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La femme, la folie, la créationUne vie,une histoire…Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l étaitune bel<strong>le</strong> jeune femme,très tôt affi rmée dansune création prometteuse. Fil<strong>le</strong>d’un conservateur <strong>de</strong>s hypothèques,Camil<strong>le</strong> Rosalie Clau<strong>de</strong>l vint au mon<strong>de</strong>en 1864 à Fère-en-Tar<strong>de</strong>nois, petite cité <strong>de</strong>l’Aisne, terre champenoise étonnementfécon<strong>de</strong> en écrivains tels que Jean LaFontaine, Jean Racine ou encore A<strong>le</strong>xandreDumas. El<strong>le</strong> est l’aînée d’une fratrie <strong>de</strong> troisenfants avec Louise née en 1866 au <strong>de</strong>stinordinaire d’épouse et Paul né en 1868 <strong>de</strong>venuun illustre poète et diplomate. Camil<strong>le</strong> passeune partie <strong>de</strong> son enfance à Vil<strong>le</strong>neuvesur-Fère.Son père Louis-Prosper Clau<strong>de</strong>lfonctionnaire <strong>de</strong> province ne s’opposerajamais aux vocations esthétiques <strong>de</strong>Camil<strong>le</strong> et Paul. Autoritaire, mais nontyrannique, il fut prêt à se sacrifi er pouraccompagner ses enfants dans <strong>le</strong>ursvoies artistiques. Il n’hésite pas à vendre<strong>de</strong>s titres pour instal<strong>le</strong>r la famil<strong>le</strong> à Pariset permet à Camil<strong>le</strong> d’intégrer en 1881l’académie Colarossi.Sa mère Louise Athanaïse Cerveaux-Clau<strong>de</strong><strong>le</strong>n revanche est hermétique à tout ce quitouche à l’art. El<strong>le</strong> démontre clairementson aversion, mais n’eut pas assez <strong>de</strong>verbes pour étouffer la vocation <strong>de</strong> sa fi l<strong>le</strong>et compromettre sa formation auprès <strong>de</strong>sgrands maîtres <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. Sous l’infl uenceet l’enseignement d’Alfred Boucher, el<strong>le</strong>commença sa première production puis futconfi ée à l’illustre sculpteur Auguste Rodinen 1883, pour qu’il poursuive sa formation.Lorsqu’il porta un regard sur ses premièresexquises, il reconnut en el<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s marquesd’une artiste <strong>de</strong> ta<strong>le</strong>nt. En manque <strong>de</strong> maind’œuvrealors qu’il crée La porte <strong>de</strong> l’enfer, il<strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Camil<strong>le</strong> <strong>de</strong> rejoindre son atelier.Très vite el<strong>le</strong> <strong>de</strong>vient son modè<strong>le</strong>, une prochecollaboratrice et sa maîtresse. Il la présentaà <strong>de</strong> grands critiques et commanditaireset l’introduisit dans <strong>de</strong> grands salons. Desœuvres prodigieuses, fruits <strong>de</strong> cette relationpluriel<strong>le</strong> jailliront <strong>de</strong> cette rencontre capita<strong>le</strong>.Orgueil<strong>le</strong>use, insoumise, s’affranchir dumaître <strong>de</strong>vint pourtant sa lutte première.La créationTrois gran<strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s donnent <strong>de</strong>s contoursdifférents à sa création. La première précè<strong>de</strong>sa rencontre à Rodin et se réalise durant saprime jeunesse : La vieil<strong>le</strong> Hélène, Le jeuneRomain. Vint cel<strong>le</strong> du temps du bonheuret d’une entente harmonieuse entre <strong>le</strong>s<strong>de</strong>ux amants avec La femme accroupie,Giganti, Sakountala et Psaume où se profi <strong>le</strong>l’affi rmation d’un sty<strong>le</strong>. Enfi n l’étape dudésaccord et <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur rupture, par la réalisationd’une création solitaire avec La Valse, Clotho,la Petite Châtelaine, L’Âge mûr, La Vague,Les Causeuses, Rêve au coin du feu, Perséeet la Gorgone. Après Rodin, seu<strong>le</strong> dans sonatelier, el<strong>le</strong> soumet la matière à la force<strong>de</strong> son unique poignée. Tantôt raccrochés àun sty<strong>le</strong> classique et fl orentin, <strong>le</strong>s corps qu’el<strong>le</strong>façonne sont marqués par une certainebeauté. Les lignes suivent <strong>le</strong>s traces <strong>de</strong> grandsmaîtres, frôlant <strong>le</strong> génie, la force et <strong>le</strong> brio. D’unbout à l’autre <strong>de</strong> l’ouvrage, el<strong>le</strong> va loin dansl’exécution et s’attaque à <strong>de</strong>s matières nob<strong>le</strong>set brutes tel<strong>le</strong>s que l’onyx et <strong>le</strong> marbre.El<strong>le</strong> sculpte comme el<strong>le</strong> vit sans détour, sansambages, sans concession. Cherchant àal<strong>le</strong>r toujours plus loin dans la diffi culté, dans<strong>le</strong> tracé, dans <strong>le</strong>s coups <strong>de</strong> burin. Durantsa relation à Rodin, déjà <strong>de</strong>s signes d’unepsychose paranoïaque apparaissent et c’estaprès <strong>le</strong>ur rupture que Camil<strong>le</strong> va glisserprogressivement dans une agonie si<strong>le</strong>ncieuse.C’est à cette pério<strong>de</strong> que sa vie d’artiste vabruta<strong>le</strong>ment s’interrompre notamment parune <strong>de</strong>struction massive <strong>de</strong> ses œuvres, dansson atelier <strong>de</strong> la rue d’Italie, dans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong>vit recluse <strong>de</strong> tout et <strong>de</strong> tous. Le dénuementet <strong>le</strong> délabrement matériel et psychiquedans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> va doucement sombrerconduisent sonfrère et sa mèreà déci<strong>de</strong>r soninternement en1913, quelquesjours après lamort <strong>de</strong> sonpère.Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l – De la grâce à l’éxil9La femme, la folie, la création


