12.07.2015 Views

Zibeline n°26 en PDF

Zibeline n°26 en PDF

Zibeline n°26 en PDF

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Marseille investit pourLa Ville de Marseille annonce des investissem<strong>en</strong>ts culturelssans précéd<strong>en</strong>ts d’ici 2013. Pour ses lieux de spectacles,mais surtout pour ses musées et son patrimoine. Daniel Hermann,élu à la Culture, nous explique ce changem<strong>en</strong>t de politique<strong>Zibeline</strong> : Que se passe-t-il à Marseille ? Est-il vrai quela Ville va investir dans son patrimoine ?Daniel Hermann : Oui. Il y a un vrai changem<strong>en</strong>t depolitique, qui était nécessaire. Une ville historique, laplus vieille de France, qui ne s’appuie pas sur sonpatrimoine passe à côté d’elle-même. Comm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>visager2013 sans un grand lieu d’exposition, sans rénover leMusée des Beaux-Arts, sans un pôle d’Art contemporainà la Friche ? Et au-delà de 2013, il est temps queMarseille s’embellisse des marques de son histoire, etconstruise pour ses habitants, et pour les touristes aussi,un axe qui relie le MuCEM et la Friche <strong>en</strong> passant parLongchamp, le musée d’histoire, le mémorial de laMarseillaise. Avec un crochet par le Musée Borély…Pourquoi ces investissem<strong>en</strong>ts, si ess<strong>en</strong>tiels, ne se sontpas faits avant ?On ne va pas remonter l’histoire, ce qui est fait est fait…Il est vrai que Marseille a manqué d’aides de la part del’État ou des collectivités territoriales, mais il est vraiaussi que cette idée d’investir dans le patrimoine àMarseille est nouvelle, que la Ville, même à l’intérieur deMarseille Prov<strong>en</strong>ce 2013, est perçue comme la capitaledes arts de la rue plutôt que comme une ville antique,par exemple. Ce qu’elle est pourtant, et le muséed’Histoire recèle des trésors qu’il faut mettre <strong>en</strong> valeur.La Ville a investi dans les arts de la rue, les friches, lethéâtre Nono… ce qui est bi<strong>en</strong>, mais aujourd’huiMarseille doit absolum<strong>en</strong>t se réapproprier sonpatrimoine.Vous voulez donc un changem<strong>en</strong>t radical de politiqueculturelle ?En quelque sorte, mais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dez-moi bi<strong>en</strong>, parce qu’ona vite fait de mal me compr<strong>en</strong>dre : il faut continuer danscette voie aussi. Il n’est pas question de transférer lesinvestissem<strong>en</strong>ts des arts de la rue vers le musée desBeaux-Arts par exemple, il est question d’investir////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////Prévision des investissem<strong>en</strong>ts d’ici 2013(arrondis <strong>en</strong> millions d’euros, sous réserve d’ajustem<strong>en</strong>ts)Tableau non exhaustif (investissem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> cours)Type Fonction Part de la Ville Coût totalMuCEM Construction Musée de civilisation 15 M€ 146 M€Silo Construction Salle de spectacles 31 M€ 31 M€Cité des Artsde la rueLa FricheConstruction Lieu de création 11.3 M€ 23 M€Restructurationet constructionLieu de création 10 M€ 30 M€Mémorialde la MarseillaiseRestructurationet constructionMusée/spectacle(hymne national)4.2 M€ 4.2 M€Fortin de Corbières Restauration Musée 2.1 M€ 2.1 M€Château de la Buzine RestaurationCinémathèque,musée Pagnol8.5 M€ 8.5 M€Château Borély Restauration Musée des arts décoratifs À définir 22.5 M€Palais Longchamp Restauration Musée des Beaux-Arts À définir 4.7 M€Palais Carli Restauration Conservatoire de musique À définir 5 M€


2013, et aprèsDaniel Hermann © Agnès Mellondavantage ! Les investissem<strong>en</strong>ts dela Ville vers la Friche, par exemple,seront sans précéd<strong>en</strong>t ; au niveaudes lieux de spectacle vivant la Villereconstruit la Minoterie, le Silo, unpôle instrum<strong>en</strong>tal contemporain, unpôle chorégraphique… Nous restauronsl’Odéon, l’Opéra, la Criée…Est-ce que ces investissem<strong>en</strong>ts vonts’accompagner d’une diminution dessubv<strong>en</strong>tions des associations culturelles?Je m’y suis <strong>en</strong>gagé, j’ai t<strong>en</strong>u mapromesse : il n’est pas question dediminuer les budgets de fonctionnem<strong>en</strong>tde la culture… Les subv<strong>en</strong>tionsseront même augm<strong>en</strong>tées d’ici 2013,le tissu culturel <strong>en</strong> a besoin.Comm<strong>en</strong>t est-ce possible ? Lesvolumes d’investissem<strong>en</strong>t que vousnous avez communiqués (voirtableau) sont très importants… Oùallez-vous les trouver ?Oui, cela s’élèvera très certainem<strong>en</strong>tà plus de 120 millions. C’est un efforttrès important de la Ville, mais elleest prête à le faire, et elle le peut sicela devi<strong>en</strong>t sa priorité. On comm<strong>en</strong>cevraim<strong>en</strong>t à m’écouter, àcompr<strong>en</strong>dre, d’après les audits qu’ona fait faire, que la Ville a tout intérêtà investir dans le patrimoineculturel. Parce que cela va donner dutravail aux <strong>en</strong>treprises, faire v<strong>en</strong>ir dumonde, faire rayonner Marseillecomme elle le mérite. C’est un vraivirage que nous amorçons, et il fautle pr<strong>en</strong>dre vite… sans déraper !Pour 2013, avez-vous des projetsque vous déf<strong>en</strong>dez ?Notre rôle pour la CapitaleEuropé<strong>en</strong>ne de la Culture est demettre les lieux à disposition. Nousne décidons <strong>en</strong> aucun cas deslabellisations de projets, même sinous devons avoir une idée dès àprés<strong>en</strong>t, pour des raisons pratiques,de ce qui sera fait, et nécessite deséquipem<strong>en</strong>ts sur le long terme.L’ess<strong>en</strong>tiel du cont<strong>en</strong>u du projetartistique ne sera fixé qu’<strong>en</strong> fin2010, début 2011 pour le détail.C’est le Conseil d’Administration de2013, auquel nous participons, maissans prépondérance, qui décidera…ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHELCe tableau ne compr<strong>en</strong>d pas :les investissem<strong>en</strong>ts deconstruction ou restructurationde la Minoterie, des StudiosKelem<strong>en</strong>is, du Pôle instrum<strong>en</strong>taldu Riaux les travauxd’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, d’ext<strong>en</strong>sionet de mise aux normesdes lieux existants (Criée,Opéra, Odéon), les investissem<strong>en</strong>tsnécessaires pourla muséographie des différ<strong>en</strong>tslieux, <strong>en</strong> particulier du Muséed’Histoire, et des nouveauxlieux muséaux.


L’hivernal faitCe seront ses premières Hivernales :Emmanuel Serafini, nommé directeur du c<strong>en</strong>trechorégraphique, créé à Avignon il y a plus detr<strong>en</strong>te ans par Amélie Grand, souhaite poursuivrele festival sur sa lancée, et développerune politique culturelle annuelle qui <strong>en</strong> seraitle prolongem<strong>en</strong>t. Il explique son parcours,son projet, sa programmationManta de Héla Fattoumi © Laur<strong>en</strong>t Philippe<strong>Zibeline</strong> : Vous avez été nommé à ce poste de direction du C<strong>en</strong>tre deDéveloppem<strong>en</strong>t Chorégraphique après un appel d’offre lancé par les tutelles.Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?Emmanuel Serafini : Il est atypique : j’ai comm<strong>en</strong>cé très jeune plutôt du côtéscène, <strong>en</strong> étant danseur vers 6 ans, <strong>en</strong> pratiquant le chant choral à 12. Puis jesuis dev<strong>en</strong>u baryton, j’ai pris des cours de théâtre… J’ai réussi le concours del’ENSATT (École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre ndlr), etje me suis <strong>en</strong>suite ori<strong>en</strong>té vers l’administration culturelle, avec des compagniescomme celle de Brigitte Jacques, <strong>en</strong>suite Daniel Larrieu. J’ai monté un bureaude production de spectacle vivant, avec des g<strong>en</strong>s comme Grand Magasin, HélaFattoumi… Dans ce cadre j’ai adhéré au SYNDEAC (Syndicat National desEntreprises Artistiques et Culturelles ndlr), je suis dev<strong>en</strong>u membre du conseilnational puis secrétaire national… puis j’ai eu <strong>en</strong>vie de rev<strong>en</strong>ir vers l’artistique.J’ai donc répondu à cet appel d’offre.Votre parcours explique donc votre volonté d’ouverture à d’autres pratiques etd’autres arts, à une activité multiforme, et au débat.Ces portes étai<strong>en</strong>t déjà largem<strong>en</strong>t ouvertes par Amélie Grand ! Avec l’énergiequi la caractérise elle avait proclamé les Hivernales C<strong>en</strong>tre de Développem<strong>en</strong>tChorégraphique. Appellation et statut qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tout leur s<strong>en</strong>s aujourd’hui :elle avait raison !Mais qu’est-ce qu’un CDC ?Une structure vague, mais qui risque bi<strong>en</strong> de pr<strong>en</strong>dre corps, <strong>en</strong>fin ! Il y a 8 CDC<strong>en</strong> France -plus deux <strong>en</strong> cours et un à Ouagadougou, celui de Salia nï Seydou-,mais seul Toulouse a officiellem<strong>en</strong>t le label depuis 95. Il s’agit d’une structureintermédiaire dirigée non par un artiste comme les C<strong>en</strong>tres ChorégraphiquesNationaux (comme le Ballet Preljocaj, ou le Ballet National de Marseille ndlr),mais par un directeur. La différ<strong>en</strong>ce est la même qu’<strong>en</strong>tre un C<strong>en</strong>tre DramatiqueNational (comme la Criée ndlr) et une Scène Nationale. Un texte cadre précisantnos missions, et, nous l’espérons, augm<strong>en</strong>tant <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce nos crédits, est<strong>en</strong> cours d’élaboration au Ministère. Si les Entreti<strong>en</strong>s de Valois ont servi à quelquechose, c’est à montrer cette nécessité de structures intermédiaires vouées audéveloppem<strong>en</strong>t des projets artistiques. Le réseau des CDC mis <strong>en</strong> place depuis1995 par la volonté des directeurs locaux préfigurait vraim<strong>en</strong>t ce qui est perçu


LES HIVERNALESPOLITIQUE CULTURELLE09peau neuveaujourd’hui comme un besoin.Vous dites espérer plus de moy<strong>en</strong>s.Quels sont-ils actuellem<strong>en</strong>t ?Nous n’avons hélas pas les moy<strong>en</strong>s deproduire des spectacles. Nous les accompagnons,les programmons, aidonsà la création et surtout à la diffusion,mais ne pouvons coproduire… Pourtant,sur nos 900 000 € de budget,450 000 € sont des recettes propres.Nous avons 50% d’autofinancem<strong>en</strong>t cequi est extrêmem<strong>en</strong>t rare dans lesstructures culturelles. Mais l’<strong>en</strong>semblecouvre à peine nos frais fixes de fonctionnem<strong>en</strong>t,et les subv<strong>en</strong>tions ne nouspermett<strong>en</strong>t que de faire de l’achat despectacles.Comm<strong>en</strong>t souhaitez-vous ori<strong>en</strong>ter lapolitique des Hivernales ?En développant et <strong>en</strong> prolongeantl’œuvre d’Amélie Grand. En int<strong>en</strong>sifiantl’idée d’un training régulier du danseur.En poursuivant les stages durantles vacances scolaires : nous disp<strong>en</strong>sonscette année 350 heures de stagede tout niveau, pour tout public, danstous les types de danse… En poursuivantl’ouverture vers d’autres pratiques:le théâtre avec Eric Lacascade, l’opéraavec Michel Rostain. En instaurant lesLundis au soleil, temps de réflexion etde r<strong>en</strong>contre régulier, qui devrait nouspermettre de faire v<strong>en</strong>ir davantage deg<strong>en</strong>s <strong>en</strong>core vers la danse.Et au niveau de la programmation ?Nous avons la chance d’avoir deux lieuxde spectacle, ce qui n’est pas le cas detous les CDC, qui sont souv<strong>en</strong>thébergés… J’aimerais parv<strong>en</strong>ir à différ<strong>en</strong>cierdans l’esprit des g<strong>en</strong>s lesHivernales, grand festival d’hiver,historique, et le CDC, qui a vocation àprogrammer toute l’année, avec unplateau double ouvert aux compagniesinterrégionales (Avignon est au carrefourde trois régions ndlr) durant leFestival d’Avignon, et tout au long del’année. Au-delà de cette activitérégulière de stage et de réflexion, etde la programmation d’été, j’aimeraisque février devi<strong>en</strong>ne un grand mois dela danse. Si Dieu nous prête vie -il paraitqu’il le fait <strong>en</strong>core- et subv<strong>en</strong>tions.Votre programmation est cette annéeess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t africaine. Pourquoi ?Je veux prolonger l’idée d’une thématiquequi traversera les Hivernales,comme le faisait Amélie Grand. Il y aaussi dans cette édition des coups decœur, un souti<strong>en</strong> à des compagniesrégionales comme celle de Thierry Baëou de Christophe Haleb qui ont besoinde cette visibilité. Mais l’<strong>en</strong>semble dela programmation est tournée versl’Afrique au s<strong>en</strong>s large : le Maghreb,l’Afrique sub-sahari<strong>en</strong>ne et le ProcheOri<strong>en</strong>t, et aussi vers des chorégraphesfrançais d’origine africaine, commeHéla Fattoumi.Pourquoi cette thématique ? P<strong>en</strong>sezvousque la danse de ce contin<strong>en</strong>t aquelque chose de particulier à montrer ?Oui. La plupart des spectacles qui m’ontprofondém<strong>en</strong>t touché ces dernièresannées vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’Afrique. Il s’y passequelque chose d’important au niveauchorégraphique, une force créatricequi me fait p<strong>en</strong>ser dans sa nouveautéau courant de la nouvelle danse dansles années 80. Un bouleversem<strong>en</strong>t.Que change-t-il ?C’est pour l’instant difficile à dire…Disons que quelque chose s’exprimequi r<strong>en</strong>verse le regard de l’exotisme,celui des occid<strong>en</strong>taux qui croyai<strong>en</strong>tapporter la culture savante à l’Afrique-ce qui est particulièrem<strong>en</strong>t prét<strong>en</strong>tieux<strong>en</strong> matière de danse !-, celui desAfricains aussi, qui interrog<strong>en</strong>t leurformation auprès des chorégraphesfrançais, et leur rapport à la tradition,aux interdits, à l’oppression… À latransmission aussi, à ce qu’est unmaître.Quels spectacles conseilleriez-vous ?Tous, quelle question ! La création deSalia nï Seydou sera certainem<strong>en</strong>t unmom<strong>en</strong>t fort. Loin, de Rachid Ouramdane,est un spectacle ess<strong>en</strong>tiel. Quantà Manta, la création de Hela Fattoumisur le hijab, comm<strong>en</strong>t ne pas l’att<strong>en</strong>dre<strong>en</strong> cette période de débat sur ce quedevrait être une id<strong>en</strong>tité nationale ?Tous les spectacles seront passionnants!ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNES FRESCHELLes Hivernales32 e édition du 13 au 20 fév04 90 82 33 12www.hivernales-avignon.comLe 13 fév 16hBernardo Montet / Thomas FerrandSwitch me offAu programmeLe 14 et 15 fév 16hNelisiwe XabaThey look at me… et PlasticizationLe 16 fév 21hBertrand LombardLegsDu 18 au 20 fév 12h30Hiverôclites, scène ouverteaux nouveaux tal<strong>en</strong>tsLe 13 et 14 fév 18hHéla Fattoumi / Eric LamoureuxMantaDu 13 au 15 fév 14hBertrand LombardMa Mana Danse De Nada,Hommage à Patrick BossatiLe 13 fév 20hRobyn OrlinDaddy, I’ve se<strong>en</strong> this piece…Le 14 fév 21hThierry BaëTout ceci (n’) est (pas) vraiLe 15 fév 18hAïcha M’barek et Hafiz DhaouVuLe 15 fév 20h30Cie Salia nï SeydouDambé et Concert d’un hommedécousuLe 16 fév 18hHélène IratchetHommage d’un demi-dimancheà un Nicolas Poussin <strong>en</strong>tierLe 16 fév 16h et 17 à 18hPatrick ServiusLespri kòChezaback to the rootsLe 17 fév 21hRachid OuramdaneLoinLe 17 fév à 16h30 et le 18 à 18hMounir Saeed, Salah El Brogy etShaymaa ShoukrySoirée EgypteDu 18 au 20 fév 15h et 16hRégine ChopinotLe Grand Oral de la danseuse aveugleLe 18 fév 20h30Cie Christophe HalebLiquideLe 19 fév 21h et le 20 à 18hOpiyo OkachBorder Border expressMichel Papach KouakouBehind me...Xavier LotSimon (non, je ne m’appelle passamuel eto’o)Le 20 fév 21hDelavallet BidiefonoEmpreintes - on posera les motsaprès


10POLITIQUE CULTURELLELES SCÈNES NATIONALESLes Scènes NationalesNous continuons notre <strong>en</strong>quête sur les scènes de la région, <strong>en</strong> nous attachantcette fois aux Scènes nationales. Pour examiner leurs spécificités,leurs missions et leur budget. Là <strong>en</strong>core, force est de constaterqu’elles sont fort vertueuses, et font beaucoup avec peu…Le label Scène nationale existe depuis 1992 et estv<strong>en</strong>u reconnaître un certain nombre de Maisons de laculture, de C<strong>en</strong>tres de développem<strong>en</strong>t culturel… déjàprés<strong>en</strong>ts sur le territoire. Ce sont des structures généralistesvouées à la création et au développem<strong>en</strong>tculturel des territoires, plus petites que les C<strong>en</strong>tresdramatiques nationaux (La Criée, le théâtre de Nice)et que les Théâtres nationaux (Comédie Française,Théâtre de l’Odéon..). Elles sont aujourd’hui 70 à côtédes 39 C<strong>en</strong>tres dramatiques nationaux ou régionaux,et des scènes conv<strong>en</strong>tionnées (comme le Jeu de paume,le Sémaphore, 7 dans la Région, nous y revi<strong>en</strong>drons…).BudgetsCe réseau de 70 scènes représ<strong>en</strong>te <strong>en</strong> 2009 un budgetde 215 millions d’euros <strong>en</strong>viron, subv<strong>en</strong>tionné à79% (soit 170 millions de subv<strong>en</strong>tions), avec surl’<strong>en</strong>semble du territoire <strong>en</strong>viron 30% de subv<strong>en</strong>tionde l’État, 45% des villes, les 25% restants étant pris<strong>en</strong> charge par les Régions et les Départem<strong>en</strong>ts autitre du développem<strong>en</strong>t territorial. Le nombre deplaces v<strong>en</strong>dues est de l’ordre de 2.5 millions par an(soit 68 € de subv<strong>en</strong>tion par place), alors que lescinq Théâtres nationaux (tous parisi<strong>en</strong>s sauf Strasbourg)ont <strong>en</strong>viron 600 000 spectateurs avec 67.8millions de subv<strong>en</strong>tions (soit 113 € de subv<strong>en</strong>tionpar place), et que les 39 C<strong>en</strong>tres dramatiques nationauxou régionaux ont eu 1.5 million de spectateursavec 101 millions de subv<strong>en</strong>tion (soit 67 € desubv<strong>en</strong>tion par place).Mais ces chiffres généraux recouvr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fait uneréalité très disparate : la Scène nationale de Gr<strong>en</strong>oblereçoit plus de 7 millions de subv<strong>en</strong>tions, alors queCavaillon a 1,2 million, ou celle de Val<strong>en</strong>ce, la pluspetite, 0,7 million. Sur le territoire aussi la répartitionest inégale, la région Nord Pas de Calais disposede 6 Scènes nationales, alors qu’il n’y <strong>en</strong> a qu’une <strong>en</strong>Aquitaine.Répartition territorialeL’abs<strong>en</strong>ce de Scène nationale dans un départem<strong>en</strong>t(46 départem<strong>en</strong>t français n’<strong>en</strong> ont pas, le Nord <strong>en</strong>a 5) peut avoir des s<strong>en</strong>s différ<strong>en</strong>ts : les Alpes-de-Haute-Prov<strong>en</strong>ce et le Var, dans notre Région, ontdes scènes conv<strong>en</strong>tionnées très dynamiques, et lesAlpes-maritimes un C<strong>en</strong>tre dramatique (Nice). Et siles Bouches-du-Rhône conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t deux Scènesnationales et un C<strong>en</strong>tre dramatique, c’est qu’ellescompt<strong>en</strong>t aussi plus de 40% de la population.De même il y a <strong>en</strong> région Paca 4 Scènes nationales,ce qui est peu commun, mais celle-ci compte 14% dela population française, sur un territoire très vaste,souv<strong>en</strong>t difficile d’accès, qui nécessite une politiquede développem<strong>en</strong>t territorial volontariste.La situation <strong>en</strong> PACAL’élém<strong>en</strong>t le plus significatif pour analyser la situationrégionale reste le volume global des subv<strong>en</strong>tionseu égard à la situation nationale : toutes les quatrese situ<strong>en</strong>t <strong>en</strong>-dessous de la moy<strong>en</strong>ne nationale quiest de 2.5 millions de subv<strong>en</strong>tion. Les deux qui avoisin<strong>en</strong>tà peine les deux millions sont le Merlan et LesSalins, mieux aidées par leur ville que les autres (64%des subv<strong>en</strong>tions pour Martigues, 56% pour Marseille,c’est-à-dire au-dessus de la moy<strong>en</strong>ne nationale de45%), alors que Cavaillon et Gap subv<strong>en</strong>tionn<strong>en</strong>tleur scène respectivem<strong>en</strong>t à 30 et 41%, ce qui correspondtrès certainem<strong>en</strong>t à leur taille et à leursmoy<strong>en</strong>s.Malgré ces petits moy<strong>en</strong>s les quatre Scènes nationalesdrain<strong>en</strong>t un public conséqu<strong>en</strong>t (100 000spectateurs) avec 6,7 millions de subv<strong>en</strong>tions, etsont donc dans la moy<strong>en</strong>ne nationale (67 € de subv<strong>en</strong>tionpar place). Elles coproduis<strong>en</strong>t de nombreuxspectacles, ont un taux de remplissage nettem<strong>en</strong>tsupérieur au 75% des autres scènes nationales (de84 à 100%), offr<strong>en</strong>t à leur public des spectaclesnationaux et internationaux <strong>en</strong> théâtre, musique,danse, cirque… Elles ont aidé à l’émerg<strong>en</strong>ce de laplupart des artistes de la Région, fonctionn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>réseau, pratiqu<strong>en</strong>t des politiques tarifaires basseset de nombreuses actions pédagogiques.Bref, toutes les quatre, avec leurs disparités liées àleur implantation, rempliss<strong>en</strong>t leurs missions, fixées<strong>en</strong> 1998 et qui se résum<strong>en</strong>t <strong>en</strong> quelques lignes :-être un lieu de production artistique de référ<strong>en</strong>c<strong>en</strong>ationale dans les différ<strong>en</strong>ts domaines de la culturecontemporaine,-organiser la diffusion des formes artistiques <strong>en</strong>privilégiant la création contemporaine,-participer dans le territoire à une action de développem<strong>en</strong>tculturel.Nota B<strong>en</strong>e : Nous avons donné l paroleaux directeurs des Scènes nationales,<strong>en</strong> dehors de Nathalie Marteau qui a déjàrépondu à ces questions lors de notre <strong>en</strong>quêtesur les théâtres marseillais paruedans le numéro 24 de <strong>Zibeline</strong>.Répartition nationaledes subv<strong>en</strong>tionsRépartition régionaledes subv<strong>en</strong>tions


11de la RégionSubv<strong>en</strong>tionsLa Scène Nationale de Cavaillon<strong>Zibeline</strong> : Avez-vous subi, ces dernières années,des baisses de subv<strong>en</strong>tion ?Jean-Michel Grémillet : Oui. En 2009 la Ville deCavaillon a opéré une baisse de subv<strong>en</strong>tions de 8%pour toutes ses associations. Ce qui pour nousreprés<strong>en</strong>te 35 000 €, soit un poste salarié. De pluselle l’a annoncé <strong>en</strong> novembre, une fois que la saisonétait <strong>en</strong>gagée, ce qui nous a mis dans une situationdélicate, où il fallait que l’on choisisse <strong>en</strong>tre uneréduction de l’activité, ou un déficit, avec le risqued’être perçu comme de mauvais gestionnaires. L’Étata <strong>en</strong> partie comp<strong>en</strong>sé cette baisse par une hausse de15000 €, dev<strong>en</strong>ant ainsi notre premier subv<strong>en</strong>tionneur.Mais nous nous trouvons dans une situationparadoxale, avec 102% de remplissage ce trimestrepar exemple, une demande qui explose face à uneoffre qui se réduit de fait.La Ville de Cavaillon est elle la seule qui ait baisséses subv<strong>en</strong>tions ?De fait non, cette baisse circonstancielle vi<strong>en</strong>t s’ajouterà une stagnation des subv<strong>en</strong>tions, qui ne sontpas indexées sur l’augm<strong>en</strong>tation de coûts. Nous recevonspar exemple depuis 11 ans la même somme de250 000 euros correspondant aux dép<strong>en</strong>ses fluidesdu bâtim<strong>en</strong>t (<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, chauffage…). Or ces dép<strong>en</strong>seslà, <strong>en</strong> particulier le chauffage, ont explosé…SpectateursLa Région, qui nous subv<strong>en</strong>tionne depuis 2000pour les Nomades qui <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans son projet dedéveloppem<strong>en</strong>t territorial, n’a pas augm<strong>en</strong>té depuis2004, alors que nous faisons plus de 50 représ<strong>en</strong>tationshors les murs. Les manques à gagner s’empil<strong>en</strong>t,et la situation devi<strong>en</strong>t extrêmem<strong>en</strong>t difficile si nousvoulons <strong>en</strong>trer dans les critères de bonne gestion :pas plus de 50% de notre budget pour notre fonctionnem<strong>en</strong>t,un souti<strong>en</strong> <strong>en</strong> terme de coproductionet de résid<strong>en</strong>ces aux artistes de la région et à lacréation contemporaine…Le cahier des charges des Scènes nationales a-t-ilchangé ? Avez-vous des quotas <strong>en</strong> terme de remplissage,de création, de pluridisciplinarité ?Il n’y a pas de quota exprimé ni de cahier des chargesprécis, mais des missions. Les réunions parallèlesaux Entreti<strong>en</strong>s de Valois ont t<strong>en</strong>té de dégager destextes plus directifs, qui ne sont pas pour l’heureadoptés : il faudrait <strong>en</strong>tre 20 et 25% de recettespropres, ce à quoi nous parv<strong>en</strong>ons à peu près, et unminimum de budget de 2 millions, ce que nousn’avons pas.Comm<strong>en</strong>t expliquez-vous votre petit budget ?Le Vaucluse est un petit départem<strong>en</strong>t, 50 000habitants, sans véritable ville c<strong>en</strong>tre puisqu’il n’y aque 100 000 Avignonnais. 80% des dép<strong>en</strong>ses culturellesdes vauclusi<strong>en</strong>s se font durant l’été, lorsdes festivals… Lorsqu’il a été question de créer uneScène nationale monsieur Maurice Bouchet, lemaire de l’époque, a décidé que Cavaillon serait LAville de Vaucluse qui aurait un projet culturel surl’année. Il a beaucoup investi, créant une magnifiquemédiathèque, le Gr<strong>en</strong>ier à sons qui est dev<strong>en</strong>uSMAC, la Scène nationale. Puis il a disparu <strong>en</strong> 1992,<strong>en</strong>suite la réalité économique de Cavaillon a changéavec la crise des maraîchers, et tout est dev<strong>en</strong>uplus difficile…Mais êtes-vous heureux de votre programmation ?J’aimerais <strong>en</strong> faire plus ! Nous avons actuellem<strong>en</strong>tune compagnie associée jeune public, Skappa,118représ<strong>en</strong>tations, pour une moy<strong>en</strong>ne de 30 spec-taclespar an, notre salle est pleine, le public est cont<strong>en</strong>tet fidèle, les artistes aussi -nous accueillons 4compagnies <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce par an qui pass<strong>en</strong>t 10jours chez nous pour de vraies coproductions- etnous participons au développem<strong>en</strong>t culturel duterritoire dans les communes al<strong>en</strong>tour avec nostournées Nomades… Mais nous n’avons pas assezde moy<strong>en</strong>s pour aller au-delà, et devoir refuser dupublic, <strong>en</strong> particulier des classes <strong>en</strong>tières lors desscolaires, est un crève-cœur.ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL


12POLITIQUE CULTURELLELES SCÈNES NATIONALESLes Salins, Scène Nationalede Martigues<strong>Zibeline</strong> : Avez-vous subi, ces dernières années,des baisses de subv<strong>en</strong>tion ?Annette Breuil, Directrice des Salins : Non, maisil y a stagnation depuis 7 à 8 ans, ce qui équivautdans les faits à une baisse.Est-ce que vous voyez vos missions se réori<strong>en</strong>ter cesdernières années ? Le fait de remplir les salles estilparticulièrem<strong>en</strong>t pris <strong>en</strong> compte par exemple ?Ce n’est pas ce que l’État réclame, il n’y a pas de pressionde ce côté-là. C’est plutôt le mille-feuille quiest compliqué, la multiplication des missions d<strong>en</strong>os différ<strong>en</strong>ts part<strong>en</strong>aires. Par rapport à la fréqu<strong>en</strong>tation,la demande vi<strong>en</strong>t du territoire et nonde l’État. La ville de Martigues, qui nous subv<strong>en</strong>tionneà 64 % ce qui est énorme, voudrait qu’il yait plus de martégaux qui assist<strong>en</strong>t aux spectacles,alors que l’État insiste sur l’aide à la créationcontemporaine et la mission de la ville. Le grandécart est impossible, les Martégaux vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t moinsfacilem<strong>en</strong>t voir de la création que du répertoire.Et les autres collectivités ? Comm<strong>en</strong>t vous aid<strong>en</strong>telles?La Région doit aider au développem<strong>en</strong>t culturel duterritoire. Au niveau de l’aménagem<strong>en</strong>t du territoire,il y a deux pôles régionaux sur la mêmeagglomération: Port-de-Bouc et Martigues. On estdonc moins subv<strong>en</strong>tionnés que les autres scènesnationales par la Région PACA, qui n’a pas vouludépouiller Port-de-Bouc, scène conv<strong>en</strong>tionnée quifait un travail formidable. On doit vivre avec cettecontradiction-là. Mais on intéresse la Région parcequ’on est la scène nationale qui aide le plus lescréateurs régionaux.Quels sont, selon vous, les critères qui doiv<strong>en</strong>tdécider de l’attribution des subv<strong>en</strong>tions ?Les subv<strong>en</strong>tions sont données <strong>en</strong> fonction de la capacitédes équipem<strong>en</strong>ts à répondre à leur mission. Onréussit plus ou moins bi<strong>en</strong> mais il faut qu’il y aitune évaluation pour que les attributions soi<strong>en</strong>tjustes. Le problème de cette région, à mon s<strong>en</strong>s,est qu’il n’y a pas de droit d’inv<strong>en</strong>taire. Certainslieux, <strong>en</strong> particulier à Avignon, ne travaill<strong>en</strong>t quegrâce à des festivals par exemple. Cela fait 8 ansque je suis là et je ne vois pas les choses bouger.Les scènes nationales sont arrivées relativem<strong>en</strong>ttard <strong>en</strong> région paca et elles ne sont pas du tout à lahauteur nationale. Alors qu’on a tous (Gap, Cavaillon)des performances <strong>en</strong> qualité de programmation, defréqu<strong>en</strong>tation, on ne bénéficie pas des moy<strong>en</strong>s quicorrespond<strong>en</strong>t à l’aide qu’on apporte à la création.Moy<strong>en</strong>s dont bénéfici<strong>en</strong>t d’autres scènes nationales<strong>en</strong> France.De plus, la scène de Martigues manque cruellem<strong>en</strong>td’une salle de répétition pour répondre complètem<strong>en</strong>tà sa mission. Comm<strong>en</strong>t accueillir les créateurs<strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce ? L’Etang des Aulnes (lieu de résid<strong>en</strong>ceque le CG13 met à la disposition des artistes ndlr)représ<strong>en</strong>te une bouffée d’oxygène, qui resteinsuffisante...ENTRETIEN RÉALISÉ PAR DOMINIQUE MARÇONLa Passerelle, scène nationaledes Alpes du Sud<strong>Zibeline</strong> : Pouvez-vous expliquer la spécificité devotre statut et de vos missions ?Alain Neddam, Directeur adjoint : Le projet deLa Passerelle, lié à son directeur Pierre-André Reiso,est atypique puisqu’il a un li<strong>en</strong> organique et fonctionnelavec le théâtre Le Cadran à Briançon. Cetteconfiguration dure depuis 10 ans. Le fait d’avoirune direction commune aux deux lieux favorise lacomplém<strong>en</strong>tarité des projets artistiques et des propositions(60 spectacles <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne par saison)avec les musiques actuelles et le jeune public auCadran, le théâtre et la danse à La Passerelle. Sansoublier la tournée des Exc<strong>en</strong>trés dans les communesrurales part<strong>en</strong>aires et le festival Cité cirque.Si le travail <strong>en</strong> synergie nous permet d’avoir unmeilleur outil et une meilleure visibilité sur l’<strong>en</strong>sembledu territoire, la mutualisation des équipeset des projets est économiquem<strong>en</strong>t plus intéressante.Avez-vous subi, ces dernières années, des baissesde subv<strong>en</strong>tion ?Il n’y a pas eu de baisse de subv<strong>en</strong>tion. La passerelle(association de développem<strong>en</strong>t culturel de Gapet des Hautes-Alpes) dispose d’un budget de 2,2M€ et Le Cadran (délégation de service public) de800 000 euros. Mais les aides de l’État et de laRégion n’ont pas évolué. Comme elles ont stagné,on peut dire qu’elles ont baissé car les dép<strong>en</strong>sesfixes et les frais annexes augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t. On estconstamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> train de faire la chasse aux dépassem<strong>en</strong>tspar rapport aux devis initiaux : si chaquespectacle occasionne 1000 à 1200 euros d’imprévus,cela impacte notre budget global prévisionnel,et peut même <strong>en</strong>traîner la baisse du nombre despectacles la saison suivante. Pour maint<strong>en</strong>ir notr<strong>en</strong>iveau d’activités, il faut espérer une réévaluation.P<strong>en</strong>dant de nombreuses années, La Passerelle abénéficié d’une augm<strong>en</strong>tation de 2% de la Ville etde 4% du Conseil général, ce qui compte t<strong>en</strong>u dufaible budget du départem<strong>en</strong>t des Hautes-Alpes etde ses dép<strong>en</strong>ses obligatoires pour les routes <strong>en</strong>particulier, est un effort financier conséqu<strong>en</strong>t. Maiscette réévaluation n’a pas eu lieu <strong>en</strong> 2009…Avez-vous d’autres spécificités ?Oui. Notre budget et notre fréqu<strong>en</strong>tation vari<strong>en</strong>t lessaisons paires, avec notre festival Cité Cirque, quiamplifie notre programmation une saison sur deux :<strong>en</strong> 2008, <strong>en</strong> particulier avec les 5000 places v<strong>en</strong>duespour le cirque Plume, les recettes <strong>en</strong> billetterieet les dép<strong>en</strong>ses artistiques ont été plus importantesqu’<strong>en</strong> 2009.Notre autre spécificité est la Galerie du Théâtre, quiaccueille un photographe <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce et quatreexpositions originales annuelles de photographescontemporains, sans aucune subv<strong>en</strong>tion spécifiquedédiée à cette activité.Que représ<strong>en</strong>te la part des coproductions dans votrebudget ?Il s’agit de 2 à 3 créations par an, pour une sommequi varie de 35 000 euros à 50 000 euros incluantl’artistique et les défraiem<strong>en</strong>ts. Il faut ajouter l’aideà la construction des décors et la mise à dispositionde l’équipe technique d’intermitt<strong>en</strong>ts, soit 8 à 10 000euros. Si nous m<strong>en</strong>ons à bi<strong>en</strong> notre projet deréhabilitation de l’Usine Badin (<strong>en</strong>trepôt + villa) <strong>en</strong>lieu de fabrique et de résid<strong>en</strong>ce perman<strong>en</strong>t, nouspourrons économiser sur les frais «hors les murs»(hébergem<strong>en</strong>ts, repas).Quelles sont les conditions d’accueil des artistes <strong>en</strong>résid<strong>en</strong>ce de création ?Les artistes associés sont invités et sout<strong>en</strong>us pourdeux créations sur trois années : c’est un vrai travailauprès des publics des Hautes-Alpes et unevraie r<strong>en</strong>contre avec l’équipe du théâtre. Dans ledomaine des arts de la piste, nous avons accueilliJérôme Thomas, et dans celui du théâtre le metteur<strong>en</strong> scène Guy Pierre Couleau. Aujourd’hui, nousvivons une période de transition car il a été nomméà la direction du CDR de Colmar. Le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>tdes artistes est <strong>en</strong> cours… Mais nous dét<strong>en</strong>ons lerecord national avec Catherine Marnas, artisteassociée depuis 1992 ! C’est un cas unique <strong>en</strong>France.ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARIE GODFRIN-GUIDICELLI


14THÉÂTREJeux de MôEn son temps, Léonard de Vinci a dessinéavec jubilation l’homme de Vitruvepour donner à voir un monde nouveaudéployé dans des battem<strong>en</strong>ts de bras ;toute disproportion gardée, Alain Béharnous place au cœur de la matière grisbleu(décor très chic, lumière froide desfastes technologiques du XXI e siècle),ri<strong>en</strong> moins que dans la tête et à hauteurde cerveau d’un dénommé Môcomme moi et toi, figure déclinée <strong>en</strong> 5fragm<strong>en</strong>ts par un quintet d’acteurs incisifset habiles à croiser les donnéesde l’espace et du temps. Inspirée -quelprojet fou !- par un séjour dans unlaboratoire de neurosci<strong>en</strong>ces, cettehypothèse-fiction prés<strong>en</strong>te sur unplateau l’arboresc<strong>en</strong>ce aléatoire desétats de consci<strong>en</strong>ce, le foisonnem<strong>en</strong>tdes p<strong>en</strong>sées éphémères, la persistancede certaines s<strong>en</strong>sations <strong>en</strong>tre«tropismes» de Nathalie Sarraute etexpéri<strong>en</strong>ce quotidi<strong>en</strong>ne de tout unchacun. Les corps et les voix se dédoubl<strong>en</strong>t,se déplac<strong>en</strong>t, au sein d’unCouleur localeLES BERNARDINES | LA CRIÉE | VITEZdispositif virtuose qu’Alain Béhar nomme«les machines» comme au GrandSiècle : écrans vidéo qui <strong>en</strong>registr<strong>en</strong>tet amplifi<strong>en</strong>t la fragm<strong>en</strong>tation, port<strong>en</strong>tdes mots ou les aval<strong>en</strong>t ; bande son quidouble la profération des acteurs équipésd’oreillettes VF ou r<strong>en</strong>voie <strong>en</strong> légerdifféré la «respiration» de la salle, raclem<strong>en</strong>tsde gorge et grincem<strong>en</strong>ts desièges. La délocalisation des sourcessonores, l’éclatem<strong>en</strong>t du regard (qui,quoi regarder et pourquoi, <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ced’histoire et de personnage) provoqueun certain vertige de la perception etau mieux une fascination de l’instant.Ce qui est exercice de l’intellig<strong>en</strong>ce pourl’auteur-metteur <strong>en</strong> scène au plus prèsde ses problématiques de création,devi<strong>en</strong>t paradoxalem<strong>en</strong>t doux plaisirdes s<strong>en</strong>s pour le spectateur un peuflottant... <strong>en</strong>tre hyperstimulation esthétique(c’est bô) et interrogation molle(ça va où ?).MÔ DHÔ«Tout ce que je raconte est vrai» déclareSerge Valletti à propos de Pourquoij’ai jeté ma grand-mère dans le Vieux-Port. Quoique l’histoire de sa fameusegrand-mère itali<strong>en</strong>ne, prénommée Dolores(sic !) et surnommée Dolo, celled’Alexandre et d’Alice, ses par<strong>en</strong>ts, etcelles de tous les autres, cousins,voisins… abonde <strong>en</strong> épisodes «extraordinaires»,il semble bi<strong>en</strong> que Vallettidise la vérité, et que le geste fondateurde ce texte, celui de jeter la grand-mère,ou plutôt les c<strong>en</strong>dres de la grand-mère,à l’<strong>en</strong>trée du Vieux-Port, face à «cetteville qu’elle avait tant aimée», ait effectivem<strong>en</strong>teu lieu. Mais, après tout, est-ce siimportant de le savoir ? On plonge toujoursavec délice dans le flot valletti<strong>en</strong>,riche <strong>en</strong> formules irrésistibles, <strong>en</strong> rebondissem<strong>en</strong>tsimprobables et <strong>en</strong> portraitsnature.L’œuvre, romanesque à l’origine, a régulièrem<strong>en</strong>tété mise <strong>en</strong> scène depuis1995. Dans cette nouvelle version, GilbertRouvière opte visiblem<strong>en</strong>t pourle chromo : vue de la Bonne Mère <strong>en</strong>fond de scène, éclairages changeantsaux couleurs cartes postales, piaulem<strong>en</strong>tsde gabians… Un chromo décalécertes: une coque de noix flotte sur unesorte de pataugeoire, c<strong>en</strong>sée représ<strong>en</strong>terle Vieux-Port, et l’acteur- narrateurLionnel Astier <strong>en</strong> fait des tonnes, <strong>en</strong>costume, chemise et lunettes noirsmais chaussé de bottes <strong>en</strong> plastique.Tout cela est voulu, n’empêche quec’est un brin lourd. Est-il judicieux deforcer sur la couleur locale, même ironique,pour monter Valletti ? Pas sûr.On y perd un peu de la subtilité et desvariations de registres qui font la saveurde ce texte d’amour et de nostalgie.FRED ROBERT© X-D.RPourquoi j’ai jetéma grand-mère dansle Vieux-Port, deSerge Valletti, mesde Gilbert Rouvière,est représ<strong>en</strong>téau petit théâtre deLa Criée jusqu’au 6févrierMô a été prés<strong>en</strong>té au Théâtredes Bernardines du 16 au 19 déc.© Mathieu Lorry-DupuyAu lion au lion!Keskifondonkla? Ribouldingue, Croquignol et Filochard embarqués comme malgréeux (ne se départiss<strong>en</strong>t guère de leur air ahuri, comme de passage, inlassablem<strong>en</strong>tinquiets et agités, prêts à détaler à la première alerte, à saisir la moindre occasionde se remplir la panse) dans les av<strong>en</strong>tures grinçantes de Tartarin de Tarascon...Ou plutôt annexés, satellisés, aimantés à la parole d’un bavard anonyme parfaitem<strong>en</strong>tindiffér<strong>en</strong>t à leur prés<strong>en</strong>ce, dont la fonction sans ambiguïté est d’avancerobstiném<strong>en</strong>t son récit !Quatre acteurs donc et un texte loin du théâtre dont on redécouvre les charmescertains («Son Sahara était planté d’artichauts...»). Daudet sait ménager les effets finde siècle et Marie Vayssière a l’art de faire rire et pleurer de tout pourvu qu’il y aitdes portes battantes à hublot, des perruques exc<strong>en</strong>triques, des barbes mal ajustéeset une nappe Soleïado (Tarascon nom de nom !). Étrange projet bi<strong>en</strong> sûr qui traitede tout cela, de l’art de la comédie, du travestissem<strong>en</strong>t, de la traversée de laMéditerranée et des appar<strong>en</strong>ces, de la désillusion et même du dém<strong>en</strong>ti formel : lacarte topographique n’est pas le territoire, le lion tué par Tartarin n’est qu’un pauvrebourricot, sa t<strong>en</strong>dre mauresque une chanteuse de lupanar et le chameau à bosseflasque qui traverse la scène n’est qu’un portant à roulettes revêtu de tapis poilus :l’ori<strong>en</strong>talisme est un leurre et l ‘Algérie colonisée une terre de misère ; Croquignolchante comme Johnny et Ribouldingue expire sa version suraiguë de La Chèvre deMonsieur Seguin. On rit bi<strong>en</strong> fort vraim<strong>en</strong>t et franchem<strong>en</strong>t, un peu mélancoliquesà la fin... un air de Tartarin. Et au fait les Pieds Nickelés... ?MARIE-JO DHÔTartarin de Tarascon raconté aux Pieds Nickelés est joué aux Bernardinesjusqu’au 24 janv et sera© compagnie du Singulierdonné au Théâtre Vitez(Aix) le 27 janv.Les Bernardines04 91 24 30 40www.theatrebernardines.orgThéâtre Vitez04 42 59 94 37http://theatrevitez.com/


