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Zibeline n° 65 en PDF

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un gratuit qui se litN°<strong>65</strong> -du 17/07/13 au 18/09 /13


Politique culturelleDiscours d’Aurélie Filippetti 4C<strong>en</strong>tre Pompidou Mobile 5Débats à la Friche, Économie culturelle,Ouverture du musée d’histoire de Marseille 6, 7Villa MéditerranéeEntreti<strong>en</strong> avec Bruno Ulmer, au programme 8Primed, r<strong>en</strong>contre Mahmoud Darwich 9MuCEMCamus 10Librairie du MuCEM, au programme 11ESADMM 12FestivalsAvignon 14Off 16, 17Marseille 18, 19Le FID 20Aix 22Musique 24 à 30Théâtre, danse 31Arts visuels 32 à 41Au programmeDivers 42, 44Théâtre, cirque 46, 47Musique 48 à 54Cinéma 56R<strong>en</strong>contresProm<strong>en</strong>ades sonores, Nuit industrielle 58Sci<strong>en</strong>cesLe RéDoc, expositions, au programme 60, 61PatrimoineMusée de Quinson, r<strong>en</strong>contres Giono,Journées du Patrimoine 62Sans voixLe décès brutal de Françoise Chatôt-Vouyoucas, qui pour desmilliers de spectateurs avait ouvert le chemin du théâtre àune époque où presque ri<strong>en</strong> n’existait à Marseille, laisse larédaction de <strong>Zibeline</strong> sans voix. Parce que sa douleur dequitter le Gyptis sans savoir ce qu’il allait dev<strong>en</strong>ir étaitpalpable, parce que nous p<strong>en</strong>sons à ses proches qui nevivai<strong>en</strong>t avec elle que pour le théâtre, parce qu’il n’est pasnaturel d’<strong>en</strong>visager l’av<strong>en</strong>ir après un tel deuil, parce que tousles comédi<strong>en</strong>s marseillais, les musici<strong>en</strong>s et les danseurs,connaissai<strong>en</strong>t son s<strong>en</strong>s de l’accueil et du partage. Et parcequ’au-delà de sa disparition symbolique, si tragique, sigrecque, si imprévisible et pourtant comme prédite, il y a ledécès réel d’un être cher, dont nous regrettions le départ, etdont nous déplorons à prés<strong>en</strong>t la mort.En ces temps de festivals et de cigales, de prom<strong>en</strong>ades ausoleil et de plaisirs musicaux, l’instant reste comme arrêté, <strong>en</strong>vacance. Le ciel clair et la chaleur méditerrané<strong>en</strong>ne inond<strong>en</strong>tles corps comme un cri. Quand revi<strong>en</strong>dra l’automne, après unété exceptionnel ponctué des festivals annuels et desréjouissances exceptionnelles de MP2013, que restera-t-il deceux qui fir<strong>en</strong>t notre vie culturelle ? Un pôle de créationthéâtrale va-t-il vraim<strong>en</strong>t s’ouvrir pour que viv<strong>en</strong>t lescompagnies ? Les réductions budgétaires vont-elles permettrela survie de la création et des artistes ? Le taux de mortalitéparticulièrem<strong>en</strong>t élevé des artistes 1 , leur mauvais état desanté général, sont des données concrètes, chiffrées, quisign<strong>en</strong>t la viol<strong>en</strong>ce insoupçonnée d’une profession souffrante.AGNÈS FRESCHEL1Les professions artistiques ont un taux de mortalité <strong>en</strong>tre 45 et <strong>65</strong>ans de 26%, contre 16% pour la population totale, et 10% chez les<strong>en</strong>seignants et les cadres.M<strong>en</strong>suel gratuit paraissantle deuxième mercredi du moisEdité à 32 000 exemplairesimprimés sur papier recycléEdité par <strong>Zibeline</strong> SARL76 av<strong>en</strong>ue de la Panouse | n°1113009 MarseilleDépôt légal : janvier 2008Directrice de publicationRédactrice <strong>en</strong> chefAgnès Freschelagnes.freschel@wanadoo.fr06 09 08 30 34Imprimé par Rotimpress17181 Aiguaviva (Esp.)photo couvertureCie Artonik, The color of timeAgnès Mellon095 095 61 70photographeagnesmellon.blogspot.comRetrouveZ <strong>Zibeline</strong> et vos invitations sur notre sitewww.journalzibeline.frSecrétaires de rédactionDominique Marçonjournal.zibeline@gmail.com06 23 00 <strong>65</strong> 42Delphine Michelangelid.michelangeli@free.fr06 <strong>65</strong> 79 81 10Arts VisuelsClaude Lorinclaudelorin@wanadoo.fr06 25 54 42 22LivresFred Robertfred.robert.zibeline@free.fr06 82 84 88 94Musique et disquesJacques Frescheljacques.freschel@wanadoo.fr06 20 42 40 57Thomas Dalicantethomasdalicante@gmail.comDan Warzydanwarzy@free.frCinémaAnnie Gavaannie.gava@laposte.net06 86 94 70 44Élise Padovanielise.padovani@orange.frPhilosophieRégis Vlachosregis.vlachos@free.frSci<strong>en</strong>cesChristine Montixichristne.montixi@yahoo.frPolyvolantesChris Bourguechris.bourgue@wanadoo.fr06 03 58 <strong>65</strong> 96Maryvonne Colombanimycolombani@yahoo.fr06 62 10 15 75Gaëlle Cloarecga.cloarec@gmail.comMarie-Jo Dhôdho.ramon@wanadoo.frMarie Godfrin-Guidicellim-g-g@wanadoo.fr06 64 97 51 56Anne-Lyse R<strong>en</strong>autannelyse.r<strong>en</strong>aut@gmail.comMaquettistePhilippe Perottiphilippe.zibeline@gmail.com06 19 62 03 61Directrice commercialeVéronique Linaisvlinais@yahoo.fr06 63 70 64 18La RégieJean-Michel Florantlaregie@gmx.fr06 22 17 07 56Collaborateurs réguliers :Frédéric Isoletta, Yves Bergé,Émili<strong>en</strong> Moreau, ChristopheFloquet, Pierre-Alain Hoyet,Clarisse Guichard,Manon Mathieu


Faire plus avec m04POLITIQUECULTURELLEC’était <strong>en</strong> un dimanche caniculaire <strong>en</strong> Avignon,dans une cour <strong>en</strong>soleillée où cette «filledu Nord», comme elle se définit, cherchaitl’ombre des parasols, pour y t<strong>en</strong>ir un discoursd’une clarté volontaire. Ordonné, passionné etprécis. En comm<strong>en</strong>çant par répondre sur sapolitique de nominations : «Du temps de monprédécesseur les nominations étai<strong>en</strong>t faites demanière discrétionnaire et arbitraire. À la têtedes C<strong>en</strong>tres Dramatiques j’ai nommé trois hommeset trois femmes, ma plus belle nominationétant celle de Catherine Marnas, qui avait éténommée puis dénommée à la tête de la Criéedans des conditions épouvantables.» La ministrede la Culture dit m<strong>en</strong>er une véritable politiqueculturelle, pour «favoriser l’innovation et ler<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t des générations esthétiques, etappliquer les procédures dans leurs règles». Elleveut donner un nouveau souffle au spectaclevivant, parle du vivier de femmes qui existeet qui postule à prés<strong>en</strong>t : 50% des candidaturessont féminines, ce qui n’était pas le casjusqu’alors, par un processus bi<strong>en</strong> connu der<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t prév<strong>en</strong>tif… Par ailleurs la «saisonégalité» se profile, qui pr<strong>en</strong>dra garde cettefois à la représ<strong>en</strong>tation des femmes sur lesscènes… ce qui semble ess<strong>en</strong>tiel à la rédactionde <strong>Zibeline</strong>, les programmatrices n’étantpas moins inatt<strong>en</strong>tives à l’égalité des artistEsque leurs homologues masculins (voir à cepropos la Nuit Industrielle p 58 programméepar Annette Breuil, directrice de la Scèn<strong>en</strong>ationale des Salins et Claire Andriès, responsablede la programmation à MP2013…)Puis la ministre <strong>en</strong> vint au cœur de sonpropos : il n’est pas demandé au ministère dela Culture «d’effort budgétaire supplém<strong>en</strong>taire»,et la baisse n’ira pas au-delà de ce qui étaitprévu, affectant les grands projets somptuaires,mais non le spectacle vivant ou l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tartistique. Il ne fut ri<strong>en</strong> dit des autresdomaines –patrimoine, audiovisuel public,aides à la presse- sur lesquels la baisse s’appliqueraforcém<strong>en</strong>t, mais le dégel des 6% deréserve 2013 fut annoncé, ainsi que le mainti<strong>en</strong>intégral des budgets déconc<strong>en</strong>trés (DRAC).Les meubles sembl<strong>en</strong>t donc à peu près sauvéspour ce qui est du spectacle, d’autant que laministre réaffirma son attachem<strong>en</strong>t à unrégime spécifique pour les intermitt<strong>en</strong>ts «Ilfaut un système qui valorise l’emploi culturelet la place que pr<strong>en</strong>d la culture dans l’économie; un régime de comp<strong>en</strong>sation est nécessaireet doit accompagner et sécuriser les professionnelsdu spectacle. Qu’on arrête de considérerque ces annexes sont des privilèges, ce sont desnécessités que la Nation a mises <strong>en</strong> place !»Dont acte, mais ce sont les part<strong>en</strong>aires sociauxqui décideront <strong>en</strong> décembre…Aurelie Filippetti à Avignon © Maryvonne ColombaniAurélie Filippetti,après une attaquede Frédéric Mitterrandet d’une partie de la presse<strong>en</strong> rapport avec desnominations prét<strong>en</strong>dum<strong>en</strong>tcontroversées à la têtede certains établissem<strong>en</strong>tsnationaux, fait un «pointd’étape» sur sa politiqueculturelle.Questions budgétairesCep<strong>en</strong>dant chacun sait que la baisse du budgetdu MCC <strong>en</strong> 2014 est effective, pas plusgrave que prévue mais annoncée. La ministresemble faire ce qu’elle peut, mais cette donnéede base, fondée sur une politique nationaled’austérité qui va au-delà des exig<strong>en</strong>ces mêmesde l’Europe, est suicidaire dans un secteur oùles collectivités territoriales diminu<strong>en</strong>t trèsnettem<strong>en</strong>t leurs subv<strong>en</strong>tions, où certainesvilles ne peuv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre le relais, où les<strong>en</strong>treprises frein<strong>en</strong>t des quatre fers dès qu’onleur parle de mécénat culturel… Marseille <strong>en</strong>particulier ne pourra se relever de sa Capitaleculturelle qu’avec un franc coup de pouce del’État, qui devra rééquilibrer <strong>en</strong> faveur despetites structures de création des dép<strong>en</strong>sesqui ont nettem<strong>en</strong>t rogné sur leurs budgets, etaider les collectivités territoriales à ne paspiquer du nez culturel après 2013. Le contexteéconomique n’est pas du tout le même qu’aprèsLille 2004, et ce qui a aidé une ville pauvre àse redresser pourrait bi<strong>en</strong> définitivem<strong>en</strong>tfaveliser Marseille, fracturée <strong>en</strong> deux ghettos,bourgeois prov<strong>en</strong>çaux séparés d’un tiersmonde majoritairem<strong>en</strong>t algéro-comori<strong>en</strong>…Par-delà les frontières marseillaises, <strong>en</strong> particulier<strong>en</strong> Vaucluse, le Front national fait unemontée spectaculaire dans les sondages, etdevrait remporter de grandes villes, puis desdépartem<strong>en</strong>ts, voire la Région. Lorsqu’on évoquecette év<strong>en</strong>tualité, et qu’on demandecomm<strong>en</strong>t l’État pourrait dans ce cas m<strong>en</strong>er lapolitique de coopération État Région qu’elleveut mettre <strong>en</strong> place actuellem<strong>en</strong>t, la ministreti<strong>en</strong>t un beau discours : ce serait un «cauchemar»et seule la culture, et l’émancipation desesprits qu’elle amène, peut nous <strong>en</strong> sauver.Mais quels moy<strong>en</strong>s le gouvernem<strong>en</strong>t met-il <strong>en</strong>œuvre pour nous <strong>en</strong> préserver ? Le cas desChorégies ne fait-il pas école ? La grandetradition lyrique et le sublime amphithéâtreantique, peuplé par les chœurs de la région,diffusé sur les chaines populaires, nous ont-ilspréservés du FN et de Bompard ? La couleur dela ville a-t-elle changé depuis grâce aux Chorégies? L’État a-t-il fait quelque chose pourles maisons de la culture que Bompard afermées ? Combi<strong>en</strong> <strong>en</strong> a-t-il coûté à l’État quia comp<strong>en</strong>sé la baisse de subv<strong>en</strong>tion d’une Villequi n’a pas cessé pourtant d’<strong>en</strong>caisser les taxes


oins ?touristiques et professionnelles <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drées par le festivallyrique ? Laisser mourir le tissu associatif culturel toutparlant de «sanctuarisation du budget de l’État» ne suffitpas dans notre région au bord du basculem<strong>en</strong>t, il fautune politique d’urg<strong>en</strong>ce…Rénovation des outilsMalgré ce manque de moy<strong>en</strong>s constaté, la ministre de laculture veut rénover les outils, par une politique qui nese conc<strong>en</strong>trera plus sur les grands travaux, «notre pays[étant] désormais équipé», mais sur la diffusion (zonesrurales, jeunes, quartiers populaires, pratiques amateures…).Il faut «aller chercher le citoy<strong>en</strong>». Mais lorsquel’incohér<strong>en</strong>ce de ces mesures avec les coupes actuellesde ministère de l’Éducation <strong>en</strong>vers les options et ateliersde pratique artistique fut relevée, la ministre éluda,parlant de l’importance du temps périscolaire et horsscolaire… Or une véritable politique d’éducation artistiqueest hors de prix : si l’on veut offrir à chaque françaisscolarisé un véritable accès à une pratique artistique (cequi est un des droits de l’homme), même lorsqu’on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>daussi par cela la simple «fréqu<strong>en</strong>tation des œuvres», lecoût est énorme : seule l’Éducation nationale peut lefaire, et elle est <strong>en</strong> train de se dés<strong>en</strong>gager…Par ailleurs, il est évid<strong>en</strong>t que l’état actuel de la créationthéâtrale (puisqu’<strong>en</strong> Avignon il ne fut guère question quede cela), dans un pays où les auteurs ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t plusà vivre sans être metteurs <strong>en</strong> scène voire acteurs de leurpropre rôle, où il n’y a plus de troupes pour monter lespièces, où les plateaux se réduis<strong>en</strong>t, où les productionsse rapetiss<strong>en</strong>t et décroiss<strong>en</strong>t phénoménalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nombre,où les «parts des budgets de la création sont <strong>en</strong> baissemécanique dans des maisons fonctionnant au mieux àbudget constant» -dixit la ministre !-, on ne voit guèrecomm<strong>en</strong>t une coûteuse politique de diffusion volontaristepourrait être lancée, d’autant que l’on sait comm<strong>en</strong>t,sur le terrain marseillais, les associations œuvrant dansles quartiers nord ont du mal à trouver des subsides…Pourtant Aurélie Filippetti l’affirme simplem<strong>en</strong>t : si ellefait partie de l’économie et de ce point de vue estess<strong>en</strong>tielle, «la culture est une exception et ne doit pasobéir au marché». Notre ministre a visiblem<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>uqu’on n’<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ime pas la blessure, que l’exceptionculturelle soit préservée (pour les industries culturelles)dans l’accord de libre-échange USA-UE. Elle pr<strong>en</strong>d cequ’on lui donne pour maint<strong>en</strong>ir des mesures d’urg<strong>en</strong>ce etque la chute ne soit pas trop dure. Mais la chute estannoncée, dans un domaine où l’on espérait qu’ungouvernem<strong>en</strong>t de gauche compr<strong>en</strong>drait l’urg<strong>en</strong>ce professionnelleet l’importance de l’émancipation intellectuelleet artistique pour la salubrité citoy<strong>en</strong>ne de la nation.AGNÈS FRESCHELLa confér<strong>en</strong>ce de presse «point d’étape sur le spectacle vivant»c<strong>en</strong>tré sur le théâtre, a eu lieu le 7 juillet à Avignon© Marc MunariFaire aimer l’artUn musée d’art n’est pas comme Cep<strong>en</strong>dant l’exposition, pédagogique,ne semble pas miser sur laun musée d’histoire ou de civilisation.Il ne cherche pas à nous révélation esthétique : si Auf Spitz<strong>en</strong>de Kandinsky est de ces toilesfaire compr<strong>en</strong>dre le monde, maisà susciter l’émotion. Ce qui relève devant lesquelles on tombe <strong>en</strong>de deux catégories différ<strong>en</strong>tes. Le arrêt, si la Cabane éclatée de Bur<strong>en</strong>peut réellem<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>er à voirBeau et le Vrai sont évidemm<strong>en</strong>tliés, mais certains éprouv<strong>en</strong>t de l’art autrem<strong>en</strong>t, si le Cuadradosl’émotion <strong>en</strong> regardant les Feux de oliva y negro de Soto produit sonl’amour : il ne s’agit pas de juger effet de tremblem<strong>en</strong>t cinétiqueleur émotion, mais d’ouvrir des fascinant, certaines œuvres, choisiespour illustrer le thèmevoies pour qu’un autre troubleesthétique leur soit possible. De (cercles et carrés) et ses déclinaisonsabstraites historiques, vis<strong>en</strong>tfaire s<strong>en</strong>tir que la force de l’émotionsuscitée par une grande la compréh<strong>en</strong>sion des évolutionsœuvre est un imm<strong>en</strong>se plaisir. et <strong>en</strong>jeux du dernier siècle, et nonCe qui passe souv<strong>en</strong>t par une médiationintellectuelle ou ludique. Cette t<strong>en</strong>tative de démocratiserle s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t esthétique.Mais si l’on ne recherche pas ce l’art, a <strong>en</strong> tous les cas, le mérites<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t du beau (ou de l’horrible,de l’inatt<strong>en</strong>du, de la porte qui jusqu’aux «provinces» françaisesd’innover <strong>en</strong> apportant les œuvress’ouvre…), à quoi sert le rapport et, <strong>en</strong> termes de public, à s’adresserà la population et non auxdirect à l’Art ? Ne devrait-on pasexposer plutôt des cartels explicatifsdevant lesquels les visiteurs Si le Pompidou Mobile répond auxtouristes.pass<strong>en</strong>t d’ailleurs, généralem<strong>en</strong>t, préoccupations de déc<strong>en</strong>tralisationet de démocratisation, ilplus de temps que devant lesœuvres, ou des explications multimédiasg<strong>en</strong>re D’art d’Art ou tionne sur la qualité d’une visiteinduit cep<strong>en</strong>dant qu’on se ques-Palettes ?des expositions : ces œuvresLe Pompidou Mobile propose à réunies pour leur thématique etAubagne 16 œuvres d’art moderneet contemporain. Le dispositif, vont-elles faire aimer l’art ? Il estnon pour leurs vertus propresles t<strong>en</strong>tes, les excell<strong>en</strong>tes conditionsd’exposition et de sécurité, politique culturelle est à l’œuvre :clair cep<strong>en</strong>dant qu’une autreles médiateurs, les comédi<strong>en</strong>s la démocratisation ne se mesureprévus pour accompagner la découvertedes œuvres, les ateliers visiteurs, qui ne cesse de s’ac-plus seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nombre depratiques pour <strong>en</strong>fants, tout est croitre au Louvre comme sur lefait pour ouvrir les yeux. Et si l’on Vieux Port : on se demande comm<strong>en</strong>tces visites peuv<strong>en</strong>t émanciperse désole que ce musée mobiles’arrête dans notre région durant le regard, ce que le terme mêmele temps estival et interdisant de culture suppose.toute visite scolaire, on peut AGNÈS FRESCHELcompter sur le réseau de la Villed’Aubagne pour que l’exposition C<strong>en</strong>tre Pompidou Mobilesoit visitée à tout âge, et par jusqu’au 29 septembretous. De plus elle s’inscrit dans la Aubagnedynamique de MP2013, et peut 04 42 18 18 00être une excell<strong>en</strong>te porte d’<strong>en</strong>trée www.agglo-paysdaubagne.compour un florilège d’expositions www.mp2013.frd’art contemporain tout autour(voir pages expositions).05POLITIQUECULTURELLE


06POLITIQUECULTURELLECulture 2014 ?<strong>en</strong> débatsà La Friche…La Friche et MP2013 organis<strong>en</strong>t une série dedébats <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec Libération, le Ravi,<strong>Zibeline</strong>, Radio Gr<strong>en</strong>ouille et La Prov<strong>en</strong>ceIls ont pour but d’interroger public, artistes et professionnels dela culture, afin de préparer l’après capitale culturelle, et dans unsecond temps d’interroger les politiques sur leur projets pourMarseille et le territoire.Une première série de débats, destinée à c<strong>en</strong>trer les problématiqueset mettre au jour des questionnem<strong>en</strong>ts, a débuté le 27 juinpar des interv<strong>en</strong>tions autour de L’espace public. D’<strong>en</strong>trée le thèmese rec<strong>en</strong>tra autour des bâtim<strong>en</strong>ts publics, et l’architecte CorinneVezzoni (C<strong>en</strong>tre de conservation et de ressources du MuCEM)parla ext<strong>en</strong>sion de la ville, lumière et espaces intérieurs, brefn’<strong>en</strong>visagea pas la question dans ses implications réelles. Ce quele sociologue Jean-Louis Fabiani ne fit guère davantage, négligeantde définir l’espace public, parlant de prom<strong>en</strong>ades vespéraleset non de cont<strong>en</strong>u culturel, de requalification des espaces et nonde ce que les artistes peuv<strong>en</strong>t y faire, «Comme à Berlin lalégitimité culturelle est impossible». Certes, mais <strong>en</strong>core faudraitily proposer autre chose que des prom<strong>en</strong>ades, r<strong>en</strong>chérit CatyAvram, prés<strong>en</strong>te dans la salle : «Je ne vais pas emm<strong>en</strong>er des g<strong>en</strong>sse prom<strong>en</strong>er dans des quartiers qu’ils connaiss<strong>en</strong>t par cœur, je veuxqu’ils puiss<strong>en</strong>t y vivre des expéri<strong>en</strong>ces artistiques»… NicolasMémain, qui se définit comme un prom<strong>en</strong>ologue, avait il fautdire comm<strong>en</strong>cé fort, par une provocation de peu de s<strong>en</strong>s : «Laculture, il y a ceux qui ne la compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas, et ceux qui fontsemblant de la compr<strong>en</strong>dre.» B<strong>en</strong> non, il y a aussi ceux qui s’<strong>en</strong>régal<strong>en</strong>t, ceux qui la fabriqu<strong>en</strong>t, ceux qui nous font vivre de leursrêves et de leurs créations. Mathieu Poitevin, avec agressivitémais bon s<strong>en</strong>s, fit remarquer que l’appropriation du c<strong>en</strong>tre vill<strong>en</strong>e concernait pas tous les Marseillais, qu’il n’y avait pas de pointd’eau, pas de banc pour s’assoir, et que l’espace public étaitconçu pour qu’on le traverse et qu’on y consomme, pas pour yvivre. Pierre Sauvageot intervint, trop peu, pour rappeler qu’ilfallait se demander comm<strong>en</strong>t les artistes s’empar<strong>en</strong>t de l’espacepublic, que les artistes ont une place à y t<strong>en</strong>ir, que les artistesdoiv<strong>en</strong>t participer au débat public… qu’il n’y avait pas d’artistessur scène, et que ces débats autour de la culture ne peuv<strong>en</strong>t set<strong>en</strong>ir sans eux.Finalem<strong>en</strong>t ce premier débat, décevant théoriquem<strong>en</strong>t et sur lefond, permit, par les réactions du public, de poser les questionsqui aurai<strong>en</strong>t dûes être posées par les interv<strong>en</strong>ants…Le prochain, qui sera animé par les soins de <strong>Zibeline</strong>, avec RadioGr<strong>en</strong>ouille dans la salle, devra poser les concepts plus clairem<strong>en</strong>t,et t<strong>en</strong>ter d’<strong>en</strong> cerner tous les <strong>en</strong>jeux : mécénat et financem<strong>en</strong>ts,tout <strong>en</strong> se demandant ce que rapporte la culture, et à qui, nonseulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes d’arg<strong>en</strong>t, mais <strong>en</strong> termes d’économie (voirci après).A.F.Économie privée et culturele 29 août à partir de 18h30La Friche, Marseillewww.lafriche.orgÉconomieVoilà une bi<strong>en</strong> étrange associationde mots, mais qui s’impose <strong>en</strong> pleinFestival d’Avignon dont nul n’ignoreles flux d’arg<strong>en</strong>t qu’il génère…Peut-on parler de satisfaction des besoins, et doncd’économie, à l’heure où la finance pr<strong>en</strong>d le pas ?Le mot économie vi<strong>en</strong>t du grec oïkos qui signifie le foyer : parext<strong>en</strong>sion, elle s’occupe de ce qui est calculable poursatisfaire les besoins du sujet. Or on peut très bi<strong>en</strong> (sur)vivresans lire un livre ou voir un spectacle. Ce n’est pas un besoinimmédiat, et on fonde donc l’idée de son économie sur savaleur marchande, qui n’est qu’une composante de l’économievéritable.La recherche sur l’économie culturelle fut ainsi longtempsnégligée : comm<strong>en</strong>t rationaliser l’œuvre d’art échappant auxvaleurs d’usage et d’échange ? Comm<strong>en</strong>t calculer la valeur decette photo, de ce film, de ce spectacle ? Ainsi, lorsqu’il estquestion d’économie de la culture, on la confond presquetoujours avec son financem<strong>en</strong>t, au mieux avec ce qu’ellerapporte indirectem<strong>en</strong>t aux commerces. Comme si on pouvaitconfondre la valeur de Molière avec ce qu’il <strong>en</strong> a coûté à LouisXIV, ou avec le prestige qu’il a apporté à sa Cour…La culture fait-elle partie de l’économie contemporaine, oudu moins du marché ?Plusieurs raisons ont favorisé l’intégration de la culture dansla p<strong>en</strong>sée de l’économie : d’abord l’apparition de la culturede masse et de ses dérivés reproductibles, numériques oumécaniques, dont la r<strong>en</strong>tabilité est calculable. De ses Zénithaux tarifs prédictibles, de ses œuvres qui circul<strong>en</strong>t et sontmultipliables à l’infini, dont la copie seule (<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts),et le moy<strong>en</strong> de la lire (les divers lecteurs et les flux), peuv<strong>en</strong>tgénérer d’importants bénéfices, qui ne revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> trèsfaible partie et à grands r<strong>en</strong>forts de lois aux artistes (droitsd’auteurs ou d’interprètes).On pr<strong>en</strong>d égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> considération, surtout depuis ce quela grève des intermitt<strong>en</strong>ts a coûté à Aix et Avignon il y a dixans, les retombées indirectes d’une création artistique sur unlieu. L’activité culturelle, non marchande et peu r<strong>en</strong>table, estdonc considérée comme un facteur de développem<strong>en</strong>téconomique des villes et territoires, et de l’économie privée.Le problème étant que cette r<strong>en</strong>tabilité est globale, et que c<strong>en</strong>e sont pas les investisseurs directs, mécènes ou collectivitéspubliques, qui <strong>en</strong>caiss<strong>en</strong>t les bénéfices de l’activité qu’ilsfinanc<strong>en</strong>t. Par ailleurs le marché de l’art a ses tocades et seporte bi<strong>en</strong>, il est un investissem<strong>en</strong>t sûr… pour lesspéculateurs et non pour les artistes.L’économie ce n’est pas seulem<strong>en</strong>t l’arg<strong>en</strong>t, mais le bénéficesocial…Plus philosophiquem<strong>en</strong>t et politiquem<strong>en</strong>t, l’économieculturelle se définit comme la prise <strong>en</strong> compte du bénéficesocial que peut recevoir une nation. Ce que la collectivitégagne à avoir un peuple éduqué qui sort de chez lui (du foyerjustem<strong>en</strong>t) pour aller à la r<strong>en</strong>contre d’œuvres. C’est cela queles économistes sérieux appell<strong>en</strong>t la plus-value culturelle, peuaisém<strong>en</strong>t quantifiable mais néanmoins réelle, et transmissiblemieux qu’un capital. Parce qu’on ne perd ri<strong>en</strong> à la transmettre,


et cultureplusieurs fois, comme tout ce qui relève de l’économie de laconnaissance.C‘est sur cette valeur économique de la culture que butetoute rationalisation : quelle part de son budget la nationdoit consacrer à la création artistique ? Comm<strong>en</strong>t déterminerle bi<strong>en</strong> fondé culturel d’une œuvre ? Or la questioness<strong>en</strong>tielle -qu’est-ce que la culture, c’est-à-dire quelles sontles œuvres qui produis<strong>en</strong>t du bi<strong>en</strong> social transmissible- n’estjamais posée. Le rapport <strong>en</strong>tre le pot<strong>en</strong>tiel émancipateurd’une œuvre et son coût n’est de fait pas immédiatem<strong>en</strong>tmesurable. Et si l’on peut bi<strong>en</strong> dire aujourd’hui ce que «vaut»un Van Gogh parce qu’il a une exist<strong>en</strong>ce physique, la plusvalued’une œuvre de l’esprit, de Shakespeare à St<strong>en</strong>dhal,n’est guère estimable, <strong>en</strong>core moins au mom<strong>en</strong>t où l’œuvreest produite.Le calcul économique achoppe donc sur deux points : d’uncôté la nécessité de sout<strong>en</strong>ir des œuvres qu’«on» p<strong>en</strong>seexigeantes (qui ? l’État ? des experts ? des mécènes ?), cellesqui r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t peu de public immédiat mais qui fontavancer la création ; d’un autre côté le financem<strong>en</strong>t desloisirs culturels d’un public déjà aisé, qui vi<strong>en</strong>t «voter avecles pieds» comme le dit Jean-Claude Gaudin lorsqu’il voit lesfoules rassemblées sur le Vieux Port, même lorsque c’est pourécouter Patrick Sébasti<strong>en</strong>, dont on peut dire sans grandrisque d’erreur qu’il possède peu de pot<strong>en</strong>tiel émancipateur.La culture émancipe-t-elle ou reproduit-elle les inégalitéssociales ?L’œuvre d’art se doit donc de r<strong>en</strong>contrer un public, sansforcém<strong>en</strong>t le satisfaire, sinon la créativité n’avance guère ;mais on sait que cette créativité est forcém<strong>en</strong>t élitiste :l’homme a t<strong>en</strong>dance à chercher dans le loisir culturel lareconnaissance de ce qu’il connait déjà ou a vu ailleurs, nonla nouveauté, la douleur, la remise <strong>en</strong> cause de lui-même.L’offre culturelle reproduit donc naturellem<strong>en</strong>t les inégalitésexistantes, inégalités d’éducation qui ne correspond<strong>en</strong>t pasforcém<strong>en</strong>t aux inégalités sociales, mais les recoup<strong>en</strong>t <strong>en</strong>grande partie : la culture intellectuelle n’est pas forcém<strong>en</strong>tpour les riches, qui aim<strong>en</strong>t aussi retrouver ce qu’on leur atransmis plutôt que de découvrir, mais la culture pour pauvreest souv<strong>en</strong>t, artistiquem<strong>en</strong>t, pauvre. Sans oublier que l’art aaussi une fonction divertissante, ce n’est pas à sa popularitéque l’on peut estimer la valeur d’une œuvre : comme lesouhaitait Brecht, la création se doit de faire avancer laconsci<strong>en</strong>ce humaine.Mais aux intellos qui l’oublierai<strong>en</strong>t, rappelons ces mots deson Petit Organon pour le théâtre : «Traitons le théâtrecomme un lieu où l’on s’amuse, ainsi qu’il convi<strong>en</strong>t de le fairedans une esthétique, et examinons quel sorte d’amusem<strong>en</strong>tnous agrée (…) la fonction la plus générale de l’institutionthéâtrale est le plaisir. C’est la plus noble fonction que nousayons à assigner au théâtre.».La valeur économique de la culture réside avant tout dansle plaisir, simple ou complexe, qu’elle crée.RÉGIS VLACHOS ET AGNÈS FRESCHELMarseille, capitalepaléochréti<strong>en</strong>neLe musée d’histoire de Marseille vaouvrir <strong>en</strong> septembre, et recèle déjàquelques trésors inatt<strong>en</strong>dusCette cité est décidém<strong>en</strong>t surpr<strong>en</strong>ante,même à ceux qui p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> connaîtretous les recoins… On connait la grotteCosquer, la lég<strong>en</strong>de antique, la Marseillaiserévolutionnaire, le port marchandporte des colonies… voire la Marseillemédiévale et la cité rebelle à Louis XIV.Mais Marseille paléochréti<strong>en</strong>ne ? Ladécouverte de la Basilique rue Malaval<strong>en</strong> 2000 a permis des recherches ess<strong>en</strong>tielles,am<strong>en</strong>ant à des découvertes, et à unepetite révolution des connaissances historiques de cette époque. Carau V e siècle Marseille était bi<strong>en</strong> une capitale culturelle ! Sans doutecontemporains de l’édifice primitif de Saint Victor, les 50 sarcophages,228 sépultures, et la Memoria dont on ne sait quelles reliques elleabritait, attest<strong>en</strong>t d’une int<strong>en</strong>se vie religieuse, et d’un lieu de pèlerinage.La Memoria <strong>en</strong> particulier témoigne d’un système de fabricationd’huile sainte, et les sarcophages ori<strong>en</strong>tés vers elle d’une vénérationexceptionnelle. Restitués dans la position id<strong>en</strong>tique dans une vastesalle du futur musée, ils seront pour le futur visiteur une des stationsremarquables du nouvel édifice…Qui se construit patiemm<strong>en</strong>t. Le chantier est complexe, sous le c<strong>en</strong>trecommercial et les Nouvelles Galeries, de plain pied avec le Jardin desVestiges classé monum<strong>en</strong>t historique, avec de faibles hauteurs sousplafond. Adeline Rispal, architecte et scénographe, a tout fait pourque le passé portuaire de la ville soit prés<strong>en</strong>t dans les allées, qui nousemmèneront de Marseille avant Marseille (Grotte Cosquer, -30000 ansavant JC), jusqu’à des projections vers le futur, <strong>en</strong> passant par Gyptiset Protis, Pythéas, le commerce avec les Ottomans et… Plus belle la vie !Animée par des dispositifs numériques et multimédias, c<strong>en</strong>trée autourd’un objet phare, chacune des 13 séqu<strong>en</strong>ces est conçue par Laur<strong>en</strong>tVédrine, le Conservateur du Musée, comme un univers pouvant se lireà tout âge, et satisfaire <strong>en</strong>fants et histori<strong>en</strong>s. Il s’agit de «r<strong>en</strong>dre simpleun site complexe». L’équipem<strong>en</strong>t majeur est très majoritairem<strong>en</strong>t pris<strong>en</strong> charge par la Ville (28.6 millions d’€) complété par 2.34 millionsdu Conseil régional et 1 million d’Euros de l’État, et par le généreuxmécénat de la Société des Eaux de Marseille (3 millions d’€). La surfaced’exposition, de 7000 m 2 , <strong>en</strong> fait un des plus grands musées d’histoired’Europe. Par ailleurs un itinéraire <strong>en</strong> 15 stations historiques est prévudepuis le Jardin des Vestiges jusqu’au MuCEM, <strong>en</strong> longeant les quais del’anci<strong>en</strong> port (Hôtel de Cabre, Maison diamantée, église des Accoules,Caves Saint Sauveur, église Saint Laur<strong>en</strong>t…)On pourra donc redécouvrir l’histoire de Marseille dans les salles etdans les rues, pour finir sur l’horizon marin et les civilisations Méditerrané<strong>en</strong>nes.De plus des animations et un parcours pour <strong>en</strong>fants sontprévus, un auditorium de 200 places… et de nombreuses confér<strong>en</strong>ces.Le musée devrait ouvrir juste avant les Journées du Patrimoine, pourprouver qu’il y aura une vie après 2013… et que Marseille a toujoursété Capitale !AGNÈS FRESCHELMusée d’histoire de MarseilleOuverture septembre 201304 91 90 42 22musee-histoire-de-marseille.marseille.fr07POLITIQUECULTURELLE