La femme, une femme…La femme n’existe pas, nous dit Lacan,comment l’abor<strong>de</strong>r ? Il n’y a pas, en effet,<strong>de</strong> signifi ants proprement dits pour direLa femme par contre plusieurs manièrespour une femme d’abor<strong>de</strong>r sa féminitéentre semblants <strong>de</strong> subsistance et l’illimitéed’une jouissance qui peut la ravager. Lesfemmes sont réel<strong>le</strong>ment énigmatiqueset mystérieuses ; désorientées, sensib<strong>le</strong>s,angoissées ou égarées, el<strong>le</strong>s tententchacune <strong>de</strong> trouver l’essence <strong>de</strong> <strong>le</strong>urféminité à travers diverses solutions soit dansune relation particulière à un partenaire soitdans l’investissement coûteux d’une passionsalvatrice ou dévorante. Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l faitpartie <strong>de</strong> ces femmes qui se laissent emporterpar la passion <strong>de</strong> son art, perdue dansl’absolue d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. L’ambiva<strong>le</strong>nce<strong>de</strong> sa position subjective qui s’écrit dans ethors <strong>de</strong> l’œuvre nous donne <strong>le</strong>s clés <strong>de</strong> cequi s’y dénoue. Pour créer, el<strong>le</strong> puise soninspiration dans <strong>le</strong>s courantsartistiques en vogue,mais aussi dans cequi la constitueet la met àl’épreuve.El<strong>le</strong> agit et réagit guidée par <strong>de</strong>s profon<strong>de</strong>ursobscures et secrètes et son <strong>de</strong>stin s’en trouveperturbé. Son parcours <strong>de</strong> femme et d’artiste,ne s’inscrit pas dans une communauté <strong>de</strong>femmes, comme femme, lui permettant <strong>de</strong>répondre d’el<strong>le</strong> en tant que femme/artisteni à ce qui fait sa différence avec l’homme/artiste. Son ambition subvertit la différence,et fait fi <strong>de</strong>s semblants qui limitent et régu<strong>le</strong>ntson rapport à une jouissance particulière,qui prône l’au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s sexes. Dans l’espacecirconscrit <strong>de</strong> la matière, el<strong>le</strong> iso<strong>le</strong> cettejouissance et l’expérimente à l’infi ni. Sonœuvre s’enrichit <strong>de</strong> cette substance et<strong>de</strong>vient objet d’art. El<strong>le</strong> occupe la scène<strong>de</strong> la création et réalise quelque chose<strong>de</strong> p<strong>le</strong>inement épanoui, dénué <strong>de</strong> doute,d’ennui et <strong>de</strong> peur.D’un quelque chose qui la happe et lasecoue s’élabore quelque chose qui lasecourt. Insatiab<strong>le</strong>, « el<strong>le</strong> explore une régionsans marques, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s frontières » etarpente une zone inconnue, semblab<strong>le</strong> àun trou béant et s’y égare. La création <strong>de</strong>l’œuvre, sa <strong>de</strong>struction enterrée ainsi que sonarrêt décisif pose <strong>le</strong> problème crucial <strong>de</strong> lapsychose <strong>de</strong> Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l, par rapportà la relation à l’Autre <strong>de</strong> la reconnaissance.Comprendre ce qui l’aspire, la soutient etl’engloutit s’ordonne selon nous autour <strong>de</strong>trois signifi ants, femme, folie et création.Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l – De la grâce à l’éxil10La femme, la folie, la création


Une logique à l’œuvreLa femme, la folie, la création procè<strong>de</strong>nt eneffet d’une logique signifi ante qui fait échoà <strong>de</strong>s temps forts <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> Camil<strong>le</strong>. Cettelogique s’articu<strong>le</strong> dans un nouage qui a sonimportance dans l’abord du cas Camil<strong>le</strong>Clau<strong>de</strong>l. Ces trois signifi ants offrent plusieursgril<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>le</strong>cture et peuvent s’entendredifféremment selon que nous <strong>le</strong>s abordionssous l’ang<strong>le</strong> <strong>de</strong>s courants esthétique,historique ou psychanalytique.Ces regards différents apportent dans <strong>le</strong>urensemb<strong>le</strong> la possibilité <strong>de</strong> mieux comprendrela femme, l’artiste et la particularité <strong>de</strong> sonart. Des citations nous orientent et fournissentun trésor inestimab<strong>le</strong> sur <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> réelsque la psychanalyse tente <strong>de</strong> repérer et <strong>de</strong>dénouer. Ils s’affi chent éga<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>marbre