Seine-Saint-Denis, territoire sacrifié - tolle, lege

JEUDI 2 OCTOBRELe Monde 19Dimanche 28 - Lundi 29 septembre 2008a 15.30 FRANCE 5Mes Questions sur... la folieDOCUMENTAIRESerge Moati (France, 2008).Rediffusion le 7 octobre à 20.35.En franchissant le portail de Sainte-Anne, Serge Moati l’admet, il apeur. Car il pénètre dans un universcaché, occulté, qui le renvoie à sespropres fragilités. Après s’être intéresséaux « Nouvelles thérapies »,à « Ceux qui se retirent du monde »ou aux « Femmes qui aiment lesfemmes », le journaliste a posé sacaméra dans l’hôpital psychiatriquele plus célèbre de France, à la rencontrede ceux que l’on dit « fous ».Le producteur-réalisateur-présentateurSerge Moati prend le tempsd’écouter. Il ne cache pas sesmoments de gêne, parfois, face àdes paroles déroutantes, mais n’enfait pas le sujet de son documentaire.Plans serrés, mouvements des mains,regards éteints par les médicaments,il entre dans les univers de ces personnessans les stigmatiser. Leurspropos, s’ils prêtent parfois à sourire,dévoilent une grande souffrance. Al’image d’Eddy qui explique qu’unjour il a assisté à son propre assassinat; conscient de ses troubles, il doutede réussir à être un père pour safille qui doit naître dans quelquesjours. Sarah, elle, se cache derrièrea 20.45 TCMLes Filmsdu PrésidentDOCUMENTAIRECharles-Antoine de Rouvre, JacquesBraunstein et Clovis Goux(France, 2008).Anthony Hopkins, WalterHuston et Henry Fondaont au moins un pointcommun, et pas n’importelequel. Ils ont tous été, letemps d’une productionhollywoodienne, présidentdes Etats-Unis.Du début des années1930 jusqu’à aujourd’hui(avec la sortie prochainedu film d’Oliver Stone,W. - L’Improbable Président),le président est l’undes héros favoris du cinémaaméricain. Souventporteurs des valeurs etdes idéaux des Etats-Unis, ces personnages defiction peuvent-ils êtredes relais d’une forme depropagande ?« Je n’arrive pas à m’arrêter de penser », explique cette femme, régulièrementhospitalisée à Sainte-Anne depuis 1996. LES FILMS DES TOURNELLESles lunettes rondes du journalistepour pleurer et parler de sa mère, cette« salope » qui les « a lâchés » il y aquatre ans. En réalité, elle est morte.La folie n’est pas seulement, commela décrit Boris Cyrulnik, neuropsychiatreayant vécu plusieursannées avec sa famille dans un hôpitalpsychiatrique, une « poésieconstante », un monde dans lequel« le banal disparaît ». Elle peut aussiêtre destructrice et dangereuse.Cette réalité fait brutalement surfacedans le documentaire à travers lerécit de cet homme qui, parce qu’ilpensait que son ami était « le mal »,« Les films présidentielsaméricains ne sont pas desfilms politiques », répondl’universitaire MichelChandelier, auteur du Présidentdes Etats-Unis vupar Hollywood (L’Harmattan),interrogé dans cedocumentaire réalisé parCharles-Antoine de Rouvreet écrit par JacquesBraunstein et ClovisGoux. « Leur projet estavant tout symbolique. Ils’agit de chanter l’Amérique,de s’autopersuader quele mode de vie, les institutions,l’organisation politiquedu pays sont idéaux.Et, malgré les vicissitudesde l’histoire, malgré lesépreuves affrontées, cemode de vie, cet idéal est unpeu ébranlé, mais continued’être viable », poursuit-il.Michel Chandelierdéveloppe les analysesles plus argumentées etles plus convaincantes dece documentaire, parasitépar d’autres interventionsmoins pertinentes,comme celles des politiquesfrançais Françoisede Panafieu, Marielle deSarnez ou encore Jean-Paul Huchon, dont la légitimitésur le sujet apparaîtmoins évidente…Sans doute s’agissait-ilpour les réalisateurs devarier les intervenants,d’ajouter un éclairageplus politique.Diffusé à la veille del’élection américaine, ceest allé à son domicile et l’a blesséde plusieurs coups de hache.Où se situe la frontière entre les« humeurs », acceptables, et la maladie? Comment bascule-t-on ? Quiétablit les normes ? S’il pose cesquestions au début de son documentaire,Serge Moati ne tente guère d’yrépondre. Pas d’analyse philosophiqueni médicale dans son discours.Une simple rencontre avec des personnalitéshors normes. Une maintendue vers une humanité marginaliséeparce que différente et effrayante.Un témoignage poignant.Maud ObelsKevin Kline (Dave) face à Frank Langella (Bob)dans « Président d’un jour », d’Ivan Reitman.documentaire s’inscritdans une programmationspéciale (pendant tout lemois d’octobre) réunissantune dizaine de fictionscentrées sur la politiqueaméricaine et lareprésentation du présidentdes Etats-Unis. Unbeau corpus, qui permetde voir la course à la MaisonBlanche sous unangle original, et de sedemander si c’est Hollywoodqui influence lascénographie des campagnesprésidentielles américaines,ou l’inverse.Hélène Delyea 23.05 FRANCE 2Les Apprentiesde la vieDOCUMENTAIREInfrarougeElisabeth Aubert Schlumberger(France, 2007).Yamina, apprentie encoiffure et esthétique. DRElles s’appellent Fleur,Yamina et Lauren, sontâgées de 16 à 19 ans.Trois jeunes filles au passémouvementé maismues par la même volontéde s’en sortir.Etudiantes au centre deformation des apprentis(CFA) Ambroise-Croizat,dans le 18 e arrondissementde Paris, où elles suiventun apprentissage encoiffure et esthétique,elles ont accepté de selivrer face à la camérad’Elisabeth AubertSchlumberger. La réalisatriceles a accompagnéespendant un an. Moisaprès mois, elle a été letémoin des doutes, desdéceptions et des peinesde cœur de ces trois« apprenties de la vie ».Pendant que beaucoupde jeunes filles affrontaientleurs premiers chagrinsd’amour, Fleur, elle,a déjà dû faire face audécès de son père et deson frère. « J’ai grandiplus vite que certaines »,dit-elle. « Vous avez choisil’apprentissage, alors bienvenuedans le monde desadultes », lance MarieAttard, la directrice duCFA, qui déploie beaucoupd’énergie pour offrirà ses mille élèves un avenirplus prometteur.Ce film attachant montrequ’entre insouciance etfragilité sociale, Fleur,Lauren et Yamina développentune incroyable capacitéà rebondir.Z. Pu.