Du mouvem<strong>en</strong>t naît l’équilibreR<strong>en</strong>contre avec Bruno Ulmer, qui propose dans le parcours d’expositionPlus loin que l’horizon, à la Villa Méditerranée, d’explorer le thème des mobilitésmarchandes et humaines <strong>en</strong> Méditerranée08VILLAMÉDITERRANÉE<strong>Zibeline</strong> : D’où vi<strong>en</strong>t cette proposition ? Estcevous qui avez imaginé cette thématique ?Bruno Ulmer : Non ! C’est une proposition dela Villa Méditerranée. Avant que je n’arrive, le24 septembre 2010, il y avait déjà un comitésci<strong>en</strong>tifique pour ce projet d’exposition, déjàqualifié d’exposition perman<strong>en</strong>te, constitué dep<strong>en</strong>seurs et d’acteurs de la Méditerranée. Assezrapidem<strong>en</strong>t, ils se sont mis d’accord sur laquestion de la mobilité et de la jeunesse. Or,au PRIMED, j’avais gagné le prix des «Enjeuxméditerrané<strong>en</strong>s» avec un film docum<strong>en</strong>taireproduit par Arte, Welcome Europa, qui suivaitle parcours de jeunes <strong>en</strong> migration dans lesgrandes capitales de l’Europe. Valérie Gerbault,membre du comité sci<strong>en</strong>tifique avaitgardé le film <strong>en</strong> mémoire et, quand il a étéquestion de faire appel à des narrateurs, Valériea suggéré que ce soit moi. Je trouvais celatrès audacieux de faire appel à un cinéastepour transformer <strong>en</strong> images les propositions,souv<strong>en</strong>t abstraites, du comité sci<strong>en</strong>tifique, àmoi qui plus est, qui fais du cinéma plutôt radical,tournant autour de l’humain, du s<strong>en</strong>sible,du caché, de la lucidité, sur la Méditerranée.On s’est très vite <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du avec Nathalie(Abou Isaac ndlr) sur le cœur du projet : j’ais<strong>en</strong>ti de sa part l’idée de casser les règles muséographiqueset d’apporter un regard nouveau,un peu décalé, s<strong>en</strong>sibilisant…Nous avons établi une liste des mobilités méditerrané<strong>en</strong>nespossibles, à partir de laquell<strong>en</strong>ous explorons trois champs : le marchand, letouristique et l’humain clandestin. Comme leparcours est proposé aux visiteurs durant troisans, un cycle de r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t va se mettre<strong>en</strong> place dès la fin de l’année; probablem<strong>en</strong>tles mobilités matérielles qui concern<strong>en</strong>t cellesvia les réseaux sociaux. Car j’aimerais réunirdes bloggeurs de la Méditerranée qui ne ser<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t aujourd’hui que virtuellem<strong>en</strong>t. Onparle aussi d’une liaison culturelle <strong>en</strong>tre Marseilleet Alexandrie.Donc, après avoir défini votre projet, vousavez eu une totale liberté ?Une liberté absolue ! J’ai fait récemm<strong>en</strong>t un «droitde réponse» à Télérama car on a laissé <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dreque Régis (Sauder ndlr) et moi, on étaitun peu les faire-valoir de la Région, ce que jedém<strong>en</strong>s. On n’est pas du tout dans ce rapportlà! On a une liberté totale, comme au sein dela Villa, il y a un respect de ce qu’on propose,un accompagnem<strong>en</strong>t. Mais si on est là, c’estqu’on adhère à une certaine vision politiquede ce que peut être la Méditerranée. Il y a unechose que je ti<strong>en</strong>s à dire : ici, il n’y a pas decartels qui expliqu<strong>en</strong>t tout ; on fait confianceà l’intellig<strong>en</strong>ce des visiteurs ; on leur proposedu s<strong>en</strong>sible et non une surcharge d’informations.La scénographie y est pour beaucoup, avec cesespaces ménagés pour qu’on puisse s’arrêter,s’asseoir….Bi<strong>en</strong> sûr ! On veut montrer sans dire. C’esttellem<strong>en</strong>t insupportable quand on montre desimages et qu’une voix off décrypte comme sion n’avait pas compris ! Le simple plaisir deregarder et de s’ancrer dans un imaginair<strong>en</strong>ous est interdit. Je veux pr<strong>en</strong>dre le contrepiedde cela. Un bateau passe, pr<strong>en</strong>ez letemps de le regarder ; une silhouette d’unvisiteur passe devant le bateau, interrogezvoussur le rapport <strong>en</strong>tre les deux… À unmom<strong>en</strong>t vous allez voir desclandestins dans le même axede regard, <strong>en</strong> gros plan, et sivous regardez un peu à côté,le port de Marseille <strong>en</strong> grand :vous vous r<strong>en</strong>dez compte queles deux histoires sont <strong>en</strong>train de se relier… Donc,non seulem<strong>en</strong>t, on faitconfiance à l’intellig<strong>en</strong>cedes visiteurs maison convoque aussi leurhistoire. On a un grostravail à faire, c’estBruno Ulmer © A.Gle recueil des paroles, des récits pour les restituerdans les parcours.Comm<strong>en</strong>t le travail s’est-il fait ?On est un lieu de réflexion et de restitution.J’aime bi<strong>en</strong> utiliser le terme «fab-lab» : lelaboratoire et la fabrication mis <strong>en</strong> partage. Ily a un temps de recueil avec les g<strong>en</strong>s qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t,comme les jeunes de l’IRD cette année,il y a l’expo qui est un passage et un prolongem<strong>en</strong>tavec toutes les formes artistiques.Ainsi pour la programmation de Plus Loin quel’horizon, il y a des films sur les migrations,sur les mobilités marchandes, sur la cueillettedes fraises. Au départ, j’avais <strong>en</strong>vie de travailleravec des écrans placés dans des objetscomme des barques. La r<strong>en</strong>contre avec ElizabethGuyon de Digital Deluxe à Arles a étéess<strong>en</strong>tielle. La scénographie était là pour soulignerde façon abstraite les propositions d’imagesavec une volonté de ma part de voir une choseet d’<strong>en</strong> voir une seconde <strong>en</strong> décalage, voireune troisième comme dans mes films. Voirdans une image que j’ai filmée une silhouettequi passe donne l’impression qu’on a cassél’idée d’être à distance.Et la toupie comme symbole ?Un de mes amis, architecte, m’a dit <strong>en</strong> faisanttourner une toupie : «C’est le meilleur exemplede la sci<strong>en</strong>ce, c’est le mouvem<strong>en</strong>t qui donne del’équilibre !» C’était l’image de ce que j’avais<strong>en</strong>vie de raconter : du mouvem<strong>en</strong>t naît l’équilibre.L’emblème du projet.PROPOS RECUEILLIS PAR ANNIE GAVAPlus loin que l’horizonVilla Méditerranée, Marseille04 95 09 42 52www.villa-mediterranee.orgHéritages de MédiÀ la r<strong>en</strong>trée, la Villa Méditerranée propose, <strong>en</strong>co-production avec MP2013 et le MuCEM, uncycle de réflexion sur «Les héritages araboislamiquesdans l’Europe méditerrané<strong>en</strong>ne»organisé par l’Institut national de recherchesarchéologiques prév<strong>en</strong>tives.La programmation s’établira sur quatre journées,du 11 au 14 septembre. Associant archéologues,histori<strong>en</strong>s et anthropologues, ce colloquese donne pour ambition de faire le point de larecherche sur la prés<strong>en</strong>ce et les influ<strong>en</strong>ces dela civilisation arabo-islamique dans la Méditerranéeoccid<strong>en</strong>tale, du haut Moy<strong>en</strong> Âge àl’époque moderne.


Méditerranée <strong>en</strong> docsterranéeLes universitaires et spécialistes André Constant,Michel Lauwers, Dami<strong>en</strong> Carraz ou<strong>en</strong>core Yann Codou, <strong>en</strong>tre autres, feront partde leur différ<strong>en</strong>ts points de vue et études àl’auditorium de la Villa Méditerranée (le 11).L’auditorium Germaine Tillion accueillera laseconde partie : Oueded S<strong>en</strong>noune, AnikaKniestedt ou Catherine Richarté ciblerontd’avantage leur problématique sur Marseille,ses relations avec le monde musulman («Lesrelations <strong>en</strong>tre Marseille et le monde musulmanà la fin du Moy<strong>en</strong> Âge»), et les savoir-faire,techniques et cultures transmises («Le bourgdes Olliers à Marseille au XVIII e siècle : unLa 17 e édition du PRIMED organisé parle CMCA s’est t<strong>en</strong>ue du 17 au 22 juin,proposant au public des projections gratuitesau MuCEM et à La VillaMéditerranée, ainsi qu’une confér<strong>en</strong>cedébatsur la télévision publique <strong>en</strong>Méditerranée, animée par Hervé Brusini(à voir sur http://primed.tv/la-confer<strong>en</strong>ce-<strong>en</strong>-video-a-la-demande/).Si unpublic nombreux et très intéressé aassisté à cette confér<strong>en</strong>ce passionnantequi a abordé aussi bi<strong>en</strong> les missions d’unservice public de télévision que sonfinancem<strong>en</strong>t et ses perspectives, on nepeut que regretter qu’il n’<strong>en</strong> ait pas étéde même pour les projections que lepublic a souv<strong>en</strong>t boudées. À tort, carbon nombre des docum<strong>en</strong>taires prés<strong>en</strong>tésétai<strong>en</strong>t de qualité. Et c’est à justetitre que les jurys ont récomp<strong>en</strong>sé pourle grand prix «Enjeux méditerrané<strong>en</strong>s»Dance of Outlaws de Mohamed El Aboudi,l’histoire de Hind, une jeune Marocaineviolée à 15 ans, rejetée par sa famille etqui t<strong>en</strong>te de survivre <strong>en</strong> dansant dansles mariages, sans jamais baisser lesbras. En la suivant durant 5 ans, MohamedEl Aboudi, qui dit avoir construitson docum<strong>en</strong>taire avec les outils de lafiction, a su faire partager les espoirs,les rires, les mom<strong>en</strong>ts de découragem<strong>en</strong>tde cette jeune femme qui ne cesse dese battre pour récupérer ses papiers etse marier avec Bilal, son fiancé qui purge20 années de prison pour avoir faitbrûler un matelas dans une maison !Le prix «Mémoire de la Méditerranée» estrev<strong>en</strong>u à In Utero Srebr<strong>en</strong>ica de GiuseppeCarrieri. Vingt ans après le massacrede Sreb<strong>en</strong>ica, beaucoup de mères bosniaquesne sav<strong>en</strong>t pas où sont les corpsde leurs <strong>en</strong>fants et, inlassablem<strong>en</strong>t,continu<strong>en</strong>t à rechercher des indices, desos… Giuseppe Carrieri a recueilli la parolede ces femmes ainsi que celle depsychologues et de biologistes quitravaill<strong>en</strong>t dans des laboratoires d’id<strong>en</strong>tification.On ne sort pas indemne de cedocum<strong>en</strong>taire aux images somptueuses<strong>en</strong> noir et blanc, même si on peut s’interrogersur le parti pris de l’esthétismede la douleur comme devant certainesphotos de Salgado.Plus léger et plus optimiste, le film deLidia Peralta Garcia, A House for BernardaAlba, est doublem<strong>en</strong>t récomp<strong>en</strong>sé :par le prix Art, patrimoine et cultures dela Méditerranée et prix MPM Averroèsjunior. La réalisatrice a suivi un groupede neuf femmes gitanes de Séville, qui,dans un atelier, mont<strong>en</strong>t la pièce deGarcia Lorca, montrant <strong>en</strong> alternancecette expéri<strong>en</strong>ce, et les répercussionssur leur vie quotidi<strong>en</strong>ne.Les jurys ont aussi primé Le Martyre dessept moines de Tibhirine de Malik Ait-Aoudia, Ich Liebe Dich d’Emine EmelBalci, Dans les murs de la Casbah deCéline Dréan, Le thé ou l’électricité deJérôme Le Maire…Tous ces films sont <strong>en</strong>core visibles àl’Alcazar qui propose des visionnem<strong>en</strong>tsà la demande durant deux mois.A.G.C<strong>en</strong>tre Méditerrané<strong>en</strong> de la CommunicationAudiovisuelle04 91 42 03 02www.cmca-med.orghttp://primed.tv/transfert technologique d’Al-Andalus», «Al-Qutun : importation des produits et introductionde la culture du coton <strong>en</strong> méditerranée occid<strong>en</strong>tale»,les 12 et 13). Médecine, astronomie,philosophie seront au programme de la dernièrejournée (le 14), avec Marilyn Nicoud,François Clém<strong>en</strong>t, Fathi Jarray…MANON MATHIEUdu 11 au 14 septembreVilla Méditerranée, Marseille04 95 09 42 52www.villa-mediterranee.orgDance of Outlaws de Mohamed El AboudiDes mots quiéclair<strong>en</strong>t la nuitC’est sous le signe de l’amitié que Etel Adnan,Farouk Mardam-Bey, André Velter, AnneAlvaro, le Trio Joubran et Ernest Pignon-Ernest se retrouvèr<strong>en</strong>t pour évoquer leurcompagnon de route Mahmoud Darwich.Car tous l’ont croisé, <strong>en</strong> chair et <strong>en</strong> os, et <strong>en</strong>poésie. Avec une belle simplicité et <strong>en</strong>prés<strong>en</strong>ce de Leïla Shahid, ambassadrice dePalestine auprès de l’Union europé<strong>en</strong>ne, dela Belgique et du Luxembourg, ils ont confiéun peu de leurs souv<strong>en</strong>irs personnels, littéraires,photographiques.«L’hommage <strong>en</strong> germe depuis sa mort s’inscritdans l’histoire des Écritures croisées» rappelaAnnie Terrier qui r<strong>en</strong>contra le poète <strong>en</strong> 1997et lui offrit une carte blanche <strong>en</strong> 2003 àlaquelle participait, déjà, l’essayiste et poèteAndré Velter. Quant à l’intitulé de la r<strong>en</strong>contreMahmoud Darwich, Un indi<strong>en</strong> <strong>en</strong>Méditerranée, celui-ci «a surgi à l’évid<strong>en</strong>cecomme l’image la plus juste du peuplepalestini<strong>en</strong>». De fait la voix rauque de la comédi<strong>en</strong>neAnne Alvaro lisant Le dernierdiscours de l’indi<strong>en</strong> rouge pénétra plus <strong>en</strong>corela profondeur du texte : «Et nous savons quela vérité est plus puissante que la justice…»,«Nous avons marché pieds nus pour s<strong>en</strong>tirl’âme des gravats…», «Il pleure le peuple dece lieu blessé…». Mais l’heure n’était pas àla complainte et bi<strong>en</strong> plus à l’échange ! L’auteureEtel Adnan confia que «la meilleurefaçon de s’approcher de Darwich était de liresa poésie ou de l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre», que les humiliationsvécues par son peuple «le minai<strong>en</strong>t del’intérieur» et qu’il portait <strong>en</strong> lui «une visionde la poésie comme l’expression la plus aiguede l’être humain, comme si la poésie était àla pointe de la p<strong>en</strong>sée». Sur le mode de laconversation <strong>en</strong>tre amis, Farouk Mardam-Bey, <strong>en</strong>gagé dans l’édition des écrivainsarabes au sein d’Actes sud, André Velter etErnest Pignon-Ernest qui le dessina avantde le r<strong>en</strong>contrer et, récemm<strong>en</strong>t, essaima sesempreintes photographiques à Ramallah et àNaplouse, évoquèr<strong>en</strong>t ce qui, dans sonœuvre et son parcours, éclaire la nuit. Laprés<strong>en</strong>ce des mythes, l’inquiétude et l’exig<strong>en</strong>ceperman<strong>en</strong>tes, l’influ<strong>en</strong>ce des maîtresclassiques, la figure c<strong>en</strong>trale du Christ, larésistance chevillée au corps… Tout ce quifait qu’il faut «lire Mahmoud Darwich le poingserré et le cœur ouvert».«Échanger des prés<strong>en</strong>ts et des chants pourfaire taire les armes» : son credo colla àchaque instant de la soirée jusqu’au bouquetfinal avec le Trio Joubran, accompagné parle percussionniste Youssef Hbeish.MARIE GODFRIN-GUIDICELLILa r<strong>en</strong>contre-lecture-concert MahmoudDarwich, Un indi<strong>en</strong> <strong>en</strong> Méditerranées’est déroulée le 23 juinà la Villa Méditerranée, Marseille09VILLAMÉDITERRANÉE


Camus,la mesure ?Il fait <strong>en</strong>fin chaud au Fort Saint Jean quand s’ouvr<strong>en</strong>tles deuxièmes «Int<strong>en</strong>sités de l’été». Une programmationde tables rondes, cinéma et spectacleintitulée Pourquoi Camus. Derrière nous, toute unemer vibrante de soleil. Thierry Fabre explique sonpropos général : il est question <strong>en</strong> quelques joursde faire ce qui n’a pas été fait à Aix. De réinterrogerCamus, pour faire rev<strong>en</strong>ir la littérature et ses questionnem<strong>en</strong>ts,la réflexion intellectuelle et politiqueau cœur de la capitale europé<strong>en</strong>ne. Il était temps !MP2013 se poursuit <strong>en</strong> fêtes et succès, mais nourritpeu les esprits…Pourquoi Camus est-il si ess<strong>en</strong>tiel aujourd’hui ?B<strong>en</strong>jamin Stora, abs<strong>en</strong>t pour cause de voyage présid<strong>en</strong>tielofficiel <strong>en</strong> Tunisie, devait participer audébat, prés<strong>en</strong>ce symbolique après son éviction ducommissariat de l’exposition à Aix. Mais lors dupremier débat, la prés<strong>en</strong>ce lumineuse de Maïssa Beyapportait au fond toutes les réponses.L’écrivaine parla sans fard. Du vrai rejet quand elleavait lu L’Etranger à la fin des années soixante, lafigure de l’Arabe caractérisant immédiatem<strong>en</strong>t une«écriture coloniale». Du temps qu’elle avait mis poury rev<strong>en</strong>ir… Puis de son éblouissem<strong>en</strong>t des annéesplus tard à la lecture de Noces, pour y avoir reconnucet attachem<strong>en</strong>t charnel à la terre algéri<strong>en</strong>ne quiressemble tant au si<strong>en</strong>, et lui a permis d’<strong>en</strong>trer parle soleil dans l’interrogation politique de Camus. Sa«fragilité», n’était pas de «l’indétermination» maisle courage d’aller «à contres<strong>en</strong>s de l’histoire». Des’indigner, comme journaliste, contre les massacresde Sétif dès 1947, de refuser la viol<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong>Albert Camus © H<strong>en</strong>ri Cartier-Bressonpress<strong>en</strong>tant la douleur de l’exil qui se profilait. Elleparla de ces «frontières invisibles» qui régnai<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre «Arabes» et «Français», du fait que les deuxmondes ne se fréqu<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t pas à la ville, que lesFrançais sont abs<strong>en</strong>ts aussi des romans de MohamedDib. Et surtout, elle dit que l’écrivain, mort à 47 ans,avait cheminé, que Le premier homme mettait <strong>en</strong>scène son déchirem<strong>en</strong>t intérieur, et les raisons decet éloignem<strong>en</strong>t de la guerre d’indép<strong>en</strong>dance et dela viol<strong>en</strong>ce de l’OAS et du FLN : «un homme ça s’empêche,sinon ça devi<strong>en</strong>t…». Il voulait rester unhomme, d’où son refus de s’<strong>en</strong>gager auprès des Algéri<strong>en</strong>s<strong>en</strong> 58, son «sil<strong>en</strong>ce troublant» parfois, commeson impossibilité de déf<strong>en</strong>dre autre chose que lefédéralisme, et son approbation discrète de l’autodétermination<strong>en</strong> 1959 : c’est la viol<strong>en</strong>ce, labrutalité qu’il refusait.Jean Yves Guérin précisa que p<strong>en</strong>ser qu’il était«tiède» était un contres<strong>en</strong>s : il était animé par l’idéede mesure, pas «mollasson» mais t<strong>en</strong>du <strong>en</strong>tre des idéescontraires, qui sont au c<strong>en</strong>tre de son questionnem<strong>en</strong>tde «réformiste exigeant». Il fit sourire le public<strong>en</strong> parlant de ces néo réac anci<strong>en</strong>s maoïstes qui ontcondamné Camus <strong>en</strong> son temps, l’ont traité de«philosophe pour Terminales», puis sont passés deMao à Sarko. Lui a toujours déf<strong>en</strong>du l’idée qu’on nepossède pas la vérité et que Camus la cherche,comme Sisyphe, dans ce court instant où il redesc<strong>en</strong>dla p<strong>en</strong>te et sourit, juste à l’opposé des idéologuesqui pouss<strong>en</strong>t leur rocher destructeur et vain. Enécrivain responsable il se soucie de la lecture qu’onfera de ses textes, refuse de pousser au meurtrecomme Céline, ou Sartre, s’interdit la littérature àthèse, avoue ses déchirem<strong>en</strong>ts. Comme dans LesJustes il affirme que la fin ne justifie pas les moy<strong>en</strong>s,que l’idée de «trêve civile» que Camus déf<strong>en</strong>dait <strong>en</strong>1956 est admirable.Puis le professeur de littérature rappela la modestiedes origines de Camus, le décrivant comme un<strong>en</strong>fant de cette troisième république «jacobine etuniformisante» qui lui avait permis de faire desétudes, sans lui donner l’idée de parler l’arabe. Lafigure de l’instituteur, si importante dans son œuvre,représ<strong>en</strong>te la force et la faiblesse de cette France-là,qui n’associait pas la Liberté avec le libéralisme et«le fric», mais a manqué de la connaissance de laculture de l’autre. Car si Camus a une place si grandedans les régimes liberticides, s’il est traduit <strong>en</strong>Persan, c’est parce qu’il pose sans cesse la questionde la démocratie, cruciale aujourd’hui.Propos qui fut parfaitem<strong>en</strong>t illustré par les diversextraits du discours de Stockholm (1957, Réceptiondu Prix Nobel) lus sans emphase et avec une clartélumineuse : «Chaque génération, sans doute, se croitvouée à refaire le monde. La mi<strong>en</strong>nesait pourtant qu’elle ne le referapas. Mais sa tâche est peut-êtreplus grande. Elle consiste à empêcherque le monde se défasse.Héritière d’une histoire corrompueoù se mêl<strong>en</strong>t les révolutions déchues,les techniques dev<strong>en</strong>uesfolles, les dieux morts et les idéologiesexténuées, où de médiocrespouvoirs peuv<strong>en</strong>t aujourd’hui toutdétruire mais ne sav<strong>en</strong>t plus convaincre,où l’intellig<strong>en</strong>ce s’estabaissée jusqu’à se faire laservante de la haine et de l’oppression,cette génération a dû, <strong>en</strong>elle-même et autour d’elle, restaurer,à partir de ses seules négations,un peu de ce qui fait la dignité devivre et de mourir.» Reste à savoirce que notre génération peut fairede cet héritage, <strong>en</strong> exportant sadémocratie tout <strong>en</strong> respectant laculture de l’autre, <strong>en</strong> cultivant latrêve, <strong>en</strong> cherchant d’autres réponsesà la viol<strong>en</strong>ce que l’œilpour œil, et trouvant d’autresuniversalismes que la globalisationéconomique. La réponsedans Camus et au MuCEM ?AGNÈS FRESCHELPourquoi Camus ? s’est dérouléles 5 et 6 juillet, <strong>en</strong> quatre débatssuccessifs, la mise <strong>en</strong> scène dela correspondance avec R<strong>en</strong>é Char,la projection de docum<strong>en</strong>taires,et de L’Etranger de Visconti :magnifiquem<strong>en</strong>t filmé, mais oùMastrioanni, sans doute trop beaupour être Meursault, hésite <strong>en</strong>treexprimer la douleur, l’indiffér<strong>en</strong>ce,la révolte ou l’abrutissem<strong>en</strong>t,comme si son personnage luidemeurait incompréh<strong>en</strong>sible…peut-être l’est-il ?


Pour que viv<strong>en</strong>t les livres280 m 2 au J4, 45 au FortSaint-Jean, les deux espaceslibrairie du MuCEM ont ouvertle même jour que le musée,prêts <strong>en</strong> temps et <strong>en</strong> heureIl aura pourtant fallu des semaines de discussionavant de trouver la mise <strong>en</strong> scèneadéquate pour le plus spacieux des deux.Difficile <strong>en</strong> effet de concilier la notion detranspar<strong>en</strong>ce chère à Rudy Ricciotti et les trèsnombreux ouvrages à exposer (le fonds secompose de plus de 12 000 titres). La solutiona finalem<strong>en</strong>t été trouvée : des colonnes aéri<strong>en</strong>nesvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t prolonger les tables de bois,tandis que les étagères plus massives se dissimul<strong>en</strong>tderrière la billetterie ; quant au flux,il se fait naturellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les deux portes(et les deux caisses) de la librairie. Un lieuagréable et accueillant. Une belle réussitepour Maupetit-Actes Sud qui a remporté laconcession de ce nouvel espace dédié auxlivres. Et une belle récomp<strong>en</strong>se pour le travailleuracharné qu’est Dami<strong>en</strong> Bouticourt.On ne revi<strong>en</strong>dra pas sur tout ce que le nouveaugérant de la librairie Maupetita fait pour redorer la célèbre <strong>en</strong>seignemarseillaise (lire Zib’58),ni sur son association avec deuxautres libraires pour la créationde La Salle des Machines (voirZib’ 59 et 60). Avec dix personnesembauchées et une perspectived’1,5 million d’euros de chiffred’affaires d’ici trois ans, la nouvellelibrairie du MuCEM <strong>en</strong>-tredans la suite logique de cettestratégie de développem<strong>en</strong>t del’économie du livre dont Marseillea grand besoin. Le 15 juin dernier,Dami<strong>en</strong> Bouticourt faisait leshonneurs du lieu à Françoise Nyss<strong>en</strong>et Jean-Paul Capitani, deuxdes trois membres du directoired’Actes Sud. La maison arlési<strong>en</strong>nea naguère sauvé Maupetit de ladéroute ; elle est aujourd’hui égalem<strong>en</strong>t«associée» à la librairie duMuCEM. Cette association paraîtassez naturelle, au vu des li<strong>en</strong>sévid<strong>en</strong>ts qui uniss<strong>en</strong>t le catalogued’Actes Sud (très ouvert sur leslittératures du pourtour méditerrané<strong>en</strong>)et les thématiques dumusée ; elle manifeste surtout lavolonté affirmée de r<strong>en</strong>forcer tousles maillons de la chaîne du livre.Cette nouvelle librairie devi<strong>en</strong>tainsi la septième <strong>en</strong>seigne ActesSud de France. Quant aux importantsstands de la maison d’édition,au Salon du Livre de Paris ou lorsdu festival Etonnants Voyageurs© Agnès MellonActiv’été du MucemLe MuCEM poursuit ses activitésd’été abondantes par les HistoiresVraies de la Méditerranée : l’écrivainFrançois Beaune met <strong>en</strong> scèneles anecdotes et récits de vierecueillis à travers un <strong>en</strong>semblede pays de la Méditerranée quiseront lus sur les terrasses du FortSaint Jean, avant de laisser le publicconter les si<strong>en</strong>nes (le 23 août).Du 28 au 31 août, danse et gestespoétiques seront au r<strong>en</strong>dez-vousavec un parcours chorégraphiquedu chorégraphe itali<strong>en</strong> VirgiloSi<strong>en</strong>i. Un projet à l’initiative duthéâtre du Merlan et de MP2013qui réunit une c<strong>en</strong>taine d’amateurs,interprètes de «l’art du geste»<strong>en</strong> divers lieux de Marseille.Les int<strong>en</strong>sités d’été s’achèverontavec Marseille Résonnance, un projetqui met <strong>en</strong> valeur les sons dela vie quotidi<strong>en</strong>ne de la ville deMarseille <strong>en</strong> les sauvegardantpour recréer des performances sonoresdans l’espace urbain. Lecompositeur Erdem Helvaciogluprés<strong>en</strong>te Marseille écoute Marseille,une création <strong>en</strong> prise avecla culture et l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t socialcontemporains de Marseille,les 30 et 31 août de 18h à 19h.Dès septembre une programmationrégulière, rythmée autour dutemps de la parole, du temps desimages et du temps des spectaclespr<strong>en</strong>d le relais… On parlerade La citoy<strong>en</strong>neté <strong>en</strong> questions,lors de r<strong>en</strong>contres qui porterontsur le dev<strong>en</strong>ir de la société et duvivre <strong>en</strong>semble, du Temps desarchives, du Pouvoir des images,<strong>en</strong> écho aux expos photos prés<strong>en</strong>téesau MuCEM (un lundi parmois à 18h30), de Porteurs de rêve,programmation conçue par CatherinePoitevin qui complèteral’expo Le Noir et le Bleu (chaquejeudi à 18h30).Enfin, plus tard dans le mois, lacompagnie Arketal, pour qui «lamarionnette est [un] moy<strong>en</strong> d’expressioncomme d’autres utilis<strong>en</strong>tle pinceau, la glaise ou le stylo»,retracera l’histoire de cet art, del’Antiquité à nos jours, lors d’uneconfér<strong>en</strong>ce-spectacle (le 15septembre à 17h30 au Fort SaintJean). Voir aussi p. 48.MANON MATHIEUMuCEM, Marseille04 84 35 13 13www.mucem.orgde Saint-Malo par exem-ple, Françoise Nyss<strong>en</strong>a rappelé qu’ils étai<strong>en</strong>t «offerts aux libraires»,ce qui équivaut à 40% d’escompte sur leursv<strong>en</strong>tes. En ce qui concerne la librairie duMuCEM, pour laquelle Actes Sud n’a reçu aucuneaide de la Région, seul le fonds livre lui apparti<strong>en</strong>t; le musée quant à lui percevra uneredevance sur le chiffre d’affaires.Ce développem<strong>en</strong>t d’une politique de souti<strong>en</strong>aux libraires va de pair avec sa réactivité dansle domaine éditorial. Derniers rachats <strong>en</strong>date : Le Rouergue et plus récemm<strong>en</strong>t PayotRivages. «Sinon, c’était Hachette»,déclar<strong>en</strong>t <strong>en</strong> chœur Nyss<strong>en</strong> etCapitani, qui rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t leurexpansion comme indisp<strong>en</strong>sableà la diversité éditoriale. Aujourd’huila petite maison prov<strong>en</strong>çalefondée <strong>en</strong> 1978 par HubertNyss<strong>en</strong> (le père de Françoise) abi<strong>en</strong> grandi : sur 10 000 manuscritsreçus par an, 600 seulem<strong>en</strong>tsont publiés par Actes Sud, 1000toutes maisons confondues ! Età ceux qui leur reproch<strong>en</strong>t unet<strong>en</strong>dance à l’hégémonie, les intéressésrépond<strong>en</strong>t qu’ilstravaill<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble depuistr<strong>en</strong>te ans, dans un climat deconfiance et de passion, et quelà est la clé de leur succès.Quand on voit l’<strong>en</strong>thousiasmeavec lequel ils parl<strong>en</strong>t de l’écolealternative qu’ils vont bi<strong>en</strong>tôtouvrir dans la Crau, on est t<strong>en</strong>téde les croire.FRED ROBERTLa librairie du MuCEM est ouvertetous les jours, sauf le mardi, de 10hà 19h00. Nocturne le v<strong>en</strong>dredijusqu’à 22h0004 84 35 14 95www.librairiedumucem.fr11MUCEM


