'30-'50 - Centre for Historical Research and Documentation on War

58 Gros planLe rapport final de laCommission d’étude desbiens juifsAu terme de quatre années d’activités,la “Commission d’étude sur le sort desbiens des membres de la Communautéjuive de Belgique spoliés ou délaisséspendant la guerre 1940-1945" (désormaisdénommée la Commission d’étude)a transmis très exactement le 12 juillet2001 son rapport final au gouvernement 1 .Les recherches proprement dites menéesavec une équipe limitée composée de 6historiens et 2 historiens d’art ont en faitduré deux ans. La Commission d’étudeest néanmoins convaincue d’avoir pu<strong>for</strong>muler des réponses aux questionsessentielles.En ce qui concerne la spoliation durantla période de l’occupation, la Commissiona conclu que les services allem<strong>and</strong>ssont effectivement parvenus à “désenjuiver”l’économie en Belgique maisque cette opération, abstraction faitedu secteur du diamant, n’a été que d’unmaigre avantage pour le Reich tant surle plan financier qu’économique. Cettesituation est principalement due aucontexte juridique dans lequel l’Administrationmilitaire allem<strong>and</strong>e a encadrél’organisation du pillage; cet encadrementn’était à son tour pas un librechoix mais la conséquence de la politiqued’occupation de l’administrationoccupante: là où cela était possible, ils’agissait de laisser l’administrationautochtone gérer la situation pour agirelle-même comme instance de contrôle.Ce choix a contraint l’administrationmilitaire allem<strong>and</strong>e à respecter, tout aumoins de façon <strong>for</strong>melle, la législationbelge. C’est pour ces raisons que lesavoirs “juifs et ennemis” ont été géréspar une société anonyme de droit belgecréée par l’administration militaireallem<strong>and</strong>e; cette s.a. pouvait effectivementgérer des biens mais elle nepouvait pas en disposer. C’est ainsique, contrairement à la situation qui aprévalu en France et aux Pays-Bas,pays voisins, les biens juifs spoliésont bien été centralisés, pour une partieessentielle, dans une banque de pillage,ils y sont demeurés jusqu’à la libérationsans que l’occupant puisse en disposer.Le régime d’occupation militaire en Belgiquea déporté la population juive sur ordrede Berlin et pillé ses biens tout en permettant,de façon involontaire, qu’une partiede ses biens sortent intacts de la guerre.1Les biens des victimes des persécutions anti-juives en Belgique. Spoliation, Rétablissement desdroits. Résultats de la Commission d’étude. Rapport final de la Commission d’étude sur le sortdes biens des membres de la Communauté juive de Belgique spoliés ou délaissés pendant laguerre 1940-1945, Bruxelles, 2001, 2 vol., 479 et 280 p.