30 CINÉMA LES R-V D’ANNIE | PRIX INTERNATIONAL DU DOCUMENTAIREPrix à MarseilleLa 14 e édition du Prix International du Docum<strong>en</strong>taireet du Reportage Méditerrané<strong>en</strong> s’est déroulée pour lapremière fois à Marseille, du 9 au 14 décembre.Plus de 300 œuvres, prov<strong>en</strong>ant de 33 pays dont laFrance, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, l’Algérie, le Maroc,l’Egypte, la Tunisie, la Turquie, et Israël ont été reçuesau mois de juin 2009, et 35 ont été sélectionnées.Présidé par l’écrivain égypti<strong>en</strong> Khaled Al Khamissi,le jury docum<strong>en</strong>taire a attribué le Grand Prix EnjeuxMéditerrané<strong>en</strong>s au film itali<strong>en</strong> Come un uomo sullaterra de Andrea Segre, Dagmawi YIimer etRiccardo Biad<strong>en</strong>e, qui retrace le parcours d’unétudiant éthiopi<strong>en</strong> obligé d’émigrer <strong>en</strong> Libye où il estconfronté à la viol<strong>en</strong>ce... Le Prix Mémoire de laMéditerranée a été remis à Bucarest, la mémoireperdue du réalisateur catalan Albert Solé tandis queLe 26 janvier à 20h30, au Daki Ling, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariatavec le Vidéodrome, projection du film Llik your idolspremier film d’Angélique Bosio ; un docum<strong>en</strong>tairesur un courant cinématographique underground, quia pour fil conducteur quatre figures emblématiques,Lydia Lunch, Richard Kern, Nick Zedd et Joe Coleman.Daki Ling, le Jardin des Muses04 91 33 45 14www.dakiling.comCome un uomo sulla terrade Andrea Segre, Gagmawi Ylimer et Riccardo Biad<strong>en</strong>eLes r<strong>en</strong>dez-vous d’AnnieLe 23 janvier à partir de 15h, au cinéma Les Lumièresà Vitrolles, L’œil du cinéaste accueille EmmanuelMouret dont on pourra voir Vénus et Fleur, Changem<strong>en</strong>td’adresse et Fais-moi plaisir. Des débats aurontlieu après les films, ainsi qu’un atelier de courts métragesà destination des jeunes de 15 à 25 ans. Surinscription !04 42 77 90 77http://cinemaleslumieres.fr>la récomp<strong>en</strong>se pour la Première Œuvre docum<strong>en</strong>tairea été remise à Welcome to Hebron de TerjeCarlsson. Ce docum<strong>en</strong>taire, tourné p<strong>en</strong>dant plus detrois ans à Hébron, <strong>en</strong> Cisjordanie, suit Leila Sarsour,une jeune fille de 17 ans qui étudie à Al-Qurtuba, uneécole de jeunes filles palestini<strong>en</strong>nes, <strong>en</strong>tourée pardes installations militaires israéli<strong>en</strong>nes.Quant à Faces du suisse Gérard Maximin, il aremporté le Prix Art, Patrimoine et Cultures de laméditerranéeet le Prix à la diffusion TV5 Monde. Facesévoque la plus grande exposition d’art urbaine aumonde, celle de photos de Palestini<strong>en</strong>s etd’Israéli<strong>en</strong>s, prés<strong>en</strong>tée des deux côtés du mur,permettant de s’interroger sur la possibilité qu’a l’artde faire reculer les préjugés.A.G.Le22 janvier, à 20 h, Arnaud Desplechinsera prés<strong>en</strong>tau cinéma Variétésà Marseillepour son film Un contede Noël qui réunit Catherine D<strong>en</strong>euve, Mathieu Amalric,Emmanuelle Devos, Jean-Paul Roussillon, Chiara Mastroianni,Anne Consigny et Melvil Poupaud.Organisée avec l’Institut Paoli-Calmettes, la projectionsera suivie d’un débat avec Jean-Pierre Jouet, JacquesAscher, Didier Blaise, Patrick B<strong>en</strong> Soussan et YolandeArnault.Le 28 janvier, à 20h, au cinéma les Variétés, projectiondu film de Régis Sauder, Nous, Princesse de Clèves.En 2009 à Marseille, des lycé<strong>en</strong>s du Lycée Diderots’empar<strong>en</strong>t de La Princesse de Clèves, pour parler d’eux,du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t amoureux, de la société.Conte de noel © J.