Performance à l'occasion de l'expositionPiLAB Création, galerie MAD© Cecile Braneyre© ESADMM 201312ESADMML’ESADMMmet le turboLa belle <strong>en</strong>dormie se réveille d’un profond sommeil,prête à retrouver le rayonnem<strong>en</strong>t des années marquéespar l’empreinte de ses «pères fondateurs» :César, Claude Viallat, Toni Grand, Christian Jaccard…Tout s’est accéléré à partir de janvier 2012 quand l’Écoled’art, dev<strong>en</strong>ue École supérieure d’art et de designMarseille-Méditerranée (ESADMM), est passée dustatut de régie municipale à un établissem<strong>en</strong>t publicde coopération culturelle. Une transformation <strong>en</strong>forme de pari pour Anne-Marie d’Esti<strong>en</strong>ne d’Orves,présid<strong>en</strong>te de l’EPCC : «C’est l’aboutissem<strong>en</strong>t d’untravail préparatoire de 4 ans. Grâce à la Ville de Marseillequi nous finance pour le mom<strong>en</strong>t à 90% et auxpart<strong>en</strong>aires privés que l’on espère de plus <strong>en</strong> plusnombreux, et grâce à la vision de Jean Mangion[directeur général, ndlr], tout s’est mis <strong>en</strong> place. Celanous donne des ailes pour avancer». Enthousiasmepartagé par Jean Mangion qui a du combattre quelquesrésistances internes pour que «l’évolution soitdigérée par toutes les équipes : elles sont <strong>en</strong>trées dansle jeu et ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une nouvelle fierté». Autonomedonc, l’ESADMM multiplie les contacts avec les institutionspubliques (Conseil général, Conseilrégional, Communauté urbaine), les <strong>en</strong>treprises privées,via son nouveau Fonds de dotation / mécénat«Luminy-Art-design-dotation» et la redistributionde la taxe d’appr<strong>en</strong>tissage (7000 € récoltés <strong>en</strong>2012, 30 000 € 2013). Cette montée <strong>en</strong> puissancelui permet de mettre <strong>en</strong> œuvre de nouveaux projetspédagogiques, tels la rénovation de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tde la section design axée sur les relations <strong>en</strong>trecréation et <strong>en</strong>treprises (design numérique, designd’espace et design d’objet) ; le développem<strong>en</strong>t deworkshops transdisciplinaires dirigés par des artisteset professeurs nationaux et internationaux ; la mise<strong>en</strong> place de part<strong>en</strong>ariats ciblés avec des écoles d’artà l’étranger ; le développem<strong>en</strong>t du service de la formationprofessionnelle et continue sous forme desessions (500 personnes concernées) ; la création depasserelles avec l’École polytechnique et l’École supérieurede managem<strong>en</strong>t de Luminy. Et de lancer <strong>en</strong>septembre la création d’une classe préparatoire publiquepréparant aux concours d’<strong>en</strong>trée dans lesétablissem<strong>en</strong>ts supérieurs d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t artistique.L’ESADMM peut désormais accompagner ses 500étudiants jusqu’au doctorat et même au-delà avecun programme de post-professionnalisation sur troisans. L’automne 2013 verra égalem<strong>en</strong>t la créationd’une plate-forme numérique conçue comme unatelier de création et un espace de formation auxmétiers et activités du numérique, faisant se croiserétudiants et <strong>en</strong>treprises, designers et industriels,architectes et stylistes… Bref, la transversalité etl’ouverture sur le monde économique sont lesmaîtres mots de la nouvelle direction.La Friche <strong>en</strong> lignede mireL’ESADMM profite de cette embelliepour faire peau neuve, débloquant10 M€ pour des travaux de miseaux normes et 3 M€ pour la réfectionde toutes les huisseries del’école labellisée depuis 2007Patrimoine Architectural du XX esiècle. Ce qui ne l’empêche pas deviser le c<strong>en</strong>tre-ville où elle inaugurera,<strong>en</strong> 2014, une nouvellevitrine de 7000 m 2 sous la TourPanorama pour installer sa galeried’exposition et son c<strong>en</strong>tre derecherche…En att<strong>en</strong>dant, boulevard Chave,l’exposition PiLAB Création proposéedans le cadre de Campus2013 réunit productions et activitésde la partie <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t etlaboratoire artistiques du programmed’accueil d’étudiants sourds etmal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dants PiSOURD. Sous ladirection artistique de Jean-LouisConnan, la chorégraphe PascaleHoubin, l’artiste Imog<strong>en</strong> Stidworthy,l’histori<strong>en</strong> de l’art FrançoisBazzoli et le réalisateur GuillaumeAndré ont «fait <strong>en</strong> sorte que leprojet innerve l’<strong>en</strong>semble de l’école,transformant la question des mal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dants<strong>en</strong> question d’art» :captations vidéo, écritures, danseabord<strong>en</strong>t les notions de transgression,de c<strong>en</strong>sure, d’art et de sesrapports avec la société.MARIE GODFRIN-GUIDICELLIPiLAB Créationjusqu’au 30 juilletGalerie MAD, Marseille 5 ewww.esdamm.fr


Tranches de vies14FESTIVALST|HÉÂTREArtiste associé de la 67 e éditionavec Stanislas Nordey, DieudonnéNiangouna a refait le monde à laCarrière Boulbon dans Shéda, unpoème épique volubile. L’auteur,metteur <strong>en</strong> scène, comédi<strong>en</strong> congolais,inspiré par les histoires quelui contait sa grand-mère, plongedurant 5 heures le spectateur dansla gueule du loup, lieu monstrueux<strong>en</strong> totale adéquation avec le propos-pourtant décousu- porté par 14comédi<strong>en</strong>s et musici<strong>en</strong>s africains eteuropé<strong>en</strong>s. «Que le premier qui crèvegagne» annonce le gardi<strong>en</strong> de la villemorte dans ce désert de pierresreflétant les limites du mondecontemporain, d’où une communautécherche à se reconstruire (ouà se détruire) parmi les lég<strong>en</strong>des etcrises id<strong>en</strong>titaires. «Vous ne pouvezpas aimer la vie si vous ne connaissezpas la mort»…Flots de paroles ininterrompus,poésie crue, métaphores etmonologues parfois artificielsoccup<strong>en</strong>t l’espace, déjà majestueusem<strong>en</strong>thabité. On s’évade alorsdu texte fleuve et fantasmagorique,de ces histoires de sorcières, decivilisations perdues, de peur, desolitude et d’urg<strong>en</strong>ce, pour se noyerdans le décor d’après guerre et voirles hommes-dieux tomber du ciel,un seigneur déchu (Frédéric Fisbach) plonger dansla mare aux crocodiles (drôlerie !), Niangouna jaillirdes gradins <strong>en</strong> voyageur abandonné proférant que«le sous développem<strong>en</strong>t et la chaise électrique sontles véritables maladies de l’être humain» et s’impati<strong>en</strong>ter,un peu, face à la tribu transformée <strong>en</strong>super-héros qui laisse filer le temps. Pour quitter,après une 1 re partie sous les flots (éclairs et pluie,invités magiques de la soirée), les 1001 contes decette fresque mythologique que l’auteur a mis 12ans à <strong>en</strong>fanter, foulant la caillasse de cette Carrièredécidém<strong>en</strong>t très bavarde.Maux fémininsLes femmes ont s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t ouvert cette 1 repartie de Festival. Dans La Parabole des papillons,la Cie Mises <strong>en</strong> Scène leur donne la parole et unedigne place sur scène. Amatrices ou professionnelles,<strong>en</strong>fants, adultes, mères, filles, épouses, <strong>en</strong>fleurs, <strong>en</strong> deuil, maltraitées ou <strong>en</strong> amour, elles seracont<strong>en</strong>t, vivantes et fragiles, dans un montagede textes issus d’ateliers où elles se sont livréesdans l’année, improvisant <strong>en</strong>suite au plateau. Cestémoignages autour de «l’être femme», remaniéspar les auteurs Jean Cagnard et Valérie Rouzeauet tricotés par le dramaturge Gilles Robic,Michèle Addala qui travaille depuis plus de 25ans dans le quartier Monclar à recueillir destranches de vie, poignantes, révoltantes et souv<strong>en</strong>tdrôles, <strong>en</strong> fait matière à poésie. Car leur vie, qu’ellesoit d’Avignon ou d’ailleurs, est un théâtre universel.Le plateau -ou la table principale : «C’est icil’<strong>en</strong>droit où on parle ?»-, déborde d’images et de vieAlors que La FabricAa été inaugurée parle Groupe F (voir p. 44)et la ministre de la CultureAurélie Filippetti,les premiers spectaclesdu 67 e Festival d’Avignonrévèl<strong>en</strong>t des conteurs qui ontl’art de mêler leur vieà la fable avignonnaise(ils sont 27 femmes et quelques hommes) etdevi<strong>en</strong>t la partition émouvante des souffrances,petits plaisirs, chants harmoniques, corps parlants,r<strong>en</strong>contres improbables, traces invisibles, exilsdouloureux, percussions corporelles commemorceaux de bravoure… Et l’homme dans toutça ? «L’homme doit résister, surtout s’il est unefemme.» Ni maniché<strong>en</strong> ni larmoyant, un spectaclechoral touchant de vérité… et d’espoir.Une autre femme, Angélica Liddell, a fait résonnerses mots de douleur et de colère. Invitée dansdeux spectacles issus de sa trilogie sur la Chine,l’Espagnole torr<strong>en</strong>tielle et incandesc<strong>en</strong>te prés<strong>en</strong>tedans Todo el cielo sobre la tierra sa version duLa Parabole des papillons © Delphine Michelangelisyndrome de W<strong>en</strong>dy. Exit Neverland,direction l’île d’Utoya au l<strong>en</strong>demainde la tuerie de 69 jeunes g<strong>en</strong>s, «l’âgeauquel le sexe et l’amour physiquesont possibles», avec un détour parShangaï exactem<strong>en</strong>t (l’auteure toujoursaussi exaltée sait rebondird’une rive à l’autre dans des détoursfascinants, «un écrivain est honnêtedans ses livres, il est faux dans sa vie»,profère-t-elle), face à W<strong>en</strong>dy-Liddellvisitée par les morts et obsédée parl’abandon et la perte de la jeunesse.«Puiser ces forces dans ce qui n’estplus» pour tisser des fils dramaturgiquesoù se crois<strong>en</strong>t un garçon perdu,un orchestre et deux septuagénaireschinois qui vals<strong>en</strong>t interminablem<strong>en</strong>t,et puis cet ébouriffant monologue,où la performeuse a le don inouïd’utiliser l’hystérie pour se livrer, déchiréepar son «incapacité à êtreheureuse» et son «s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de nonappart<strong>en</strong>ance». Bouleversante, monstrueuseAngélica Liddell qui fait desa souffrance («la norme» selon elle)son manque d’illusion pour l’humanité,sa haine <strong>en</strong>vers les mères et sapeur de l’amour, son œuvre. Et qui, -virevolte, presqu’<strong>en</strong>fantine, <strong>en</strong>réclamant un rock’n’roll (et un brind’amour ?).Balade intérieureC’est <strong>en</strong>core la mort, l’id<strong>en</strong>tité, la mémoire, lacroyance… et le libre arbitre qui sont originalem<strong>en</strong>tabordés dans le projet déambulatoire RemoteAvignon du Rimini Protokoll. «50 personnesperform<strong>en</strong>t pour elles-mêmes» dans ce parcours àtravers la ville où une voix artificielle guide unehorde de spectateurs hagards et dociles affublésde casques et de doutes exist<strong>en</strong>tiels. Un projetexcitant qui nous met face à notre façon deconsidérer le monde du vivant (consommation,université, foule) et des morts (cimetière, église),techniquem<strong>en</strong>t parfait, et tout autant crispantpuisqu’il est impossible de quitter la mini-sociétérecréée grâce à qui «tu fais des choses que tun’aurais pas fait tout seul», sous peine de perdre lesignal de transmission sonore. Troupeau tu es,troupeau tu resteras ! Chacun s’<strong>en</strong> extirperacomme il peut. Avec à l’évid<strong>en</strong>ce un regard modifiésur la ville.DELPHINE MICHELANGELIÀ lire sur www.journalzibeline.fr la suite des chroniquessur le Festival d’AvignonFestival d’Avignondu 5 au 26 juilletwww.festival-avignon.com


Avignon <strong>en</strong> plein dans le OFF16FESTIVALST|HÉÂTREJusqu’au 31 juillet, le festival Off égrène ses 1258 pièces dans tous les recoins de la ville.Qu’il soit danse, théâtre, performance, instructif, délassant, comique, incisif ou commercial,le spectacle est roi (du marché) !Ubus de papierAprès une première création avec des comédi<strong>en</strong>sfrançais <strong>en</strong> 2007, Alain Timar repr<strong>en</strong>d lemonum<strong>en</strong>t d’Alfred Jarry embarquant à sescôtés une troupe d’acteurs hongrois fabuleused’énergie. Ils sont douze : 6 Mères Ubu, 6 PèresUbu interchangeables et reconnaissables aupremier coup d’œil, et autant de personnagesconnexes, qui fanfaronn<strong>en</strong>t à «s’<strong>en</strong> faire péter lapanse» pour raconter à travers l’odyssée duPr<strong>en</strong>dre le tempsDans C’est aujourd’hui demain ?, la compagnieVauclusi<strong>en</strong>ne t<strong>en</strong>drem<strong>en</strong>t dénommée Boutd’Ôm, ouvre les f<strong>en</strong>êtres du temps aux <strong>en</strong>fantsà partir de 6 ans. Papyrus et Papillon travaill<strong>en</strong>tet rang<strong>en</strong>t chaque minute dans leur GrandeFabrique du Temps, où de formidables et ingénieusesstructures de jeu aux 1001 couleursjalonn<strong>en</strong>t le récit pour illuminer la perceptionque chacun a du temps. Mais quelque chose netourne plus rond dans cette petite <strong>en</strong>treprise, etPlume, virevoltant personnage qui aimeraitgrandir deux fois plus vite <strong>en</strong> modifiant l’ordredes choses et des l<strong>en</strong>demains, va leur appr<strong>en</strong>dreà rêver. Pédagogique et flâneur, le spectacle© Delphine Michelangelicouple mythique l’absurdité de la course aupouvoir, la réalité et la bassesse des comportem<strong>en</strong>tshumains. Plateau nu mais ingénieusem<strong>en</strong>thabité par un amoncellem<strong>en</strong>t de papier que lescomédi<strong>en</strong>s utilis<strong>en</strong>t et chiffonn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dévidantun imposant rouleau kraft, pour fabriquer avecune rapidité démoniaque et une inv<strong>en</strong>tivitéjubilatoire costumes, attributs et accessoires. Àla trappe les crapules, usurpateurs, magistrats,financiers, autres sbires ou paysans d’un Royaumesurréaliste, la mise <strong>en</strong> scène d’Alain Timarpr<strong>en</strong>d la folie des grandeurs pour ce qu’elle est !Un Übu Király qui restera dans les petits papiers,semant la «merdre» pour mieux récolter les rires…sur nous-mêmes.DE.M.Übu Király au théâtre des Halles du 6 au 28 juillet à11h (relâche le 17)04 90 85 52 57www.theatredeshalles.comqui ne cherche pas à «faire moderne» et gardeun charmant aspect artisanal, est rassurant ets’attache à offrir un temps de pause voluptueuxà la découverte des émotions dans la course dumonde. Parce que vivre ici et maint<strong>en</strong>ant s’appr<strong>en</strong>ddès le plus jeune âge, ce conte apaisant<strong>en</strong> donne les clés dans un temps jolim<strong>en</strong>tsusp<strong>en</strong>du.DE.M.C’est aujourd’hui demain ? à la Maison du Théâtrepour <strong>en</strong>fants jusqu’au 27 juillet (sauf 14 et 21)04 90 85 59 55www.festivaltheatr<strong>en</strong>fants.comOiseaux de ruePrés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> plein air dans la cour du lycéeAubanel, sur les chemins balisés du terrainde course, la Compagnie Ex Nihilo reformulele tourbillon de l’anonymat dans Trajetsde Ville. Ces précurseurs de danse dansl’espace public, installés pourtant <strong>en</strong> régionPaca, n’avai<strong>en</strong>t jamais joué au Festivald’Avignon, ni dans le In ni dans le Off ; ils seplac<strong>en</strong>t avec ce projet dans une catégorie àpart, tant leur poésie et esthétique détonn<strong>en</strong>tdans un paysage souv<strong>en</strong>t conv<strong>en</strong>u.Magnifique danseurs -ils sont 9, on les croirait100-, qui déambul<strong>en</strong>t dans une courseeffrénée autour et à l’intérieur d’un cercledessiné à la craie, leur circulation ti<strong>en</strong>t dumiracle. Les corps sont t<strong>en</strong>dus et électriques,les chocs inévitables donnant lieu àdes r<strong>en</strong>contres fortuites, combats de rue ouétreintes passionnées, et des projectionsaéri<strong>en</strong>nes hallucinantes. Prodigieuses imagesarrêtées <strong>en</strong> plein vol, frissonnantes degrâce, sur les mots d’un arp<strong>en</strong>teur au microqui guide les pas, rapides et assurés : «Onne se quitte plus, on se le dit que ce que l’oncherche est là», «ne ral<strong>en</strong>tis pas, à gauche,plus vite, à droite, arrête». Le c<strong>en</strong>tre estl’arène de cet essaim <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir, la vitessele moy<strong>en</strong> de communication avec la viol<strong>en</strong>cedu monde al<strong>en</strong>tour et le regroupem<strong>en</strong>topéré seul chemin des possibles. Prodigieuxet hors du temps.DE.M.Trajets de Ville au CDC Les Hivernalesjusqu’au 21 juillet (relâche le 17)04 90 82 33 12www.hivernales-avignon.comMirage BelgeLes Belges ont décidém<strong>en</strong>t l’art et la manièrede partir d’une idée commune aux plateaux dethéâtre, la condition de l’homme, pour <strong>en</strong> faireun joyau de dérision et de drôlerie. Programmépar le théâtre des Doms aux Hivernales dansle cadre de l’été au CDC particulièrem<strong>en</strong>t danse,le spectacle imprononçable [Weltanschauung]de la Kosmocompany, sout<strong>en</strong>u par le lieubruxellois de recherche L’L qui a le nez fin, estune peinture (rupestre) surréaliste, burlesque etjubilatoire, au pays d’Adam et Eve. Clém<strong>en</strong>tThirion et Gw<strong>en</strong> Berrou, acteurs cocasses etgéniaux, dans<strong>en</strong>t leur monde métaphysique etse mett<strong>en</strong>t à poils (et <strong>en</strong> moonboots) pour partagerleurs recherches sur la création du monde,naïfs lucides et généreux bipèdes évadés donton ne sait quelle grotte, persuadés qu’ils vontsauver l’humanité. Appuyés par la vidéo qu’ilsdétourn<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>core une fois de manière totalem<strong>en</strong>tinv<strong>en</strong>tive, ils nous prouv<strong>en</strong>t, de la préhistoireà la musique de Klaus Nomi, tout le pot<strong>en</strong>tiel dela dynamique du serp<strong>en</strong>t-ruban échappé d’untableau expressionniste d’Emile Nolde et dupouvoir du cerveau et se replac<strong>en</strong>t -avec quellegrâce !- dans la marche du monde. Danse, théâtre,performance… le tandem réinv<strong>en</strong>te la fablecosmique. DE.M.[Weltanschauung] au CDC Les Hivernalesjusqu’au 21 juillet (relâche le 17)04 90 82 33 12www.hivernales-avignon.comThéâtre des DomsFestival Off jusqu’au 28 juillet04 90 14 07 99www.lesdoms.eu


C’est l’alarmeL’argum<strong>en</strong>t de la pièce de Régis Vlachos, Partisans,se nourrit d’Histoire, évoquant la réunionclandestine du Conseil National de la Résistance le27 mai 1943 à Paris sous la présid<strong>en</strong>ce de Rex, JeanMoulin. Trois personnages se trouv<strong>en</strong>t dans l’antichambre,Yvonne accompagnant le représ<strong>en</strong>tantdes socialistes, Robert celui des communistes etMarcel celui de la droite patriote. Le décor est posépar les sons : ceux du dehors, dont une arrestation<strong>en</strong> pleine rue, des mouvem<strong>en</strong>ts dans les escaliers ;ceux du dedans : poste de TSF qui diffuse les airsde l’époque, radio-Londres, discussions de la piècede réunion… Dans ce huis clos, l’<strong>en</strong>fer contre lequelon lutte vi<strong>en</strong>t de dehors. Mais les trois personnagesse heurt<strong>en</strong>t aussi à ce qui les oppose : Marcel a étéformaté par des «valeurs» religieuses antisémites,Robert par un communisme aveuglé… Yvonne, juive,oppose sa finesse, et dévoile avec une amère luciditéles dessous de la réunion, qui a surtout pourbut de légitimer de Gaulle et trouver des fonds…L’un des mérites de cette pièce est de retracer lesmotivations de cette période, rappelant les conquêtesdu CNR (retraite ! sécu ! nationalisations !) et deles mettre discrètem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> regard de nos luttes.Yvonne souligne énergiquem<strong>en</strong>t le scandale del’oubli des droits des femmes (la moitié de la nation!) par les mouvem<strong>en</strong>ts même dits les plusprogressistes, Marcel parle de valeurs naturelles,Robert d’obéissance aux consignes. Partisansremue les mémoires mais aussi notre rapport politiqueau monde contemporain, dans un texte auxdialogues vrais, aux échanges rapides, sans tiradedidactique, malgré des formules qui tranch<strong>en</strong>t.Quelques mom<strong>en</strong>ts sembl<strong>en</strong>t de trop : la viol<strong>en</strong>cedécalée du «jeu de l’interrogatoire» déroute, commeles plongées <strong>en</strong> apartés dans les souv<strong>en</strong>irs. Mais onsourit aussi dans cette pièce grave, les acteurs sonttrès convaincants, et la mise <strong>en</strong> scène de FrançoisBourcier jongle <strong>en</strong>tre champ visuel et hors champacoustique avec une belle maestria : une piècedidactique dans le bon s<strong>en</strong>s du terme !MARYVONNE COLOMBANI© Spigo FilmsPartisans au Théâtre des Barriquesjusqu’au 31 juillet à 15h06 52 37 67 41


Un formidablejeu decorrespondances18FESTIVALSDANSE|Lieu de tous les croisem<strong>en</strong>ts,le Festival de Marseilledanse et arts multiplesaura été marqué pardes œuvres fortes, etlumineuses. Au s<strong>en</strong>s oùla lumière les pénétrade diverses manièresSadeh21 © Agnès MellonDifficile de prés<strong>en</strong>ter <strong>en</strong> deux mots Ryoji Ikeda,figure majeure de la scène minimaliste électronique.Un «chef d’orchestre», certainem<strong>en</strong>t, caril manie à la perfection le son, l’image, les matières,les phénomènes physiques et les notionsmathématiques. Quitte à déstabiliser notreécoute par l’avalanche de détonations visuelleset sonores, de vibrations, de partitions chiffrées,de phrases parfois faciles («Information is notKnowlegde»), de formes et de graphismes impulséspar le son. Qu’importe, son concert-performanceSuperposition propose une expéri<strong>en</strong>ce cosmiquedans une obscurité quasi totale, aux alluresde rituel mystique. Même s<strong>en</strong>sation d’immersionavec l’une des deux œuvres <strong>en</strong> dialogue dusuédois Christian Partos qui emprunte aux nouvellestechnologies leur vocabulaire plastique :dans M.O.M. (Miroir à ori<strong>en</strong>tation multiple), cinqmille petits éclats dessin<strong>en</strong>t le portrait de samère disparue, apparaissant et disparaissant augré de notre propre reflet qui, selon l’inclinaisonde la lumière, le recouvre totalem<strong>en</strong>t. L’œuvreprocède de la même geste que Sophie Calleaffrontant la mort de sa mère dans son exposition-performanceRachel, Monique jouée auFestival d’Avignon 2012. La seconde, Step-Motor-Animations, est une œuvre à la table composéede deux disques <strong>en</strong> rotation éclairés par unelumière stroboscopique : l’effet de spirale <strong>en</strong>traînedans son sillage l’image mille fois dupliquéede sa fille bébé. Seul bémol à cette doubleinstallation, le lieu -départem<strong>en</strong>t spectaclesvivants et hall d’<strong>en</strong>trée de l’Alcazar- qui a l’avantaged’être ouvert à un large public mais dontles espaces sont peu appropriés. Une galerie duréseau Marseille Expos aurait pu jouer la cartede l’art contemporain accessible à tous…Chroma de Shiro Takatani et Soleils de PierreDroulers ont, dans des grammaires très différ<strong>en</strong>tes,fait surgir de belles correspondances carils partag<strong>en</strong>t un même questionnem<strong>en</strong>t sur lalumière et <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des relations int<strong>en</strong>sesavec la couleur. Vibrantes même ! Chroma c’estle noir qui chemine vers la couleur, c’est la rédemptionaprès la mort. Shiro Takatani, <strong>en</strong>maître du clair obscur, dessine dans une scènecrépusculaire des images mouvantes sur le sol,découpe des silhouettes fugaces telles desombres chinoises. Ellipses de danse surgies dutréfonds et murmures chuchotés dans un mondede lignes et de plans, d’images vidéo où lepaysage se fond dans le paysage, où la toiledisparaît du châssis et où les tableaux sont monochromes.Vivre Chroma sur scène a la mêmeint<strong>en</strong>sité que voir Le Carré blanc sur fond blancde Malévitch ! Dans Soleils, Pierre Droulers nousramène où la clarté se fait. Là où la lumière sculpteles silhouettes fuyantes, glissantes, quandla danse questionne le geste et le vide, quandles corps se musicalis<strong>en</strong>t et drain<strong>en</strong>t le rythme.Lancinant, <strong>en</strong>têtant, martelé au sol dans unsouffle puissant. À la vitesse du feu la lumièrepasse de main <strong>en</strong> main, se propage ; elle estincantation quand le «dieu soleil» pr<strong>en</strong>d possessiondes corps emportés par le tempo despercussions.Chroma © Agnès MellonAu-delàdu cerclede lumièreLe Festival de Marseilleconnut d’autresinstants magiques avecBill T. Jonesqui, à l’issuede Play and Play : AnEv<strong>en</strong>ing of Movem<strong>en</strong>tand Music, esquissaquelques pas de dansedevant un publicconquis par la gestuelleépurée de sesinterprètes, l’élégancede ses chorégraphies,le mariage complexe de son écriture avec lamusique de Ravel et de M<strong>en</strong>delssohn. Ses troispièces explorèr<strong>en</strong>t tour à tour le champ de lamélancolie, le monde de l’image et le tourbillonde la vie. Même standing ovation pour Sadeh21de la Batsheva Dance Company dirigée parOhad Naharin. Le raz de marée émotionnel pritnaissance dans une succession de figures aural<strong>en</strong>ti et de pas de deux énergiques, grossit àforce de déhanchés joyeux et de diagonalesasc<strong>en</strong>sionnelles, s’immobilisa dans la viol<strong>en</strong>ced’un corps-à-corps explosif avant de culminerdans un <strong>en</strong>semble exclusivem<strong>en</strong>t masculin,scandé, foulant la terre aux pieds. Un flux etreflux perman<strong>en</strong>t jusqu’à ce que les corpsdisparaiss<strong>en</strong>t derrière le mur dans un ultimemouvem<strong>en</strong>t : «Je voudrais (…) que les murs tomb<strong>en</strong>tdans une interrogation commune, le tempsd’une représ<strong>en</strong>tation.» C’est chose faite. Puisune ultime lumière noire v<strong>en</strong>ue d’Afrique du sud<strong>en</strong>voûta la dernière soirée du festival quand lapop instrum<strong>en</strong>tale du quartet d’Éric Truffaz fit<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la danse musicale de Gregory Maqoma.MARIE GODFRIN-GUIDICELLILe Festival de Marseille a eu lieudu 19 juin au 12 juillet


U donc !Il serait vain de t<strong>en</strong>ter le moindrejeu de mots sur ou avec le nouvelopus transalphabétique d’Appaix :tout (Univers) y est <strong>en</strong>visagé avecla grâce (light) du biais (oblique),apanage tout aussi bi<strong>en</strong> des oraclesd’Apollon que de la course ducrabe. Et il y a des deux dans cespectacle qui monte, démonte etremonte, selon la démarche bi<strong>en</strong>connue de la Compagnie La Liseuse,ri<strong>en</strong> moins que les grandset les petits mom<strong>en</strong>ts de l’av<strong>en</strong>turede l’écriture, de la flamme vacillantedu premier feu (de bout <strong>en</strong> boutles images de R<strong>en</strong>aud Vercey sontde justes compagnes) au crépitem<strong>en</strong>tde la machine à écrire (le sond’Olivier R<strong>en</strong>ouf est un bon compagnon).Ri<strong>en</strong> d’épique ni de bibliquedans cette <strong>en</strong>treprise, mais descorps pris à la lettre avec leurs braset leurs jambes de danseurs quisembl<strong>en</strong>t naître à un matin du mondepar l’accolade, la tape amicale oula torgnole (figure éponyme du précéd<strong>en</strong>tspectacle <strong>en</strong> T) marquespour soi de la prés<strong>en</strong>ce de l’autre ;des voix aussi par des bouches <strong>en</strong>O (joli duo primitif de SéverineBauvais et Pascale Cherblanc)qui s’essai<strong>en</strong>t au mot dans sa matérialité: les langues claqu<strong>en</strong>t, lesgorges racl<strong>en</strong>t et les lèvres vibr<strong>en</strong>t.De la pierre gravée aux monum<strong>en</strong>tsfragiles de cartons qui s’écroul<strong>en</strong>tparfois -car le gag y est inscrit-, ladanse se fait étymologie d’ellemêmevia la calli/topographie :Georges Appaix se livre <strong>en</strong> chorégraphequi doute et crée <strong>en</strong> arp<strong>en</strong>tantrégulièrem<strong>en</strong>t le territoire du plateaucomme une page blanche ;les danseurs vivem<strong>en</strong>t se cherch<strong>en</strong>tet se li<strong>en</strong>t <strong>en</strong> jouant les minuscules,écriv<strong>en</strong>t cachés dans leur cahierd’écolier et le spectacle se déploie<strong>en</strong> scrabble jubilatoire jusqu’audéfilé lettriste des toges de papier.Plus poétique que jamais, il nemanque pas une cédille à ce Ucondamné à être une éternellemajuscule !MARIE JO DHOUnivers Light Oblique a été créé auFestival de Marseille le 9 et 10 juilletAlger, cité radieuse ?Ce que Le Corbusier n’a pu réaliser pour la ville dans les années 30,Hubert Colas le réussit somptueusem<strong>en</strong>t pour la Villa Méditerranée etle festival de Marseille : son Gratte-Ciel est magnifique, maîtrisé et saligne claire s’impose... celui de Sonia Chiambretto, moins bi<strong>en</strong> dessiné,peine à s’élever. Autrem<strong>en</strong>t dit une mise <strong>en</strong> scène qui caracole toute seulelégèrem<strong>en</strong>t à côté d’un texte qui hésite à <strong>en</strong> être un. L’auteure, poursuivantson travail de tricotage des mots des autres ( ici des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>ssous diverses formes avec des algéri<strong>en</strong>s de tous milieux et de tous âges )laisse la parole s’imposer -et ce respect est irréprochable-, mais aussipeser dans un empilem<strong>en</strong>t de matériaux où se crois<strong>en</strong>t évocation de mom<strong>en</strong>tsdu passé bi<strong>en</strong> connus, témoignages directs et fragm<strong>en</strong>ts de vieactuelle ; «faits divers» qui apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à l’histoire douloureuse ourelèv<strong>en</strong>t du désir de vivre d’une jeunesse pleine de vigueur, universelledonc, tourm<strong>en</strong>tée et légère comme un dialogue facétieux sur Facebook.Des personnages s’esquiss<strong>en</strong>t et s’effac<strong>en</strong>t : Paul l’appelé éthique ouHakim, leitmotiv incarné <strong>en</strong>tre constat et injonction «Hakim court /Hakim, cours !» mais pour aller où ? Sans doute trop brut ou déjà un peuusé, le discours ne devi<strong>en</strong>t pas poème malgré le puissant travail scénographiqueet dramaturgique m<strong>en</strong>é par Hubert Colas pour ses comédi<strong>en</strong>s <strong>en</strong>empathie avec le vidéaste Pierre Nouvel. Autour, la plupart du temps,d’un podium / ring numérique lumineux <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t, les six comédi<strong>en</strong>spour la plupart «familiers» de la collaboration Colas / Chiambrettoreprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t et port<strong>en</strong>t les paroles à bonne distance, toujours justes dansleur <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t et leur immersion bi<strong>en</strong> calculée dans la mer d’imagesdont le flux et le reflux préserv<strong>en</strong>t le spectacle de la pesanteur didactique.M.J.D.Gratte-Ciel de Sonia Chiambretto a été créé à la Villa Méditerranée<strong>en</strong> coréalisation avec le Festival de Marseille du 4 au 7 juillet


