destravaux. C'est pour cette rais<strong>on</strong> que laCommissi<strong>on</strong> d’Etude, en ce qui c<strong>on</strong>cernele secteur financier, a dû avoir recoursà des extrapolati<strong>on</strong>s. Celles-ci étaienteffectivement moins sûres que les d<strong>on</strong>néeschiffrées des autres secteurs, f<strong>on</strong>déessur une documentati<strong>on</strong> plus ab<strong>on</strong>dante.Le rapport final (exprimé en francsbelges de la période de guerre) portesur 74,2 milli<strong>on</strong>s pour l’Etat belge,10,9 milli<strong>on</strong>s pour les assurances vieet 88,5 milli<strong>on</strong>s pour le secteur financier.La Commissi<strong>on</strong> d’étude a tenté derec<strong>on</strong>stituer le plus fidèlement possiblela réalité de l’immédiat après-guerreet, dans cette démarche, elle est alléebeaucoup plus loin que les commissi<strong>on</strong>sdu même type dans les paysvoisins. C’est désormais aux représentantsdes associati<strong>on</strong>s juives et desautres parties c<strong>on</strong>cernées d’arriver àune soluti<strong>on</strong> négociée et de recueillirles fruits des travaux de la Commissi<strong>on</strong>d’étude.Depuis, le projet de loi relatif au“dédommagement des membres de lacommunauté juive de Belgique pourleurs biens spoliés ou délaissés pendantla guerre 1940-1945” a été approuvé parla Chambre. Cette loi et la “Commissi<strong>on</strong>pour le dédommagement” à créer doivent,55 ans après les faits, permettre le suivi dece rétablissement des droits.Rudi Van DoorslaerAncien directeur de rechercheauprès de la Commissi<strong>on</strong>d’Etude des Biens juifs


Horst MÖLLER, Volker DAHM & HarmutMEHRINGER (dir.), Die tödliche Utopie. Bilder,Texte, Dokumente, Daten zum Dritten Reich,München, Selbstverlag des Instituts fürZeitgeschichte, 2001, 595 p.Catalogue de “Obersalzberg - Orts-und Zeitgeschichte”En novembre 1940, Léopold III renc<strong>on</strong>treHitler, n<strong>on</strong> pas dans la capitale duTroisième Reich, mais bien dans le Sudde la Bavière, à quelques kilomètres del’actuelle fr<strong>on</strong>tière autrichienne. C’estdans la mais<strong>on</strong> de vacances du Führer,au Obersalzberg, que les deux hommesse croisent.Notre instituti<strong>on</strong>-sœur, l’Institut fürZeitgeschichte de Munich (IfZ), vientd’éditer un catalogue qui accompagnel’expositi<strong>on</strong> et le <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> de <str<strong>on</strong>g>Documentati<strong>on</strong></str<strong>on</strong>g>installés au Obersalzberg depuis1999. Intitulé “L’utopie mortelle” (leterme ‘utopie’, avec sa c<strong>on</strong>notati<strong>on</strong> deprojet imaginaire, est-il vraiment adéquat?), cet ouvrage collectif sur ladictature nati<strong>on</strong>al-socialiste se veut unlivre scientifique pour un public n<strong>on</strong>scientifique. Sept gr<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s chapitres (lemythe du Führer, les organisati<strong>on</strong>snati<strong>on</strong>al-socialistes, l’appareil de terreur,la politique raciale, l’émigrati<strong>on</strong> et larésistance, la politique étrangère d’Hitler,la Deuxième Guerre m<strong>on</strong>diale) tentent deprésenter une image complète du régimenati<strong>on</strong>al-socialiste entre 1933 et 1945.Pour chaque partie, le texte scientifiqued’une vingtaine de pages est accompagnéde cartes, reproducti<strong>on</strong> de documents,photographies.L’installati<strong>on</strong> de ce <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> de <str<strong>on</strong>g>Documentati<strong>on</strong></str<strong>on</strong>g>a été justifiée par le tourismenéo-nazi qui s’y était développé etqui était accompagné d’un commerceflorissant d’objets souvenirs (livres,médailles…). L’Etat bavarois a chargél’IfZ de la c<strong>on</strong>cepti<strong>on</strong> de cette instituti<strong>on</strong>,réalisati<strong>on</strong> qui a aussitôt attiré lescritiques de plusieurs historiens 1 . Lavol<strong>on</strong>té de couvrir la totalité de l’histoirenati<strong>on</strong>al-socialiste ne trouve pasvraiment de justificati<strong>on</strong> en ce lieu.L’Obersalzberg n’a pas joué de rôlecentral dans la mécanique nati<strong>on</strong>alsocialiste;c’est exclusivement un lieud’acteurs, les victimes en s<strong>on</strong>t absentes.Le catalogue – en cela image fidèle ducentre de documentati<strong>on</strong> – pèche par lesmêmes défauts.Le lecteur aurait souhaité voir davantagede place c<strong>on</strong>sacrée à l’histoire del’Obersalzberg que ces 60 pages partagéesen trois articles. Le premier couvrel’histoire de l’Obersalzberg jusqu’en61<str<strong>on</strong>g>Documentati<strong>on</strong></str<strong>on</strong>g>1Burkhard ASMUSS & Hans-Martin HINZ (dir.), Zum Umgang mit historischen Stätten aus der Zeitdes Nati<strong>on</strong>alsozialismus, Berlin, 1999.