LA CRIÉE | LE MERLAN THÉÂTRE 15Merci à la Criée et au Merlan d’avoir conçu une programmation aussi intellig<strong>en</strong>te :les quatre pièces de Pippo Delbono se répond<strong>en</strong>t et se complèt<strong>en</strong>t, laissant <strong>en</strong>fin percevoirla variété d’une œuvre, et son unité pourtant, fondée sur une révolte intacte et une empathieconfondante. Seule frustration : le peu de places offertes au public…Ecce PippoSoirée d’ouverture, unique à plus d’untitre. Les Récits de juin, loin d’être unsimple stand up assis, éclair<strong>en</strong>t magistralem<strong>en</strong>tle travail de Pippo Delbonoet ont constitué une remarquableintroduction aux spectacles suivants.Pippo, sa vie, son œuvre… Ce pourraitêtre le titre de ces récits égr<strong>en</strong>ésp<strong>en</strong>dant 1h30 : histoires de famille,naissance de la vocation, passion etmaladie, r<strong>en</strong>contres, avec Pepe, avec Bobo… Delbono revi<strong>en</strong>t sur les grands mom<strong>en</strong>tsde son exist<strong>en</strong>ce, avec un humour décapant et une rage de vivre communicative. Ilmontre là, sur un plateau presque vide, comm<strong>en</strong>t chacun de ces mom<strong>en</strong>ts a nourrison humanité, et la création de cette œuvre si atypique, <strong>en</strong> croisant récits de vie etlecture ou déclamation de textes. Lui qui veut «faire de la vie un théâtre» donne defait un brillant échantillon d’art dramatique, rappelant que cet art est avant toutcelui de l’incarnation. Une voix, un corps, qui se cri<strong>en</strong>t, qui se montr<strong>en</strong>t, qui se donn<strong>en</strong>tau spectacle… et auxquels on reste susp<strong>en</strong>du.FRED ROBERTRécits de Juin a été vu à la Criée le 5 janvJour de colère© Jean-Louis FernandezÀ mort, Amorrr…Une chambre de l’esprit, une chambredes rêves. L’ultime att<strong>en</strong>te. Pippo Delbonot<strong>en</strong>te avec Questo buio feroceune échappée dans cet <strong>en</strong>tre-deuxmystérieux et tant redouté, cet instantoù l’on passe de vie à trépas. Sur unescène comme maculée de blanc, despersonnages aux corps troublants habit<strong>en</strong>tles instants de cette méditation.Sobre mais pourtant explosif, le décor<strong>en</strong>voûte tant il acc<strong>en</strong>tue tout ce qui s’yjoue, tout ce qui s’y trouve, comme cescostumes magnifiquem<strong>en</strong>t carnavalesqueset fellini<strong>en</strong>s.Avec peu de mots maisbeaucoup de douleur et de joie pures,des formes apparaiss<strong>en</strong>t au détour d’uncarnaval macabre, d’une crucifixion oud’une danse. Le spectacle est d’uneinfinie beauté, d’une force incroyable, iljoue sur des contrastes imp<strong>en</strong>sablesoù les contraires définis par notre culturese côtoi<strong>en</strong>t dans une merveilleusedisgrâce. Ce qui devrait déranger donnedes frissons d’émotion, ce qui devraiteffrayer nous ravit et nous apaise.Monsieur Delbono et ses acteurs ontle génie de se donner à aimer au borddu gouffre.CLARISSE GUICHARDQuesto buio ferocea été vuau Gymnase les 6et 7 janv© Agnès MellonL’<strong>en</strong>fance de l’art : j’<strong>en</strong>fourche mon balai,à dada-à dada, je pars à la guerre, jeles tue tous et au passage, je réinv<strong>en</strong>tele théâtre. État de grâce pour cet opusmodeste -à peine 1h10 de tragédietirédu cœur de l’H<strong>en</strong>ri V de Shakespearepar un Pippo Delbono travaillé icipar l’ess<strong>en</strong>tiel. Que veul<strong>en</strong>t les rois,même ceux à couronne de galette ? Dudivertissem<strong>en</strong>t, c’est bi<strong>en</strong> connu et quoide mieux pour cela que la France avecses beaux champs de bataille (là flonflons,farandoles, lampions, élégancedéliée du pays dont on a toujours unecertaine idée) ! Azincourt sinon ri<strong>en</strong> !Pippo-Enrico (dieu que c’est beau Shakespeare<strong>en</strong> itali<strong>en</strong>) trépigne, éructe,gros bébé <strong>en</strong> rangers saisi par la démesuresur les planches usées du théâtrede la guerre : deux acteurs et une petitetroupe de figurants inspirés font et défontdans l’ombre et la lumière, le noirdes costumes et le blanc de la chair, lesarabesques et les figures du combat ;sil<strong>en</strong>ce, l<strong>en</strong>teur déployée ou fureur de lamusique sacrée install<strong>en</strong>t avec une simplicitéqui va droit au cœur le requiemcorps mêlés ; cris muets de la boucheconvulsée du roi, cavalier-cheval à l’év<strong>en</strong>tailsanglant et macabre géométrie descorps à terre dis<strong>en</strong>t le prix à payer pourla victoire. C’est tout. Les morts se relèv<strong>en</strong>tcomme au théâtre mais ils sontfatigués...MARIE-JO DHOEnrico V a été joué au Merlandu 9 au 12 janv© Agnès MellonJusqu’à l’osLa M<strong>en</strong>zogna, dernière création de Pippo Delbono, est une sorte de quintess<strong>en</strong>ceun peu ratée de son théâtre : les temps morts sont interminables, la musique estbalancée trop fort de peur que l’émotion s’échappe, les tableaux se succèd<strong>en</strong>tsans dialectique ni rythme interne, simplem<strong>en</strong>t apposés. Bi<strong>en</strong> sûr au Gymnase ledécor <strong>en</strong> échafaudage cachait bi<strong>en</strong> des choses, empêtrait le mouvem<strong>en</strong>t. Iln’empêche, par mom<strong>en</strong>ts c’est construit vraim<strong>en</strong>t light, on y compte les corps quipass<strong>en</strong>t, les répétitions. Et puis par mom<strong>en</strong>ts voilà que ça vous happe, l’effroi,l’émotion, celle si vraie, criante, qui transpire de cette troupe bancale et sublimesi profondém<strong>en</strong>t humaine, compassionnelle, révoltée. Quelque chose au fond quin’a ri<strong>en</strong> à voir avec le théâtre mais avec la vie, avec ce que l’on éprouve face à lasouffrance, la mort, face à l’immonde aussi, la guerre capitaliste, la décad<strong>en</strong>ce desclasses dominantes, la domination sexuelle, le voyeurisme, Jérôme Bosch, lescorps qui brûl<strong>en</strong>t vifs et se tord<strong>en</strong>t. La mise à nu est là, la vie. Ou l’ess<strong>en</strong>ce duthéâtre peut-être, une© Agnès Mellonimm<strong>en</strong>se et irrépressiblecatharsis qui nouspermettrait <strong>en</strong>fin de voirla souffrance du mondeet, <strong>en</strong> pleurant, del’éteindre.AGNÈS FRESCHELLa M<strong>en</strong>zogna a étéjoué au Gymnasedu 14 au 17 janv


16 THÉÂTRE JEU DE PAUME | MARTIGUES | ROUSSETDe sil<strong>en</strong>ce et de pluieIl pleut depuis 40 jours, mais la fermefamiliale des Cheutié n’a ri<strong>en</strong> d’unearche. Les quatre frères s’y retrouv<strong>en</strong>t,<strong>en</strong> cette veille de Toussaint qui ti<strong>en</strong>t del’apocalypse. Il y a longtemps que leursroutes s’étai<strong>en</strong>t séparées. Le hasard,les intempéries les rassembl<strong>en</strong>t. Atmosphèrelourde r<strong>en</strong>due par les éclairagesd’Orazio Trotta, clair obscur, pans d’ombres.Les sil<strong>en</strong>ces s’appesantiss<strong>en</strong>t.Les personnages s’affirm<strong>en</strong>t, aiguis<strong>en</strong>tleurs différ<strong>en</strong>ts, leurs rancœurs. Rivalitésd’héritages, partages des bi<strong>en</strong>scertes, mais il est un legs plus dramatique,qu’ignor<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core nos protagonistesaveuglés par le secret de leur naissance,et le rôle véritable de leur pèrep<strong>en</strong>dant la deuxième guerre mondiale.La tragédie affleure dans le drame bourgeois,les actes des morts vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tClamans in deserto...Coup de froid sur Martigues ce jeudi 7janvier ! Était-ce une expéri<strong>en</strong>ce rareet réussie d’interaction sournoisesalle/plateau ? On nous avait prév<strong>en</strong>us«gardez vos manteaux, y a des v<strong>en</strong>ts quicouliss<strong>en</strong>t.» Public clairsemé par leprincipe de précaution météo face à lapièce de Koltès la plus bouillante et laplus vache qui soit : dans Le Retour auDésert on se hait <strong>en</strong> famille <strong>en</strong>trequatre murs, on complote pour fairesauter le bar de l’arabe du coin (débutdes années soixante dans la ville degarnison de l’est de la France où est nénotre auteur) et aussi on a fort à faireavec les rev<strong>en</strong>ants, forcém<strong>en</strong>tprénommés Mathilde.La sœur refoulée arrive d’Algérieréclamer sa part d’héritage et Marie(oui oui), épouse bi<strong>en</strong> morte du frèr<strong>en</strong>e ménage pas ses apparitionsénigmatiques... Catherine Marnassemble trouver dans ce textefoisonnant et dans les conditions de sacréation (au Brésil , dans unedistribution bilingue) un écho à sesréflexions de dame de théâtre sur«l’impureté» fondatrice et fertile, chèreaussi à Koltès : français, portugais etparfois arabe, se doubl<strong>en</strong>t, se crois<strong>en</strong>t,langues proférées par les acteursjumeaux ou projetées sur les grandsmurs mobiles qui dessin<strong>en</strong>t l’ici etl’ailleurs, parfait, parfait… La tragédiese joue dans des affrontem<strong>en</strong>tschorégraphiés à la West Side Story, trèsbi<strong>en</strong>, très bi<strong>en</strong>... Brel et Lili Bonnichepouss<strong>en</strong>t leur vigoureuse et populairechansonnette, bi<strong>en</strong> vu...Cette vulgarité boulevardière restehésitante avec une Mathilde plusCarm<strong>en</strong> que Jacqueline Maillan (pourqui a été créé le rôle) mais pourquoipas... Mais le public ne bronche pas,ne rit pas, frissonne dans l’air glacial ;sur la scène alors ça se dérègle un peu,à peine perceptible, comme quelquechose d’aigrelet, une pointe de pasmûr, de moins de cœur à l’ouvrage. Onsait que c’est pas juste mais c’estcomme ça, le vrai théâtre dép<strong>en</strong>d dessoirs…MARIE-JO DHOLe Retour au Déserta été donné aux Salins les 7 et 8 janv© cie Parnas© Pierre Grosboishanter les personnages qui trouv<strong>en</strong>tdes échappatoires diverses. Les cadavresde bouteilles <strong>en</strong>vahiss<strong>en</strong>t le plateau, etJean-Pierre Darroussin campe superbem<strong>en</strong>tun solitaire aigri, bougon,frustre, taciturne, qui ne cesse delancer des piques amères à ses frères,Pascal Elso, fébrile, ne sachant àquelle femme se vouer, Patrick Bonnel,aux jeux de jambes excessifs, PhilippeRisler, le plus jeune, qui porte <strong>en</strong>lui, innocemm<strong>en</strong>t, le nœud de latragédie. La belle Flor<strong>en</strong>ce Payrospermettra la réitération du crime fondateur.Sur le canevas tragique de lapièce se tisse aussi une satire quidénonce les dérives mafieuses desfamilles à la tête de certaines régions.Le texte d’Alain Gautré, magnifiquem<strong>en</strong>técrit, se met au service de cessil<strong>en</strong>ces au cœur desquels tant de faitsse dissimul<strong>en</strong>t. Qualités remarquables,qui font regretter le manque de rythmeet d’allant de l’<strong>en</strong>semble, les sil<strong>en</strong>cesn’étai<strong>en</strong>t pas toujours habités : il n’yeut que de rares mom<strong>en</strong>ts de grâce.MARYVONNE COLOMBANILa Chapelle <strong>en</strong> Brie a été jouédu 15 au 19 décau Jeu de Paume, AixDe la modernitédu PithécanthropeMettre <strong>en</strong> scène, seul, lelivre désopilant de Lewissur l’évolution, Pourquoi j’aimangé mon père, t<strong>en</strong>aitd’une sorte de pari que l’onpouvait croire impossible.En fait, par l’intellig<strong>en</strong>te mise<strong>en</strong> scène de Patrick Lavalet la prés<strong>en</strong>ce extraordinairede Dami<strong>en</strong> Ricour,l’humour de l’ouvrage estparfaitem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>du. Pour© X-D.R.introduire le propos, ErnestGrass<strong>en</strong>troope, confér<strong>en</strong>cier, évoque l’évolution du paléolithique inférieur. Lascène du tableau de l’évolution donne le ton du spectacle : Dami<strong>en</strong> Ricour se transforme<strong>en</strong> homme du paléolithique, devi<strong>en</strong>t tour à tour le père, les fils, la mère, l’oncleVania, la belle et piquante Griselda, passant de l’un à l’autre avec une aisancestupéfiante. Ainsi dans le même mouvem<strong>en</strong>t de marche, il peut incarner quatrepersonnages à la fois.Que dire des bruitages ? (Non ! pas de bande son ! le comédi<strong>en</strong> produit tout !). Lataille des pierres, la chasse au mammouth, sont des morceaux d’anthologie ! MadamePithécanthrope peut fredonner avec ses lèvres protubérantes et son délicieuxbalancem<strong>en</strong>t «quel bonheur d’avoir un mari bricoleur», l’oncle Vania proche dugibbon clamer «back to the trees», nous suivons avec bonheur toutes les av<strong>en</strong>turesde ces «martyrs du progrès» qui «jou<strong>en</strong>t avec le feu». Quel passage drolatique<strong>en</strong>core que celui, historique, où le mot est attribué à la chose ! Et si «ce n’est pasla beauté qui va sauver le monde», comme l’affirme le père devant les œuvres deson fils, l’humour certainem<strong>en</strong>t le fera !MARYVONNE COLOMBANIPourquoi j’ai mangé mon père a été joué au Théâtre de Rousset le 14 janv


Id<strong>en</strong>tité nationaleHooman Sharifi est né <strong>en</strong> Iran, puis s’est installé <strong>en</strong> Norvège à l’âge de 14 ans.Ce n’est pas ce qu’il raconte dans We failed to hold this reality in mind, <strong>en</strong>coreque… Gardons cette réalité à l’esprit. Car dans cette performance aux effetsdépouillés, il sera question d’id<strong>en</strong>tité, de son id<strong>en</strong>tité bi<strong>en</strong> sûr, mais aussi plusgénéralem<strong>en</strong>t de celle qui se pose <strong>en</strong> tant que problème -ou pas- à tous lesvoyageurs, migrants volontaires -ou pas. Hooman Sharifi parle, <strong>en</strong> anglais, seraconte au travers de quelques accessoires posés sur la scène : des morceaux detapis qu’il assemble délicatem<strong>en</strong>t, et qu’une caméra filme de haut ; sur l’écranresteront les couleurs chatoyantes. Puis Hooman Sharifi se lève, convoque lamusique (traditionnelle irani<strong>en</strong>ne), et se met à danser. Mouvem<strong>en</strong>ts amples desbras qui chass<strong>en</strong>t l’air, son corps imposant comme irradié d’énergiesconductrices, il occupe l’espace, comme <strong>en</strong> apesanteur. Jusqu’à ces anecdotesracontées face au public, avec beaucoup d’humour, sur cette double id<strong>en</strong>titéirani<strong>en</strong>ne/norvégi<strong>en</strong>ne qui peut poser problème selon les lieux, les circonstances,et les personnes r<strong>en</strong>contrées, et qui le fait s’interroger l’artiste. Qui lui estNorvégi<strong>en</strong>.DOMINIQUE MARÇONARLES | ISTRESTHÉÂTRE 17We failed to hold this reality in mind a été joué au théâtre d’Arles le 15 janv dans le cadred’un week-<strong>en</strong>d de performancesFourbe et décapantIl s’agit bi<strong>en</strong> des Fourberies de Scapin, il s’agit bi<strong>en</strong>des personnages de Molière, et pourtant… Le v<strong>en</strong>tfou d’Omar Porras dépoussière<strong>en</strong>core et toujours lesclassiques par sesmises <strong>en</strong> scèneénergiques,empruntant à la commedia dell’arte les masques lesplus loufoques, les gestuelles débridées, ajoutant sonépice aux situations jusqu’à forcer les traits dechacun sans jamais tomber dans la caricature ou legrotesque. Dans un décoringénieux très sixtiesoù se côtoi<strong>en</strong>t jukeboxclignotant etportes à doublebattant, lesHooman Sharifi © Matthew William Smithpersonnages sembl<strong>en</strong>t tout droit sortis d’une BDcolorée : les costumes os<strong>en</strong>t les couleurs criardes etles carreaux dépareillés, acc<strong>en</strong>tu<strong>en</strong>t les traitsphysiques de chacun, collant aux démarches etgestuelles qui paraiss<strong>en</strong>t presque naturelles tant ellessont maîtrisées. De ce jeu flamboyant d’où part<strong>en</strong>t detemps <strong>en</strong> temps quelques coups de feu, giflesmarquées de sons cartoonesques ou chants hilarants<strong>en</strong>tonnés à plusieurs tel un chœur antique, le texte deMolière s’<strong>en</strong> trouve révélé, plus moderne que jamais,tournant autour d’un Scapin plus révolutionnaire quefourbe (sa tignasse rouge y est-elle pour quelquechose ?). Et sans ri<strong>en</strong> perdre de la cruauté de la farce,qui s’avère plus drôle qu’acide…DO.M.Les Fourberies de Scapin a été jouéau théâtre de l’Olivier, à Istres,les 15 et 16 janvier© Marc VanappelghemM<strong>en</strong>suel gratuit paraissantle deuxième jeudi du moisEdité à 28 000 exemplairesimprimés sur papier recycléEdité par <strong>Zibeline</strong> SARL76 av<strong>en</strong>ue de la Panouse | n°1113009 MarseilleDépôt légal : janvier 2008Directrice de publicationAgnès FreschelImprimé par Rotimpress17181 Aiguaviva (Esp.)photo couvertureCATHERINE GERMAIN© Agnès MellonConception maquetteMax MinnitiRédactrice <strong>en</strong> chefAgnès Freschelagnes.freschel@wanadoo.fr06 09 08 30 34Secrétaire de rédactionspectacles et magazineDominique Marçonjournal.zibeline@gmail.com06 23 00 65 42Secrétaire de rédactionJeunesse et arts visuelsMarie Godfrin-Guidicellim-g-g@wanadoo.fr06 64 97 51 56SociétéChris Bourguechris.bourgue@wanadoo.fr06 03 58 65 96Arts VisuelsClaude Lorinclaudelorin@wanadoo.fr06 25 54 42 22LivresFred Robertfred.robert.zibeline@free.fr06 82 84 88 94Musique et disquesJacques Frescheljacques.freschel@wanadoo.fr06 20 42 40 57Frédéric Isolettaf_izo@yahoo.fr06 03 99 40 07CinémaAnnie Gavaannie.gava@laposte.net06 86 94 70 44Élise Padovanielise.padovani@orange.frPhilosophieRégis Vlachosregis.vlachos@free.frSci<strong>en</strong>ces et techniquesYves Berchadskyberch@free.frHistoire et patrimoineR<strong>en</strong>é Diazr<strong>en</strong>ediaz@free.frPolyvolantesMaryvonne Colombanimycolombani@yahoo.fr06 62 10 15 75Delphine Michelangelid.michelangeli@free.fr06 65 79 81 10Marie-Jo Dhôdho.ramon@wanadoo.frMaquettistePhilippe Perottiphilippe.zibeline@gmail.com06 19 62 03 61Ont égalem<strong>en</strong>t participé à ce numéro :Emili<strong>en</strong> Moreau, Dan Warzy,Yves Bergé, Susan Bel, ClarisseGuichard, Christine Rey, Pierre-AlainHoyet, Marion CordierPhotographe :Agnès Mellon095 095 61 70photographeagnesmellon.blogspot.comDirectrice commercialeVéronique Linaisvlinais@yahoo.fr06 63 70 64 18Attachée commercialeNathalie Simonnathalie.zibeline@free.fr06 08 95 25 47


18 THÉÂTRE PHÈDRE | AVIGNONEn 2004, les deux Écoles Normales Supérieures cré<strong>en</strong>t une option artistique : les Études théâtrales.Le lycée Thiers fait partie de la douzaine de lycées français qui offr<strong>en</strong>t ce parcours aux élèvesde khâgne littéraires. L’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t allie théorie et pratique et aborde l’histoire, l’esthétiqueet la création théâtrales. Il s’appuie largem<strong>en</strong>t sur des spectacles et des r<strong>en</strong>contres avec les artistes.Dans le cadre de cette option, les élèves d’hypokhâgne, qui avai<strong>en</strong>t interviewé R<strong>en</strong>aud Marie Leblanc,metteur <strong>en</strong> scène de Phèdre, dans <strong>Zibeline</strong> 24, livr<strong>en</strong>t certaines de leurs réflexionsaprès la représ<strong>en</strong>tation.ANNE-MARIE BONNABEL, PROFESSEUR DE LETTRES ET ÉTUDES THÉÂTRALESLa parole et le corpsLes vers de Racine sont porteurs d’une puissance d’action. Lorsque Œnoneprononce le nom fatal d’Hippolyte, Roxane Borgna hurle : «Ah dieux !». Ce n’est pasune onomatopée, mais un cri de l’intérieur ; comme si chaque syllabe prononcéeétait marquée au fer rouge ; le mot est «la plaie et le couteau». Lorsque Thésée crieà son fils «Fuis», sa voix amplifiée par les micros a le caractère inéluctable de lamalédiction qui perdra Hippolyte. Les mots déchaîn<strong>en</strong>t les passions et les dieux,peuv<strong>en</strong>t être ravalés dans la gorge et étouffer. Ils sépar<strong>en</strong>t aussi, <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t dansl’erreur et la révèl<strong>en</strong>t une fois le malheur accompli. Personne n’écoute vraim<strong>en</strong>tpersonne <strong>en</strong>tre les murs blancs de cet hôpital psychiatrique où le corps pr<strong>en</strong>d laparole dans un langage terrible.Corps stylisés par les costumes, lieu de mystère, tel le corps de Phèdre dissimulésous ses voiles bleus et dont la voix semble émaner d’une âme fantomatique.Corps dédoublés <strong>en</strong> ombres projetées sur le mur latéral qui joue comme un écran,corps désirants dans l’excitation joyeuse d’Aricie, dans la maladresse d’Hippolyte,dans leur jeunesse qui dessine d’incongrus sauts sur la scène, dans le corps deThésée recouvrant celui de Phèdre comme un linceul… La mise <strong>en</strong> scène de R<strong>en</strong>audMarie Leblanc met le corps à l’épreuve. Le dépouillant, le brisant, elle r<strong>en</strong>d la douleurconcrète et nous la fait partager. Lorsque Phèdre agonise nue, son sang s’écoulantde sa bouche, c’est la mort de la parole, l’infrangible solitude.YANISSi loin, si proche«Peut-on <strong>en</strong>core jouer Racine aujourd’hui ?»se demandait Roland Barthes dans DireRacine. Il soulignait la nécessité de maint<strong>en</strong>irle texte à distance afin de ne pasle prosaïser, le psychologiser, le réduireà un drame bourgeois. Aujourd’hui R<strong>en</strong>audMarie Leblanc prouve qu’on doitjouer Phèdre <strong>en</strong> l’animant de fureurdionysiaque.Le décor blanc trop propre, trop lisse,provoque une s<strong>en</strong>sation d’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>tpar le cadre de scène et les murs capitonnésqui, sans référ<strong>en</strong>t réaliste, <strong>en</strong>serr<strong>en</strong>tun espace psychiatrique. Les costumessembl<strong>en</strong>t extirpés d’une Antiquité futuriste: l’abs<strong>en</strong>ce de temporalité approchel’universel.La diction des vers, d’une grande limpidité,ne cherche pas à retrouver la langueracini<strong>en</strong>ne, affirme au contraire le décalagedans la prononciation des «h»aspirés faisant du mot «haine» et duverbe «haïr» un objet qui résonneétrangem<strong>en</strong>t à nos oreilles.Cette mise <strong>en</strong> scène va au bout de sespartis pris. Tous les acteurs sont prisdans une fureur passionnelle, ils apitoi<strong>en</strong>tet terrifi<strong>en</strong>t : la tragédie remplit sa missioncathartique, Phèdre catalysant laviol<strong>en</strong>ce du désir de posséder l’autre,qui guette chacun de nous.LAURAParoxysmeL’oreille et l’œilRoxane Borgna joue d’âme. Sa gestuelle, sa rage, révèl<strong>en</strong>t saculpabilité, sa jalousie. La fatalité qui pèse sur elle est sapart d’ombre cachée sous des voiles bleus. Une foisaccouchée de sa faute, Phèdre se défait de ses voiles ; ell<strong>en</strong>aît sous nos yeux. Elle annonce sa mort et peut se tournervers son passé.R<strong>en</strong>aud Marie Leblanc parle de «paroxysme m<strong>en</strong>tal et physique».L’impitoyable lucidité avec laquelle Phèdre s’analysejusqu’au plus fort de l’égarem<strong>en</strong>t, son exig<strong>en</strong>ce de clarté laconduis<strong>en</strong>t à cette mort qu’elle appelait de ses vœux depuissa première apparition. Aux yeux du roi accablé, elle veutRoxane Borgna relève le défi du versracini<strong>en</strong>. Actrice vibrante, sa voix forteet grave atteint <strong>en</strong> plein cœur, saute auvisage comme une bête furieuse.Chaque syllabe éclate d’une incroyableénergie. On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d se contorsionnerquelque chose, à la limite de la paroleet du chant, qui trouble. Est-ce celaqu’on appelle la musicalité racini<strong>en</strong>ne ?Que p<strong>en</strong>ser alors des images fortesque le spectacle nous livre <strong>en</strong> regardde la puissance du verbe ? Tout au longde la représ<strong>en</strong>tation, la cruauté affleuremais reste subtilem<strong>en</strong>t sous jac<strong>en</strong>te.Avec le sang qui s’écoule de la bouchede Phèdre, elle devi<strong>en</strong>t visuellem<strong>en</strong>texplicite. Le sang, rouge sur fond blanc,image qui reste imprimée longtempsaprès la fin du spectacle, ne tue-t-il pasla force du cri d’effroi de Panope : «Elleexpire, Seigneur» ?MARINEParcours circulairePhèdre apparaît pour mourir. Elle <strong>en</strong>tre vacillante, faible, dans une attituded’extrême morbidité. Plus tard, face à Hippolyte, elle semble ranimée d’un soufflede vie qui ira cresc<strong>en</strong>do, jusqu’à ce qu’elle déambule sur scène possédée par lapassion. Elle exhibe son désir charnel, allongée au sol, caressant son sexe et soncou avec l’épée d’Hippolyte. L’énergie de l’actrice est à son comble quand lepersonnage connaît son dernier accès de folie insufflé par une insout<strong>en</strong>ablejalousie. Elle revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite pour une longue agonie. Loin d’être majestueuse, samort sacrifie au réalisme, saccadée par les convulsions de l’agonie.L’interprétation de Roxane Borgna met <strong>en</strong> lumière le du rôle de Phèdre, défi auxactrices.MELINAUn jeu qui sonne fauxBeaucoup d’acteurs dans le spectacle surjou<strong>en</strong>t. Toute à sa joie, Aricie s’écroule à terre <strong>en</strong> appr<strong>en</strong>ant qu’Hippolyte estamoureux et Ismène l’év<strong>en</strong>te, comme dans une scène de comédie. Puis la princesse sautille comme une petite fille…Hippolyte n’évite pas non plus l’illustratif : il ouvre sa veste, montre sa poitrine nue pour déclarer que «Le jour n’est pas pluspur que le fond de [son] cœur.» Phèdre avoue son amour pour Hippolyte avec une intonation très vulgaire, ti<strong>en</strong>t l’épée <strong>en</strong>treses jambes, se jette à terre comme un lapin. Quant à Théramène il donne son récit comme un bon petit écolier qui a apprissa leçon par cœur. Sans émotion, sans s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t. Théramène a éduqué Hippolyte comme son propre fils. Il a perdu un êtrecher. N’aurait-il pas fallu qu’il exprimât sa douleur ?ELEANORparler et avouer sa faute. Révéler son secret et <strong>en</strong> mourir,c’est rev<strong>en</strong>ir à la plus extrême pureté ; voilà le s<strong>en</strong>s de sanudité. Après sa confession publique, elle peut mourir ; ell<strong>en</strong>’aura vécu que le temps d’exciter ses ardeurs, ses fureurs,ses remords et ses transes de femme. Le sang coule de sabouche le long de son corps nu, froid, tremblant, convulsif,expiant. Sa face exténuée attire toute la lumière ; autourd’elles ce ne sont qu’ombres qui s’agit<strong>en</strong>t. Phèdre meurt <strong>en</strong>Phèdre transie de fureur.ANNE AURORE


AmbiguïtésLe spectacle joue les effets organiques de la passion.La noble princesse antique est une femme qui se débat<strong>en</strong>tre les murs de sa cellule, et passe par des mom<strong>en</strong>tsd’int<strong>en</strong>se abandon au désir charnel. La mise<strong>en</strong> scène joue aussi sur l’ambiguïté sexuelle : undoute plane sur l’attirance <strong>en</strong>tre Hippolyte et Théramène,à peine plus vieux qu’Hippolyte, contrairem<strong>en</strong>tà l’image conv<strong>en</strong>ue du précepteur.La perplexité du spectateur est réelle, notamm<strong>en</strong>tface à cet étrange objet am<strong>en</strong>é puis laissé dans uncoin de la scène et qui se remplit peu à peu d’eau. Sic’est une allégorie du temps tragique, pourquoi cettecouleur verte ? Perplexité <strong>en</strong>core devant Panope traitéecomme une déesse antique, une sorte de Pythie énigmatique.Pourquoi cette insistance sur les «h» aspirés ?Pourquoi une Aricie excitée et fébrile pour interpréterle personnage pudique de Racine ?On est à la limite de l’outrance sans jamais y sombrer.Ce qui reste quand tout ce blanc se dissout dans l<strong>en</strong>oir, c’est une profusion d’images qu’on a <strong>en</strong>vied’interroger.JULIEMalaiseR<strong>en</strong>dre la mort de Phèdre à ce point organique laissecomme un truc au fond du v<strong>en</strong>tre. On ne sait pas. Onhésite. Monter Racine aujourd’hui ? On ne sait toujourspas pourquoi. On a la désagréable impression que lethéâtre se substitue à l’arène : il faut du sang, de laviol<strong>en</strong>ce, laisser le public voyeur se repaître. Le problèmeest peut-être qu’il n’y a plus de règles du jeu,et que, comme pour Rousseau déjà, le théâtre estjuste un tricheur ? Peut-être parle-t-on mieux du théâtreaujourd’hui que l’on ne sait le faire. Ou <strong>en</strong> faire. Il nousfaudrait au moins trois juges.SOLENEDionysos et ApollonDes crimes affreux se tram<strong>en</strong>t dans un décor et descostumes blancs d’une grande unité. Les alexandrinss’accommod<strong>en</strong>t de cris d’horreur, de douleur ou dejoie. L’expression du désordre dionysiaque mêlé à laperfection apollini<strong>en</strong>ne se retrouve dans la mort dePhèdre où pureté et horreur du sang se conjugu<strong>en</strong>t.Contradictoires <strong>en</strong>core le désir de mort et l’instinct devie qui pouss<strong>en</strong>t Phèdre à se débattre et lutter, les plansd’Œnone pour sauver sa maîtresse quand tout estperdu, les projets d’Aricie et Hippolyte alors que ledestin continue de remplir son bac.Le désordre que Jouvet appelle de ses vœux est bi<strong>en</strong>le dionysiaque mêlé à l’apollini<strong>en</strong>. R<strong>en</strong>aud Marie Leblanc<strong>en</strong> fait la condition de l’apparition sur scène de lapuissance tragique.JOHANNA© X-D.RAlice’n’rollAprès 15 jours de résid<strong>en</strong>ce de créationde leur «tragi-conte baroqu’n roll»sur le monde étrange de l’<strong>en</strong>fance etde la difficile et irréparable perte d’innoc<strong>en</strong>ce,le joyeux collectif On voit taculotte Madame Véro a prés<strong>en</strong>téune 1 re étape de travail au Théâtre desDoms. 9 jeunes comédi<strong>en</strong>s belges sortisde l’INSAS, regroupés autour d’unprojet collectif de bout <strong>en</strong> bout : AliceMalone ou l’<strong>en</strong>fant poussée tordue. Ilsnous prévi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, ce que nous allonsvoir est inachevé et cette Alice, loin decelle de Lewis Carroll, n’est qu’un prétexteau délire. Alice vit au 286 e étaged’une tour triste et sombre, avec sagrand-mère, son chat, ses deux sœurs…et ses angoisses. «C’est notre petitmonstre à nous tous, celui qui a poussétordu, fait de toutes les peurs que l’onnous a transmises, des idéaux de perfectionimpossibles à atteindre, de nos19VivantÉcrit, mis <strong>en</strong> scène et interprété par Jean-Vinc<strong>en</strong>t Brisa, Molière, une passion pr<strong>en</strong>dle parti de retracer l’œuvre du dramaturge «à travers sa passion, ses convictions,son <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t, son militantisme.» Sur scène Molière et l’acteur dialogu<strong>en</strong>t, Brisase faisant le passeur de cette parole vivifiante.La représ<strong>en</strong>tation de Molière, une passion a été reportée au 4 fév à 20h30Théâtre des Halles (Avignon)04 90 85 52 57www.theatredeshalles.com/////////////////////////////////////////////////////////////culpabilités, de nos rêves, de nos déceptions,de nos luttes quotidi<strong>en</strong>nes». On ale privilège de suivre <strong>en</strong> direct le fragileprocessus de recherche qui se jouedevant nous. Les comédi<strong>en</strong>s, énergiqueset culottés, transform<strong>en</strong>t lesDoms <strong>en</strong> karaoké géant (l’<strong>en</strong>voûtantSweet Dreams de Marilyn Manson sefrotte à un Freddy Mercury déchainé)pour prés<strong>en</strong>ter cette Alice, pas modeste,qui veut avoir sa part de bonheur etqui se transforme <strong>en</strong> Iphigénie pouramuser la galerie. Réussira-t-elle às’émanciper ? On a hâte de découvrirl’aboutissem<strong>en</strong>t du spectacle, quipourrait ressembler à un manifeste dela révolte qui accouchera de la vraieAlice Malone, «pas l’avatar pleurnicheuse».La fin nous laisse donc sur sa faim.C’est bon signe.Cette étapede travail a étéprés<strong>en</strong>tée au Théâtredes Doms (Avignon)le 17 décembrePhèdre a été vu par les étudiants d’hypokhâgneà la Criée. Il sera joué à la Passerelle, ScèneNationale de Gap (05), le 19 janvier,et au Théâtre de Grasse (06), les 28 et 29 janvier.