et dans <strong>le</strong> cheminement <strong>de</strong> sa vie.La femme, la folie, la création doit doncs’entendre comme une problématique quiouvre sur ces bouts <strong>de</strong> réel circonscrits et surl’origine <strong>de</strong> ce qui fait point d’achoppement,point <strong>de</strong> rupture et mise en exergue d’unesouffrance à l’œuvre chez Camil<strong>le</strong>. Ceréel met en lumière l’énigme d’unecertaine étrangeté reconnue dansl’œuvre et la mise en évi<strong>de</strong>nced’une solution que Camil<strong>le</strong>a construite avec hargne etcourage <strong>le</strong>s trente premièresannées <strong>de</strong> sa vie, créant uneœuvre incarnée <strong>de</strong> ce qu’ily a <strong>de</strong> plus intime et ce plussombre en el<strong>le</strong>.La puissance <strong>de</strong> création et d’invention <strong>de</strong>Camil<strong>le</strong> rési<strong>de</strong> dans cette réussite provisoire<strong>de</strong> puiser continûment dans ce qui laconstitue intrinsèquement. Femme, folie etcréation sont en conséquence trois signifi antsindissociab<strong>le</strong>s qui concrétisent ce qu’el<strong>le</strong>parvient temporairement à faire tenir dans savie et dans l’œuvre. Trois termes, au fond, quenous avons extraits <strong>de</strong> cette riche élaboration.Pris dans cette logique, ils désignent combienl’intime occupe une place prépondérantedans l’œuvre.Désolidarisés et pris individuel<strong>le</strong>ment, ilsouvrent sur une autre problématique révélatrice<strong>de</strong> cette psychose qui l’exi<strong>le</strong> peu àpeu. Épuisée, en effet, el<strong>le</strong> s’est égarée dansun cheminement chaotique et douloureuxinhérent à la ru<strong>de</strong>sse <strong>de</strong> son art, aux diffi cultésfi nancières écrasantes et nombreuses ainsiqu’à son combat absolu <strong>de</strong> reconnaissance.La folie s’extrait <strong>de</strong> ce bricolage précairemettant en exergue un mon<strong>de</strong> crépusculairedans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> va s’enfermer. Au fond, lacréation ne soutient plus cel<strong>le</strong> qui se laissetomber dans <strong>le</strong> trou noir <strong>de</strong> l’horreur. Le vi<strong>de</strong>se déploie, son mon<strong>de</strong> se délite et produitune femme désarrimée <strong>de</strong> l’Autre et dumon<strong>de</strong>. Et cette logique signifi ante femme,folie, création ne tient plus que dans unassemblage désordonné, délié. De la grâceà l’exil explicite donc <strong>le</strong> long cheminementd’une femme qui entre dans la lumière parl’art puis s’éteint peu à peu dans l’ombred’une effroyab<strong>le</strong> tragédie personnel<strong>le</strong>.Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l – De la grâce à l’éxil11La femme, la folie, la création


OEuvres et folie : résurgenceLe 7 septembre 1914, une artiste statuaireentrait à l’Asi<strong>le</strong> <strong>de</strong> Mont<strong>de</strong>vergues-<strong>le</strong>s-Rosespar transfert <strong>de</strong> l’Hôpital <strong>de</strong> Vil<strong>le</strong>-Evrard (avecune centaine d’autres patientes).Seu<strong>le</strong> ou presque, el<strong>le</strong> <strong>de</strong>vait y <strong>de</strong>meurerpresque trente ans et y mourir <strong>le</strong> 19 octobre1943 « d’ictus apop<strong>le</strong>ctique » (mais aussi,comme <strong>de</strong> nombreux patients, <strong>de</strong> carencealimentaire).El<strong>le</strong> sera enterrée au cimetière <strong>de</strong> Montfavetdans <strong>le</strong> Carré <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s, puis dans une fossecommune où reposaient anonymement sescendres, jusqu’à l’érection d’un cénotaphecommémoratif en 2009.Trente ans <strong>de</strong> si<strong>le</strong>nce créatif, pourcel<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong>ment considérée comme lasculptrice majeure du XX e sièc<strong>le</strong>, dont <strong>le</strong>squelques œuvres exposées au musée<strong>de</strong>s Arca<strong>de</strong>s témoignent <strong>de</strong> la puissancecréatrice, <strong>de</strong> la singularité et <strong>de</strong> l’extraordinairebeauté <strong>de</strong> ses sculptures toujours enmouvement et en équilibre prêt à se rompre.Long si<strong>le</strong>nce émaillé <strong>de</strong> cris <strong>de</strong> revendication,<strong>de</strong> souffrance, <strong>de</strong> révolte puis d’acceptationdouloureuse que nous faitentendre <strong>le</strong> peu <strong>de</strong> <strong>le</strong>ttres qu’el<strong>le</strong>a pu envoyer (parmi <strong>le</strong>s innombrab<strong>le</strong>sécrites etjamais expédiées), <strong>le</strong>ttresdisant la solitu<strong>de</strong>,la peur d’être empoisonnée,la promiscuité,<strong>le</strong>s froids <strong>de</strong>Mont<strong>de</strong>vergues, lafaim, l’oubli…Alors il nous plaît <strong>de</strong>penser qu’à partir<strong>de</strong> la fi n <strong>de</strong>s années1980 – après trentenouvel<strong>le</strong>s années<strong>de</strong> si<strong>le</strong>nce – quelquechose <strong>de</strong> la passioncréatrice <strong>de</strong> Camil<strong>le</strong>Clau<strong>de</strong>l trop longtempsenfouie dans <strong>le</strong> carcan <strong>de</strong>la folie et <strong>de</strong> la grisail<strong>le</strong> asilairea enfi n regermé et a resurgi sous d’autresformes :Création du premier centre d’accueil et <strong>de</strong>crise Intrahospitalier Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l offrantjour et nuit à toute personne s’adressant àlui présence, écoute, évaluation et prise encompte.Ouverture et développement <strong>de</strong>s ateliers<strong>de</strong> psychothérapie à médiation créatrice :Marie Laurencin, Théâtre <strong>de</strong> l’Autre Scène,Papiers <strong>de</strong> Soi, Il Était une Voix, Émouvance,Lumière, Peau d’Âme où Camil<strong>le</strong> auraitpeut-être trouvé sa place, et d’un Atelierd’Ergothérapie.Effl orescence enfi n <strong>de</strong> livres, <strong>de</strong> fi lms, <strong>de</strong>manifestations, <strong>de</strong> lieux <strong>de</strong> mémoire, et enpoint d’orgue <strong>le</strong>s manifestations et l’expositionactuel<strong>le</strong>s.Que nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>-t-el<strong>le</strong> d’entendre encoreet toujours ?Que folie et création ont un lien.Que femme et création sont indissociab<strong>le</strong>s.Que lorsqu’on ne veut pas entendre, onpousse au si<strong>le</strong>nce et au hur<strong>le</strong>ment et que <strong>le</strong>s<strong>de</strong>ux sont inaudib<strong>le</strong>s parce qu’assourdissants.Qu’actuel<strong>le</strong>ment il y a toujours dans <strong>le</strong>shôpitaux <strong>de</strong>s Camil<strong>le</strong> qui souffrent, <strong>de</strong>sCamil<strong>le</strong> qui crient, <strong>de</strong>s Camil<strong>le</strong> qui veu<strong>le</strong>ntvivre et jouir <strong>de</strong> l’existence, à charge pournous <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur ouvrir <strong>le</strong>s chemins.René Pan<strong>de</strong>lon, mé<strong>de</strong>cin psychiatre, responsab<strong>le</strong><strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> création et chef <strong>de</strong> service <strong>de</strong>l’unité pour mala<strong>de</strong>s diffici<strong>le</strong>sCamil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l – De la grâce à l’éxil13La femme, la folie, la création


Autour <strong>de</strong> l’expositionColloque : <strong>le</strong> vendredi 26 avril 2013 à la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong> spectac<strong>le</strong>s du CHMLe colloque à mi-parcours <strong>de</strong> l’exposition sera cette substantiel<strong>le</strong> ponctuation qui nouspermettra d’approcher <strong>le</strong>s différents thèmes que nous inspirent la vie <strong>de</strong> Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l, sonœuvre, sa folie et nous questionnent. Ils s’ordonnent autour <strong>de</strong> trois points essentiels sou<strong>le</strong>vésdans <strong>le</strong> titre <strong>de</strong> cette exposition : La femme, la folie, la création.Des intervenants : historiens d’art, plasticienne et cinéaste, professeur <strong>de</strong> <strong>le</strong>ttres, acteurs,psychanalystes et psychiatres convieront <strong>le</strong> public à cette élucidation et ouvriront <strong>le</strong> débat.Ce temps est envisagé comme un moment actif et fécond <strong>de</strong>stiné à restituer au public <strong>le</strong>svo<strong>le</strong>ts historique, esthétique et psychanalytique <strong>de</strong> l’œuvre et <strong>de</strong> l’artiste.Solo <strong>de</strong> danse-théâtre par Roberte Léger, chorégraphe : Lettres <strong>de</strong> Camil<strong>le</strong>Les vendredi 24 mai à 17 h 30 et samedi 25 mai 2013 à 20 h 30 à la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong>spectac<strong>le</strong>s du CHMEn fi n d’exposition, nous réservons un temps <strong>de</strong> pure volupté à travers un solo<strong>de</strong> danse-théâtre mis en scène et interprété par la ta<strong>le</strong>ntueuse chorégraphecontemporaine Roberte Léger. Son travail s’inspire <strong>de</strong> la vie et <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong>Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l et à partir <strong>de</strong> <strong>le</strong>ttres choisies d’une correspondance importanteentre Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l ainsi que différents protagonistes déterminants. Cettedanse nous sera contée par une femme incarnée par <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s d’une autre.C’est à travers cette danse gracieuse et lascive que nous entrerons dans unenchaînement bou<strong>le</strong>versant, enveloppé d’une musique qui prend <strong>le</strong> corps etl’entraîne avec justesse et virtuosité à visiter la part d’ombre <strong>de</strong> l’artiste.Copyright Jean Gros-AbadiFilm documentaire « Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l »Réalisé par Dominik Rimbault en 2002.Le fi lm présente avec pertinence <strong>le</strong>s œuvres <strong>de</strong> Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l etnous fait découvrir sa correspondance avec Rodin, son frère Paul, safamil<strong>le</strong>, son ami Octave Mirbeau et <strong>le</strong> ga<strong>le</strong>riste Eugène Blot… Il seradiffusé au musée pendant l’exposition (durée : 48 min).Mis en vente 20 € à la librairie du musée <strong>le</strong>s Arca<strong>de</strong>sCamil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l – De la grâce à l’éxil14La femme, la folie, la création