62 <str<strong>on</strong>g>Documentati<strong>on</strong></str<strong>on</strong>g>1945. La naissance du tourisme dansles années 1870 change prof<strong>on</strong>démentles structures sociales de cette régi<strong>on</strong>bavaroise. De nouvelles mais<strong>on</strong>s s<strong>on</strong>tc<strong>on</strong>struites et le lieu attire peu à peules célébrités (e.a. Clara Schumann).Hitler y passe une première fois en mai1923 et d’après la légende, c’est là-basqu’il prépare s<strong>on</strong> putsch de novembre1923. A partir de 1928, il loue lamais<strong>on</strong> Wachenfeld qu’il achète finalementen juin 1933. Elle devient unvéritable lieu de pèlerinage entre 1933et 1945.La partie la plus intéressante est lac<strong>on</strong>tributi<strong>on</strong> c<strong>on</strong>sacrée à l’après 45.La politique de mémoire à l’Obersalzbergest à ce point symptomatiquepour l’Allemagne (RFA) qu’il estregrettable que cette partie ne soit pasplus développée dans l’expositi<strong>on</strong> etdans le catalogue. Une partie du siteappartient jusqu’en 1995 à l’arméeaméricaine qui y installe un de ces troisArmed Forces Recreati<strong>on</strong> Center enAllemagne. Des bâtiments situés àl’extérieur du périmètre américain s<strong>on</strong>tdétruits au cours des années. Les autoritéscommunales essaient de faireoublier l’histoire de l’Obersalzberg etla petite organisati<strong>on</strong> qui veut maintenirla mémoire n’est guère appréciée parla plupart des habitants de la régi<strong>on</strong>.Lorsque l’armée américaine quitte leslieux en 1995 (pour des rais<strong>on</strong>s financières),le projet du <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> de <str<strong>on</strong>g>Documentati<strong>on</strong></str<strong>on</strong>g>ne provoque pas l’enthousiasmedes élites locales. Malheureusement, lecatalogue n’y c<strong>on</strong>sacre que quelquespages. De plus, l’absence de travail demémoire dans ce lieu chargé de souvenirsn’est pas mise en parallèle avec le sortd’autres bâtiments “historiques” commeles ruines du Reichsparteitag à Nurembergou la Neue Wache à Berlin 2 .2P.ex. Peter REICHEL, Politik mit der Erinnerung. Gedächtnisorte im Streit um dienati<strong>on</strong>alsozialistische Vergangenheit, München, 1995.Benoît Majerus