20 THÉÂTRE MASSALIA | GYPTIS | ATP(AIX)Tragédie explosiveLa compagnie picarde Du Zieu dans les bleus prés<strong>en</strong>teau Théâtre Massalia la dernière partie de satrilogie Les Suppliantes, cycle de recherches sur lesformes tragiques, comm<strong>en</strong>cé <strong>en</strong> 2005 avec Ismène,d’après Eschyle et Sophocle, suivi <strong>en</strong> 2008 d’Ursuled’ Howard Barker. Pour ce 3 e volet, Nathalie Garraudet Olivier Saccomano, metteurs <strong>en</strong> scène, ont donnécarte blanche à un jeune auteur, Félix Jousserand,slameur et écrivain.Le thème ? Suite à la mort de son père, sultan d’uneprovince orpheline de l’URSS démantelée, une gaminede 19 ans surnommée Little Boy se retrouve au pouvoir.Comme conseillère, une prostituée et anci<strong>en</strong>nemaîtresse du père, Victoria : deux femmes au pouvoirdans un monde désarticulé qui doiv<strong>en</strong>t décider dev<strong>en</strong>dre, ou pas, une tête nucléaire à des marchandsaux d<strong>en</strong>ts longues.<strong>Zibeline</strong> : Pourquoi vouloir faire écrire et jouer une tragédiecontemporaine ?Nathalie Garraud et Olivier Saccomano : Pour étudiernos rapports à l’Histoire, voir comm<strong>en</strong>t évolu<strong>en</strong>tles mythes dans une société où ce sont les relationscommerciales qui sont dev<strong>en</strong>ues les plus importanteset où l’incommunicabilité est de mise.Trinité grecqueCela <strong>en</strong>traîne-t-il des contraintes d’écriture ?Oui. Nous avons eu un impératif : garder la formeclassique de la tragédie avec chœurs, 5 actes etl’affrontem<strong>en</strong>t de paroles contradictoires.À la lecture on est étonné par les parties des chœurs,l’écriture <strong>en</strong> est fragm<strong>en</strong>tée. Est-ce difficile à mettre<strong>en</strong> jeu ?Félix est un slameur. Pour les chœurs il a écrit des monologuesqui se crois<strong>en</strong>t. Or les personnages du chœurne se cont<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pas d’être des témoins, ils agiss<strong>en</strong>tsur la construction de l’action. Nous nous sommestrouvés dans la contrainte de restituer une dialectique.Nous avons demandé aux comédi<strong>en</strong>s d’improviserdes situations qui r<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t possible le dialogue. Audébut c’était un travail grossier qui peu à peu s’estaffiné.Quant aux personnages de l’action ils n’ont pas deprofondeur psychologique…Ce sont plutôt des types qui se construis<strong>en</strong>t par les rapportsd’influ<strong>en</strong>ce, l’un contre l’autre : le marchand, lesci<strong>en</strong>tifique, la présid<strong>en</strong>te... Les interactions <strong>en</strong>tre euxsont sans conséqu<strong>en</strong>ce. Les rôles sembl<strong>en</strong>t figés.Comm<strong>en</strong>t avez-vous élaboré le spectacle ?Avec des impros, des élém<strong>en</strong>ts de costumes de récup,Si l’écrivain Pan Bouyoukas convoque l’antique Hypatie(370-410), femme savante disparue dans l’inc<strong>en</strong>diede la bibliothèque d’Alexandrie, c’est pour fustiger lefanatisme religieux.Si Andonis Vouyoukas met <strong>en</strong> scène les idéaux paradoxauxascétique et hédoniste dans un espace épuré,c’est pour arrimer le texte contemporain à des rives pythagorici<strong>en</strong>nes,tragiques à la Sophocle.Si Raoul Lay <strong>en</strong> appelle au compositeur AlexandrosMarkeas, c’est pour fonder une Trinité hellénistique quicontribue à fédérer les polarités (<strong>en</strong> un temps où -c’estplaisant de le p<strong>en</strong>ser- après Nicée <strong>en</strong> 325, la controversetrinitaire met <strong>en</strong> débat le dogme monothéiste).La musique du spectacle souligne le parti pris d’un rituelfunèbre. Ses sonorités «rugueuses» et le chant«sauvage» de la soprano Murielle Oger Tomao semêl<strong>en</strong>t aux percussions, guitare et hautbois del’Ensemble Télémaque.Les interprètes de la Compagnie Gr<strong>en</strong>ade de JosetteBaïz donn<strong>en</strong>t corps à cette danse macabre pardeux <strong>en</strong>sembles qui ouvr<strong>en</strong>t et ferm<strong>en</strong>t le bal, et unsolo féminin s<strong>en</strong>suel, appel à l’amour qu’Hypatie n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>drapas.Un spectacle total, donc, qui convoque sur scène troiscréations, et les forces vives, théâtrales, chorégraphiques,musicales de la région. Agnès Audiffr<strong>en</strong> etPhilippe Séjourné, comédi<strong>en</strong>s de tal<strong>en</strong>t, incarn<strong>en</strong>tles personnages principaux de cette tragédie «dialectique»,selon Andonis Vouyoucas : un texte qui met <strong>en</strong>scène des personnages dont les raisons, politiquesou morales, s’affront<strong>en</strong>t, opposées dans leur ess<strong>en</strong>cemême. Des personnages complexes, absolus, qui nepeuv<strong>en</strong>t résoudre leur conflit que dans la viol<strong>en</strong>ce etl’éradication.Un texte qui de plus résonne puissamm<strong>en</strong>t avec notreaujourd’hui : Pan Bouyoucas l’a écrit lors de la guerrecivile algéri<strong>en</strong>ne, parce qu’on jetait au visage des intellectuellesdu vitriol. Cela n’est pas fini, l’obscurantisme© Agnès Mellon s’exerce toujours, et <strong>en</strong>corevis-à-vis des visagesdes femmes. Hypatie, figureexceptionnelle de l’Antiquité-les autres femmesn’y sont célèbres quecomme objet- reste unemblème ess<strong>en</strong>tiel à laprogression des esprits.JACQUES ET AGNÈS FRESCHELHypatieDu 19 janv au 6 févThéâtre du Gyptis04 91 11 00 91www.theatregyptis.comle parti pris que les sept comédi<strong>en</strong>s chang<strong>en</strong>t de rôled’une scène à l’autre sauf pour le personnage deLittle Boy.CHRIS BOURGUEVictoriadu 19 au 30 janvThéâtre Massalia04 95 04 95 70www.theatremassalia.comCôtéspectaCteur© du zieu dans les bleusLes Amis du Théâtre Populaire d’Aix fêt<strong>en</strong>t leur cinquanteans de théâtre, toujours emm<strong>en</strong>és par cetteidée, née à Avignon <strong>en</strong> 1953, d’un théâtre qui seraitpopulaire ou, comme le précisait Antoine Vitez, d’un«théâtre élitaire pour tous». Avec des expositions, desr<strong>en</strong>contres, débats, projections et spectacles ils mett<strong>en</strong>t<strong>en</strong> réseau tous les lieux d’Aix, de la Cité du Livreau théâtre des Ateliers, <strong>en</strong> passant par le Jeu de Paume,le GTP, le Pavillon Noir et une grande tournée <strong>en</strong> Paysd’Aix.Les premières réjouissances, de 28 janvier au 1 erfévrier, permettront dans l’après-midi et <strong>en</strong> soiréed’assister à des lectures de Roland Barthes ouVinaver par la Cie d’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t des Ateliers, der<strong>en</strong>contrer Laur<strong>en</strong>t Terzieff qui parlera du théâtrepopulaire, ou Maïssa Bey (auteur de Bleu Blanc Vertmis <strong>en</strong> scène le 1 er février au jeu de Paume). D’assisteraussi à un concert du comptoir organisé parSeconde Nature, de flâner devant des portraits despectateurs photographiés par Ito Josué <strong>en</strong>tre 1948et 1963… ou à une représ<strong>en</strong>tation de Service de nettoyageou le corps social à la cité du livre… Suivront <strong>en</strong>mars les Suppliantes d’Eschyle mises <strong>en</strong> scène parOlivier Py…Un programme riche, inhabituel, qui allie comme sav<strong>en</strong>tsi bi<strong>en</strong> le faire les ATP d’Aix des questionnem<strong>en</strong>tspertin<strong>en</strong>ts, des œuvres fortes, et un véritable soucide lisibilité des formes.A.F.Cinquant<strong>en</strong>aire des ATP d’AixAix04 42 26 83 98www.atpaix.com


AU PROGRAMMETHÉÂTRE21MulticoloreEva Doumbia, metteure <strong>en</strong> scène franco ivoiri<strong>en</strong>ne,a l’habitude de travailler avec des comédi<strong>en</strong>s de Côted’Ivoire, mais ne se cont<strong>en</strong>te pas d’interroger cettedouble culture-là (double id<strong>en</strong>tité nationale, dirai<strong>en</strong>tcertains qui ferai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> de v<strong>en</strong>ir un peu voir sesspectacles). Il y a quelques années, <strong>en</strong> montantChester Himes, elle était allée r<strong>en</strong>contrer lesmétissages américains. Là elle est partie au Brésil, et<strong>en</strong> revi<strong>en</strong>t avec une troupe totalem<strong>en</strong>t multicolore,pour créer le texte d’un auteur Burkinabé, AristideTarnagda…France do BrasilDu 26 au 29 janvScène Nationale du Merlan04 91 11 19 20www.merlan.orgProsopopéeL’idée d’Howard Zinn (éditée chez Agone) estfarfelue, même si faire parler les morts est un procédérhétorique anci<strong>en</strong>. Mais il fallait oser imaginerMarx r<strong>en</strong>voyé sur terre (par Dieu ?) et qui, découvrantce qu’il est adv<strong>en</strong>u de ses théories économiques,raconte sa vie tout <strong>en</strong> faisant l’illustration, parl’anecdote, de la validité actuelle de ses critiques anticapitalistes…La démonstration économico-politiqueest convaincante, grâce au pouvoir de la Fable et dela diatribe. Ivan Romeuf, <strong>en</strong> réincarnation bougonnecoincée dans un grand carton à tiroirs, s’amusebeaucoup…Karl Marx, le retourDu 5 au 27 fevThéâtre de L<strong>en</strong>che04 91 91 52 22www.theatredel<strong>en</strong>che.infoFrance do Brasil © Philippe AriagnoSous l’écranLes Cartouns install<strong>en</strong>t leur fantaisie sous l’écrannoir et blanc du chef d’œuvre de Medvedkine. Allezvoir <strong>en</strong> pages cinéma, puis à la Minoterie.Le BonheurDu 24 au 27 fevThéâtre de la Minoterie04 91 90 07 94www.minoterie.orgCabaretLes Bernardines poursuiv<strong>en</strong>t leur Hiver de Fidélités :après Marie Vayssière (voir p 14) et Eva Doumbia,qu’ils coprogramm<strong>en</strong>t au Merlan, ils accueill<strong>en</strong>t lesvieux amis de la Cie Art de vivre : Yves Favrega, etses vieux complices le musici<strong>en</strong> Pascal Gobin,Hélène Force pour jouer/chanter… une foiregastronomique et musicale, loufoque, excessive etfière de l’être !La Grande ComestibleDu 25 fev au 6 marsThéâtre des Bernardines04 91 24 30 40www.theatre-bernardines.orgTrilogieOn a <strong>en</strong> vu les épisodes par pan, mais la trilogie deSonia Chiambretto n’a pas été créée dans sonintégralité à Marseille. La petite salle de la Criéeaccueille les trois pièces de cette écriture forte,viol<strong>en</strong>te, qui semble traverser les cerveaux et nousmettre <strong>en</strong> phase avec des flots de parole au mom<strong>en</strong>toù ils arriv<strong>en</strong>t à formulation. Hubert Colas, qui met<strong>en</strong> scène, acc<strong>en</strong>tue par son parti pris frontal l’expéri<strong>en</strong>cede cette plongée directe dans la p<strong>en</strong>sée d’uneréfugiée Tchéchène, d’un légionnaire abruti, de lavieille religieuse incarnée par la folie absolue de DominiqueFrot. Manuel Valade et Claire Delaporteaussi, dans leurs monologues, sont stupéfiants.Mon Képi Blanc, Chto, 12 sœurs slovaquesDu 23 au 28 fevPetit Théâtre de la Criée04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.comChto © Nicolas MarieInternationalAvant d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre son festival russe, qui comm<strong>en</strong>cerapar du cinéma et des cabarets dès le 23 fév, leToursky accueille le succès de Gérard Gélas, qu’il acréé lors du festival 2007 <strong>en</strong> son Chêne Noir, puisrepris, filmé, joué à Paris avec un franc succès. Lapièce repose sur la belle fraicheur (aguerrie !) d’AliceBelaïdi, et le texte par mom<strong>en</strong>ts magnifique de SaphiaAzzedine. Même si la conversion finale laisse un drôlede goût, la performance et la viol<strong>en</strong>ce du propos sontimpressionnants.Après cela place à la comédie française dans un Marivauxmis <strong>en</strong> scène par Muriel Mayette : La Disputeest un chef-d’œuvre de subtilité langagière, un sommetdu théâtre français… fort inspiré à l’époque parla comédie itali<strong>en</strong>ne.Confid<strong>en</strong>ces à AllahLes 22 et 23 janvLa DisputeLes 29 et 30 janvierThéâtre Toursky0 820 300 033www.toursky.orgLocaliersLa couleur locale serait-elle garante du succès sur lesplanches ? Surtout quand la gloire des <strong>en</strong>fants dupays nous revi<strong>en</strong>t d’ailleurs ? Le duo Galabru Caubèreincarnant Raimu et Pagnol, <strong>en</strong> tous les cas, fait sallescombles et nombreuses. Espérons que leur Correspondanceici mise <strong>en</strong> scène dépasse l’anecdote : cesdeux monstres sacrés le mérit<strong>en</strong>t, comme les personnagesqu’ils incarn<strong>en</strong>t.Jules et Marcelles 21 et 22 janvThéâtre de Grasse (06)04 93 40 53 00www.theatredegrasse.comle 28 fevThéâtre Comœdia, Aubagne04 42 18 19 88www.aubagne.frles 4 et 5 fevThéâtre Toursky0 820 300 033www.toursky.orgles 6 et 7 marsThéâtre de Nîmes (30)04 66 36 65 10www.theatred<strong>en</strong>imes.comLa Dispute © Brigitte Enguerand


22THÉÂTREAU PROGRAMMESœursFémininAprès sa création aux Bernardines (voir p14), le Tartarin de Marie Vayssière se pose au Vitez. Avant de laisserplace à Ils regardai<strong>en</strong>t le monde dans les yeux de leurs voisins, une création de Christelle Harbonn autourd’Antigone de Sophocle. L’insoumise. Et de sa sœur. La concédante. Et de nous, face à ses attitudes politiqueslà.Tartarin raconté aux pieds nickelésLe 27 janvIls regardai<strong>en</strong>t le monde…Les 23 et 24 fev04 42 59 94 37http://theatre-vitez.com© BM Palazon Ils regardai<strong>en</strong>t le monde © AlexandraLichaElles cherch<strong>en</strong>t la tombe de leur père, dans unterritoire dont elles ont oublié la topologie depuis 25ans… Une histoire de quête commune <strong>en</strong>tre deuxsœurs très différ<strong>en</strong>tes mais qui, confrontées au deuil,vont retrouver tout ce qui les lie, et aussi la joie. Untexte de Pierre Notte mis <strong>en</strong> scène par PatriceKerbrat avec les deux grandes comédi<strong>en</strong>nes que sontCatherine Salviat et Christine Murillo.>Deux petites dames vers le NordDu 26 au 30 janvJeu de Paume (Aix)0 820 000 422www.lestheatres.netDoubleJekyll est un cas. Indubitablem<strong>en</strong>t. Son Hydepréfigure l’év<strong>en</strong>treur de quelques mois, touche à uninconsci<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core informulé, donne corps à noscauchemars, et à nos désirs démoniaques. Le CasJekyll incarné par D<strong>en</strong>is Podalydès repr<strong>en</strong>d la dernièrepartie du roman de Stev<strong>en</strong>son, c’est-à-dire laconfession du médecin à son ami Utterson.Confession lors de laquelle Hyde gagne peu à peu lecorps de son créateur…Le Cas JekyllDu 24 au 27 févJeu de Paume (Aix)0 820 000 422www.lestheatres.net© Elisabeth CarecchioCafé-théâtreAccueillie à Rousset, la compagnie du Préau prés<strong>en</strong>tedeux pièces de café-théâtre drôles et <strong>en</strong>levées mises<strong>en</strong> scène par Xavier Letourneur : J’aime beaucoup ceque vous faites, de Carole Greep, raconte lerèglem<strong>en</strong>t de compte <strong>en</strong>tre deux couples «amis» suiteà une fausse manœuvre avec un téléphone portable ;Amour et chipolatas de Jean-Luc Lemoine s’attaqueaux relations amoureuses, mettant <strong>en</strong> situation,autour d’un barbecue, une femme, trois de ses ex etson futur mari qu’elle met ainsi à l’épreuve.J’aime beaucoup ce que vous faitesLe 26 janv à 20h30Amour et chipolatasLe 23 fév à 20h30Salle Emili<strong>en</strong> V<strong>en</strong>tre (Rousset)04 42 29 82 53www.rousset-fr.comMythiqueLa compagnie La Naïve adapte l’œuvre de Molière, lamise <strong>en</strong> scène de Jean-Charles Raymond propulseDom Juan <strong>en</strong> plein cœur des sev<strong>en</strong>ties, lui donnant unair de Jim Morrison. Et la grande figure du libertinagedu XVII e siècle de dev<strong>en</strong>ir rebelle, une rock star, sanstoutefois que le mythe soit égratigné…Le 29 janv à 20h3004 90 79 56 37www.theatre-pertuis.com>J'aime beaucoup ce que vous faites © X-D.R.MordantChristian Gonon, comédi<strong>en</strong> sociétaire de la ComédieFrançaise se glisse dans la peau de Pierre Desprogeset se promène dans son univers emprunt d’absurdité,d’humour et d’ironie dans une mise <strong>en</strong> scène d’AlainL<strong>en</strong>glet et Marc Fayet. Un spectacle voulu par l’artiste«compréh<strong>en</strong>sible à l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t des plus cons» !La seule certitude que j’ai, c’est d’être dans le doutele 23 fév à 21hThéâtre Le Comœdia (Aubagne)04 42 18 19 88www.aubagne.com


23TransformisteL’homme est complexe, prêt à se métamorphoser <strong>en</strong>animal ou minéral pour réinv<strong>en</strong>ter le monde à saconv<strong>en</strong>ance. Avec La ferme des concombres, qu’il aécrit et interprète, et sur laquelle Jean-Michel Ribespose sa patte de metteur <strong>en</strong> scène, Patrick Robinearp<strong>en</strong>te une fois <strong>en</strong>core des contrées imaginaires,mettant à profit ses tal<strong>en</strong>ts d’observateur et dedécouvreur pour embarquer son monde sur lestraces de sa famille partie à la recherche d’un lieu oùs’installer <strong>en</strong>fin. Une ferme des concombres plusvraie que nature dans laquelle il pourra simplem<strong>en</strong>tfaire croire, <strong>en</strong>tre autres, qu’il est un hippocampe dudésert.La ferme des concombresle 30 janv à 21hThéâtre Le Comœdia (Aubagne)04 42 18 19 88www.aubagne.comSurvivreArméni<strong>en</strong> d’origine, ayant grandit au Liban, SimonAbkarian revi<strong>en</strong>t sur la vie de sa mère dans une pièce,Pénélope ô Pénélope, qui mêle l’Antique aux souv<strong>en</strong>irsd’<strong>en</strong>fance. Il se souvi<strong>en</strong>t de son père parti à laguerre, de sa mère qui n’a cessé d’att<strong>en</strong>dre, <strong>en</strong>treespoir et rage, et tisse des analogies avec Ulysse etPénélope, Elias et Dinah, créant une fresque moderne,intime et universelle.Pénélope ô Pénélopele 2 fév à 20h30Théâtres <strong>en</strong> Dracénie (Draguignan)04 94 50 59 59www.theatres<strong>en</strong>drac<strong>en</strong>ie.comle 4 fév à 19h30le 5 fév à 20h30Théâtre (Arles)04 90 52 51 51www.theatre-arles.comParallélismeJean-Claude Nieto adapte et met <strong>en</strong> scène Le Grand retour de Boris S de Serge Kribus, une pièce qui oscille<strong>en</strong>tre tragédie et comédie pour aborder les thèmes de l’id<strong>en</strong>tité culturelle et de la transmission familiale etpatrimoniale. Un père, Boris Spielman, comédi<strong>en</strong> sur le retour et veuf, s’invite chez son fils H<strong>en</strong>ri, seul et auchômage : les retrouvailles ne se feront pas sans mal et père et fils finiront par s’apercevoir de la similitude deleurs vies.Le Grand retour de Boris Sle 5 fév à 21hThéâtre Le Comœdia (Aubagne)04 42 18 19 88www.aubagne.comIllusionLes Compagnons de la chimère s’empar<strong>en</strong>t de l’œuvrede Molière avec les Femmes Savantes que met <strong>en</strong>scène Arnaud D<strong>en</strong>is. Une nouvelle création qui s’attacheplus particulièrem<strong>en</strong>t à la figure tyrannique maternelleà travers le personnage de Philaminte. ArnaudD<strong>en</strong>is choisit de revisiter le rôle <strong>en</strong> le faisant jouer parun homme, parti pris osé et intéressant, d’autant quele comédi<strong>en</strong> <strong>en</strong> question n’est autre que Jean-Laur<strong>en</strong>tCochet.Les femmes savantesle 26 janv à 20h30Le Théâtre (Fos-sur-Mer)04 42 11 01 99www.sc<strong>en</strong>esetcines.frBrillantJacques Gamblin est un acteur précieux, qui anime lascène et les écrans d’une grande humanité naturelle.Sa nouvelle création parle de cœur justem<strong>en</strong>t, concrètem<strong>en</strong>t,parce qu’il l’a vu qui s’illuminait lors d’unescintigraphie. Avec deux danseurs et ce désir-là devivre la lumière, il prés<strong>en</strong>te son nouveau solo accompagné.Aux salins, qui le suiv<strong>en</strong>t discrètem<strong>en</strong>t depuisplusieurs spectacles…Tout est normal mon cœur scintilleLe 20 févLes Salins, Martigues04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.fr>© X-D.R.Tragi-comédieLa cie du théâtre des Asphodèles s’empare du DomJuan de Molière dans une version <strong>en</strong>levée qui s’inspirede la commedia dell’arte. Luca Franceschi met <strong>en</strong>scène ce «révolté sans éthique» mais qui assumejusqu’au bout ses convictions, avec sept comédi<strong>en</strong>spour une vingtaine de rôles, <strong>en</strong> adaptant le texte pouracc<strong>en</strong>tuer la contemporanéité de Dom Juan.Dom Juanle 26 fév à 20h30Salle polyvante (Berre L’Étang)04 42 10 23 60www.forumdeberre.com>© Karim DridiNocturneLe solo de Koltès orchestré par Catherine Marnas et incarné, au s<strong>en</strong>s propre, parIljir Sélimoski, est <strong>en</strong> tournée Nomades à Cavaillon. L’acteur est étonnant, siproche dans ses maladresses, sa t<strong>en</strong>dresse, sa révolte et ses circonlocutions dupersonnage ! Tout y pleure magnifiquem<strong>en</strong>t, et la langue de Koltès brille commeun diamant noir.© Michel GuillerotLa Nuit justeavant les forêtsdu 28 janv au 1 er fevChâteauneuf-de-Gadagne, Lagnes,Joucas, les Doms(Avignon)04 90 78 64 64theatredecavaillon.com


24 THÉÂTRE AU PROGRAMMEJournalMai 1940 : elles sont deux sœurs, écriv<strong>en</strong>t toutesdeux un journal, occasion pour elles de consignercinq ans de guerre. Elles, ce sont les sœurs Groult,Flora et B<strong>en</strong>oîte, dont Lisa Schuster (qui ti<strong>en</strong>t le rôlede Flora) adapte et met <strong>en</strong> scène ces confid<strong>en</strong>ceshistoriques autant qu’intimes. Ce mélange delégèreté et de gravité <strong>en</strong> fait un témoignage t<strong>en</strong>dre ettouchant, autant sur la guerre que sur l’amourimmuable qui les lie.Journal à quatre mainsle 24 fév à 20h45Théâtre Armand (Salon-de-Prov<strong>en</strong>ce)04 90 56 00 82www.salon-de-prov<strong>en</strong>ce.org>HumanitéLa cie Stéphane Val<strong>en</strong>si a rassemblé trois pièces parmi les plus autobiographiques de Murray Schisgal : dansLes Marchands ambulants, Le vieux juif et 74 Georgia av<strong>en</strong>ue l’auteur new-yorkais évoque avec drôlerie lesgrandeurs et échecs du rêve américain. Angoisses de l’homme confronté à l’exil, conquête du nouveau mondeou monde disparu, l’œuvre de Schisgal «est une exploration au cœur de l’humain. Elle pose avec humour ett<strong>en</strong>dresse la question de la continuité et de la discontinuité de l’héritage culturel, la question de l’id<strong>en</strong>tité dansla diversité» comme le souligne Stéphane Val<strong>en</strong>si.© LotÉclatantQuand le collectif Les Possédés s’empare deTchekhov, et plus précisém<strong>en</strong>t d’Oncle Vania, tout lemonde participe à la fête. C’est que le jeu se fait auplus près du public, que tout comm<strong>en</strong>ce avec lebuffet où se press<strong>en</strong>t spectateurs et comédi<strong>en</strong>s, auc<strong>en</strong>tre du domaine familial que gère Sonia et sononcle Vania. Avec ce parti pris de proximité, RodolpheDana et Katja Hunsinger transform<strong>en</strong>t la scène <strong>en</strong>ring, ne laissant que peu de place aux approximationsde jeu ; t<strong>en</strong>sions et énergie sont palpables, et lasimplicité du dispositif fait naturellem<strong>en</strong>t place autexte de Tchekhov que l’on se surpr<strong>en</strong>d à redécouvrir.Oncle Vaniales 8, 9, 11 et 12 fév à 20hle 10 fév à 19hThéâtre (Nîmes)04 66 36 65 10www.theatred<strong>en</strong>imes.com>© Paou Les PossedesLes Marchands ambulants, Le vieux juif et 74 Georgia av<strong>en</strong>ueles 11 et 12 fév à 20h30Théâtre des Halles (Avignon)04 90 85 52 57www.theatredeshalles.com>© X-D.R.RéflexionsLe théâtre du Balcon poursuit ses r<strong>en</strong>contres, débatset lectures lors des soirées Acte e(s)t parole (dontc’est la 7 e année) et À l’abordage (pour la 3 e année).Durant ces mom<strong>en</strong>ts privilégiés, auteurs, poètes,comédi<strong>en</strong>s se succèd<strong>en</strong>t, avec, cette année, AnneJolivet pour Le café de la dernière chance (le 29 janv),Pascal Bancou dans La conversation (le 30), CélineMonsarrat dans La mère de la mariée (le 30), Michelle Bihan pour L’Australopithèque (le 30) et CaroleNugue dans Mélodies conjugales (le 31). Sans oublierles Regards croisés d’auteurs, acteurs et spectateursavec Michel Flandrin (le 30).Acte e(s)t parole, À l’abordageDu 29 au 31 janvierThéâtre du Balcon (Avignon)04 90 85 00 80www.theatredubalcon.orgDev<strong>en</strong>irC’est une performance pour Charles Gonzalès : ildevi<strong>en</strong>t Camille Claudel, depuis le début de sar<strong>en</strong>contre destructrice avec Rodin jusqu’à la fin de savie. Ici il n’est pas question de se travestir mais bi<strong>en</strong>d’incarner, de transmuter, de faire transparaître lafemme au travers de l’acteur. «Ce spectacle raconteune vie intérieure, exceptionnelle, blessée, fragile, unevie livrée tout <strong>en</strong>tière à l’art… jusqu’au malheur»explique le comédi<strong>en</strong>.Charles Gonzalès devi<strong>en</strong>t… Camille Claudelle 25 fév à 19hle 26 fév à 20hThéâtre du Chêne Noir (Avignon)04 90 82 40 57www.ch<strong>en</strong><strong>en</strong>oir.fr>© X-D.R


VoraceAu Théâtre Durance, la nouvellecréation de la Piccola Compagniadella Magnolia, Hamm-let, étudesur la voracité, affiche déjà completle 4 février ! C’est dire si cette jeunecompagnie théâtrale piémontaise amarqué la mémoire de ceux qui ontdécouvert La Casa de Bernarda Alba lasaison dernière. Il faut dire qu’ils’agissait d’un mom<strong>en</strong>t théâtrald’exception (voir Zib 14). Accueillie <strong>en</strong>résid<strong>en</strong>ce au théâtre à plusieursreprises, la compagnie recrée, <strong>en</strong>français, cette pièce écrite d’aprèsHamlet de William Shakespeare etHamlet Machine de Heiner Muller pourles deux figures tutélaires principales,complétées de Laforgue, Moscato etPasi. Un texte écrit et mis <strong>en</strong> scène parGiorgia Cerruti, égalem<strong>en</strong>t directriceartistique de la compagnie, qui s’inscritdans une trilogie sur l’individu dont ellecompose le deuxième acte aprèsOtello Cry Baby Cry, et avant Titus quisera produit prochainem<strong>en</strong>t. Unspectacle d’une beauté cruelle, noire,dont la mise <strong>en</strong> scène souligne tour àtour avec férocité et subtilité lesombres et les lumières.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI© Allessandro MattioloHamm-let, étude sur la voracitéPiccola Compagnia della MagnoliaLes 4 et 5 févrierEspace culturel Bonne fontaine,Forcalquier04 92 64 27 34www.theatredurance.com25MiraculeuxMary et Martin Doul sont au bord d’une route, <strong>en</strong> Irlande. Ri<strong>en</strong> d’autre n’occupeces deux m<strong>en</strong>diants aveugles que de s’aimer et de partager une vie de cécitéheureuse… Jusqu’à ce qu’un saint homme, par l’eau d’une fontaine miraculeuse,leur r<strong>en</strong>de la vue : ils se découvr<strong>en</strong>t alors tels qu’ils sont et doiv<strong>en</strong>t affronter laréalité du monde tel qu’il est. Avec La Fontaine aux saints, Guy Pierre Couleauretrouve l’auteur irlandais John Millington Synge qui l’inspire tant, son théâtre oùl’imaginaire ti<strong>en</strong>t une place prépondérante, son humour et son goût pour la fable.Un monde lég<strong>en</strong>daire et concret à la fois qui laisse <strong>en</strong>tr’apercevoir la possibilitéd’accéder à l’invisible.M.G.-G.La Fontaine aux saintsGuy Pierre Couleauv<strong>en</strong>dredi 29 janvier 20h30La Passerelle, Gap04 92 52 52 52www.theatre-la-passerelle.eu© Raymond SartiVertigineuxGislaine Drahy, artiste associée authéâtre La Passerelle, offre un<strong>en</strong>ouvelle lecture et mise <strong>en</strong> espace dela pièce du jeune auteur PhilippeMalone, Lecture de III. Cette variationtrès contemporaine du drameshakespeari<strong>en</strong> emprunte à Richard IIIses personnages pour réinterroger laquestion du pouvoir. Richard, héritierde l’<strong>en</strong>treprise de son père, laisse<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre aux actionnaires et auxemployés qu’il l’a tué : lors de sondiscours inaugural de nouveau PDG,personne ne réagit car le monde estlâche… En dix-sept séqu<strong>en</strong>ces à lapoésie implacable, Gislaine Drahy etson collectif d’acteurs décriv<strong>en</strong>t unmonde pris de vertige, au bord dugouffre.M.G.-G.Lecture de IIIGislaine Drahy, Théâtre Narrationjeudi 4 février 19hLa Passerelle, Gap04 92 52 52 52www.theatre-la-passerelle.euCarré ouvertLe Carré Sainte-Maxime ouvre une f<strong>en</strong>être sur les compagnies et les artistesdu territoire <strong>en</strong> leur consacrant un nouveau temps fort, Émerg<strong>en</strong>ces. Conçucomme un mom<strong>en</strong>t d’échange convivial, Émerg<strong>en</strong>ces permettra aux spectateurs«d’aller à la découverte des parcours,des démarches artistiques et desprocessus de création scéniques desartistes qui partag<strong>en</strong>t leur espace devie.» Sous les feux de la rampe,L’Autre compagnie et son spectacleLe mois de Marie de l’écrivainautrichi<strong>en</strong> Thomas Bernhard, et Pianoet compagnie avec Impressiontango: deux univers, l’un théâtral,l’autre musical, pour dire la richessede la création régionale. Et faire<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la parole de l’artiste au-delàde la représ<strong>en</strong>tation scénique, dans leprolongem<strong>en</strong>t d’une r<strong>en</strong>contrethématique qui vi<strong>en</strong>t approfondir et débattre d’un thème abordé par le spectacle.Ici celui de l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t politique de Thomas Bernhard, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce du metteur<strong>en</strong> scène Frédéric Garbe et des docum<strong>en</strong>talistes de la médiathèque. Ou dans un© X-D.R. mom<strong>en</strong>t plus informel autour d’unverre, jolim<strong>en</strong>t intitulé Nice to MeetYou, pour que chacun exprime sesémotions, ses impressions.MARIE GODFRIN-GUIDICELLIÉmerg<strong>en</strong>ces, F<strong>en</strong>être ouverte sur ledépartem<strong>en</strong>tLe mois de Marie, L’Autre compagnieLe 13 février 15h et 20h30Impression tango, Piano et compagnieLe 20 février 20h30Le Carré, Sainte-Maxime04 94 56 77 77www.carreleongaumont.com


26 DANSEDame la manoISTRES | PAVILLON NOIR | BNMDeux silhouettes se découp<strong>en</strong>t, immobiles, le décor apparaît, plan incliné qui secontinue <strong>en</strong> un long aplat blanc, tandis que la musique de Franck II Louise martèleses premières notes. C’est autour et sur ce territoire vierge que se construit lachorégraphie d’Anthony Égéa, avec François Lamargot et Jérôme Luca, deuxdanseurs qui se jaug<strong>en</strong>t et s’affront<strong>en</strong>t. Les corps s’élanc<strong>en</strong>t, regards baissésprêts à l’attaque, se frôl<strong>en</strong>t puis s’empoign<strong>en</strong>t, valse hésitation jusqu’à ne plusfaire qu’un ; les corps se cass<strong>en</strong>t, se soumett<strong>en</strong>t, puis les mouvem<strong>en</strong>ts se fontamples, se répond<strong>en</strong>t dans une parfaite symétrie. Et s’élanc<strong>en</strong>t à nouveau, gliss<strong>en</strong>tsur le plan incliné, s’accroch<strong>en</strong>t, dans une lutte infinie pour un territoire qui finirapar être scindé <strong>en</strong> deux parties égales par un long jet de peinture rouge.Franchissem<strong>en</strong>t de la ligne jusqu’à l’apaisem<strong>en</strong>t, de part et d’autre. «Donne-moila main, nous sommes frères»…DOMINIQUE MARÇONClash, de la cie Rêvolution, a été dansé le 12 janvier au théâtre de l’Olivier à Istres `et le 13 janvier au théâtre du Cadran à Briançon. Leur précéd<strong>en</strong>te création,Urban Ballet, sera accueillie au Carré Sainte-Maxime le 20 marset au théâtre Durance, à Château-Arnoux, le 30 avril.Ses Préfér<strong>en</strong>cesTout est fait pour que l’on se conc<strong>en</strong>tresur les corps. Les costumes sont gris,unis, noirs, fluides, aux lignes simples ;les lumières blanches, très découpéeselles aussi, port<strong>en</strong>t votre regard là où ildoit aller, sans effet. Les visages sont impassibles,vous ne pouvez que voir lescorps, qui reti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t toute votre att<strong>en</strong>tion,avec la musique.Là <strong>en</strong>core les choix d’Emanuel Gatsont remarquables : le Voyage d’hiver estchanté comme de l’intérieur, à la virgulede s<strong>en</strong>s près, par Fischer Dieskau,My Favorite Things, reprise virtuosissimedu thème de la Mélodie du Bonheur parColtrane, est une bombe ludique de forcevitale. Quant à sa version salsa duSacre exécutée sur un tapis ori<strong>en</strong>tal,elle surpr<strong>en</strong>d par son inadéquation avecla musique : abandonnant l’argum<strong>en</strong>trusse et paysan, jouant sur un rapportasymétrique <strong>en</strong>tre les sexes, deux hommespour trois femmes instaur<strong>en</strong>t unmouvem<strong>en</strong>t perpétuel totalem<strong>en</strong>t inappropriéaux déchaînem<strong>en</strong>ts etapaisem<strong>en</strong>ts de la partition, et parfaitem<strong>en</strong>tpertin<strong>en</strong>t pourtant. Comme si toutl’attirail émotionnel et tellurique deStravinsky laissait <strong>en</strong>trevoir le cœurqui, dans la poitrine, continue imperturbable.Une petite passe de rock, unarrêt, une variation, et le métronome à5 repr<strong>en</strong>d sa salsa asymétrique.CompositionJuste avant, le solo de Gat sur My FavoriteThings est une profession de foidans laquelle il confie quelques-uns deses mouvem<strong>en</strong>ts favoris, s’emparantdes soli instrum<strong>en</strong>taux pour développerdes positions particulières, etrev<strong>en</strong>ant au chorus retrouver sa phraseinitiale. Les Variations d’Hiver qui précèd<strong>en</strong>tpermett<strong>en</strong>t avec Schubert deconfier autre chose, plus romantiqueforcém<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre deux hommes -RoyAssaf est remarquable- <strong>en</strong> tuniquesqui, sur une ligne oblique, jou<strong>en</strong>t deleurs parallèles et de leurs courses.L’<strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t des trois pièces estremarquablem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>sé, et les interprètessont tous épatants.AGNES FRESCHELEmanuel Gat Dance Companya dansé au Pavillon Noirdu 14 au 17 janvVoyage d'hiver © Gadi DagonLe feu et l’eau© JJ MahéLe Ballet National deMarseille a ouvert grandesses portes à deuxcréateurs très personnels.Chacun a prés<strong>en</strong>té un solosobre et s<strong>en</strong>sible quimet <strong>en</strong> lumière sa parfaitemaîtrise du corps. MiguelNosibor avait créé Tempsd’arrêt au Pavillon Noir <strong>en</strong>novembre (voir Zib’24). Sadanse, v<strong>en</strong>ue du hip-hop,ne se cont<strong>en</strong>te pas de laCie En Phase © Christian Varletvirtuosité et sait nousémouvoir. Sur la scène, occupée par une boule de lumière autour de laquelle iltourne, attiré comme une luciole, le danseur s’<strong>en</strong>gage et se livre.C’est aussi autour d’un objet que se conc<strong>en</strong>tre toute la danse expressive deCaroline Bo : une simple bouteille d’eau minérale, <strong>en</strong> plastique, capte son regardet peu à peu le nôtre. Et c’est toute une histoire de désir et de nécessité quidéroule, son rapport à la soif et au plaisir de l’eau. Caroline Bo raconte safrustration quand étant <strong>en</strong>fant on refusait de lui donner à boire, son étonnem<strong>en</strong>tquand dev<strong>en</strong>ue adulte on l’a mise <strong>en</strong> garde contre l’absorption inconsidérée d’eau.Aussi a-t-elle longuem<strong>en</strong>t interrogé son corps et la médecine et cela donne unechorégraphie étonnante. Son corps bouge parfaitem<strong>en</strong>t, ondule, <strong>en</strong>fle et rétrécit,avec un mouvem<strong>en</strong>t focalisé sur l’abdom<strong>en</strong> qui s’anime de façon inatt<strong>en</strong>due etsemble dev<strong>en</strong>ir totalem<strong>en</strong>t autonome, surtout après l’absorption d’une bouteille<strong>en</strong>tière de 1 litre et demi d’eau. Alors une bande-son doctorale explique lesfonctionnem<strong>en</strong>ts des cellules et de la digestion, les mécanismes de ladéshydratation et de son contraire, l’hyponatrémie ! On le compr<strong>en</strong>d, il y abeaucoup d’humour dans ce travail, très bi<strong>en</strong> accompagné par la musique deJean-Philippe Barrios.CHRIS BOURGUETemps d’arrêt de Miguel Nosiboret Water in my solo de Caroline Bo ont été donnésdans le cadre des Ouvertures du BNM les 17 et 18 déc


BALLET D’EUROPE | NÎMES | MARTIGUESEuroméditerranée… du ballet !Il est désormais de tradition dans les ballets de laisserlibre cœur à l’expression chorégraphique des corps.Le Ballet d’Europe propose cet exercice depuis sacréation, et les workshops 2010 prés<strong>en</strong>tés les 17 et 18décembre au Petit Théâtre de la Friche <strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t danscette intéressante pratique.Six chorégraphies flottai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eaux doubles ettroubles de s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts méditerrané<strong>en</strong>s id<strong>en</strong>titaireset contradictoires : ces ateliers chorégraphiques sontle reflet tal<strong>en</strong>tueux de l’expression des malaises etturbul<strong>en</strong>ces que traverse le corps social.Infranchissable, chorégraphie solo dansée par sonauteur Ludovick Le Floc’h sur une musique deCatherine Lara est caractéristique de cettepréoccupation narcissique, <strong>en</strong>tre individu social etsujet désirant. L’id<strong>en</strong>tité est questionnée dans tousses aspects. Place de l’individu dans le collectif,ambiguïté de l’id<strong>en</strong>tité sexuelle, rôle de l’image dansle regard de l’Autre. La gestuelle, parfaitem<strong>en</strong>tmaîtrisée, traduit le trouble de l’attirance et du rejet,l’aspiration et la répulsion. Les poursuites auxconflu<strong>en</strong>ces du désir illustr<strong>en</strong>t les quêtes de la vie.Il pourrait être reproché l’aspect expressionniste decertaines compositions, frisant parfois la trivialitéillustrative. Mais la perfection de la techniquecorporelle fait oublier les traits parfois appuyés d’unescénographie un peu adolesc<strong>en</strong>te. Il est heureux quele Ballet d’Europe permette cette jeune écritureLe beau resteOn se disait un peu, pourquoi vont-ilsdanser <strong>en</strong>semble, eux qui fur<strong>en</strong>t sibeaux. On avait tort : ils le sont <strong>en</strong>core.Autrem<strong>en</strong>t, mieux sans doute…Jean-Charles Gil et Monique Loudières ont toutdansé, ils fur<strong>en</strong>t les égéries des plus grands chorégraphes.L’un décollait du sol avec un ballon rare,l’autre pouvait tout exprimer avec son corps <strong>en</strong>chewing-gum tonique… Puis ils ont tous les deux<strong>en</strong>seigné, longtemps, ont monté leur compagnie, sesont forgés un autre style, une autre histoire, et seretrouv<strong>en</strong>t après 30 ans pour <strong>en</strong> retrouver lesempreintes. Cela s’appelle Trace avec moi, et on y© Agnès Melloncorporelle de s’exprimer, radiographie d’une fraîcheur<strong>en</strong> friche… une belle de mai <strong>en</strong> décembre !YVES BERCHADSKYperçoit l’amitié, le temps qui vieillit les corps mais leurdonne une patine, une émotion que les petits jeunes,juste avant, lorsqu’ils exécutai<strong>en</strong>t admirablem<strong>en</strong>ttours et batteries, n’atteignai<strong>en</strong>t pas. Quelquefois lesmains se loup<strong>en</strong>t, quelquefois on s<strong>en</strong>t l’effort pourexécuter les portés, le r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t à l’ampleur ;mais les arrondis, les impulsions, les regards ont tantde charme !Sweet Gerschwin, dansé juste avant par un Balletd’Europe <strong>en</strong> grande forme, était autrem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>thousiasmant. La pièce tonique, joyeuse, reposesur le plaisir de danser, les clins d’œil, ladémonstration du tal<strong>en</strong>t technique, l’épate. L’émotionaussi, dans les duos et le solo, et un beau langage<strong>en</strong>tre le modern jazz, la technique classique etses écarts, et un brin de comédie musicale.Une des pièces les plus réussie de Jean-Charles Gil.AGNES FRESCHELTrace avec moi a été créésur la scène des Salinsle 16 janvSuite et finDANSE27Le Festival de Flam<strong>en</strong>co poursuit, jusqu’au 23 janvier,sa fiesta dans la Ville de Nîmes. En danse, PastoraGalván, cadette de la famille, prés<strong>en</strong>te, avec Pastora,une danse à la fois classique et avant-gardiste (le 21janv), tandis que Rocío Molina, autre grandedanseuse, propose son Oro Viejo (le 23 janv). Lesderniers spectacles seront chantés, avec DiegoCarrasco, «l’ogre flam<strong>en</strong>co» maître du compás (le 22janv), Inés Bacán accompagnée d’Antonio Moya àla guitare (le 22 janv), Antonio Campos <strong>en</strong> concertacoustique <strong>en</strong> duo avec Dani Méndez et son délicattoque (le 23 janv), sans oublier l’apothéose du festival,à savoir A Cinco voces : cinq voix gitanes, unedanseuse et deux guitaristes pour une soirée façoncafé cantante (le 23 janv).D.M.20 ans de flam<strong>en</strong>cojusqu’au 23 janvierThéâtre de Nîmes04 66 36 65 10www.theatred<strong>en</strong>imes.com© Jean-Charles Verchère


