Seine-Saint-Denis, territoire sacrifié - tolle, lege

DIMANCHE 5 OCTOBRELe Monde 31Dimanche 28 - Lundi 29 septembre 2008a 20.15 ARTELe ConcordeDOCUMENTAIREDesignDanielle Schirman (France, 2008).En 2003, « l’oiseau blanc » a rangéses ailes. Après vingt-sept ans d’unecarrière hors norme dans l’histoirede l’aviation, le Concorde franco-britanniquerejoignait pour toujoursle musée et les livres d’histoireaéronautique. Tout au long de sonexploitation conjointe par AirFrance et British Airways, leConcorde a cumulé les superlatifsqu’il s’agisse de sa vitesse (mach 2)ou de son exploitation commerciale,jamais rentable.De toute cette histoire, de cesaventures supersoniques à18 000 mètres au-dessus de laTerre, il en est bien sûr questiondans le documentaire inédit deDanielle Schirman qui ouvrela saison de « Design » sur Arte.Fidèle à sa ligne éditoriale, la collectionlancée en 1999 se propose dereplacer les objets industriels – voiture,électroménager, meuble… – aucœur de leurs époques. A traversleurs lignes et leurs formes, ce sontles contours de l’époque que « Design» dessine, plus ou moins finementselon les numéros.Objet visuel graphique en luimême,le film consacré au Concorderevient donc sur la conception del’avion et le contexte géopolitiquede l’époque, quand, en 1969, l’Europese dote de son premier « oiseaublanc » alors que les Etats-Unis etl’URSS entament leur guerre desétoiles.La partie la plus intéressante restetoutefois celle consacrée au designmême du Concorde et à tout ceque les ingénieurs ont dû imaginerpour en faire l’avion de ligne le plusrapide de la planète. De la formedes sièges à celle des couverts, desessais en soufflerie au choix desmatériaux, mais sans un mot sur lecrash de 2000 à Gonesse qui signala mort programmé du Concorde,le documentaire devrait satisfairetoutes les curiosités.Parmi les autres films inédits,« Design » se penchera sur le poufSacco (le 19 octobre), allumera letéléviseur Algol (le 2 novembre),détaillera la bibliothèque Bookworm(le 23), testera le fauteuilPaimio (le 30) avant d’allumerle Walkman (le 28 décembre)pour une petite balade en Fiat 500(le 4 janvier).Guillaume Fraissarda 23.10 FRANCE 3Maisons de retraite, du scandale à l’espoirDOCUMENTAIREHaute tensionHervé Brèque (France, 2008).Grabataire, la vieille dame est visiblementmalmenée lorsque les troisaides-soignantes la hissent pour laremettre dans son lit à l’aide d’unlève-personne. Elle se plaint, maisles trois femmes se moquent d’elleet la traitent de « conasse » et de« pute ». Saisie en caméra cachée, cettescène effarante n’a pas été filméedans un mouroir pour gens démunismais dans une des maisons de retraiteles plus chères de la région parisienne,affirme Hervé Brèque.Le réalisateur a sillonné la Francependant plus d’un an pour tenter dedresser un bilan des soins apportésen établissements spécialisés à unepart croissante de la population :trois millions de Français ont plusde 80 ans. Les places disponiblesmanquent cruellement. L’assistanceL’avion de ligne le plus rapide du monde n’était pas seulement une prouessetechnologique, mais aussi un objet au design étudié. COLLECTION MUSÉE AIR FRANCEUn regard inquiétant sur les soinsapportés à nos aînés. ACTUAL PRODà domicile n’est pas la panacée. Lepersonnel de beaucoup de maisonsmédicalisées ou non, souvent malpayé, n’est pas assez qualifié ni ennombre suffisant. Aux cas de maltraitances’ajoutent ceux, bien plusrépandus, de négligence ou d’incompétence.Les contrôles sont rares etinefficaces. Il y a si peu d’établissementsque les autorités hésitent à enmettre en cause le fonctionnement.Diffusé dans une nouvelle casebaptisée « Haute tension », ce documentairepossède un ton trop accusateurqui nuit en partie à une démonstrationaccablante en soi. Mais, auchapitre de « l’espoir » annoncé parle titre, il fournit quelques beauxexemples de solutions originales.Comment ne pas être séduit parle travail d’Yves Ginest, qui formele personnel de l’hôpital gériatriquede Ballainvilliers (Essonne) ? Lui quidénonce dans la société « une peurextraordinaire de la vieillesse », développeune méthode fondée sur l’attention,la gentillesse, voire la tendresse.Pour faire bouger une personne àmobilité plus que réduite, il prouvequ’il faut avoir « une main relationnelleet l’autre utile ». Ainsi, à la surprisegénérale, Jeanne quitte-t-elle son fauteuilroulant pour esquisser quelquespas dont elle-même ne se croyaitplus capable. Admirable !Francis Cornua 20.50 M6De la maternelle àla fac : faut-il payerpour réussir ?MAGAZINECapitalTitre provocateur maissujet ô combien d’actualitépour ce numéro de« Capital ». Alors que lasemaine de quatre joursa été mise en place enprimaire, que la maternellefait l’objet de nombreusesspéculations surson avenir, que la réformedes collèges et lycéesest en cours, « Capital »a enquêté dans les coulissesde l’école. Quatrereportages sont aumenu : « Faut-il payerles profs au mérite ? » ;« Cours de langue : bilinguedès la maternelle » ;« Bacheliers : enquêtesur le business des petitesécoles de commerce». Et pour commencer,une enquête – la seuleque nous ayons puvisionner – sur le boomdes écoles privées dansles banlieues sensibles.Stéphanie Davoigneaus’est rendue en Seine-Saint-Denis pour comprendrepourquoi deplus en plus de parentsaux revenus modestesinscrivent leurs enfantsdans des écoles payantes,parfois plus éloignéesde leur domicile quel’établissement public.Volonté de réussite scolaire,peur de la violence etde l’absentéisme enseignant…tels sont les principauxmotifs qui expliquentce phénomène.Si le reportage n’évitepas les raccourcis – quinzeprofs absents une foispar mois en même temps« pour l’heure syndicale »dans un collège public du93 ; discipline de fer etélèves respectueux dansun collège privé –, il montrebien que le publicaccueille les élèves sansdistinction de niveau,alors que le privé sélectionneles meilleurs élémentset n’hésite pas àremplir ses classes pourdes raisons financières.G.F.