44 À l'étrangerti<strong>on</strong> “propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>iste” de ces cercles nerép<strong>on</strong>dit pas du tout à leurs attentes.Ingenborg Philipsen apporta sa pierre àl’édifice en évoquant le rejet<strong>on</strong> du CCF auDanemark, la Society <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g> Freedom <str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>Culture, qui était plus soucieuse de propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>epolitique et de pêche à l’in<str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>mati<strong>on</strong>que d’influence culturelle – cequi n’était guère ét<strong>on</strong>nant, le dirigeant decelle-ci étant le chef d’un service secretprivé, étroitement lié au service de renseignementsdanois. Tity De Vries traita lecas néerl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ais, ou plutôt le n<strong>on</strong>-cas, carle CCF ne s’installa jamais aux Pays-Basmalgré le fait que le pays figurait parmiles plus fidèles alliés des Américains.Elle l’expliqua notamment par le manqued’engagement politique des écrivains etdes artistes, l’absence de débat public etla percepti<strong>on</strong> négative de la cultureaméricaine.En guise d’ouverture au dernier <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>um,portant sur la guerre froide et la culturepopulaire, Jessica Gienow-Hecht (Universitéde Harvard) nous fit un exposésur “La culture et la guerre froide”, eninsistant sur le fait qu’en réalité, “l’exportati<strong>on</strong>culturelle” (américaine) et la “propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>eculturelle” <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>maient un groupeparticulièrement hétérogène d’acti<strong>on</strong>s, demotivati<strong>on</strong>s et de pers<strong>on</strong>nes, dépendant oun<strong>on</strong> du gouvernement. Elle a par ailleursétabli dans sa recherche que la propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>ede guerre froide stimulait toutautant la “haute” culture (la politiquemusicale américaine en Allemagne,par exemple, en revenait à des c<strong>on</strong>tactsexistant depuis le 19 e siècle), qu’elle enmanipulait les représentati<strong>on</strong>s.David M<strong>on</strong>od et Hugo Frey présentèrentdans ce c<strong>on</strong>texte deux études decas, respectivement celui de Porgy <str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>Bess en tant que propag<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>e de guerrefroide, et celui de la récepti<strong>on</strong> de Hitchcockdans la France de la guerre froide.Porgy <str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g> Bess – cofinancé par le Départementd’Etat – fit une tournée européennede 1952 à 1956, URSS incluse, diffusantle message sous-jacent qu’aux Etats-Unis,les noirs n’étaient pas c<strong>on</strong>sidérés commecitoyens de sec<strong>on</strong>de z<strong>on</strong>e. De même, lesfilms de Hitchcock <strong>on</strong>t évidemment jouéun rôle dans l’attracti<strong>on</strong> exercée parl’Amérique sur les Français.On le c<strong>on</strong>state, Middelburg nous aoffert une analyse à froid de l’influence“culturelle” tant cl<str<strong>on</strong>g>and</str<strong>on</strong>g>estine que transparentedes USA, en Europe de l’Ouest,de s<strong>on</strong> caractère disparate et du (manquede) succès de ces entreprises. Un trèsb<strong>on</strong> colloque d<strong>on</strong>c, combinant dans sadiffusi<strong>on</strong> de recherches récentes qualitéd’expressi<strong>on</strong> et caractère scientifique, letout dans le cadre d’une problématiqueparticulièrement intéressante. Les Actesdu colloque se devr<strong>on</strong>t d’être d’aussib<strong>on</strong>ne facture, tout autant qu’un sec<strong>on</strong>dcolloque prévu, qui devrait aborderdavantage la problématique du point devue soviétique.Dirk MartinNB: Ceux qui désireraient en savoir plus au sujet du RSC peuvent c<strong>on</strong>sulter s<strong>on</strong> site:http:\\www.roosevelt.nl
La Caisse des Dépôts etC<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>s, la Sec<strong>on</strong>de Guerrem<strong>on</strong>diale et le 20 ème siècleÀ l'étrangerAu cours de la décennie écoulée, laCaisse des Dépôts et C<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>s fut,à plusieurs reprises, interpellée par desmembres de la communauté juive française.S<strong>on</strong> rôle dans la spoliati<strong>on</strong> des Juifsde France avait jusqu’alors été largementocculté. Devançant la vol<strong>on</strong>té politique,la Caisse des Dépôts et C<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>sdécida, en 1996, de se livrer à s<strong>on</strong> propreexamen de c<strong>on</strong>science. Elle se dota pourse faire des moyens matériel et humainnécessaires, recrutant entre autres, pourcinq ans, des archivistes, des éc<strong>on</strong>omisteset des historiens.Le colloque qui s’est tenu les 28, 29 et 30novembre dernier, à Paris, est le résultatdu travail accompli par cette équipe, audépart des archives de l’instituti<strong>on</strong>, préalablementcollati<strong>on</strong>nées. Ces travaux, publiéssous le titre La spoliati<strong>on</strong> antisémitesous l’Occupati<strong>on</strong>: c<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>s et restituti<strong>on</strong>s1 , complètent <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>t à propos le Rapportgénéral dressé par la Missi<strong>on</strong> d’étudesur la spoliati<strong>on</strong> des Juifs de France,communément appelée Missi<strong>on</strong> Mattéoli.Les interventi<strong>on</strong>s du 28 novembre furentsurtout centrées sur le statut et le f<strong>on</strong>cti<strong>on</strong>nementd’une instituti<strong>on</strong>, qui devraitfêter s<strong>on</strong> bicentenaire dans une quinzained’années. En rais<strong>on</strong> de leur approchefranco-française, elles ne présentaientqu’un intérêt limité pour un publicétranger.Les communicati<strong>on</strong>s du lendemain sefocalisèrent sur la Sec<strong>on</strong>de Guerrem<strong>on</strong>diale et le rôle particulier remplipar la Caisse des Dépôts et C<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>sau cours de l’occupati<strong>on</strong>. De 1941à 1944, elle servit en effet de réceptacleau produit de la liquidati<strong>on</strong> des biens,mobiliers et immobiliers, c<strong>on</strong>fisquésaux Juifs. Sylvain Manville et Pierre-Yves Aigrault décrivirent les modalitésdu pillage organisé à la lumière del’amende du milliard (1941-1942) etdes biens saisis sur les internés deDrancy. L’implicati<strong>on</strong> d’un organismed’Etat dans le processus de spoliati<strong>on</strong>,fait unique en Europe, soulevait biendes questi<strong>on</strong>s quant à la neutralité,réelle ou supposée, de cet organisme.En d’autres termes, la Caisse, brasséculier de l’Etat, fut-elle un instrumentinc<strong>on</strong>scient de la spoliati<strong>on</strong>,comme elle le prétendit après-guerre ?Alya Aglan analysa <str<strong>on</strong>g>for</str<strong>on</strong>g>t brillammentla situati<strong>on</strong>: elle échafauda la théoriedu rouage neutre, à laquelle se rallia,entre autres, Philippe Verheyde, qui1CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS, La spoliati<strong>on</strong> antisémite sous l’Occupati<strong>on</strong>: c<strong>on</strong>signati<strong>on</strong>s etrestituti<strong>on</strong>s. Rapport définitif, Paris, 2002.45