Prolongement, approfondissementLe <strong>de</strong>rnier vo<strong>le</strong>t <strong>de</strong> cet événement a une place importante, car il s’impose commeprolongement et invitation pour <strong>de</strong>s patients <strong>de</strong> participer activement au projet 2013 enexposant aux côté <strong>de</strong> l’artiste <strong>le</strong> fruit <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur travail.Indigo - V. KruschExposition <strong>de</strong> créations origina<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s ateliers du CHM : sculptures et tab<strong>le</strong>auxDes œuvres origina<strong>le</strong>s créées spécia<strong>le</strong>ment par <strong>de</strong>s patients <strong>de</strong>s ateliers du forum interpô<strong>le</strong>s<strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> psychothérapie à médiation créatrice (FIAPMC) (atelier MarieLaurencin – atelier Papiers <strong>de</strong> soi) sur <strong>le</strong>s thèmes femme, folie et création seront exposéesaux côtés <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l. Il est entendu ici <strong>de</strong> promouvoir l’œuvre commesupport <strong>de</strong> jouissance et expression d’un dire singulier. L’orientation sera <strong>de</strong> faire entendreau public que l’acte d’écrire et <strong>de</strong> créer intervient comme vecteur d’un réel et d’unejoui-sens, non comme art-thérapie. En effet, l’œuvre proprement dite est ce lieu à travers<strong>le</strong>quel s’énonce et s’actualise quelque chose du sujet hors discours. Un réel s’élabore etse pose selon <strong>le</strong>s lois du patient-créateur reconnu dans l’assomption d’un objet sublimé.Il s’agit ici d’ouvrir une fenêtre sur l’œuvre par son exposition et sur <strong>le</strong> sujet dans l’œuvre commetémoignage d’une vérité.Le ca<strong>de</strong>au incorruptib<strong>le</strong> - V. Krusch Sans titre - V. Krusch Synapses - J. Dordoni Sans titre - O. Rickshaud Sans titre - O. RickshaudJournée <strong>de</strong> clôture <strong>le</strong> vendredi 31 mai 2013au centre hospitalier <strong>de</strong> Montfavet.Une journée <strong>de</strong> clôture sera <strong>le</strong> prolongement <strong>de</strong> tout cequi aura pu naître <strong>de</strong>s rencontres (colloque etconférence). El<strong>le</strong> sera animée par <strong>le</strong>s ateliers àmédiation créatrice du FIAPMC pour <strong>le</strong> <strong>de</strong>rniervendredi <strong>de</strong> l’exposition. Les ateliers l’Autrescène (théâtre) ; Il était une voix » (chant) ;Émouvance (danse) seront <strong>le</strong>s emblèmes <strong>de</strong>cette création toujours en gestation, toujoursen <strong>de</strong>venir.La pièce Camil<strong>le</strong> Ad Honores sera présentéepar <strong>le</strong> théâtre <strong>de</strong> l’Autre scène à la sal<strong>le</strong> <strong>de</strong>spectac<strong>le</strong>s du centre hospitalier <strong>de</strong>Montfavet <strong>le</strong> vendredi 31 mai et <strong>le</strong>samedi 1er juin 2013 à 19 h 30.


Repères biographiquesCol<strong>le</strong>ction particulière1864 : Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l naît <strong>le</strong> 8 décembreà Fère-en-Tar<strong>de</strong>nois, dans l’Aisne. Sa sœurLouise naît en 1866, son frère Paul en 1868.Une création aux côtés <strong>de</strong>s grandsmaîtres1878-79 : Très tôt, Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l s’intéresseà la sculpture. El<strong>le</strong> rencontre Alfred Boucher,Sculpteur. El<strong>le</strong> modè<strong>le</strong> ses premières fi gurines enterre : David et Goliath, Bismarck, Napoléon.1881 : La famil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l déménage à Paris.Soutenue par son père, el<strong>le</strong> entre à l’académieColarossi où el<strong>le</strong> suit <strong>le</strong>s cours <strong>de</strong>s sculpteursAlfred Boucher puis d’Auguste Rodin.1883 : Très vite, une complicité artistiquenaît entre Camil<strong>le</strong> et Rodin. Il la fait entrerdans son atelier comme praticienne. El<strong>le</strong> sespécialise dans <strong>le</strong> mo<strong>de</strong>lage <strong>de</strong>s pieds et <strong>de</strong>smains. El<strong>le</strong> y rencontre cel<strong>le</strong> qui va <strong>de</strong>venirsa fi dè<strong>le</strong> amie, Jessie Lipscomb. À ceux quila critiquent, Rodin répond « Je lui ai montréoù trouver <strong>de</strong> l’or, mais l’or qu’el<strong>le</strong> trouveest bien à el<strong>le</strong> ». Camil<strong>le</strong> l’inspire et <strong>de</strong>vientson modè<strong>le</strong>. Malgré <strong>le</strong>urs 24 ans <strong>de</strong>différence, ils vivent une passion stimulante,mais orageuse, dans laquel<strong>le</strong> s’entremê<strong>le</strong>l’art <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux artistes, au point que <strong>le</strong>s œuvres<strong>de</strong> Camil<strong>le</strong> sont considérées comme étantcel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Rodin.1885 : (1 er au 30 juin) Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l expose<strong>de</strong>ux œuvres aux côtés <strong>de</strong> Rodin à la Société<strong>de</strong>s Artistes français (SAF) à Paris. El<strong>le</strong> fait laconnaissance, par l’intermédiaire <strong>de</strong> Rodin,<strong>de</strong> Léon Gauchez, marchand critique etfondateur <strong>de</strong> la revue <strong>de</strong> l’Art.1886 : (mai/juin) : El<strong>le</strong> séjourne chez <strong>le</strong>sLipscombs à Peterborough.