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erre / le labyrinthe architectural - Centre Pompidou Metz

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ERRE / LE LABYRINTHE ARCHITECTURALLe <strong>labyrinthe</strong>, comme construction architectura<strong>le</strong>, repose sur un paradoxe : uneorganisation précise et comp<strong>le</strong>xe suscitant <strong>le</strong> chaos et la perte. En fonction de l’échel<strong>le</strong>,de la distance et du point de vue selon <strong>le</strong>squels on l’aborde, l’expérience en estextrêmement différente. Égarement, abolition et/ou multiplication des perspectives ;fascination pour la comp<strong>le</strong>xité, l’organisation systémique et l’aspect ornemental vu del’extérieur. Les maquettes, plans et croquis issus des pratiques architectura<strong>le</strong>s de laseconde moitié du XX e sièc<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s installations contemporaines témoignent de cettedoub<strong>le</strong> qualité.Aborder l’objet <strong>architectural</strong>, la représentation de projets utopiques ou questionner <strong>le</strong>srelations entre l’architecture, l’espace et <strong>le</strong> corps du spectateur sont des axes croisant denombreuses disciplines, comme <strong>le</strong>s mathématiques, <strong>le</strong>s sciences, la technologie, <strong>le</strong>s artsplastiques (ou arts visuels)…2ERRE I DOSSIER PEDAGOGIQUE I LE LABYRINTHE ARCHITECTURAL


Kasimir Ma<strong>le</strong>vitchOrnements suprématistes1927-2002Reconstitution par Poul Pederson7 pièces origina<strong>le</strong>s et 11 pièces reconstituéesmontées sur une plaque, plâtre<strong>Centre</strong> <strong>Pompidou</strong>, ParisMusée national d’art moderne / <strong>Centre</strong> de création industriel<strong>le</strong>5 — ERRE I DOSSIER PEDAGOGIQUE I LE LABYRINTHE ARCHITECTURAL


