56 En Belgiqueendosser<strong>on</strong>t la bannière du fédéralismemême si, comme cela est apparu àmaintes reprises au cours de la journée,cet engagement n’a jamais occupé toutl’espace militant: le combat en faveurde la paix, la lutte ouvrière et syndicaleoffraient aux militants communistes autantd’espaces et de visibilités.La questi<strong>on</strong> a d’ailleurs été posée: commentc<strong>on</strong>cilier cet engagement fédéraliste(wall<strong>on</strong>) dans une structure nati<strong>on</strong>ale quine laisse guère d’aut<strong>on</strong>omie aux communistesflam<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>s et wall<strong>on</strong>s ? Commentc<strong>on</strong>cilier une culture politique internati<strong>on</strong>alisteet un discours wall<strong>on</strong> ?Le début des années 1960 est égalementmarqué par le sceau du grippisme qui amobilisé bien des énergies même si, endéfinitive, c’est surtout la fédérati<strong>on</strong> bruxelloisequi a été touchée. Ces années s<strong>on</strong>taussi à placer sous le sceau d’un fois<strong>on</strong>nementmilitant qui se retrouve éclatéentre le trotskysme au sein et à l’extérieurdu PSB, et la mouvance wall<strong>on</strong>ne au seindu Parti wall<strong>on</strong> des Travailleurs et del’Uni<strong>on</strong> de la Gauche socialiste. Par rapportà ces noyaux, le PCB devait aussilutter pour sa légitimité propre.Malgré l’embellie, le PCB c<strong>on</strong>tinuaitd’être mal c<strong>on</strong>sidéré et plusieurs orateurs<strong>on</strong>t souligné les rapports parfois difficilesentre le m<strong>on</strong>de communiste et les milieuxsyndicaux. Les relati<strong>on</strong>s n’étaient pasn<strong>on</strong> plus toujours aisées avec certainesbranches du mouvement wall<strong>on</strong> où lescommunistes tentaient également de jouerun rôle actif. Le témoignage des militantsa mis en lumière, à la fois la diversité dessituati<strong>on</strong>s dans une Wall<strong>on</strong>ie aux visagesmultiples, et le souvenir des luttes: lesgrèves et les projets de maintien del’ordre bien sûr, mais aussi la participati<strong>on</strong>particulièrement active des communistesau vaste pétiti<strong>on</strong>nement del’automne 1963.Bref, une journée intéressante quitrouvera un prol<strong>on</strong>gement dans laparuti<strong>on</strong> des actes ann<strong>on</strong>cée pour 2002.Le Parti social chrétienHistoire et futurChantal KestelootLe 21 février 2001, le <str<strong>on</strong>g>Centre</str<strong>on</strong>g> d’étudede la vie politique de l’Université librede Bruxelles organisait une journée deréflexi<strong>on</strong> sur le devenir potentiel du PSC àla lumière de s<strong>on</strong> passé récent. L’initiativese devait d’être soulignée à un momentoù, compte tenu de ses derniers déboiresélectoraux, le parti semble se trouver à lacroisée des chemins. Le projet paraissaitd’autant plus digne d’intérêt qu’il marquaitnettement s<strong>on</strong> intenti<strong>on</strong> de sortirdes lieux communs liés à une analysesuperficielle de la situati<strong>on</strong> pour tenterde décrypter les ressorts prof<strong>on</strong>ds duphénomène.La journée a, de manière générale,rép<strong>on</strong>du à l’attente, alliant n<strong>on</strong> sans uncertain b<strong>on</strong>heur histoire et politologie.Ainsi, Pascal Delwit et Christian