Annoncesde Nurith Aviv20FESTIVALSCINÉMA|D. comme CinémaPartir <strong>en</strong> voyage avec le FID, le Festival International deCinéma-Marseille, c’est pr<strong>en</strong>dre des risques ! Risqued’être agacé, charmé, décont<strong>en</strong>ancé, <strong>en</strong>thousiasmé…Accepter de ne pas compr<strong>en</strong>dre parfois, de vibrer, des’<strong>en</strong>nuyer, d’avoir <strong>en</strong>vie de quitter la salle et de restermalgré tout. Avoir <strong>en</strong>vie de DÉCOUVRIR.La 24 e édition qui s’est t<strong>en</strong>ue du 2 au 8 juillet a démarré<strong>en</strong> beauté avec le film d’Alexey Fedorch<strong>en</strong>ko,Celestial wives of the meadow Mari (voir sur le site FIDsous influ<strong>en</strong>ce).Admiratifs……devant le ciné-concert In The Land of the Head Hunters,<strong>en</strong> version restaurée avec une création musicalede Rodolphe Burger, un film de fiction qu’a réalisé lecélèbre photographe Edward S. Curtis <strong>en</strong> 1914.Durant plusieurs mois, il a partagé la vie quotidi<strong>en</strong>nedes Kwakiutl (peuple amérindi<strong>en</strong>) puis a mis <strong>en</strong> scènela quête initiatique et les av<strong>en</strong>tures de Motana, fils duchef K<strong>en</strong>ada, amoureux d’une jeune fille promise à unsorcier. Les mom<strong>en</strong>ts où Rodolphe Burger chante etaccompagne à la guitare l’approche du cortège nuptialet les danses rituelles sont sublimes.…devant le film du cinéaste franco-mexicain MatíasMeyer, membre du jury International, Los últimos cristeros,sorte de western métaphysique qui donne à voirles dernières semaines des cristeros, ces résistantsd’une guerre qui a duré trois ans avec l’État mexicain,de 1926 à 1929, et a fait plus de 250 000 morts. MatíasMeyer alterne plans d’<strong>en</strong>semble de paysages montagneuxou de la sierra que travers<strong>en</strong>t le colonel Flor<strong>en</strong>cioEstrada et ses hommes dont il filme <strong>en</strong> gros plans lesvisages émaciés, les regards, l’att<strong>en</strong>te d’un lever desoleil après l’orage, ou la mort. Les dialogues sont leplus souv<strong>en</strong>t des témoignages, et les acteurs, nonprofessionnels, incarnant pour certains le rôle de leursgrands-par<strong>en</strong>ts, sont superbes. Une séance <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariatavec les R<strong>en</strong>contres du Cinéma Sud Américain.Sous le charmeNurith Aviv interroge sept femmes, dont les philosophesMarie José Mondzain, Barbara Cassin ou lapoète Haviva Pedaya, sur les récits des Annoncesfaites à Hagar, Sarah et Marie, rapportés par l’Anci<strong>en</strong>et le Nouveau Testam<strong>en</strong>t, et le Coran. Voix, photosd’<strong>en</strong>fances, images <strong>en</strong> noir et blanc puis <strong>en</strong> couleur…Elles parl<strong>en</strong>t de leur vécu, de leur interprétation desAnnonces, comme des leitmotiv où elles évoqu<strong>en</strong>t tourà tour le rôle des femmes, la poésie, le passage del’idole à l’icône. C’est intellig<strong>en</strong>t et passionnant. Le filmétait prés<strong>en</strong>té avec la SCAM.Autres femmes, celles que suit, au Liban durant cinqans, Corine Shawi dans E muet. Deux d’<strong>en</strong>tre ellesparl<strong>en</strong>t de leur vie amoureuse, s’interrog<strong>en</strong>t sur leurschoix, se livr<strong>en</strong>t avec franchise tandis que la troisièmes’<strong>en</strong>ferme dans le sil<strong>en</strong>ce. À travers leurs portraits sedessine aussi, <strong>en</strong> creux, celui de la réalisatrice, et safascination pour ses personnages et leur complicité.Un regard de femme sur les femmes et l’amour.Dans Mille soleils, une jeune femme, Mati Diop, partsur les traces de Touki Bouki, film réalisé par son oncleDjibril Diop Mambety <strong>en</strong> 1972 à Dakar, et qui raconteleur histoire ; c’est à un nouveau voyage dans lacapitale sénégalaise qu’elle nous convie, mélangesubtil de fiction et de réel, histoire de famille, d’exil etde cinéma.ÉmusVer y Escuchar, voir et <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, c’est bi<strong>en</strong> ce qu’on faitau cinéma. José Luis Torres Leiva s’est intéressé,lui, à ceux qui ont une perception différ<strong>en</strong>te du monde,parce qu’ils sont sourds et/ou aveugles. Tous se parl<strong>en</strong>t,s’interrog<strong>en</strong>t, s’appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t mutuellem<strong>en</strong>t le bruitd’un caillou jeté dans l’eau, la lune,la forme d’une rose. Ils parl<strong>en</strong>tavec leur bouche ou leurs mainsdans une grande complicité avecleurs interprètes et avec le cinéaste: on sort très touché de cefilm généreux et plein d’humanité.Dans son dernier film L’Imagemanquante, Rithy Panh, qui a déjàévoqué le génocide cambodgi<strong>en</strong>sous la dictature des Khmers rouges,se retourne vers son <strong>en</strong>fance,recréant les images perdues d’uncourt bonheur familial puis de latragédie avec des figurines de terrecuite peintes, objets qui port<strong>en</strong>tune âme… On sort sous le choc dece film prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avecles Actions Culturelles d’ARTE.On pourrait <strong>en</strong>core parler d’Instructionspour une prise d’armes,premier film, réussi, de Laur<strong>en</strong>tKrief, du joli Hands me downsd’Yto Barrada prés<strong>en</strong>té dans lesS<strong>en</strong>tiers avec Fotokino, de l’étonnantSuitcase of love and shameque Jane Gillooly a réalisé à partird’une valise cont<strong>en</strong>ant des heuresd’<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t de deux amants,et bi<strong>en</strong> sûr des films du «Saintpatron» de la 24 e édition, Pier PoloPasolini. «Ab joy» !ANNIE GAVA☛ PALMARES•Grand prix de la Compétition Internationale : Mille Soleils de Mati DIOP•Grand Prix de la Compétition Française : Loubia Hamra (Haricots rouges)de Narimane MARI•Prix Georges de Beauregard International : Holy Field Holy war de Lech KOWALSKI•Prix Georges de Beauregard National : La Buissonière de Jean-Baptiste ALAZARD•Prix PREMIER (film) : Si<strong>en</strong>awka de Marcin MALASZCZAK•Prix du GNCR : Holy Field Holy war de Lech KOWALSKI•Prix Marseille Espérance : Holy Field Holy war de Lech KOWALSKI•Prix R<strong>en</strong>aud Victor : Loubia Hamra (Haricots rouges) de Narimane MARI•Prix des R<strong>en</strong>contres Cinématographiques de Cerbère/ Port-Bou :Instructions pour une prise d’armes de Laur<strong>en</strong>t KRIEF


Aixpar cinq !22FESTIVALSMUSIQUE|Du 6 au 11 juillet,<strong>Zibeline</strong> a assisté auxpremières représ<strong>en</strong>tationsdu Festival d’Aix et proposeun panorama <strong>en</strong> cinq actesde la cuvée 2013 :Rigoletto psy, Don Giovannicontroversé, El<strong>en</strong>aretrouvée, Elektra choc,The House tak<strong>en</strong> over<strong>en</strong> création1. Secrets de familleRobert Cars<strong>en</strong> a plongé dans le secret du héros,difforme et laid, qui cache sous son masquede clown un double pétri d’amour paternelpour celle qui est sa raison de vivre : Gilda.Autour de ce rapport père-fille se construit unespace <strong>en</strong> profondeur : au premier plan Rigoletto,somptueusem<strong>en</strong>t porté par GeorgeGagnidze, au second plan Gilda, divine IrinaLungu aéri<strong>en</strong>ne et profonde, puis la cour, incarnéepar ce personnage frivole et léger,grand amateur de femmes qu’est le Duc, ArturoChacon-Cruz, ténor chaleureux et puissant.C’est dans un décor de cirque où déambul<strong>en</strong>tdes danseurs, des filles légères, que se jouecette farce tragique jusqu’à la scène finale oùl’on s’effondre <strong>en</strong> même temps que le bouffonmaudit. Le London Symphony Orchestra,spl<strong>en</strong>dide, avec à sa tête Gianandrea Noseda,l’Estonian Philharmonic Chamber Choir,fir<strong>en</strong>t corps avec les voix et la mise <strong>en</strong> scène,transportant le public de l’Archevêché dansun spectacle total, magique à la hauteur dubic<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire Verdi.2. Limites de l’interprétation ?Quand une mise <strong>en</strong> scène, d’un opéra mythiquetel que Don Giovanni de Mozart, susciteautant de controverses, alors la question mérited’être posée : Dimitri Tcherniakov, génieou imposteur ? Certainem<strong>en</strong>t un imposteur degénie.Trompés ceux qui p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t assister à la piècede Da Ponte tant le livret devi<strong>en</strong>t un prétexteElektra © Pascal Victor - Artcomartà dé-construction, lieu de fantasmes du metteur<strong>en</strong> scène plus que véritable lecture «<strong>en</strong>treles lignes» du «modèle» initial. Et les autres ?Envoûtés par le spectacle proposé ! Théâtrefabuleux, drôle, subtil, au jeu d’acteur magnifique.Envoûtés par la capacité à considérerl’œuvre comme une matière vivante <strong>en</strong> mutationperman<strong>en</strong>te, comme objet de réflexiondégagée d’une gangue normative et aseptisée.Doit-on poser des limites à l’interprétation ?3. À ravir !El<strong>en</strong>a de Francesco Cavalli n’avait pas été jouédepuis 350 ans ! De quels plaisirs ne s’est-onprivé ! La belle Hélène dans cette pièce <strong>en</strong> està ses débuts de femme à ravir, pour une partitionsuperbe, magnifiquem<strong>en</strong>t servie par dejeunes chanteurs bourrés de tal<strong>en</strong>t et la CappellaMediterranea sous la subtile directionde Leonardo Garcia Alarcón. Anna Reinholdcampe un M<strong>en</strong>esteo fragile et émouvant,Sol<strong>en</strong>n’Lavanant Linke une bouleversanteIppolita. Le couple El<strong>en</strong>a (la soprano EmökeBarath) M<strong>en</strong>elao (le contre-ténor Valer Barna-Sabadus)est exceptionnel. Le naturel et lafausse ingénuité d’El<strong>en</strong>a face au trouble amoureuxdu jeune homme, consci<strong>en</strong>t déjà du caractèreéphémère de son succès, sont un régal. Lesduos des jeunes g<strong>en</strong>s sont des instants de purbonheur. Chaque spectateur est ainsi happé,ravi par ce petit bijou <strong>en</strong>fin retrouvé !4. Elektrachoc !D’abord parce qu’Evelyn Herlitzius est toutsimplem<strong>en</strong>t exceptionnelle, petit bout de femmetout à la fois fragile, belle et puissanteElectre. Parce qu’autour d’elle le plateau estroyal avec l’imm<strong>en</strong>se wagnéri<strong>en</strong>ne WaltraudMeier (Clytemnestre), Mikhail Petr<strong>en</strong>ko (Oreste)ou Adri<strong>en</strong>ne Peczonka (Chrysothémis)…Parce qu’<strong>en</strong>suite la mise <strong>en</strong> scène de PatriceChéreau propose une vraie lecture de Strausset Hoffmannsthal, loin de la caricature et dumythe «à l’antique» où chaque personnage asa chance : déf<strong>en</strong>dre son point de vue, se laisseraller au doute, à la nuance…Parce qu’<strong>en</strong>fin Esa-Pekka Salon<strong>en</strong> accomplitaux pupitres de l’Orchestre de Paris un travailde symphoniste, donne à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre toute larichesse polyphonique des thèmes, motifs,acc<strong>en</strong>ts, dans la clameur d’un langage harmoniqueaux limites du chaos, exprimant, plusloin <strong>en</strong>core, les limites du verbe…On a rarem<strong>en</strong>t, dans une vie de spectateur, lachance d’assister à ça !5. La maison du bonheurThe House tak<strong>en</strong> over de Vasco M<strong>en</strong>donça,d’après Julio Cortazar, narre l’histoire d’unfrère et d’une sœur névrosés, reclus dans lamaison familiale. Ce couple, très bi<strong>en</strong> joué parOliver Dunn et Kitty Whately déambule dansun espace qui progressivem<strong>en</strong>t se rétrécirajusqu’à la claustration totale. La t<strong>en</strong>sion perman<strong>en</strong>tedans laquelle nous installe le jeunecompositeur portugais, par une écriture trèst<strong>en</strong>due jouant <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce avec les dissonances,les oppositions de registre, lessonorités dures et âpres, finiss<strong>en</strong>t à la longuepar affaiblir le drame. La profondeur psychologiquedes personnages, la dim<strong>en</strong>sionpsychanalytique de l’œuvre aurait mérité untraitem<strong>en</strong>t instrum<strong>en</strong>tal plus <strong>en</strong> profondeur,moins «illustratif», et une dialectique plusfine <strong>en</strong>tre texte et musique. Du beau théâtreplus que de l’opéra !MARYVONNE COLOMBANI, CHRISTOPHE FLOQUET ET JACQUESFRESCHELFestival d’Aixjusqu’au 27 juillet0820 922 923www.festival-aix.comRetrouvez tous ces comm<strong>en</strong>taires plus développéssur le site www.journalzibeline.fr)


24FESTIVALSMUSIQUE|Des nombres porte-bonheurBonheur d’un lieu délicieux, lechâteau Pontet-Bagatelle, plaisird’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre des artistes qui interprèt<strong>en</strong>t,mais aussi cré<strong>en</strong>t selonleur s<strong>en</strong>sibilité propre, voilà ceque sait offrir le Festival internationalde guitare de Lambescpar l’association Aguira et cepour la 13 e édition.Le public fidèle a pu ainsi applaudirles 50 ans de carrière de JorgeCardoso, le directeur artistiquedu festival et des guitaristes dumonde <strong>en</strong>tier. On a pu remarquerainsi le jeu très précis et intérieurde Ryszard Balausko (Pologne)sur Villalobos ou Antonio RuizPipo, celui passionné de JoseLuis Ruiz del Puerto (Espagne)sur des pièces de Torroba ou LaMort inquiétante de Marco Tomas.Saveurs d’étéRévélation : le jeune musici<strong>en</strong> Er<strong>en</strong>Süalp (Turquie) avec des piècesde Bayraktar ou ses créationscomme le délicat Raindrops.Enfin, magique, Paco Ibañez.Hommage bouleversant à Moustakiavec En Méditerranée, et «sespays oubliés que la guerre moissonne»,à Brass<strong>en</strong>s, «le Bach dela chanson française», à la Prov<strong>en</strong>ceavec André Peyron. PacoIbañez rappelle que «la terre abesoin que l’on pr<strong>en</strong>ne soin d’elle»,lance ses foudres sur l’espionnageaméricain, s’insurge sur l’omniprés<strong>en</strong>cede l’anglais qui faitdisparaître toutes les autreslangues, se réfère à La p<strong>en</strong>sée uniquede Claude Hagège, rappellela beauté unique de chaque langue…En bis, il offre à un publicComme chaque année, dispersé sur différ<strong>en</strong>tes communes de Toulon-Prov<strong>en</strong>ce-Méditerranée, le Festival Estival de Toulon a repris sesquartiers à Ollioules, Six-Fours et dans son port d’attache à la fin dumois dernier. Faute de Collégiale Saint-Pierre fermée cette année pourtravaux, les amateurs ont dû se rabattre sur l’étonnant édifice néocontemporainqu’est l’église Sainte-Anne à l’architecture moinsconvaincante que son acoustique. On pouvait y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre une premièrefois Jordi Savall et son <strong>en</strong>semble Hespèrion XXI, suivis quelques joursplus tard de Fabio Biondi et L’Europa Galante jouant eux aussi surinstrum<strong>en</strong>ts d’époque. Le répertoire baroque ainsi mis à l’honneurpr<strong>en</strong>ait un s<strong>en</strong>s tout à fait singulier mettant l’auditeur face à une réalitéqui a longtemps été occultée : <strong>en</strong> effet, qui dit musique concertant<strong>en</strong>e dit pas forcém<strong>en</strong>t musique pour grand <strong>en</strong>semble mais simplem<strong>en</strong>tjouer <strong>en</strong>semble. De cette communion naiss<strong>en</strong>t des dialogues instrum<strong>en</strong>tauxd’où émerg<strong>en</strong>t aussi progressivem<strong>en</strong>t des solistes, une dualitétrès bi<strong>en</strong> mise <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce par les musici<strong>en</strong>s. On peut égalem<strong>en</strong>t parlerde communion avec le Quatuor Psophos tant la complicité qui unit sesmembres semble évid<strong>en</strong>te à l’écoute. Agrém<strong>en</strong>tée de la v<strong>en</strong>ue d’EmmanuelleBertrand pour deux quintettes (F. Schubert et T. Gouvy),l’homogénéité de la recette ne faisait aucun doute tant l’adjonctiond’un second violoncelle aux quatre cordes initiales semblait avoirinspiré aux compositeurs des combinaisons sonores multiples. En pointd’orgue à ce Festival, Fer<strong>en</strong>c Vizi et l’Ensemble Cifra ont fait vibrerl’<strong>en</strong>ceinte de la Tour Royale au son de mélodies tziganes et des fameusesRhapsodies Hongroises de F. Liszt. Malgré une amplification (in)délicate,ce métissage populaire/savant distillait une chaleur bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue lors decette fraîche soirée.EMILIEN MOREAULe Festival Estival de Toulon et sa région a eu lieu du 25 juin au 11 juilletFabio Biondi et l'Europa galante © Emili<strong>en</strong> MoreauPaco Ibañez © Maryvonne Colombanidebout Andaluces de Ja<strong>en</strong>. Onsort plus riche, animés par laforce <strong>en</strong>thousiaste et humanistede ce grand compositeur interprète.MARYVONNE COLOMBANILe 13 e Festival internationalde guitare a eu lieu à Lambescdu 30 juin au 6 juilletPastré <strong>en</strong> majestéEnsemble C barré © Dan WarzyLa Campagne Pastré a servi d’écrin à une manifestation unique.Jusqu’à minuit le parc a été exeptionnellem<strong>en</strong>t ouvertaux déambulations libres du public v<strong>en</strong>u passer la soirée <strong>en</strong>famille. Soirée aussi inatt<strong>en</strong>due qu’inoubliable qui clôture leprogramme du Festival de Marseille <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec leGMEM ! Le vagabondage proposé à travers bois et prairiespermettait de croiser danseurs et conteurs tout <strong>en</strong> captantdes sons v<strong>en</strong>us des arbres ou du sol, des voix, des gargouilliscréant une atmosphère étrange et apaisante à la fois. Autourde l’étang, les reflets des arbres dans l’eau nous faisai<strong>en</strong>tperdre nos repères, les ombres grandissantes de la nuittrouées de quelques lumières se mettant à l’unisson de l’Appeldes carillons de Llor<strong>en</strong>ç Barber et des percussions de PhilippeFoch. Plus loin le canal était occupé par la symphoniedes Gouttes prolongées de Pierre Berthet ; dans le sous-boison était surpris par les rugissem<strong>en</strong>ts rauques d’IsabelleDuthoit et le violoncelle de Didier Petit. On ne pouvait nitout voir ni tout <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre mais le public a été conquis par laproposition de l’Ensemble C Barré qui a <strong>en</strong>tre autres donnédes pièces du libanais Zad Moultaka et du jordani<strong>en</strong> SaedHadda.CHRIS BOURGUELa Nuit Pastré s’est déroulée le 12 juillet


BouleversantOn peut comm<strong>en</strong>cer par les pointscommuns : mêmes dates, 1899-1944, même parcours, camp deTerezìn, chambre à gaz d’Auschwitz,le 17 octobre 1944, tousdeux musici<strong>en</strong>s, tous deux décrétés«musici<strong>en</strong>s dégénérés»…Tous deux <strong>en</strong>fin ont été joués lorsdu Festival d’Aix <strong>en</strong> juin au Site-Mémorial du camp des Milles cetteannée. Délicatesse du Quintette àv<strong>en</strong>t opus 10 de Pavel Haas, pourflûte, hautbois, clarinette, cor etbasson, <strong>en</strong> première partie. Lesmusici<strong>en</strong>s, tous professeurs auconservatoire d’Aix sav<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>drela s<strong>en</strong>sible sérénité de la partition.Quel plateau <strong>en</strong>suite pourl’interprétation de Brundibár, opérapour <strong>en</strong>fants, de Hans Krása ! UnLes voix d’Aubinchœur d’<strong>en</strong>fants composé de laclasse de 6 e CHAM du collège Mignetet la classe de CM2 de l’écoleSextius, m<strong>en</strong>é avec une belle justessepar Anne Périssé ditPréchacq, prés<strong>en</strong>te le travail d’uneannée, rigoureux, précis, att<strong>en</strong>tifaux aptitudes de chacun, quis’inscrit dans le cadre du serviceéducatif du Festival d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce.Tout est réglé aumillimètre, les déplacem<strong>en</strong>ts, lesexpressions, les voix, les récitatifs,sur le superbe arrangem<strong>en</strong>torchestral de Frédéric Isoletta aupiano. On suit les démêlés dePepícek et Aninka face au terribleaccordéoniste Bundibár. Les <strong>en</strong>fantstriomph<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> sûr. L’annoncefinale, rappelant les conditions de4 juillet : soirée de plein airau Théâtre de la Sucrière !On fête les 10 ans du FestivalDe Vives Voix qui étoile, sousla houlette d’Odile Lecour, lesnuits du 15 e arr. de Marseille.«Carte blanche» est donnée aufidèle Alain Aubin ! Le contreténorconvoque une pléiade demusici<strong>en</strong>s, tisse avec la sopranoMuriel Tomao de suavesduos qui nous berc<strong>en</strong>t d’harmonies acidulées <strong>en</strong> vagues ternaires... Àl’invite du vocaliste Gino Sitson, le public s’<strong>en</strong> mêle, ébauche un fondsonore sur lequel le Camerounais lance sa voix-trompette rythmée autambour de ses lèvres… Jacques Chalmeau revêt le frac d’un pianisteà la palette fine, accompagne le chant, se jette <strong>en</strong> acrobate dans unetranscription de Rhapsody in blue. Des cuivres de l’Orchestre du Paysd’Aix l’escort<strong>en</strong>t dans sa métamorphose de maestro…Au final, il mène à sa main une impressionnante mosaïque de chœursdont l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t fait plaisir à voir, à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, l’orgue aussi deChristian Guida, la clarinette basse de Magali Rubio… On recréeAOÏDE, oratorio qu’Alain Aubin avait p<strong>en</strong>sé pour la soirée d’ouverturede MP2013 à la Major. Quel bel hymne à Marseille, puissant, épique…évoquant aussi la traversée tragique d’Africains, Ulysses miséreuxbercés par des sirènes trompeuses, s’échouant aux portes de l’Europe !La polyphonie tisse un dialogue porteur d’espoir <strong>en</strong>tre les rives de laMéditerranée, appelle au r<strong>en</strong>ouveau d’une ville qu’on aime autantqu’elle irrite…JACQUES FRESCHELLe festival De Vives Voix a eu lieu du 3 au 5 juillet à Marseille© Gilbert CeccaldiBrundibar © Vinc<strong>en</strong>t Beaumesla création et le sort des petitsinterprètes, à Terezìn, qui v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre le rôle de ceux quidisparaissai<strong>en</strong>t et ce pour les 50représ<strong>en</strong>tations qui fur<strong>en</strong>t donnéesde 42 à 44, accorde à cetteœuvre un caractère poignant audelàde toute mesure.MARYVONNE COLOMBANIBrundibár a été donnéles 21 et 22 juinau Camp des Milles dans le cadredu Festival d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ceFlam<strong>en</strong>co vibrantCette année le programme du Festival Côté Cour est tourné versla Méditerranée, dans le cadre de Marseille-Prov<strong>en</strong>ce 2013. Le13 juillet, la jeune andalouse Rocío Marquez, revisitait un flam<strong>en</strong>coprofond, cante hondo (ou jondo) <strong>en</strong> hommage à ses illustresanci<strong>en</strong>s : Juanito Valderrama, Niña de los Peines, Niña de Antequera,Terremoto de Jerez, Antonio Chacón, Camarón… mais avec unregard tourné aussi vers le quotidi<strong>en</strong>. La pétillante chanteuseétale une technique parfaite de souffle, sons filés, cresc<strong>en</strong>dopuissant, où se greff<strong>en</strong>t des ornem<strong>en</strong>tations par paliers sans fin :impressionnant ! Le guitariste Alfedo Lagos, aux sonorités magiques,apporte avec ses rasgueados <strong>en</strong>diablés et ses golpes lafougue indisp<strong>en</strong>sable, suivant la soliste et son incroyable du<strong>en</strong>de(virtuosité, transe). Jorge Perez, cajón et percussions, improvise,colle au chant et à la guitare avec la sci<strong>en</strong>ce de l’écoute. Leschants vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de la vie quotidi<strong>en</strong>ne : amours, passions, joies,pleurs, projetés par une voix magnifique, inflexions puissantesou très intériorisés. Elégante, s<strong>en</strong>sible, lumineuse, Rocío est<strong>en</strong>gagée dans ce combat perman<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre tradition et modernité.Une superbe découverte dans le cadre majestueux du Pavillon deV<strong>en</strong>dôme.YVES BERGÉ© Yves BergéÀ v<strong>en</strong>irConcert de L’Hostel Dieuxle 24 juilletMusée Granet, AixEnco De Botte & C°le 28 juilletPavillon de V<strong>en</strong>dôme, Aix06 83 60 19 80www.festival-cotecour.org25FESTIVALSMUSIQUE|


Théâtrebuissonnier© M.C.26FESTIVALSMUSIQUE|L’AubagnaiseQuel imm<strong>en</strong>se projet participatif ! Monter L’Arlési<strong>en</strong>ne de Bizet avec des chœursamateurs, sacrém<strong>en</strong>t bons, mis <strong>en</strong> scène et se déplaçant dans un espace trèscontraint, au milieu de comédi<strong>en</strong>s professionnels, de chanteurs lyriques semiamateurs,de l’orchestre Divertim<strong>en</strong>to complété par des professeurs du Conservatoired’Aubagne… Quel beau dynamisme, quelle ressource dans la pratique artistiquepossède cette petite ville qui croit à la culture !Le résultat artistique compte-t-il ? Et bi<strong>en</strong> oui, et le moindre des respects que l’ondoit à une telle <strong>en</strong>treprise est de la critiquer comme on le ferait d’une autre.Techniquem<strong>en</strong>t, il y a des défauts. Certains dus à l’annulation de répétition généralepour cause de pluie… qui a r<strong>en</strong>du parfois incertains les déplacem<strong>en</strong>ts de foule ettrop sommaires les effets de lumière ; d’autres au net manque de voix des solistes,doublé pour le ténor d’une maladresse scénique et pour la soprano d’un vibrato peusûr ; d’autres à L’Arlési<strong>en</strong>ne elle-même, musicalem<strong>en</strong>t sublime, mais comme Carm<strong>en</strong>franchem<strong>en</strong>t énervante par mom<strong>en</strong>t avec son homme <strong>en</strong>voûté par une femmedémon, et ram<strong>en</strong>é par sa mère abusive vers une nunuche. La Reine d’Arles, prés<strong>en</strong>tedans la salle et saluée par les Élus, perpétue cette tradition prov<strong>en</strong>çale contre laquell<strong>en</strong>ombre de voix s’élèverai<strong>en</strong>t si elle v<strong>en</strong>ait de l’autre rive de la Méditerranée...Les qualités ? L’orchestre Divertim<strong>en</strong>to dirigé par Zahia Ziouani sonne bi<strong>en</strong>, chaleureux,arrondi, et la chef porte dans ses bras une expressivité sans borne… même siquelques départs étai<strong>en</strong>t approximatifs ; l’adaptation et la mise <strong>en</strong> scène de R<strong>en</strong>audMarie Leblanc, qui coupe dans la Suite orchestrale, fait sonner les dialogues, ajoutequelques airs de Carm<strong>en</strong>, donne de la prés<strong>en</strong>ce scénique au Chœur par quelquesgestes, est d’une générosité qui transparaît à chaque instant.Le résultat ? Une véritable joie commune…AGNÈS FRESCHELL’Arlési<strong>en</strong>ne a été créée à Aubagne le 20 juinBi<strong>en</strong> garniLes 20 ans de la Fête du Panier<strong>en</strong> même temps que la Fête de laMusique… Dommage, il a falluchoisir… <strong>en</strong>tre une fête de quartiermusicale qui ne déçoit jamaiset un gratin de variété sur leVieux-Port, prés<strong>en</strong>té par PatrickSébasti<strong>en</strong> (s’il vous plaît !)…Comme chaque année, de nombreuxconcerts variés étai<strong>en</strong>t programméssur les six places du quartier historiquede Marseille, où la foulechante, mange, danse et boit…Une fois de plus le pari est réussi :la Fête du Panier a réuni tous lesMarseillais pour un grand mom<strong>en</strong>tpopulaire, festif et fédérateur.Parmi la tr<strong>en</strong>taine de prestationsproposées le 21 juin, ret<strong>en</strong>ons© Kevin Derveauxcelle de la Cumbia Chicharra quia sérieusem<strong>en</strong>t chauffé la Placedu Refuge de ses irrésistiblesvibrations latines, et celle du trio© Marc MunariLe Théâtre Durance offre au début de l’été des Escapadeshors de ses murs, investissant les places. À Peyruis, le 4juillet, le cirque Triskel apportait une lecture principalem<strong>en</strong>tdes mythes celtes. Homme et nature y sontintimem<strong>en</strong>t liés, les druides et les rois se transform<strong>en</strong>t<strong>en</strong> animaux. L’harmonie <strong>en</strong>tre monde animal et humainse transcrit <strong>en</strong> métaphores. La première partie du spectacles’inspire de la lég<strong>en</strong>de de la création celte <strong>en</strong>tre ledieu des forêts et la déesse des eaux avec de curieuxpersonnages, mi-hommes mi-animaux, dotés de masquesaux élytres étranges. Cernunnos s’éveille… les mythologiess’<strong>en</strong>trecrois<strong>en</strong>t. La deuxième partie plus contemporaines’élève dans les agrès pour des chorégraphies aéri<strong>en</strong>nesaussi époustouflantes que maîtrisées. Les circassi<strong>en</strong>s dece bel <strong>en</strong>semble connaiss<strong>en</strong>t tous un parcours mêlant lesdisciplines du cirque et de la danse (Cov<strong>en</strong>t Gard<strong>en</strong>, Fratellini,Cirque de Moscou…). La perfection des mouvem<strong>en</strong>ts,jusqu’aux pointes ou aux écarts vi<strong>en</strong>t sans conteste duclassique. Les musiques choisies jongl<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les airsbretons, irlandais, écossais, galici<strong>en</strong>s, africains… toutest <strong>en</strong> fluidité, équilibres, souplesse. Les numéros individuelsou «polyphoniques» s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t avec légèreté,n’hésit<strong>en</strong>t pas à jouer avec le public nombreux etconquis. Une heure, c’est bi<strong>en</strong> court !MARYVONNE COLOMBANIjamaïcain The Abyssinians, uneharmonie vocale céleste sur lerythme <strong>en</strong>voûtant du reggae…Solaire.Les Escapades se sont déroulées du 4 au 6 juilletM<strong>en</strong>tion spéciale pour le Docteurès funk marseillais Selecter thePunisher (organisateur <strong>en</strong>tre autresdu festival Tight<strong>en</strong> Up !) quiouvrait (place des 13 Coins) etclôturait (place de L<strong>en</strong>che) cettesoirée. Deux sélections haut degamme de pépites soul-funk-hiphop, parfaitem<strong>en</strong>t mixées, qui ont<strong>en</strong>sorcelé doucem<strong>en</strong>t le publicjusqu’à l’explosion finale.KEVIN DERVEAUXLa Fête du panier a eu lieules 21 et 22 juin à Marseille