1.2 DAVID GEORGES EMMERICH, LES STRUCURES AUTOTENDANTESEmmerich est un architecte hongrois qui enseigna à l’Éco<strong>le</strong> des beaux-arts de Paris etinfluença ainsi toute une génération d’architectes, qui suivirent son cours de géométrieconstructive ainsi que ses « exercices d’autoconstruction », qu’il développe dans <strong>le</strong>sannées 1960, non seu<strong>le</strong>ment en France, mais aussi dans différents séminaires aux États-Unis, en Ang<strong>le</strong>t<strong>erre</strong>, au Maroc ou en Israël.Réalisées par l’architecte à partir de 1958, <strong>le</strong>s structures autotendantes obéissent audésir de créer une architecture aérienne. Contraint de rester alité, il met au point <strong>le</strong>principe de ces structures en jouant avec des mikados reliés par des ficel<strong>le</strong>s. Fondéessur <strong>le</strong>s principes de l’autoéquilibre et de l’apesanteur, cel<strong>le</strong>s-ci possèdent d’indéniab<strong>le</strong>squalités sculptura<strong>le</strong>s. Inspirées des systèmes comp<strong>le</strong>xes de la nature, el<strong>le</strong>s sontmodulab<strong>le</strong>s à l’infini.En 1967, en collaboration avec Jean-Paul Jungmann (architecte, éditeur et professeur :http://www.jeanpauljungmann.fr/), David Georges Emmerich réalise sa premièreœuvre à grande échel<strong>le</strong> : un stand d’exposition en carton pour <strong>le</strong> Salon de l’Emballagedu CNIT à Paris. Le dôme stéréométrique témoigne des possibilités constructives d’unearchitecture en carton.L’équilibre entre traction et compression, entre barres et tirants permet l’étude despoussées et des forces en architecture. Ce point est à mettre en parallè<strong>le</strong> avec l’étudedes ponts, des contreforts gothiques, des porte-à-faux de l’architecture du <strong>Centre</strong><strong>Pompidou</strong>-<strong>Metz</strong>, signée par Shigeru Ban, par exemp<strong>le</strong>.Ces recherches structura<strong>le</strong>s et utopistes font échos aux grands architectes utopistes dela fin du XVIII e sièc<strong>le</strong>, comme C. N. Ledoux, E. L. Boullée ou J. J. Lequeu.Emmerich a imaginé une nouvel<strong>le</strong> forme de société plus démocratique, où chacunpourrait construire son propre habitat. Ses ossatures architectoniques évoquent unearchitecture sans fondation, ouverte, dont la légèreté peut permettre la mobilité, lacroissance, la f<strong>le</strong>xibilité et l’autoconstruction.Dans la lignée d’Emmerich, l’architecte-ingénieur américain Buckminster Fül<strong>le</strong>r produitéga<strong>le</strong>ment une architecture fondée sur des structures spatia<strong>le</strong>s ou tridimensionnel<strong>le</strong>s.Emmerich a protégé ses formes polyédriques et ses recherches par de nombreux brevets.1.3 YONA FRIEDMAN, VILLE SPATIALEL’architecte Yona Friedman est né à Budapest et vit aujourd’hui à Paris, où il s’estinstallé à la fin des années 1950. Dès <strong>le</strong> début de sa carrière, il tente de prendre sesdistances avec <strong>le</strong>s excès des constructions intensives de l’après-gu<strong>erre</strong>, notamment ausein du GEAM, <strong>le</strong> Groupe d’architecture mobi<strong>le</strong>. L’architecture qu’il appel<strong>le</strong> « mobi<strong>le</strong> »ne l’est pas parce que <strong>le</strong>s constructions pourraient bouger, mais parce qu’el<strong>le</strong>spermettent la mobilité des habitants et la diversité des usages. Dans cette conception,l’usager est résolument au centre, à rebours des visions de l’architecture antérieures etcontemporaines qui, selon Friedman, <strong>le</strong> négligent bien trop souvent ou <strong>le</strong> conçoiventcomme une identité abstraite.L’utopie de la « vil<strong>le</strong> spatia<strong>le</strong> » mise en œuvre dans cette série de dessins tente dedonner corps aux principes de l’architecture mobi<strong>le</strong>. On y voit des réseaux dequadrilatères qui s’emboîtent, posés en hauteur sur des pilotis qui <strong>le</strong>ur permettent des’ajouter à un tissu urbain existant, ou d’être construits sur des zones inutilisab<strong>le</strong>s,comme des étendues d’eau. La « vil<strong>le</strong> spatia<strong>le</strong> » pourrait ainsi enjamber, sans <strong>le</strong>sdétruire, <strong>le</strong>s bâtiments anciens. Les blocs qui la composent doivent aussi êtredémontab<strong>le</strong>s et transformab<strong>le</strong>s, selon <strong>le</strong>s modes de vie des habitants. Cette structuresoup<strong>le</strong> et non déterminante doit ainsi permettre l’autoplanification des groupes etl’expression individuel<strong>le</strong> dans une structure réticulaire où vide et p<strong>le</strong>in alternent etjouent entre eux : « La vil<strong>le</strong>, en tant que mécanisme, n’est donc rien d’autre qu’un6 — ERRE I DOSSIER PEDAGOGIQUE I LE LABYRINTHE ARCHITECTURAL