28 DANSE/CIRQUE AU PROGRAMMEActualité chargée,et masculine !Le Pavillon Noir offre à ses spectateurs quatre programmesdiffér<strong>en</strong>ts et passionnants <strong>en</strong> un mois, tous dansés et écritspar des hommesLa saison de la Turquie <strong>en</strong> France donnel’occasion d’accueillir le duo masculinde Bedirhan Dehm<strong>en</strong> et Safak Uysalqui a marqué plusieurs festivals cetteannée. Monday in the Sun «raconte» <strong>en</strong>images, <strong>en</strong> mots et <strong>en</strong> danse (très physique)comm<strong>en</strong>t deux stambouliotes,qui travers<strong>en</strong>t tous les jours le Bosphorepour aller travailler <strong>en</strong> Europe, <strong>en</strong>visag<strong>en</strong>tles relations <strong>en</strong>tre hommes. Lesallers-retours <strong>en</strong> ferry s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t, Istanbulest un personnage qui édicteses règles (les 28 et 29 janv).Le projet d’Emilio Calcagno est d’unevraie pertin<strong>en</strong>ce : la danse manque demémoire, et si tout le monde connaîtl’élan qui a marqué la nouvelle dansefrançaise dans les années 80, <strong>en</strong> particulieravec le concours de Bagnolet quia agi comme un puissant révélateur, ilssont peu nombreux à avoir vu ces pièces.Cet histori<strong>en</strong> subtil de la danseremonte aujourd’hui, avec sa compagnie,quatre pièces lauréates du concours,<strong>en</strong> les mettant <strong>en</strong> perspective : Bagouet,Gallotta, Larrieu, et Preljocaj, avec sonMarché noir qui lui permit de se dealerune place, juste avant les années Mitterrand…(du 3 au 6 fév).Il sera <strong>en</strong>suite question d’un autre anci<strong>en</strong>danseur du Ballet Preljocaj :Philippe Combes, disparu <strong>en</strong> avril,était un interprète particulier, et un chorégrapheétonnant. Plusieurs de ses piècesont été créées lors des Afflu<strong>en</strong>ts duballet ou, à partir de 2000, par sa cieCave Canem. La soirée d’hommageprés<strong>en</strong>tera une de ses créations, deuxde ses films -il travaillait la danse-vidéoetle duo C<strong>en</strong>taures de Preljocaj, qu’ilinterpréta longtemps (le 12 fév).Un apéro danse, <strong>en</strong>fin, avec un autreartiste d’ici, même s’il est Autrichi<strong>en</strong>.Christian Ubl <strong>en</strong> 30 minutes met <strong>en</strong>scène son âme, <strong>en</strong> un solo accompagnépar un corps étrange revêtu d’unfilet noir… Le danseur, qui peut êtretrès physique lorsqu’il interprète lesœuvres des autres, se montre souv<strong>en</strong>ttrès conceptuel, théâtral et ironiquedans les si<strong>en</strong>nes. Saura-t-il dévoiler saBlack Soul ? ( les 25 et 26 fev).AGNES FRESCHELLe Pavillon Noir, Aix0811 020 111www.preljocaj.orgBlack Soul © Pierre CanitrotBaroque puisromantiqueLe Ballet d’Europe occupe le plateaudu Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce avecdeux pièces fondées sur l’explorationchorégraphique de deux universmusicaux. Sans rev<strong>en</strong>ir au stylebaroque mais <strong>en</strong> s’imprégnant de sesélans, Folavi puise dans la musique deVivaldi une joie de vivre généreuse,quelques beaux mom<strong>en</strong>ts de groupe,et une gravité aussi dans certainsduos. Schubert in love est fondéeégalem<strong>en</strong>t sur une succession detableau <strong>en</strong>chaînés, et sur l’œuvre d’uncompositeur ; l’<strong>en</strong>semble est forcém<strong>en</strong>tplus romantique, et la danse s’<strong>en</strong>émeut beaucoup ! Les danseurs sont actuellem<strong>en</strong>t dans une grande forme (voirp 27), et leur technique est impressionnante : allez-y voir !Le Ballet d’Europeles 22 et 23 janvGrand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce04 42 91 69 69www.grandtheatre.frDeux ailesG<strong>en</strong>eviève Sorin et Lulla Chourlinrepr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à la Minoterie la créationqu’elles avai<strong>en</strong>t laissé <strong>en</strong>trevoir lors deDansem dans l’intimité du 3bisF (voirZib 25). On avait trouvé ça trèsémouvant, cet à peine duo féminin.Aucune raison pour que ça ne le soitpas plus <strong>en</strong>core, dans la chaleur de cethéâtre au beau plateau.Sur ParolesDu 4 au 6 fev04 91 90 07 94www.minoterie.org© J.-C. VerchèrePerpétuelJosef Nadj vi<strong>en</strong>t aux Salins, et c’esttoujours un événem<strong>en</strong>t. Depuis 25 ansle chorégraphe surpr<strong>en</strong>d par sonunivers théâtral, distant mais chaleureux,où les corps dans<strong>en</strong>t mais jou<strong>en</strong>tsurtout. Entracte, une de ses dernièrespièces (2008), est écrit à quatre mains,avec le saxophoniste Akosh Szelevényi,et musici<strong>en</strong>s et danseurs se partag<strong>en</strong>tle plateau. Les quatre musici<strong>en</strong>s sontd’ailleurs au c<strong>en</strong>tre, et il est questiond’espace, inspiré de la sagesse chinoise: deux pains de glace qui fond<strong>en</strong>t,6 écrans, des hexagrammes, des projections…et de la part des danseursl’utopie d’un mouvem<strong>en</strong>t incessant.© Jef RabillonEntracteLe 2 fevThéâtre des Salins, Martigues04 49 42 02 00www.theatre-des-salins.fr


29EnthousiasmantDepuis longtemps déjà le hip hop de MouradMerzouki (Cie Käfig) regarde vers la narration sansabandonner le plaisir physique de l’exploit. Mais sar<strong>en</strong>contre avec les danseurs brésili<strong>en</strong>s <strong>en</strong> 2006 faitmonter d’un degré la fable, qui devi<strong>en</strong>t écolo, et lescorps, qui s’<strong>en</strong>vol<strong>en</strong>t <strong>en</strong> acrobaties délirantes. Agwaa soulevé les foules… Correria, deuxième volet dudiptyque, devrait les <strong>en</strong>voyer au ciel…Agwa / Correriadu 2 au 4 fevThéâtre de Grasse (06)0493 40 53 00www.theatredegrasse.comBi<strong>en</strong> ?Le théâtre de la Passerelle programme Ashes, deKo<strong>en</strong> Augustijn<strong>en</strong>, un des chorégraphes des BalletsC de la B. qui peuv<strong>en</strong>t être formidables. La pièce, lorsde son passage au festival de Marseille, avaitdécl<strong>en</strong>ché l’<strong>en</strong>thousiasme général, mais nous avaitlaissés dubitatifs. Peu convaincus par les danseurs, lepropos, le rythme, et gênés par la justessecontestable des chanteurs… La musique pourtantétait belle, quelques mom<strong>en</strong>ts de trampoline aussi.Même si les circassi<strong>en</strong>s font beaucoup mieux. Àrevoir ?Agwa© Michel CavalcaLe bruit monteAprès une sirène glaciale et loufdingue(voir cahier jeunesse), r<strong>en</strong>dez-vous le3 février pour Une Canopée auxaccid<strong>en</strong>ts, composition de eRikm,plastici<strong>en</strong> et musici<strong>en</strong>. Sa créationacousmatique autour de la rumeurdes cités et des campagnes s’appuierasur la diffusion des sirènes,Les créations de MathurinBolze sont toujours autantd’invitations au rêve,puisant dans le cirque, ladanse et le théâtre lesingrédi<strong>en</strong>ts de base deses univers fantasques.Du Goudron et des plumesne dérogera pas à la règle:cette nouvelle création dela cie MPTA, coproduitepar le Théâtre des Salins,pr<strong>en</strong>d comme point dedépart le roman de Steinbeck,Des Souris et des hommes. C’estdans une injonction de L<strong>en</strong>nie queMathurin Bolze puise son univers : «Etsi vous regardiez le monde avec desyeux différ<strong>en</strong>ts», une phrase qui correspondparfaitem<strong>en</strong>t à son imagerie…Car ses yeux, c’est certains, sontdiffér<strong>en</strong>ts : il fait embarquer cinq artistesdans un décor mobile, susp<strong>en</strong>du,qui oscille et balance, qui provoque «unmouvem<strong>en</strong>t de bascule où le mondeverse, un bord de monde qui dégringole,[une] instabilité qui contraint à la vigilance,à l’éveil, qui exige une grandeatt<strong>en</strong>tion, une grande prés<strong>en</strong>ce au monde».Les sons aussi seront au diapason,prov<strong>en</strong>ant du décor ou s’y propulsant,naissant des images et les créant,qu’il qualifie de «césures m<strong>en</strong>struellespréliminaires à la catastrophe». Quantà la Canopée, le terme désigne lapartie supérieure des forêts bruissantes,reines des rumeurs et desramages, baldaquin étoilé des lits etdes feuillages…www.lieuxpublics.comPaysages intérieursDu goudron et des plumes © C. Raynaud Delagelangage adapté à ces humainssusp<strong>en</strong>dus…Quels sont les rêves de L<strong>en</strong>nie etGeorges, et quels sont ceux des personnagesqu’ils vont r<strong>en</strong>contrer ?Suivez le mouvem<strong>en</strong>t ! Mais des yeuxseulem<strong>en</strong>t : ces circassi<strong>en</strong>s-là sontsacrém<strong>en</strong>t virtuoses, et sans effort ilss’<strong>en</strong>vol<strong>en</strong>t…DOMINIQUE MARÇONDu Goudron et des plumesLes 28 et 29 janv.Théâtre des Salins (Martigues)04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.frAshesLe 23 janvThéâtre de la Passerelle, Gap (05)www.ville-gap.fr© Chris Van der Burght


30 CINÉMA LES R-V D’ANNIE | PRIX INTERNATIONAL DU DOCUMENTAIREPrix à MarseilleLa 14 e édition du Prix International du Docum<strong>en</strong>taireet du Reportage Méditerrané<strong>en</strong> s’est déroulée pour lapremière fois à Marseille, du 9 au 14 décembre.Plus de 300 œuvres, prov<strong>en</strong>ant de 33 pays dont laFrance, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, l’Algérie, le Maroc,l’Egypte, la Tunisie, la Turquie, et Israël ont été reçuesau mois de juin 2009, et 35 ont été sélectionnées.Présidé par l’écrivain égypti<strong>en</strong> Khaled Al Khamissi,le jury docum<strong>en</strong>taire a attribué le Grand Prix EnjeuxMéditerrané<strong>en</strong>s au film itali<strong>en</strong> Come un uomo sullaterra de Andrea Segre, Dagmawi YIimer etRiccardo Biad<strong>en</strong>e, qui retrace le parcours d’unétudiant éthiopi<strong>en</strong> obligé d’émigrer <strong>en</strong> Libye où il estconfronté à la viol<strong>en</strong>ce... Le Prix Mémoire de laMéditerranée a été remis à Bucarest, la mémoireperdue du réalisateur catalan Albert Solé tandis queLe 26 janvier à 20h30, au Daki Ling, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariatavec le Vidéodrome, projection du film Llik your idolspremier film d’Angélique Bosio ; un docum<strong>en</strong>tairesur un courant cinématographique underground, quia pour fil conducteur quatre figures emblématiques,Lydia Lunch, Richard Kern, Nick Zedd et Joe Coleman.Daki Ling, le Jardin des Muses04 91 33 45 14www.dakiling.comCome un uomo sulla terrade Andrea Segre, Gagmawi Ylimer et Riccardo Biad<strong>en</strong>eLes r<strong>en</strong>dez-vous d’AnnieLe 23 janvier à partir de 15h, au cinéma Les Lumièresà Vitrolles, L’œil du cinéaste accueille EmmanuelMouret dont on pourra voir Vénus et Fleur, Changem<strong>en</strong>td’adresse et Fais-moi plaisir. Des débats aurontlieu après les films, ainsi qu’un atelier de courts métragesà destination des jeunes de 15 à 25 ans. Surinscription !04 42 77 90 77http://cinemaleslumieres.fr>la récomp<strong>en</strong>se pour la Première Œuvre docum<strong>en</strong>tairea été remise à Welcome to Hebron de TerjeCarlsson. Ce docum<strong>en</strong>taire, tourné p<strong>en</strong>dant plus detrois ans à Hébron, <strong>en</strong> Cisjordanie, suit Leila Sarsour,une jeune fille de 17 ans qui étudie à Al-Qurtuba, uneécole de jeunes filles palestini<strong>en</strong>nes, <strong>en</strong>tourée pardes installations militaires israéli<strong>en</strong>nes.Quant à Faces du suisse Gérard Maximin, il aremporté le Prix Art, Patrimoine et Cultures de laméditerranéeet le Prix à la diffusion TV5 Monde. Facesévoque la plus grande exposition d’art urbaine aumonde, celle de photos de Palestini<strong>en</strong>s etd’Israéli<strong>en</strong>s, prés<strong>en</strong>tée des deux côtés du mur,permettant de s’interroger sur la possibilité qu’a l’artde faire reculer les préjugés.A.G.Le22 janvier, à 20 h, Arnaud Desplechinsera prés<strong>en</strong>tau cinéma Variétésà Marseillepour son film Un contede Noël qui réunit Catherine D<strong>en</strong>euve, Mathieu Amalric,Emmanuelle Devos, Jean-Paul Roussillon, Chiara Mastroianni,Anne Consigny et Melvil Poupaud.Organisée avec l’Institut Paoli-Calmettes, la projectionsera suivie d’un débat avec Jean-Pierre Jouet, JacquesAscher, Didier Blaise, Patrick B<strong>en</strong> Soussan et YolandeArnault.Le 28 janvier, à 20h, au cinéma les Variétés, projectiondu film de Régis Sauder, Nous, Princesse de Clèves.En 2009 à Marseille, des lycé<strong>en</strong>s du Lycée Diderots’empar<strong>en</strong>t de La Princesse de Clèves, pour parler d’eux,du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t amoureux, de la société.Conte de noel © J.-C. Lother - Why Not ProductionsLe 30 janvier à 20h15, à l’Institut de l’image à Aix, àl’initiative du Syndicat des Avocats de France, du Syndicatde la Magistrature et de l’ASPMP, projection dufilm de R<strong>en</strong>é Allio, Moi Pierre Rivière, ayant égorgéma mère, ma sœur et mon frère.Avant la projection à 18h, débat sur «Sécurités etlibertés» animé par Patrick Coupechoux, journaliste,auteur notamm<strong>en</strong>t de Un monde de fous et CatherinePaulet, Présid<strong>en</strong>te de l’Association des secteursde psychiatrie <strong>en</strong> milieu pénit<strong>en</strong>tiaire.Du 3 au 23 février, à l’occasion de l’année de la Russie,l’Institut de l’image propose aussi une rétrospectiveautour de l’Histoire du pays, de la révolution d’Octobre1917 à la guerre <strong>en</strong> Tchétchénie, à travers les films degrands cinéastes soviétiques puis russes : Eis<strong>en</strong>stein,Vertov, Barnet, Medvedkine, Konchalovsky, Tarkovski,Sokourov… On pourra ainsi (re)voir, <strong>en</strong>tre autres,Octobre et Ivan le Terrible d’Eis<strong>en</strong>stein, L’Homme à lacaméradeDziga Vertov, Le Bonheurde Medvedkine…Le 4 février à 18h30: confér<strong>en</strong>ce deNicolas Feodoroffsur le cinéma russe avec la projection d’Alexandra deSokourov.Cité du Livre, Aix04 42 26 81 73www.institut-image.orgLes mardis de la Cinémathèque propos<strong>en</strong>t au C<strong>en</strong>tre Régional de Docum<strong>en</strong>tation Pédagogique, le 26 janvier,L’Arbre aux sabots d’Ermanno Olmi, Palme d’Or à Cannes <strong>en</strong> 1978 : l’histoire de quatre familles de paysanspauvres dans une grande ferme <strong>en</strong> métairie du côté de Bergame, à la fin du XIX e siècle.En février, ce sera Le Golem de Paul Weg<strong>en</strong>er, puis Les Clowns de Fellini.La Cinémathèque de Marseille04 91 50 64 48www.cinememoire.netFais moi plaisir d'Emmanuel Mouret © Pascal ChantierLe 3 février à 18h00, dans le cadre de la rétrospectiveNanni Moretti, L’Institut Culturel Itali<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>te<strong>en</strong> collaboration avec l’Institut de l’Image Caro diario(Journal intime) dans lequel Nanni Moretti nous faitdécouvrir son univers <strong>en</strong> trois chapitres : sa passionpour Rome, sa recherche d’un lieu tranquille au cœurdes îles Eoli<strong>en</strong>nes… et <strong>en</strong>fin l’épreuve de la maladieface à un cortège de médecins inaptes…Institut Culturel Itali<strong>en</strong> de Marseille04 91 48 51 94www.iicmarsiglia.esteri.itÀ la Minoterie, égalem<strong>en</strong>t, le chef-d’œuvre de MedvekineLe Bonheur. Le film muet, <strong>en</strong> noir et blanc,tourné et c<strong>en</strong>suré au temps de Staline, retrace avecironie et poésie le parcours d’un pauvre paysanconfronté au méchant propriétaire puis, après leRévolution, à sa propre incurie. Le Cartoun Sardinesthéâtre accompagne la projection d’un véritablecomm<strong>en</strong>taire musical, bruitant avec réalisme, puisavec distance, l’av<strong>en</strong>ture, et donnant des voix décaléesaux personnages. Le jeu <strong>en</strong>tre l’écran et la scèneest déroutant, passionnant, amusant, agaçant. Unetroisième expéri<strong>en</strong>ce de ciné-théâtre proposée par laCie, après un Faust fascinant et un Lulu un peu moinspertin<strong>en</strong>t.A.F.Le BonheurDu 24 au 27 fév04 91 90 07 94www.laminoterie.org


Ouvrir les yeux du mondeTulpan © A Zeitgeist Films releaseDu 3 au 8 février se ti<strong>en</strong>dront, à Manosque, les 23 e R<strong>en</strong>contres Cinémadu Réel à l’Imaginaire qui propos<strong>en</strong>t une semaine de projectionset de r<strong>en</strong>contresUne tr<strong>en</strong>taine de films, images du monde, vontinterpeller, faire réfléchir, émouvoir aussi sans doute,<strong>en</strong>traîner sur des routes lointaines les spectateurs…Dans le grand nord sibéri<strong>en</strong> avec MarkkuLehmuskallio et Anastasia Lapsui auxquels estr<strong>en</strong>du un hommage ; dans les steppes du KazakhstanC’est un professeur de lettres passionné qui a révéléà Catherine Poitevin le cinéma, alors qu’elle étaitinterne au lycée Marseilleveyre. «Avant j’allais au cinévoir des acteurs, comme Marlon Brando, et de jolieshistoires. Là, j’ai compris, <strong>en</strong> voyant le CuirasséPotemkine que le cinéma était un art et un langage.»Après des études d’histoire, sans <strong>en</strong>thousiasme, ellepasse le concours de l’IDHEC (actuellem<strong>en</strong>t la FEMISndlr), sans grand espoir, et… le réussit !L’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, trop théorique à songoût l’<strong>en</strong>nuie un peu, mais lors d’unstage elle r<strong>en</strong>contre Louis Malle quirevi<strong>en</strong>t d’Inde et dont elle devi<strong>en</strong>dral’assistante. Elle va assurer le montaged’une vingtaine de films sur l’Inde, trèsà la mode dans les années 70. «J’aibeaucoup appris avec lui, un homme trèsgénéreux, qui m’a marquée tout commeR<strong>en</strong>é Allio, mon papa <strong>en</strong> cinéma,auquel on ne r<strong>en</strong>d pas assez hommage.»Elle a <strong>en</strong>tre autre appris à monter deslangues, exercice difficile, ce qui lui apermis par exemple de travailler àl’étranger, au Maroc sur le film de SaâdChraïbi, Atash, <strong>en</strong> Egypte sur LesPortes fermées d’Atef Hetata ou <strong>en</strong>Tunisie sur Un Eté à la Goulette de FéridBoughedir. Peu importe le lieu où elletravaille, elle considère que le montageest un «cadeau» et qu’on doit tout faireMANOSQUE | PORTRAIT DE CATHERINE POITEVIN<strong>en</strong> compagnie de Sergey Dvortsevoy, auquel lesr<strong>en</strong>contres consacr<strong>en</strong>t une rétrospective complèteet dont les derniers films, Dans le noir et Tulpan, sontprés<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> ouverture le 2 février.Tout au long de ce voyage, nous r<strong>en</strong>contrerons despersonnages singuliers comme la jeune Mei, qui,NOM : Catherine PoitevinProfession : monteuseSignes particuliers : calme et pati<strong>en</strong>cepour le réussir. L’exig<strong>en</strong>ce, c’est Thierry Garrel (LaSept ARTE) qui la lui a apprise : «Le s<strong>en</strong>s dans un seulplan !»«Le montage consiste à mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce lesqualités du tournage. Le monteur est celui quirassemble tout. C’est un métier difficile où l’onappr<strong>en</strong>d toujours.» Catherine Poitevin a travaillé aussibi<strong>en</strong> pour la télévision (France 3 et Arte) que pour lecinéma. Elle a monté L’Ombre rouge et Balles PerduesCINÉMA31fuyant son village natal, doit affronter la réalité peuaccommodante des grandes villes, <strong>en</strong> Chine d’abord,puis à Londres dans She, a chinese de Xiaolu Guo.Ou Hebba, la jeune journaliste égypti<strong>en</strong>ne du dernierfilm de Yousry Nasrallah, Schéhérazade, prés<strong>en</strong>té<strong>en</strong> avant première, <strong>en</strong> sa prés<strong>en</strong>ce le 5 février ; ou<strong>en</strong>core, les membres un peu «fêlés» de la familleB<strong>en</strong>ade, qui vit dans une banlieue pauvre deJohannesburg, du décapant Triomf de MichaelRaeburn.Nous pourrons aussi découvrir la «Perle Noire dumeilleur réalisateur de docum<strong>en</strong>taire» à Abou Dhabi,Vivre ici, un film inédit de Mohamed Zran qui seraprés<strong>en</strong>t le 6 février au Théâtre Jean le Bleu.Et ceux qui ne voudrai<strong>en</strong>t pas voyager trop loinpourront visiter la République Marseille de D<strong>en</strong>isGheerbrant, ou le Marseille des années 70 <strong>en</strong>découvrant la Lettre à la prison de Marc Scialom,film oublié et retrouvé quarante ans plus tard.Tous ceux qui sont friands de découvertescinématographiques se r<strong>en</strong>dront avec plaisir, pour la23 e année, au théâtre Jean Le Bleu et au Cinéma LeLido de Manosque.ANNIE GAVAR<strong>en</strong>contres cinéma de Manosque04 92 70 35www.oeilzele.netde Jean-Louis Comolli ; Rouge-Midi de RobertGuediguian. Côté docum<strong>en</strong>taire elle a collaboré de1991 à 1995 avec le Suisse Richard Dindo dont ellea monté, <strong>en</strong>tre autres, Arthur Rimbaud, une biographieet Ernesto Che Guevara : Le journal de Bolivie.Elle vi<strong>en</strong>t de terminer le montage de Rachel deSimone Bitton avec qui elle a réalisé <strong>en</strong> 1993Conversation Nord-Sud, Daney-Sanbar et dont elle amonté les films précéd<strong>en</strong>ts : B<strong>en</strong> Barka, l’équationmarocaine pour les Mercredis de© A.Gl’Histoire, et Mur. Des films courageuxet durs : «Plus les films sont tristes,plus je rigole», ajoute-t-elle avec ungrand sourire. Sans doute un moy<strong>en</strong>de se préserver de la viol<strong>en</strong>ce desimages !Catherine souligne la chance qu’ellea eue, mais explique que le métier demonteur est <strong>en</strong> danger : «Beaucoupde producteurs et même desréalisateurs p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t que la techniquerègle tout ; or, le montage est lemom<strong>en</strong>t où l’on réécrit le film.» Unmétier ess<strong>en</strong>tiel, qui nécessitepassion, simplicité et modestie :signes particuliers de CatherinePoitevin, et de nombreuses femmes<strong>en</strong> cinéma.ANNIE GAVA


32 ARTS VISUELS ÉDITIONS ANALOGUESÉditer pour l’art contemporainÀ Arles, une toute petite maison d’édition se consacre uniquem<strong>en</strong>t à l’artcontemporain. On ne connaît ri<strong>en</strong> d’analogue. Analogues : un pari si fou ?Alors que la presse écrite dans son <strong>en</strong>semblesubit une crise sans précéd<strong>en</strong>t, que lemonde de l’édition s’interroge sérieusem<strong>en</strong>tsur son dev<strong>en</strong>ir, quelques passionnésos<strong>en</strong>t des av<strong>en</strong>tures que d’aucuns selonleurs calculs estimerai<strong>en</strong>t ins<strong>en</strong>sées. Plus<strong>en</strong>core lorsqu’il s’agit d’un domaine luimêmedéjà sujet à maintes critiques voiresoumis à la stupéfaction publique commel’est <strong>en</strong>core l’art contemporain. C’est cettegageure que relève Gwénola M<strong>en</strong>ou <strong>en</strong>créant à Arles <strong>en</strong> 2004 les éditions Analogues.Le besoin, la fonctionGwénola M<strong>en</strong>ou reconnaît qu’elle est v<strong>en</strong>ue àl’édition par nécessité. De son expéri<strong>en</strong>ce ausein de différ<strong>en</strong>ts établissem<strong>en</strong>ts d’art contemporainelle «tire un jour le constat que, malgré uneprés<strong>en</strong>ce éditoriale importante <strong>en</strong> faveur de l’art,les besoins spécifiques apportés par les projetscuratoriaux et les demandes particulières desartistes contemporains ne trouv<strong>en</strong>t pas toujours lesformes les plus adaptées. Les galeries, c<strong>en</strong>tresd’art n’ont pas les moy<strong>en</strong>s suffisants, les groséditeurs ne compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas les <strong>en</strong>jeux. AvecAnalogues, j’essaie d’être à la juste place <strong>en</strong>fonction des impératifs de chacun».ayant cette direction. Il y a Sémiose à Paris, Les Pressesdu Réel à Dijon ou J.R.P. Ringier <strong>en</strong> Suisse».D’ailleurs, pour cette petite maison d’édition l’implicationest totale et impressionne. Elle se singulariseaussi par sa structure minimale qui se veut trèspragmatique : «Nous sommes <strong>en</strong> fait deux personnes,Laur<strong>en</strong>t Bourderon et moi-même, tout lereste nous le faisons <strong>en</strong> externe avec des professionnels<strong>en</strong> free-lance. Nous limitons au maximumles charges fixes, nous n’avons pas de salariés».Mais pas d’angélisme non plus «cela reste toujoursune sorte de chall<strong>en</strong>ge et les remises <strong>en</strong> questionssont perman<strong>en</strong>tes, bi<strong>en</strong> sûr lorsqu’il s’agit de trouverles financem<strong>en</strong>ts à chaque projet».NuageanalogiesFinalem<strong>en</strong>t pourquoi Analogues ? «Alors-là c’estintuitif ! C’est pour moi le croisem<strong>en</strong>t de plusieursmanières de voir, <strong>en</strong> particulier les photos d<strong>en</strong>uages de Stieglitz qu’il appelait Leséquival<strong>en</strong>ts et l’une des quatreapproches dans Les mots et leschoses de Foucault, dont l’analogie.Pour moi l’analogie c’est commet<strong>en</strong>ter de créer des relations particulières<strong>en</strong>tre deux choses pourtantdiffér<strong>en</strong>te». Comme <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre der<strong>en</strong>dre visible les choses artistiques.CLAUDE LORINMerci à Dorothée pour son aide précieuseDouble dét<strong>en</strong>teAnalogues <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t une originale doubleligne éditoriale. La revue Semaine à périodicitéhebdomadaire, et depuis 2010 compiléetrimestriellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ant Semaines.Chaque numéro est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t ouvert àun projet pleinem<strong>en</strong>t conçu avec ses initiateurs(artiste, commissaire ou auteur,structure). Le format, la pagination, letirage sont des contraintes mais «pournous c’est un part<strong>en</strong>ariat avec le lieu assumétotalem<strong>en</strong>t et un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t financier des part<strong>en</strong>aires.Avec Michèle Coh<strong>en</strong> (la Non-Maison àAix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce, ndlr) nous avons conçu avecl’artiste Bruno Peinado et le critique d’art BernardMarcadé, le numéro 216 intitulé La Pile (lire <strong>Zibeline</strong>N°26). Grâce à ce numéro prés<strong>en</strong>té au Slic, MichèleCoh<strong>en</strong> a été approchée par un mécène qui devraitcontribuer à la réalisation de l’œuvre. C’est un deseffets que peut jouer notre travail».Pour les livres «nous travaillons au cas par cas avecles musées, c<strong>en</strong>tres d’art, espaces d’art contemporain.Contrairem<strong>en</strong>t à Semaine qui est <strong>en</strong> français,les livres sont toujours bilingues, français-anglais».Un artiste peut être aussi à l’origine d’un projet etl’opportunité d’une exposition permettre la réalisationd’un livre. «Carlos Kusnir et moi avions le désirde faire quelque chose <strong>en</strong>semble depuis un mom<strong>en</strong>t.Puis il a eu cette proposition du musée de Sérignan.Nous les avons contactés et nous avons pu le faire».Les publications d’Analogues ne pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas forcém<strong>en</strong>tla forme du catalogue d’exposition, mais sep<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t toujours comme un objet spécifique.«Avec Carlos c’était untravail c<strong>en</strong>tré sur son œuvre,pas seulem<strong>en</strong>t ce qui était au musée.Nous l’avons vraim<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>sé <strong>en</strong>semble. On a décidéaussi d’une édition limitée (voir p 55). Par contre <strong>en</strong>ce mom<strong>en</strong>t, je suis sur un catalogue pour l’expositiond’Isa Melsheimer commandé par le Carréd’Art de Nîmes. Là, ce sera un focus sur son expo».PragmatiqueContrairem<strong>en</strong>t aux prévisions initiales où la revueSemaine occupait la part majeure du travail, Analoguesest sollicitée pour des projets d’ouvragesémanant de plus <strong>en</strong> plus des artistes. Elle occupeaussi une place à part dans le ce secteur de l’éditionspécialisée où l’on «compte très peu de maisonsAnaloguesMaison d’édition pour l’art contemporain, Arles09 54 88 85 67www.analogues.frSemaine <strong>en</strong> régionParmi les dernières parutions :[la pile]/La Non-MaisonParking Lot Dahlias /Association Château de ServièresTrois expositions hors les murs/AthanorPièces supplém<strong>en</strong>taires / Frac,Dominique Angel Diffusion : France, lieux d’artcontemporain, musées, librairies part<strong>en</strong>aires226 parutions à ce jourSemainesPrès de 350 abonnés, le coût d’abonnem<strong>en</strong>tvi<strong>en</strong>t de diminuer de moitié(52,80 euros/3volumes/an)Publications à v<strong>en</strong>irCatalogue d’exposition La Première image,C<strong>en</strong>tre régional d’art contemporain de SèteMartin Widmer, coédition Can, Neuchâtel/SuisseLe mur dans le miroirVidéos <strong>en</strong> ligne <strong>en</strong> liaison avec l’actualitéd’Analogues et autres lieux: visites d’expositions,r<strong>en</strong>contres avec artistes et personnalités.Sur abonnem<strong>en</strong>t.


34 ARTS VISUELS BUY SELLF ART CLUB | GALERIE PORTE-AVION | OÙTour de voltigeElle trône au milieu de la galerieBuy-Sellf Art Club. Elle occupe toutl’espace, se cogne presque aux murset au plafond. On ne voit qu’elle :Tour à Tour de Sandro Della Noce.Une sculpture-architecture bicéphaleà géométrie rigoureuse, dontles masses porteuses, imposantes,tranch<strong>en</strong>t avec l’élan fragile de sesailes déployées. Sur le principe d’unartiste/une œuvre adopté par Buy-Sellf, l’exposition ne permet pas dedécouvrir de visu la variété des matériauxqu’il manipule (pierre, métal,volige, craie, corde d’escalade, sacplastique, sangle…) ni son goût pour ledessin aux formes moins abstraites(notamm<strong>en</strong>t la série à la craie Voyagedes autres). Car Sandro Della Noceest un jeune artiste tal<strong>en</strong>tueux. Àpeine sorti de l’École supérieure desBeaux-arts de Marseille (promotion2008), il occupe la scène : cet hiver,il participait à la 3 e édition d’Artissimaà la Chambre de commerce et d’industrie; aujourd’hui, il figure parmiles anci<strong>en</strong>s de l’ESBAM réunis à lagalerie Montgrand pour une R<strong>en</strong>contre<strong>en</strong>tre deux mondes, l’<strong>en</strong>treprise etles artistes. Mais il réserve son nouveaubinôme à Buy-Sellf Art Club,preuve de sa fidélité à une équipequi l’accompagne <strong>en</strong> qualité de producteur(via l’ant<strong>en</strong>ne de Bordeaux)et de galerie (il participa au focus«Regard sur la jeune création»). Delà à réunir rue Consolat les deuxpièces maîtresses de l’échiquier etfaire exploser les parois… C’est vrai,on aurait préféré apercevoir Tour àTour, fière, se dressant, massive, lelong de la jetée du côté du MuCEM,sa force intrinsèque combattant lesélém<strong>en</strong>ts… D’ailleurs, Sandro DellaNoce ne parle-t-il pas de «totemurbain» à propos de ses sculptures ?MARIE GODFRIN-GUIDICELLILes objets s’honor<strong>en</strong>tDes œuvres à voir et à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre à la galerie Porte-Avion. Celles de Bernard Pourrièrequestionn<strong>en</strong>t notre rapport à notre <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Avec deux nouvelles créationsEn regardant mais aussi écoutant ses œuvres, particulièrem<strong>en</strong>tses installations comme la nouvelle créationSans titre de 2010, on constate que Bernard Pourrièretravaille <strong>en</strong> épistémologue du visible et du sonore. Lepoète <strong>en</strong> plus. Ses objets sonores pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’autresformes que des livres savants d’éthologie –dont il nourritcep<strong>en</strong>dant profondém<strong>en</strong>t sa réflexion sur le comportem<strong>en</strong>tanimal. Ses propositions ne consist<strong>en</strong>t pas àdépeindre (peu de couleur bi<strong>en</strong> qu’il ait étudié la peintureaux Beaux-arts) mais à travailler avec les signes, lesmatériaux, les objets et les outils du monde dans lequelnous sommes aujourd’hui, et les nouvelles technologies.Collecte et archivage de sons (surtout d’oiseaux)à partir des bases de données sur Internet, protocoleset procédures divers autorisés par le numérique : « … lorsqu’onse sert d’un ordinateur, ondécouvre rapidem<strong>en</strong>t que le travailsur le son et celui sur l’image prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>td’étonnantes similitudes. Ily a des opérations premières autourdesquelles tout s’organise : copier,coller, superposer, répéter, inverser,etc. […] cela me permet dedécider des règles du jeu. Cettedim<strong>en</strong>sion conceptuelle de montravail est héritière de l’art conceptuelet minimal qui m’ont toujoursprofondém<strong>en</strong>t intéressé. » (*)Le dispositif est sans artifice visuel :pieds de pupitre surmontés d’unecage métallique dans laquelle plongeun micro, câbles et haut-parleurs.La bande son diffuse des chantsd’oiseaux et s’<strong>en</strong>richit constamm<strong>en</strong>tdes évènem<strong>en</strong>ts sonores duTour a Tour (face) © Sandro Della Nocelieu : à la fixité sculpturale et minimale des objets répondtrès subtilem<strong>en</strong>t les variations d’un monde sonore <strong>en</strong>évolution. Et les oiseaux sont libres.CLAUDE LORINBernard Pourrièrejusqu’au 28 févrierGalerie Porte-Avion04 91 33 52 00www.galerieporteavion.org(*) extrait de l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>avec F. Faure, catalogue Espèces composites. BernardPourrière, Cairn C<strong>en</strong>tre d’Art, Digne, Fage éditions, 2006.Vue de l'expositionBernard Pourriere © C.Lorin-<strong>Zibeline</strong>Tour à TourSandro Della Nocejusqu’au 13 févrierBuy-Sellf Art Club, Marseille04 91 50 81 22Les motsvoirIl y a de la poésie dansla vitrine de l’anci<strong>en</strong>neéchoppe de la rueBernardy. À voir de dehorssi la porte est close. Juste<strong>en</strong> passant. Peut fairep<strong>en</strong>ser à de la peintureDepuis le grand Guillaume (Apollinaire)la poésie s’est r<strong>en</strong>due visibleautant que lisible et/ou audible avecDada et les Futuristes. Alors leslimites <strong>en</strong>tre les g<strong>en</strong>res sont dev<strong>en</strong>uestellem<strong>en</strong>t poreuses, tantôtheureuses, parfois hasardeuses…c’est-à-dire hors feuille (de route),sans plan d’action, sans injonction…C’est <strong>en</strong> passant devant une devantureque la poésie change de nature, lanature des choses. Repassez tantôt !Ce ne seront plus tout à fait les mêmesles écritures… Le badaud n’estpas si balourd lorsqu’il voit ceschoses. Le poète, lui, n’est pas sibête. Il a sa vitrine chez 0ù. 58 rueJean de Bernardy. À n’importe quelleheure.Frédéric Léal exerce la médecine àBordeaux. Et poète.Il expose trois extraits de son livre Lepeigne-rose paru aux éditions del’Att<strong>en</strong>te <strong>en</strong> 2007.(Une amie, qui s’y connaît <strong>en</strong> poésiecontemporaine, m’a dit que c’étaitvraim<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>).CLAUDE LORINVitrine poésie : Le peigne-roseFrédéric Léaljusqu’au 27 févrierOù – Lieu d’exposition pour l’artactuel, Marseille06 98 89 03 26


GALERIE FRICHE BELLE DE MAIARTS VISUELS35Bain turcC<strong>en</strong>giz Tekin © X-D.RXurban Collective © X-D.RQue se passe-t-il à Istanbul sur les rives du Bosphore, à Izmir <strong>en</strong> mer Égée et plus à l’Est <strong>en</strong>core,à Diyarbakir ? Nul ne le saurait si la Saison de la Turquie <strong>en</strong> France ne battait son plein.Direction La Friche pour une immersion totaleGrâce à un projet de recherches et d’échangesinitié <strong>en</strong> 2008 <strong>en</strong>tre IKSV et Sextant et plus, lacréation contemporaine turque a plus d’un visageavec Emploi saisonnier. Nom générique donné àune triple exposition, deux résid<strong>en</strong>ces d’artistes àMarseille <strong>en</strong> 2009 et un catalogue à paraître <strong>en</strong>mars 2010. Emploi saisonnier, jeu de mots pourdire que la saison qui dure neuf mois se prolongeraau-delà de son temps officiel, et que la précaritédes artistes n’est pas affaire de saison…On aurait pu craindre une exposition fourre-tout auregard de la prés<strong>en</strong>ce de onze artistes et d’un collectif,mais le piège a été évité par une déclinaisonde trois thématiques «qui r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t compte de manièreprécise des questions urbaines, sociales etculturelles des villes du pourtour Méditerrané<strong>en</strong>,et plus particulièrem<strong>en</strong>t de Turquie». Arrangem<strong>en</strong>tsréunit huit d’<strong>en</strong>tre eux autour d’une filiationspirituelle et d’une approche commune des questionsdu quotidi<strong>en</strong> et des modes de vie. Avecchacun un regard singulier et des stratégies particulières.Entre les photographies d’Ahmet Ögütqui se focalise sur la rue, les pratiques ordinairesdu système D. et le film de Canan S<strong>en</strong>ol dont lesimages s’anim<strong>en</strong>t à la manière du conte des Milleet une nuits ou d’un tableau de Martial Raysse. Entrele temple dédié à Zidane par Borga Kanturk oùfigurine, dessin et maillot laiss<strong>en</strong>t à p<strong>en</strong>ser qu’ilexiste un culte universel de l’icône footballistique,et l’œuvre plurielle de Merve S<strong>en</strong>dil, Le guide pourrêver, associant conte, wall drawing et création sonore,les artistes s’arrang<strong>en</strong>t avec l’Histoire. Vécueou fictionnelle, personnelle ou collective, <strong>en</strong> teintantleurs œuvres d’onirisme, d’exotisme digéré, de traditionréinv<strong>en</strong>tée ou de réalisme distancié, maistoujours avec un s<strong>en</strong>s aigu de «l’anti-spectaculaire».UrbainLe Collectif Xurban d’Izmir s’est inspiré d’un graffitiinscrit sur l’<strong>en</strong>seigne d’un projet urbain etarchitectural <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre ville de Marseille pourbaptiser sa proposition La Ville blanc. Artistesflâneurs, leurs s<strong>en</strong>s s’éveill<strong>en</strong>t à l’évocation desmégalopoles : Istanbul, Shangaï, New York, Bangkok…Ils traqu<strong>en</strong>t les signes d’une urbanisationgalopante, d’un vaste chantier perman<strong>en</strong>t à partirMerve S<strong>en</strong>dil © X-D.Rde deux modèles, les villes portuaires de Marseilleet Istanbul, pour poser les questions politiques dudéveloppem<strong>en</strong>t urbain. Avec pour fil «blanc» la mer,sa richesse biologique, son histoire méditerrané<strong>en</strong>ne,sa poésie, et tout l’<strong>en</strong>vers du décor : suronze socles <strong>en</strong> bois de dim<strong>en</strong>sions différ<strong>en</strong>tes,photos éparpillées et vidéos dis<strong>en</strong>t la pollutionpétrolière et chimique, la prolifération des méduses,la disparition des récifs coralli<strong>en</strong>s. Si le discoursest exigeant, l’installation l’effleure seulem<strong>en</strong>t parsa légèreté formelle, et la c<strong>en</strong>taine de photos n’ychangeront ri<strong>en</strong>.PoétiqueEt puis Paul Éluard apparaît là où on ne l’att<strong>en</strong>daitpas. Au cœur du travail de S<strong>en</strong>er Ozm<strong>en</strong>, C<strong>en</strong>gizTekin et Berat Isik inspiré du poème dédié à AndréBreton, Quelques uns des mots qui, jusqu’ici,m’étai<strong>en</strong>t mystérieusem<strong>en</strong>t interdits. Poème charnièredans sa vie, écrit <strong>en</strong> 1936, qui marqua sarupture avec le Surréalisme et son <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tpolitique. Poème qui alim<strong>en</strong>te aujourd’hui lesvidéos et les photographies de ces artistes installésà Diyarbakir, <strong>en</strong> première ligne des conflits sociauxet politiques qui secou<strong>en</strong>t cette zone de frottem<strong>en</strong>tavec la Syrie, l’Iran et l’Irak. Qu’il s’agisse du filmThe Meeting de S<strong>en</strong>er Ozm<strong>en</strong> <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce àCourbet ou des photographies métaphoriques deC<strong>en</strong>giz Tekin qui point<strong>en</strong>t avec sévérité les <strong>en</strong>jeuxstratégiques mondiaux, ils <strong>en</strong>fonc<strong>en</strong>t le couteaudans la plaie d’un monde divisé, déchiré.Emploi saisonnier fait s<strong>en</strong>s comme plate-forme dela scène turque actuelle, plurielle, emportée dansun même élan : celui de créer dans l’urg<strong>en</strong>ce etavec une économie de moy<strong>en</strong>s des œuvres quin’ont plus ri<strong>en</strong> à voir avec le fantasme de l’ori<strong>en</strong>talisme.Et qui développ<strong>en</strong>t un discours critique <strong>en</strong>rupture avec les lieux communs de l’histoire,même si certains s’appropri<strong>en</strong>t la tradition perse<strong>en</strong> la réactualisant.MARIE GODFRIN-GUIDICELLIEmploi saisonnierjusqu’au 13 févrierGalerie de la Friche Belle de Mai, Marseille04 95 04 95 04www.sextantetplus.org