-C. Lother - Why Not ProductionsLe 30 janvier à 20h15, à l’Institut de l’image à Aix, àl’initiative du Syndicat des Avocats de France, du Syndicatde la Magistrature et de l’ASPMP, projection dufilm de R<strong>en</strong>é Allio, Moi Pierre Rivière, ayant égorgéma mère, ma sœur et mon frère.Avant la projection à 18h, débat sur «Sécurités etlibertés» animé par Patrick Coupechoux, journaliste,auteur notamm<strong>en</strong>t de Un monde de fous et CatherinePaulet, Présid<strong>en</strong>te de l’Association des secteursde psychiatrie <strong>en</strong> milieu pénit<strong>en</strong>tiaire.Du 3 au 23 février, à l’occasion de l’année de la Russie,l’Institut de l’image propose aussi une rétrospectiveautour de l’Histoire du pays, de la révolution d’Octobre1917 à la guerre <strong>en</strong> Tchétchénie, à travers les films degrands cinéastes soviétiques puis russes : Eis<strong>en</strong>stein,Vertov, Barnet, Medvedkine, Konchalovsky, Tarkovski,Sokourov… On pourra ainsi (re)voir, <strong>en</strong>tre autres,Octobre et Ivan le Terrible d’Eis<strong>en</strong>stein, L’Homme à lacaméradeDziga Vertov, Le Bonheurde Medvedkine…Le 4 février à 18h30: confér<strong>en</strong>ce deNicolas Feodoroffsur le cinéma russe avec la projection d’Alexandra deSokourov.Cité du Livre, Aix04 42 26 81 73www.institut-image.orgLes mardis de la Cinémathèque propos<strong>en</strong>t au C<strong>en</strong>tre Régional de Docum<strong>en</strong>tation Pédagogique, le 26 janvier,L’Arbre aux sabots d’Ermanno Olmi, Palme d’Or à Cannes <strong>en</strong> 1978 : l’histoire de quatre familles de paysanspauvres dans une grande ferme <strong>en</strong> métairie du côté de Bergame, à la fin du XIX e siècle.En février, ce sera Le Golem de Paul Weg<strong>en</strong>er, puis Les Clowns de Fellini.La Cinémathèque de Marseille04 91 50 64 48www.cinememoire.netFais moi plaisir d'Emmanuel Mouret © Pascal ChantierLe 3 février à 18h00, dans le cadre de la rétrospectiveNanni Moretti, L’Institut Culturel Itali<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>te<strong>en</strong> collaboration avec l’Institut de l’Image Caro diario(Journal intime) dans lequel Nanni Moretti nous faitdécouvrir son univers <strong>en</strong> trois chapitres : sa passionpour Rome, sa recherche d’un lieu tranquille au cœurdes îles Eoli<strong>en</strong>nes… et <strong>en</strong>fin l’épreuve de la maladieface à un cortège de médecins inaptes…Institut Culturel Itali<strong>en</strong> de Marseille04 91 48 51 94www.iicmarsiglia.esteri.itÀ la Minoterie, égalem<strong>en</strong>t, le chef-d’œuvre de MedvekineLe Bonheur. Le film muet, <strong>en</strong> noir et blanc,tourné et c<strong>en</strong>suré au temps de Staline, retrace avecironie et poésie le parcours d’un pauvre paysanconfronté au méchant propriétaire puis, après leRévolution, à sa propre incurie. Le Cartoun Sardinesthéâtre accompagne la projection d’un véritablecomm<strong>en</strong>taire musical, bruitant avec réalisme, puisavec distance, l’av<strong>en</strong>ture, et donnant des voix décaléesaux personnages. Le jeu <strong>en</strong>tre l’écran et la scèneest déroutant, passionnant, amusant, agaçant. Unetroisième expéri<strong>en</strong>ce de ciné-théâtre proposée par laCie, après un Faust fascinant et un Lulu un peu moinspertin<strong>en</strong>t.A.F.Le BonheurDu 24 au 27 fév04 91 90 07 94www.laminoterie.org
Ouvrir les yeux du mondeTulpan © A Zeitgeist Films releaseDu 3 au 8 février se ti<strong>en</strong>dront, à Manosque, les 23 e R<strong>en</strong>contres Cinémadu Réel à l’Imaginaire qui propos<strong>en</strong>t une semaine de projectionset de r<strong>en</strong>contresUne tr<strong>en</strong>taine de films, images du monde, vontinterpeller, faire réfléchir, émouvoir aussi sans doute,<strong>en</strong>traîner sur des routes lointaines les spectateurs…Dans le grand nord sibéri<strong>en</strong> avec MarkkuLehmuskallio et Anastasia Lapsui auxquels estr<strong>en</strong>du un hommage ; dans les steppes du KazakhstanC’est un professeur de lettres passionné qui a révéléà Catherine Poitevin le cinéma, alors qu’elle étaitinterne au lycée Marseilleveyre. «Avant j’allais au cinévoir des acteurs, comme Marlon Brando, et de jolieshistoires. Là, j’ai compris, <strong>en</strong> voyant le CuirasséPotemkine que le cinéma était un art et un langage.»Après des études d’histoire, sans <strong>en</strong>thousiasme, ellepasse le concours de l’IDHEC (actuellem<strong>en</strong>t la FEMISndlr), sans grand espoir, et… le réussit !L’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, trop théorique à songoût l’<strong>en</strong>nuie un peu, mais lors d’unstage elle r<strong>en</strong>contre Louis Malle quirevi<strong>en</strong>t d’Inde et dont elle devi<strong>en</strong>dral’assistante. Elle va assurer le montaged’une vingtaine de films sur l’Inde, trèsà la mode dans les années 70. «J’aibeaucoup appris avec