Échange épistolaire entre Rodin et Camil<strong>le</strong>.Rodin s’inquiète <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> Camil<strong>le</strong> etécrit plusieurs <strong>le</strong>ttres à Jessie Lipscombs. Ilprofi te d’un voyage à Londres pour rejoindreCamil<strong>le</strong>. Rodin rédige un « contrat » dans<strong>le</strong>quel il lui promet <strong>le</strong> mariage et la tientcomme unique élève.Une création solitaireCamil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l s’obstine à être reconnuepour ce qu’el<strong>le</strong> est et veut prouver qu’el<strong>le</strong>n’a pas copié <strong>le</strong> Maître. Cette recherched’autonomie artistique est perceptib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>choix <strong>de</strong>s thèmes <strong>de</strong> ses sculptures. Rejetantl’antique et <strong>le</strong>s canons néo-classiques el<strong>le</strong>cherche à révé<strong>le</strong>r dans ses personnagesl’expression d’états d’âme. S’éloignant d’unquelconque réalisme, tout en <strong>le</strong> frôlant parfoisavec Profon<strong>de</strong> Pensée ou Rêve au coin <strong>de</strong> lacheminée. S’approchant toujours d’un peu plusprès d’une solitu<strong>de</strong>, et d’une émotion intérieureempreinte d’une certaine théâtralité.À la même pério<strong>de</strong>, Camil<strong>le</strong> quitte sa famil<strong>le</strong>quand sa liaison avec Rodin est renduepublique. Mais Rodin ne se sépare pas <strong>de</strong>sa compagne <strong>de</strong> toujours, Rose Beuret, dontil a un fi ls. B<strong>le</strong>ssée et désorientée, Camil<strong>le</strong>s’éloigne <strong>de</strong> Rodin peu à peu et lui voue unamour-haine qui l’enferme progressivementdans une paranoïa délirante et à la rupturedéfi nitive.Les prémices d’un exil intérieur1893 : L’Âge mûr est la symbolisation <strong>de</strong><strong>le</strong>ur séparation. El<strong>le</strong> évoque dans une <strong>le</strong>ttreà Paul sa volonté <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong> la distanceavec l’art <strong>de</strong> Rodin et écrit : « Tu vois que cen’est plus du tout du Rodin et c’est habillé, jevais faire <strong>de</strong>s petites terres cuites. »Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l s’instal<strong>le</strong> quai Bourbon etpoursuit sa quête artistique dans une gran<strong>de</strong>solitu<strong>de</strong> malgré l’appui <strong>de</strong> critiques commeMirbeau, Morhardt, et du fon<strong>de</strong>ur Blot, qui luiorganise <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s expositions. El<strong>le</strong> sombre<strong>de</strong> plus en plus, s’adonne à la boisson,se méfi e <strong>de</strong> tous et vit dans la misère. El<strong>le</strong>poursuit cependant isolée dans son atelier sacréation.El<strong>le</strong> travail<strong>le</strong> du matin au soir <strong>de</strong>s fi gurespresque aussitôt détruites « El<strong>le</strong> cherche dansl’acharnement d’un travail p<strong>le</strong>in <strong>de</strong> fi èvre, ladéfi nitive formu<strong>le</strong> <strong>de</strong> son rêve » écrit d’el<strong>le</strong>Armand Dayot. En 1898, Mathias Morhardtécrit aussi dans Mercure <strong>de</strong> France : « Lesplâtres sont brisés. Les esquisses sont réduitesen poussières. Les <strong>de</strong>ssins sont brulés ».El<strong>le</strong> défend par ail<strong>le</strong>urs l’originalité <strong>de</strong> sontravail dès qu’el<strong>le</strong> se sent attaquée, notammenten 1899 par Maurice Guil<strong>le</strong>mot,directeur <strong>de</strong> l’Europe artiste, et lui répond :« Je vous ferai remarquer que je ne tire jamaismes œuvres que <strong>de</strong> moi-même, ayant plutôttrop d’idées que pas assez.. »Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l – De la grâce à l’éxil16La femme, la folie, la création


Col<strong>le</strong>ction particulièreCol<strong>le</strong>ction particulière1900 : El<strong>le</strong> continue <strong>de</strong> montrer son travai<strong>le</strong>t expose trois <strong>de</strong> ses œuvres à l’Expositionuniversel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Paris.1906 : Camil<strong>le</strong> poursuit la <strong>de</strong>struction une àune <strong>de</strong> ses sculptures ainsi que son atelier etcommence à se barrica<strong>de</strong>r. El<strong>le</strong> vit reclusedans un délabrement psychique et matériel.El<strong>le</strong> se sent suivie et persécutée par Rodin, sesamis et sa famil<strong>le</strong>.1913 : L’internementLorsque son père décè<strong>de</strong> <strong>le</strong> 3 mars, Camil<strong>le</strong>n’en est pas avertie. Sa mère et son frère, nesupportant plus ses errements, la font internerà