36ARTS VISUELSCAC ISTRES | ART-CADEPartie doublePeintures et dessins t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tle dialogue au C<strong>en</strong>tre d’artcontemporain d’Istres. Frank Aslanet Nin Bek expos<strong>en</strong>t leur complicitéseuls et <strong>en</strong> duoAvec la peinture, le dessin revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> force dans laprogrammation des lieux d’art contemporain tantau plan local qu’international. En région, lesexpositions se multipli<strong>en</strong>t comme au C<strong>en</strong>tre d’artcontemporain d’Istres qui propose un duo dejeunes artistes marseillais. L’un, graphiste, NinBek, et le second, peintre, Frank Aslan ont investitous les espaces du c<strong>en</strong>tre d’art contemporain,chacun se prés<strong>en</strong>tant <strong>en</strong> solo alors qu’une salleest accrochée <strong>en</strong> commun.Les deux plastici<strong>en</strong>s travaill<strong>en</strong>t la question duportrait, d’inquiétants regards rougeoyants surfond noir chez Frank Aslan et ligne claire, bandedessinée et référ<strong>en</strong>ces à l’imagerie populairepour Éti<strong>en</strong>ne Beck aka Nin Bek.Chaque esthétique est singulière mais la t<strong>en</strong>tativede jeu <strong>en</strong> duo ne fonctionne pas toujours. Malgréla complicité partagée <strong>en</strong> atelier, mêler deuxexpressions si différ<strong>en</strong>tes suffit-il à provoquerquelques résonances ? La difficulté provi<strong>en</strong>t pourune part de la domination d’un travail sur l’autre,les dessins pr<strong>en</strong>ant l’asc<strong>en</strong>dant sur les peintures :les premiers ont ici un p<strong>en</strong>chant vers uneoccupation marquée des espaces - tel l’éphémèreEssayons pour voirArt et architecture. Deux axes majeurspour Art-Cade, association historiqued’art contemporain à Marseille. Avecde nouveaux collaborateurs les projetsfleuriss<strong>en</strong>tEn 1976, de jeunes artistes liés à la nouvelle écoledes Beaux-arts de Luminy, Anne-Marie Pêcheuret Jean-Baptiste Audat, créai<strong>en</strong>t à Marseille lapremière association pour l’art contemporain(ADDA-Association pour le Développem<strong>en</strong>t et laDiffusion de l’Art), dev<strong>en</strong>ue au fil des expéri<strong>en</strong>cesl’Art-Cade <strong>en</strong> 1993, installée depuis dans lesanci<strong>en</strong>s Bains Douches de la Plaine. Sur ce terreaudes utopies d’un art <strong>en</strong> train des’inv<strong>en</strong>ter, la question de la relationavec des publics non spécialisés atoujours suscité l’intérêt de Jean-Baptiste Audat qui sera à l’initiativede nombreux projets ori<strong>en</strong>tés notamm<strong>en</strong>tvers l’Afrique qu’il connaîtbi<strong>en</strong>. Ce volet militant s’est tournépeu à peu vers le territoire et leshabitants de sa ville d’implantation,Marseille. Il reste un axe majeurdes activités de l’Art-Cade au mom<strong>en</strong>toù l’association se refait unejeunesse avec l’arrivée dans l’équipede trois jeunes architectes :Guillaume Calas, Thibault Maupointde Vandeul, Pierre Audat et d’uneadministratrice chargée de développem<strong>en</strong>t,Aurélie Berthaut.Nin Bek, Les trois graces, <strong>en</strong>cre sur papier © X-D.Rdessin mural réalisé pour l’occasion-, lessecondes préfèr<strong>en</strong>t le cadre plus intime dutableau de moy<strong>en</strong> format. Des échos s’esquiss<strong>en</strong>tpourtant lorsque les portraits de Nin, faits deperles cousues sur des chemises susp<strong>en</strong>dues,amèn<strong>en</strong>t une matérialité troublante pour s’invitervers l’univers pictural de Frank.À deux ça peut être mieux, mais ce n’est pastoujours facile !CLAUDE LORIN3 <strong>en</strong> 1Pas de révolution mais des activités r<strong>en</strong>forcéesvers les questions intriquant architecture, design,urbanisme, paysage et écologie. Le projet, composéde multiples ramifications, est cond<strong>en</strong>sé sous lelabel Archist initié <strong>en</strong> 2009 avec Bernard Plasse etla galerie du Tableau. Trois concepts principauxstructur<strong>en</strong>t cette démarche : Pourparler poursuitle travail d’expositions, r<strong>en</strong>contres et débats à lagalerie des Bains Douches ; Pourm<strong>en</strong>er développeles balades urbaines dans Marseille conçu <strong>en</strong>2004 avec Nicolas Memain et le Périfbus (qui seraaugm<strong>en</strong>té d’une ext<strong>en</strong>sion sous forme de t<strong>en</strong>te) ;Pourvoir, galerie mobile composée de structuresAccrochage de l’exposition Opus Magnum conçue par les étudiants-artistes de la Villa Arson © X-D.ROeuvre de Frank Aslan © C. LorinA II C MIEUXFrank Aslan et Nin Bekjusqu’au 28 févrierC<strong>en</strong>tre d’art contemporain intercommunal, Istres04 42 55 17 10www.ouestprov<strong>en</strong>ce.frde type container, aménagées par un artiste et unarchitecte, et déposées pour un temps dans certainsquartiers de la ville pour se rapprocher deses habitants.«Notre programmation de 2010 est fixée pourl’ess<strong>en</strong>tiel, précise Anne-Marie Pêcheur. Nouscontinuons de promouvoir le travail d’artistesémerg<strong>en</strong>ts et confirmés avec l’expo L’Autre Bord(des artistes du bord méditerrané<strong>en</strong>) <strong>en</strong> automne.Nous avons plusieurs projets avec de nouveauxpart<strong>en</strong>aires comme l’École du Paysage deVersailles, la galerie Laur<strong>en</strong>t Godin, le Gmem.C’est une année de mise <strong>en</strong> place de toutes cesactions et la recherche de nouvellesexpérim<strong>en</strong>tations. Nous <strong>en</strong> feronsde bilan. Mais nous voulons garderun regard passionné sur notre ville».CLAUDE LORINProchaines manifestations :Carte Blanche à Athanor <strong>en</strong> mars,Archist Son <strong>en</strong> avril, Archist Pourm<strong>en</strong>erà partir de mai, Yazib Oulab <strong>en</strong> juin…Art-CadeGalerie des Grands Bains Douchesde la Plaine, Marseille04 91 47 87 92www.art-cade.org


AU PROGRAMMEARTS VISUELS 37VoluptueuxDepuis l’apparition de ses premiers galets surdim<strong>en</strong>sionnés, les Livingstones, véritablesplages de repos à géométrie variable, la jeune designer Stéphanie Marin emballe tout sur sonpassage ! Ses collections Mobileshadows, Livingisland, Liquid et autres Nénuphares auxcouleurs t<strong>en</strong>dres ou acidulées séduis<strong>en</strong>t tout autant les plateaux TV, les hôtels branchés queles particuliers au top des t<strong>en</strong>dances.À Marseille, le C<strong>en</strong>tre de design succombe à son tour à cet art de vivre ultra féminin.M.G.-G.N<strong>en</strong>uphares, Stephanie MarinWorks 2004/2009Stéphanie Marindu 29 janvier au 20 févrierC<strong>en</strong>tredesignmarseille04 91 54 08 88www.designmarseille.orgProv<strong>en</strong>çalC’est au musée Granet à Aix que l’on peut découvrir l’un des plus importants fonds d’œuvresgraphiques de Jean-Antoine Constantin (1756-1844), natif de Marseille. Du coup, le musée Granet luiconsacre son exposition de printemps et rassemble plus de 150 dessins sur 1500 œuvres de sacollection, toutes inspirées par la nature prov<strong>en</strong>çale, Marseille, les paysages aixois et Rome où ilséjourna durant trois ans. Une œuvre à l’orée du romantisme qui, toujours, magnifie les paysages.M.G.-G.Moka Bialetti par Ale+AleDessinsJean-Antoine Constantindu 2 février au 2 maiMusée Granet, Aix04 42 52 88 32www.museegranet-aix<strong>en</strong>prov<strong>en</strong>ce.frLa montagne sainte Victoire de Jean-Antoine ConstantinDisegnoLe design sait ce qu’il doit au génie itali<strong>en</strong> : Sali e Tabacchi, le sigle Agip, ou <strong>en</strong>core la Vespa…Cette exposition revisite les formes qui fond<strong>en</strong>t la grande mythologie collective du design itali<strong>en</strong>à l’occasion de la parution du livre Italianità de Giulio Iacchetti. avec la complicité des graphistesAle+Ale aux éditions Corraini. Le designer a reçu le Compasso d’Oro <strong>en</strong> 2001, et plusieurs deses créations compt<strong>en</strong>t dans les collections de design perman<strong>en</strong>tes du MoMa à New York.Confér<strong>en</strong>ce le 20 janvier à 18h.C.L.Italianitàjusqu’au 24 févrierInstitut culturel itali<strong>en</strong>www.iicmarsiglia.esteri.itAux frontières du réelPhilippe Maquelle -alias Doog Mc’Hell- se prés<strong>en</strong>te comme un «artistephotographe des mondes parallèles». Une carte de visite digne desmeilleures séries de sci<strong>en</strong>ce-fiction pour dire que l’univers urbain, une foiscouché sur papier arg<strong>en</strong>tique, est le lieu de tous ses rêves, tous sesfantasmes, toutes les mutations possibles. Ces villes invisibles, comme illes nomme à l’ombre d’Italo Calvino, sont le fruit d’une manipulation de laréalité : peuplée d’intrus, de mythes, d’objets insolites, de détournem<strong>en</strong>tsd’imaginaires collectifs, la cité finit par se réinv<strong>en</strong>ter.M.G.-G.RedsDoogHouse © Doog McHellMes villes invisiblesDoog Mc’Helldu 3 au 26 févrierLa Fontaine obscure, Aix04 42 27 82 41www.fontaine-obscure.com


38 ARTS VISUELS AU PROGRAMMEBons pour lire«Si l’école de la République n’offre pas à ses <strong>en</strong>fants un accès régulier aux arts et à la culture,elle ne remplit que partiellem<strong>en</strong>t sa mission». À ces mots si justes d’Alain Nacry, Inspecteurde l’Éducation nationale, part<strong>en</strong>aire du projet, répond<strong>en</strong>t les photographies de Jean-MichelCoulon qui fixe <strong>en</strong> noir et blanc les plus surpr<strong>en</strong>antes postures de nos concitoy<strong>en</strong>s <strong>en</strong> train de lire.Une confirmation qu’éducation, art et culture doiv<strong>en</strong>t toujours être complices !Ateliers scolaires et confér<strong>en</strong>ce-débat sur la photographie avec Régis Cintas-Florèsjeudi 4 février à 18h. Vernissage le 14 à 18h30.C.L.Rue des LiresJean-Michel Coulonjusqu’au 20 févrierMédiathèque intercommunale Ouest Prov<strong>en</strong>ce04 90 58 53 53www.mediathequeouestprov<strong>en</strong>ce.frJean-Michel Coulon à côtéd'un des trois tirages numériques sur bâcheréalisés pour l'exposition © X-D.RMatières abstraitesDans son atelier-galerie installé au cœur du Panier depuis 1994, Hubert Oddo compose des toiles abstraites,mêlant huile et techniques mixtes sur la toile. Prés<strong>en</strong>t à Vœux d’artistes, dans les galeries de Marseille (Martin-Bres, Pigm<strong>en</strong>t 286) et d’Aix (le Lézard),le coloriste et matiériste habille égalem<strong>en</strong>t les cimaises des restaurant tels que Les Deux frères et le Painquotidi<strong>en</strong>. Un circuit éclectique pour un peintre «qui rev<strong>en</strong>dique sa liberté de création et une recherche d’ordrepurem<strong>en</strong>t esthétique», et propose une nouvelle halte inatt<strong>en</strong>due au Pullman Marseille Palm Beach à partir du 29janvier (vernissage à 19h).M.G.-G.Peintures abstraitesHubert Oddodu 29 janvier au 14 marsPullman Marseille Palm Beach04 91 16 19 00Composition abstraite Hubert Oddo © X-D.RDe l’atelier au muséeÀ Arles, le musée Réattu est à pied d’œuvre, et pour cause, à peinel’exposition Chambres d’écho est-elle terminée que déjà il proposede s’approcher au plus près de la g<strong>en</strong>èse des œuvres.Là, dans l’atelier de Jacques Réattu plus particulièrem<strong>en</strong>t, il conduitle spectateur jusqu’à la découverte de sa toute dernière récolte,ses nouvelles acquisitions 2008 et 2009 constituées de photographies,d’une installation, de toiles (robes), sculptures et gravures. De l’atelierde l’artiste au musée-atelier, Réattu s’apprête à dévoiler ses secrets.M.G.-G.À pied d’œuvredu 23 janvier au 30 maiMusée Réattu, Arles04 90 49 37 58www.museereattu.arles.frAxelle Perot, Sardine, 2009 (metal et vinyle) © X-D.RJeunes pousses32 jeunes artistes issus de l’Ecole Supérieure des Beaux Arts de Marseilleoffr<strong>en</strong>t au public leurs choix et postures esthétiques, r<strong>en</strong>dant aussi visible,à travers leurs productions, le travail transdisciplinairede leurs <strong>en</strong>seignants. Lors d’Archipélique 1 au [mac]nous avions fait de belles r<strong>en</strong>contres et cette seconde éditionse déploie <strong>en</strong> deux volets et trois lieux.Bonne année ?C.L.Luca Gilli, Panthalassa 2009 © X-D.RGalerie MontgrandGalerie des Grands Bains Douchesde la Plainedu 29 janvier au 26 févrierinauguration le 28 à 18hSalle des Colonnesde la Frichedu 5 mars au 2 avrilinauguration et performancele 4 à 18h30www.esbam.fr


Très grand angleOn ne prés<strong>en</strong>te plus le travail photographique de Bernard Plossu maisqu’<strong>en</strong> est-il des fondem<strong>en</strong>ts cinématographiques de son œuvre ?Pour t<strong>en</strong>ter une réponse à la hauteur, le Frac Paca et la Non-Maisonà Aix ont concocté un programme plutôt cinémascope. Deux expossur deux périodes, à la Non-Maison (mexicaine 1962-65) et au Frac(1966-2009), carte blanche à l’artiste, projections, r<strong>en</strong>contres-discussionsavec Alain Bergala (23 janvier à 16h) et Dominique Païni (20 mars),publication d’un catalogue aux éditions Yellow Now.Vernissages <strong>en</strong> janvier à 18h, le 22 au Frac, le 28 à la Non-Maison.C. L.Plossu-CinémaFrac Paca à Marseille et la Non-Maison à AixDu 22 et 28 janvier au 17 avrilwww.fracpaca.orgwww.lanonmaison.comBernard Plossu, Jura, 2008. Courtesy Galerie La Non-MaisonRetour aux sourcesBurkina Faso, Comores, Madagascar, Sénégal, Togo… une grande partiede l’Afrique est conc<strong>en</strong>trée- là. Dans ces images conçues pourleur puissance émotionnelle où les objets et les portions de lieuxsont tout autant des formes de portraits que les hommes et femmesr<strong>en</strong>contrés. Un humanisme à fleur d’image. Maid<strong>en</strong> Africa est paru<strong>en</strong> 2009 sous un bel opus aux éditions Trans Photographic Press(lire <strong>Zibeline</strong> N° 19).C. L.Maid<strong>en</strong> AfricaPascal Grimauddu 28 janvier au 27 marsArchives et Bibliothèque départem<strong>en</strong>tales Gaston Defferre, Marseille04 91 08 61 00www.biblio13.frMaid<strong>en</strong> Africa © Pascal Grimaud


40 MUSIQUE OPÉRAPagnol populaireMarseille, le Vieux port, et ses personnages siattachants… Trois ans après sa création avecAngela Gheorghiu et Roberto Alagna, c’est toutAvignon qui s’<strong>en</strong>chante <strong>en</strong> ce début d’année 2010devant les célèbres répliques de la trilogie dePagnol mise <strong>en</strong> musique dans un style très «années30» par Vladimir Cosma (qui signait là son premieropéra), satisfait par «cet univers <strong>en</strong>soleillé où ledrame et la comédie doiv<strong>en</strong>t coopérer, s‘<strong>en</strong>richir l’unl’autre»…Riche <strong>en</strong> émotions, le premier acte a offert à Mariuset Fanny (Sébasti<strong>en</strong> Guèze et Kar<strong>en</strong> Vourc’h ) desduos merveilleux, rythmés par la t<strong>en</strong>dresse et lessourires, s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts retrouvés dans l’air touchantde Panisse (Marc Barrard) sur le temps qui passe…Ici comme dans le second acte, Cosma a réalisécette alliance subtile <strong>en</strong>tre verbe et musique, <strong>en</strong>trepopulaire et sérieux, prés<strong>en</strong>tant des mélodiesgénéreuses et une orchestration simple etfraîche… De quoi faire apprécier l’opéra à tous !CHRISTINE REY© X-D.RVoyage <strong>en</strong> terressymphoniquesProposer au public un spectacle où il peut <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dreDebussy, Sibelius et Beethov<strong>en</strong> dans la mêmesoirée est une démarche intéressante pour peu queles interprètes soi<strong>en</strong>t à la hauteur des monum<strong>en</strong>tsque représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les œuvres de ces compositeurs :c’est le défi que l’orchestre de l’opéra de Toulonsous la direction de Giuliano Carella et la jeunevioloniste Russe Alexandra Soumm ont relevé avecmaestria ce 14 janvier au Palais Neptune, dans lecadre du Festival de Musique de Toulon et saRégion.Dans la 1 re partie, la direction du chef a une fois deplus joué un rôle ess<strong>en</strong>tiel dans l’interprétation duPrélude à l’après-midi d’un faune, livrant des colorisorchestraux d’une s<strong>en</strong>sualité tout <strong>en</strong> contrastes,L’Opéra de Marseille a proposé le 10 janvier un concertsymphonique très att<strong>en</strong>du, sous la directionde Gabriel Chmura, rassemblant l’«Ouverture Fantaisie»du Roméo et Juliette de Tchaïkovski, leConcerto n°1 pour Clarinette de Weber et la suit<strong>en</strong>°2 tirée de l’Oiseau de Feu de Stravinski. Malgréquelques disparités du côté des bois, la prestation del’Orchestre Philharmonique fut toutsimplem<strong>en</strong>t brillante, le panache deGabriel Chmura ayant réussi à servirla puissance et la subtilité del’Ouverture, moins évid<strong>en</strong>te qu’ell<strong>en</strong>’y paraît, et à échapper auxnombreux pièges de l’Oiseau de Feu.On regrette que la virtuosité et lat<strong>en</strong>dresse de Paul Meyer à la clarinett<strong>en</strong>’ai<strong>en</strong>t pas été mises auservice d’une œuvre un peu plus intéressante,le concerto de Weberayant fait pâle figure face aux deuxgrands maîtres russes. Peu importe,la conclusion du concert laissa rêveur,et la musique existe aussi par letal<strong>en</strong>t des interprètes.impressionniste à souhait. De même, dans leConcerto <strong>en</strong> ré majeur op.74 pour violon de Sibelius,monum<strong>en</strong>t de virtuosité et de musicalité, la solisteaux coups d’archets nerveux et d’une précisionextrême, révélait des sonorités insoupçonnées deson stradivarius tandis que l’orchestre, au diapason,mettait <strong>en</strong> lumière les indéniables qualités del’écriture symphonique.Le 4 e mouvem<strong>en</strong>t de la sonate n°2 d’Eugène Ysaÿe,donné <strong>en</strong> bis, est v<strong>en</strong>u clore cette première partiehaute <strong>en</strong> couleur.Mais ri<strong>en</strong> ne pouvait faire de l’ombre à l’inoubliablechef-d’œuvre qu’est la Symphonie n°7 du maîtresymphoniste vi<strong>en</strong>nois interprétée <strong>en</strong> deuxièmepartie. En effet, la direction énergique et inspiréetransc<strong>en</strong>dait les qualités de l’orchestre à l’image dufameux et <strong>en</strong>voutant deuxième mouvem<strong>en</strong>t livré<strong>en</strong> bis, et magnifiquem<strong>en</strong>t interprété.EMILIEN MOREAUQuestions de répertoireL’opéra poursuit sa programmation de concerts symphoniques et chambristes, donnant l’occasion d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>drede grands interprètes. Dans des œuvres moins intéressantes ?La musique ne m<strong>en</strong>t pasJean-Louis Beaumadier et le Concert Buffardinont pour leur part proposé le 16 janvier au Foyer deré<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre les six sonates opus 13 de Vivaldi sousun autre angle. En effet, plusieurs musicologuesont récemm<strong>en</strong>t apporté la preuve que ces sonatesn’étai<strong>en</strong>t pas l’œuvre de Vivaldi, mais de NicolasAlexandra Soumm © X-D.R.Chédeville. Aussi, si l’on eut plaisir à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>drecette suite jouée sans aucun faux pli, très musicalem<strong>en</strong>tet dans un ton éminemm<strong>en</strong>t baroque, onremarqua par <strong>en</strong>droits une certaine pauvreté del’écriture, cumulant des changem<strong>en</strong>ts de tonalitésabrupts ou des recours parfois malv<strong>en</strong>us à desmarches harmoniques. Seul le s<strong>en</strong>s du contrepoint,très prés<strong>en</strong>t dans la sonate n°6,semblait se démarquer du tout, unpeu trop uniforme. L’interprétation,très <strong>en</strong>joué, précieusem<strong>en</strong>t baroquedans une maison d’opéra aux acc<strong>en</strong>tsplus facilem<strong>en</strong>t romantiques, parvintà nous faire oublier ces quelquesmaladresses d’écriture. Décidém<strong>en</strong>tpas du Vivaldi !SUSAN BELGabriel Chmura © X-D.R.


1919 – 2009C’est à l’automne 1919 qu’est née la Société de Musique de Chambre deMarseille. Son présid<strong>en</strong>t Bernard Camau, à l’occasion de la v<strong>en</strong>ue du QuatuorModigliani, a pris la parole, le 16 décembre, devant un auditorium comble.C’est qu’officiellem<strong>en</strong>t, ce soir-là, la «vieille dame» soufflait quatre-vingt-dixbougies ! Depuis l’origine ou presque précisa-t-il, la SMCM articule ses récitalsdurant la période hivernale (celle des «vrais» mélomanes ?). Et dans les annéesvingt,les sociétaires ont connu une période faste, avec près d’un concert parsemaine, les invitations de Serge Prokofiev ou des jeunes Horowitz, Arrau…Ces artistes d’exception ont fait la carrière que l’on sait… Mais foin de lanostalgie ! Les Modigliani, invités de la 1289 e séance (ils ont à peine plus d’unsiècle à eux quatre !) suiv<strong>en</strong>t leur trace. Il y a même quelque chose d’un peuinquiétant devant une telle maturité. Et ce n’est pas leurs quatre «Evangélistes»taillés dans le même arbre par Vuillaume au XIX e siècle qui suffit à expliquerla cohésion des ces jeunes-là ! Philippe Bernard est un premier violonsouverain auquel, dans Haydn, ses pairs répond<strong>en</strong>t avec un style pur, avantLise Berthaud (alto) et François Salque (violoncelle) pour le vibrant Quintett<strong>en</strong>°1 de M<strong>en</strong>delssohn ou le jovial Sextuor de Tchaïkovski.JACQUES FRESCHELTrois sonates <strong>en</strong> duoEmmanuelle Bertrand, violoncelliste,dédicataire d’œuvres contemporaines,révélation musicale de l’année 2002, etPascal Amoyel, pianiste, compositeur,form<strong>en</strong>t un duo fougueux, auréolé d<strong>en</strong>ombreuses récomp<strong>en</strong>ses et critiquesdiscographiques élogieuses. La sonatede Saint-Saëns <strong>en</strong> do mineur, démarrepar un Allegro très <strong>en</strong>gagé, soufflepuissant, conflit <strong>en</strong>tre les accords etnotés répétées du piano et les gravesmystérieux du violoncelle qui annonc<strong>en</strong>tdes guirlandes de gammes survoltées.L’Andante, choral élégiaque, rappellele merveilleux organiste qu’était Saint-Saëns ; la fin, magnifique decresc<strong>en</strong>dopianissimo agile et planant, est magique.Dans la sonate de Brahms <strong>en</strong>mi-mineur, on retrouve l’énergie, lejaillissem<strong>en</strong>t, une technique des deuxartistes qui se jou<strong>en</strong>t des difficultésavec insol<strong>en</strong>ce: sauts d’intervalles,arpèges, gammes, une pulsation rythmiquetrès prés<strong>en</strong>te : ça vit, çarespire ! Dans l’Allegretto ludique ilsse r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t le motif avec une précisiondans les attaques !La sonate de Chopin <strong>en</strong> sol mineur,laisse <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le merveilleux mélodistedes Nocturnes dans le largo,cantilène <strong>en</strong> apesanteur rappelantaussi ses deuxièmes mouvem<strong>en</strong>ts deconcertos pour piano. L’écriture estcep<strong>en</strong>dant moins diverse que les compositeursprécéd<strong>en</strong>ts, plus aguerrisaux joutes chambristes. Chopin, plusÀ l’écoute de l’id<strong>en</strong>tité nationale...Et si nous laissions à la musique le soin de nousparler de cette id<strong>en</strong>tité nationale tant débattue,sans récupération aucune, sans arrière-p<strong>en</strong>sée, dansla diversité des formes qu’elle a pu pr<strong>en</strong>dre depuisles chromatismes wagnéri<strong>en</strong>s de Chausson jusqu’auxcosmopolitisme du Ravel des Chansons Madécasseset Mélodies Hébraïques, <strong>en</strong> passant par les acc<strong>en</strong>tsibériques de la Troisième sonate de Debussy pourarriver aux rythmiques exotiques de Messia<strong>en</strong> inspirépar le Japon, le Pérou, l’Inde et la Papouasie ?C’est l’une des réflexions que l’on pouvait se fairedans le cadre du Week-<strong>en</strong>d Musique françaiseproposé par l’Association du Méjan d’Arles. Le pianistede 23 ans, Jean-Frédéric Neuburger, ouvraitcette thématique avec Iles de feu 1 et 2 de Messia<strong>en</strong>et les Valses nobles et s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tales de Ravelainsi que des compositions personnelles le 15 Janvier.Associé au violoniste Teddi Papavrami, nos deuxjeunes interprètes poursuivai<strong>en</strong>t cette évocationPascal Amoyel © X-D.R.francophile avec la Troisième sonate de Debussy le17 janvier. Dégagés de tout complexe, ils mettai<strong>en</strong>t<strong>en</strong> lumière avec une complicité évid<strong>en</strong>te toutes lesqualités d’une oeuvre d’exception d’ailleurs soulignéespar l’analyste musical Harry Albreich. Ayantpréparé le terrain avec l’opus 10 du même Debussy,le Quatuor à cordes de l’Orchestre NationalBordeaux-Aquitaine se joignait au duo pour nousprés<strong>en</strong>ter le Concert op 21 de Chausson. Bâtie surune cellule cyclique de trois notes, l’œuvre n’abandonnepas un lyrisme postromantique exacerbé parles musici<strong>en</strong>s : Wagner et Liszt ne sont pas loin etl’on press<strong>en</strong>t Rachmaninov dans cette musique.Française certes mais avant tout riche de toutesses influ<strong>en</strong>ces et universelle...P-A HOYETCONCERTSMUSIQUE41Quatuor Modigliani © Andrew Fr<strong>en</strong>chintime, a eu du mal à terminer cettesonate : <strong>en</strong> attest<strong>en</strong>t les nombreusesratures des manuscrits. On reti<strong>en</strong>drale Scherzo, héroïque, joué commeune Mazurka. Après rappels et applaudissem<strong>en</strong>tsmérités, <strong>en</strong> bis, la célèbreVocalise de Rachmaninov, pianissimisublimes à la reprise du thème puisle brillant Plaisir d’amour de Reisler,pétillant comme un l<strong>en</strong>demain deréveillon : une révér<strong>en</strong>ce virtuose dedeux interprètes majeurs.YVES BERGÉCe concert a eu lieu le 5 janvier dansle cadre de la programmation deSociété de Musique de chambre deMarseilleJean-Frédéric Neuberger © X-D.R.


42 MUSIQUE CONCERTSNoël JoyeuxAfin de conclure l’année 2009 sur un concertflamboyant, l’<strong>en</strong>semble des Festes d’Orphée aconvoqué le 20 décembre dernier deux grandmotets : la Pastorale de 1684 sur la naissance deJésus Christ de Marc-Antoine Charp<strong>en</strong>tier, qui futéclipsé par Lully mais qui, redécouvert <strong>en</strong> 1953, estassez largem<strong>en</strong>t joué aujourd’hui ; et le Noël pourl’année 1743 de Bernard Aimable Dupuy,compositeur du sud-ouest, un peu moins connu,que l’<strong>en</strong>semble avait déjà recréé <strong>en</strong> 1997.Une fois de plus, la démarche musicale sert unedémarche historique : le recours au diapasonbaroque, aux instrum<strong>en</strong>ts d’époque mais égalem<strong>en</strong>tà une prononciation anci<strong>en</strong>ne nous permetd’appréh<strong>en</strong>der sous le même angle une œuvre déjà<strong>en</strong>t<strong>en</strong>due et un motet «provincial» pourtant nonmoins abouti.Les tableaux vari<strong>en</strong>t peu, de l’apparition de l’Angeà l’allégresse des bergers, et le traitem<strong>en</strong>t de laparole comme représ<strong>en</strong>tation aboutit à desstructures de dialogues parfois similaires. Onremarque cep<strong>en</strong>dant une différ<strong>en</strong>ce assez marquéeconcernant le ton adopté, très cérémonieux chezCharp<strong>en</strong>tier qui s’attardera sur les parties solistes(l’apparition de l’ange ou la complainte de labergère), et beaucoup plus festif chez Dupuy, quimettra l’acc<strong>en</strong>t sur les effusions de joie <strong>en</strong>recourant de façon plus virtuose aux chœurs.Ces derniers étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> forme, compte t<strong>en</strong>u de latempérature assez rude de l’Eglise Saint Sauveur cetaprès-midi-là. Les instrum<strong>en</strong>tistes offrir<strong>en</strong>t uneprestation de qualité, sous la direction parfoisdistraite de Guy Laur<strong>en</strong>t, sans doute un peupréoccupé par ses interv<strong>en</strong>tions vocales, assezréussies.SUSAN BELChoeur des Festes d'Orphée© Les Festes d'Orphée- 2009GénéreuxConstitué il y a à peine un an sous sa formeactuelle, l’Orchestre Philharmonique du Pays d’Aixa parcouru toute la région <strong>en</strong> poursuivant ladémarche de diffusion de la musique classique quifut la si<strong>en</strong>ne depuis le départ, mais <strong>en</strong> abordant unrépertoire plus exigeant. Sa volonté dedémocratisation passe par des <strong>en</strong>trées libres ou destarifs abordables, par une tournée sur le vasteterritoire de la Communauté du Pays d’Aix… etsurtout, par la remise <strong>en</strong> contexte des œuvres, deleur signification. Alors que les petits <strong>en</strong>semblespratiqu<strong>en</strong>t plus volontiers l’explication, il est rare,cérémonie symphonique obligeant, d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre unchef d’orchestre raconter à son public la tram<strong>en</strong>arrative d’un ballet avant d’<strong>en</strong> jouer quelquespassages.La Tournée d’Hiver de l’Orchestre, ét<strong>en</strong>due sur dixlieux, se consacre au répertoire russe, dont le chefd’orchestre Jacques Chalmeau est assez familier.Des extraits du Casse-Noisette de Tchaikovski, lesDanses Polovtsi<strong>en</strong>nes de Borodine, la Nuit sur leMont Chauve de Moussorgski (orchestrée parRimsky-Korsakoff) et des extraits de l’Oiseau de Feude Stravinski ont été interprétés avec,malheureusem<strong>en</strong>t, quelques discordances <strong>en</strong>trepupitres et quelques faiblesses chez les flûtes etviolons, notamm<strong>en</strong>t, comp<strong>en</strong>sées par beaucoupd’<strong>en</strong>thousiasme et de générosité. On oublie souv<strong>en</strong>tà quel point ce répertoire est difficile et combi<strong>en</strong>s’y attaquer est ambitieux pour un orchestre nonperman<strong>en</strong>t. La collaboration récemm<strong>en</strong>t initiée<strong>en</strong>tre le Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce et cetteformation <strong>en</strong> pleine maturation saura sans doutev<strong>en</strong>ir à bout de ces quelques dysfonctionnem<strong>en</strong>ts.Jacques Chalmeau nous l’a promis : il espèrepouvoir proposer le Sacre du Printemps le plus vitepossible. On l’att<strong>en</strong>d avec impati<strong>en</strong>ce.SUSAN BELDernières dates : Pertuis le 22 à 20h30,Peyrolles le 23 à 20h30, Les P<strong>en</strong>nes-Mirabeaule 24 à 17h30, Peynier le 29 à17h.ATTENTION : Le 31/1 au Grand Théâtre deProv<strong>en</strong>ce à 18h30Concert pour la Croix Rouge (séismes Haïti)Entrée gratuite, don év<strong>en</strong>tuelJacques Chalmeau© X-D.R


43Du soleil sur AixLili Boulanger est davantage connue pour son œuvre de pédagogue que poursa musique, même si elle fut la première femme à remporter le premier GrandPrix de Rome de composition musicale <strong>en</strong> 1913 ! Grâce aux frères Belmondo,cette merveilleuse compositrice sort de l’oubli, de même que l’organiste qui futson contemporain, Louis Vierne. Œuvre chatoyante, profonde et lyrique. Maisles frères Belmondo, direz-vous, je les ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dus, ce sont des musici<strong>en</strong>s dejazz… Peu importe, ce sont des musici<strong>en</strong>s, des vrais ! Au quintette de leurformation habituelle (saxophones, flûte, trompettes, piano contrebasse etbatterie) étai<strong>en</strong>t réunis des musici<strong>en</strong>s classiques issus de prestigieusesformations. Il serait réducteur et injuste de dire que les morceaux classiques,La Messe des Pauvres de Satie, Reflets de Lili Boulanger ou Après un rêve deFauré sont joués jazzy. Ils sont interprétés, avec un grand respect despartitions, dans l’esprit même de leur univers : ces musiques-là sontcontemporaines du jazz, ont inspiré <strong>en</strong>suite, par leur système harmonique, lebebop.Le travail subtil de la matière, des rythmes, des tempos, de la justesse, rappellel’exig<strong>en</strong>ce classique. La simplicité, la joie de jouer <strong>en</strong>semble, les sourires etl’humour vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’ailleurs… Les prés<strong>en</strong>tations de Lionel Belmondo apport<strong>en</strong>tconvivialité et référ<strong>en</strong>ces, comme lorsqu’il évoque la déchirante compositiondu Pie Jesu de Lili Boulanger, sur son lit de mort…«Un petit chromatisme qui vous change la vie.» dis<strong>en</strong>t-ils. Un concert quiembellit la nôtre !MARYVONNE COLOMBANILionel et Stephane Belmondo © X-D.R.Anniversaire Baroque à la MagaloneL’année 1685 a vu la naissance de trois génies :Bach, Ha<strong>en</strong>del, Scarlatti. L’<strong>en</strong>semble Baroques-Graffiti, Jean-Paul Serra, pianoforte, SharmanPlesner, violon, a proposé à la Magalone cinqSonates de Bach de la période Koeth<strong>en</strong> où Bach estcompositeur de chambre du Prince. Le choix dupianoforte se justifie par l’écriture de certainespièces annonçant le style galant et permettant desnuances que le clavecin ne pouvait faire. La SonateIV <strong>en</strong> ut mineur, sonate d’église, alternance de© X-D.Rmouvem<strong>en</strong>ts l<strong>en</strong>ts et rapides d’une écriturecontrapunctique très savante, est une merveilled’équilibre : la sicili<strong>en</strong>ne plane merveilleusem<strong>en</strong>tgrâce au legato du violon, à l’accompagnem<strong>en</strong>tdélicat, régulier du pianoforte. Les mouvem<strong>en</strong>ts vifssont constitués de motifs fugués qui fus<strong>en</strong>t commeun jeu <strong>en</strong>tre les deux musici<strong>en</strong>s.L’Adagio de la Sonate <strong>en</strong> sol mineur nous faitdécouvrir la merveilleuse technique de SharmanPlesner qui effleure les notes et donne aussi toutela couleur baroque : richesse de la ligne mélodiqueet jeu <strong>en</strong> doubles cordes qui sembl<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>ir uneriche harmonie. La Sarabande pour pianofortepermet d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le pianoforte seul au timbrecaractéristique, velouté, donné par les petitsmarteaux <strong>en</strong> cuir. La Sonate n° VI <strong>en</strong> sol majeur estun mom<strong>en</strong>t d’allégresse, sonate de chambre <strong>en</strong> cinqmouvem<strong>en</strong>ts dans l’esprit des Suites de danse(Gigue brillante dans le premier Allegro). L’écrituredu clavier est plus sophistiquée, <strong>en</strong> dialogueconcertant dans les passages rapides.Un beau concert qui était précédé par uneconfér<strong>en</strong>ce-concert des deux musici<strong>en</strong>s à l’Alcazar,qui a éclairé et passionné un auditorium archicombledeux jours auparavant : cette musiquegagne à expliquer ses fondem<strong>en</strong>ts.YVES BERGÉ


44 MUSIQUE AU PROGRAMMEDrame mystique à Little ItalyThe Saint of Bleecker Street : un chef-d’œuvre de M<strong>en</strong>otti à (re)découvrir !En 2006 l’Opéra de Marseille assurait le succèsd’une œuvre méconnue de Gian Carlo M<strong>en</strong>otti quin’avait, depuis sa création <strong>en</strong> 1958, connu que deséchecs. Le public phocé<strong>en</strong> avait été ému par lessouffrances du jeune Donato, aveugle et amoureuxde Maria Golovin att<strong>en</strong>dant le retour de son mariprisonnier de guerre.On ne considère pas assez <strong>en</strong> France, malgré lesreprises assez fréqu<strong>en</strong>tes de sa trilogie Le Médium(1946), Le Téléphone (1947) et Le Consul (1950),l’importance de l’œuvre lyrique de M<strong>en</strong>otti. Il n’apas ici la même faveur qu’outre-Atlantique où, avecBarber (son complice à la ville comme à la scène)et Bernstein, il est considéré comme l’un des plusgrands compositeurs d’opéras du XX e siècle. Héritierde la déclamation vériste itali<strong>en</strong>ne, ses drames,dont il écrit lui-même les livrets (la plupart <strong>en</strong>anglais), sont sout<strong>en</strong>us par une orchestration quidigère à la fois Debussy et Strauss.On att<strong>en</strong>d avec impati<strong>en</strong>ce la nouvelle productiond’un opus considéré comme un chef-d’œuvre ducompositeur : The Saint of Bleecker Street, créé àBroadway <strong>en</strong> 1954 (antérieur à West Side Story ouaux Dialogues des Carmélites) et repris à l’Opéra deMarseille <strong>en</strong> 1970. Sous l’histoire d’une mystiqueextatique voulant pr<strong>en</strong>dre le voile et de son frèreagnostique au désir ambigu, se pose la conditionid<strong>en</strong>titaire des immigrés dans Little Italy à NewYork dans les années 50, les questions de la foi etAcousmatiqueConfér<strong>en</strong>ce et concert intitulé A ouïr et à voirprés<strong>en</strong>tant Les différ<strong>en</strong>ts g<strong>en</strong>res de la musiqueélectroacoustique animés par Lucie Prod’hommeet ses Acousmonautes.MARSEILLE. Le 22 janv. à 20h Urban Gallery (3rue Maz<strong>en</strong>od).Réserv. conseillée au 04 91 37 52 931685/BachBaroques Graffiti poursuit son cycle Nés la mêmeannée…1685 avec des Sonates de Bach parSharman Plesner (violon) et Jean-Paul Serra(pianoforte) (voir p.43).ARLES. Le 22 janv. à 20h au Temple réformé.09 51 16 69 59 - www.baroquesgraffiti.comElectroConcert électroacoustique de la classe du Conservatoirede Marseille de Pascal Gobin (21 janv. à19h30), œuvres mixtes avec saxophones (JoëlVersavaud) de Jean-Claude Risset (22 janv. à19h30), confér<strong>en</strong>ce - r<strong>en</strong>contre - performances (le23 janv. à partir de 15h).MARSEILLE. Atelier du GMEM. Rue de Cassis04 96 20 60 10 - www.gmem.orgDuoMarc Badin (hautbois, cor anglais) et Anaït Serekian(piano) dans des opus originaux ou des transcriptionsde Schumann, Carlo Yvon et M<strong>en</strong>delssohn.MARSEILLE. Le 22 janv. à 20h30. Villa Magalone(bd Michelet).04 91 39 28 28 - www.citemusique-marseille.com>du doute, de la passion destructrice, sur fond defait divers tragique et mélodramatique.La soprano Kar<strong>en</strong> Vourc’h («révélée» aux Victoires2009) chante la «Sainte» Annina, quand le ténorAttila Kiss <strong>en</strong>dosse le costume du Fraternelviol<strong>en</strong>t. La mise <strong>en</strong> scène est signée Steph<strong>en</strong>Medcalf (remember Il Pirata l’an dernier !), le toutsous la baguette de Jonathan Webb.JACQUES FRESCHELKar<strong>en</strong> Vourc’h© Y. PetitLes 12, 17 et 19 fév. à 20h, le 14 fév. à 14h30Opéra de Marseille04 91 55 11 10www.marseille.frEcoloConte musical écolo, historique et sci<strong>en</strong>tifique Sauvonsla terre sur l’histoire du monde imaginé parChristian Schitt<strong>en</strong>helm (à suivre dès 5 ans).AIX. Le 23 janv. à 17h au Théâtre du Jeu de Paume.04 42 99 12 12 - www.concertsdaix.comPlayblickL’<strong>en</strong>semble de percussions Symblêma (dir.FrédéricDaumas) poursuit sa reprise de son spectacle toutpublic, burlesque à la gloire des musiques dumonde.CHÂTEAUNEUF-LE-ROUGE. Le 23 janv. à 20h30Salle MistralTRETS. Le 29 janv. à 20h30. Casino04 86 31 62 73 - www.symblema.comJoëlVersavaud © X-D.R.Faste baroqueEn 1684, pour la première fois, Lully et Quinaultdélaiss<strong>en</strong>t les Dieux de l’Olympe pour s’inspirer delég<strong>en</strong>des médiévales et d’un héros de romanchevaleresque, admiré par Cervantès et à la modeau XVII e siècle : Amadis. Lully compose un chefd’œuvrequi décline les amours du parfait chevalierAmadis de Gaule et de sa Dame Oriane, sur fondd’épopée et de féerie, embelli de nombreux airs quiont rapidem<strong>en</strong>t été prisés : «Bois épais», «Amour,que veux-tu de moi ?» et de remarquablessymphonies, comme l’ample Chaconne finale. AvecRoland (1685) et Armide (1686), ce triptyquechevaleresque spectaculaire constituera la dernière«manière» de Lully, celle d’un compositeur ausommet de son art.Olivier Schneebeli dirige l’Orchestre desMusiques Anci<strong>en</strong>nes et à V<strong>en</strong>ir, les Chantres duC<strong>en</strong>tre de Musique Baroque de Versailles, lesBallet de l’Opéra-Théâtre d’Avignon et des Paysde Vaucluse, Cyril Auvity (Amadis) et KatiaVelletaz (Oriane). La troupe restitue tout le fastebaroque de la Tragédie Lyrique du Grand-siècle,dans une mise <strong>en</strong> scène d’Olivier Bénézech pourune première <strong>en</strong> Avignon.J.F.Le 24 janv. à 14h30 et le 26 janv. à 20hOpéra Théâtre d’Avignon04 90 82 81 40www.mairie-avignon.frQuatre mainsAnne-Marie Ghirardelli et Joël Rigal jou<strong>en</strong>tSchubert, Weber, Mozart, Darius Milhaud.AUBAGNE. Le 23 janv. à 21h au Théâtre Comœdia04 42 18 19 88 / www.aubagne.comP<strong>en</strong>netierLe pianiste Jean-Claude P<strong>en</strong>netier joue le 24 econcerto de Mozart. Théodor Guschlbauer dirigeégalem<strong>en</strong>t sa Symphonie «Paris» et la 3 e Symphoniede Schubert à la tête de l’Orchestre Philharmoniquede Marseille.MARSEILLE. Le 24 janv. à 17h.Opéra. 04 91 55 11 10 - www.marseille.frCampraEn 2010, Guy Laur<strong>en</strong>t célèbre Campra le Prov<strong>en</strong>çalpar une confér<strong>en</strong>ce (le 26 janv. à 18h30 auxOblats à Aix et le 27 janv. à 18h30 à Ste-Catherineà Marseille – Entrées libres) et <strong>en</strong> compagnie del’<strong>en</strong>semble soliste des Festes d’Orphée, un concert(le 3 fév. à 20h30 à Ste-Catherine à Marseille etle 4 fév. à 20h30 aux Oblats à Aix).04 42 99 37 11- www.orphee.orgGospel100 voix à laisser… sans voix ! Dans Happy day ouGo down moses !AIX. Le 28 janv. à 20h30 au Pasino04 42 59 69 00 - www.sudconcerts.net