28FESTIVALSMUSIQUE|Mi mutant, Mi troublantIdée peut-être un peu trop audacieuse qued’ouvrir les nuits de Mimi par la création deFranck Dimech Shadoks Forever. Cette adaptationde la série animée culte <strong>en</strong> concertthéâtre sur une musique de eRikm a dû <strong>en</strong>dérouter plus d’un. Vêtus de langes, ces Shadokslàne pomp<strong>en</strong>t pas mais s’agit<strong>en</strong>t, détruis<strong>en</strong>t,combatt<strong>en</strong>t, découvr<strong>en</strong>t, éructant leur fameux«Ga Bu Zo Meu». Une allégorie plus que jamaisd’actualité sur la marche ins<strong>en</strong>sée d’un mondequi s’uniformise tout <strong>en</strong> se clivant.Le l<strong>en</strong>demain, pour la «Nuit des doigts dans laplaie du rock», les avant-gardistes dadaïstesdu rock étai<strong>en</strong>t au r<strong>en</strong>dez-vous : Père Ubu. Entreriffs presque noisy et thérémine omniprés<strong>en</strong>t,la sauce pr<strong>en</strong>d vite sous les colonnes illuminéesde l’hôpital Caroline. Et malgré un ThomasBonvalet un peu trop solitaire juste avant lespapys de Cleveland, les Avignonnais d’Algecowavai<strong>en</strong>t ouvert le plateau au soleil couchant,tels deux agités doués apprivoiseurs de sonset de rythmes que les goélands résid<strong>en</strong>ts nesont pas prêts d’oublier.La 3 e soirée a fait la démonstration que sanscostumes ni décor, ni même orchestre symphonique,un opéra pouvait être de qualité.Créé par le contre-ténor congolais Serge Kakudji,Muindaji Opéra est le récit des épreuvestraversées par des Africains expatriés. Un desatouts du trio reste l’émotion transmise par lamaîtrise des nuances. Les doigtés délicats duPere Ubu © F.Ipianiste et de la flutiste oscill<strong>en</strong>t brillamm<strong>en</strong>tdu cresc<strong>en</strong>do au decresc<strong>en</strong>do. C’est <strong>en</strong>suiteJeff Mills, l’un des pionniers de la techno, qui<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> scène accompagné de la danseuseRaphaëlle Delaunay. Dotée d’une techniqueimplacable, elle <strong>en</strong>chaîne les déhanchés insoliteslaissant ce corps musclé s’<strong>en</strong>tremêler auximages intergalactiques projetées. The Gatewayétait prés<strong>en</strong>té pour la première fois auxfestivaliers qui ont égalem<strong>en</strong>t eu le privilèged’assister, <strong>en</strong> clôture du festival, à une autrecréation, coproduite par MP2013, celle deRodolphe Burger, Le cantique des cantiques &Hommage à Mahmoud Darwich. Entouré notamm<strong>en</strong>tde l’excell<strong>en</strong>t Mehdi Haddab au oud etde Ruth Ros<strong>en</strong>thal et Rayess Bek au chant,l’anci<strong>en</strong> compositeur d’Alain Bashung a réussià extraire de deux œuvres poétiques sublimes,l’une issue de la Bible, l’autre du plus grandpoète contemporain du monde arabe, unepièce musicale d’une parfaite unité, au tempolancinant et aux sombres <strong>en</strong>volées.FRÉDÉRIC ISOLETTA, ANNE-LYSE RENAUT, THOMAS DALICANTELe Festival Mimi a eu lieu du 4 au 7 juilletsur les îles du Frioul, MarseilleBi<strong>en</strong>heureux festivaliers !Une très belle édition du CharlieJazz Festival vi<strong>en</strong>t de s’acheverdans cet <strong>en</strong>droit propice auxdécouvertes. Lieu majestueux, organisationdét<strong>en</strong>due à l’efficacitéredoutable, programmation musicaleéclectique, autant d’ingrédi<strong>en</strong>tspour un résultat mémorable.L’accueil du public a été considérablem<strong>en</strong>trep<strong>en</strong>sé, avec de nouveauxespaces de circulation et de restauration.Le collectif d’artistesplastici<strong>en</strong>s Arroseur Arts Osés aprés<strong>en</strong>té des œuvres au caractèresouv<strong>en</strong>t incisif, ancré dans l’air dutemps, les photos de GérardTissier ont résumé l’activité del’association. Au final, c’est touteune poésie du lieu que l’on faitsourdre.Honneur est fait aux grands«Charlie» de l’histoire du jazz(Mingus, Parker, Had<strong>en</strong>) par leMéditerranean Charlie Orchestraqui a ouvert ce festival. Réunisautour de la compagnie Nine Spirit,dirigé par Johan Farjot etsous la direction artistique deRaphaël Imbert. Un projet impressionnant.La journée du samedivoit un public très nombreux avecle trio Marcel et Solange et laFanfare d’Occasion qui exploit<strong>en</strong>tle lieu de leur prés<strong>en</strong>ceoriginale. Le duo explosif pianotrompetted’Antonello Salis et deFabrizio Bosso a conquis de nombreuxamateurs. Le quintetd’Ibrahim Maalouf prés<strong>en</strong>te sonprojet t<strong>en</strong>dre, doux et épuré, celuide son dernier CD Wind.Kellylee Evanc © Dan WarzyLors du troisième et dernier jour,après Papanosh et la Tit’fanfare,la r<strong>en</strong>contre avec la chanteuseKellylee Evans fut merveilleuse.Un quintet <strong>en</strong> parfaite osmose.Enfin, bouquet final exceptionnelavec le quartet d’Avishaï Coh<strong>en</strong>,contrebassiste exubérant, au grandtal<strong>en</strong>t et au grand s<strong>en</strong>s du partage.Les ramures des platanesont probablem<strong>en</strong>t dû agir,diffusant une énergie bénéfique àla création d’instants inoubliables.Remercions <strong>en</strong>core les musici<strong>en</strong>s,mais aussi les bénévoles et technici<strong>en</strong>squi ont œuvré tels descatalyseurs de plaisirs pour offrir unévénem<strong>en</strong>t vraim<strong>en</strong>t exceptionnel.DAN WARZYLe Festival Charlie Jazz Festivala eu lieu les 5, 6 et 7 juilletau Domaine de Fontblancheà Vitrolles


30FESTIVALSMUSIQUE|Saltimbanques dans l’potagerSaveurs poétiques du Moy<strong>en</strong> Ori<strong>en</strong>t...Voilà ce que proposait Caressezle potager le 11 juillet. Comme chaqueannée, ce festival marseillais,qui réunit culture et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,s’est installé trois jours dans l’écrinde verdure du Parc de la Mirabelle,dans le 12 e arrondissem<strong>en</strong>tde Marseille.Pour sa dixième édition, le Festivalprés<strong>en</strong>tait une création de la CompagnieMessieurs Mesdames(coproduction MP13), NasruddinCircum. Ce spectacle unique met<strong>en</strong> musique et <strong>en</strong> espace les av<strong>en</strong>turesde Nasruddin Hodja (récit duXV e siècle) et les textes d’OrhanPamuk (auteur turc contemporain,Prix Nobel de littérature <strong>en</strong> 2006).P<strong>en</strong>dant plus d’une heure, un narrateurpartage la scène avec unDrames d’amourÉcrin grandiose et magnifique, les Cours du Château de l’Empériont accueilli le 24 e Festival Théâtre Côté CourJeux de séductionEmbastillée, Madame de Rosemonde att<strong>en</strong>dson exécution. Et se souvi<strong>en</strong>t. C’est le point dedépart, et le fil conducteur, de ces Liaisons dangereusesadaptéesdu chef-d’œuvre de Choderlosde Laclos par Régis Mardon et Pascal-EmmanuelLuneau. Transposée au début de laRévolution française, l’histoire ne perd ri<strong>en</strong> desa force ni de son intérêt. Sans doute est-ce duaussi à la mise <strong>en</strong> scène de Patrick Courtois,qui, d’une élégante simplicité, mêle des flashsback,procédé éminemm<strong>en</strong>t cinématographique,aux costumes d’époque (magnifiques !), r<strong>en</strong>dantle propos moderne et lumineux ; il s’appuie aussisur le jeu exceptionnel des comédi<strong>en</strong>s, chacunincarnant avec force et conviction roueries, abuset desc<strong>en</strong>te aux <strong>en</strong>fers… Quelle finesse dans lejeu des regards de la marquise de Merteuil etson complice le vicomte de Valmont, tout <strong>en</strong>perfidie et duplicité, dans celui de Madame deRosemonde quand, sa vie défilant, elle ne peutque se plier à ce destin si cruel, dans celui de lapieuse présid<strong>en</strong>te de Tourvel, <strong>en</strong> proie au troubleet à la capitulation, ou dans celui de la pieuseCécile de Volanges, qui se révèle être éminemm<strong>en</strong>tv<strong>en</strong>geresse quand sonne le glas… Dugrand théâtre !DO. M.Les Liaisons dangereuses ont été jouées le 2 juillet© X-D.R© Kevin Derveauxdanseur, quatre musici<strong>en</strong>s (saxophone,tuba, guitare et davul) et unâne (véritable star des jeunes spectateurs).Le texte oscille <strong>en</strong>tre lerécit initiatique et le conte philosophique.La mise <strong>en</strong> scène parvi<strong>en</strong>t à maint<strong>en</strong>irl’att<strong>en</strong>tion du spectateur grâceun subtil équilibre <strong>en</strong>tre le théâtre,la musique et la danse : le conteurest porté par des thèmes musicauxori<strong>en</strong>talisants qui accompagn<strong>en</strong>tles mots jusqu’aux oreilles et rythm<strong>en</strong>tle récit ; le danseur illustreLes amantsde VéroneDans la Cour R<strong>en</strong>aissance du Château, laCompagnia Dell’Improvviso interprétaitRoméo et Juliette de Shakespeare. Bonheurde voir jouer une vraie troupe de théâtre,avec sa belle complicité. La mise <strong>en</strong> scènede Luca Franceschi est à la fois simple etinv<strong>en</strong>tive : un même espace devi<strong>en</strong>t parl’énonciation des didascalies une place, unesalle de bal, une chambre, un tombeau ; lescostumes se chang<strong>en</strong>t sur des t<strong>en</strong>ues deville, les tabourets et bancs qui serv<strong>en</strong>t desommaire décor sont mus par les acteurs,sans que jamais l’illusion théâtrale se dissipe.À sept, les comédi<strong>en</strong>s <strong>en</strong>doss<strong>en</strong>t tous lesrôles avec une verve <strong>en</strong>thousiaste. Un espritde commedia dell’arte flotte sur l’<strong>en</strong>semble,on rit beaucoup, trop ?, dans cette tragédiedont le texte connaît quelques libertés ! Petitbémol, Roméo manque un peu de lafraîcheur innoc<strong>en</strong>te que réclame le rôle, alorsque Juliette est toute de finesse émerveillée.Le trio Zéphir sur scène apporte un contrepointdramatique par ses compositions etsous-t<strong>en</strong>d l’action d’une vibrante émotion.Un grand mom<strong>en</strong>t de théâtre.MARYVONNE COLOMBANIRoméo et Juliette a été joué le 8 juilletÀ voir aussi au Festival Off d’Avignon, au ThéâtreLa Luna jusqu’au 31 juillet (relâche le 29)avec grâce les différ<strong>en</strong>ts tableauxet les chorus improvisés des musici<strong>en</strong>s; le quartet, quant à lui,distille un savoureux cocktail dejazz et de musique du monde quiconfirme le grand tal<strong>en</strong>t du saxophonisteet compositeur DidierLabbé. Une prestation à la foisriche et légère qui permit à tous,par<strong>en</strong>ts comme <strong>en</strong>fants, de serégaler, «le cul dans l’herbe et latête dans les étoiles» !KEVIN DERVEAUXLa 10 e édition du FestivalCaressez le potager s’est dérouléedu 10 au 12 juillet à Marseille


Entre Fonkér Kréol et MoringueAvec la tournée du spectacle Dobout an Boutde la Cie Cirquons Flex, le mois de juin a vu<strong>en</strong>core une belle initiative du Bois de l’Aune,qui irrigue le Pays d’Aix de productions et decoproductions d’une grande qualité permettantà de petites villes de proposer des œuvres depremier plan. Dobout an Bout joue <strong>en</strong>tre lesdiffér<strong>en</strong>tes formes d’expression que sont lavidéo, la danse hip hop, les voltes circassi<strong>en</strong>nes,la moringue, art martial cousin réunionnaisde la capoeira, la poésie déclamée (deux fonnkèrs,sorte de slam créole, écrits par FranckyLauret)… tout se fond <strong>en</strong> une écriture fermed’une belle d<strong>en</strong>sité. La scène s’orchestre <strong>en</strong>treun mât c<strong>en</strong>tral de six mètres, et deux grandsécrans sur lesquels sont projetées des imagesde la Réunion, rues animées, marché, champsde canne ondoyant sous le v<strong>en</strong>t… la vidéoconvoque aussi des g<strong>en</strong>s croisés là… le propospr<strong>en</strong>d des allures universelles, chaque mémoirese retrouve dans ces fragm<strong>en</strong>ts de vie.Un banc face aux images autorise une mise <strong>en</strong>abîme du spectacle, qui s’amorce par les gestesde la danse de rue avant les <strong>en</strong>volées vertigineusessur le mât, ou les batailles mimantcelles des coqs exposées <strong>en</strong> images. Les troisartistes, Anthony Anna, Erick Lebeau, Vinc<strong>en</strong>tMaillot, évolu<strong>en</strong>t avec une fluidité et uneélégance qui font oublier la folle difficulté desacrobaties exécutées. L’<strong>en</strong>semble résonne dessuperbes compositions d’É. Lebeau au chant,contrebasse et guitare. Le public est debout,transporté.MARYVONNE COLOMBANI© Vinc<strong>en</strong>t cactus VanheckDobout an Bout a été jouéà Pertuis le 20 juin31FESTIVMigrationsDe quoi Phèdre -«regardemoi, c’est elle»- est-ellecoupable / victime ? Laquestion court <strong>en</strong>core etdu cœur de sa vitalitéterrible est né le projetitinérant et polyglotte deJean- Baptiste Sastre ;de Lori<strong>en</strong>t à d’autres boutsde monde le poème dramatiquede Frédéric Boyerdéracine le mythe, permetjustem<strong>en</strong>t son <strong>en</strong>vol ettransporte une parole errante qui fait halte là où ça fait mal : désir bafoué,cruauté, viol<strong>en</strong>ce, solitude ; l’homme, la femme et les Compagnonsd’Emmaüs par exemple ; belle r<strong>en</strong>contre de théâtre qui croise lesexclusions pour les sublimer. Ce soir de juin les platanes tordus de laCommunauté de la Pointe Rouge font office de colonnes sous la lune, etla poussière vole comme dans l’arène sous les cavalcades du chœur«fragile» (compagnons de diverses communautés, «Strass<strong>en</strong>chor» deBerlin, Tintin, Walter, Roberto ou Naïma, voix et corps éraillés parfois,magnifique dignité toujours…) qui accompagne les Phèdre et les Hippolytedont les affrontem<strong>en</strong>ts, mis <strong>en</strong> scène sans redite dans les trois languesdes acteurs, scand<strong>en</strong>t l’avancée du poème partagé. Saisissant et incontestable,le spectacle s’impose parce qu’il semble rétablir à chaqueinstant l’équilibre m<strong>en</strong>acé du monde : le rayonnem<strong>en</strong>t sombre de HiamAbbas, actrice de cinéma bi<strong>en</strong> connue, ou la puissance mate de Jean-Baptiste Sastre <strong>en</strong> Hippolyte impur, cynique et brutal (duo pasolini<strong>en</strong><strong>en</strong> diable !) accompagn<strong>en</strong>t sans l’écraser la subtile étrangeté du coupleallemand avec sa Phèdre transexuelle et monum<strong>en</strong>tale ou la s<strong>en</strong>sualitéplus conv<strong>en</strong>ue du couple itali<strong>en</strong> ; quand le souffle est coupé par le geste(la main agressive d’Hippolyte plaquée au sexe de Phèdre) ou la parole(«j’ai pris la lune dans mon v<strong>en</strong>tre»), la musique frêle du piano électriqueégrène une variation Goldberg ou le chœur clame avec humour sonanimalité façon «nous sommes tous des cachalots». L’éthique se fond icidans l’artistique comme la poésie dans la matérialité cahotante de lalangue. Gageons que ce soir-là chacun est reparti bouleversé avec sonombre tragique.MARIEJO DHO© Alain FonterayBlack (and gay)is beautifulTout comm<strong>en</strong>ce par la fin du Lac des Cygnes, musique de Tchaïkovski,sur un plateau nu. Bruits de coulisses, les danseurs à tutusblanc salu<strong>en</strong>t le mur du fond, applaudissem<strong>en</strong>ts lointains… Entrée<strong>en</strong> matière irrévér<strong>en</strong>cieuse, prélude à la chorégraphie inv<strong>en</strong>tive etvirtuose de Dada Masilo, Swan Lake. Le ballet mythique est prisd’abord <strong>en</strong> objet d’observation didactique, paradigme archétypalde tous les ballets : un m<strong>en</strong>eur de revue qui ne dédaigne pasl’esquisse de gestes techniques parfaitem<strong>en</strong>t maîtrisés, prés<strong>en</strong>tesur un mode parodique les caractéristiques du ballet romantique,défilé des personnages, des attitudes déterminées par les règlesimmuables de cette forme très codifiée, agrém<strong>en</strong>tée par les ondulationsdes ailes et… les ébrouem<strong>en</strong>ts des fesses ! Car ces codesexplos<strong>en</strong>t, fusionn<strong>en</strong>t avec d’autres formes, celle de la danse africaine,ori<strong>en</strong>tale, fr<strong>en</strong>ch cancan, revue, danse contemporaine dansune harmonie nouvelle et jubilatoire. Le conte primitif lui aussi estdétourné, s’ancrant dans les problématiques actuelles : les marieurset décideurs sont blancs (évocation voilée de l’Afrique du Sud ?),le prince est gay. On passe par tous les registres de l’émotion, durire franc aux larmes ret<strong>en</strong>ues, avec la sublime mort des cygnessur la musique d’Arvo Pärt. Dans le grandiose amphithéâtre deVaison servi par une technique parfaite, l’effet est sublime !MARYVONNE COLOMBANISwan Lake s’est donné le 13 juillet dans le cadre de Vaison danses,qui se poursuit jusqu’au 28 juillet© John HoggALSDANSE||THÉÂTREPhèdre les oiseaux a été donné à la Communauté Emmaüs de la Pointe Rouge,Marseille, et au Bois de l’Aune à Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce du 19 juin au 2 juillet


Yvan Salomone,0558_1005_demoiselles,2005.coll.Frac PacaJean-Jacques Rullier, Fragm<strong>en</strong>ts de la coexist<strong>en</strong>cedes mondes, vitrine sur le site de Saint Blaise, 2013© C.Lorin-<strong>Zibeline</strong>32AUPROGRAMMEEXPOSITIONSUn peu plus loinTrois artistes et quatre propositions interrog<strong>en</strong>t notre appréh<strong>en</strong>sionet les représ<strong>en</strong>tations d’un territoire moins repéré que celui des grandesmétropoles voisines. Le Pays de Martigues existe-t-il vraim<strong>en</strong>t ?Parmi les problématiques soulevées dans leprojet Ulysses initié par le FRAC PACA, la questiondu territoire constitue un <strong>en</strong>jeu majeur.Quatre artistes y répond<strong>en</strong>t selon leurs modalitéssingulières et plusieurs œuvres inéditesdont un drôle de film à propos d’un pont…Au C<strong>en</strong>tre Fernand Léger à Port-de-Bouc dédiéaux pratiques amateurs d’arts plastiques, YvanSalomone expose une sélection de ses Aquarellesde la collection du FRAC PACA. Avec lespot<strong>en</strong>tialités d’une technique qui permit àCézanne de r<strong>en</strong>ouveler le g<strong>en</strong>re du paysage etinitier l’art moderne à partir d’un territoire etd’un motif uniques, ses peintures issues d’unprotocole immuable r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t moins à dessujets précis qu’aux images que nous pourrionsavoir du territoire industriel, portuaire ou plusnaturel, pour r<strong>en</strong>voyer aux al<strong>en</strong>tours du lieu deprés<strong>en</strong>tation, Port-de-Bouc, <strong>en</strong>tre opacité ettranspar<strong>en</strong>ce, figuration et typologie m<strong>en</strong>tale.Au musée Ziem et sur le site archéologique deSaint Blaise à Saint-Mitre-les-Remparts, Jean-Jacques Rullier suscite notre réflexion <strong>en</strong>demi-teintes. Fragm<strong>en</strong>ts de la coexist<strong>en</strong>ce desmondes, ce sont dix avatars sci<strong>en</strong>tifiques devitrines inv<strong>en</strong>tées <strong>en</strong> résonnance avec le site, lesméthodes et les finalités archéologiques. Quegardons-nous ? Dans quelles visées ? Pour quelinterlocuteur ? Que représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t-ils d’une société? Verrerie vernaculaire, petits soldats oubarrières et murets <strong>en</strong> plastique… supput<strong>en</strong>t unstatut d’objets comme traces d’une archéologieréinv<strong>en</strong>tée. Le travail plus subtil tant par latechnique du dessin que par les extrapolationsqu’il suggère, se découvre dans la salle des exvotodu musée Ziem.Le Glissem<strong>en</strong>t des croyancesr<strong>en</strong>d compte de voyages réels et ré-imaginés del’auteur <strong>en</strong> illustrateur ou cartographe humanistecomme <strong>en</strong> témoigne cette carte deJérusalem détaillant les différ<strong>en</strong>ts quartiersrépartis selon les trois religions monothéistescoexistant sur un même espace. Considérantun seul lieu -le pont levant de Martigues filmé<strong>en</strong> plan fixe depuis la salle de vigie dans le cycl<strong>en</strong>aturel d’une journée-, Fabrice Lauterjungouvre à l’universel, porté par la complexité de lamise <strong>en</strong> œuvre. Narrations parallèles (histoire<strong>en</strong> sous-titres à propos d’une langue qui n’existepas), décalées, plans fixes contre mouvem<strong>en</strong>tsdu monde extérieur vu à travers les vitres de lacabine ou transmis par les écrans de contrôle,temporalités disjointes, réalité dist<strong>en</strong>due <strong>en</strong>treintérieur et extérieur, objectivité des images/déréalisation via la transmission télévisuelle.Amer (repère) pour les marins œuvrant sur lapetite mer de Berre car postée sur la colline, lachapelle (dite des marins) dans laquelle estprojeté Et quand il eut passé le pont se fait vigieaveugle, abri d’un regard intériorisé tourné versle dehors. Au passage d’un bateau <strong>en</strong>tre deuxmers, clivage et li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre deux rives, le ponts’ouvre et se referme sur de multiples (ir)réalitésque n’épuis<strong>en</strong>t ni le langage ni les images, versd’autres rives, à partir d’un simple huis clos. Lesœuvres prés<strong>en</strong>tées ici rappell<strong>en</strong>t sous leursformes poétiques qu’un territoire n’existe pas <strong>en</strong>lui-même. Il est celui que nous nous <strong>en</strong> faisons.CLAUDE LORINEscale sur la petite merjusqu’au 13 octobreMusée Ziem, Martigues04 42 41 39 50Notre-Dame de la Miséricorde, Martigues04 42 44 35 62www.ville-martigues.frSite archéologique de Saint-Blaise, Saint-Mitre04 42 06 90 61www.paysdemartigues.frC<strong>en</strong>tre Fernand Léger, Port-de-Bouc04 42 43 31 20www.portdebouc.fr


Ça c’est le bouquet !La ville d’Istres a passé deux commandes à Daniel Bur<strong>en</strong>dans le cadre de la restructuration de son c<strong>en</strong>tre ville.L’anci<strong>en</strong>ne Pyramide rouvre <strong>en</strong> espace d’expositionavec une proposition éphémère typique de l’artiste.Enthousiasme mesuré <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant la suite, celle-ci pér<strong>en</strong>neL’art peut servir l’image des puissants, des collectivités publiques notamm<strong>en</strong>t,sollicitant un grand nom et/ou une grande œuvre ? Parfois plus quel’œuvre c’est le (re)nom qui compte…Les jeux d’eau et de remises <strong>en</strong> forme ont définitivem<strong>en</strong>t cédé la placesous les charp<strong>en</strong>tes obliques de la Pyramide istré<strong>en</strong>ne. L’espace privépuis municipal <strong>en</strong> déshér<strong>en</strong>ce languissait <strong>en</strong>tre une sérieuse remise <strong>en</strong>état, son éradication ou une redestination de sa fonction. C’est désormaischose faite sur les propositions de Daniel Bur<strong>en</strong> dans le cadre de soninterv<strong>en</strong>tion éphémère commandée par la ville. Structures aquatiques etde gymnastiques rasées, bassins comblés. Place nette pour un gigantesquepalais des glaces. Car le miroir c’est pratique. Ça reflète, déforme,chacun y voit ce qu’il peut, se déplace et se contorsionne cherchant unpoint de vue surpr<strong>en</strong>ant, les combinaisons possibles de mise <strong>en</strong> abyme,pour petits et grands. Effets photogénique et photo-souv<strong>en</strong>ir garantis -oupour les plus érudits la rue pavoisée du 14 juillet de Monet si on inclut lestôles colorées de la toiture. Portée superficielle ? Avec l’énigme cont<strong>en</strong>uedans le titre de l’installation, l’artiste titille l’intellig<strong>en</strong>ce du visiteur att<strong>en</strong>tif.«5 couleursmoins une»L’amusem<strong>en</strong>t premierse transforme <strong>en</strong> jeude piste visuel. Il fautdonc lever les yeuxvers la verrière rayéede couleurs transpar<strong>en</strong>tes.Alors que DanielBur<strong>en</strong> contrarie franchem<strong>en</strong>tl’oblique del’anci<strong>en</strong>ne structure–«ici j’ai vraim<strong>en</strong>t travaillécontre le lieu»- avecquatre panneauxmiroirsmonum<strong>en</strong>taux<strong>en</strong> face à face, ilconserve cep<strong>en</strong>dantla coiffe triangulairezénithale y ajoutantde la couleur (il a étépeintre). Bleu, jaune,rouge, mag<strong>en</strong>ta, blanc(le translucide sertd’intervalle neutre) etvert. Sitôt la réponseobt<strong>en</strong>ue, un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de satisfaction amu-sée et éphémère vous <strong>en</strong>vahit.Nonobstant, que reste-t-il de cette expéri<strong>en</strong>ce si ce n’est un plaisirrappelant celui éprouvé dans un palais des glaces (que ne r<strong>en</strong>iera pointl’<strong>en</strong>fant qui sommeille <strong>en</strong> chacun) à cinq euros l’<strong>en</strong>trée ? La secondeœuvre qui occupera le parvis du nouvel hôtel de ville sera pér<strong>en</strong>ne etgratuite. Mais l’artiste se plait à gérer la surprise. Ce sera pour la r<strong>en</strong>trée…ludique ?C.L.Daniel Bur<strong>en</strong> lors de l'inauguration de Un bouquet 5 couleurs moins une, Istres 2013 © D.Lorin-<strong>Zibeline</strong>Un bouquet : 5 couleurs moins une, travail in situjusqu’au 31 décembreLa Pyramide, Istreswww.istres.fr/mp2013


DelphineGigoux-Martin,Ce quej'aimais...,installationvideo,tapissusp<strong>en</strong>dus,r<strong>en</strong>ardsnaturalises,2013. © C.Lorin-<strong>Zibeline</strong>34AUPROGRAMMEEXPOSITIONSAu-delàdes muraillesÀ Tarascon, au château du Roi R<strong>en</strong>é l’art contemporainrejoint l’univers fabuleux du mythe. De méditerranéed’autres Ulysse ont abordé sur les rives du RhôneLe parcours emprunte l’itinéraire de la visite patrimoniale dumonum<strong>en</strong>t presque <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t rénové accueillant le C<strong>en</strong>tred’Art R<strong>en</strong>é d’Anjou. La complexité architecturale contraste avecla restitution de la superbe pierre de Fontvieille débarrassée deses anci<strong>en</strong>s oripeaux (vieilles cimaises, <strong>en</strong>duits…), révélant desalle <strong>en</strong> salle l’imposante architectonique et quantité de graffitis,traces d’une histoire complexe. Il ne faut donc pas ménager soneffort depuis la chapelle basse protégeant la première œuvrer<strong>en</strong>contrée de Jean-Pierre Formica. Deux gisants de sel surleur barque de Camargue funeste rappell<strong>en</strong>t les couplesimmortalisés de la littérature ou conservés dans la pierre. Ungroupe pétrifié est immobilisé, plus loin des aquarelles etcéramiques polychromes évoqu<strong>en</strong>t un rivage extraordinaire <strong>en</strong>écho à celui troublant de François-Xavier Courrèges ou lespaysages indicibles d’Ariane Michel. Le mythe et la lég<strong>en</strong>des’incarn<strong>en</strong>t dans des objets prodigieux ou surnaturels. Despoissons de méditerranée radiographiés au-delà des appar<strong>en</strong>cespour B<strong>en</strong> Attar, un gigantesque poulpe/nautilus (avataraquatique de la Tarasque ?) de Christian Gonz<strong>en</strong>bach, lescerveaux volants et cerveaux roulants de Nicolas Rubinstein,trois têtes de cerfs <strong>en</strong> céramique émaillée et un lapin-témoinsolitaire <strong>en</strong> att<strong>en</strong>te, à même la pierre de Françoise Pétrovichqui signe aussi l’<strong>en</strong>trée du site avec un Télémaque adolesc<strong>en</strong>trouge guerrier <strong>en</strong> vigie. Pénélope et Ithaque sont proches.Delphine Gigoux-Martin a conçu plusieurs pièces spécifiquesdont une théâtrale installation où se cond<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t le voyage etl’att<strong>en</strong>te, la cartographie et le tissage susp<strong>en</strong>dant des tapisseriesà travers notre chemin pour conclure avec une forêts de javelotsd’acier et de verre rappelant l’étape ultime d’Ulysse face auxPrét<strong>en</strong>dants. En invitant aussi le projet collaboratif Ping-Pong del’Atelier Municipal d’Arts Plastiques, et <strong>en</strong> évitant les poncifshistoricisants accolés au monum<strong>en</strong>t dont il a la charge, sonconservateur, Aldo Bastié, a su trouver une réécrituresuffisamm<strong>en</strong>t signifiante, ouverte et poétique faisant cheminerl’univers des œuvres contemporaines avec le patrimonial pourrejoindre des mythologies plus lointaines.C. L.Rives imaginaires, sur les pas d’Ulyssejusqu’au 31 octobreC<strong>en</strong>tre d’arts R<strong>en</strong>é d’Anjou, Château de Tarascon04 90 91 01 93http://chateau.tarascon.frwww.mp2013.frFrancoisMorellet, vuepartielle del'exposition5x3, Le Box,2013_ aupremier planBeaming Pi300, 2002 ©C. Lorin-<strong>Zibeline</strong>En droites lignesDans l’anse portuaire de l’Estaque, Le Box relèvela gageure d’offrir un espace perman<strong>en</strong>t à une collectionprivée, dédié à l’art contemporain, le fonds M-ARCO.Pour compter dans le concert du r<strong>en</strong>ouveau culturelmarseillais avec François Morellet <strong>en</strong> ouvertureÀ la faveur de la restructuration deleur <strong>en</strong>treprise (Féraud CFM), Marcet Marie-Hélène Feraud ont décidé<strong>en</strong> 2009 de consacrer les presquemille mètres carrés d’un hangar,anci<strong>en</strong> box d’abattage, à la prés<strong>en</strong>tationd’œuvres et d’artistes de leurcollection et <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec elle. Unwhite cube industriel réhabilité sansfioritures. Un peu austère. Une volonté<strong>en</strong> adéquation avec lesappét<strong>en</strong>ces esthétiques des propriétairesséduits par les t<strong>en</strong>dancesminimalistes : «Cela nous est v<strong>en</strong>uau fur et à mesure. J’étais déjà <strong>en</strong>touréedans mon <strong>en</strong>fance par destableaux, avec mon grand-père,mon oncle v<strong>en</strong>u s’installer <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce…Nous avons forgé notre goût,beaucoup voyagé et regardé poursavoir devant quelles propositionson réagit le plus. Nous apprécionsces artistes qui travaill<strong>en</strong>t dans desformes rigoureuses, la géométrie,l’abstraction, le dépouillem<strong>en</strong>t. Nousallons d’ailleurs vers des œuvres deplus <strong>en</strong> plus radicales» précise Marie-HélèneFéraud. Marseille 2013a été l’opportunité pour le couplede mécènes d’ouvrir cet espace aupublic au-delà du cercle privé etprofessionnel poursuivant leur implicationsur le territoire : commeco-fondateurs de Mécènes du Sud<strong>en</strong> 2003, avec les expositionsCharlton/Traquandi <strong>en</strong> 2011, un<strong>en</strong>ouvelle génération de l’abstraction<strong>en</strong> 2012 puis le démarrage de résid<strong>en</strong>cesd’artistes et acquisitiond’œuvres auprès de jeunes créateurscomme Florian Schmidtplus récemm<strong>en</strong>t. Avec FrançoisMorellet un nouveau cap estfranchi. «C’est sur la suggestiond’un galeriste parisi<strong>en</strong> que nousl’avons sollicité. Il nous a fait cetteproposition à partir des plans qu<strong>en</strong>ous lui avons <strong>en</strong>voyés.» L’<strong>en</strong>semblecompr<strong>en</strong>d six pièces anci<strong>en</strong>neset neuf inédites -peintures, sculptures,néons, adhésifs sur murs- quistructur<strong>en</strong>t et rythm<strong>en</strong>t l’espaced’accueil non sans une élégancerigoureuse recherchée. Les troissculptures Beaming PI 300 (une unpeu reléguée dans un angle) <strong>en</strong>sont les principaux acteurs. Développées<strong>en</strong> modules orthogonauxsur le nombre PI, laquées noir, ocreet rouge, elles form<strong>en</strong>t un contrastemajeur avec les autres œuvresau mur plus discrètes mais étonnamm<strong>en</strong>tprés<strong>en</strong>tes, dont les Doubles<strong>en</strong>s 1, 2 et 3 (avec néons) ou Tamponnade1, 2 et 3 relevant du jeumathématique et linguistique particulierà l’artiste. Le titre lui a auraitété inspiré par le mot tap<strong>en</strong>ade, laspécialité bi<strong>en</strong> connue !C.L.François Morellet, «5x3»jusqu’au 20 septembreFonds M-Arco, Le Box, Marseille04 91 96 90 02www.m-arco.org