l’hôpital psychiatrique <strong>de</strong> Vil<strong>le</strong>-Evrard lasemaine suivante. El<strong>le</strong> a 48 ans.1914 : Le transfert à Mont<strong>de</strong>vergues.En raison <strong>de</strong> la guerre, el<strong>le</strong> est transféréeà l’asi<strong>le</strong> <strong>de</strong> Mont<strong>de</strong>vergues. À son entrée,<strong>le</strong> certifi cat d’hospitalisation fait mentionqu’el<strong>le</strong> « est atteinte <strong>de</strong> délire systématisé<strong>de</strong> persécution basé principa<strong>le</strong>ment sur <strong>de</strong>sinterprétations et <strong>de</strong>s imaginations fausses »(22 septembre 1914). Dès son arrivée, Camil<strong>le</strong>ne pense plus qu’à une seu<strong>le</strong> chose : quitterl’asi<strong>le</strong>. Et pourtant, rapi<strong>de</strong>ment, Mme Clau<strong>de</strong><strong>le</strong>xprime clairement sa volonté <strong>de</strong> réduire <strong>le</strong>srelations épistolaires <strong>de</strong> sa fi l<strong>le</strong> et d’interdire <strong>le</strong>svisites : « (…) sauf à moi et à son frère, M. PaulClau<strong>de</strong>l, j’interdis formel<strong>le</strong>ment qu’el<strong>le</strong> écriveà qui que ce soit et qu’el<strong>le</strong> reçoive <strong>de</strong> n’importequi aucune communication, visite ou <strong>le</strong>ttre ».Seu<strong>le</strong>ment quelques <strong>le</strong>ttres franchissent <strong>le</strong>smurs <strong>de</strong> l’asi<strong>le</strong> grâce à la complicité, parfoisrémunérée, du personnel.1918 : Les diffi cultés fi nancières <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong>Clau<strong>de</strong>l dues à la guerre entraînent unchangement <strong>de</strong> classe pour Camil<strong>le</strong> (<strong>de</strong> la1 re classe à la 3e classe). El<strong>le</strong> refuse par la suite<strong>de</strong> réintégrer la classe supérieure.Les larmes <strong>de</strong> l’exilDurant ces années, Camil<strong>le</strong> ne cessed’implorer son transfert dans <strong>le</strong> Nord pourse rapprocher <strong>de</strong> sa famil<strong>le</strong>. En vain. Ledirecteur <strong>de</strong> l’asi<strong>le</strong> écrit pourtant plusieurs foisà Mme Clau<strong>de</strong>l pour lui signifi er que « Mel<strong>le</strong>Clau<strong>de</strong>l est calme, ses idées <strong>de</strong> persécutionsans être disparues sont atténuées (…) dansces conditions, une sortie peut être essayée ».Paul vient la voir moins d’une vingtaine <strong>de</strong>fois. La peur d’être empoisonnée persiste.El<strong>le</strong> se nourrit exclusivement d’œufs frais et<strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre en robe <strong>de</strong>s champsqu’el<strong>le</strong> prépare el<strong>le</strong>-même au réfectoire. Detemps en temps, el<strong>le</strong> reçoit un colis <strong>de</strong> samère avec du café, du chocolat, du vin, pouraméliorer son ordinaire. Madame Clau<strong>de</strong>l <strong>de</strong>son côté, réclame <strong>de</strong>s rapports médicauxmensuels.1926 : Visite <strong>de</strong> son amie Jessie Lipscomb.Une autorisation <strong>de</strong> visite accordée par Louisesa sœur. Son mari saisit la <strong>de</strong>rnière image <strong>de</strong>Camil<strong>le</strong>, assise, pensive, lasse…1929 : Le 20 juin, la mère <strong>de</strong> Camil<strong>le</strong>,Louise-Athanaïse Clau<strong>de</strong>l décè<strong>de</strong> à l’âge <strong>de</strong>89 ans.Le refus <strong>de</strong> sculpterCamil<strong>le</strong> ne réalise aucune sculpture pendantson internement. El<strong>le</strong> refuse <strong>de</strong> toucher à laglaise que certains soignants lui proposent.Peu <strong>de</strong> temps avant sa mort, el<strong>le</strong> écrit à Paul :« En réalité on voudrait me forcer à faire <strong>de</strong>la sculpture ici, voyant qu’on n’y arrive pas,on m’impose toutes sortes d’ennuis. Cela neme déci<strong>de</strong>ra pas, au contraire. » Son refus <strong>de</strong>sculpter semb<strong>le</strong> représenter à ses yeux un <strong>de</strong>srares moyens d’affi rmer sa liberté.1943 : Paul confi e à son journal : « Le directeurme dit que ses fous meurent littéra<strong>le</strong>ment<strong>de</strong> faim : 800 sur 2000 […] Camil<strong>le</strong> dans sonlit ! Une femme <strong>de</strong> 80 ans et qui paraît biendavantage ! L’extrême décrépitu<strong>de</strong>, moi quil’ai connue enfant et jeune fi l<strong>le</strong>, dans toutl’éclat <strong>de</strong> la beauté et du génie ! […] El<strong>le</strong> esttrès affectueuse. Tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> l’aime, me diton.Amer, amer regret <strong>de</strong> l’avoir si longtempsabandonnée ! »El<strong>le</strong> meurt, seu<strong>le</strong>, <strong>le</strong> 19 octobre après 30années d’internement. El<strong>le</strong> est enterrée aucimetière <strong>de</strong> Montfavet, en présence <strong>de</strong>quelques membres du personnel <strong>de</strong> l’asi<strong>le</strong>,sous <strong>le</strong> matricu<strong>le</strong> : 1943-392. Sa dépouil<strong>le</strong>n’ayant pas été réclamée par sa famil<strong>le</strong>, el<strong>le</strong>est mise à la fosse commune.Aujourd’hui, un cénotaphe et un monumentsont érigés en son honneur.Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l – De la grâce à l’éxil17La femme, la folie, la création