Les tubes à l’essaiOn a <strong>en</strong> tête un mémorable Bourgeois g<strong>en</strong>tilhomme à la diction baroque éclairéà la chandelle, la poétique d’une Marie Madeleine chantée par Bossuet etCharp<strong>en</strong>tier, <strong>en</strong>fin les fastes de Cadmus et Hermione qui, l’an dernier, aémerveillé le public du Grand Théâtre. Le metteur <strong>en</strong> scène B<strong>en</strong>jamin Lazary revi<strong>en</strong>t avec un spectacle d’un autre g<strong>en</strong>re, précédé d’échos favorables. Les34 chanteurs des Cris de Paris revisit<strong>en</strong>t a cappella des «tubes» arrangés deJacques Dutronc, Michael Jackson ou des Rita Mitsouko… Les acteurs etdanseurs du Théâtre de l’Incrédule contribu<strong>en</strong>t à la drôlerie de cet Opéra <strong>en</strong>Chansons à l’inv<strong>en</strong>tivité du divertissem<strong>en</strong>t.JACQUES FRESCHELLa, la la !Les 29 et 30 janv. à 20h30Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce, Aix04 42 91 69 69www.legrandtheatre.net© Julie GalletSe vuol ballare…Qu’écrire sur Les Noces deFigaro ? Tout a été dit !Rarem<strong>en</strong>t chef-d’œuvreaura fait corps avec sontemps comme cet opéra,tiré de Beaumarchais etadapté avec tal<strong>en</strong>t parDa Ponte. En 1786, laFrance, et l’Europe dansson sillage, vont changerde visage dans la douleuret le sang… Les vieillesperruques, prêtes à tomber,s’accroch<strong>en</strong>t aux Privilèges ; lesLumières font mouche, le libertin s’essouffle…Tout est là dans cette comédie !Quant à la musique, Mozart articuleles rouages du g<strong>en</strong>re par des <strong>en</strong>semblesà la mécanique millimétrée,des finals époustouflants et fouille lecœur des personnages. On ne citerapas la multitude d’airs fameux de lapétillante camériste Suzanne et del’intrigant valet Figaro, de la Comtessedélaissée par son Almaviva demari mû par la «cuisse», du barbonv<strong>en</strong>geur Bartolo et de Marceline…pas au bout de ses surprises… dupage adolesc<strong>en</strong>t Chérubin et de lajeunette Barberine ! La musique yexprime souv<strong>en</strong>t ce que les mots nesuffis<strong>en</strong>t à traduire… Au pied du45© Hort<strong>en</strong>se HébrardFaron, la mise <strong>en</strong> scène est signée parChristian Gangneron, et GiulianoCarella est à la baguette.JACQUES FRESCHELLes Noces de FigaroLe 24 janv. à 15h et les 26, 28 et30 janv. à 20h.Opéra de Toulon04 94 92 70 78www.operadetoulon.frJazz hautAltitude jazz festival au Cadran : Uri Caine aupiano luxueusem<strong>en</strong>t épaulé (le 28 janv.), BaptisteTrottignon <strong>en</strong> trio (le 2 fév.) et le Kora jazz Trio (le5 fév.).BRIANÇON. Concerts à 20h3004 92 25 52 52 - www.theatre-le-cadran.eu>Uri Caine © Robert LewisConfér<strong>en</strong>ce-cinéMon cinéma pour l’oreille par le compositeurFrancis Dhomont.MARTIGUES. Le 29 janv à 18h médiathèqueConservatoire H<strong>en</strong>ri Sauguet 04 42 42 18 80SymphoniqueJonathan Schiffman dirige la Petite Symphonie n°5de Milhaud la 35 e symphonie de Mozart. L’OrchestreLyrique de Région Avignon Prov<strong>en</strong>ce se joint aupianiste David Greilsammer pour le Concerto <strong>en</strong> solde Ravel et le double concerto (piano et timbales)de Martinu.AVIGNON. Le 29 janv. à 20h 30Opéra Théâtre. 04 90 82 81 40-www.mairie-avignon.frPianoforteRécital de cet «ancêtre» du piano moderne avecdes œuvres de Dom<strong>en</strong>ico Scarlatti, Joseph Haydn etCarl Philipp Emmanuel Bach.MARSEILLE. Le 29 janv. à 20h30 Cité Radieuse(Jardin d’hiver).09 51 16 69 59 - www.baroquesgraffiti.comCocteauEdouard Exerjean articule son spectacle autour d’écritssarcastiques, t<strong>en</strong>dres et précieux de Jean Cocteauet des partitions à la clarté acidulée, à la gaîté finem<strong>en</strong>tgrinçante de musici<strong>en</strong>s faisant partie de sasphère artistique : Honegger, Milhaud, Satie, Wi<strong>en</strong>er,Auric, Tailleferre, Poul<strong>en</strong>c…MARSEILLE. Jusqu’au 30 janv. au Théâtre de L<strong>en</strong>che /Friche du Paniermardi, mercredi et samedi à 20h30 -mercredi et jeudi à 19h - dimanche à 16h.04 91 91 52 22 - www.theatredel<strong>en</strong>che.info>David Greilsammer © Antoine LegrandMed’sInauguration d’un nouveau lieu par Musique andC°. Musica Antiqua Prov<strong>en</strong>ce dirigé par ChristianM<strong>en</strong>doze prés<strong>en</strong>tes des airs d’opéras de Ha<strong>en</strong>del etMozart avec la soprano Eleonora de la P<strong>en</strong>a.MARSEILLE. Le 31 janv. à 16h30. 12 rue Saint-Jacques.04 91 54 76 45 - www.lemeds.comHaïtiConcert humanitaire de l’Orchestre des Pays d’Aixau profit de la Croix-Rouge et des sinistrés d’Haïti.AIX. Le 31 janv. à 18h30 au Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce.Entrée libre (dons év<strong>en</strong>tuels).GTP. 04 42 91 69 69 - www.grandtheatre.fr


46 MUSIQUE AU PROGRAMMEDiaboliqueL’impressionnante cad<strong>en</strong>ce à découvert, fougueuseet vibrante, des Trilles du diable de Tartini convi<strong>en</strong>tà souhait au violon flamboyant de Nemanja Radulovic.En compagnie d’un émin<strong>en</strong>t quintette decordes, il joue égalem<strong>en</strong>t des pages énergiques deSchubert, Kreisler, Tchaïkovski…AIX. Le 2 fév. à 20h30GTP. 04 42 91 69 69 - www.grandtheatre.frWandererL’émin<strong>en</strong>t Trio Wanderer, qui comme son nom nel’indique pas bi<strong>en</strong>, est français, vainqueur des «Victoiresde la musique 2009» <strong>en</strong> catégorie «Formationde musique de chambre», joue le Trio n°1 de Schumann,Liszt (Tristia transcrite de La Vallée d’Obermannpour piano, violon et violoncelle) et le fameux Trio«A la mémoire d’un grand artiste» de Tchaïkovski.AVIGNON. Le 2 fév. à 20h 30Opéra Théâtre. 04 90 82 81 40-www.mairie-avignon.frPiano & celloMarc Coppey (violoncelle) et Peter Laul (piano)jou<strong>en</strong>t Schubert «L’Arpeggione» et des Sonates deDebussy, Rachmaninov et M<strong>en</strong>delssohn.AIX. Le 3 fév. à 20h30 au Théâtre du Jeu de Paume.04 42 63 11 78 - www.concertsdaix.comCinq à septOn <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d le célèbre Quintette «La Truite» de Schubertet le moins couru (mais à connaître) Septuorop. 65 de Saint-Saëns par des musici<strong>en</strong>s du crû.TOULON. Le 4 fév. à 19h.Opéra. 04 94 92 70 78 - www.operadetoulon.frImpérialLe cycle Beethov<strong>en</strong> se poursuit à Aix avec sesConcerto pour piano n°2, 3 et 5 «L’Empereur». C’estla Camerata Ireland dirigée du clavier par BarryDouglas qui livre ces monum<strong>en</strong>ts du répertoire dudébut du XIX e siècle.AIX. Le 4 fév. à 20h30.GTP. 04 42 91 69 69 -www.grandtheatre.fr>Barry Douglas © X-D.R.1685/ScarlattiBaroques Graffiti s’attaque, après Bach, à un«jumeau» transalpin «né la même année». RobertoCrisafulli (violon), Jean-Christophe Deleforge(violone), Jean-Paul Serra (clavecin) jou<strong>en</strong>t destranscriptions d’opéras de Dom<strong>en</strong>ico Scarlatti.ARLES. Le 4 février à 20h au temple réforméMARSEILLE. Le 5 février à 20h30, Bastide de laMagalone.09 51 16 69 59 - www.baroquesgraffiti.comTripleBeethov<strong>en</strong> et son Triple concerto, mais aussi sonmagnifique 2 e Concerto pour piano, et Haydn poursa 99 e symphonie, par Vahan Mardirossian (piano),Jean-Marc Phillips (violon), Xavier Phillips(violoncelle), l’Orchestre de Cannes PACA (dir.Doron Solomon).TOULON. Le 5 fév. à 21h. Palais Neptune.Festival de Toulon et sa Région04 94 18 53 07 -http://musiquetoulon.pagespro-orange.frXavier Phillips © Céline NieszawerTrioNocturne pour cor et piano de Franz Strauss, laSonate pour piano et violon et le magnifique Trioop.40 de Brahms sont interprétés par Vinc<strong>en</strong>tRobinot (cor), Cécile Gouiran (violon) et AnneGuidi (piano).MARSEILLE. Le 10 fév. à 17h.Foyer de l’Opéra. 04 91 55 11 10 -www.marseille.frConte musicalLe conte des frères Grimm La mort marraine mis audiapason par Raoul Lay et sa verve poétique,puissante, sarcastique et doucem<strong>en</strong>t dissonante,poursuit sa belle av<strong>en</strong>ture sur les scènes régionales.Avant le plateau aixois du Jeu de Paume à la finmars, les pitchouns et leurs par<strong>en</strong>ts Port deBoucains découvr<strong>en</strong>t la comédi<strong>en</strong>ne Julie Cordierdans cet étrange récit aux nombreux degrés delecture, accompagnée des instrum<strong>en</strong>ts virtuoses del’Ensemble Télémaque.PORT-DE-BOUC. Le 17 fév. à15h (à partir de 8 ans)Théâtre le Sémaphore 04 42 06 39 09 -www.<strong>en</strong>semble-telemaque.comPiano/violonAlexandre Amedro (violon) et Christelle Abinasr(piano) jou<strong>en</strong>t Mozart, Brahms, Poul<strong>en</strong>c et Piazzola.MARSEILLE. Le 20 fév. à 17h.Foyer de l’Opéra. 04 91 55 11 10 - www.marseille.frAu MaîtreLe pianiste français Laur<strong>en</strong>t Cabasso donne unrécital à la mémoire de Pierre Barbizet disparu le 19janvier 1990. Il joue la Suite française de Bach, laWanderer fantaisie de Schubert, les Scherzos n°1 et4 de Chopin à la Société de Musique de Chambrede Marseille.MARSEILLE. Le 23 fév. à 20h30 à la Faculté deMédecine.Espace culture - 04 96 11 04 60DivaBarbara H<strong>en</strong>dricks revi<strong>en</strong>t à Aix après son concertde Noël pour le merveilleux Cycle de Lieder deSchubert : Le Voyage d’hiver. Elle est accompagnéepour ces vingt-quatre bijoux du romantismelittéraire (Wilhelm Müller) et musical par son fidèlepianiste : Love Derwinger (le 23 fév. à 20h30).La «carte blanche» de la diva se poursuit avec dublues <strong>en</strong> compagnie du Magnus Lindgr<strong>en</strong> Quartetformation jazz suédoise qui l’accompagne partout<strong>en</strong> récital et au disque (le 24 fév. à 20h30).AIX. GTP. 04 42 91 69 69 -www.grandtheatre.fr>BarbaraH<strong>en</strong>dricks © Mats Backer


Résolutions de toute une déc<strong>en</strong>nieComm<strong>en</strong>çons l’année de manière altruiste etcharitable, sout<strong>en</strong>ant Ushababi (voir p 7) et sonconcert rap-humanitaire au Dôme le 23 Janvier,ou souscrivant même modestem<strong>en</strong>t au MargoseFestival, rev<strong>en</strong>dicateur mais jamaisr<strong>en</strong>onciateur, qui amènera dans sonsillage <strong>en</strong> Avril prochain le très rarePierre Akad<strong>en</strong>gue.Après Juli<strong>en</strong> Loureau à son nouveaudomicile du Cri du port, restez bi<strong>en</strong>branché <strong>en</strong> bougeant des anches àVitrolles, à l’écoute de notes cuivréesproposé par le Moulin à Jazz (le23/1 un duo sax piano avant lesétonnants Das Kapital, et le 30/1Amsallem côtoyant une recrue deMiles, Rick Margitza) ou <strong>en</strong> suivantles touches noire et blanches de laMesón marseillaise, et ses concerts«autour du piano», avec <strong>en</strong> échol’Arménie ou les pays de l’Est du 21au 24/1.Ne confondez pas la transe dePakatak suivie aux platines par BigBuddha (qui a le don d’ubiquité occupant ce même22/1 la scène du Nomad Café avant MekanikKantatik !), avec l’énergie de Poum Tchak : leurswing tzigane r<strong>en</strong>d hommage à Billie Holiday et ilsprés<strong>en</strong>teront leur dernier cd à la Cité du Livre d’Aix,le Samedi 30/1: le concert du mois !À l’affût de nouveaux sons (les nouvelles poussesrock locales d’Anything Maria le 29 ou lesprouesses de Dissonant Nation le 12/2, deuxdécouvertes de l’Escale Saint Michel à Aubagne),maint<strong>en</strong>ez le respect des anci<strong>en</strong>s pour le passagede Jean Guidoni ou Greame Allwright au Toursky(19/1 et 02/2).Plus groovant, faites-vous surpr<strong>en</strong>dre par les sonstrad’ <strong>en</strong>trelacés de Lo’ Jo <strong>en</strong> trio le Samedi 06/2au Portail Coucou, voire laissez-vous tomber dansAU PROGRAMMEMUSIQUE 47la nostalgie des années 80, pour la nuit alternativeà Issambres dans le var avec New Model Army etTrisomie 21 le 30/1. Promettons de ne plus êtremacho, nous les hommes, et de rester solidairesavec vous les femmes, et retrouvonsnous<strong>en</strong>semble au Poste à galènepour une prog’ 100% féminine avecLio (le 16), Julia K<strong>en</strong>t et sonvioloncelle (le 23/1) ou Emily JaneWhite (11/2).Mais n’oubliez pas non plus àl’Espace Juli<strong>en</strong> les Puppini Sisters(le 28/1) et le 100% mâle TonyAll<strong>en</strong> (le 3/2). Difficile même de sedépartager <strong>en</strong>tre la Salsa de DanyBrillant ou le Reggae Folk de TomFrager au Dôme ou à l’Espace Juli<strong>en</strong>ce même 4/2, on a l’embarras duchoix pour bi<strong>en</strong> démarrer l’année !X-RAYLes Puppini sisters © X-D.R.www.concertandco.comLive in Marseille, qui prés<strong>en</strong>te à Lollipop Recordsleur expo photos live de 2009, qui ne vousrappellera que des bons souv<strong>en</strong>irs. Allez voir !Souscription au Margose Festival :http://www.margose-festival.comMARSEILLECabaret Aléatoire : Wat, We are Terrorists,Gooseflesh, Stereoheroes, Dilemn,Dj Cat (22/1), Para One, Bobmo, SweetAlchemy (29/1), The dodoz, I am unchi<strong>en</strong>, Spash Macadam, The Last (30/1),Andrew Weatherall, J<strong>en</strong>nifer Cardini,Seb Bromberger (5/2), The popes,Sv<strong>en</strong>sson (10/2), Gr<strong>en</strong>ouille/Quartiersd’hiver (12/2), In Bed with loud (13/2),Hockey (17/2)04 95 04 95 09www.cabaret-aleatoire.comEmbobineuse : Blake/e/e/e/e, NervousKid, Buzz Aldrin (23/1), Phill Niblock,Nicolas Dick (26/1), Savage Republic,Lee Zeirjick (29/1), Robert Piotrowicz(12/2), Cercueil, Zoft (17/2), Playmateson the run, Räuberhöhle, Jakk<strong>en</strong>popp(20/2), Ulan Bator, 25, Sexy Rexy (24/2)04 91 50 66 09www.lembobineuse.bizEspace Juli<strong>en</strong> : Mess<strong>en</strong>gers (21/1),Pakatak (22/1)04 91 24 34 10www.espace-juli<strong>en</strong>.comIntermédiaire: No Name vs Heavy Toolsnight (22/1), Craint Degun be TarpinAu programmehip hop (26/1), Selecter Willy a.k.a TanTudy Sound (27/1), Dj Rebel, Dj PH(28/1), Le Ruffle Crew (29/1), Noconcession (30/1)04 91 47 01 25www.myspace.com/intermediaireL’Affranchi : Ahamada Smis (29/1),Alonzo (6/2), K<strong>en</strong>za Farah (12/2)www.l-affranchi.comL’Enthropy : Nada, Super Fedor, DirectionSurvet (4/2)www.myspace.com/superfedorLa Machine à Coudre : Warrior Kids,Electric mind (22/1), Schultz, Rémibricabrack(23/1), The rippers, Elektrolux(4/2), So So Modern (5/2), Take shitback (6/2), Ich Bin Dead (20/2), ClaraClara (24/2)04 91 55 62 65www.lamachineacoudre.comLe Cri du Port : Philippe Festou <strong>en</strong>sembleYin (28/1)04 91 50 51 41www.criduport.frLe Paradox : ShyGirl (21/1), Dj Oil (22/1),Krmazik (23/1), Sarah Quintana (25/1)04 91 63 14 65www.leparadox.frMuzikomania : Quartet Faroa (30/1)www.faroajazz.comAIXLe Korigan, Luynes: Curtiss, WalterMitty, Soma (23/1), Black Candu Store,Yeeaaah, Atomic Gard<strong>en</strong> (30/1), ElectricDucks, Style Trip, Think (5/2)06 50 77 51 77www.myspace.com/lekoriganThéâtre et Chansons : Opera Molotov(21 et 22/1), Coko : Le tango desorganes se départageant le corps del’homme (6/2), Vis à vies (27 et 28/2)04 42 27 37 39www.theatre-et-chansons.comARLESCargo de Nuit : Féfé, Ysae (22/1), SpeedCaravan (23/1), Solidair’Night Fever(29/1), The Heavy (5/2), Way Of House(6/2), Eiffel (12/2), Club Club TM(13/2), Tu Tires ou Tu Scratches (20/2),Zak Laughed (26/2)04 90 49 55 99www.cargod<strong>en</strong>uit.comBERRE L’ÉTANGForum des jeunes et de la culture :Duo Kantelin<strong>en</strong> & Seppä (21/1), EricBibb duo (29/1)04 42 10 23 60www.forumdeberre.comCARRY-LE-ROUETMom<strong>en</strong>ts musicaux : Duo LiLith (23/2)04 42 45 09 85www.mom<strong>en</strong>ts-musicaux-de-carry.frCOUSTELLETLa Gare : Rita, Ange B et Jairo (23/1),Electrik Sofa, The Afrorockerz (30/1),Hansel et Gretel (3/2), Kabbalah (6/2),Le son des s<strong>en</strong>s (13/2), The Choolers(20/2)04 90 76 84 38www.aveclagare.orgISTRESL’Usine : Izia (22/1), Mass Hysteria(23/1), Kasabian (22/2), The originalWailers (25/2)04 42 56 02 21www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr


48 MUSIQUE CONCERTS«Déboutonnez votre cerveauaussi souv<strong>en</strong>t que votre braguette!»recommande le Workshop de Lyondans SloganCe n’est pas sans émotion que Claude Gravier, leprésid<strong>en</strong>t de l’association Charlie Free, nous prés<strong>en</strong>tecette formation jazz juste avant le début duconcert. Le Workshop de Lyon avait réponduprés<strong>en</strong>t lorsque la culture vitrollaise fut sérieusem<strong>en</strong>téperonnée par le Front National. Une piqûrede rappel que leur concert Slogan.Le Workshop de Lyon fait partie de l’ARFI (Associationpour la Recherche d’un Folklore Imaginaire)qui fédère divers groupes parmi lesquels on retrouvela Marmite Infernale. Les quatre compèrescréatifs ont proposé un spectacle ludique et militant,une musique résolum<strong>en</strong>t moderne et intellig<strong>en</strong>te.En fond de scène était déployée une œuvre duplastici<strong>en</strong> Michel Basti<strong>en</strong>, un univers de manifdans la rue. Enragez-vous! Explorons le hasard ! Courscamarade, le vieux monde est derrière toi ! Voilàquelques slogans qui ont été proférés dans uncornet rouge, ancêtre du mégaphone, par JeanBolcato, contrebassiste et co-fondateur du groupe,responsable à plusieurs reprises de coups de foliedans un concert dominé par un humour constant.Jean Aussanaire, qui a rejoint l’<strong>en</strong>semble plusrécemm<strong>en</strong>t, s’est montré un grand improvisateurau saxo soprano et alto et Jean-Paul Autin à laclarinette basse et aux divers saxophones a fait ladémonstration de sa maîtrise rare du soufflecontinu. Ils répondai<strong>en</strong>t à Christian Rollet, percussionnistedu groupe depuis ses débuts, autour desannées 1967-68, avec une finesse remarquable deLe Pays d’Aubagne dispose d’un lieu de spectacle etde concert très actif : l‘Escale MJC. L’association,proche de la Chapelle des Pénit<strong>en</strong>ts Noirs, disposeréaction aux stimulations de chaque musici<strong>en</strong>. Unemusique faite d’écoute anci<strong>en</strong>ne et de r<strong>en</strong>contresnouvelles, qui trouve chaque fois son accomplissem<strong>en</strong>tface au public.DAN WARZYCe concert a eu lieu au Moulin à Jazzde Fontblanche à Vitrolles le 9 janvwww.arfi.orgCD du Workshop de Lyon «Slogan.»CD AM043-2007www.allumesdujazz.com ouwww.abeillemusique.comKabbalah fait escale à Aubagne© X-D.Rd’une salle bi<strong>en</strong> équipée offrant, <strong>en</strong>tre autres, lapossibilité d’une résid<strong>en</strong>ce pour des musici<strong>en</strong>s quisouhait<strong>en</strong>t mettre au point un répertoire ou peaufinerla préparation d’un <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t. ThierryNoygues coordonne le fonctionnem<strong>en</strong>t du lieu aidéde nombreux bénévoles. L’Escale est égalem<strong>en</strong>t unlieu relais pour les auditions régionales du Printempsde Bourges.Le 1 er concert de l’année s’est ouvert avec le groupeKabbalah, quintet véhiculant une grande énergiefestive : Uli Wolters au marimba, saxophone, flûteet chant ; Anna Startseva, qui, grâce à l’électronique,peut fait naître un quatuor à cordes de sonseul violon ; Gérard Gatto à la batterie et PatrickFerné à la contrebasse qui <strong>en</strong> grande complicitésav<strong>en</strong>t si bi<strong>en</strong> sout<strong>en</strong>ir la pulsation de l’<strong>en</strong>semble.Stéphane Galeski à la guitare et au mandoluthchante <strong>en</strong> yiddish, <strong>en</strong> anglais ou <strong>en</strong> russe et apporteun côté décalé à cette musique très métisséeempreinte de la tradition klezmer.DAN WARZYCe concert a eu lieu à la MJC L’Escale d’Aubagnele 9 janvwww.mjcaubagne.frwww.kabbalah-music.net© X-D.RSpécial PianoC’est une soirée dédiée au piano avec <strong>en</strong> premièrepartie le duo Jean-Sébasti<strong>en</strong> Simonoviez (piano)et François Gallix (contrebasse) qui a clôturél’année à l’association Charlie Free de Vitrolles. Unemusique très intimiste où les deux musici<strong>en</strong>s ontdémontré un grand tal<strong>en</strong>t et une grande s<strong>en</strong>sibilité,que l’on peut d’ailleurs retrouver dans leur CDCrossing life and strings. Clara Simonoviez a rejointle duo pour une ballade notamm<strong>en</strong>t qui a permisd’apprécier sa voix très s<strong>en</strong>suelle.Sébasti<strong>en</strong> Paindestre, pianiste du trio créé <strong>en</strong>2001, poursuit la soirée accompagné du contrebassisteJean Claude Oleksiak et du batteur AntoinePaganotti. Ils se connaiss<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> et se côtoi<strong>en</strong>tdepuis 1997. Le climat installé est époustouflant,chaque musici<strong>en</strong> se trouve toujours au bon mom<strong>en</strong>tpour appuyer, nourrir ce qui est <strong>en</strong> train de se passerpour notre plus grand bonheur. Un pianiste dontil va falloir se souv<strong>en</strong>ir !D.W.Ce concert a eu lieu au Moulin à Jazz le 12 déclors de Jazz <strong>en</strong> Scènes.CD Sebasti<strong>en</strong> Paindestre trio ParcoursCD Amnesiac Quartet Tribute to Radiohead LabelGreat Winds© Dan Warzy


Le souffle roi du GrimCamilla Hoit<strong>en</strong>ga, flûtiste, et Raphaëlle K<strong>en</strong>nedy, soprano,form<strong>en</strong>t un duo s<strong>en</strong>suel et vibrant !Des œuvres pour flûte et voix deKaijia Saariaho (Changing light),Patrick Burgan (poèmes érotiques deVerlaine) et Williams Brooks (Sweet),où la chanteuse oiseau roucoule surl’épaule de la flûtiste arbre, de laflûte branche : beau tableau concret!Dans Ohyarai, pour flûte solo de YuKuwabara, la palette de timbres estr<strong>en</strong>due avec brio.Puis trois créations dont matar, no temataria sur des poèmes andalous dePierre-Adri<strong>en</strong> Charpy. Motifs mélodiquesornés sans clichés, couleurschatoyantes, gammes andalouses,legato velouté de la soprano soudainem<strong>en</strong>tbrisé par la viol<strong>en</strong>ce du texte(tu eres mujer, yo soy hombre). Onretrouve des acc<strong>en</strong>ts chers à De Falla,ligne chaloupée, int<strong>en</strong>se : osmosecharnelle avec la flûte, esprit Cantehondo avec ce Ay ! final <strong>en</strong> decresc<strong>en</strong>do,sublime : une très belle réussite.Raphaëlle K<strong>en</strong>nedy, spécia-liste demusiques anci<strong>en</strong>nes, maîtrise toutesles difficultés techniques et expressives:aigus planants, pianissimi, sonsparlés (Sappho), étranges et magiques.Après ce duo, le Louis Sclavis trio.Sclavis (saxo soprano et clarinettebasse) passe d’un jazz swingué etcool à une impro diabolique, suivi parses brillants compères Olivier Lété àla basse et Christophe Lavergne à labatterie : riffs, boucles répétitives,improvisations, thèmes qui s’install<strong>en</strong>t,se développ<strong>en</strong>t, tourbillonn<strong>en</strong>t,modulations harmoniques étonnantes,chorus étourdissants, titres aléatoires.La clarinette basse sous les doigts deSclavis semble une flûte à bec : lamaîtrise technique et l’exploitationde toutes les possibilités de timbresont impressionnantes.Ce soir-là, un vibrant hommage étaitr<strong>en</strong>du à la musique contemporaine età l’improvisation avec le plus anci<strong>en</strong>des instrum<strong>en</strong>ts : le souffle !YVES BERGECe double concert a été donnéà Montévidéo le 16 décLouis Sclavis trio© Pierre GondardCamilla Hoit<strong>en</strong>gaet Raphaelle K<strong>en</strong>nedy© Pierre Gondard49AGENDA JAZZRetrouvez les concerts :- du Moulin à Jazz sur le sitewww.charliefree.com23/1 : Duo D. Erdmann-Francis/Le Bras à 21h00 suividès 22h30 par Das Kapital trio30/1 : Franck Amsallem trioavec Rick Margitza- Le Cri du Port sur le sitewww.criduport.fr21/1 : H<strong>en</strong>ri Flor<strong>en</strong>s piano soloà 20h30 suivi de Enzo Carniel trio28/1 : Philippe Festou Ensemblecontemporain Yin à 20h303/2 : Ciné-concert mis <strong>en</strong>musique par Uli Wolters,The Blacksmith de Buster Keatonà 15h004/2 : Ciné-concert par UliWolters, Le rat des villes et le ratdes champs de L. Starewitch- La Meson sur le sitewww.lameson.free.fr22/1 : Yom duo à 20h0023/1 : B<strong>en</strong>jamin Faugloireet Christophe Leloil duo à 20h0024/1 : Trio Maurel-Botta/Chemirani à 20h00- Cité de la Musique sur le site :www.citemusique-marseille.comÀ vos masques !Le NH#7 a contaminé Marseille du 4 au 21 décembre 2009.Retour sur une épidémie pas comme les autresVirus sonore qui vous fait tourbillonner les oreilles,le festival Nuits d’Hiver #7 s’est propagé au Grimp<strong>en</strong>dant 15 jours. 7 ans que la contamination progresseà coups de rythmes frénétiques avec <strong>en</strong>point d’orgue le 30 e anniversaire du c<strong>en</strong>tre. Lasoirée du 19 a vu et <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du le chaos <strong>en</strong> chair et<strong>en</strong> os avec la prés<strong>en</strong>ce du trio r<strong>en</strong>nais La TerreTremble, friand de chassés croisés complexes <strong>en</strong>treguitares et batterie. Ambiance rock’n roll auxcontours saturés, les riffs découp<strong>en</strong>t des rythmestribaux au rasoir sur une scène qui devi<strong>en</strong>t unvéritable chantier sonore. Le gros son est là et lesadeptes ne s’y tromp<strong>en</strong>t pas, répondant largem<strong>en</strong>tprés<strong>en</strong>ts à cette scène alternative.Aux confins de champs acoustiques et électriquespoussés à l’extrême, les techniques de jeuxdépass<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t à l’imagedes allemands Koro v<strong>en</strong>us baliser unterrain miné prêt à exploser sous lesdélires instrum<strong>en</strong>taux des interprètes.Morceaux fleuves et continuumpercutant libèr<strong>en</strong>t les sons et lesinstrum<strong>en</strong>ts des carcans habituels,pour une exploration paroxystiquesans limite.FREDERIC ISOLETTALa terre tremble© Pierre Gondard


50DISQUESChopin 2010 : Pologne 1 France 1 !En Pologne Chopin 2010 est conçu comme un grandévénem<strong>en</strong>t international : un mom<strong>en</strong>t unique considéréà Varsovie comme «la plus grande campagnede promotion de la Pologne d’aujourd’hui… Plusgrande que l’organisation de l’Euro 2012 de football!». Mais l’œuvre du musici<strong>en</strong> sera mise <strong>en</strong> lumièredans le monde <strong>en</strong>tier, et particulièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Franceoù le jeune homme arrive à 21 ans. Il y séjournerajusqu’à sa mort <strong>en</strong> 1849.Chopin occupe une place privilégiée dans le mouvem<strong>en</strong>tromantique : véritable poète du piano, cevirtuose génial a confié à son instrum<strong>en</strong>t sess<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts les plus intimes. Symbole de sa doubleappart<strong>en</strong>ance, il repose au cimetière du Père-Lachaise,tandis que son cœur est conservé à Varsovie.En France son univers artistique fera l’objet d’uneexposition parisi<strong>en</strong>ne à la Cité de la Musique. ÀNohant, la bergerie du domaine de George Sand, sacompagne, bénéficie d’un nouvel aménagem<strong>en</strong>t etaccueillera des manifestations Un colloque organisé<strong>en</strong> fin d’année au Musée d’Orsay sera consacré àL’Héritage Chopin, de 1831 à nos jours. À Nantes,R<strong>en</strong>é Martin <strong>en</strong> fait sa «Folle Journée» du 27 au 31janvier. En février, le compositeur sera à l’honneurdes Victoires de la Musique Classique sur France 3.Chopin 2010 devrait générer dans le monde prèsde 2000 concerts, publications, événem<strong>en</strong>ts audiovisuels,expositions...Rayon disquesLes labels rivalis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> proposant rééditions etnouveautés.À ce titre Alexandre Tharaud n’a pas att<strong>en</strong>du leNouvel An pour offrir un album très personnel. SonJournal intime est une lecture originale de piècescélèbres, Mazurkas, Nocturnes, Fantaisies, Balladesréunies par la t<strong>en</strong>dresse du souv<strong>en</strong>ir. Le pianistechemine à travers des opus qui, dit-il, ont «marquéet accompagné les étapes de ma vie». On le croitvolontiers !Le coffret 15 CD Great Recordings de Sony, est unmodèle du g<strong>en</strong>re avec Richter, Horowitz, Rubinstein,Katsaris, Kissin ou Gilels dans une quasi-intégrale !Et les 100 chefs-d’œuvre de Chopin, choisis parRadio Classique, mett<strong>en</strong>t le piano «français» (desouche ou d’adoption… comme Chopin) àl’honneur avec Samson François, Jean PhilippeCollard, Cziffra, Ciccolini, Weiss<strong>en</strong>berg ouDuchâble.JACQUES FRESCHELCD Journal intimeVirginclassics 685 565 2Coffret 15 CDChopin 200 Sony Music 88697 57707 2Coffret 6CD 100 chefs-d’œuvre EMI5099960774125Della VirgineOn a pu <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre à plusieurs reprises l’<strong>en</strong>sembleParnassie du Marais dans la région, à Aix <strong>en</strong>particulier. Il faut dire que ses musici<strong>en</strong>s tiss<strong>en</strong>tdes li<strong>en</strong>s naturels avec le Pays de Cézanne, commeavec le festival Nuits d’été. Brigitte Tranier,émin<strong>en</strong>te claveciniste qui les dirige, <strong>en</strong>seigne auConservatoire Darius Milhaud, Myriam Cambreling(violon) et Franck Lespinasse (violoncelle) seproduis<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t avec Les Festes d’Orphée.Michel Géraud (contre-ténor) a été formé à Nice etCatherine Padaut a fait ses armes au CNR deMarseille et au CNIPAL. Sa voix d’une clarté rare,sa technique sûre comme sa justesse font lebonheur de nombreuses formations vocales (A SeiVoci, Musicatreize, l’Ensemble Baroque de Limoges,l’Ensemble de Solistes de Bernard Tetu ouAcc<strong>en</strong>tus…). Elle illumine ces must baroques(captés à la Chapelle des Oblats à Aix fin 2009),deux œuvres dédiées à la Vierge Marie : le SalveRegina de Scarlatti et le Stabat Mater de Pergolèse.J.FCD Parnassie Editions PAR 45Sans complexePour tous ceux qui se demand<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core quel album2009 a pu nous laisser à garder tout près de saplatine (si l’on peut <strong>en</strong>core employer ces termes quisonn<strong>en</strong>t désuets à l’heure de la dématérialisationgalopante), il est temps de s’intéresser à la belleClarika et son cinquième opus Moi <strong>en</strong> mieux. Unevoix au timbre doux et suave et une inv<strong>en</strong>tivité àtoute épreuve rythm<strong>en</strong>t les treize titres de ce brulotréprobateur. On se laisse pourtant rapidem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>voûter par l’univers musical onirique auxarrangem<strong>en</strong>ts fouillés et recherchés. Orgue Rhodesou Philicorda, autoharp, ou <strong>en</strong>core mandoline etsanza… Les sons organiques et ingénieux sefond<strong>en</strong>t dans un paysage qui se découvre, et donton se délecte <strong>en</strong> douceur. Et pourtant… Les textesqui s’échapp<strong>en</strong>t de la voix d’ange nourriss<strong>en</strong>t desprises de position bi<strong>en</strong> tranchées sur des sujetscomme l’exclusion des étrangers (Bi<strong>en</strong> mérité). Etvu que tout cela est plus que bi<strong>en</strong> ficelé on ne peutqu’être charmé et s<strong>en</strong>sible à l’invitation de s’infiltrerdans le monde de Clarika. Un monde plein de rêveet de désir, une place où la musique varie à chaquetitre, on l’on écoute des mots justes planer audessusd’arrangem<strong>en</strong>ts très réussis.FREDERIC ISOLETTAMoi <strong>en</strong> mieuxClarikaULM – Universal