Le souffleet la matièreSous le dôme <strong>en</strong> verre <strong>en</strong> partie occulté de sonatelier rue Curiol, dev<strong>en</strong>ue Crouli pour le romancierJean-Pierre Ost<strong>en</strong>de dans sa nouvelleFemmes trouvées <strong>en</strong> ville, Yazid Oulab a le gesteprécis de l’artisan et les outils de l’ouvrier. Ceuxqu’il utilise lorsqu’il sculpte la matière, et ceuxqu’il réinv<strong>en</strong>te <strong>en</strong> leur conférant le statut d’œuvred’art. D’objets précieux. Clous dessinés sur lepapier, clous surdim<strong>en</strong>sionnés <strong>en</strong> inox poli posésau sol comme un mikado (<strong>en</strong>semble intitulé Alif,comme la première voyelle), Couteau de 7 x 116x 14,5 cm au manche <strong>en</strong> bois et à la lame <strong>en</strong>graphite exposé sur une stèle, <strong>en</strong>semble deVis/Boulon <strong>en</strong> graphite délicatem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>té<strong>en</strong> vitrine, fil de fer barbelé tordu fièrem<strong>en</strong>t accrochéau mur… Ce même fil de fer qui écorchela paume de sa main lorsqu’il emprunte à Rimbaudquelques vers des Illuminations : «Ô cettechaude matinée de février… Ô l’autre monde».T<strong>en</strong>tative magnifique de r<strong>en</strong>dre ce matériau,agressif, plus t<strong>en</strong>dre… Il y a ces matières, humbles,et tous ces objets usuels, plus humbles<strong>en</strong>core, dont il s’empare pour représ<strong>en</strong>ter desFragm<strong>en</strong>ts d’humanité. Comme si un soufflemystique les habitait, les traversait. Yazid Oulabinv<strong>en</strong>te son alphabet du monde dans le sil<strong>en</strong>cede son «laboratoire», là où il aime réfléchir, lire,créer des formes longilignes, des tiges qui s’élèv<strong>en</strong>t,«noircir à la bombe des objets mixtes», sesaisir de ses outils pour faire ses armes d’aujourd’hui.Et s’interroger : «Comm<strong>en</strong>t relier mapropre histoire familiale, les deux rives, toutes lesL’île aux femmesL’accostage sur les rives de Babilary,l’île imaginaire de Aïcha Hamu,n’est pas sans risques car le mythede la plage paradisiaque est cousude fil rouge. L’artiste nous transposedans cet îlot de la mer deChine laissé au pouvoir des femmespar l’effet d’une incroyabletransfor-mation du Pavillon de V<strong>en</strong>dôme<strong>en</strong> canevas grandeur nature :du sol au plafond, un fil <strong>en</strong> cotontisse des points de fuite et construitdes architectures spatiales d’untableau à l’autre… du Portrait présuméde Ga-brielle d’Estrée et de sasœur la duchesse de Villars, dominantl’escalier monum<strong>en</strong>tal, àtoutes «les couseuses» piquées dans le panthéonde l’his-toire de l’art ! Reliées <strong>en</strong>tre elles, les toilesprofanées (des copies photographiques) serv<strong>en</strong>tde décor à une exposition clairem<strong>en</strong>t théâtrale.Car Aïcha Hamu a fait table rase du mobilier -àquelques exceptions près- pour conserver de laspl<strong>en</strong>deur de l’hôtel particulier de modestestapisseries avec lesquelles elle joue de transpar<strong>en</strong>cedans Hyph<strong>en</strong>, photographies de personnes<strong>en</strong> transe dont elle ressuscite l’empreinte par unsavant procédé technique. Face à ces visagesYazid Oulab, vue de l'exposition au FRAC Prov<strong>en</strong>ce-Alpes-Cote d'Azur, 14 Juin - 1er septembre 2013 © J-C. Lett-Frac Pacahistoires de l’art ? Comm<strong>en</strong>t donner image à lapoésie ?».Sous les hauts espaces bruts du Frac, YazidOulab «se fait conteur» par pièces interposées,dévoilant un p<strong>en</strong>chant pour l’épure et la monum<strong>en</strong>talité,le minimalisme et la fragilité, le noir etla transpar<strong>en</strong>ce. Corpus cohér<strong>en</strong>t et homogène-même si les matériaux et les formes sont multiples-né de ses questionnem<strong>en</strong>ts sur les objets(le clou et le couteau… Abel et Caïn), les signes(tracés <strong>en</strong>chevêtrés ou arabesques tourbillonnantes),les médiums (avec eux toute l’histoirede l’art), les images (dans la vidéo Oud, l’instrum<strong>en</strong>tde musique suggère «un monde intérieur<strong>en</strong> appel d’éveil»), le geste artisanal (comme dansVue de l'exposition de Aicha Amu, Pavillon de V<strong>en</strong>dome, Aix 2013 © Jean Bernardtransfigurés, son mini Récamier recouvert detoile noire brodée de vers grouillants n’incite pasau repos des courtisanes… Pas plus que sasculpture sonore, Anticipation, clin d’œil à latrappe du souffleur dissimulée sous une épaissemoquette lie de vin, qui joue du décalage et de ladisparition. Ici, pas de pétales de rose sur leparterre d’opéra ! Le voyage <strong>en</strong> terre «babilary<strong>en</strong>ne»est tout sauf idyllique quand, brouillantles rapports d’échelle pour mieux manipulernotre regard de lilliputi<strong>en</strong> ou de Gulliver, elle faitla m<strong>en</strong>uiserie familiale) et les mots… Dont lepuissant Mektoub : c’était écrit.MARIE GODFRIN-GUIDICELLIjusqu’au 1 er septembreFrac Paca, Marseille 2 e04 91 90 30 47www.fracpaca.orgÀ lireYazid OulabTextes de Olivier Kaeppelin, Fadila Kateb, Julia Marchand,Pascal Neveux. Nouvelle de Jean-Pierre Ost<strong>en</strong>de,Femmes trouvées <strong>en</strong> ville.Éditions du Palais, 24,50 €dégouliner du plafond peint unesculpture <strong>en</strong> cuir tressé couleursang de bœuf (Rem-brandt etPicasso veill<strong>en</strong>t sur elle), radicaliseson évocation des jardins deBabylone (23 modules <strong>en</strong> bois,peinture et cheveux compos<strong>en</strong>tcette Dystopia évolutive), repr<strong>en</strong>d àson compte les sculptures mollesde Robert Morris pour créer sonbestiaire. Avec interdiction de l’approcher,car les courbes moelleusesdes cygnes n’empêcheront pas lasourde m<strong>en</strong>ace de leur cou t<strong>en</strong>du…M.G.-G.Titre de l’exposition emprunté à P.-Fr. Guyot, abbéDesfontaines, Le Nouveau Gulliver ou Voyage de JeanGulliver fils du capitaine Gulliver. Traduit d’un manuscritanglais par M. l’abbé de L. D. F., Paris 1730.BabilaryActe 2 de l’exposition collective Tisser des li<strong>en</strong>s(Zib’62)jusqu’au 29 septembrePavillon de V<strong>en</strong>dôme, Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce04 42 91 88 7535AUPROGRAMMEEXPOSITIONS


Pointsde vuedu Panorama36AUPROGRAMMEEXPOSITIONSParfois les expositions ne sont pas là où ellesdevrai<strong>en</strong>t être. Pr<strong>en</strong>ons l’exemple de L’AtelierVan Lieshout, l’équival<strong>en</strong>t du blockbuster LeGrand Atelier du Midi pour l’art contemporain,qu’on att<strong>en</strong>dait voir déployer son manifesteutopiste dans les travées du [Mac]… et bi<strong>en</strong> non,c’est à la Tour Panorama que ce laboratoire dep<strong>en</strong>sées fait le buzz et attire la presse nationaleet internationale ! Rebelote avec l’exposition deslauréats de la Fondation d’<strong>en</strong>treprise Ricard, LesArchipels réinv<strong>en</strong>tés (2), qui peine à trouver sonrythme dans les galeries voutées du C<strong>en</strong>tre dela Vieille Charité, inadaptées à la prés<strong>en</strong>tationd’installations qui nécessit<strong>en</strong>t une vision distanciéeet à la projection de vidéos qui requièr<strong>en</strong>tune vraie insonorisation. D’autant qu’il seradifficile de déplacer les foules sur le seul nomdes 15 artistes lauréats 1 , pour certains émerg<strong>en</strong>tspour d’autres confirmés, même si leC<strong>en</strong>tre national d’art et de culture Georges-Pompidou y est associé puisque leurs œuvresfigur<strong>en</strong>t dans ses collections… La prés<strong>en</strong>tationdes œuvres primées par la Fondation d’<strong>en</strong>trepriseRicard <strong>en</strong>tre 1999 et 2012 relevait plusdu Cartel, justem<strong>en</strong>t, que des missions d’unmusée. À moins que le [Mac], tout <strong>en</strong>tier occupépar Le Pont (Zib’64), n’ait pu l’accueillir,alors qu’il prés<strong>en</strong>tait <strong>en</strong> 2009 les lauréats duPrix HSBC pour la photographie… Sauf qu’àforce d’acheter des expositions «clef <strong>en</strong> main»,on finit par y perdre son âme.Même surprise avec le C<strong>en</strong>tre national des artsplastiques qui déploie une partie de sa collectionphotographique à la Tour Panorama àExposition Empreintes et passages a l'acte - Extrait de La Gabbia (La Cage), installation video de Romina de Novellispres<strong>en</strong>tee dans l’exposition Empreintes et passages a l acte © MGG-<strong>Zibeline</strong>L'Atelier Van Lieshout - Au premier plan, Table with Mexican Crokery dessinee pour la salle du conseil de Slave City, Atelier Van Lieshout © MGG-<strong>Zibeline</strong>l’invitation de La Friche et de MP13 : quand sondirecteur Richard Lagrange déclare «être heureuxd’aller à la r<strong>en</strong>contre d’un public plusdiversifié avec un médium plus accessible», oncompr<strong>en</strong>d que sa prés<strong>en</strong>ce ici est inhabituelle etque ses part<strong>en</strong>aires traditionnels sont les muséeset autres sites patrimoniaux. De là à rêver dumusée Cantini ! Certes on ne boudera pas notreplaisir, car pour déplacer une partie du fondsphotographique (676 œuvres sur 11 000) etimaginer d’autres regards sur les œuvres, leCNAP a fait appel à l’artiste Patrick Tosani et auscénographe Pierre Giner. Le résultat est uneinvitation à réfléchir sur notre manière physiqued’appréh<strong>en</strong>der la photographie, dans une vraieproximité grâce à des plans inclinés, avec undéroulé sans début ni fin et un ordre alphabétique«qui exclut les arrangem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre artistes».Sur deux plateaux, Des images comme des oiseauxraconte <strong>en</strong> pointillés la force des courantsde la photographie des XX e et XXI e siècles àtravers une sélection qui donne la priorité auximages plus qu’auxartistes, aux notionsd’échelles et de rapportsau corps. Ce quifait tout son suc.AVL <strong>en</strong> figurede proueL’Atelier Van Lieshoutest la colonne vertébraled’une programmationorchestrée par Le Cartel(réseau des sixstructures 2 arts visuelsde La Friche à l’originede sa première v<strong>en</strong>ue àMarseille) sous le titregénérique New Orders.Son regard prospectifsur les comportem<strong>en</strong>ts humains et les sociétésmodernes sert de point d’appui à la revue webAdditionnaldocum<strong>en</strong>t.orgdedocum<strong>en</strong>tsd’artistes.org qui tire les fils de laréflexion <strong>en</strong> intégrant diverses contributionsd’auteurs, philosophes, sociologues, artistes,chercheurs sur la notion de «qualité dystopiquedu monde». Son œuvre, qui fait exploser lesfrontières de l’art, irrigue aussi Empreintes etpassages à l’acte conçue par Mehdi Brit :réunissant les élém<strong>en</strong>ts constitutifs à la performance,cet art de la représ<strong>en</strong>tation, du geste,de l’accessoire et du corps mis <strong>en</strong> jeu, lespropositions des 14 artistes interagiss<strong>en</strong>t selonun processus lié à la mixité et à l’autocritique. Lepoint d’orgue est son exposition monographiqueThe Butcher dont le volet le plus intéressant estSlave City, projet écrit de 2005 à 2008 basé surla critique d’un univers rationaliste où le profitest le pivot c<strong>en</strong>tral. Un monde qui tourne <strong>en</strong>boucle sur lui-même. Et le plus surpr<strong>en</strong>ant celuiconsacré à Blast Furnace (Haut fourneau) réaliséà l’échelle du dernier étage du Panorama, œuvremonum<strong>en</strong>tale dans ses proportions qui bouleverseles notions de sculpture et t<strong>en</strong>te-vainem<strong>en</strong>t- de réunir l’humain et la machine…Mais AVL n’a pas dit son dernier mot puisqueLe Dernier cri l’invite à son projet de sérigraphiesSev<strong>en</strong> Prints ! et Art-O-Rama dévoileral’œuvre de commande Excrem<strong>en</strong>torium, espacede discussion composé de toilettes assembléesautour d’un cercle. Enfin, <strong>en</strong> miroir auxthématiques qui lui sont chères (la nourriture,l’autonomie, les rituels, les cultures), l’expositionNo Fear, No Shame, No Confusion réunira lestravaux de Liz Magor, Jean Marie Appriou,Andrea Büttner et Laure Prouvost. R<strong>en</strong>dez-vousest pris <strong>en</strong> octobre.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI


1Lauréats de 1999 à 2012 : Didier Marcel,Natacha Lesueur, Tatiana trouvé, BorisAchour, Matthieu Laurette, Mircea Cantor,Loris Gréaud, Vinc<strong>en</strong>t Lamouroux,Christophe Berdaguer & Marie Péjus,Raphaël Zarka, Ida Tursic & Wilfried Mille,Isabelle Cornaro, B<strong>en</strong>oît Maire, Adri<strong>en</strong>Missika, Katinka Bock2Astérides, le Dernier cri, Docum<strong>en</strong>tsd’artistes, Art-O-Rama, Sextant et plus,Triangle FranceÀ voirThe ButcherAtelier Van Lieshoutjusqu’au 31 décembreEmpreintes et passages à l’acteExposition et performancesjusqu’au 15 septembreExcrem<strong>en</strong>toriumAtelier Van LieshoutCycle de discussions du 30 août au1 er septembreExposition du 30 août au 7septembreSev<strong>en</strong> Prints !Projet de sérigraphies du Dernier cridu 30 août au 7 septembreNo Fear, no Shame, no Confusiondu 11 octobre au 2 février 2014www.cartel-artcontemporain.fretDes images comme des oiseauxUne traversée dans les collections duCNAPjusqu’au 29 septembreà la Friche la Belle de mai,Marseille 3ewww.lafriche.orgLes archipels réinv<strong>en</strong>tés (2)Prix fondation d’<strong>en</strong>treprise RicardC<strong>en</strong>tre de la Vieille Charité, Marseille2e04 91 14 59 18www.culture.marseille.frÀ lireDes images comme des oiseauxÉdition bilingue français-anglaisCoédition CNAP et Loco, 35 €Les archipels réinv<strong>en</strong>tésCoédition C<strong>en</strong>tre Pompidou etFondation d’<strong>en</strong>treprise Ricard,19,90 €DouceFrance…L’œil rieur de Jacques H<strong>en</strong>riLartigue est d’une fraicheurinsubmersible. Par tempête ousous le soleil, amis, famille,célébrités, <strong>en</strong>fants sont photographiésavec la même élégancesur les plages de Normandie,du Pays Basque ou de la Côted’Azur où il s’est éteint <strong>en</strong> 1986à 92 ans. Ce sont Les amies dema mère <strong>en</strong> goguette à Etretat <strong>en</strong>1910, Kees van Dong<strong>en</strong> <strong>en</strong> peignoir de bain etbonnet, Florette dont on ne distingue que lesongles carmin s’aspergeant le corps, Bibi, safemme, qui paraît bi<strong>en</strong> frêle dans le port deMarseille <strong>en</strong> 1928… En ce temps là, sur les plages,les «bourgeois» discutai<strong>en</strong>t, jouai<strong>en</strong>t aucerf-volant ou lisai<strong>en</strong>t The Discovery of India deNehru ! Images instantanées ou apprêtées, c’estle temps des loisirs et de l’insouciance que Lartiguesurpr<strong>en</strong>d avec ce s<strong>en</strong>s exquis de la pose,des cadrages impeccables, des dégradés d<strong>en</strong>oirs au blanc sublimes. Comme s’il regardait lemonde avec légèreté et bonheur : les voiles desgoélettes flott<strong>en</strong>t au v<strong>en</strong>t comme les jupes desdemoiselles ! Ses photos ressembl<strong>en</strong>t à des tableauxmis <strong>en</strong> scène avec des acteurs (sesproches et sa famille), quand ce n’est pas leE la nave va…Antoine Boudin est un homme de la mer mêmes’il est né <strong>en</strong> Avignon ! La canne de Prov<strong>en</strong>ceest passée <strong>en</strong>tre ses mains de designer et il n’ad’yeux que pour elle : l’herbe est légère, flexible,imputrescible, naturellem<strong>en</strong>t vernie et étanche.Idéale pour construire un Gaubeja <strong>en</strong> Mar avecune «fine équipe de bons amis», et laisser àJean-Baptiste Warluzel le soin de filmer l’assemblagedans, dessus et sous l’eau. Un vraimiracle ! Diplômé de la prestigieuse École cantonaled’art de Lausanne <strong>en</strong> 2008 et lauréat deVue de l'exposition arundo e estrambord de Antoine Boudin au Moulin,La Valette, 2013 © Guillaume Guillet-Le MoulinPhotographie Jacques H<strong>en</strong>ri Lartigue / Chou Valton, plage de la Garoupe. Juillet 1932© Ministère de la Culture – France / AAJHLtableau qui s’y glisse comme lorsqu’André Haguetpeigne sur le motif au Cap du Dramont <strong>en</strong>1919. Mais le plus surréaliste est la série sur letournage du film Les av<strong>en</strong>tures du Roi Pausolepour lequel des dizaines de naïades alanguiesjouai<strong>en</strong>t les figurantes… Bi<strong>en</strong> avant les sulfureusesicônes de Helmut Newton !M.G.-G.Rivagesjusqu’au 29 septembreMaison de la Photographie, Toulon04 94 93 07 59www.toulon.frÀ voir aux R<strong>en</strong>contres d’Arles (voir p38), Bibi, dans laChapelle des Trinitaires (jusqu’au 25 août).la bourse Agora <strong>en</strong> 2011, Antoine Boudin, <strong>en</strong>résid<strong>en</strong>ce à la Villa Noailles à Hyères, a investil’Espace d’art Le Moulin transformé <strong>en</strong> «capitainerie»le temps de l’exposition arundo eestrambord. Aux couleurs sang et or de laProv<strong>en</strong>ce. Il a reconstitué et posé à terre Gaubeja<strong>en</strong> Mar dont on peut suivre la performance <strong>en</strong>vidéo, installé à ses côtés une embarcationréalisée pour l’occasion, Quieu Bagna II. Merveillede simplicité, métaphore du v<strong>en</strong>tre de labaleine… Il dévoile les coulisses de son atelierd’habile artisan où sont soigneusem<strong>en</strong>t rangésoutils, croquis (fac-similés de ses carnets d<strong>en</strong>otes) et objethèque. Alignés au cordeau laFamille de bilboquets Pitchoun h <strong>en</strong> canne deProv<strong>en</strong>ce, cuir et soie, bi<strong>en</strong>tôt éditée par l’atelierpetith-hermès, part<strong>en</strong>aire de la bourse Agora,des lampes de lecture, des chaises <strong>en</strong> lamellesd’agave ou de canne, une planche de surf… Latraversée se termine par une installation <strong>en</strong>hommage à Joseph Beuys, version kit de survie<strong>en</strong> mer de sa pièce culte The Pack.M.G.-G.jusqu’au 29 septembreEspace d’art Le Moulin, La Valette-du-Varjusqu’au 31 octobreJardin remarquable de Baudouvin, La Valette-du-Var04 94 23 36 49www.lavalette83.fr37AUPROGRAMMEEXPOSITIONS


Pas tout vu(mais on s’<strong>en</strong> fout un peu)38AUPROGRAMMEEXPOSITIONSMême <strong>en</strong> ram<strong>en</strong>ant la thématiquejusqu’au noir et blanc,les événem<strong>en</strong>ts arlési<strong>en</strong>spour la photographie disp<strong>en</strong>s<strong>en</strong>tcontinûm<strong>en</strong>t une offre pléthoriqueIn and Off. Qui peut le plus…Qui déplorera une telle conc<strong>en</strong>tration de (re)découvertespossibles ? Le syndrome de St<strong>en</strong>dhal m<strong>en</strong>açantau détour, les organisateurs du In aurai<strong>en</strong>t pu saisirl’opportunité de la thématique pour aérer quelquescimaises, aux ateliers SNCF <strong>en</strong> particulier. Si cetteprofusion convi<strong>en</strong>t au travail de Gilbert Garcin ouPieter Hugo ou au déploiem<strong>en</strong>t d’une thématiques<strong>en</strong>sible avec Keep your eye on the wall (éditionsTextuel), elle se justifie moins ailleurs si ce n’est desurjouer la prés<strong>en</strong>tation/spectacularisation (Moriyama),parfois au détrim<strong>en</strong>t de la photographie elle-mêmecomme la théâtralisation des images de Jean-MichelFauquet ou la dramatisation d’un message (AlfredoJaar). Et quand et où pourra-t-on s’arrêter... s’asseoir…et pr<strong>en</strong>dre le temps d’apprécier une image pour ellemêmeet soi-même? En abondance et toute discrétionà L’Atelier du Midi -qui effectue un travail remarquabledepuis nombre d’années–, le projet Caravanes, décalédans sa thématique avec justesse, propose un belaccrochage intégré à cette maison-galerie malgré descontraintes et des moy<strong>en</strong>s trop connus (label MP13mais sans les euros). La variété des clichés sanshiérarchisation <strong>en</strong>tre amateurs/professionnels/célébritésconstitue un parcours visuel aux multiples<strong>en</strong>trées <strong>en</strong> seulem<strong>en</strong>t quelques mètres carrés (voirPierre Jamet aux Ateliers). Chez Voies Off la sélectionse veut une réelle découverte. Yusuf Sevincli saitfaire surgir d’étonnantes ambiances (vue oniriqued’une ruelle interlope <strong>en</strong>vahie par des apparitionsau Magasin electrique - Daido Moriyama,Labyrint + Monochrome, vue partielle © C.Lorin-<strong>Zibeline</strong>Brigitte Bauer, photo extraite de la video Three of us, coproduction B.Bauer-Voies Off, 2013.d’oiseaux) mais l’<strong>en</strong>semble issu des séries Good Doget Post apparait bi<strong>en</strong> disparate. Lors de la projectionde Three of us de Brigitte Bauer une partie du publicsemblait cont<strong>en</strong>ir son <strong>en</strong>thousiasme. Cela est sansdoute dû à cette distanciation particulière qui imprègneles images ret<strong>en</strong>ant une complète empathie <strong>en</strong>versces trois jeunes photographes d’origines différ<strong>en</strong>tesse questionnant sur leurs perspectives artistiques etleur dev<strong>en</strong>ir matériel. À pr<strong>en</strong>dre une posture «objective»la photographie ou le récit filmique atteign<strong>en</strong>t-ilsleur objet pour le spectateur ? Faisant fi de la thématiquegénérale, des programmateurs maint<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t lacouleur (Sass<strong>en</strong>, Sugimoto, Tillmans, Eldags<strong>en</strong>…)et, pour certaines œuvres à la limite de sa disparitioncomme dans Mer Méditerranée au Grand Radeau deThibault Cuisset (Le pays clair, éditions Actes Sud).Mais <strong>en</strong> passant de l’Espace pour l’art aux Ateliers pourde plus grands formats ces paysages avec leur partd’intimité y gagnai<strong>en</strong>t-t-ils vraim<strong>en</strong>t?Et puis Lartigue (Bibi pas tant réjouie), Parks, Larrain,P<strong>en</strong>one, Assier toujours <strong>en</strong>tre deux rives, lesrévolutions basculées de Sugimoto, la prés<strong>en</strong>ce deMinkkin<strong>en</strong>… à revoir posém<strong>en</strong>t s’il nous reste desvacances.CLAUDE LORINArles in Blackjusqu’au 22 septembre04 90 96 76 06www.r<strong>en</strong>contres-arles.comFestival Voies Off04 90 96 93 82www.voies-off.comL’Atelier du Midi04 90 49 89 40www.atelierdumidi.comEspace pour l’art04 90 97 23 95www.espacepourlart.comà la galerie Voies OFF -Yusuf Sevincli, Good Dog© Yusuf Sevincli


Art-O-RamaLe principe d’Art-O-Rama est immuable : 17 galeries internationales élis<strong>en</strong>t parmiles 4 artistes du Show Room celui qui bénéficiera d’un solo show l’année suivante.Et le gagnant est… l’artiste marseillais Yann Gerstberger dont on découvre les nouvellesproductions. Petite singularité à signaler : la prés<strong>en</strong>ce de L’Atelier Van Lieshout(voir page 36) qui dévoilera Excrem<strong>en</strong>torium, objet d’une commande spécifique. M.G.-G.du 30 août au 7 septembreLa Cartonnerie, Marseille 3 e04 95 04 95 36www.art-o-rama.frVéronique BigoLe monde des objets n’a plus de secrets pour Véronique Bigo à force de leurtirer le portrait ! Mais au-delà des «images connues ou reconnues de notremémoire collective», c’est leur âme qu’elle surpr<strong>en</strong>d au bout de son pinceau.Au Silo, la monum<strong>en</strong>tale Salle des Mamelles se prêtera au jeu de ses dessinset peintures, notamm<strong>en</strong>t le 5 décembre lors de la v<strong>en</strong>te aux <strong>en</strong>chèresorganisée par l’étude Leclère. M.G.-G.La voleuse d’objetsdu 14 septembre au 23 décembreLe Silo, Marseille 2 eGAG-Gerstlberger 2013 © Gerstbergerwww.silo-marseille.fr© Veronique Bigo39AUPROGRAMMEARTSVISUELSAgnès MellonPhotographe de presse et auteure, Agnès Mellon hante lesplateaux de théâtre et de danse <strong>en</strong> toute discrétion. Ce qui luipermet de capter l’expression des corps au plus près, de donner àvoir leur respiration profonde… De ses immersions dans les lieuxde la création, elle offre des portraits comme des autoportraits,s<strong>en</strong>sibles, à fleur de peau. M.G.-G.Id<strong>en</strong>titéjusqu’au 25 aoûtKlap, Marseille 3 e04 96 11 11 20www.kelem<strong>en</strong>is.frId<strong>en</strong>tité © Agnès MellonÉmilie PerottoLa s<strong>en</strong>sation produite par Émilie Perotto à Art-O-Rama <strong>en</strong> 2009se poursuit avec L<strong>en</strong>t Dehors qui fait se confronter dessins,photographies, vidéos et sculptures d’échelles différ<strong>en</strong>tes.Jouant des espaces et des vides, des formes («lances»,«rambardes») et des matériaux (Topan, bois aggloméré, poignéemétallique, roulettes), ses sculptures-objets sont une fois de plussavamm<strong>en</strong>t mises <strong>en</strong> scène. M.G.-G.L<strong>en</strong>t Dehorsjusqu’au 21 septembreGalerie du Château de Servières, Marseille 4 e04 91 85 42 78www.chateaudeservieres.org© Emilie Perotto


Inédite(s)David Pluskwa réunit sa team autour d’œuvres inédites, dont un Mickyfucky décoiffant«échappé» de la série Mickey is also a rat de Nicolas Rubinstein qui participaitrécemm<strong>en</strong>t au parcours Ulysses du Frac (Zib’60). À ses côtés Jonone, Tilt, Jak Espi, Erro,rod, Niki de Saint Phalle, CharlElie Couture, Peter Klas<strong>en</strong>, Jef Aerosol, Philippe Pasqua,Élisabeth Montagnier et Robert Combas. M.G.-G.jusqu’au 2 août et du 27 août au 12 octobreGalerie Pluskwa, Marseille 6 ewww.david-pluskwa.com40AUPIncognito ?R L’Écomusée de Volx poursuit ses expositions annuelles initiées avec succès l’anOdernier <strong>en</strong> proposant à un artiste de se plonger dans les oliveraies du pays et deGRdialoguer avec ses élém<strong>en</strong>ts. Jouant avec son double, artiste anonyme, l’artisteJean Le Gac, issu de la Nouvelle Figuration des années 70, s’est prêté avecdélices à un jeu de cache-cache avec des oliviers c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aires avant de se fondreAincognito dans la foule du vernissage. C.B.MMEARTSVISUELS© Nicolas Rubinstein, MickyfuckySe fondre dans le paysage / L’herbier du peintre anonymejusqu’au 12 novembreÉcomusée de Volx04 92 72 66 91www.ppp-olive.comSite Ineos de Lavera, 2013 © Alain SauvanProjet realise pour l'ecomusee de l'Olivier © Jean Le GacAlain SauvanFin explorateur du pays martégal et de l’étang de Berre, Alain Sauvan se tournevers cet autre motif plastique et artistique que compos<strong>en</strong>t les sites industriels <strong>en</strong>activité, adoptant la couleur sous format numérique. Dans le c<strong>en</strong>tre de Martigues,le photographe a fait réaliser une quarantaine de tirages monum<strong>en</strong>taux sur bâcheset conçu un diaporama de 160 images pour la Nuit industrielle du 31 août. C.L.Réalité du territoirejusqu’au 31 octobreC<strong>en</strong>tre ville de Martigues04 42 06 90 61www.paysdemartigues.frwww.mp2013.frCite Radieuse © Patrick BoxPatrick BoxPhotographe de terrain, Patrick Box s’est consacré à des sujets «humanistes»,témoignant autant de la vie des ouvriers que de celle des artistes, et de lieux marquéspar l’histoire des hommes. On le croise tout autant sur les chantiers navals, les salinsdu Midi qu’aux Correspondances de Manosque. Après les R<strong>en</strong>contres d’Arles <strong>en</strong> 2008 et2009, Patrick Box propose une sélection de photos noir & blanc ou couleurs quiprécis<strong>en</strong>t l’acuité de son regard. C.B.jusqu’au au 9 aoûtGalerie Sordini, Marseille04 91 55 59 99www.galerie-sordini.com


Marseille - Bernard Buffet (1928-1999), Marseille le Vallon des Auffes, 1993, 130 x 195 cm, Galerie Maurice GarnierCapitales méditerrané<strong>en</strong>nesAu cœur des cités d’Arles, Salon, Aix, Marseille et Toulon,les regards aiguisés des peintres du XX e siècle se sont poséssur les rues, les fontaines, les monum<strong>en</strong>ts historiques et d’autres<strong>en</strong>droits méconnus voire insolites. Le musée Yves Brayer offreau public l’occasion de découvrir les perceptions variées et souv<strong>en</strong>tsurpr<strong>en</strong>antes d’Auguste Chabaud, Paul Signac, Alfred Lombard,H<strong>en</strong>ri Manguin… A-L.RLes Capitales Méditerrané<strong>en</strong>nes «de Signac à Buffet»jusqu’au 26 septembreMusée Yves Brayer, Les Baux-de-Prov<strong>en</strong>ce04 90 54 36 99www.yvesbrayer.comClaude Par<strong>en</strong>t,Fragm<strong>en</strong>t 2 -La percee K horizon,1964-2012,papier canson,21 x 29,5 cm.CollectionClaude Par<strong>en</strong>t© eac -estelle epinetteRêves d’architectureL’Espace d’Art Concret propose deux expositions consacréesà l’architecture. Le mémorial, Projet d’architecture célèbre lacollaboration de l’artiste Yves Klein avec l’architecte ClaudePar<strong>en</strong>t. Il y est question du «…vide, l’immatériel, le monochrome,la cosmogonie». Rêves d’architecture interroge le rapport avecles arts plastiques, notamm<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>tes étapes d’un projetarchitectural imaginé, presque fantasmé, et à la réalité parfoisplus complexe. A.-L.RYves KLEIN / Claude PARENT - Le mémorial, Projet d’architecturejusqu’au 25 aoûtRêves d’architecturejusqu’au 27 octobreEspace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux04 93 75 71 50www.espacedelartconcret.fr


42AUPROGRAMMEDIVERSGrands cheminsCroiser culture, sci<strong>en</strong>ces, arts et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tdans le delta du Rhône, c’est ce que propose lefestival itinérant des Envies Rhônem<strong>en</strong>ts, initiépar Le Citron jaune, dans une version étofféepour l’année capitale. Au choix : installations,performances, danse, théâtre, musique... Lorsde la soirée de lancem<strong>en</strong>t le 22 juillet à Arles, onpourra par exemple suivre les balades s<strong>en</strong>siblesdu collectif Seconde Peau, et la confér<strong>en</strong>ce extravagantede Pierre Cleitman, La Place duMécont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t dans les énergies r<strong>en</strong>ouvelables.Le l<strong>en</strong>demain, celle de Gilles Ramsteinet Jean Jalbert portera sur le réchauffem<strong>en</strong>tclimatique : Ca va chauffer ! Port-Saint-Louis-du-Rhône accueillera le 24 les impromptus musicauxde Didier Petit, tandis que l’ANPU mettra l’egosystèmede la Camargue sur le divan à partir du25, et que l’on pourra pénétrer l’<strong>en</strong>tresort de laCie Songes, Lettres d’amour aux fleurs et auv<strong>en</strong>t, aux Saintes-Maries-de-la-Mer. À découvrirégalem<strong>en</strong>t, le travail des artistes <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce,comme Rara Woulib, Brigitte Carle et le collectifTricyclique Dol (liste non exhaustive !).Enfin, deux docum<strong>en</strong>taires sur les thématiques<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales du festival seront projetéstous les jours au cinéma Le Méjan d’Arles (séances14h et 16h). GAËLLE CLOARECCuisines créativesPasser d’une dégustation à une démonstrationde savoir-faire culinaire avant des’installer devant un spectacle pour bec fin,voire un concert-goûter, ce sera possible lorsde Cuisines <strong>en</strong> Friche à la r<strong>en</strong>trée. Un feud’artifice pour les papilles concocté par detrès grands chefs, ou l’avant-garde des jeunestoques, puisant leur inspiration dans lepatrimoine gastronomique méditerrané<strong>en</strong>. Etune pléiade d’artistes invités à trouver unterrain d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te et d’exploration dans lemonde merveilleux de la cuisine : RobertGuédigian y programmera des soirées cinéma,et l’artiste belge Peter de Bie devrait ycôtoyer le Teatro da Mangiare des itali<strong>en</strong>sDelle Arriete. La Cité de l’Architecture (Paris)Tricyclique Dol sera pres<strong>en</strong>t aux Envies Rhonem<strong>en</strong>ts 2013 avec Contre nature, un parcours visuel et sonore <strong>en</strong> pleine nature © Jean de P<strong>en</strong>aGrands chemins d’Envies Rhônem<strong>en</strong>tsdu 20 au 28 juilletCamargue04 42 48 40 04www.lecitronjaune.com/les-<strong>en</strong>vies-rhonem<strong>en</strong>ts.htmlet la Maison de l’Architecture (Marseille)consacreront une exposition au r<strong>en</strong>ouveaude la cuisine de rue, tandis que NicolasSimarik conjuguera œnologie et art contemporainsuite à son AEM dans les vignes duNew Hotel of Marseille.Tout ceci gravitera autour d’un marché où l’onpourra se procurer fruits et légumes, poissons,viandes, fromages et produits laitiers,jus, miel, herbes, épices, et pains variés. Dequoi joindre l’utile à l’agréable, et retrouverl’espace de quelques jours les saveurs et l’artde vivre de l’été.Cuisines <strong>en</strong> Friche est une co-productionMP2013 avec La Friche et Les Grandes Tables,<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avecl’association GourméditerranéeG.C.Les chefs de Gourmediterranee, 2012 © J.-P. Garabediandu 11 au 15 septembreLa Friche la Belle deMai, Marseille04 95 04 95 04www.lafriche.orgwww.mp2013.frInvitationau voyageBiljana © X-D.RPour son 6 e anniversaire, le Festival des Culturesdu Mondede Gém<strong>en</strong>os (Festival Internationalde Danses et Traditions Populaires) accueille àl’invitation de l’<strong>en</strong>semble folklorique La Poulidode Gèmo plus de 200 artistes v<strong>en</strong>us parfois detrès loin : Nouvelle Zélande, Corée, Arg<strong>en</strong>tineou Cuba ! Décollage assuré, que ce soit <strong>en</strong> compagniedes tambours japonais du groupe SuperTaïko Junior le 17 juillet, ou <strong>en</strong>core au son deschants du Mali assurés par Mand<strong>en</strong> Kono le19 (une parade aux flambeaux aura lieu le mêmesoir). Un spectacle est prévu le samedi 20 auThéâtre de Verdure : Le monde dans un écrin estune création collective avec participation activedu public. Le dimanche de clôture verra tous lespays invités défiler <strong>en</strong>semble aux abords dumarché artisanal «des couleurs du monde»,avant le grand balèti final.G.C.Festival des Cultures du Mondedu 15 au 21 juilletGém<strong>en</strong>oswww.lapoulidodegemo.com


