'30-'50 - Centre for Historical Research and Documentation on War

50 À l'étrangerPar-delà les frontièresnationales et académiquesLe colloque de Bondues du 20 octobre 2001Il semble parfois que les frontièresnationales conditionnent davantage lescadres de la recherche historique que lanature des phénomènes étudiés. Le Nordde la France ne fait pas exception à cetterègle, puisque sa situation a bien souventprésenté davantage de similitudes avecla Belgique (ou certaines de ses parties,comme le Hainaut) qu’avec l’ensemble dela France. Et ce fut particulièrement le casau cours de la Seconde Guerre mondiale,comme nous l’a rappelé le colloque tenule 20 octobre dernier, à Bondues, près deTourcoing. En organisant ce colloque,intitulé “L’engagement dans la Résistancedans l’Europe du Nord-Ouest”, la communede Bondues et l’Université de Lille-3ont essayé de contribuer à l’analyse duphénomène par d’autres biais que celuide l’histoire strictement nationale.Différentes interventions ont montrécombien les variables régionales ont puintervenir dans l’entrée en Résistance.Le souvenir de la première occupation,le rattachement administratif par lesAllem<strong>and</strong>s à la Belgique, la proximitégéographique de la Gr<strong>and</strong>e-Bretagne, liésaux spécificités socio-économiques, ontfaçonné la montée du refus. Le cas despaysans et celui des universitaires ont étéplus spécialement approfondis. Ce derniers’appuyait d’ailleurs sur une comparaisonavec l’exemple, bien connu chez nous, desuniversités belges. Notre collègue FabriceMaerten a ren<strong>for</strong>cé cette perspective comparativepar un exposé sur la problématiquedu Hainaut, une province à la foisindissociable du contexte belge, et trèsproche, géographiquement et socio-économiquement,des départements septentrionaux.Deux exposés, le premier portantsur la zone sud et le second, plus original,sur la Lorraine, ont encore ren<strong>for</strong>cé l’idéede développements régionaux d’autantplus accentués qu’ils se produisent dansune France administrativement éclatée.Associé à une petite exposition, ce colloques’adressait à un public particulièrement‘métissé’, mélange d’historiensprofessionnels et d’enseignants, d’amateursd’histoire et d’anciens résistants.Les communications étaient entrecoupéesde témoignages de ces derniers. Si ceuxcifont parti du lot quotidien des membresde la profession, ils n’en fournirent pasmoins autant d’apports vécus aux considérationsplus théoriques des historiens,susceptibles de contribuer à l’intérêt d’unpublic débordant largement le cénaclerestreint de la recherche scientifique.Un type de manifestation peu encline àengendrer des débats épiques entre spécialistesde questions pointues, mais quicontribuera à sa manière à combler lefossé parfois trop large entre ceux-ci etun plus large public.Emmanuel Debruyne