OEuvres exposéesCamil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l (1864-1943)Diane1881Bronze posthume - Fonte DelvalH. 18 ; L. 10,5 ; P. 7 cm.Tête <strong>de</strong> vieil homme - Etu<strong>de</strong> pour L’Âge mûr1894Bronze posthume - Fonte CourbertinH.11,5 ; L.8 ; P.12 cm.La vieil<strong>le</strong> Hélène - 1882Bronze posthume - Fonte RocherH.27,5 ; L. 20,5 ; P.23.5 cm.Vieil aveug<strong>le</strong> chantant - 1894Bronze posthume - Fonte DelvalH.11 ; L. 10 ; P. 11,5 cm.Femme accroupieVers 1884-1885Bronze posthume - Fonte La PlaineH. 37 ; L.37 ; P.24 cm.La Valse - 1895« Plâtre signé »Bronze posthume - Fonte CoubertinH.42,5 ; L39 ; P.18 cm.Tête d’esclaveVers 1885Bronze posthume - Fonte CoubertinH. 13 ; L. 8.5 ; P.11.5 cm.L’implorante - 1898(Jeune Fil<strong>le</strong> agenouillée)Bronze ancien - Fonte E. Blot (1905)H. 32 ; L. 52 cmL’Homme aux bras croisés - 1885Bronze posthume - Fonte DelvalH.10 ; L. 9,5 ; P. 8 cm.Paul Clau<strong>de</strong>l à trente-sept ans - 1905Bronze posthume - Fonte DelvalH. 40 ; L. 30 ; P. 26 cm.Jeune fil<strong>le</strong> à la gerbe - 1887Bronze Posthume - Fonte CoubertinH. 35 ; L.20 ; P. 20 cm.Jeune fil<strong>le</strong> au chignonVers 1888Bronze posthume - Fonte DelvalH.17 ; L9,5 ; P.14 cm.Alfred Boucher (1850-1934)Camil<strong>le</strong> lisantVers 1876-1878Bronze posthume – Fonte La PlaineH 49 ; L. 19 ; P. 27,5 cm.Camil<strong>le</strong> Clau<strong>de</strong>l – De la grâce à l’éxil18La femme, la folie, la création


Marseil<strong>le</strong>,<strong>le</strong>04/09/2012Rodin,lalumière<strong>de</strong>l’AntiqueAvril–septembre2013L’expositionRodin,lalumière<strong>de</strong>l’antique,proposed’éclairerl’œuvre<strong>de</strong>Rodin<strong>de</strong>lalumière<strong>de</strong>l’antiqueautraversd’uneapprochesingulièrerévélantunjeuperpétuel<strong>de</strong>miroirentreAntiquitéetcréationcontemporaine.Ils’agit<strong>de</strong>revoirRodinaufil<strong>de</strong>sixétu<strong>de</strong>sthématiquesissues<strong>de</strong>laconfrontation<strong>de</strong>certaines<strong>de</strong>sessculpturesmajeuresà<strong>de</strong>schefsd’œuvre<strong>de</strong>l’Antiquité.Rodin,lalumière<strong>de</strong>l’Antiques’inscritdanslacontinuité<strong>de</strong>l’expositionIngresetl’Antiqueprésentéeen20062007aumuséed’Ar<strong>le</strong>s.Rodinvoulaitancrersapratique<strong>de</strong>lasculpturedanslacontinuité<strong>de</strong>l’artgrecfondateur,parfoisrevisitépar<strong>le</strong>sfiltres<strong>de</strong>scopiesromaineset<strong>de</strong>laRenaissance.Reformulant<strong>le</strong>sarchétypes<strong>de</strong>l’Antiquité,allantjusqu’àintégrerparassemblagesespropresfigurinesàunvasegrec,unecolonne,uneurne…,sonartfaitécho,parlaperfectionplastiqueetl’expressivité<strong>de</strong>sesformes,àl’idéalgrec.Leschefsd’œuvre<strong>de</strong>l’Antiquité,quinoussontparvenus<strong>le</strong>plussouventsousforme<strong>de</strong>fragments,<strong>de</strong>sculpturesmutilées,trouventaussiunparallè<strong>le</strong>formeldanslafaçonmêmequ’avaitRodin<strong>de</strong>travail<strong>le</strong>r:ôtant<strong>le</strong>superflupourdonneràsesœuvresunepuissancebrute,essentiel<strong>le</strong>,mutilantsesstatues,ilusait<strong>de</strong>l’assemblage,dufragment,<strong>de</strong>larecomposition,<strong>de</strong>l’inachevé.RodinneserenditjamaisenGrèce,maiscol<strong>le</strong>ctaquelques2500œuvresourépliquesgrecques,unesorte<strong>de</strong>Panthéon,sonpropremusée.Maisils’agitsansdoutelàd’uneGrècerêvée,autorisant<strong>le</strong>spercées<strong>de</strong>l’invisib<strong>le</strong>,<strong>de</strong>l’inaccessib<strong>le</strong>,<strong>de</strong>l’indicib<strong>le</strong>.Commissariat:Pasca<strong>le</strong>Picard,conservatriceaumuséedépartementalAr<strong>le</strong>santique.LaVoixintérieure–AugusteRodinMusée<strong>de</strong>sBeauxArts,PalaisLongchamp,Marseil<strong>le</strong>©JeanBernardMuséedépartementalAr<strong>le</strong>sAntique,presqu’î<strong>le</strong>ducirqueromain,13200Ar<strong>le</strong>sTél.:0413315103www.ar<strong>le</strong>santique.cg13.frServicePresseduConseilgénéral<strong>de</strong>sBouchesduRhôneContact:Secrétariatservice<strong>presse</strong>@cg13.frTel:0413311528MuséedépartementalAr<strong>le</strong>santiqueCommunication:CorinneFalaschicorinne.falaschi@cg13.frTel:0413315108–0662153324Webmaster:VanessaFraquet–vanessa.fraquet@cg13.frTel:0413315124


Eve - Auguste Rodin - Bronze© Musée Rodin - ParisAphrodite dite Vénus d’Ar<strong>le</strong>s vers360 av J.C. d’après Praxitè<strong>le</strong>© Paris - Musée du Louvre RMN-GP Hervé Lewandowski. MA 439


Nos partenairesMusée <strong>le</strong>s Arca<strong>de</strong>s du centre hospitalier<strong>de</strong> Montfavet (Avignon)2, av. <strong>de</strong> la Pinè<strong>de</strong> - BP 40092 - 84143 MONTFAVET ce<strong>de</strong>xRéservation : 04 90 03 90 80 - www.ch-montfavet.fr - www.camil<strong>le</strong>clau<strong>de</strong>l2013.comPhotos © JF Gar<strong>de</strong> - Xavier Teboul

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