lui, un homme trèsgénéreux, qui m’a marquée tout commeR<strong>en</strong>é Allio, mon papa <strong>en</strong> cinéma,auquel on ne r<strong>en</strong>d pas assez hommage.»Elle a <strong>en</strong>tre autre appris à monter deslangues, exercice difficile, ce qui lui apermis par exemple de travailler àl’étranger, au Maroc sur le film de SaâdChraïbi, Atash, <strong>en</strong> Egypte sur LesPortes fermées d’Atef Hetata ou <strong>en</strong>Tunisie sur Un Eté à la Goulette de FéridBoughedir. Peu importe le lieu où elletravaille, elle considère que le montageest un «cadeau» et qu’on doit tout faireMANOSQUE | PORTRAIT DE CATHERINE POITEVIN<strong>en</strong> compagnie de Sergey Dvortsevoy, auquel lesr<strong>en</strong>contres consacr<strong>en</strong>t une rétrospective complèteet dont les derniers films, Dans le noir et Tulpan, sontprés<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> ouverture le 2 février.Tout au long de ce voyage, nous r<strong>en</strong>contrerons despersonnages singuliers comme la jeune Mei, qui,NOM : Catherine PoitevinProfession : monteuseSignes particuliers : calme et pati<strong>en</strong>cepour le réussir. L’exig<strong>en</strong>ce, c’est Thierry Garrel (LaSept ARTE) qui la lui a apprise : «Le s<strong>en</strong>s dans un seulplan !»«Le montage consiste à mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce lesqualités du tournage. Le monteur est celui quirassemble tout. C’est un métier difficile où l’onappr<strong>en</strong>d toujours.» Catherine Poitevin a travaillé aussibi<strong>en</strong> pour la télévision (France 3 et Arte) que pour lecinéma. Elle a monté L’Ombre rouge et Balles PerduesCINÉMA31fuyant son village natal, doit affronter la réalité peuaccommodante des grandes villes, <strong>en</strong> Chine d’abord,puis à Londres dans She, a chinese de Xiaolu Guo.Ou Hebba, la jeune journaliste égypti<strong>en</strong>ne du dernierfilm de Yousry Nasrallah, Schéhérazade, prés<strong>en</strong>té<strong>en</strong> avant première, <strong>en</strong> sa prés<strong>en</strong>ce le 5 février ; ou<strong>en</strong>core, les membres un peu «fêlés» de la familleB<strong>en</strong>ade, qui vit dans une banlieue pauvre deJohannesburg, du décapant Triomf de MichaelRaeburn.Nous pourrons aussi découvrir la «Perle Noire dumeilleur réalisateur de docum<strong>en</strong>taire» à Abou Dhabi,Vivre ici, un film inédit de Mohamed Zran qui seraprés<strong>en</strong>t le 6 février au Théâtre Jean le Bleu.Et ceux qui ne voudrai<strong>en</strong>t pas voyager trop loinpourront visiter la République Marseille de D<strong>en</strong>isGheerbrant, ou le Marseille des années 70 <strong>en</strong>découvrant la Lettre à la prison de Marc Scialom,film oublié et retrouvé quarante ans plus tard.Tous ceux qui sont friands de découvertescinématographiques se r<strong>en</strong>dront avec plaisir, pour la23 e année, au théâtre Jean Le Bleu et au Cinéma LeLido de Manosque.ANNIE GAVAR<strong>en</strong>contres cinéma de Manosque04 92 70 35www.oeilzele.netde Jean-Louis Comolli ; Rouge-Midi de RobertGuediguian. Côté docum<strong>en</strong>taire elle a collaboré de1991 à 1995 avec le Suisse Richard Dindo dont ellea monté, <strong>en</strong>tre autres, Arthur Rimbaud, une biographieet Ernesto Che Guevara : Le journal de Bolivie.Elle vi<strong>en</strong>t de terminer le montage de Rachel deSimone Bitton avec qui elle a réalisé <strong>en</strong> 1993Conversation Nord-Sud, Daney-Sanbar et dont elle amonté les films précéd<strong>en</strong>ts : B<strong>en</strong> Barka, l’équationmarocaine pour les Mercredis de© A.Gl’Histoire, et Mur. Des films courageuxet durs : «Plus les films sont tristes,plus je rigole», ajoute-t-elle avec ungrand sourire. Sans doute un moy<strong>en</strong>de se préserver de la viol<strong>en</strong>ce desimages !Catherine souligne la chance qu’ellea eue, mais explique que le métier demonteur est <strong>en</strong> danger : «Beaucoupde producteurs et même desréalisateurs p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t que la techniquerègle tout ; or, le montage est lemom<strong>en</strong>t où l’on réécrit le film.» Unmétier ess<strong>en</strong>tiel, qui nécessitepassion, simplicité et modestie :signes particuliers de CatherinePoitevin, et de nombreuses femmes<strong>en</strong> cinéma.ANNIE GAVA