44AUPROGRAMMEDIVERSDanse le mondeF comme Festival ?En mai 2012, le Groupe F inaugurait le chantier de lafuture FabricA du Festival d’Avignon, rassemblant4000 personnes sur le terrain <strong>en</strong>core vierge. Un an plustard, <strong>en</strong> ouverture de la 67 e édition et pour inaugurerle nouveau de lieu de fabrique théâtrale du Festival, ilsétai<strong>en</strong>t 8000, habitants et festivaliers, à découvrir lepaysage de feu et de lumières inv<strong>en</strong>té par les artificierspoètes. Le 5 juillet, Ouvert !, conçu après plusieursmois de résid<strong>en</strong>ce sur le quartier où est implanté LaFabricA, alterna dans un ballet rondem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>é, voixd’<strong>en</strong>fants recueillies dans les écoles al<strong>en</strong>tours déclinantleurs prénoms, hommes de lumières grimpantl’édifice flamboyant auréolé de vidéos et effets d’optiquepas toujours convaincants, et bi<strong>en</strong> sûr,Ouvert !, Groupe F, la FabricA © DE.M2Bain de jouv<strong>en</strong>ceLa ville de Cannes s’illumine de somptueux feux d’artificesjusqu’au 24 août. Ces manifestations rivalis<strong>en</strong>td’inv<strong>en</strong>tion et de virtuosité, le Prix du Public est <strong>en</strong> jeu !On s’émerveillera donc avec les Nanos Fireworks (le14 juillet), les Vaccaluzzo Pirotecnia d’Italie (le 21),EFC Évènem<strong>en</strong>t (le 29), Pyro Magic de Hong Kong(le 7 aout), Luso Pirotecnia (le 15), et Jacques CouturierOrganisation (le 24). Les Nuits musicales duSuquet accueill<strong>en</strong>t une programmation riche et éclectiquedu 22 au 28 juillet, du pianiste Cypri<strong>en</strong> Katsariset un choix de partitions rares et virtuoses, à la carteblanche au Festival Pietrasanta initié par MichaelGuttman, de l’hommage à Mikis Théodorakis parl’Ensemble Élégia de Grèce au concert pour les<strong>en</strong>fants de Riccardo Caramella et Maria AlbertaNavello, <strong>en</strong>core à l’affiche, David Levy, l’EnsembleASSAMI, Forabandit, Sinfonia Flam<strong>en</strong>ca et uneLe Festival de Martigues sera particulièrem<strong>en</strong>triche cette année, il fête ses 25 ans, tandis quel’association fondatrice, La Capouliero célèbre sondemi-siècle. Le symbole de cette édition, un cœur<strong>en</strong> bois d’oranger, œuvre contemporaine de JoaquinSanchez, a été taillé par les Indi<strong>en</strong>s Aché du Paraguayet décoré par les Indi<strong>en</strong>s Huichol du Mexique.Comme chaque année, les festivités s’orchestr<strong>en</strong>tautour de différ<strong>en</strong>ts lieux : le Canal Saint Sébasti<strong>en</strong>,le Village du Festival, le théâtre des Salins, la salle duGrès, le cinéma R<strong>en</strong>oir avec la projection de Sugarman. Afrique du Sud, Arg<strong>en</strong>tine, Malaisie, Républiquedu Mambo, Cuba, Équateur, Pérou, Kabylie, Burundisont au r<strong>en</strong>dez-vous pour nous emporterdans des airs de tango, fado, flam<strong>en</strong>co, salsa,tziganes, basques et tant d’autres… avec desgroupes du monde <strong>en</strong>tier, et des formations locales,le tout d’une superbe qualité. Innovation, lefestival s’unit à Marseille Prov<strong>en</strong>ce 2013 pour uncertain nombre de coproductions, notamm<strong>en</strong>t avecl’Afrique du Sud sous le label de l’Institut Françaisdans le cadre des Saisons Croisées France-Afriquedu Sud. À noter, une journée Places aux Femmesavec débats et concerts.MARYVONNE COLOMBANIFestival de Martiguesdu 22 au 30 juilletwww.festival-martigues.frSibongile Mbambi,chanteuse d'Afrique du sud© Patrick Gherdoussifeux d’artifice qu’att<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t tous les grands et petits<strong>en</strong>fants comme un 14 juillet. Quelques gros traitscep<strong>en</strong>dant, parmi les couleurs et dessins d’<strong>en</strong>fantsprojetés, barreaux de prison qui s’ouvr<strong>en</strong>t (habiterdans un quartier serait synonyme d’incarcération ?),f<strong>en</strong>êtres qui se bris<strong>en</strong>t (délinquance inévitable ?), grimpeursgravissant des routes et des flots pour laisserapparaître un rideau (le théâtre serait le chemin àemprunter !) et résonner les trompettes de Vilar. L’int<strong>en</strong>tionétait spectaculaire, la mixité du public obt<strong>en</strong>ue,et la fête <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s réussie. Mais elle laissait aussil’impression d’une certaine facilité dans le savoir-faireet l’utilisation du vocabulaire de ces créateurspyrotechniques hors pairs.DE.M.À v<strong>en</strong>irle 21 juilletCornillon-Confouxle 8 août (Révélations 4 e épisode, MP2013)Port-Saint-Louisle 17 aoûtPort-Saint-Louiswww.groupefbelle soirée Jeunes tal<strong>en</strong>ts de la Côte d’Azur… Lavilla Domergue ouvre ses portes au festival de jazzdu 9 au 12 août, avec la voix chaude et vibrante deRachel Ratsizafy, les harmonies du Frédéric VialeQuartet jazz tango et afro-musette, le piano dePhilippe Leoge dans le sillage de Claude Nougaro,les sonorités gitanes ou flam<strong>en</strong>co du groupe LesDoigts de l’homme. Enfin un Festival majeur del’art russe offre 8 spectacles (chants, danse, cinéma)et une exposition qui nous fait nous évader <strong>en</strong> Sibérie(du 23 au 27 août). Que de belles alternatives à laplage n’est-ce pas !!!M.C.L’été à Cannes04 92 99 33 83www.palaisdesfestivals.comCri de cœurAu XIX e siècle, un élève de l’ÉcolePolytechnique puis du génie maritime,conçut et dirigea laconstruction de nombreux navires,steamers dignes des romans deJules Verne. À La Ciotat il inaugurala série des constructions pour lesmers de Chine. Son court passage(il meurt à 38 ans) a marqué cetteville par la construction de lapremière cité ouvrière de France(elle pouvait accueillir près de 800personnes). En hommage, la villede La Ciotat organise une fête,partie de pétanque, animations,repas, balèti. Pour MP13, Le cri dela Cité, un spectacle de rue avecune vingtaine d’habitants, comédi<strong>en</strong>sbénévoles, évoque dans unemise <strong>en</strong> scène de BarthélémyGuili et l’Association Cri Mémoire,la vie de la cité, avec desanecdotes, des souv<strong>en</strong>irs. Uneexposition Au temps de la citéouvrière rappelle avec des photoset des docum<strong>en</strong>ts sonores ce pande patrimoine urbain et ouvrier àl’Espace Gare de l’Escalet.M.C.le 20 juilletPlace Evariste-Gras, La CiotatExposition du 15 au 28 juilletEspace Gare de l’Escalet, La Ciotatwww.laciotat.comLe Cri de la Cite, photo de repetition © X-D.R


46AUPROGRAMTous <strong>en</strong> pisteLa r<strong>en</strong>trée dans le pays d’Aix se fera sous lesigne du cirque. De nombreuses propositionsémailleront le territoire, parmi lesquelles deuxspectacles des Frères Forman, Opéra Baroque,pour lequel ils seront <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce decréation à Aix, et leur délicieux Obludarium.Adapté d’un opéra tchèque du XVIII e siècle (deKarel Loos), De la petite che-minée construite detravers par des maçons rusés, Opéra Baroque estprétexte au jeu et chant des manipulateurs demarionnettes de génie –tout autant quecomédi<strong>en</strong>s et chanteurs- que sont Milan,Matej et Petr Forman. Ma-rionnettes <strong>en</strong> boisde 35 cm, doubles figurés des comédi<strong>en</strong>s,marionnettes à doigts, plates… chacun ti<strong>en</strong>t sonrôle pour conter l’histoire (à Meyrargues,Pertuis, Saint-Cannat, Peyrolles et au Bois del’Aune du 29 août a 2 septembre). Obludarium,voyage dans un imaginaire forain aussi<strong>en</strong>voûtant que déjanté, est programmé dans lecadre du temps fort cirque Jours et [nuits] decirque(s) <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le CIAM (du 25septembre au 4 octobre). Car Aix va pouvoircompter sur un nouvel espace culturel, leC<strong>en</strong>tre international des arts <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t,qui comptera aussi une école de pratiqueamateur (ouverture fin septembre, nous y revi<strong>en</strong>drons).Enfin, dans le même mouvem<strong>en</strong>t, le GTP offreson plateau pour une nouvelle création d’Auréli<strong>en</strong>Bory, Azimut, avec les artistes du Groupeacrobatique de Tanger (du 20 au 27 septembre).Un spectacle qui de fraiera un chemin àtravers un Tanger <strong>en</strong> pleine mutation, où lesacrobates diront «la fragilité de leur exist<strong>en</strong>ce» etleur inébranlable volonté de pratiquer leur artancestral <strong>en</strong> le confrontant au monde azimutéqui les <strong>en</strong>toure.DO.M.Bois de l’Aune, Aix04 42 93 85 40www.agglo-paysdaix.frCIAM, Aix09 83 60 34 51www.arts<strong>en</strong>mouvem<strong>en</strong>t.frGrand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce, Aix08 2013 2013-07-13www.lestheatres.netAzimut © Agnes Mellon|METHÉÂTRECIRQUEFaust © Elian BachiniEt vole le théâtre !Depuis 9 ans, le Festival desComédi<strong>en</strong>s volants transformeBarb<strong>en</strong>tane <strong>en</strong> ungrand terrain de jeu. À quelques<strong>en</strong>cablures d’Avignon, cevillage offre une programmationriche et pluridisciplinaire,ramassée sur 3 jours. La placede La Rebutte, <strong>en</strong>tourée defalaises couleur ocre, se transformealors pour l’occasion <strong>en</strong>amphithéâtre naturel pouraccueillir spectacles, apérosconcerts,ateliers...Cette année <strong>en</strong>core les compagnies de qualité seront nombreuses à sesuccéder du 9 au 11 août, artistes du cru et compagnies de r<strong>en</strong>om secôtoyant pour le plus grand plaisir de tous : la cie Du Petit Monsieur,habituée à habiller de vertus clownesques toutes les situations, ouvre lesfestivités avec En dérangem<strong>en</strong>t, spectacle burlesque muet, avant d’imaginerun campeur dépassé par le montage de sa t<strong>en</strong>te dans Deux secondes... ;les Toulousains de la cie L’Esquisse joueront Public or notpublic, une comédie délirante sur la place du public dansl’histoire du théâtre ; l’Atelier Théâtre Actuel ouvre une bulle de poésieavec Les Loupiotes de la ville, succession de saynètes rythmées, <strong>en</strong> l’airet sur terre ; quant à la cie Les Cartoun Sardines, elle clôture <strong>en</strong> beautéces 3 jours avec Faust, le film muet de Murnau théâtralisé par deuxmusici<strong>en</strong>s et un comédi<strong>en</strong>... Sans oublier les apéros-concerts dinatoiresanimés par Los Dos Amigos&Co et Manu and Co.DO.M.Festival des Comédi<strong>en</strong>s VolantsBarb<strong>en</strong>tane06 07 55 88 29www.lescomedi<strong>en</strong>svolants.frRichard III © Jean-Louis FernandezCouleur rougeÀ Carqueiranne, dominant la baie et les îles d’or, le Fortde la Bayarde accueille depuis 14 ans le Festival Théâtre InSitu... Cette année le rouge de la passion, de l’amour, dudésir, de la colère, de l’avidité... teintera la programmation,poussant tous les états affectifs à leur paroxysme... dans unsavant mélange de pièces de répertoire et contemporaines,avec de nombreuses et attrayantes têtes d’affiche, y comprisà la mise <strong>en</strong> scène ! Jugez plutôt : Occupe-toi d’Amélie, deGeorges Feydeau, avec Hélène de Fougerolles et BrunoPutzulu ; La Guerre de Troie n’aura pas lieu, de Jean Giraudoux,mise <strong>en</strong> scène par Francis Huster ; Le Jeu de la véritéde Phuilippe Lellouche avec David Brécourt, Christian Vadim...; La Belle vie de Jean Anouilh, mis <strong>en</strong> scène parPhilippe Daguerre, avec Annie Chaplin... À souligner, leremarquable Richard III, de Shakespeare, monté par la compagniedes Dramaticules dans une mise <strong>en</strong> scène deJérémie Le Louët, et l’intrigant La Conversation de JeanD’Ormesson dans une mise <strong>en</strong> scène de Jean Laur<strong>en</strong>t Silvi.DO.M.Festival Théâtre In Situdu 27 juillet au 14 aoûtFort de la Bayarde, Carqueiranne04 94 01 40 26www.theatreinsitu.com


Pour le meilleur…© Mario del CurtoKati Pikkarain<strong>en</strong> et Victor Cathala, le duo d’artistes du CirqueAïtal, ont posé leurs valises dans une vieille Simca 1000customisée qui trône au milieu de la piste. Couple à la ville etsur scène, ces deux-là viv<strong>en</strong>t le nomadisme dans sa réalité laplus brute, <strong>en</strong>tre répétitions et tournées, une vie itinérante oùse côtoi<strong>en</strong>t les lumières de la piste et la poussière de la route…Au cours de jeux icari<strong>en</strong>s, échelle aéri<strong>en</strong>ne, perche <strong>en</strong> équilibreet numéro de main à main -leur spécialité-, ils explor<strong>en</strong>t ce drôlede quotidi<strong>en</strong>, dans un spectacle aussi drôle que lumineux.Pour le meilleur et pour le piredu 10 au 14 septembreChâteauvallon, Ollioules04 94 22 02 02www.chateauvallon.comLes FuguesLe spectacle rassemble une série de petites danses spectaculairespour un homme et un objet. Composée précisém<strong>en</strong>t surune partition de l’Art de la fugue de J.-S. Bach, chaque danse setrouve écrite pour un objet particulier. Deux variantes sontproposées ici, Fugue trampoline et La balance de lévité, danslesquelles le corps de Yoann Bourgeois oscille <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce<strong>en</strong>tre équilibre, chute et susp<strong>en</strong>sion.du 3 au 22 septembre<strong>en</strong> Nomade(s)Théâtre de Cavaillon04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.comCavaleUn escalier sur les hauteursde la colline Saint-Jacques,un trampoline <strong>en</strong> contrebas…Et les corps de deux hommesqui ne cess<strong>en</strong>t de s’<strong>en</strong>voyer<strong>en</strong> l’air, <strong>en</strong> de nombreux vaet-vi<strong>en</strong>tqui f<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t l’horizon.L’élégante pureté du gestet<strong>en</strong>d au « point de susp<strong>en</strong>sion »,cet équilibre sublime atteintpar le corps dans son <strong>en</strong>volalors que la chute n’est pas<strong>en</strong>core <strong>en</strong>gagée. MathurinBolze et Yoann Bourgeois revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aux sources del’acrobatie pour créer un mom<strong>en</strong>t de grâce et d’<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t.les 7 et 8 septembreColline Saint-Jacques, Cavaillon04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.com© Magali Bazi


48AUPROGRAMMEMUSIQUEPianos flottantsLe «Festival Flottant, un piano à lamer» débutera aux Salles sur Verdondu Lac de Sainte Croix.C’est un duo lyrico-déjanté qui lancerala programmation (23 août) :Cathy Heiting est une soprano àla voix puissante, Jonathan Soucasseun pianiste compositeur detal<strong>en</strong>t, à deux ils form<strong>en</strong>t un duohors norme capable de passer dulyrique au jazz avec humour et délicatesse.Un autre drôle de duopr<strong>en</strong>dra le relais avec Histoire(s) deMusical(s) (24 août) : Tamara Dannereutheret Samuel Peronnettraiteront, avec un petit cabaretaquatique insolite, d’un g<strong>en</strong>re aussisavant que populaire, le musical.Sur la plage des Catalans, NicolasCante et Cyril B<strong>en</strong>hamou<strong>en</strong>tameront une traversée jazz originaleet psychédélique grâce ausavant mélange de musiquesacoustiques et électroniques (6septembre). La virtuose VanessaWagner offrira quant à elle unvoyage au cœur du répertoire desplus belles mélodies du piano-forte(7 septembre). Les derniers mom<strong>en</strong>tsde piano au bord de l’eau sevivront sur la plage de Corbièresavec le récital classique de CéciliaArbel et Martial Paoli (13 septembre),suivi du groupe Miss Whiteand the drunk<strong>en</strong> piano (14 septembre).La compagnie La Rumeurproposera une comédie musicaleatypique, Le roi éphémère créée <strong>en</strong>2013, portant sur les aléas du pouvoiret de l’ambition (15 septembre).Enfin, la création musicale Sirèneimprobable clôturera le festivalavec une alliance inatt<strong>en</strong>due <strong>en</strong>trele joueur de Kora Ba Cissoko, leCitoy<strong>en</strong>s du monde«Eco-responsable,pluridisciplinaire, transgénérationnel»et gratuit !Le Cosmopoli’z<strong>en</strong> festivalcomm<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> image avec laprojection du docum<strong>en</strong>taireLes roses noires d’HélèneMilano suivi d’un débat. Laréalisatrice donne la paroleaux adolesc<strong>en</strong>tes issues desbanlieues de Marseille ouParis, victimes de différ<strong>en</strong>tesdiscriminations (18 juillet).Place à la fête et au reggae, le19 juillet, grâce à une programmationde qualité avec OmarPerry, le fils du lég<strong>en</strong>daire Lee«Scratch» Perry ou <strong>en</strong>corePAPET J and the 149 banddirigé par Papet Jali des MassiliaSound System. Révélationdes Transmusicales 2010, Blitzthe ambassador et son liveband The Embassy Ensembleouvriront les festivités aux sonorités hip hop/jazz le 20 juillet. Une soiréequi sera aussi l’occasion de découvrir le groove captivant d’Akua Naru,associant sa technique aiguisée du hip hop US aux rythmes de jazz duDIG-FLO Band. La dernière journée sera marquée par des projections àvisionner <strong>en</strong> famille comme La prophétie des gr<strong>en</strong>ouilles de Jacques-Remy Girerd (21 juillet), l’histoire de l’arche de Noé revisitée de manièremoderne et touchante. Il y aura aussi des ateliers, des performances graff,des expositions et même des défilés… <strong>en</strong> plein c<strong>en</strong>tre de Vitrolles !A.-L.R.kua Naru © Till van Loos<strong>en</strong>© Paulin jeremypianiste Martial Paoli, la sopranoOdile Heimburger et le chanteur/guitariste de flam<strong>en</strong>co TchouneTchanelas.ANNE-LYSE RENAUTUn piano à la merdu 23 août au 15 septembrePlage des Salles sur Verdon, Plagede Corbières, Plage des Catalans,Marseille04 91 84 31 68www.larumeur.euMusique et<strong>en</strong>trecroisem<strong>en</strong>tsculturelsDans le cadre du cycle Entrecroisem<strong>en</strong>ts proposé par leMuCEM, l’auditorium Germaine Tillion accueillera, le 13septembre, le compositeur, pianiste et grande figure du théâtrecontemporain libanais Ziad Rahbani. Fils de la grandechanteuse Fayruz, il continue le travail initié par son père etson oncle avec les frères Rahbani, qui ont été de véritablesnovateurs de la musique arabe. Musici<strong>en</strong> émérite, il s’inspirede la musique classique, emprunte au jazz, notamm<strong>en</strong>t le stylebebop au tempo très rapide, et propose une sorte de «jazzori<strong>en</strong>tal» unique. Il cultive aussi très tôt sa passion pour lethéâtre. À l’âge de 17 ans, il écrit et met <strong>en</strong> scène sa premièrepièce qui est une comédie musicale intitulée Sahrieh (Soirée).Alors que le pays est <strong>en</strong> pleine guerre civile, il va multiplier lessuccès grâce à son humour et son analyse subtile de la sociétélibanaise. Dev<strong>en</strong>u l’une des icônes de la gauche arabe, il a sutourner <strong>en</strong> dérision, avec beaucoup de clairvoyance, lesinstances politiques, morales et religieuses. Sa v<strong>en</strong>ue àMarseille est l’occasion de découvrir cet homme <strong>en</strong>gagé, etgrand musici<strong>en</strong>, qui a marqué l’évolution de la musiquetraditionnelle arabe.A.-L.R.Ziad Rahbani © Marouan TahtahConcertde Ziad Rahbanile 13 septembreMuCEM, Marseille04 84 35 13 13www.mucem.orgCosmopoli’z<strong>en</strong> Festivaldu 18 au 21 juilletVitrolles09.51.00.<strong>65</strong>.43www.cosmopoliz<strong>en</strong>.org


50AUPROGRAMMEMUSIQUEBacchanales de Saint-CannatSous le signe de Bacchus, avec leurs dégustationsde vins des Coteaux d’Aix, les festivitésdes Bacchanales de Saint-Cannat sav<strong>en</strong>taussi r<strong>en</strong>ouer avec l’antique de l’inspirationdionysiaque <strong>en</strong> proposant deux soirées de concertsd’une belle qualité. Il s’agit bi<strong>en</strong> d’une fête,où tous les plaisirs se conjugu<strong>en</strong>t : les Vingt ansde Gr<strong>en</strong>ade, par les seize danseurs de la Cie etGroupe Gr<strong>en</strong>ade de Josette Baïz, avec deschorégraphies de Philippe Découflé, Jean-ClaudeGallotta, Michel Kelem<strong>en</strong>is, Abou Lagraa,Jean-Christophe Maillot, Angelin Preljocaj,Josette Baïz (le 19 juillet à 21h) ; le Ciné-concertGosses de Tokyo, film muet de 1932 deMyasujiro Ozu, par le Bamboo Orchestra (leJazz <strong>en</strong> étéÀ l’occasion du 15 e anniversaire de Jazz <strong>en</strong> août,l’ouverture du festival se fêtera dès le 1 er aoûtavec l’organisation d’une «charrette musicale»ambulante. Elle déversera dans les rues de LaCiotat les premières mélodies de jazz du groupeBâton Rouge. La soirée du 2 août sera exclusivem<strong>en</strong>tconsacrée au Blues : le public pourraapprécier l’habile mélange de guitares acoustiqueset électriques proposé par les musici<strong>en</strong>s19 juillet à 22h30) ; la fanfare des musici<strong>en</strong>s dela Banda du Dock dans une belle jubilationdéambulatoire (le 20 juillet à 21h) qui emplit lesrues de son énergie sonore, et la CumbiaChicharra, groupe marseillais composé de 12musici<strong>en</strong>s français et chili<strong>en</strong>s, qui vous <strong>en</strong>traîneradans les rythmes <strong>en</strong>diablés de la Cumbia,musique populaire colombi<strong>en</strong>ne qui <strong>en</strong>chantetoute l’Amérique latine (le 20 juillet à 22h30).MARYVONNE COLOMBANIles 19 et 20 juilletJardin Joseph Richaud, Saint-Cannat04 42 57 34 <strong>65</strong>www.festival-bacchanales.comexpérim<strong>en</strong>tés du groupe The Immigrants. Endeuxième partie, la voix rauque et puissanteainsi que l’énergie lég<strong>en</strong>daire de Nina VanHorn <strong>en</strong>flammeront la place de l’Escalet. Le jazzsera à l’honneur le 3 août avec le groupe dejazzm<strong>en</strong>, Massaliazz, trois Marseillais virtuosesdont on apprécie le swing maîtrisé et ingénieuxdu contrebassiste Michel Z<strong>en</strong>ino, du batteurJean-Pierre Arnaud et du saxophoniste OlivierTemime, lauréat du concours Jazz Futur et prixde soliste au tremplin de la Déf<strong>en</strong>se. Lesdernières notes «groovy» du festival serontjouées par le Ronald Baker Quintet quiinterprétera du hard bop, l’association subtileet malicieuse du jazz, du blues et du gospel !Jazz <strong>en</strong> aoûtANNE-LYSE RENAUTThe immigrants © X-D.RBamboo Orchestra © X-D.RLibre et gratuit !Avant de faire vibrer le parc Borély p<strong>en</strong>dant toutun week-<strong>en</strong>d (les 31 août et 1 er septembre), c’estdans les Alpes du Sud qu’Aires Libres poserases platines. Le 21 juillet, le château de Montmauraccueillera principalem<strong>en</strong>t des artistes dela scène locale. Mélangeant swing, électro ou<strong>en</strong>core house oldschool, The Words, Teo Wired,et Seb Richier proposeront des mix audacieux.Le 28 juillet, sur la plage du Ceinturon à Hyèresles-palmiers,le public retrouvera à nouveau desdj locaux comme Alcaline ou Elijah, et de toutela France avec la parisi<strong>en</strong>ne Eva Peel.Une programmation ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t régionaleet de qualité qui se partagera aussi <strong>en</strong> famillegrâce à l’organisation d’ateliers d’arts plastiques,d’initiations au Mix ou <strong>en</strong>core de circuitb<strong>en</strong>ding, à savoir du recyclage musical de jouetssonores !Aires Libresle 21 juilletChâteau de Montmaurle 28 juilletPlage du Ceinturon, Hyères-les-palmiersles 31 août et 1 er septembreParc Borely, Marseillehttp://aireslibres.wordpress.comBravoureet diversitéIls ne voulai<strong>en</strong>t pas décevoir les 2000 spectateursde la première édition, les organisateursdes Zic’Aulnes se sont donc battus contre… lapluie ! Téméraires et convaincus que ce festivalde musiques actuelles doit continuer d’exister,ils programm<strong>en</strong>t donc le 14 septembre la soiréequi devait se dérouler le 18 mai...La formule ne change pas. En plein air, au bordde l’Étang des Aulnes, tout le monde pourraprofiter des musiques éclectiques programmées.Une diversité qui exclut peut être lamixité des g<strong>en</strong>res mais <strong>en</strong> aucun cas des stylesmusicaux. Le groupe Scarecrow s’élancera surla scène porté par l’énergie de son «blues hiphop» atypique. Le duo MC2 pratiquera quant àlui de l’électro-glitch-hop, un savant mélanged’électro, hip hop et de glitch, des rythmesélectroniques produits volontairem<strong>en</strong>t grâce àde petits «bugs» techniques. Il y aura du rock etdu reggae avec PAPET J des Massilia SoundSystem, sans oublier l’inclassable trio acoustiqueP<strong>en</strong>se-Bête alliant la douceur et la forcedu swing manouche, de la valse, du reggae ou<strong>en</strong>core du rock.A.-L.Rdu 1 er au 3 aoûtPlace de l’Escalet, La Ciotat04 42 71 81 25http://jazzconverg<strong>en</strong>ces.comZic’Aulnesle 14 septembreEtang des Aulnes, Saint-Martin-de-Crau06 47 39 99 40www.festival-zicaulnes.com


54AUPROGRAMMEMUSIQUEPiano-Graal !À «La Roque» c’est le Walhalla du piano ! Pour sa 33 eédition, le festival initié par R<strong>en</strong>é Martin accueille sesplus valeureux guerriers, rompus aux chevauchéespianistiques et prêts à plonger, à mains nues, dans lagueule ouverte d’un Steinway. De fameux nomsvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t du monde <strong>en</strong>tier, ou de France si riche <strong>en</strong>virtuoses, de jeunes tal<strong>en</strong>ts aussi… pour demain ?Qu’ils jou<strong>en</strong>t <strong>en</strong> formation classique, avec orchestreou <strong>en</strong> musique de chambre, du clavecin ou du jazz, dupianoforte… on ne s’<strong>en</strong> lasse pas !Un mois durant, pour 90 concerts émaillés de «Nuits»qui se prolong<strong>en</strong>t à leur cœur, de cycles et d’intégrales,de r<strong>en</strong>contres thématiques, de récitals intimesdans l’après-midi ou de grands r<strong>en</strong>dez-vous concertants<strong>en</strong> soirée, on fait la route, si belle, vers les platanesc<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aires du Parc du Château de Florans, sesimm<strong>en</strong>ses gradins et sa conque acoustique, ou vers laCrau et l’Étang des Aulnes et vers bi<strong>en</strong> d’autres lieuxautour du Lubéron et du Pays d’Aix, terrasses de verdure,écrins plus intimes : Gordes, Silvacane, Lambesc,Rognes, Lourmarin, Cucuron, Aix, Mimet. Mêmeles Marseillais sont comblés puisque La Criéeaccueille trois concerts (dont Sokolov le 27 juillet) etl’Opéra municipal le West-Eastern Divan Orchestradirigé par Bar<strong>en</strong>boïm pour une unique date <strong>en</strong> France(le 13 aout) !Alors au choix, on n’a que l’embarras : Kissin, Angelich,Volodos, El Bacha, Tharaud, Berezovsky,Queffelec, Pletnev, Kadouch, Lugansky, Rudy,Hamelin, Diluka, Aimard, Désert, Strosser, Neuburger,Bar-Shaï, Boffard, Le Guay, P<strong>en</strong>netier,Giusiano, Trifonov, Duchâble, Dalberto, Woo Paik,Xiao-Mei , Korobeinikov, Hirose, Laloum, Freire…Une interminable litanie de pianistes classiques à fairerêver, à laquelle s’ajout<strong>en</strong>t les touches contemporainesde Tristano, le swing de Fonseca, Bollani, Enhco,Herman, Terrasson… et pas que du piano ! Avec lesWanderer (trio), les Prazak (quatuor), Kremer, Charlierou Capuçon (violon), Staier ou Cuiller (clavecin)…et de nombreux orchestres v<strong>en</strong>us d’ici et d’ailleurs !On y court… à n’<strong>en</strong> pas digérer !JACQUES FRESCHEL33 e Festival international de pianodu 20 juillet au 20 aoûtLa Roque d’Anthéron04 42 50 51 15www.festival-piano.comUne <strong>en</strong>vie d’expo <strong>en</strong> plein air, de village prov<strong>en</strong>çal àdécouvrir, de musique, de beauté, de fraîcheur ? À 25km d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce, le 2 e Festival Off de Land etCity Art de La Roque d’Anthéron vous att<strong>en</strong>d avecles œuvres de 30 artistes sur 30 lieux.À l’Office du Tourisme, emparez-vous d’un flyer avecle plan des sites, partez pour un peu plus d’une heure,ainsi que dans une chasse aux trésors -les <strong>en</strong>fantsador<strong>en</strong>t-, à la découverte des sculptures contemporainesinstallées dans les jardins du village, des jardinsprivés, dans la vitrine d’un magasin, le jardin du musée,dans le parc de l’Office notarial, dans l’ouvertured’une f<strong>en</strong>être <strong>en</strong> haut d’une maison… toutes les œuvressont visibles de la rue, même du trottoir d’<strong>en</strong>face ! Puis desc<strong>en</strong>dez vers la plaine où sont installéesles œuvres de Land Art. Vous succomberez devantles installations surpr<strong>en</strong>antes installées dans les champsd’oliviers, dans l’îlot délicieusem<strong>en</strong>t poétique de Croqjardin ainsi qu’aux lavoirs-bassins de Silvacane.2 e Festival Off de Land et City Artde 19 juillet au 18 aoûtLa Roque d’AnthéronMusiques au cœur de Prov<strong>en</strong>ceTout au long du mois d’août, l’équipe du Festival d’étéDurance Luberon concocte un programme riche etéclectique qui donne <strong>en</strong>vie d’aller se balader du côtéde Lauris, Puget-sur-Durance, Grambois, Cucuron,Mirabeau, Le Puy-Sainte-Réparade, Saint-Estève-Janson, Lourmarin ou Silvacane : de belles affichesqui propos<strong>en</strong>t de surcroit d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre de nombreuxtal<strong>en</strong>ts issus de la région !La fanfare théâtrale et délirante Les Grooms déambuledans les rues (le 9 août) et revisite Le Roi Arthurpour une vision populaire de l’opéra de Purcell (le 10août) ; c’est Schumann et ses deux merveilleux cyclesde Lieder L’amour et la vie d’une femme et les Amoursdu poète qui sont chantés (Sandrine Sutter, mezzoet Ulrich Studer, baryton) pour une soirée éminemm<strong>en</strong>tromantique (le 13 août) ; c’est l’Académie Bachqui met <strong>en</strong> scène deux cantates du Kantor pour uneespèce d’opéra imaginaire et facétieux (le 17 août) ;c’est Tchoune Tchanelas qui marie les univers de lamusique classique et du flam<strong>en</strong>co (le 21 août). Le DuoDarius Milhaud joue aussi au piano à quatre mainsLe carnaval des animaux et Casse-noisette <strong>en</strong> compagniedu comédi<strong>en</strong> Alain Carré (le 19 août).Mom<strong>en</strong>t fort du festival, on crée pour la première fois<strong>en</strong> France, avec l’<strong>en</strong>semble Ad Fontes et Jan Heiting,au gré de textes livrés par Marie ChristineBarrault, un bel opus de B<strong>en</strong>jamin Britt<strong>en</strong> : The Compagnieof Heav<strong>en</strong> (le 23 août) !Deux «apéros» à 19h ponctu<strong>en</strong>t la manifestation avecle jazz du trio vocal féminin Doodlin’ (le 16 août) etl’opéra chanté par Tatiana Faucounau pour un récitallyrique <strong>en</strong> clôture (les 24 et 25 août).J.F.16 e Festival Durance Luberondu 9 au 25 août06 42 46 02 50www.festival-durance-luberon.comMarc Andre Hamelin © Fran KaufmanSalon desmusiquesComme l’an passé Eric Le Sage, Paul Meyeret Emmanuel Pahud propos<strong>en</strong>t deux programmesquotidi<strong>en</strong>s pour leur FestivalInternational de Musique de Salon-de-Prov<strong>en</strong>ce, l’un à 18h « intime » à l’égliseromane St-Michel, l’autre traditionnellem<strong>en</strong>tà 21h dans la belle Cour R<strong>en</strong>aissancefortifiée du Château de l’Empéri. Un r<strong>en</strong>dez-vousincontournable pour les amateursde musique de chambre depuis plus de vingtans !Cet été on propose «Un voyage <strong>en</strong> Méditerranée»: des œuvres, des programmes,des compositeurs (beaucoup de français) quis’y rattach<strong>en</strong>t des points de vue stylistique,géographique… mais pas que ! Milhaud, Ravel,Turina, Rota, Falla, X<strong>en</strong>akis y trouv<strong>en</strong>t leurplace naturelle. Et quand les interprètes (<strong>en</strong>sus des trois initiateurs) se nomm<strong>en</strong>t NoraGubich, François Leleux, Lisa Batiashvili,Edgar Moreauou Frank Braley(au milieud’une pléiade de virtuoses), on n’hésite paslongtemps !Sur onze journées, deux sont labelliséesMP2013 : les concerts et ciné-concerts sontdonc… gratuits au Kiosque à Musique, surla Place St-Michel ou au Château mêmeoù sera projeté le B<strong>en</strong>-Hur muet de FredNiblo (1925) avec improvisations à l’orgue deThierry Escaich (le 28 juillet), où l’on<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dra aussi le Quatuor Zaïde dans Janaceket Martinu (le 4 juillet).… et VerdiEn part<strong>en</strong>ariats avec France Bleu Prov<strong>en</strong>ceet MP2013, le 6 e festival d’Art Lyriquerepr<strong>en</strong>d le flambeau musical au Château del’Emperi avec trois manifestations pour célébrerl’année Verdi : concert «Jeunestal<strong>en</strong>ts lyriques» et projection du film Verdi,une passion, un destin (le 11 août). La Traviata(ri<strong>en</strong> que ça !) par des jeunes interprètes dela région PACA, le Chœur de l’Opéra deParme et des musici<strong>en</strong>s de l’OrchestreSymphonique des Cantiera d’Arte deReggio Emilia (le 12 août). Enfin avec lesmêmes musici<strong>en</strong>s, un récital «Va p<strong>en</strong>siero»d’extraits de chefs-d’œuvre de Nabucco àOtello (le 14 août).JACQUES FRESCHELMusique à l’EmperiSalon-de-Prov<strong>en</strong>cedu 28 juillet au 8 août04 90 56 00 82www.festival-salon.fr6 e festival d’Art LyriqueSalon-de-Prov<strong>en</strong>cedu 11 au 14 août06 64 24 60 62www.mezzavocesalon.fr/