Mais qui s<strong>on</strong>t d<strong>on</strong>c les bénévoles duCEGES ?Depuis plus de vingt-cinq ans, le <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> peut compter sur une aide inestimableet très efficace, celle offerte par les nombreux bénévoles qui se s<strong>on</strong>t relayésdans le classement des archives, des photos, des coupures de presse, la réalisati<strong>on</strong>des inventaires...Parmi eux, il en est un qui ne devrait plus êtreprésenté, tant s<strong>on</strong> arrivée au <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> date. Depuis1975, date de sa mise à la retraite, Henri Mass<strong>on</strong>passe toutes les matinées de la semaine au CEGES.Ancien professeur de philosophie morale à l’écolenormale Charles Buls (ville de Bruxelles), ilsouhaitait c<strong>on</strong>server une occupati<strong>on</strong>. En 27 ans,il a réalisé de nombreux inventaires d’archivesde toute première qualité d<strong>on</strong>t par exemple ceuxdes archives émanant du Gouvernement belgeréfugié à L<strong>on</strong>dres pendant la guerre 1940-1945,ceux des archives de Rex et de Degrelle, duGroupe G, etc...Gilberte Roeseler a rejoint le CEGES en avril1996. Après avoir dépouillé partiellementl’enquête sur le Travail obligatoire, elle effectueactuellement, d’une part le détail de l’état des financespendant la Première Guerre m<strong>on</strong>diale(comparais<strong>on</strong>s des m<strong>on</strong>naies étrangères, du coûtdes denrées ...) et, d’autre part, le classement descoupures de presse et des M<strong>on</strong>iteurs de 1945(menti<strong>on</strong>nant les noms et adresses des inciviques).63


Suite à une Assemblée générale des “Amis duCEGES” en février 1998, un appel à bénévolesétait lancé pour le classement des archives du<str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g>. Ingénieur de <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mati<strong>on</strong>, à la retraite,Jacques Drouart souhaitait ne pas rester inactif.S<strong>on</strong> goût pour l’histoire c<strong>on</strong>temporaine et, plusparticulièrement, pour celle de la Sec<strong>on</strong>de Guerrem<strong>on</strong>diale, l’<strong>on</strong>t incité à rép<strong>on</strong>dre favorablement àcette dem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e. Il nous a rejoint fin 1998 et, depuislors, a trié et archivé une dizaine de f<strong>on</strong>ds, principalement,mais n<strong>on</strong> exclusivement, liés à laRésistance.Juriste, diplômé en Sciences commerciales etc<strong>on</strong>sulaires (HEC / Liège), bruxellois maisoriginaire de Liège, Bruno Picard est arrivé au<str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> il y a un an après avoir travaillé chezMitsubishi. Une journée par semaine, il s’occupede l’inventaire des photos de Het Volk pour lapériode 1980-2000. Il est également bénévole auMusée des Sciences naturelles où il effectue untravail d’entomologie des insectes.Licencié en Sciences commerciales, ancien f<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>naireau C<strong>on</strong>seil de la Régi<strong>on</strong> de BruxellesCapitale, Pierre Brolet est actuellement préretraité.Par le biais d’émissi<strong>on</strong>s télévisées, il afait c<strong>on</strong>naissance du CEGES. Depuis septembre2001, il c<strong>on</strong>sacre deux après-midi par semaine àla réalisati<strong>on</strong> d’un inventaire sur les “Compensati<strong>on</strong>sfinancières belgo-allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>es”.64