AU PROGRAMMEVingt-quatre heures de la vie d’une femmeEmmanuelle a besoin d’un temps, un temps pour elle,pour respirer, se retrouver. Un temps aussi pour lire leroman qu’elle a comm<strong>en</strong>cé (et que le lecteur découvreavec elle), qu’elle a <strong>en</strong>vie de terminer, loin de sontravail, fastidieux, et de sa famille, lourde à porter…Le roman de Valérie Z<strong>en</strong>atti, Les âmes sœurs, relatel’histoire d’une journée volée aux autres, d’une journéepour soi qu’Emmanuelle <strong>en</strong>fin s’octroie. Un jour <strong>en</strong>tierà divaguer, à pied, <strong>en</strong> bus et même <strong>en</strong> train, <strong>en</strong>tre souv<strong>en</strong>irs,s<strong>en</strong>sations et s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts contradictoires -plaisiret culpabilité mêlés- avec <strong>en</strong> contrepoint le récit deLila Kovner, photographe, qui la touche et l’absorbe,peut-être parce qu’il réveille <strong>en</strong> elle des deuils <strong>en</strong>fouis,fait ressurgir des figures aimées disparues… Cettepause dans une vie n’est pas une rupture ; juste uneARLESMusée départem<strong>en</strong>tale de l’Arles Antique– 04 90 18 88 88Dans le cadre de l’exposition César, le Rhône pourmémoire : confér<strong>en</strong>ce sur le changem<strong>en</strong>t climatique,vers une nouvelle dynamique du delta duRhône, le 6 février au domaine de la Palissade ;r<strong>en</strong>contre avec le peintre David Tresmontant,le 7 février à 9h30 à l’Espace Van Gogh;exposition de Mark Dion qui propose un autreregard sur «les trésors du Rhône» <strong>en</strong> installantson propre «départem<strong>en</strong>t des recherches archéologiquesubaquatiques et sous-marines», ce quiintroduit une autre vision de l’objet archéologiqueet de la collection. Jusqu’au 31 marsau Cargo de Nuit ; dans ce cadre, la cie à tableprés<strong>en</strong>te L’<strong>en</strong>droit de l’objet, une confér<strong>en</strong>ce deMartine Schmurpf, solo pour comédi<strong>en</strong>ne, ordinateuret vidéo-projecteur : une confér<strong>en</strong>ce quiinterroge ce qui fait ou fera patrimoine dansnotre quotidi<strong>en</strong> et démontre avec humour etimpertin<strong>en</strong>ce le besoin vital chez l’homme des’<strong>en</strong>tourer d’objets. Les 21 janvier et 20 marsau MdAa à 17h.Muséon Arlat<strong>en</strong> – 04 90 93 58 11Le musée est fermé pour rénovation jusqu’<strong>en</strong>2014, mais se promène quand même lorsd’ethno’balades : De la dame-jeanne au cubi :découverte de la verrerie de Trinquetaille avecLaur<strong>en</strong>ce Serra, doctorante, rattachée au Laboratoire<strong>en</strong> Archéologie Médiévale Méditerrané<strong>en</strong>ne(CNRS/MMSH) et Stéphane Gardeur, œnologue,le 30 janvier à 11h ; De la dame-jeanne aucubi… suite : découverte de la verrerie de Montredon,à Marseille, avec Laur<strong>en</strong>ce Serra, le 27février à 15h.Chapelle du Méjan – 04 90 49 56 78Le dernier jour du jeûne de Simon Abkarian.Le 3 février à 18h30.AUBAGNEMédiathèque Marcel Pagnol – 04 42 18 19 90Atelier sci<strong>en</strong>tifique sur le thème de la couleur,le 10 février de 14h à 15h30 à partir de 6 ans.Observer et créer <strong>en</strong> noir et blanc : ateliers derespiration, et l’expéri<strong>en</strong>ce de la liberté, qu’il était urg<strong>en</strong>tde vérifier. Comme Lila, l’âme sœur, racontel’avoir fait…Ce roman à deux voix ne peut que parler aux femmesqui le liront. Finesse psychologique, personnagesattachants, alternance pertin<strong>en</strong>te des points de vue,fluidité du style, tout contribue à <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dre la lecturefacile et pr<strong>en</strong>ante à la fois. Qui n’a eu, comme cettemère de famille débordée, <strong>en</strong>vie de tout <strong>en</strong>voyer balader? Qui n’a oublié les li<strong>en</strong>s l’unissant à ceux qui sontles si<strong>en</strong>s ? Qui ne s’est un jour laissé <strong>en</strong>vahir par l’idéedu r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t ? Les âmes sœurs, mine de ri<strong>en</strong>, interroge.Et souv<strong>en</strong>t fait mouche, à mi-voix, à demi mot,comme par hasard.FRED ROBERTAu Programmes<strong>en</strong>sibilisation à l’art à partir d’œuvres <strong>en</strong> noiret blanc, les 17 et 18 février de 14h à 16h.AVIGNONFestival d’Avignon – 04 90 27 66 50Dans le cadre de ses r<strong>en</strong>dez-vous m<strong>en</strong>suels, leFestival d’Avignon propose une r<strong>en</strong>contre avecOlivier Cadiot, écrivain et artiste associé au 64 eFestival le 27 janvier à 20h30 à la salle B<strong>en</strong>oîtXII.LA SEYNE-SUR-MERLes Chantiers de la Lune – 04 94 06 49 26Dialogue au bord de l’<strong>en</strong>tr’ouvert, expositionde H<strong>en</strong>ri Yéru. Jusqu’au 27 mars. Soirée r<strong>en</strong>contreavec l’artiste le 28 janvier ; philo-apéritifanimé par Jean-Claude Grosse sur le thème Ceque les présocratiques nous dis<strong>en</strong>t sur la nature –approche d’un aphorisme de R<strong>en</strong>é Char sur ledésir, son médaillon sur Héraclite d’Ephèse. Le27 février à 18h.MARSEILLEESBAM – 04 91 82 83 10Exposition Archipélique 2 : promotion Art etDesign 2009 de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Marseille. Du 29 janvier au 26 févrierà la galerie Montgrand et galerie Bains Douchesde la Plaine, du 5 mars au 2 avril salle des colonnesà la Friche Belle de Mai.CRDP – 04 91 14 13 87Le corps dans l’art contemporain, confér<strong>en</strong>cedonnée dans le cadre des r<strong>en</strong>contres culturellesdu CRDP : Le portrait dansé, par ChristianGattinoni, <strong>en</strong>seignant à l’Ecole nationale supérieurede la photographie d’Arles. Le 21 janv à18h30.BMVR Alcazar – 04 91 55 56 34Confér<strong>en</strong>ce de l’histori<strong>en</strong> Frédéric Armand surL’esclavage dans le Haut Moy<strong>en</strong> Âge. Le 30 janvierà 14h30.Libraires du sud – 04 96 12 43 42Itinérances littérairesavec Marcus Malte et CyrilleDerouineau pour Ost<strong>en</strong>de au bout de l’est (éd.Le Bec <strong>en</strong> l’air). Le 22 janvier à la librairie Histoirede l’œil ; le 23 janvier à la librairie Goulard(Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce).Escales <strong>en</strong> librairies : r<strong>en</strong>contre avec WassylaTamzali pour la parution d’Une femme <strong>en</strong>colère (éd. Gallimard, 2009). Le 4 février à 19hà la librairie Harmonia Mundi à Aix, et le 5février à 19h à la librairie Regards à Marseille.R<strong>en</strong>contre avec Robert McLiam Wilson à lalibrairie Histoire de l’œil, à Marseille, le 25février à 19h, et à la librairie Book in Bar, àAix, le 26 février à 17h30.Echange et diffusion des savoirs –04 96 11 24 50Confér<strong>en</strong>ce de Michel Troper, juriste, Sur laprét<strong>en</strong>due crise de l’État : la crise financière etéconomique de 2008-2009 semble confirmerce que la théorie juridique permettait de discernertrès clairem<strong>en</strong>t : que l’État reste le principallieu du pouvoir. Le 21 janvier.Confér<strong>en</strong>ce du philosophe Jean-Michel Besnier :Faut-il avoir peur du posthumain ? Il revi<strong>en</strong>drasur les solutions qui permett<strong>en</strong>t de résister àune certaine «fatigue d’être soi» et d’appréh<strong>en</strong>derl’av<strong>en</strong>ir de l’espèce humaine. Le 4février. Les confér<strong>en</strong>ces ont lieu à 18h45 àl’Hôtel du départem<strong>en</strong>t.Librairie Le Lièvre de Mars – 04 91 81 12 95Exposition de R<strong>en</strong>aud Perrin : dessins et gravuresautour des écrits de Cravan, Michaux etBüchner. Jusqu’au 30 janvier.Exposition de dessins de Marijo Foerhle. Du 5au 27 février.Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59Voyage au cœur de la Chine contemporaine : sélectionde textes portés par plusieurs comédi<strong>en</strong>savec mise <strong>en</strong> espace. Les 29 et 30 janvier.Institut Culturel Itali<strong>en</strong> – 04 91 48 51 94Exposition Italianità réalisée par les éditionsCorraini à l’occasion de la publication <strong>en</strong> 2009du livre Italianità du designer Giulio Iacchettiavec les illustrations de Ale+Ale. Jusqu’au 1 ermars.LIVRES51Les âmes sœursValérieZ<strong>en</strong>attiéd de l’Olivier,16,50 eurosCours d’Itali<strong>en</strong> disp<strong>en</strong>sés du 22 février au 20juin ; stage int<strong>en</strong>sif d’hiver du 8 au 19 février,cours int<strong>en</strong>sif d’<strong>en</strong>trée au collège à partir du24 février.Lecture <strong>en</strong> scène : mise <strong>en</strong> espace de textes avecSabrina Giampetrone, tirés d’œuvres de lalittérature itali<strong>en</strong>ne. A partir du 23 février.Cours de thème, traduction littéraire du françaisvers l’itali<strong>en</strong> : à partir de textes de Malraux,Proust, Giono… A partir du 22 février.Espace Ecureuil – 04 91 57 26 49Exposition de Gianni Burattoni, Eunji Peignard-Kim, Christian Poquet et Jürg<strong>en</strong> Schiling :Filicophytes, halogéburesn échinodermes et autresartistes. Jusqu’au 20 février.Confér<strong>en</strong>ce de Gianni Burattoni et Jürg<strong>en</strong>Schiling autour du thème du paysage, du jardin,du regard et de la déambulation. Le 10 février.Lollipop Music Store – 04 91 81 23 39Live in Marseille retro 2009 : une année de concerts<strong>en</strong> 50 photos. Jusqu’au 10 février.TOULONLibrairie La Nerthe – 04 94 87 77 49Exposition d’œuvres sur papier et livresd’artistes (1998-2008). Jusqu’au 17 février.VILLELAURELes Nouvelles Hybrides – 04 90 08 05 58R<strong>en</strong>contre, animée par Micha Michalon, avecCarole Martinez autour du livre Le Cœur cousu(éd. Gallimard). Le 29 janvier à 19h.VITROLLESCinéma Les Lumières – 04 42 77 90 771 re édition du festival Polar <strong>en</strong> lumières : projectionsde films (dont une soirée hommage àJean-Claude Izzo), dont certaines <strong>en</strong> avantpremières,r<strong>en</strong>contres lors de soirées ciné-débatmusicales et de tables rondes (Alain Beverini,Philippe Carrese, Maurice Gouiran, Gilles DelPappas…), théâtre avec la cie Tchapacans. Du2 au 7 février.


52 LIVRES LITTÉRATUREAvec v<strong>en</strong>ts et maréesLe sixième roman d’Olivier Adam plonge à nouveaule lecteur plus que cons<strong>en</strong>tant dans son univers siparticulier de bleus à l’âme, de cieux d’orage et defamilles à la dérive. Le titre déjà propose tout unprogramme de rafales glacées, d’averses acérées,métaphores des adversités de la vie.Depuis que sa femme Sarah a disparu, l’exist<strong>en</strong>ce dePaul Anders<strong>en</strong> est ainsi, soumise à des v<strong>en</strong>ts contraires,auxquels il t<strong>en</strong>te de résister. En quittant la banlieueparisi<strong>en</strong>ne pour retrouver Saint-Malo, sa ville natale :«ici j’allais pouvoir recoller les morceaux et repr<strong>en</strong>dre pied,nous arracher les <strong>en</strong>fants et moi à cette douleur poisseusequi nous clouait au sol depuis des mois» ; <strong>en</strong> s’occupantde Clém<strong>en</strong>t et Manon, à moins que ce soit eux qui nes’occup<strong>en</strong>t de lui, «il y avait si longtemps qu’elle et sonfrère me t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t debout» ; <strong>en</strong> rouvrant les yeux sur lemonde et les g<strong>en</strong>s al<strong>en</strong>tour. Histoire d’être prêt auréveil…À fleur de peau et d’émotion, ce roman parle d’amour,de souffrance, de deuil, et d’espoir malgré tout. Lalangue concrète et lyrique d’Adam emporte dans sahoule. La mer, le ciel, leurs variations et leursintermitt<strong>en</strong>ces sont au cœur du récit, comme desmiroirs de l’âme humaine, comme des pointsd’ancrage aussi, où trouver un équilibre, mêmeinstable. Ce que reflète la phrase finale, symbolique :«… bi<strong>en</strong>tôt la pluie allait s’abattre sur les maisons aucoude à coude, frottées les unes aux autres, serrées <strong>en</strong> retraitde la mer, poussées à l’eau par le pays tout <strong>en</strong>tier,susp<strong>en</strong>dues juste au-dessus, <strong>en</strong> lisière, marginales etfragiles, m<strong>en</strong>acées mais debout.»À lire à grandes goulées, comme on pr<strong>en</strong>d un bol d’airdu large.FRED ROBERTT’as voulu voir Ost<strong>en</strong>de…Il règne une ambiance à la Brel dans le dernier paru dela collection Collatéral, une collection qui fait voyager<strong>en</strong> images et <strong>en</strong> mots. Cette fois, cap sur le bout del’est, c’est ce qu’Ost<strong>en</strong>de veut dire, et bonjour platpays, nuages et nostalgie, même si ce sont les parolesd’une chanson de Caussimon qui sont mises <strong>en</strong>exergue.Les photographies de Cyrille Derouineau égrèn<strong>en</strong>tau fil des pages la mélancolie désuète et suave d’uneville où le vide semble roi : plages presque désertes,bancs vides face à la mer, parasols solitaires ou transatsr<strong>en</strong>versés, néons nocturnes qui brill<strong>en</strong>t pour qui ? Justeparfois quelques touristes plus tout jeunes qui sehât<strong>en</strong>t sous la pluie, quelques oiseaux et bateaux <strong>en</strong>partance aussi. À contempler ces vues, on se s<strong>en</strong>tvraim<strong>en</strong>t au bout, d’un lieu, d’une époque.Dans ce no man’s land de la morte saison, ciel bas etmer de plomb, six auteurs de romans noirs se sontL’épopée du chaosL’homme et l’<strong>en</strong>fant march<strong>en</strong>t vers le Sud, anonymes.Dans un monde post-apocalyptique, on ne sait quand,où certains choisiss<strong>en</strong>t de se supprimer pour ne pasdépérir, tandis que d’autres sombr<strong>en</strong>t dansl’anthropophagie. L’homme a fait son choix. Celui dela survie coûte que coûte. La si<strong>en</strong>ne, et celle de son fils.Sans nuire à autrui. Malgré le pire. Malgré le voyagedantesque. Malgré le froid, la faim, les multiples périlsqui les guett<strong>en</strong>t au hasard du chemin sur une terreanéantie. On suit page après page ces deux âmesmeurtries, dernières traces d’humanité, avecl’espérance désespérée que la vie repr<strong>en</strong>ne ses droits,que tout recomm<strong>en</strong>ce… ou qu’une mort fulguranteles achève au plus vite.Ce livre, c’est l’insout<strong>en</strong>able mis <strong>en</strong> mots. Avec dessil<strong>en</strong>ces, des soupirs, de brefs échanges transis. Dansune poésie de l’effroi qui dit l’amour filial infini et seglissés à l’aise. Entre les photos ils ont tissé leurs mots.Six nouvelles, qui parl<strong>en</strong>t d’amours perdues et depassés glorieux, de vieux <strong>en</strong> goguette ou <strong>en</strong> désarroi, decontrats, de trafics et de passages <strong>en</strong> fraude. MarcusMalte, Didier Da<strong>en</strong>inckx, Jean-Bernard Pouy,Marc Villard, Michel Quint et Jean-Hugues Oppeloffr<strong>en</strong>t au lecteur des textes inédits, que les imagessembl<strong>en</strong>t leur avoir inspirés. Et on navigue avec eux,jusqu’à se noyer dans ce bout du monde où rôd<strong>en</strong>tfantômes et malfrats.FRED ROBERTOst<strong>en</strong>de au bout de l’estéd Le bec <strong>en</strong> l’air, Collatéral, 19,50 eurosCyrille Derouineau et Marcus Malte prés<strong>en</strong>teront lelivre à la librairie Histoire de l’œil le 22 janvier à19h00, dans le cadre des Itinérances littéraires del’association Libraires du Sud.teinte de religiosité. Visage émacié, silhouettefantomatique, l’<strong>en</strong>fant héritier du feu devi<strong>en</strong>tl’incarnation de l’espoir. Dans un parallèle troublant,l’auteur a dédié cet ouvrage à son fils, comme pour luitransmettre l’étincelle dans un monde déliquesc<strong>en</strong>t.En 2007, McCarthy a reçu le prix Pulitzer pour cetteœuvre saisissante, tout récemm<strong>en</strong>t adaptée au cinémapar J. Hillcoat. Si on peut se passer d’aller voir le film,on n’aurait aucune excuse à ne pas plonger dans laprose sombre et magnifique du grand romancieraméricain : La route vi<strong>en</strong>t de paraître <strong>en</strong> poche.MARION CORDIERLa RouteCormac Mc Carthycoll. Points, 6,80 eurosDes v<strong>en</strong>ts contrairesOlivier Adaméd de l’Olivier, 20 euros


Femmes maladesDans un de ses romans précéd<strong>en</strong>ts, Le mandarinmiraculeux, Asli Erdogan évoquait la solitude d’unejeune femme à l’œil malade, son histoire d’amour etla perte de l’être aimé, dans les rues de G<strong>en</strong>ève. C’estle même thème qu’elle traite dans Une Visite surgie dupassé, la nouvelle c<strong>en</strong>trale, la plus longue de son recueilLes Oiseaux de bois.Un homme a écrit du «seul <strong>en</strong>droit de G<strong>en</strong>ève quirappelle Istanbul», passant sur «le pont de bois fragile» dusouv<strong>en</strong>ir pour t<strong>en</strong>ter de retrouver le passé, «l’autre rivedu fleuve». Un an auparavant, il parcourait avec Elle lesquartiers d’Istanbul, «femme fatiguée mais attirante.»Elle, un être étrange jusqu’à la folie, pareille à unguerrier apache.La folie, la solitude, le temps qui passe imperturbable,l’étrange et les marges, la mort qui «comme lestramways, arrive à l’heure, ni plus tôt, ni plus tard» sontles thèmes que l’on retrouve dans les quatre autresnouvelles du recueil, écrites <strong>en</strong>tre 1996 et 2007.Nouvelles qui, au-delà de la proximité de leurs thèmesdéploi<strong>en</strong>t une langue riche de s<strong>en</strong>sations et d’odeurs.«Odeur de la guerre contre la faim qui recomm<strong>en</strong>cechaque matin, du travail v<strong>en</strong>du à vil prix, descanalisations crevées, odeur de la misère.»Les portraits de femmes malades, qui souffr<strong>en</strong>t dansleur chair et leur tête, des «femmes qui support<strong>en</strong>t lesil<strong>en</strong>ce et gard<strong>en</strong>t secrets leurs tragédies, leurs deuils, leurshumiliations, <strong>en</strong> espérant donner ainsi un s<strong>en</strong>s à leurssouffrances» nous rappell<strong>en</strong>t que l’écrivaine a connu lescoups et la prison. Ancrées dans la Turquied’aujourd’hui, ces nouvelles touch<strong>en</strong>t à l’universel,interrogeant sans relâche la question exist<strong>en</strong>tielle de laliberté.ANNIE GAVALes Oiseaux de boisAsli ErdoganActes Sud, 16 euros«Un goût de f<strong>en</strong>aison et de regain»«New York est une ville qu’il est très difficile de quitter»…Une mise <strong>en</strong> garde qu’Hans van d<strong>en</strong> Broek dédaigne,tout à sa bonne fortune d’aller s’y installer avec safemme pour y travailler. De cette vie à New York onaura les impressions, les réflexions de ce «héros»désabusé sur une époque qui ne l’est pas moins, surune tranche de sa vie chaotique. Car ce sont les moisqui suiv<strong>en</strong>t les att<strong>en</strong>tats du 11 septembre que décrit l<strong>en</strong>arrateur, mêlant sa propre histoire à celle d’une villequi cherche à se reconstruire : Hans se retrouveseul -son mariage s’est effondré avec les tours et safemme, traumatisée, r<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> Angleterre avec leurjeune fils-, et va errer jusqu’à sa r<strong>en</strong>contre avec Chuck,immigré comme lui, son double impossible, soncontraire exact : flambeur, ambitieux, hâbleur. Unepassion commune va les réunir, le cricket, grand sportcolonial par excell<strong>en</strong>ce qui se joue à New York depuisc<strong>en</strong>t cinquante ans. Amitié chaotique qui va luipermettre de pénétrer l’univers de la populationPoil à la métaphoreCumali, jeune Turc dominé par son père commerçant,revi<strong>en</strong>t du service militaire. Le barbier va le convaincrede se laisser pousser la moustache. Celle-ci, superbe, vapeu à peu pr<strong>en</strong>dre toute la place et agir comme unmasque gratifiant derrière lequel l’homme trouve uneid<strong>en</strong>tité, et perd son être… Le roman de TahsinYücel vous saisit immédiatem<strong>en</strong>t dans son monde :alerte, ironique, il est écrit avec toute la légèreté descontes philosophiques. Les personnages sont croqués<strong>en</strong> deux coups de pinceau, les situations sont drôles,ancrées discrètem<strong>en</strong>t dans une Turquie villageoisesuffisamm<strong>en</strong>t marquée pour qu’on s’y attache, etsuffisamm<strong>en</strong>t vague pour qu’on y trouve del’universel. Cet homme, <strong>en</strong> s’id<strong>en</strong>tifiant à samoustache, va perdre son rire, son amour, son désir, etfinalem<strong>en</strong>t sa personne. Phallus illusoire, sans valeur,elle s’avèrera indépassable pourtant, tant Cumalimultiethnique de New York, les rêves de grandeur deChuck (la création d’un grand stade de cricketpourrait faire progresser la civilisation américainecroit-il) et ses activités douteuses par ailleurs seheurtant au mal-être de Hans. Il finira par quitterNew York, et r<strong>en</strong>trera <strong>en</strong> Angleterre où il appr<strong>en</strong>dra lamort viol<strong>en</strong>te de son ami…Ce n’est pas le premier livre de Joseph O’Neill (troisont déjà été publiée aux États-Unis), mais le premiertraduit <strong>en</strong> français. Et une belle découverte. DansNetherland, ce jeune auteur Irlandais installé aux États-Unis dresse un portrait d<strong>en</strong>se et mélancolique del’Amérique contemporaine, dans lequel, s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t,gracieusem<strong>en</strong>t, se mêl<strong>en</strong>t l’intime et l’Histoire.DO.MNetherlandJoseph O’NeillEd. De l’Olivier, 22 eurosderrière elle a désappris à exister. Mais si la fable estlimpide le sujet s’avère assez rapidem<strong>en</strong>t trop mince :la moustache, allégorie floue, fait p<strong>en</strong>ser bi<strong>en</strong> sûr auNez de Gogol, et par mom<strong>en</strong>ts, plus graves, à laMétamorphose kafkaï<strong>en</strong>ne ; on s<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> ce que cethomme perd à se confondre avec son app<strong>en</strong>dice, etcombi<strong>en</strong> cette société a besoin de symboles visiblescomme la moustache au milieu de la figure. Celasuffit-il à faire un roman ? Si le début et la fin sontpassionnants, le milieu flotte un poil…AGNES FRESCHELLa MoustacheTahsin YücelEd. Actes Sud, 19 euros53


54 LIVRES ARTLa foi dans l’ArtCet ouvrage comporte une tr<strong>en</strong>taine d’articles issusd’un colloque qui s’est t<strong>en</strong>u <strong>en</strong> 2006 à l’Université deMontréal sur le sujet Musique, art et religion dansl’<strong>en</strong>tre-deux-guerres : la construction d’uneculture <strong>en</strong> pays francophones. Dans uneperspective interdisciplinaire, des musicologues,histori<strong>en</strong>s de l’art, théologi<strong>en</strong>s et sociologues se sontp<strong>en</strong>chés sur la place de la religion dans la p<strong>en</strong>sée, lesarts et particulièrem<strong>en</strong>t la musique, durant cettepériode de bouleversem<strong>en</strong>ts politiques, sociaux etspirituels. Comm<strong>en</strong>t la foi nourrit-elle l’imaginaired’artistes sur fond de néoclassicisme et de retour à lap<strong>en</strong>sée médiévale ? Quelle évolution l’art sacréconnaît-il au temps où l’église se retire des affaires del’État et de la société ? Quels li<strong>en</strong>s la musique tisse-telleavec les arts visuels antique et moderne ?Autant de questions réunies sous la directionsci<strong>en</strong>tifique de Sylvain Caron et MichelDuchesneau et d’éclairages passionnants sur leconflit idéologique <strong>en</strong>tre Stravinsky et Scho<strong>en</strong>berg,l’id<strong>en</strong>tité judaïque de Milhaud, la musique pour orgueinspirée du chant grégori<strong>en</strong>, l’importance de Claudel,les oratorios et ballets de Vinc<strong>en</strong>t d’Indy (LesBéatitudes), Honegger (Jeanne d’Arc au bûcher, LeCantique des Cantiques), une pléiade de musici<strong>en</strong>s telsArthur Lourié, Daniel-Lesur, Charles Tournemire,Jean Langlais, Jehan Alain, André Caplet (Le Miroir deJésus), Charles Koechlin, Francis Poul<strong>en</strong>c et OlivierMessia<strong>en</strong>, mais aussi sur des peintres comme MauriceD<strong>en</strong>is et Georges Rouault ou le philosophe JacquesMaritain.JACQUES FRESCHELMusique, art et religion dans l’<strong>en</strong>tre-deux-guerresSylvain Caron et Michel DuchesneauEditions Symétrie, coll. Perpetuum Mobile, 60 euroswww.symetrie.comL’Esprit de SatieJean-Pierre Arm<strong>en</strong>gaud nous livre bi<strong>en</strong> plus qu’unebiographie chronologique analysant, ci et là, quelquesœuvres phares d’Erik Satie. L’auteur, musicologue,pianiste-concertiste ayant <strong>en</strong>registré l’intégrale de sonœuvre pour piano, expert reconnu de l’art ducompositeur, propose un voyage dans l’universnébuleux de l’auteur des fameuses Gymnopédies etGnossi<strong>en</strong>nes, des ballets Parade et Relâche, des Sonneriesde la Rose+Croix, des Morceaux <strong>en</strong> forme de poire, duPiège de Méduse ou des Musiques d’ameublem<strong>en</strong>t…Peut-être plus que chez tout autre musici<strong>en</strong>, «on nepeut distinguer chez Satie l’homme et l’œuvre» tant, pourcompr<strong>en</strong>dre cette dernière, il faut se p<strong>en</strong>cher sur sesrapports avec le mouvem<strong>en</strong>t Dada et ses provocations,les collaborations avec Cocteau, Picasso, Picabia ou leGroupe des Six, ses <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts mystiquesLes écrits rest<strong>en</strong>tComme le souligne de manière mordante lephilosophe roumain Cioran : «Beethov<strong>en</strong> a vicié lamusique : il y a introduit les sautes d’humeur, il y a laissé<strong>en</strong>trer la colère.» L’homme tourm<strong>en</strong>té érigé <strong>en</strong> symboledu romantisme naissant transposait-il sa fougue àtravers sa plume lorsqu’il couchait ses œuvres sur lepapier ? Pour la première fois, un florilège abondant demanuscrits personnels du maître sont regroupés etanalysés, permettant de s’inviter de manière singulièredans son intimité créatrice. L’écrivain musicographeChristian Wasselin s’interroge sur l’universombrageux du compositeur, livrant une biographieinv<strong>en</strong>tive et vivante éclairée de nombreux manuscrit,de textes personnels (correspondances, notes,rosicruci<strong>en</strong>s, sociaux avec les pauvres d’Arcueil, sajeunesse exc<strong>en</strong>trique au cabaret le Chat Noir…L’auteur <strong>en</strong>visage les faits objectifs et la lég<strong>en</strong>devolontiers romancée, comme la part de mystère et desecrets qu’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ait Satie autour de sa vie intime.À la lecture de cet ouvrage, on est plongé, à la pointed’une plume habile pr<strong>en</strong>ant «la musique au mot» (etinversem<strong>en</strong>t), dans l’esprit même de l’homme, dumusici<strong>en</strong> et d’un mythe qui n’<strong>en</strong> finit pas de marquerdes générations d’artistes, à l’image de son héritierdévoué : John Cage.JACQUES FRESCHELErik SatieJean-Pierre Arm<strong>en</strong>gaudÉditions Fayard, 32 eurosconversations..) et d’illustrations contemporaines ouultérieures. La jeunesse, l’histoire, l’amour, la solitudesont <strong>en</strong>tre autres traités par des <strong>en</strong>trées qui r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t lalecture de cette nouvelle publication passionnante etagréable. Bi<strong>en</strong> plus qu’un recueil d’originaux,l’ouvrage comblera les mélomanes comme lesspécialistes.FRED ISOLETTABeethov<strong>en</strong> les plus beaux manuscritsChristian WasselinÉd. de La Martinière, 42 euros


55Autoportraits s<strong>en</strong>siblesNi monographies, ni catalogues d’expositions, lesderniers opus de la maison d’édition arlési<strong>en</strong>ne LaFabrique s<strong>en</strong>sible sont des ovnis. Ou plutôt des invitationsfaites à Max Charvol<strong>en</strong> et Michèle Sylvanderde créer une œuvre dans l’espace spécifiquedu livre. Le résultat éditorial est singulier, chaquelivre étant une commande particulière, une r<strong>en</strong>contreautour de l’objet édité. Dans Dédale de ville,Avignon de Max Charvol<strong>en</strong> et Instant de doute deMichèle Sylvander, aucune information biographiqu<strong>en</strong>i bibliographique : on <strong>en</strong>tre de plain-pieddans leur univers artistique et m<strong>en</strong>tal, avec seulem<strong>en</strong>tquelques mots échappés d’<strong>en</strong>tre les pages.Si les deux ouvrages diffèr<strong>en</strong>t dans leur formatcomme dans leur cont<strong>en</strong>u, tous deux privilégi<strong>en</strong>tl’œuvre : l’un lumineux et blanc retrace rapidem<strong>en</strong>tle parcours de l’art de Max Charvol<strong>en</strong> <strong>en</strong>Avignon ; l’autre noir et gris, hyper chic, conc<strong>en</strong>treles axes ess<strong>en</strong>tiels des recherches plastiques etphotographiques de Michèle Sylvander. Tout justepeut-on lire trois ponctuations : «À ce mom<strong>en</strong>t-là desa narration, elle ne voulut pas abuser des paroles permiseset se tut», «À ce mom<strong>en</strong>t-là de sa narration, ellese tut discrètem<strong>en</strong>t» et «À ce mom<strong>en</strong>t de sa narration,discrète, elle se tut.» L’un est plus explicite sur la démarchede Max Charvol<strong>en</strong> grâce à l’éclairage dutexte Dédale d’Alain Chareyre-Méjan, l’autre esténigmatique, t<strong>en</strong>ant à distance le lecteur qui ignorera<strong>en</strong>core longtemps les «instants de doute» deMichèle Sylvander, saufs’il pose l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t sonregard sur chaque page,même celles laissées <strong>en</strong>blanc.Dédale de ville, Avignon etInstant de doute agiss<strong>en</strong>tcomme de fidèles miroirs.MARIE GODFRIN-GUIDICELLIDédale de ville, AvignonMax Charvol<strong>en</strong>Éd. La Fabrique s<strong>en</strong>sible, 10 euros© Michele SylvanderInstant de douteMichèle SylvanderÉd. La Fabrique s<strong>en</strong>sible, 35 euros© Michele SylvanderPeinture déplacéeLes ouvrages liés aux expositions peuv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>drediffér<strong>en</strong>tes formes éditoriales. En ce qui concerne lesmonographies d’artistes contemporains, une t<strong>en</strong>dances’affirme qui fait la part belle aux œuvres et attribue aurédactionnel brièvem<strong>en</strong>t l’ess<strong>en</strong>tiel. Édité à l’occasionde l’exposition Carlos Kusnir au musée de Sérignan,qui s’est close avec l’année 2009, ce catalogue sefeuillette comme une déambulation sans balisageprécis si ce n’est le nom et prénom de l’artiste <strong>en</strong> titre.Ni thématique ou chronologique, à l’instar del’exposition, il se prés<strong>en</strong>te plutôt comme un objet mis<strong>en</strong> espace prés<strong>en</strong>tant des œuvres des années quatrevingt à aujourd’hui dont des pièces inédites, listées <strong>en</strong>fin d’ouvrage avec une sélection bio-bibliographiqued’usage. Un parcours <strong>en</strong> près de c<strong>en</strong>t quatre vingtpages sur papier semi-mat et légèrem<strong>en</strong>t transpar<strong>en</strong>t(certaines reproductions transpir<strong>en</strong>t au revers sansperturber l’<strong>en</strong>droit), couverture souple, lui confèr<strong>en</strong>tun aspect cahier un tantinet classieux. Par quelquesdétours très personnels, son complice, FrédéricValabrègue, signe par les marges des approches tout<strong>en</strong> ellipses, évitant le comm<strong>en</strong>taire littéral : comm<strong>en</strong>tpour Carlos Kusnir peindre est aussi un acte déplacé,au figuré (signes, coulures) comme au s<strong>en</strong>s propre(installations).Accessible pour 250 euros, une édition limitée estproposée à 12 exemplaires signés et numérotés,augm<strong>en</strong>tés d’un dessin original signé daté, surcommande chez l’éditeur, qui prés<strong>en</strong>te par ailleursdans ses locaux arlési<strong>en</strong>s une sélection de dessins del’artiste jusqu’au 30 janvier.CLAUDE LORINCarlos Kusnirtextes Frédéric Valabrègue, Carlos KusnirEditions Analogues, 32 euroswww.analogues.fr


56 LIVRES PATRIMOINEBi<strong>en</strong> au-delà du catalogueActes Sud a publié <strong>en</strong> octobre le catalogue del’exposition César, le Rhône pour mémoire, sousla direction de Luc Long et de Pascale Picard. Enréalité, le titre est modeste à l’excès. Ce volumesomptueux ne se cont<strong>en</strong>te pas de laisser une traceexhaustive des objets de l’exposition mais rassemble,répartis <strong>en</strong> six grands chapitres thématiques, desétudes, des articles de fond, des essais comparatifs quiapport<strong>en</strong>t de nouvelles perspectives, ori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t notreapproche des trésors rassemblés sur les vingt annéesde fouilles.Les photographies ne se cont<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pas de constituerla rituelle collation des élém<strong>en</strong>ts ess<strong>en</strong>tiels del’exposition. Par leur exceptionnelle qualité, ellesrelèv<strong>en</strong>t de l’édition d’art. Mise scène des drapés, desattitudes, visages qui émerg<strong>en</strong>t de l’ombre… Regardezle buste de César (évidemm<strong>en</strong>t sur la couverture !), lafinesse des traits : l’ombre acc<strong>en</strong>tue le tracé dum<strong>en</strong>ton, le creux des joues, l’arête de l’arcadesourcilière, aiguisant un regard que l’on press<strong>en</strong>t d’uneintellig<strong>en</strong>ce subtile et ironique. Regard d’autant plusextraordinaire qu’un autre cliché le montre dans leseaux vertes du fleuve, impassible. On est alors frappépar l’incroyable dureté de ces yeux qui, grands ouvertset vides, ont l’air de défier l’éternité.Luc Long évoque le «réalisme exacerbé de ce visage»,explique sa fascinante mobilité par «la légère asymétriedes profondes rides naso-labiales.» Les autres sculpturesconnaiss<strong>en</strong>t le même traitem<strong>en</strong>t, l’objectif les asurprises sous tous les angles, têtes féminines desVénus, minois p<strong>en</strong>sifs de jeunes filles, mais aussifragm<strong>en</strong>ts de chapiteaux aux motifs florauxdélicatem<strong>en</strong>t variés, volutes, foisonnem<strong>en</strong>t de tiges etde feuilles d’acanthe, fleurs isolées qui s’épanouiss<strong>en</strong>tavec légèreté aux bandeaux des architraves, doigtsimpati<strong>en</strong>ts qui att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t un signal invisible poureffleurer <strong>en</strong>fin les cordes sil<strong>en</strong>cieuses d’une cithare…Statues de bronze, comme ce gaulois captif aux épaulesqui ne s’inclin<strong>en</strong>t pas, ou la sublime victoire dorée,toute d’élan, aéri<strong>en</strong>ne sur son pied de danseuseindi<strong>en</strong>ne. Et la collection de vases, d’amphores, depièces, et les objets du quotidi<strong>en</strong>…Ne p<strong>en</strong>sez pas qu’ils nous soi<strong>en</strong>t livrés seuls, dans lanudité de leur simple beauté. Chacun est analysé, lesconditions de sa découverte, son époque, sesfonctions, les secrets de sa fabrication (à cire perduepour les bronzes, par exemple, soudures révélées pargammagraphie…) ; une étude comparative avecd’autres représ<strong>en</strong>tations disséminées dans les muséesdu monde <strong>en</strong>tier est m<strong>en</strong>ée, apportant une nouvelleinterprétation. Ainsi, Pascale Picard livre unemagistrale analyse du Gaulois captif, interrogeantl’œuvre, l’insérant dans l’histoire, le mesurant avecd’autres représ<strong>en</strong>tations, mosaïque, statue d’albâtre,pièces… Elle émet <strong>en</strong>suite des hypothèses quant à lafonction de ce type de statue, établissant unremarquable parallèle <strong>en</strong>tre le mythe qui opposeMarsyas et Apollon, et le barbare vaincu par Rome.Pour r<strong>en</strong>dre compte de la somme impressionnante ducatalogue, il faudrait aussi évoquer les aquarelles, lesschémas, les plans, les graphiques, l’énormebibliographie… les <strong>en</strong>jeux de la ville double, Arelateduplex (Arles, la double), les problèmes de restaurationdes bois gorgés d’eau… le regard effrayant des siluresqui guett<strong>en</strong>t les plongeurs, gardi<strong>en</strong>s des mystères dufleuve… Un superbe ouvrage de référ<strong>en</strong>ce, animéd’un souffle passionné.MARYVONNE COLOMBANICelui qui croyait à son mytheIl n’y a ri<strong>en</strong> de bi<strong>en</strong> nouveau à évoquer la métaphoresolaire attachée à Louis XIV mais, dans le cabinet descuriosités que s’attach<strong>en</strong>t à constituer MathildeBéjanin et Hubert Naudex, elle pr<strong>en</strong>d une dim<strong>en</strong>sionqui dépasse le simple symbole.Le 5 septembre 1638, le soleil, dit-on, se rapprochade la terre. Dans le palais-neuf des Bourbons, peuavant midi, un <strong>en</strong>fant naît, il a déjà deux d<strong>en</strong>ts, qui ledestin<strong>en</strong>t à dévorer le monde… Le futur Louis XIVvoit ainsi le soleil s’intéresser à sa naissance. Onconnaît la suite ! Mais ce que l’on sait moins c’estl’influ<strong>en</strong>ce capitale de ce thème astral surl’architecture, le pavillon de Marly (aujourd’huidisparu) et les douze pavillons, bi<strong>en</strong> plus petits, «égaux<strong>en</strong> grandeur, <strong>en</strong> distance les uns des autres, <strong>en</strong> situation et<strong>en</strong> symétrie», autant de satellites symboliques. Lesdouze maisons du soleil, qu’il parcourt toute l’année.Le château de Marly était la retraite dans laquelleLouis le Grand allait se délasser, comme le soleil aupalais de Thétis !L’astronome Vinc<strong>en</strong>te Coronelli à la demande duCardinal d’Estrée, construisit deux globes, l’un céleste(représ<strong>en</strong>tant l’état du ciel le jour de la naissance duroi) l’autre terrestre. À l’extrémité du jardin de Marly,les deux derniers pavillons seront transformés parMansart pour accueillir chacun une sphère.Proportions considérables, à la mesure du roi pourlequel elles sont conçues, quatre mètres de diamètre !(elles sont aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale deFrance).Le ciel de Louis XIV prés<strong>en</strong>te des plans, desreconstitutions virtuelles de ces représ<strong>en</strong>tations célestesqui port<strong>en</strong>t <strong>en</strong> elles toute la symbolique d’un règne etla conception particulière du pouvoir, cont<strong>en</strong>ue dansle concept de la monarchie absolue. Analyses fines,anecdotes, le livre aborde l’histoire sous un angl<strong>en</strong>ouveau et passionnant. Pirouette finale, paradoxed’un règne qui se voulut solaire, la France connut unpetit âge glaciaire <strong>en</strong> 1675 ! L’année de la mort du roi,1715, il y eut une éclipse totale du soleil…Un livre précieux, tant par son organisation, la beautéde la photographie, que l’originalité de son approche.MARYVONNE COLOMBANILe Ciel de Louis XIVMathilde Béjanin et Hubert NaudeixEd. Honoré Clair, 32 eurosCésar, le Rhône pour mémoireEd Actes Sud/Musée départem<strong>en</strong>tal Arles Antique,39 euros


Prom<strong>en</strong>ons-nous dans l’histoireC’est ce que propose le superbe petit livre de Jean-Marc Bernard et Hervé Hôte, Arles, décor etsculpture, récemm<strong>en</strong>t publié aux éditions HonoréClair. Une flânerie thématique dans une ville dontl’architecture témoigne de la richesse patrimoniale.Patrick de Carolis, qui signe la préface de l’ouvrage,le souligne : «Vivre à musée ouvert, tel est le privilègeparfaitem<strong>en</strong>t démocratique que la ville d’Arles offre auprom<strong>en</strong>eur. […] La ville ne lui demande ri<strong>en</strong> <strong>en</strong> échangesinon de pr<strong>en</strong>dre le temps de lever la tête…»Les deux auteurs l’ont fait, ils ont parcouru Arles etbraqué l’objectif sur tout un tas de détails sculptés dansla pierre, révélateurs du passé de la cité, de l’Antiquitéromaine, évidemm<strong>en</strong>t, à la période classique, <strong>en</strong>passant par le patrimoine médiéval. Un circuitd’amoureux de la pierre et de la ville. L’auteur destextes, aujourd’hui responsable du secteur sauvegardéde la ville d’Arles, a longtemps exercé le métier demaçon. Il s’y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d à expliquer la pratique duremploi ou à gloser sur le caractère ambigu de la devisearlési<strong>en</strong>ne «ab ira leonis».Quant au photographe, ilexcelle dans les gros plans : façades, têtes d’animaux,figures d’anges ou de madones, volutes d’acanthe,blasons et draperies… cet univers pétrifié semble prêtà s’animer, et les lions à bondir.D’un format pratique, ce guide original s’accompagnede plans de la ville, afin que l’amateur d’architectureet de décors sculptés puisse à son tour faire la balade…FRED ROBERTArles, décor et sculpturetextes Jean-Marc Bernard,photographies Hervé Hôteéditions Honoré Clair, 20 euros57Une femme d’exceptionSurnommée affectueusem<strong>en</strong>t «l’urbaniste du logis» parl’architecte catalan Sert, Charlotte Perriand trouve<strong>en</strong>fin sous la plume de Jacques Barsac un écho égalà son formidable tal<strong>en</strong>t de créatrice incontournable duXX e siècle. Longtemps restée dans l’ombre duCorbusier, celle qui a consacré sa vie et initiél’architecture d’intérieur moderne fut non seulem<strong>en</strong>tune pionnière du design mais égalem<strong>en</strong>t une artiste<strong>en</strong>gagée, soucieuse de m<strong>en</strong>er une réflexion politiquesur un habitat <strong>en</strong> pleine mutation. Adoptée par unJapon à l’esthétique contiguë de la modernitéoccid<strong>en</strong>tale, la jeune architecte côtoya d’autresimm<strong>en</strong>ses créateurs comme Jean Prouvé ou PaulNelson.Cet ouvrage monographique est une sommemonum<strong>en</strong>tale par ses dim<strong>en</strong>sions mais surtout par soncont<strong>en</strong>u extrêmem<strong>en</strong>t riche et précis. Avec le concoursdes archives Perriand ouvertes pour la première fois, ilcouvre la période de 1903 à 1959 avec unedocum<strong>en</strong>tation inédite et une foison d’images, plans,dessins, projets et témoignages précieux. Une bibleincontournable sur cette femme visionnaire hors ducommun.FREDERIC ISOLETTACharlotte Perriand, un art d’habiterJacques BarsacNorma éditions, 85 eurosMétiers d’hier et de demainLa revue Marseille, papier glacé et iconographiesoignée, propose ce trimestre des reportages sur desmétiers peu répandus mais plein de ressources pour lapréservation du patrimoine et de la culture locale. Encomm<strong>en</strong>çant par celle de nos palais : un article trèsdocum<strong>en</strong>té nous r<strong>en</strong>seigne sur l’histoire du pain et desboulangers de notre ville, suivi d’un autre sur la triperiemarseillaise Métras. Sont <strong>en</strong>suite mis à l’honneur lesmétiers d’Art. Tout d’abord avec l’article généreux deJean-Michel Martinez sur l’École d’Avignon,formatrice à la réhabilitation du bâti anci<strong>en</strong> depuis 25ans, où l’on appr<strong>en</strong>d que désormais on parled’écorestauration, par exemple pour les décors à lachaux. Mise <strong>en</strong> relief du travail d’Alain Cornil, artistepolyval<strong>en</strong>t, peintre, sculpteur, stucateur qui redonneleurs ors aux buffets d’orgues à Montolivet, St Juli<strong>en</strong>,St Loup... Jean-Robert Cain évoque la restaurationde l’orgue de St Vinc<strong>en</strong>t de Paul, inauguré <strong>en</strong>décembre, Dominique Imbert son métier de«passeur de lumière» consacré aux vitraux.Des précisions sur les formations dans certains lycéesprofessionnels : Poinso-Chapuis pour l’ébénisterieet la tapisserie pour meubles, Les Remparts pour lesautomatismes industriels et l’électronique, Bonneveinepour les métiers de bouche et l’hôtellerie. Un article deJean-Jacques Collé fait l’historique duCompagnonnage qui permet aujourd’hui l’accès à25 métiers : les métiers évolu<strong>en</strong>t, les hommespartag<strong>en</strong>t leurs savoirs <strong>en</strong> parcourant le monde.CHRIS BOURGUERevue Marseilledéc. 2009 - 8 euroswww.ecole-avignon.comwww.compagnons-du-devoir.com


58 PHILOSOPHIE LE BEAUDeux pages sur le beau ? V<strong>en</strong>du ! Dans un magazine culturel on pourrait, <strong>en</strong> s’interrogeantsur ce qu’est la culture, dire qu’elle désigne exclusivem<strong>en</strong>t les arts, et que les arts s’occup<strong>en</strong>tess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t du beau. Bim bam boum et j’aurais justifié mon sujet. Mais c’est un peu pluscompliqué puisque la culture dans son s<strong>en</strong>s large recoupe les connaissances humaines,et que dans Zib’ on s’occupe aussi d’histoire, de sci<strong>en</strong>ces, de philosophie (tant bi<strong>en</strong> que mal…euh qui a dit mal ?), d’éducation debeaujeunesse... j’<strong>en</strong> oublie ? Ah oui de littérature!aussi,qui veut être belle mais pas que…C’estC’est-à-dire ?La difficulté primordiale aujourd’hui consiste sedemander si l’art a pour objet le beau ; pour le direrapidem<strong>en</strong>t, depuis la pissotière de Duchamp laréponse est non. Alors pourquoi parler du beau ?Justem<strong>en</strong>t parce qu’on n’<strong>en</strong> parle plus, et avec raison,puisque le beau a disparu de nos préoccupationscontemporaines : l’art contemporain, qui révèle l’espritd’une époque, nous montre bi<strong>en</strong> que ce qui nouspréoccupe c’est le laid, l’éphémère, l’angoisse sociale,le questionnem<strong>en</strong>t, la mort…Mais le beau a été le pivot conceptuel de l’occid<strong>en</strong>tjusqu’à la mort de la métaphysique;s’intéresser au beau c’est donc s’interrogersur ce meurtre. Suffisant pour justifiermon article alors ? La mort de lamétaphysique <strong>en</strong> deux pages,allons-y !Esthétique,connaissanceet idéal«Sa conception correspond àcelle d’un peintre de laR<strong>en</strong>aissance plutôt qu’à celled’un astronome contemporain»; voilà comm<strong>en</strong>tPanofsky parle deGalilée. Le grand savant,l’initiateur de la sci<strong>en</strong>cemoderne par son souci del’observation, qui fut le premierêtre humain à p<strong>en</strong>serjeter un objet d’une tour avantde théoriser sur la chute descorps, celui qui a dit qu’elle tournaitparce qu’il l’avait calculé… etbi<strong>en</strong> ce même grand Galilée secomportait comme un obtus obscurantiste<strong>en</strong> refusant, <strong>en</strong> toute connaissancede cause, d’admettre les ellipses de Kepler.Pourquoi ? Parce que c’était des cercles déformés,donc qu’ils n’étai<strong>en</strong>t pas beaux. De même Copernicplaça le soleil au c<strong>en</strong>tre non pas tant par un calcul etune observation, ce qui sera l’œuvre du susdit camaradeGaliléo, mais par un souci esthétique (Koyré, dumonde clos à l’univers infini).Et ce souci esthétique, on se doute bi<strong>en</strong> qu’il remonteà ces bandes d’allumés <strong>en</strong> toge et sandales qu’étai<strong>en</strong>tL'homme de Vitruve dessiné par Leonard de Vinci <strong>en</strong> 1490.Proportions idéales ou observées ?les philosophes de l’antiquité. Et surtout à Platon.Allumé, on sait qu’il l’était, se plantant dans ses choixpolitiques, et voulant aussi chasser les artistes de la cité.Pour le philosophe le beau est une affaire trop sérieusepour être confiée aux artistes. Comm<strong>en</strong>t peut-onqualifier de beau le tableau de celui qui reproduitparfaitem<strong>en</strong>t la nature ? Le but de toute émancipationintellectuelle consiste pour Platon à passer de l’amourdes belles choses à l’amour du beau <strong>en</strong> soi, et <strong>en</strong>fin àl’amour de la vérité. En se cont<strong>en</strong>tant de reproduirela nature, l’artiste ne fait que nous <strong>en</strong>gluer aumonde s<strong>en</strong>sible, qui n’est la pâle copie del’intelligible : nous ne pouvons avoiraccès au vrai dans l’observation deschoses. L’artiste parfait serait celuiqui travaillerait à créer des chosesidéales.C’est <strong>en</strong> fait Plotin qui prolongeracet idéalismeplatonici<strong>en</strong> dans uneconception très forte dubeau. La beauté c’estl’information par laforme donnée à lamatière ; un bloc depierre est informé par lamain de l’artiste, luimêmeporte-parole dudivin, qui l’informe de cequi est beau. Ainsi lebeau doit échapper auréel, et ne doit ri<strong>en</strong> redevoirau s<strong>en</strong>sible : la statue de cettebelle vierge ne doit ri<strong>en</strong> auxbelles femmes qu’a pur<strong>en</strong>contrer l’artiste.C’est à cette métaphysique idéaleque l’on doit le caractère hermétiquede certaines œuvres, y compris,paradoxalem<strong>en</strong>t, d’œuvres réc<strong>en</strong>tescontemporaines d’une autre philosophie. C’estsurtout à cela que l’on doit le statut transc<strong>en</strong>dant del’artiste, passeur, et dét<strong>en</strong>teur, d’une vérité supérieure.