56AUPROGRAMMECINÉMAFin d’été et Plein SoleilDu 22 au 25 août aura lieu la 10 e édition desR<strong>en</strong>contres Cinématographiques de Cavaillon,organisées par Ciné Plein Soleil aveccomme invité d’honneur le producteur Jean-Louis Livi, auquel sont consacrées uneexposition, Jean Louis Livi, 25 ans de productionet une table ronde. Au cinéma La Cigale,projections et débats animés par XavierLeherpeur, sans oublier un atelier «Stylo etCaméra» pour les jeunes du 12 au 22 août.Le 24, un hommage à Claude Miller réunirases proches Annie et Nathan Miller ainsique ses amis dont Romane Bohringer,Vinc<strong>en</strong>t Rottiers et Yves Angelo. L’occasionde (re)voir L’accompagnatrice ou Je suisheureux que ma mère soit vivante.Le 25 sera consacré à Alain Resnais dont onpourra voir Les Herbes folles <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce deLaur<strong>en</strong>t Herbiet son coscénariste qui prés<strong>en</strong>tera,<strong>en</strong> clôture, son nouveau film Les troissil<strong>en</strong>ces avec Caroline Silhol.ANNIE GAVAAssociation Ciné Plein Soleil06 26 52 42 63www.r<strong>en</strong>contrescine-cavaillon.frL'accompagnatrice de Claude MillerDocs à LussasDu 18 au 24 août se ti<strong>en</strong>dra la 25 e édition desÉtats généraux du film docum<strong>en</strong>taire àLussas, <strong>en</strong> Ardèche. Dans Expéri<strong>en</strong>ces duregard est proposé une vingtaine de films del’espace francophone. Histoire de doc permettrade se r<strong>en</strong>dre compte de la richesseet de la diversité du cinéma belge du XX esiècle. La Route du doc nous emmènera <strong>en</strong>Allemagne pour explorer la production réc<strong>en</strong>tede ce pays. Fragm<strong>en</strong>ts d’une œuvresera consacré à 4 femmes cinéastes, BarbaraMeter, Margaret Tait, Ute Aurand etDrahomira Vihanová.Deux séminaires, Regards philosophiques etla Voie des images, et comme chaque annéeune section Afrique, une journée SCAM, unejournée SACEM, des projections chezl’habitant, des r<strong>en</strong>contres professionnellespermettront aux «docuphiles» de finir l’été<strong>en</strong> beauté.A.G.États généraux du film docum<strong>en</strong>taire04 75 94 28 06www.lussasdoc.org//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////Un été au châteauLe château de la Buzine ne pr<strong>en</strong>d pas decongés d’été ! Bi<strong>en</strong> au contraire, une programmationriche et int<strong>en</strong>se sera prés<strong>en</strong>téeavec trois cycles cinéma. Le premier seraconsacré aux «monstres sacrés» du cinémaque sont Marcel Pagnol et Raimu, incluantla projection de la célèbre trilogie marseillaiseMarius, Fanny et César. À partir du 28juillet, un autre mom<strong>en</strong>t sera dédié auxopéras filmés <strong>en</strong> hommage à Giuseppe Verdi.L’occasion de revivre <strong>en</strong> image les plusbelles créations du XIXe siècle comme LaTraviata à la F<strong>en</strong>ice de V<strong>en</strong>ise (18 août) ou<strong>en</strong>core Otello à la scala de Milan (25 août).Enfin, Septembre <strong>en</strong> mer permettra aupublic d’explorer les fonds marins grâce auxclassiques cinématographiques tels que Lemonde du Sil<strong>en</strong>ce de Jean-Jacques Cousteauou Atlantis de Luc Besson.ANNE-LYSE RENAUTChâteau de la Buzine, Marseille04 91 45 27 60www.chateaudelabuzine.comCiné Plein-AirCiné Plein-Air sillonne douze quartiers deMarseille p<strong>en</strong>dant tout l’été. Une programmationqui a pour but de satisfaire tous lesgoûts mais aussi tous les âges. Il y aura desgrands classiques comme West Side Storyde Robert Wise (26 juillet) et des filmsémouvants comme La guerre est déclaréede Valérie Donzelli (27 juillet) au cœur duquartier du Panier. À la tombée de la nuit,d’autres films animeront les soirées d’été <strong>en</strong>famille comme La Folie des grandeurs deGérard Oury (2 août). Enfin, le docum<strong>en</strong>tairefictionCouleur de peau : Miel, proposera unebelle histoire vraie, film cofinancé par larégion PACA, sur les <strong>en</strong>fants coré<strong>en</strong>s adoptésaprès la guerre de Corée dans lesannées 70 (16 août).A-L.R.Jusqu’au 7 septembreMarseille04 91 91 07 99www.cinetilt.orgWest Side Story de Robert Wise//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////Monte-CristoLe théâtre Sylvain propose de revivre lesav<strong>en</strong>tures du jeune marin Edmond Dantèsau rythme des mélodies de l’OrchestreNational d’Île-de France. Adapté du célèbreroman d’Alexandre Dumas, Monte-Cristode H<strong>en</strong>ri Fescourt (1929) est considérécomme l’un des chefs-d’œuvre du cinémamuet. La projection sous la forme de deuxciné-concerts, les 18 et 19 juillet, sera aussil’occasion d’apprécier la mise <strong>en</strong> musiqueunique de Marc-Olivier Dupin.A-L.R.www.capsur2013.frwww.mp2013.frEscales <strong>en</strong> plein airIl etait une fois dans l’Ouest de Sergio LeoneL’été continue et le tour d’horizon des grandsclassiques cinématographiques aussi : le 17août, projection d’Il était une fois dansl’Ouest de Sergio Leone au parc de la BastideCorsy à Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce. Écrans voyageursprogramme le 6 septembre une nouvelleescale au square Narvik <strong>en</strong> haut des escaliersde la gare Saint-Charles, avec Troisplaces pour le 26 de Jacques Demy, unpériple amoureux et artistique à regarder<strong>en</strong>tre amis ou <strong>en</strong> famille ! Enfin, le 13septembre, à l’église Saint-Vinc<strong>en</strong>t à Roquevaire,La Ruée vers l’or de Charlie Chaplin.Dans le cadre de l’ouverture du FestivalInternational d’Orgue, une improvisationmusicale sera proposée par le pianiste,organiste et chef d’orchestre, Michel Robert.A-L.R.04 91 91 07 99http://ecransvoyageurs.blogspot.fr


Mes nuits sans femmes58RENCONTRESAprès This is [not] Music, MP 2013programme une autre manifestationmajeure populaire sans femmes.Et la mémoire, et le prés<strong>en</strong>t desouvrières ?Cette Nuit industrielle promettait d’être passionnante: patiemm<strong>en</strong>t concoctée par deuxvilles qui sav<strong>en</strong>t y faire <strong>en</strong> matière de réflexionpolitique sur le travail, dans un bassin industrieloù les usines associées ouvr<strong>en</strong>t exceptionnellem<strong>en</strong>tleurs portes, dans un paysage où lamer, l’Étang, les cheminées et la beauté nocturnedes usines éclairées se combin<strong>en</strong>t sanseffort avec le charme d’un c<strong>en</strong>tre-ville prov<strong>en</strong>çal…Mais comm<strong>en</strong>t est-il possible de proposerle travail de 28 créateurs dans tous les g<strong>en</strong>res,dont UNE SEULE femme ? Pour la musique lecompte est clair : des concerts (Gari Gréu, Dupain,Juli<strong>en</strong> Lourau et Simbad, James Fordet Jas Shaw) jusqu’aux Dj’s embarqués sur desbateaux (Lefto, Mars Blackmon, Dj Oïl, DjPaul) tous sont des hommes, musici<strong>en</strong>s desciné-concerts compris (Dupain <strong>en</strong>core, JeanJacques Lion et Phil Spectrum). Les films sontaussi des œuvres d’homme, de Chaplin àEmmanuel Vigne et Juli<strong>en</strong> Chesnel. Lesinstallations et arts visuels aussi, fait plusrare : Topophonia (Mathieu Immer et B<strong>en</strong>jaminLahitte), Hysterical Machine (Bill Vorn),une installation d’Edouard Levine, une expositionphoto d’Alain Sauvan. Pour les spectaclesle compte est un peu plus délicat : si à Portde-Boucle solo écrit mis <strong>en</strong> scène et joué parPaul Fructus n’est pas ambigu à ce titre, lestrois spectacles proposés par les Salins à Martiguesmett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> scène quelques femmes,mais sont tous écrits et dirigés par des hommes,d’ailleurs très majoritaires aussi dans lesdistributions : Rochus Aert orchestre électroniqueet visuel, Espèce H très beau spectaclede Metalovoice écrit par trois auteurs hommes(Sampiero, Durif, Calcano), Pipototal où debelles machineries industrielles, fabriquées pardes hommes et conçues par Philippe Geoffroy,trimball<strong>en</strong>t aussi quelques femmes…<strong>en</strong>cagées !Quant aux visites guidées des sites industriels,elles sont animées par le comédi<strong>en</strong>/auteurBertrand Bossart. Mais peut-être y aura-t-ilquelques femmes <strong>en</strong> hôtesses d’accueil ? Juliede Muer, seule artistE de la programmation,propose quant à elle des prom<strong>en</strong>ades sonores,à la découverte des paysages et des mémoires.Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du nous ne voulons dissuader personned’aller à la Nuit industrielle : parmitoutes ces propositions nombre sont intéressantes,passionnantes même, chacun desartistes hommes n’est pour ri<strong>en</strong> dans ce choixexclusif de programmateur ! La Nuit industrielledevra être un mom<strong>en</strong>t réussi et importantde la Capitale. Mais comme nous déplorionsque This is [not] music, temps fort des culturesurbaines, ait été si masculin, nous regrettonsamèrem<strong>en</strong>t que ce temps politique, où l’art seplonge dans les problématiques du travailindustriel, soit aveugle à l’évid<strong>en</strong>ce de l’abs<strong>en</strong>cedes femmes. Les deux axes bleu detravail «rétro», et bleu électrique «futuriste»ni<strong>en</strong>t à la fois le travail de nos mères, si malpayées et malm<strong>en</strong>ées, et celui de nos écoles,qui se batt<strong>en</strong>t pour que les filles cess<strong>en</strong>t des’interdire les filières industrielles…AGNÈS FRESCHELLa Nuit industrielle aura lieu à Martigueset Port-de-Bouc le 31 août à partir de 18h.Conditions d’accès et de circulation réglem<strong>en</strong>tées,accès aux sites sur réservation, la plupart desmanifestations sont à <strong>en</strong>trée libre.ToutesoreillesdehorsDepuis plus de tr<strong>en</strong>te ans, RadioGr<strong>en</strong>ouille n’<strong>en</strong> finit pas d’explorerle champ des possibles radiophoniques,toujours un peu <strong>en</strong> dehorsdes clous, résolum<strong>en</strong>t hors desCampeo Croix-sainte © Radio Gr<strong>en</strong>ouilles<strong>en</strong>tiers battus. La radio associativeculturelle marseillaise se plaîtainsi à expérim<strong>en</strong>ter des pratiquessonores créatives, afin demettre <strong>en</strong> question et <strong>en</strong> récit leterritoire ; un territoire dont sesauteurs, docum<strong>en</strong>taristes et réalisateursscrut<strong>en</strong>t, de leur regarddécalé et s<strong>en</strong>sible, les <strong>en</strong>jeux etles usages. Les quarante prom<strong>en</strong>adessonores qui ont récemm<strong>en</strong>tvu le jour (les premières ont étéinaugurées <strong>en</strong> même temps quele GR2013) vont dans le mêmes<strong>en</strong>s : il s’agit, au gré de ces «parcourssonores», d’«arp<strong>en</strong>ter etécouter autrem<strong>en</strong>t le territoire deMarseille-Prov<strong>en</strong>ce», de poser unregard neuf sur des lieux connusmais aussi (et surtout ?) d’explorerdes <strong>en</strong>droits méconnus. Lié àla marche, le voyage sonore permetde ral<strong>en</strong>tir, de changer d’échelle,de se glisser dans les intersticesde la ville et de ses al<strong>en</strong>tours. Uneexpéri<strong>en</strong>ce physique, s<strong>en</strong>sorielle,à vivre casque, mobile ou MP3 àl’oreille, guidé par les voix deceux qui ont préparé ces itinéraires: artistes, docum<strong>en</strong>taristeset auteurs de Radio Gr<strong>en</strong>ouille,habitants…Ce projet original est né alors queMarseille v<strong>en</strong>ait de poser sa candidaturepour dev<strong>en</strong>ir «capitaleculturelle». Qu’est-ce qu’une villequi devi<strong>en</strong>t «capitale culturelle» ?Comm<strong>en</strong>t ses habitants la regard<strong>en</strong>t-ils? Comm<strong>en</strong>t sera-t-elleregardée par tous ceux qui vi<strong>en</strong>drontla visiter ? Ces questionstous, à Radio Gr<strong>en</strong>ouille, se lessont posées. Deux prom<strong>en</strong>adespilotes ont alors été conçues, leprojet a été validé. La subv<strong>en</strong>tionMP2013 a permis la réalisation desquarante prom<strong>en</strong>ades sonores, dontquelques-unes rest<strong>en</strong>t à finaliser ;un autre financem<strong>en</strong>t, du Ministèrede la Culture, a aidé au développem<strong>en</strong>td’une plateforme webpér<strong>en</strong>ne ; car le projet a vocationà durer et à s’ét<strong>en</strong>dre sur d’autresterritoires.Pour suivre un de ces parcours(tous accessibles <strong>en</strong> transportscollectifs), ri<strong>en</strong> de plus simple. Ilsuffit de se r<strong>en</strong>dre sur le site, desélectionner une prom<strong>en</strong>ade, dela télécharger gratuitem<strong>en</strong>t etd’aller l’écouter in situ. Les prom<strong>en</strong>adesdur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre tr<strong>en</strong>teminutes et une heure. Elles sonttrès variées, dans les lieux, lesapproches, les thématiques. Afind’aider au choix (forcém<strong>en</strong>t difficile),un astucieux système depictogrammes a été mis <strong>en</strong> place ;on trouve égalem<strong>en</strong>t sur le siteun résumé de chacune d’elles, unecourte biographie de son auteur,des extraits, des diaporamas. Sion craint de se perdre, des cartessont disponibles. Et une fois labalade terminée, on peut ajouterdes comm<strong>en</strong>taires, des photos…Un projet collaboratif donc, bi<strong>en</strong>dans l’esprit de l’équipe de RadioGr<strong>en</strong>ouille, pour qui le partagedes points de vue constitue lecim<strong>en</strong>t des lieux.FRED ROBERTwww.prom<strong>en</strong>ades-sonores.comMerci à Pauline Gervais, AdelineDebatisse et Xavier Thomas pourleurs réponses et leurdocum<strong>en</strong>tation


60SCIENCESLa mondialisation,voyage immobileMarseille a accueilli durant la 1 ère semaine de juillet sociologues et chercheurs<strong>en</strong> sci<strong>en</strong>ces sociales lors d’une université d’été sur le thème des Dominations etrésistances. Cinq jours extrêmem<strong>en</strong>t riches, tant par la variété des interv<strong>en</strong>antsv<strong>en</strong>us du Québec, d’Égypte, du Sénégal ou de Belgique, que par la qualité descont<strong>en</strong>us. Lors de la journée de clôture, on a ainsi eu le plaisir d’écouter AnneCatherine Wagner rappeler que l’apparition d’une classe dominante cosmopolite,unie par un même capital culturel et un mode de vie standardisé n’est pas propreau libéralisme contemporain : les aristocraties du XVIII e siècle marquai<strong>en</strong>t ainsileur distance avec les basses classes, tout comme c’était le cas dans l’Antiquitéromaine.Puis ce fut au tour de Roland Gori de s’exprimer sur le caractère insidieux de ladominance moderne, qui esquive le débat citoy<strong>en</strong> <strong>en</strong> multipliant normes etdécrets : «L’évaluation est un moy<strong>en</strong> de faire intérioriser des ordres sans <strong>en</strong> avoirl’air, tout <strong>en</strong> leur donnant l’appar<strong>en</strong>ce de l’objectivité.» Selon lui, les dispositifss’impos<strong>en</strong>t moins au sujet qu’ils ne le fabriqu<strong>en</strong>t, opérant une véritable mise soustutelle avec ass<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de l’individu. Mais il insiste : il n’y a aucune raisond’accepter ce diktat.Dans la même recherche des lignes de force de l’émancipation, on constate avecplaisir que les sci<strong>en</strong>ces sociales balai<strong>en</strong>t devant leur porte : Philippe Corcuff parexemple déplore certains travers de groupes auto-proclamés «capables» s’étantdonné pour mission de transmettre la p<strong>en</strong>sée critique aux «incapables»(compr<strong>en</strong>dre les non-intellectuels !). Le capitalisme mondialisé stimule les désirsindividuels sans jamais les satisfaire, car il n’existe que dans la marchandisation :il génère de la frustration. Mais cantonner le sujet à la frustration, c’est déniersa capacité d’autonomie, son imagination, c’est «aplatir la critique sous l’idée desouffrance». Nous adoptons sans hésiter sa conclusion : cultiver ses imaginaires,c’est de la résistance.GAËLLE CLOARECLa 4 e université d’été <strong>en</strong> sociologie et sci<strong>en</strong>ces sociales du RéDoc s’est t<strong>en</strong>ue du 1 er au 5 juilletau Campus Saint-Charles, Marseille© Gaelle CloarecDe lumière eL’eau et la lumière, thèmes chers au cœur desvacanciers, sont à l’honneur pour l’année Capitale :parallèlem<strong>en</strong>t à l’exposition le Grand Atelier duMidi qui souligne combi<strong>en</strong> la lumière de laMéditerranée fut à la source de la modernité <strong>en</strong>peinture, (voir Peindre au soleil Zib’64 et De Cézanneà Matisse : notre id<strong>en</strong>tité culturelle ? Zib’63), deuxexpositions sci<strong>en</strong>tifiques invit<strong>en</strong>t à des parcoursdidactiques et ludiques autour de ces élém<strong>en</strong>tsnaturels nécessaires au développem<strong>en</strong>t de la vie.Lumière au palais LongchampSource d’inspiration, objet de mystères, la lumièrequestionne aussi le sci<strong>en</strong>tifique : quel rôle joue-telledans l’av<strong>en</strong>ture du vivant ? Dans notre viequotidi<strong>en</strong>ne ? Comm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> percer les mystères ?Comm<strong>en</strong>t la produire, transformer son énergie ?Comm<strong>en</strong>t décoder les messages qu’elle véhiculedepuis ses sources les plus proches aux plus éloignéesde l’Univers… Autant de questions auxquellesles chercheurs de l’Institut Pythéas et les ingénieurset industriels du pôle de compétitivité OPTITECt<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d’apporter des réponses dans l’expositionLumières, accueillie par le Muséum d’histoire naturellede Marseille. Cet événem<strong>en</strong>t de culturesci<strong>en</strong>tifique et technique s’<strong>en</strong>richit d’un voletartistique avec Blue Morph, une installation interactivede Victoria Vesna (<strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce d’artiste àl’IMERA) qui invite le visiteur à changer sa perceptiondes sons et images <strong>en</strong> <strong>en</strong>trant dans l’univers dela métamorphose du papillon, ainsi que desinstallations vidéo : Volta de Luce Moreau et Lighthousein the Sea of Time de Zineb Sedira visibles auMAC dans le cadre de l’exposition Le Pont. L’<strong>en</strong>sembleest conséqu<strong>en</strong>t et très bi<strong>en</strong> docum<strong>en</strong>té,mais… La distance n’est pas grande <strong>en</strong>tre le Muséedes Beaux-Arts (voir De Van Gogh à Bonnard) et leMuséum d’histoire naturelle et on regrette cettecoexist<strong>en</strong>ce passive <strong>en</strong>tre les deux ailes du bâtim<strong>en</strong>t ;pour éclairer ce vaste sujet, l’occasion était belle deconfronter les regards d’artistes et de sci<strong>en</strong>tifiques,à l’abri de la colonnade circulaire du Palais Longchamp…Eau à GardanneSi le Palais Longchamp est le lieu de l’arrivée deseaux de Marseille… c’est à Gardanne que le thèmeExposition Tribul@tions d’une goutte d’eau © Christian Pirozelli


t d’eaude l’eau est à la fête cet été. Ceterritoire riche d’une longuehistoire industrielle est particulièrem<strong>en</strong>tmarqué par l’empreintede l’eau. La municipalité y mèneune politique <strong>en</strong>gagée pour déf<strong>en</strong>drela Culture Sci<strong>en</strong>tifiqueTechnique et Industrielle et proposeaux visiteurs une randonnéeurbaine <strong>en</strong> 15 étapes à la découvertede l’eau : H 2 O-Gardanne,guidée par une application smartphonedéveloppée par des élèvesingénieurs du site Georges Charpakde l’école des mines de Saint-Eti<strong>en</strong>ne (co-production MP2013).Au gré des chemins, l’applicationaide à découvrir les usages relatifsà l’eau ainsi que le patrimoinebâti (fontaines, noria, lavoir…),à compr<strong>en</strong>dre les caractéristiqueshydrogéologiques de la communeet les importants aménagem<strong>en</strong>tsréalisés sur le réseau des coursd’eau. La dernière étape -et nonla moindre- conduit au puits Morandat,carreau de la mine decharbon dont l’activité a cessé <strong>en</strong>2003, site acquis par la Ville deGardanne pour y développer unpôle économique et culturel. On ydécouvre (dans les anci<strong>en</strong>s vestiairesdes mineurs) une expositioninteractive, Tribul@tions d’unegoutte d’eau, permettant de seglisser dans la peau d’une goutted’eau, pour explorer toutes lesfacettes du précieux liquide. Etavec un peu de chance, on peutse laisser guider sur le site par unanci<strong>en</strong> mineur de fond… passionnant!CHRISTINE MONTIXILumièresdu 28 juin au 5 janvierMuséum d’histoire naturellede MarseillePalais Longchamp04 91 14 59 50www.museum-marseille.orgTribul@tions d’une goutte d’eaujusqu’au 4 aoûtPuits Morandat, Gardanne04 42 51 70 31www.ville-gardanne.frObservation du ciel par un amateur avec son telescope, juillet 2010 © JL. Dauvergne/Ciel et Espace PhotosAGENDALa Nuit des étoilesCette année, ne manquez pas Les Nuits desétoiles ! Le thème 2013 ret<strong>en</strong>u par l’AssociationFrançaise d’Astronomie, Les distancesdans l’Univers, sera décliné un peu partout <strong>en</strong>France et à l’étranger, et vous permettra decontempler la voûte étoilée sur des c<strong>en</strong>tainesde sites.du 9 au 11 août01 45 89 81 44www.afanet.fr/nuits/Trous noirs et galaxiesDeux confér<strong>en</strong>ces auront lieu le même soir àSaint-Michel l’Observatoire : Un vibrant Univers,prés<strong>en</strong>tée par la spécialiste des hautesénergies dans l’espace Isabelle Gr<strong>en</strong>ier, et Lasci<strong>en</strong>ce, une ambition pour la France, par ledécouvreur des anneaux de Neptune AndréBrahic.le 23 aoûtC<strong>en</strong>tre d’Astronomie, Saint-Michel l’Observatoire04 92 76 69 09www.c<strong>en</strong>tre-astro.fr


62PATRIMOINELe visage de l’autreLa nouvelle exposition temporairedu musée de Quinson, L’id<strong>en</strong>titéretrouvée, nous plonge dans ununivers qui ti<strong>en</strong>t à la fois du manueldu biologiste, de l’anatomiste, dudétective, du paléontologue et dusculpteur. Composée au départpour le musée départem<strong>en</strong>tal dePréhistoire d’Île de France <strong>en</strong>2012, cette exceptionnelle expositionvoyage pour la premièrefois. On <strong>en</strong>tre dans l’univers dutravail d’Élisabeth Daynès. D’abordil y a son atelier, véritable cabinetdes curiosités, si hétéroclite estle fouillis d’objets qui le compose, E. Daynes et l'homme de Cerny © Photo S. Entressangle et E.Daynestable d’anatomie, fragm<strong>en</strong>ts d’ossem<strong>en</strong>ts,outils de travail, celui pologique des fossiles, selon lespremier lieu, une étude anthro-<strong>en</strong> cours, piqueté d’étranges repères,livres de référ<strong>en</strong>ce, moulages, légales pour déterminer l’âge, leprincipes des méthodes médico-photographies, dont certaines sexe, l’alim<strong>en</strong>tation, les conditionsde la mort, le lieu d’habitattrès ludiques : Néandertal avec deslunettes ! Un savant très convaincant! On s’attarde devant deux res, comme de petites allumettes,de l’individu, etc ; puis des repè-planches qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t des sont posés sur le crâne pour reconstituerles parties molles (peaumoulages de bouches et de nez,les parties les plus difficiles à et muscles) qui ont des mesuresrecomposer. Face à l’atelier de la standard, on aboutit à une têtesculptrice, l’antre du médecin d’écorché, avec les muscles, leslégal, le docteur Jean-Noël Vignal,part<strong>en</strong>aire ess<strong>en</strong>tiel des le tout. Silicone, puis moule (<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dons, la peau recouvre <strong>en</strong>suitetravaux de l’artiste. Le travail de collaboration avec Rhône Poul<strong>en</strong>c)…pour la reconstitution dereconstitution des corps et desvisages de nos ancêtres hominidésest long, précis, érudit. En Daynès pr<strong>en</strong>d conseil auprèsla couleur de la peau, ÉlisabethdesC<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aireIl y eut une première loi le 30 mars 1887 concernantles monum<strong>en</strong>ts historiques et leur protection.Elle manifestait d’une première prise de consci<strong>en</strong>ce(cim<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>titaire rassemblant autour de la notionde nation après la révolution française), mais c’estle 30 décembre 1913 que la loi sur les monum<strong>en</strong>tshistoriques instaure par un ancrage dans l’appareiljuridique une réelle politique du patrimoine. À partirde cette loi, pourra se développer une réflexion surVisuel Journees du patrimoine © JEP 2013sci<strong>en</strong>tifiques ; de même pour lesyeux et les cheveux qu’elle implanteun à un avec une aiguille,ce qui représ<strong>en</strong>te un mois detravail ! Le résultat, des regardsqui vous accroch<strong>en</strong>t, des physionomiesvraies. Nous sommes fac<strong>en</strong>on plus à des vestiges obscurs,mais des êtres dotés d’une extraordinaireexpressivité dans unevéritable r<strong>en</strong>contre. Fascinant !MARYVONNE COLOMBANIl’évolution de la notion même de patrimoine qui,<strong>en</strong>fin inscrit dans un cadre législatif, trouve unelégitimité. Cette année fête le c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de cetteloi qui a bi<strong>en</strong> sûr évolué, s’est développée, et amême adopté depuis peu le patrimoine immatériel(<strong>en</strong> 2003 par la conv<strong>en</strong>tion de l’UNESCO). Bibliothèques,archives, musées, monum<strong>en</strong>ts historiquesse mobilis<strong>en</strong>t pour prés<strong>en</strong>ter leurs fonds, proposerdes parcours originaux, souv<strong>en</strong>t inédits. Cette annéefait place au «patrimoine virtuel». La médiationinteractive permet une appréh<strong>en</strong>sion plus accessibledes lieux, de leur histoire par des reconstitutions,des animations <strong>en</strong> 3D par, des jeux vidéo ou des applicationsde «réalité augm<strong>en</strong>tée». C<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aireoblige, l’édition des journées du patrimoine de cetteannée cherchera à mettre <strong>en</strong> avant l’histoire dessites, des collections, ainsi que celle de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tdes différ<strong>en</strong>ts acteurs qui déf<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t,prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t ces joyaux qui sont notre mémoirecommune.M.C.les 14 et 15 septembrewww.journeesdupatrimoine.culture.fr/L’id<strong>en</strong>tité retrouvéejusqu’au 1 er décembreMusée de Préhistoire, Quinson04 92 74 09 59www.museeprehistoire.comGiono’sfri<strong>en</strong>dsJean Giono est tant lié à la Prov<strong>en</strong>cedes Collines, à Manosqueoù est son Paraïs et où toutes lesrues parfois s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t son écriture,à Pascal et au cinéma de Pagnolpour le meilleur et pour le pire,qu’on <strong>en</strong> oublie parfois qu’il futaussi un grand américanophile,ferv<strong>en</strong>t admirateur de Miller, trèsinflu<strong>en</strong>cé par les recherches narrativesde Faulkner après la guerre,fan de western et de jazz… etgrand connaisseur de toute lalittérature américaine, de Poe àChester Himes. Lui même fut traduit<strong>en</strong> américain dès 1929, etaccompagna aussi le parcours deces écrivains qu’il admirait…La maison Giono <strong>en</strong> sa ville natalemet <strong>en</strong> lumières cet aspectméconnu de ses influ<strong>en</strong>ces, <strong>en</strong>cinq journées d’été chargées etpassionnantes : r<strong>en</strong>contres, lecturescomparées, colloques, caféslittéraires, spectacles, westerns etconcerts sont au programme,toute la journée à partir de 10h,sous le patronage actif d’EdmundWhite, jusqu’à la dernière journéeconsacrée au Mexique.Parce que Giono aimait aussi lesPrécolombi<strong>en</strong>s ! A.F.Giono-des-AmériquesR<strong>en</strong>contres Giono 2013du 1 er au 5 aoûtThéâtre Jean le Bleu, Manosque04 92 87 73 03www.r<strong>en</strong>contresgiono.fr© D<strong>en</strong>ise Bellon– Fonds D<strong>en</strong>ise Bellon– Les Films de l’Equinoxe

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