Pendant 25 ans, Gilbert Waeyenbergh a travailléà la CitiBank, d<strong>on</strong>t de nombreuses annéesà la Directi<strong>on</strong> des Ressources humaines. Depuis1994, il vient au CEGES trois fois par semaine.Il y effectue le classement des photos c<strong>on</strong>cernantl’étranger. Réel travail de bénédictin (identificati<strong>on</strong>,correcti<strong>on</strong>s, éliminati<strong>on</strong> des doubl<strong>on</strong>s,racommodages...), ce classement permet de préparerle matériel photographique à la digitalisati<strong>on</strong>et à s<strong>on</strong> introducti<strong>on</strong> dans le moteur derecherche du <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> sur internet, Pallas. C’estgrâce à s<strong>on</strong> intérêt pour l’histoire européennependant la Guerre et aux émissi<strong>on</strong>s c<strong>on</strong>sacréesau cinquantième anniversaire de la Libérati<strong>on</strong>,qu’il s’est retrouvé au CEGES.Pensi<strong>on</strong>né en 1995 après avoir effectué une carrièrede publicitaire, Francis Liégeois est arrivéau CEGES en juillet 1996. Passi<strong>on</strong>né d’histoirede la Sec<strong>on</strong>de Guerre m<strong>on</strong>diale depuis desannées déjà, il effectue, accompagné d’amis, desvoyages dans tous les hauts lieux de la guerre:Stalingrad, les plages du débarquement, Verdun,Berlin, Berchtesgaden, Ligne Maginot, LigneSiegfried, Vercors, Yser, Torgau, Dachau, Breend<strong>on</strong>k...C’est par relati<strong>on</strong> qu’il est arrivé auCEGES, où il effectue à rais<strong>on</strong> de deux jourspar semaine le classement et l’intégrati<strong>on</strong> dansPallas de coupures de presse (1932-1950).65


Professeur d’allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> et de néerl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ais, puisf<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>naire au Parlement flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>, Joris Dedeurwaerdera rejoint le <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> en 1995. A rais<strong>on</strong>d’un jour par semaine, il s’est occupé de l’inventairede dossiers c<strong>on</strong>cernant la collaborati<strong>on</strong>flam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e. Ces deux dernières années, il s’estéclipsé pour rédiger un ouvrage présentant lavie d’un professeur activiste flamingant: ProfessorSpeleers. Een biografie, Anvers / G<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>,Perspectief / Academia Press, d<strong>on</strong>t la sortie estprévue en septembre de cette année. Depuis peude retour au CEGES, il s’est lancé dans l’inventairedes dossiers de la Propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>a-Abteilung.Ce passi<strong>on</strong>né d’histoire est en outre guide de laville de Bruges.Isabelle P<strong>on</strong>teville66


Bruno KARTHEUSER, Les années 30 à Eupen-Malmédy.Regard sur le réseau de la subversi<strong>on</strong> allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e,Neundorf, Krautgarten – CEGES, 2001, 183 p.En juin 1944, l’agent de la Sipo-SD, Walter Schmald, sélecti<strong>on</strong>ne à Tulle les101 otages qui v<strong>on</strong>t être pendus aux balc<strong>on</strong>s. Quelques semaines plus tard, à laLibérati<strong>on</strong>, il est arrêté et exécuté par des résistants de la régi<strong>on</strong>. Or, Schmaldest originaire de Saint-Vith... Comment ce jeune homme banal, sans histoire,en est-il arrivé à commettre ces horreurs ?C’est la questi<strong>on</strong>que BrunoKartheusers’est posée et,pour y rép<strong>on</strong>dre,il a étudié minutieusementlesmenées naziesdans les Cant<strong>on</strong>sde l’Est entre lesdeux guerres.Utilisant dessources peuc<strong>on</strong>nues, voireinédites, fouillantpartout,questi<strong>on</strong>nantpartout, il aproduit un livreremarquablequi fait bien ladifférence entreles comparsesattachés aunati<strong>on</strong>alismeallem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> et lesquelques meneurs67


qui les <strong>on</strong>t dupés et qui savaient <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>t bien qu’il s’agissait d’autre chose, de lapeste brune. Un ouvrage qui fera date, comparable seulement aux travaux dePabst et Schärer.Jacques WynantsCorresp<strong>on</strong>dant du CEGESL’ouvrage de Bruno KARTHEUSER (Les années 30 à Eupen-Malmédy. Regard surle réseau de la subversi<strong>on</strong> allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e, Neundorf, Krautgarten – CEGES, 2001,183 p.) est en vente au CEGES, Résidence Palace / Bloc E, rue de la Loi 155 /Bte 2, 1040 Bruxelles – tél.: 02/287 48 11 – fax: 02/287 47 10 – courriel:cegesoma@cegesoma.be, au prix de € 20,82 + frais de port.Il est possiblede se procurercet ouvrageen allem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>chez l’éditeur:Ed. Krautgarten,Neundorf, 33 –B 4780 St Vith(€ 23,80 +frais de port).68

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