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Les origines de la rhinite chronique : données ostéoarchéologiques

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150 P. Charlier, I. Huynh-Charlierd’un instrument fin et métallique, généralement du côtégauche, c’est-à-dire le côté consacré à <strong>la</strong> mort. Seulsquelques <strong>la</strong>mbeaux <strong>de</strong> fosses nasales sont généralementencore présents, dont l’observation peut alors permettreun diagnostic rétrospectif. En outre, <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>clichés radiographiques (radiographie standard, scannerou, <strong>de</strong>puis peu, IRM) autorise en parallèle <strong>la</strong> recherched’autres signes ostéoarchéologiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>rhinite</strong> <strong>chronique</strong>: l’épaississement osseux <strong>de</strong>s parois sinusiennes,l’aspect inf<strong>la</strong>mmatoire <strong>de</strong>s choanes (hypervascu<strong>la</strong>risationavec hypertrophie), les complications locorégionales.<strong>Les</strong> premières étu<strong>de</strong>s endoscopiques sur momies égyptiennesdatent <strong>de</strong>s années 1970 et ont été marquées par<strong>la</strong> publication <strong>de</strong> Mania<strong>la</strong>wi portant sur l’examen <strong>de</strong>scriptif<strong>de</strong>s cavités crâniennes, thoraciques et abdominales <strong>de</strong>trois sujets [13]. Suivirent d’autres étu<strong>de</strong>s, généralementcentrées sur l’exploration <strong>de</strong> quantités plus importantes<strong>de</strong> momies, par exemple l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gaafar sur 20 individus<strong>de</strong>stinée à mieux décrire les techniques d’ethmoï<strong>de</strong>ctomielors du processus <strong>de</strong> momification [10]. Lors <strong>de</strong> l’examenpaléopathologique complet (et notamment fibroscopique)<strong>de</strong> 173 sujets provenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécropole <strong>de</strong> Thèbes Ouest,il fut noté <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie re<strong>la</strong>tivement difficileset un mauvais état <strong>de</strong> santé, caractérisé par une importanteusure occlusale, approximativement 30 % <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntscariées, 16 % d’abcès <strong>de</strong>ntaires, 20 % <strong>de</strong> séquelles <strong>de</strong> traumatismesanciens, <strong>de</strong>s signes d’ostéopénie sévère et d’arthroseprécoce [11]. La réalisation d’endoscopies nasales et auricu<strong>la</strong>ireschez 250 momies thébaines a permis <strong>de</strong> décrire <strong>de</strong>nombreuses ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête et du cou : fractures <strong>de</strong>s ospropres du nez, fracas crânien <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> Le Fort III, otitesmoyennes aiguës évoluées avec perforations crâniennes,sinusites d’origine <strong>de</strong>ntaire, lésions <strong>de</strong> <strong>rhinite</strong> <strong>chronique</strong>sévère, etc. [12].Trois momies d’une collection universitaire d’At<strong>la</strong>ntaont fait l’objet d’un examen, non plus fibroscopique, maisradiographique, à l’ai<strong>de</strong> d’un scanner en coupes fines avecreconstructions en 3D [14]. <strong>Les</strong> excérébrations par <strong>de</strong>struction<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>me criblée étaient fréquentes, <strong>de</strong> même queles dépôts endocrâniens <strong>de</strong> produits d’embaumement à base<strong>de</strong> bitume et les cas d’usure occlusale sévère. Un cas <strong>de</strong>mastoïdite droite <strong>chronique</strong> avec lyse osseuse a été misen évi<strong>de</strong>nce chez un pharaon anonyme <strong>de</strong> <strong>la</strong> XIX e dynastie(sans anomalie contro<strong>la</strong>térale). Une fente <strong>la</strong>bio-pa<strong>la</strong>tinea été i<strong>de</strong>ntifiée chez un enfant <strong>de</strong> cinq ans daté <strong>de</strong>sXXV e —XXVI e dynasties (avec une compensation <strong>de</strong> <strong>la</strong> dysmorphiefaciale par l’embaumeur à l’ai<strong>de</strong> d’une boulette<strong>de</strong> résine). Chez quelques rares momies <strong>de</strong> <strong>la</strong> XXI e dynastie,cerveau et dure-mère <strong>de</strong>sséchés n’avaient pas été retirés,préservant du même coup les formations ethmoïdales ; ils’agissait vraisemb<strong>la</strong>blement d’individus n’ayant pu bénéficier,pour <strong>de</strong>s raisons financières, d’embaumement <strong>de</strong>première c<strong>la</strong>sse, celui-ci se limitant alors à une éviscération<strong>de</strong>s organes abdomino-thoraciques, voire à un simpleliniment corporel externe sans éviscération.L’outil radiographique a également été utile lors <strong>de</strong><strong>la</strong> reconstitution faciale d’Harwa, artisan égyptien <strong>de</strong>sXXII e —XXIII e dynasties (x e -viii e siècles av. J.-C.) dont <strong>la</strong> momieest dorénavant conservée au musée égyptien <strong>de</strong> Turin[15]. Au cours <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, réalisée selon un protocolemédicolégal, aucune lésion sinusienne ni choanale ne futmise en évi<strong>de</strong>nce.ConclusionLa paléopathologie, confrontée aux données issues <strong>de</strong>l’archéologie et aux données environnementales, permet <strong>de</strong>mieux comprendre comment certaines ma<strong>la</strong>dies « naissentet vivent » : <strong>la</strong> <strong>rhinite</strong> <strong>chronique</strong> est l’une <strong>de</strong> celles-ci. Àtravers l’étu<strong>de</strong> d’une entité nosologique bien précise, onsaisit également l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l’homme dansson environnement, et les modifications progressives quisurviennent pour aboutir à un équilibre désormais précaireentre l’individu et son milieu.Déc<strong>la</strong>ration d’intérêtsTravail effectué pour le <strong>la</strong>boratoire Stallergènes en rapportdirect avec le sujet.Références[1] Baba H, Aziz F, Kaifu Y, et al. Homo erectus calvarium from thePleistocene of Java. Science 2003;299:1384—8.[2] Balzeau A, Grimaud-Hervé D, Jacob T. Internal cranial featuresof the Mojokerto child fossil (East Java, Indonesia). J Hum Evol2005;48:535—53.[3] Bräuer G, Gro<strong>de</strong>n C, Delling G, et al. Pathological alterations inthe archaic Homo sapiens cranium from Eliye Springs, Kenya.Am J Phys Anthropol 2003;120:200—4.[4] Guerrier Y, Mounier-Kuhn P. 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