59Rupture r<strong>en</strong>aissanteDes siècles plus tard cette métaphysique de la beautésera magnifiée par Marsile Ficin. Selon ce philosophehumaniste la beauté est la chose qui, sur terre, est <strong>en</strong>harmonie complète avec son idée supérieure : nousreconnaissons cette harmonie <strong>en</strong> rapportant l’appar<strong>en</strong>ces<strong>en</strong>sible à la formule que nous conservons <strong>en</strong>nous. Car les idées sont des réalités métaphysiques,elles exist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant que véritable substance, tandisque les choses terrestres <strong>en</strong> sont seulem<strong>en</strong>t les images.Or la consci<strong>en</strong>ce humaine ne peut accéder à unequelconque connaissance que parce que lesimpressions des idées exist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> notre âme depuis sonexist<strong>en</strong>ce (antérieure à son ancrage dans un corps);connaître, et le beau est une connaissance parmid’autres, c’est bi<strong>en</strong> se ressouv<strong>en</strong>ir, rallumer <strong>en</strong> notreâme l’étincelle qui, dans son incandesc<strong>en</strong>ce,s’approchera du foyer de l’Idée.Il faut att<strong>en</strong>dre la seconde R<strong>en</strong>aissance pour conférerà la sphère esthétique une autonomie, qui ne recevrases fondem<strong>en</strong>ts théoriques que trois siècles plus tard.C’est au XVI e siècle que vont se dist<strong>en</strong>dre les li<strong>en</strong>s<strong>en</strong>tre le beau/le bi<strong>en</strong>/le vrai hérités des sus-décriés types<strong>en</strong> sandales.Que se passe-t-il alors ? Une énorme ruptureépistémologique, une épistémé nouvelle : on se met àobserver. Ce sont sûrem<strong>en</strong>t les artistes qui ancr<strong>en</strong>tcette habitude, guidant ainsi la sci<strong>en</strong>ce dans le droitchemin : «Certains aspir<strong>en</strong>t à ne t<strong>en</strong>ir que d’eux-mêmesleur réputation de peintre, sans emprunter à la nature lemoindre modèle à imiter. Ce qui échappe à ces esprits c’estcette idée des beautés.» (Alberti, Della pittura) ; «Lapeinture la plus digne d’éloge est celle qui prés<strong>en</strong>te le plusde ressemblance avec la chose qu’elle veut r<strong>en</strong>dre, ceci ditpour réfuter les peintres qui veul<strong>en</strong>t corriger les choses dela nature.» Léonard, Trattato.C’<strong>en</strong> est donc fini du statut métaphysique de l’idée debeau. Raphaël lui cloue superbem<strong>en</strong>t le bec dans unelettre au comte Castiglione : «Pour peindre une bellefemme je devrais regarder des femmes plus belles <strong>en</strong>core ;mais comme il existe aussi peu de belles femmes que debons juges pour <strong>en</strong> décider, je me sers donc d’une certaineidée qui me vi<strong>en</strong>t à l’esprit.» L’idée de beau ne préexisteplus à l’expéri<strong>en</strong>ce et n’existe plus a priori dans l’espritde l’artiste ; elle se prés<strong>en</strong>te au contraire comme leproduit de l’expéri<strong>en</strong>ce dont elle découle a posteriori ;elle devi<strong>en</strong>t le dérivé de la réalité s<strong>en</strong>sible.Révolution on vous disait, puisque apparaît <strong>en</strong>finl’imagination : au milieu du XVI e siècle l’habitude sepr<strong>en</strong>d et se répand d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre par Idéa la faculté dereprés<strong>en</strong>tation beaucoup plus que le cont<strong>en</strong>u de lareprés<strong>en</strong>tation artistique, si bi<strong>en</strong> que l’expressionéquivaut au terme d’imagination.Imagination et objectivitéIl n’était pas court le chemin qui fait du beau unefaculté de l’imagination !Ce qui ne veut pas dire de la subjectivité ; on ne vapas s’<strong>en</strong> tirer <strong>en</strong> disant que le beau est affaire de goûtset de couleurs, gnan gnan bla bla et chacun p<strong>en</strong>secomme il veut ! On ne se débarrasse pas si facilem<strong>en</strong>tdu cadavre de la métaphysique du beau. On pourraitmême dire que nous sommes <strong>en</strong>core, au XXI e siècle,dans une métaphysique du beau.Ent<strong>en</strong>dons-nous bi<strong>en</strong> : est métaphysique uneconception qui donne un statut ontologique à uneidée sans la faire dép<strong>en</strong>dre de l’expéri<strong>en</strong>ce des hommeset <strong>en</strong>core moins de celle qu’<strong>en</strong> a chacun. Il se passebi<strong>en</strong> quelque chose quand nous disons <strong>en</strong>core «c’estbeau». Qu’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dons-nous par là, si nous sommestous d’accord qu’il n’y a plus dans le ciel d’idées quiprécèd<strong>en</strong>t notre expéri<strong>en</strong>ce ? C’est bi<strong>en</strong> un jugem<strong>en</strong>tsubjectif mais n’y a t-il pas un fond d’objectivité ?Eh bi<strong>en</strong> oui si on suit le grand Kant. Pas si je dis «c’estbeau» <strong>en</strong> parlant d’une voiture, d’une femme, d’unhomme, d’un gâteau : je ne suis pas dans un jugem<strong>en</strong>testhétique puis il y a un intérêt à mon jugem<strong>en</strong>t ; orle propre du jugem<strong>en</strong>t esthétique est d’êtredésintéressé. Je dois dans ce cas dire «cela m’estagréable» (Critique de la faculté de juger § 7, grandclassique). Mais quand je dis «c’est beau» j’ai <strong>en</strong>vie quetout le monde trouve ça beau quitte à me faire étriper.Sinon ce n’est pas non plus un jugem<strong>en</strong>t esthétique,et j’aurais dû dire «c’est sympa», «c’est cool»,«intéressant»… <strong>en</strong>fin tout ce qu’on dit habituellem<strong>en</strong>tface à une œuvre d’art.Donc quand je dis vraim<strong>en</strong>t «c’est beau» je prét<strong>en</strong>ds àl’accord de tous les humains sur cette œuvre que jetrouve belle. J’émets un jugem<strong>en</strong>t réfléchissant quipartant du singulier, de cette chose ou œuvre qui estPieter Jansz Sa<strong>en</strong>redam , Allégorie de la Caverne de Platon, 1604devant moi, me fait remonter à l’universel, c’est-à-direà l’accord des autres hommes. Et ceci sans règle quime prescrive de p<strong>en</strong>ser quoi que ce soit. Ce jugem<strong>en</strong>tréfléchissant est l’inverse du jugem<strong>en</strong>t déterminant quipart de l’universel (comme le concept de chaise, del’addition …) pour me permettre de déterminerl’expéri<strong>en</strong>ce qui est devant moi : (c’est une chaise, çafait tant…).Bon, faute de place on <strong>en</strong> restera là pour cette fois etdu coup je zappe Hegel et Marcuse dont j’avais bi<strong>en</strong><strong>en</strong>vie de parler, B<strong>en</strong>jamin et Adorno… aïe aïe quelsacrifice… mais on y revi<strong>en</strong>dra.Pour l’instant après Kant on peut juste avancer ceci :le beau est un produit de notre imagination, à ladiffér<strong>en</strong>ce que nous désirons le partager <strong>en</strong>l’argum<strong>en</strong>tant ; c’est un domaine où nous devrionsnous s<strong>en</strong>tir libres et autonomes, mais où nous sommes<strong>en</strong> fait <strong>en</strong>gagés dans la communauté de ceux qui nous<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t… Presque un programme politique, non ?RÉGIS VLACHOSGravure sur bois, 1888.Coloris : Heik<strong>en</strong>waelder Hugo, 1998


60 SCIENCES LE CICRPAu cœur de Marseille, à la Friche de laBelle de Mai, le bâtim<strong>en</strong>t del’anci<strong>en</strong>ne manufacture des tabacs <strong>en</strong>briques rouges superbem<strong>en</strong>t rénové.Le C<strong>en</strong>tre Interrégional de Conservationet Restauration du Patrimoiney niche, et le Directeur, Roland May,et le Directeur Délégué, BernardConques nous ont ouvert leurs porteshautem<strong>en</strong>t sécurisées, et faitvisiter un univers passionnant, laboratoirede pointe fourmillant desci<strong>en</strong>tifiques au travail, et recelant,au détour d’une salle, un Soulages àrestaurer, un grand format de César,les «cartes» d’architecte de Chartreuses…<strong>Zibeline</strong> : Quelle est la spécificité duCICRP par rapport aux autresstructures françaises destinées à laconservation et restauration dupatrimoine ?Roland May, Bernard Conques : LeCICRP a un statut et une vocationuniques <strong>en</strong> France, très distincts deceux des 21 c<strong>en</strong>tres de restaurationdes œuvres d’art. Contrairem<strong>en</strong>t ànous, ils se destin<strong>en</strong>t exclusivem<strong>en</strong>tà la prestation de service, pour descommanditaires publics et privés.Nous ne sommes pas non plus unestructure exclusivem<strong>en</strong>t d’État commele C<strong>en</strong>tre de Recherche et de Restaurationdes Musées de France ou leLaboratoire de Recherche des Monum<strong>en</strong>tsHistoriques. Le CICRP est unGroupem<strong>en</strong>t d’Intérêt Public (GIP)rassemblant quatre part<strong>en</strong>aires :l’État par le Ministère de la Culture, laVille de Marseille, le Conseil RégionalPACA et le Conseil Général 13.Notre vocation est l’assistance et leconseil auprès des maîtres d’ouvrages.Nous accueillons des restaurateurspour des travaux sur des œuvres dupatrimoine public. Nous ne sommesjamais, pour notre part, opérateursdirects de la restauration mais avonsla spécificité d’être un c<strong>en</strong>tre derecherche sci<strong>en</strong>tifique qui développede nombreux programmes aussi bi<strong>en</strong>sur les processus de dégradation desœuvres que sur leur analyse morphologique.Nous étudions par exempleles processus de dégradation destoiles ou bois par les microorganismes,mycoses ou insectes parasiteset t<strong>en</strong>tons d’<strong>en</strong> définir les différ<strong>en</strong>tsremèdes ainsi que leur innocuité surles substrats.Peut-on dire que vous fonctionnez <strong>en</strong> bureau d’étude ?Pas vraim<strong>en</strong>t non plus, car nous ne sommes ni dansle domaine marchand, ni concurr<strong>en</strong>tiel, mais réellem<strong>en</strong>tdans des missions d’intérêt général que nousconfi<strong>en</strong>t nos tutelles dont le Ministère de laExpertiser,analyser,préconiserEntreti<strong>en</strong> sur l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> sci<strong>en</strong>tifiquedu patrimoine artistique publicCulture. Les moy<strong>en</strong>s qui nous sont alloués sont dédiésà offrir aux collectivités territoriales, expertiseet conseil autour des problématiques de conservationet restauration, <strong>en</strong> tant que prescripteur,non de prestataire. Notre originalité, unique dansle domaine, consiste à mettre à disposition desopérateurs une plate-forme technologique de pointe,© Emilie Hubert, photographe au CICRPainsi que la haute expertise d’un personnel pluridisciplinaire,au fait de l’innovation sci<strong>en</strong>tifiquedans la discipline.Sur quel type d’œuvres travaill<strong>en</strong>t les sci<strong>en</strong>tifiques ?Nous recevons ici des œuvres dont la restaurationpose des problèmes technologiques ou sci<strong>en</strong>tifiquescomplexes. Celles qui demand<strong>en</strong>t des moy<strong>en</strong>s


61spécifiques lourds, d’accueil, d’expertise d’altérationsou une méthodologie de restauration particulièreet originale, <strong>en</strong> tous les cas un savoir-faire innovant.Nous sommes garants auprès de l’État de l’orthodoxiede la restauration. Nos sci<strong>en</strong>tifiques sontd’ailleurs tous ag<strong>en</strong>ts de l’État.Nos métiers se déclin<strong>en</strong>t sur trois plans. Premièrem<strong>en</strong>tnous accueillons des œuvres <strong>en</strong> restauration,<strong>en</strong> particulier les tableaux de très grand format quidemand<strong>en</strong>t un équipem<strong>en</strong>t lourd très adapté. Lelaboratoire, doté de l’ars<strong>en</strong>al des techniques avancéesd’analyses physiques et physico-chimiques, doitpermettre de dresser le dossier sci<strong>en</strong>tifique le pluscomplet de l’œuvre.Ensuite nous faisons de la recherche appliquée desprocessus d’altération : sur des matériaux patrimoniauxcomme les peintures sur tous supports, lapierre, qui sont nos spécialités, mais aussi sur lesnouveaux matériaux de l’art contemporain commele plastique, et peintures de synthèse.Ces expertises débouch<strong>en</strong>t sur notre ultime missionqui est la préconisation, le conseil et l’harmonisation<strong>en</strong>tre prestataires et commanditaires. Ces expertisesfont de notre c<strong>en</strong>tre un lieu de formation puisquetrois thèses ont déjà été sout<strong>en</strong>ues dans ledomaine de la chimie des matériaux anci<strong>en</strong>s.Pourriez-vous donner à nos lecteurs quelqueschiffres pour dim<strong>en</strong>sionner le CICRP ?Notre c<strong>en</strong>tre est né <strong>en</strong> 1992 de la volonté de l’Étatde créer un C<strong>en</strong>tre National du Patrimoine disposantd’une importante ant<strong>en</strong>ne à Marseille. Le projetnational a été abandonné, mais les différ<strong>en</strong>tes tutellesont maint<strong>en</strong>u la mise <strong>en</strong> œuvre du projetmarseillais sous la forme autonome qu’a pris leCICRP.Nous comptons vingt-huit employés perman<strong>en</strong>ts.Vingt-trois sont ag<strong>en</strong>ts du Ministère de la Culture etcinq de la Ville de Marseille. La diversité des métierss’illustre avec cinq ingénieurs de recherche, dont troischimistes et deux géologues, deux spécialistes del’imagerie sci<strong>en</strong>tifique dont une de radiographie, troisconservateurs spécialisés dans différ<strong>en</strong>ts secteursdes sci<strong>en</strong>ces humaines, un chef de travaux d’art, deuxtechnici<strong>en</strong>s de recherche, deux docum<strong>en</strong>talistes spécialisésainsi que tout le personnel administratif etd’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.© Emilie Hubert, photographe au CICRPAu-delà de ce personnel perman<strong>en</strong>t,jusqu’à 70 personnes travaill<strong>en</strong>t dansle c<strong>en</strong>tre, dont une quarantaine de restaurateursindép<strong>en</strong>dants, sans compterles personnels des différ<strong>en</strong>tes logistiques.Nous disposons de 6500m² delocaux, propriété de la Ville de Marseilleet de l’État (pour 1700m 2 ). Ler<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t et le développem<strong>en</strong>tdu matériel sci<strong>en</strong>tifique -il est ess<strong>en</strong>tielpour assurer nos missions qu’ilreste à la pointe de la performancereprés<strong>en</strong>teun investissem<strong>en</strong>t del’ordre de 120 000 euros par an, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tassurés par l’État. Notrebudget global annuel de 3 millionsd’Euros est assuré par les tutelles publiques: 60% pour l’État, 30% la Ville,8% le Conseil Régional et 2% le CG13.Pouvez-vous préciser le périmètre descollaborations du C<strong>en</strong>tre, son rayonnem<strong>en</strong>t?Un effort important a été fait pour r<strong>en</strong>forcerles li<strong>en</strong>s avec les structuresnationales qui travaill<strong>en</strong>t dans larecherche méthodologique <strong>en</strong> restaurationdu patrimoine. Par exempleavec l’Institut National du Patrimoinequi forme des restaurateurs. Nos collaborationsnationales et internationalessont très nombreuses et diversifiées.Elles vont de structures comme l’ant<strong>en</strong>nerégionale de l’Institut Nationalde la Police Sci<strong>en</strong>tifique, avec laquell<strong>en</strong>ous échangeons des méthodologiesd’investigation, jusqu’à des établissem<strong>en</strong>tsinternationaux aussi prestigieuxque le «Art Institute of Chicago». Nousdéveloppons avec ce dernier unecollaboration autour de l’usage despeintures industrielles dans l’œuvrede Picasso qui devrait déboucher surun colloque <strong>en</strong> 2011 à Marseille.Nous réalisons actuellem<strong>en</strong>t un travaild’investigation sur les tableaux des80 représ<strong>en</strong>tations de chartreusesdét<strong>en</strong>us par la Grande Chartreuse d’Isère.Ce travail va déboucher sur leurrestauration, dont celle de la carte dela Chartreuse de Marseille, et devraitfaire l’objet d’une exposition à Marseillecourant Octobre 2010.Le CICRP mène aussi une activité deformation importante <strong>en</strong> milieu scolaireautour de la diffusion de laculture picturale et de ses approchesméthodologiques.ENTRETIEN RÉALISÉ PAR YVES BERCHADSKYC<strong>en</strong>tre Interrégionalde Conservationet de Restauration du Patrimoine04 91 08 23 39www.cicrp.frAu programmeSi la restauration <strong>en</strong> France d’un «Ministère de l’Immigration,de l’Intégration, de l’Id<strong>en</strong>tité nationaleet du Développem<strong>en</strong>t solidaire» donne à nos Zibelecteursquelque amertume, ils peuv<strong>en</strong>t s’intéresser auprogramme des animations de 2010, année de labiodiversité.Biodiversité dans la citéDans ce cadre, l’IRD [Institut de Recherche sur leDéveloppem<strong>en</strong>t] organise un cycle de confér<strong>en</strong>cesm<strong>en</strong>suelles sur le sujet à l’Alcazar. La confér<strong>en</strong>cedu 16 janvier s’intitulait «biodiversité, je t’aime moinon plus !» et portait sur la complexité des processusde son alarmante diminution <strong>en</strong> t<strong>en</strong>tant de faireun point sur les mythes qui l’<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t. La prochainesera donnée le 13 mars, 17h-19h, sur le thème Conserverla biodiversité : pour qui ? pourquoi ? parMarie-Christine Cormier-Salem, géographe àl’IRD, directrice de l’Unité mixte de rechercheIRD/Muséum National d’Histoire naturelle Patrimoineslocaux.www.ird.frTerre humaine ? Curieux... !Le Conseil Régional, la Mairie des 13 e et 14 e arr. deMarseille et l’Association Sci<strong>en</strong>ce TechnologieSociété PACA organis<strong>en</strong>t la 8 e édition du festivaldes sci<strong>en</strong>ces et des techniques pour la jeunesse,Curieux 2 Sci<strong>en</strong>ces. Ce festival ouvert à tous, jusqu’au23 janvier sur la thématique Comm<strong>en</strong>t laTerre devint humaine... et soudain l’homme.Curieux 2 Sci<strong>en</strong>ces se propose, cette année, d’explorertrois actes de la «comédie humaine», troisconquêtes : celle du territoire, celle de l’humanité,celle de l’imaginaire et vous donne r<strong>en</strong>dez-vous <strong>en</strong>Mairie des 13 et 14 e arrondissem<strong>en</strong>ts.www.asts.asso.frIntellig<strong>en</strong>ce collectivedes insectes sociauxLe 26 janvier à 18h30 à l’Espace Écureuil à Marseille,dans la cadre du cycle de confér<strong>en</strong>ces Les Horizonsdu savoir organisé par l’ASTS-PACA, Guy Theraulaz,prés<strong>en</strong>tera une confér<strong>en</strong>ce sur Biologie et civilisation,les chemins de l’intellig<strong>en</strong>ce. Le confér<strong>en</strong>cierest directeur de recherches au CNRS, docteur <strong>en</strong>neurosci<strong>en</strong>ces et <strong>en</strong> éthologie, directeur de l’équipe«Comportem<strong>en</strong>ts collectifs : éthologie et modélisation»au C<strong>en</strong>tre de Recherches sur la CognitionAnimale à l’Université Paul Sabatier à Toulouse. Sonexposé portera sur les processus d’auto-organisationqui permett<strong>en</strong>t aux insectes sociaux de développerune forme d’intellig<strong>en</strong>ce collective à partir de lamultitude des interactions <strong>en</strong>tre les individus dontles comportem<strong>en</strong>ts demeur<strong>en</strong>t très simples.www.fondation-ecureuil.fr


62ÉDUCATIONLA RÉFORME DES LYCÉESUn des volets de la réforme des lycéesconcerne <strong>en</strong> fait tout l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tsecondaire, et t<strong>en</strong>d à diminuer lepouvoir décisionnaire des professeurs,des personnels, des par<strong>en</strong>ts etdes élèves.HistoriqueEn 1983 la loi de déc<strong>en</strong>tralisation aeu pour effet une démocratisationdes collèges et lycées : elle lesconstituait comme EPLE (Établissem<strong>en</strong>tPublic Local d’Enseignem<strong>en</strong>t)dotés de Conseils d’Administration.Depuis, tous les personnels des établissem<strong>en</strong>tsse trouv<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>tés<strong>en</strong> son sein, ainsi que les par<strong>en</strong>ts et lesélèves, pour décider des principalesori<strong>en</strong>tations de la vie des établissem<strong>en</strong>tssecondaires. Seuls évidemm<strong>en</strong>tles programmes et les horaires ne sontpas sujets à délibération mais décidésnationalem<strong>en</strong>t, et ceci auprincipe de l’égalité républicaine.Le chef d’établissem<strong>en</strong>t, qui est <strong>en</strong>quelque sorte l’exécutif du CA, estdans l’imm<strong>en</strong>se majorité des cas unprofesseur qui a passé un concoursde chef d’établissem<strong>en</strong>t ; il est doncun collègue pour les autres professeurs.Sauf dans le cas, fréqu<strong>en</strong>t dansles faits, d’une forme de servitudevolontaire (constitutif de la naturehumaine, ou d’un <strong>en</strong>doctrinem<strong>en</strong>tdepuis l’<strong>en</strong>fance sur le besoin d’unchef ?), il n’y a aucun li<strong>en</strong> de subordination<strong>en</strong>tre le chef d’établissem<strong>en</strong>tet les autres professeurs, et sa voixau CA compte comme celles desautres, par<strong>en</strong>ts, élèves, professeurs.Seule la «notation administrative» luiautorise un mandat d’évaluation :cette note annuelle qu’il attribue aux<strong>en</strong>seignants est seulem<strong>en</strong>t administrative,et compte pour 40% dans sanotation, son avancem<strong>en</strong>t et donc sarémunération, les autres 60% étantattribués par les Inspecteurs Pédagogiquesqui évalu<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t.D’un autre côté le chef d’établissem<strong>en</strong>t,proviseur de lycée ou principalde collège, est le représ<strong>en</strong>tant del’État : il est sous la tutelle du recteur,nommé par le Ministère del’Éducation Nationale, et si le CA votedeux fois contre l’avis du chef d’établissem<strong>en</strong>tc’est le recteur qui tranche-dans la majorité des cas <strong>en</strong> safaveur.Lamiseaupasducorps<strong>en</strong>seignantRéforme du lycée et instauration des conseils pédagogiques :de l’autogestion à l’autocratie, et de l’élève au cli<strong>en</strong>t© Agnès MellonMais dans l’<strong>en</strong>semble la déc<strong>en</strong>tralisationa permis l’organisation de ladémocratie des établissem<strong>en</strong>ts, et lepouvoir du chef d’établissem<strong>en</strong>t n’estque du fait de ce que lui abandonn<strong>en</strong>tou lui reconnaiss<strong>en</strong>t les professeurs :elle n’est pas de droit.Reprise <strong>en</strong> mainUne brèche inquiétante est cep<strong>en</strong>dantintroduite <strong>en</strong> 1985 avec lacréation de la Dotation HoraireGlobale : l’établissem<strong>en</strong>t n’a plus àgérer des postes de professeurs maisdes volumes horaires ; c’est un premiercoin qui a été <strong>en</strong>foncé <strong>en</strong> vue d’assouplirla contrainte de la gestiond’un effectif de professeurs. Il apermis de supprimer des postes, etces dernières années ont vu massivm<strong>en</strong>tdes précaires assurer des heuresd’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, et ceci du fait de lapénurie de professeurs titulaires (recrutéssur concours nationaux).En 2005, la loi Fillon instaure leConseil Pédagogique qui vise àsupplanter le Conseil d’administration; ce conseil pédagogique se voitattribuer des compét<strong>en</strong>ces qui étai<strong>en</strong>tjusqu’alors décidées nationalem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> vertu de l’égalité d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tsur tout le territoire : le CP peutmodifier et répartir des volumeshoraires à discrétion des établissem<strong>en</strong>ts,décider des options et évaluerdes activités pédagogiques. De plusce conseil est composé de membresnommés par le chef d’établissem<strong>en</strong>t,et non plus élus par leurs collègues.


Éclate de manière évid<strong>en</strong>te non plus le risque, maisla réalité d’une prise <strong>en</strong> main des programmes etdes professeurs, mis sous l’autorité du chef d’établissem<strong>en</strong>t: outre la disparition des par<strong>en</strong>ts et desélèves de l’instance décisionnaire, celui-ci peutnommer au conseil les professeurs qui seront <strong>en</strong>accord avec ses choix. Nombre de chefs d’établissem<strong>en</strong>tréalistes n’avai<strong>en</strong>t pas demandé un telpouvoir !En 2005 la mobilisation de la communauté scolairecontre un tel conseil fut massive et le référ<strong>en</strong>dumaidant, il n’y a pas eu de décret d’application à cetarticle de la loi.Coup de grâce ?C’est Luc Chatel, à qui revi<strong>en</strong>t aujourd’hui la responsabilitéd’une loi sur la Réforme des lycées, quiréintroduit ce conseil pédagogique passé auxoubliettes ; le 10 décembre le Conseil Supérieur del’Éducation, qui a un avis consultatif, a voté pour.Qu’est-ce que le CSE ? Il est composé de membresde la communauté éducative mais aussi de représ<strong>en</strong>tantsde différ<strong>en</strong>ts corps de la société, y comprisle patronat : les organisations syndicales majoritairesde l’éducation ont voté contre (FSU, SNES,FO, CGT, UNEF, SUD, SNALC). Ce vote positif est dûà son approbation par trois syndicats (UNSA, SGEN,Ligue de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t) actuellem<strong>en</strong>t dans unestratégie de réorganisation réformiste et d’isolem<strong>en</strong>tdes autres syndicats, qui représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pourtant80% des personnels ; elle est due aussi à l’abst<strong>en</strong>tiondes fédérations de par<strong>en</strong>ts d’élèves qui, sansdoute, ne se r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t pas compte que c’est ceConseil Pédagogique qui va dev<strong>en</strong>ir décisionnaire,et qu’il les exclut de fait.ApplicationLe ministre a décidé d’aller vite et de publier ledécret instituant les conseils pédagogiques auJournal Officiel fin janvier : à la r<strong>en</strong>trée 2010 lesÉtablissem<strong>en</strong>ts Publics Locaux d’État vivront àl’heure des Conseils Pédagogiques. Une autre manièred’<strong>en</strong>seigner et d’être <strong>en</strong>seigné sera à l’œuvre,et signera la fin de l’égalité des chances.En effet les membres du conseil pédagogique sontnommés par le chef d’établissem<strong>en</strong>t. Qu’on y concède«sous proposition des équipes éducatives», commel’a exigé le SGEN, n’y change pas grand-chose. Defait le Conseil Pédagogique pourra moduler trèsfortem<strong>en</strong>t le service des <strong>en</strong>seignants puisque c’estpresque un tiers de la Dotation Horaire Globale,c’est-à-dire du volume horaire total d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tde l’établissem<strong>en</strong>t qui pourra être décidé par sessoins. L’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t obligatoire des classes desecondes par exemple passe de 28h30 à 23h30 :les 5h restantes sont à discrétion de ce conseil, quipourra décider de les attribuer à telle ou tellematière, à de l’aide individualisée, à tel ou tel<strong>en</strong>seignant. Ri<strong>en</strong> ne garantit que cette attributionse fasse dans le seul intérêt de l’élève, et non pourarranger telle ou telle nécessité de service -préserverle poste d’un collègue, supprimer un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ttechnologique qui coûte cher, une option rare ouinutile (les arts ? la philo ?), ou même répondreaux exig<strong>en</strong>ces immédiates du marché de l’emploi,qui ne raisonne pas <strong>en</strong> termes éducatifs.Et le Conseil d’Administration que devi<strong>en</strong>t-il ? Il seprononce sur les propositions du Conseil pédagogique; cette instance démocratique est doncdessaisie de l’organisation ess<strong>en</strong>tielle de la vie del’établissem<strong>en</strong>t et n’est plus force de proposition. Sile CA vote contre deux fois, l’avis du chefd’établissem<strong>en</strong>t l’emporte. On passe, de fait, de ladémocratie à l’autocratie.Le fond de l’affaireSous quel prétexte ? L’idée qui est déf<strong>en</strong>due estcelle de la réussite des élèves par leur adaptationau marché du travail : local, connaissant la réalitédes élèves, le Conseil Pédagogique serait plus apteà décider de leurs besoins particuliers. Cette idéeremet cep<strong>en</strong>dant <strong>en</strong> cause l’égalité des élèves surle territoire et d’un établissem<strong>en</strong>t. En fait, cetteréforme permet surtout la mise <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce desétablissem<strong>en</strong>ts scolaires, qui seront évalués <strong>en</strong>fonction de leur performance comme des <strong>en</strong>treprises.Or l’école ne peut fonctionner suivant lesrègles de la r<strong>en</strong>tabilité : bonne gestion ne signifiepas libéralisation et l’éducation, comme la culture,doit se targuer d’être une exception.Car la réforme permet égalem<strong>en</strong>t l’alignem<strong>en</strong>t del’Éducation Nationale aux prescriptions de l’OCDE,visant à faire de l’éducation un marché comme unautre : l’offre d’éducation pourra alors être assuréepar des prestataires privés, comme la téléphonie, letrain, les petits pois, les voitures, les c<strong>en</strong>tralesnucléaires…Comme la réforme de santé d’Obama, l’idée d’uneoffre d’éducation pour tous n’est pas un archaïsmecommuniste. L’éducation, la culture, la santé, larecherche ne doiv<strong>en</strong>t pas dev<strong>en</strong>ir des marchéslibres, et les élèves ne sont pas des cli<strong>en</strong>ts.RÉGIS VLACHOS


AdhéreZ à <strong>Zibeline</strong>Collectivités, bibliothèques, galeries, établissem<strong>en</strong>ts d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t,Comités d’<strong>en</strong>treprise, Associations, compagnies, artistes et passionnés de Culture,adhéreZ à <strong>Zibeline</strong> et profiteZ des événem<strong>en</strong>ts <strong>Zibeline</strong>,et des avantages offerts par nos part<strong>en</strong>aires,grâce à votre carte de Membre !Les formules d’adhésionFormule A1 : Individuelle, sans abonnem<strong>en</strong>t. 1 carte 25€.prés<strong>en</strong>tez votre carte de membre (1 place par carte nominative). Pour les réductions, prés<strong>en</strong>tez simplem<strong>en</strong>t votre carte (réduction valable seulem<strong>en</strong>t pour l’adhér<strong>en</strong>t)Auto Partage Prov<strong>en</strong>ceLe Sémaphorel’Olivier (Istres)5% de réductionVous offre(Port-de-Bouc)Réservation souhaitée avant sur tous les livresLibrairie de Prov<strong>en</strong>ce(Aix)6 mois d’abonnem<strong>en</strong>t gratuitVous offrele 5 fév31 cours Mirabeaud’essaiUn tarif adhér<strong>en</strong>t à 8 € 04 42 55 24 77Librairie Regardsvous disposez d’une voiturePour Des nuits noires de monde(Marseille 2 e 5% de réduction)sur tous les livresquand vous le souhaitez, àDe Michèle Bernard et le groupeC<strong>en</strong>tre de la Vieille Charitéréserver par téléphone ouévasion5% de réductionLibrairie Au poivre d’ÂneInternet, 24h/24, 7j/7,Le 26 fév à 20h30sur tous les livres(La Ciotat)selon vos besoins.04 91 00 32 94www.autopartage-prov<strong>en</strong>ce.com04 42 06 39 0912 rue des frères Blanchard5% de réductionsur tous les livresLa Minoterietarif réduit pour toutesles représ<strong>en</strong>tations8€ au lieu de 12€04 91 90 07 94Formule A2 : Familiale, sans abonnem<strong>en</strong>t.(autant de cartes de membres que de personnes vivantsous le même toit) 40€.Formule B1 : Individuelle, abonnem<strong>en</strong>t 1 exemplaire. 1 carte 40€.Formule B2 : Familiale, abonnem<strong>en</strong>t 1 exemplaire.(autant de cartes de membres que de personnes vivantsous le même toit) 60€.Formule C1 : Collective, abonnem<strong>en</strong>t 5 exemplaires. 1 carte 60€.Formule C2 : Collective, abonnem<strong>en</strong>t 5 exemplaires. 5 cartes 100€.Formule C3 : Collective, abonnem<strong>en</strong>t 10 exemplaires,10 cartes 150€.Formule D : Adhésion de souti<strong>en</strong>, montant au choix.Nos part<strong>en</strong>aires vous offr<strong>en</strong>t invitations, réductions et avantages… Pour les places gratuites, téléphonez-leur rapidem<strong>en</strong>t pour réserver, puisThéâtre de L<strong>en</strong>cheTarif réduitpour toutes les représ<strong>en</strong>tations04 91 91 52 22Les Bancs Publics1 place offerte pour 1 placeachetéepour tous les spectacles04 91 64 60 003bisf (Aix)Entrées et visites gratuites surréservations04 42 16 17 75Théâtre Vitez (Aix)Vous offre4 invitationspour Tartarin raconté aux piedsnickelésmes de Maria Vayssièrele 27 janv à 19hpour Ils regardai<strong>en</strong>t le mondedans les yeux de leurs voisinsd’après Antigone de Sophoclemes de Christelle Harbonnle 23 fév à 20h30le 24 fév à 19hau-delà de ce quotad’invitations,tarif réduit pour tous lesspectacles04 42 59 94 37Le Pavillon Noir (Aix)4 invitationspour la soirée hommageà Philippe Combes :Dromos 1, chorégraphie de P.CombesC<strong>en</strong>taures, chorégraphie de A.PreljocajMorpholab 1, Minotaur-ex, filmsde B. AveillanLe 12 fév à 20h3004 42 93 48 00Festival Les Elancées(Ouest Prov<strong>en</strong>ce)Vous offre4 invitationspour Ces deux-là !cie du Sillagele 30 janv à 15h à l’Espace 233(Istres)4 invitationspour Bal caustiqueCirque HirsuteLe 30 janv à 18h30 au Théâtre(Fos)Réservation souhaitée avant le29 janv4 invitationspour Temps d’arrêtcie En Phasele 6 fév à 17h au Théâtre (Fos)4 invitationspour Ha ha ha !Cie OkidokLe 7 fév à 15h au Théâtre deChoisissez votre formule, et <strong>en</strong>voyez votre chèquelibellé à l’ordre de L’Amicale <strong>Zibeline</strong> à :L’Amicale <strong>Zibeline</strong> |76 av<strong>en</strong>ue de la panouse n° 11 |13009 MarseilleN’oubliez pas d’indiquer lisiblem<strong>en</strong>t, sur papier libre ousur le formulaire d’adhésion téléchargeablesur le site : (www.journalzibeline.fr)Votre nom ou celui de votre association,votre adresse postale, votre adresse électronique,votre numéro de téléphone, la formule que vous choisissezet le nombre de cartes correspondant.Votre numéro d’abonné s’il s’agit d’un r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>tL’institut culturel itali<strong>en</strong>vous offre3 adhésions annuellesd’une valeur de 32 €, cette«carte adhér<strong>en</strong>t» vous donneraaccès à tous les services del’Institut, médiathèque etprogramme culturel.Demande par mail :iicmarsiglia@esteri.itou au 04 91 48 51 94Librairie Maupetit(Marseille 1 er )La Canebière5% de réductionsur tous les livresLibrairie L’écailler(Marseille 1 er )2 rue Barbaroux5% de réductionsur tous les livresNous joindre pour toute demande particulièreau 06 03 58 65 96 / chris.bourgue@wanadoo.frNos part<strong>en</strong>aires vous offr<strong>en</strong>t invitations, réductions et avantages…Le Greffier de Saint-Yves(Marseille 1 er )librairie générale et juridique10 rue V<strong>en</strong>tureL’histoire de l’œil(Marseille 6 e )25 rue Fontange5% de réductionsur tous les livresLibrairie Imbernon(Marseille 8 e )spécialisée <strong>en</strong> architectureLa Cité Radieuse280 bd Michelet, 3ème étage5% de réductionsur tous les livresLibrairie Arcadia(Marseille 12 e )C<strong>en</strong>tre commercial SaintBarnabé Village30 rue des électrici<strong>en</strong>s5% de réductionsur tous les livresLa P<strong>en</strong>sée de MidiVous offre2 exemplaires de Istanbul,ville monde3 exemplaires du hors-sérieBruno Eti<strong>en</strong>ne,sur les chemins de la p<strong>en</strong>séede midipar mail :chris.bourgue@wanadoo.fr

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!