V<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ermotten <strong>on</strong>t chacun sel<strong>on</strong> leurangle spécifique, bien mis en évidencel’évoluti<strong>on</strong> du vote social chrétien enBelgique depuis l’avènement du suffrageuniversel. Ils <strong>on</strong>t tous deux souligné lafracture des années 60, qui marque la finde l’hégém<strong>on</strong>ie du PSC/CVP sur le pays.S’appuyant sur la répartiti<strong>on</strong> géographiquedes votes à travers le XXe siècle,V<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ermotten a en outre tenté d’allerau-delà des c<strong>on</strong>stats pour avancer unesérie d’éléments ayant pu jouer en défaveurdu PSC/CVP. Outre des facteursc<strong>on</strong>nus de l<strong>on</strong>gue date (laïcisati<strong>on</strong> de labourgeoisie, industrialisati<strong>on</strong> précoce,recul de la pratique religieuse), il a misen évidence l’importance du faire-valoirdirect, qui a permis une émancipati<strong>on</strong> plusrapide des populati<strong>on</strong>s vis-à-vis desnotables catholiques locaux. Par ailleurs, àpartir des années 60, le Parti libéral, enab<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g><strong>on</strong>nant ses positi<strong>on</strong>s anti-cléricales,a de plus en plus c<strong>on</strong>currencé en Wall<strong>on</strong>iel’espace traditi<strong>on</strong>nellement investi par lessociaux-chrétiens, qui aujourd’hui surl’ensemble du pays en s<strong>on</strong>t réduits à pesersur des z<strong>on</strong>es périphériques.Si les c<strong>on</strong>tributi<strong>on</strong>s de Lieven De Wintersur les mutati<strong>on</strong>s à l’œuvre dans le votesocial chrétien, et de Pascal Delwit etBenoit Hellings sur les mutati<strong>on</strong>s structurelleset organisati<strong>on</strong>nelles du PSC <strong>on</strong>tessentiellement dépeint des traits c<strong>on</strong>temporains,celles de Paul Magnetteet de Paul Wynants <strong>on</strong>t repl<strong>on</strong>gé dansle passé pour poser des questi<strong>on</strong>s f<strong>on</strong>damentalesquant au devenir du parti. Eneffet, Magnette s’est dem<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>é à juste titresi le pers<strong>on</strong>nalisme pouvait sauver le PSCde l’impasse dans laquelle la crise del’identité c<strong>on</strong>fessi<strong>on</strong>nelle et la course aucentre des autres partis semblent l’avoirc<strong>on</strong>duit. L’ambiguïté inhérente à la créati<strong>on</strong>et à l’utilisati<strong>on</strong> de ce c<strong>on</strong>cept depuisles années 30 ne paraît pas en tout casaugurer d’un remède miracle. Passanten revue les différentes étapes de l’évoluti<strong>on</strong>du PSC depuis 1945, Wynants arejoint cette problématique en soulignantqu’après avoir été jusqu’en 1968 un partidu bien commun, le parti a cherché à sepositi<strong>on</strong>ner dans un centre qui cachaitmal les tensi<strong>on</strong>s entre gauche et droite.Aujourd’hui sel<strong>on</strong> lui, il doit choisir souspeine de disparaître.En tout cas, sel<strong>on</strong> Pierre Verjans, lesystème de piliers (ou de clois<strong>on</strong>s) missur pied depuis la fin de la PremièreGuerre m<strong>on</strong>diale paraît ne plus avoir derais<strong>on</strong>s d’être dans une société de plus enplus déclois<strong>on</strong>née. Si, de nos jours, lesstructures chrétiennes situées hors duparti (enseignement, mutualités, syndicats)renc<strong>on</strong>trent encore un succèsindéniable, ce n’est pas à cause desvaleurs propagées, mais bien de la qualitédes services rendus. Alors, le PSCa-t-il encore vraiment un avenir ? JoelleMilquet le croit bien évidemment, maisses projets de relance du parti sur desbases pers<strong>on</strong>nalistes exposées en fin dejournée c<strong>on</strong>vaincr<strong>on</strong>t-elles l’électorat ?Ceci n’est bien sûr plus du ressort del’historien…Les actes de cette stimulante journéedevraient être publiés au moment de lasortie de ce Bulletin.En BelgiqueFabrice Maerten57