<strong>labyrinthe</strong> : une configuration de points de départ, de points terminaux, séparés par desobstac<strong>le</strong>s. »La dimension utopique de ce projet apparaît dans ses dessins de vil<strong>le</strong>s presquefantastiques, bien éloignés des plans d’architectes. Valant pour eux-mêmes en dehors de<strong>le</strong>ur concrétisation, ils peuvent être considérés comme des œuvres d’art à part entière.Dans des tons de b<strong>le</strong>u propres à Yona Friedman, se dessinent ainsi des propositionsfantasmées qui se veu<strong>le</strong>nt matrices à réf<strong>le</strong>xion, objet esthétique et inspiration denouveaux modes de vie dans la vil<strong>le</strong> moderne.(Glossaire : architecture modulaire ; utopie)Yona FriedmanÉtude de la vil<strong>le</strong> spatia<strong>le</strong>1958-1959Projet non réalisé. Photocopie et feutre sur papier<strong>Centre</strong> <strong>Pompidou</strong>, ParisMusée national d’art moderne / <strong>Centre</strong> de création industriel<strong>le</strong>Don de l’architecte, 19927 — ERRE I DOSSIER PEDAGOGIQUE I LE LABYRINTHE ARCHITECTURAL


2. LES PISTES PÉDAGOGIQUES2.1. HISTOIRE DES ARTSDISCIPLINE : ARTS PLASTIQUESKasimir Ma<strong>le</strong>vitch : Ces deux maquettes montrent une facette de la création deMa<strong>le</strong>vitch peu connue des élèves, plus familiers avec ses peintures radica<strong>le</strong>s.Des matériaux faci<strong>le</strong>s à se procurer comme des emballages de médicaments, des petitesplanchettes (type Kapla) ou même des morceaux de sucre offrent la possibilité de faireconstruire des maquettes d’architecture. Les domaines couvrant ces créations sont à lafois mathématiques (répétition, multiplication, proportion, échel<strong>le</strong>, symétrie),technologiques (forces, tensions, poussées, contreforts…), esthétiques ou artistiques(forme généra<strong>le</strong> de l’édifice, rapports harmonieux de formes, de dimensions…).Des pistes de travail sont possib<strong>le</strong>s autour de structures qui prolifèrent, qui évoluent, setransforment par agencement, répétition, rotation, changement d’échel<strong>le</strong>, volumeindividuel, multip<strong>le</strong>, développement modulaire…Il est éga<strong>le</strong>ment intéressant de demander quel<strong>le</strong> fonction pourrait être attribuée à unepartie du volume et comment <strong>le</strong>s rendre lisib<strong>le</strong>s donc visib<strong>le</strong>s ?Une reproduction d’une de ces structures peut être distribuée aux élèves avec pourconsigne de donner à voir une architecture habitab<strong>le</strong> par ajouts d’éléments identifiab<strong>le</strong>s(fenêtres, portes, balcons, escaliers…) ou encore de poursuivre la maquette reproduiteafin qu’el<strong>le</strong> évolue de façon rizomatique.Autre piste : à l’aide de maquettes réel<strong>le</strong>s ou modélisées, montrer ce qu’il pourrait yavoir dans <strong>le</strong>s volumes, rendre des parois transparentes, <strong>le</strong>s ouvrir.Consulter éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> dossier de la BNF : http://expositions.bnf.fr/utopie/index.htmLa forme de ces structures modulaires, à la morphologie reproductib<strong>le</strong>, répétitive, peutfaire penser au développement des fracta<strong>le</strong>s (voir <strong>le</strong> plan de sa structure élaborée vers1962 et exposée). La fracta<strong>le</strong> numérique peut éga<strong>le</strong>ment être détournée de son aspectpremier afin de devenir une forme architectura<strong>le</strong> utopiste, travaillée avec <strong>le</strong> logiciel demodélisateur en 3D Goog<strong>le</strong> SketchUp.8 — ERRE I DOSSIER PEDAGOGIQUE I LE LABYRINTHE ARCHITECTURAL


