'30-'50 - Centre for Historical Research and Documentation on War

Le colloque “Testing democracyat the margins” à VienneLe colloque “Testing democracy at themargins, a transatlantic dialogue on‘extremism’ in democracy”, qui s’estdéroulé à Vienne (Autriche) les 28 et 29juin 2001, avait été organisé par la section‘Public Affairs’ de l’ambassade des Etats-Unis. Ce n’était évidemment pas unhasard si l’Autriche de Haider avait étéchoisie comme point de chute pour unemanifestation de ce type; le colloque enquestion servit d’ailleurs de théâtre à l’unedes dernières prestations publiques del’ambassadeur Kathryn Hall, qui avait éténommée par l’administration Clinton.Six ateliers de discussion avaient été prévus,avec un questionnement concernantla démocratie libérale face à la tyrannie dela majorité, la restriction des libertés civilesafin de combattre l’extrémisme, lespartis extrémistes et le système électoral,les stratégies politique, sociale et économiquecontre l’extrémisme, la cooptationou la marginalisation des extrémismes et,enfin, les ‘valeurs occidentales’ et la démocratielibérale.Les membres de ces ateliers se recrutaientessentiellement parmi les politologuesaméricains, austro-allem<strong>and</strong>s ou venantd’autres pays occidentaux mais il y avaitégalement des délégués d’institutions nationaleset internationales attachés à la défensedes Droits de l’Homme, aux oeuvressociales, etc...., ainsi que des journalistes.Il n’est pas question de résumer ici lesdeux journées d’interventions dans lesateliers et de discussions avec la salle. Latendance générale était cependant visible:le public reçut la plupart du temps unmessage très idéaliste et politiquementcorrect, qui ne brillait pas par son analysehistorique. On y insista beaucoup sur lesmérites du combat antiraciste, sur lesdroits des homosexuel(le)s et d’autresconsidérations de ce type. Brillait par sonabsence, une analyse multidisciplinaire surl’ascension de l’extrême droite, de mêmequ’un questionnement sur nombre d’aspectsdes démocraties bourgeoises occidentales.On n’évoqua pas non plus commeclés de compréhension éventuelles, lesincidences de l’économie de marché et ducapitalisme. Bref, on en resta pour l’essentielà des problèmes de superstructures –pour utiliser un terme démodé. On citaévidemment des rapports de cause à effetpolitiques, culturels et ethniques intervenantdans la montée de l’extrême droite,mais on aurait peut-être pu, en l’occurrence,penser à la vieille boutade “qui neveut pas parler du capitalisme doit se tairesur le fascisme”. Sans en revenir auxthéories marxistes élémentaires sur lefascisme – agent du gr<strong>and</strong> Capital –, onaurait peut-être pu profiter de l’occasionpour se livrer à une réflexion critique surles conséquences éventuelles de certaineéconomie de marché dans la décompositiondes structures sociales.Quoi qu’il en soit, ces stratégies, pétriesde bons sentiments mais <strong>for</strong>melles, discutéesau cours de ce colloque – finalementplus politique que scientifique – ne semblenten aucun cas suffisantes pour menerla lutte contre l’extrême droite. Cela vientpeut-être du fait qu’aucun historien n’avaitété invité dans les ateliers de discussion...Dirk Martin41À l'étranger