DISCIPLINES : HISTOIRE/GEOGRAPHIELa notion de déda<strong>le</strong> peut être réinvestie à travers divers exemp<strong>le</strong>s : l’étude du palais deCnossos, du <strong>labyrinthe</strong> des Pyramides ou l’utilisation du <strong>labyrinthe</strong> <strong>architectural</strong> commetraduction d’une symbolique historique.À Berlin, <strong>le</strong>s architectes du Mémorial juif, Peter Eisenmann (Denkmal für die ermordetenJuden Europas), et du musée juif, Daniel Libeskind, réinvestissent la thématique du<strong>labyrinthe</strong>. Ce dernier est surnommé <strong>le</strong> Blitz (« éclair ») par <strong>le</strong>s Berlinois, à cause de sasilhouette vue du ciel. Le bâtiment aborde <strong>le</strong> thème de l’histoire et de la mémoire parson contenu et son architecture. Une des sources d’inspiration du projet est Sens unique,de Walter Benjamin. Ce dernier développe à travers son œuvre et ses portraits de vil<strong>le</strong> lanotion de « savoir-habiter » : on ne peut mieux connaître une vil<strong>le</strong> qu’en s’y perdant ouen côtoyant <strong>le</strong>s habitants. Pour accéder à la col<strong>le</strong>ction, il faut passer dans <strong>le</strong>ssouterrains du musée, où <strong>le</strong> visiteur peut choisir entre trois chemins : celui del’Holocauste, de l’exil de la continuité. Le visiteur est exposé à un choc provoqué par <strong>le</strong>sformes utilisées : <strong>le</strong>s lignes brisées, <strong>le</strong>s intersections de droites, des plafonds bas, desparois non vertica<strong>le</strong>s, l’absence de fenêtre. Les émotions produites par l’architecturedoivent toucher <strong>le</strong> public ; par cette atmosphère qu’il vit physiquement, il prendconscience de la tragédie de la Shoah. Comme l’exil apporte l’espoir d’une nouvel<strong>le</strong> vie,l’axe de l’exil nous mène à la lumière à travers <strong>le</strong> jardin de l’exil, <strong>labyrinthe</strong> de piliers. I<strong>le</strong>st composé de 49 colonnes disposées en 7 rangées de 7 éléments. L’architecte évoque cechoix symbolique :.« 48 colonnes remplies de t<strong>erre</strong> de Berlin qui symbolisent la création de l’État d’Israël en1948 et une colonne remplie de t<strong>erre</strong> de Jérusa<strong>le</strong>m qui symbolise la vil<strong>le</strong> de Berlin el<strong>le</strong>même.».Le sol et <strong>le</strong>s piliers sont inclinés pour traduire la perte de repères qui accompagne l’exil.Cet effet de désorientation se réalise éga<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> changement de milieux enpassant de l’intérieur à l’extérieur.2.2. INTERDISCIPLINARITÉL’étude des volumes créés peut intéresser des enseignants en mathématiques : engéométrie constructive, la production de volumes polyédriques peut être abordée, selondifférents « modè<strong>le</strong>s » ; ceux-ci peuvent être exploités ensuite en arts plastiques, afinde <strong>le</strong>ur apporter un caractère <strong>architectural</strong> (ajout de détails, contextualisation, ajout depersonnages, étalons de mesure de l’échel<strong>le</strong> humaine).DISCIPLINES : MATHÉMATIQUES ET ARTS PLASTIQUESUne étude de la déclinaison des formes géométriques de base (carré, cerc<strong>le</strong>, rectang<strong>le</strong>)dans <strong>le</strong>s <strong>labyrinthe</strong>s, et, de façon plus généra<strong>le</strong>, dans l’architecture, peut être analyséedans différentes disciplines.Le jeu des nombres dans <strong>le</strong>s <strong>labyrinthe</strong>s au sol (notamment ceux des cathédra<strong>le</strong>sd’Amiens et de Chartres) ou des formes spiralées (géométrie des fracta<strong>le</strong>s deMandelbrot, nombre d’or) peut éga<strong>le</strong>ment être exploité.9 — ERRE I DOSSIER PEDAGOGIQUE I LE LABYRINTHE ARCHITECTURAL

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