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Zibeline n°26 en PDF

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56 LIVRES PATRIMOINEBi<strong>en</strong> au-delà du catalogueActes Sud a publié <strong>en</strong> octobre le catalogue del’exposition César, le Rhône pour mémoire, sousla direction de Luc Long et de Pascale Picard. Enréalité, le titre est modeste à l’excès. Ce volumesomptueux ne se cont<strong>en</strong>te pas de laisser une traceexhaustive des objets de l’exposition mais rassemble,répartis <strong>en</strong> six grands chapitres thématiques, desétudes, des articles de fond, des essais comparatifs quiapport<strong>en</strong>t de nouvelles perspectives, ori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t notreapproche des trésors rassemblés sur les vingt annéesde fouilles.Les photographies ne se cont<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pas de constituerla rituelle collation des élém<strong>en</strong>ts ess<strong>en</strong>tiels del’exposition. Par leur exceptionnelle qualité, ellesrelèv<strong>en</strong>t de l’édition d’art. Mise scène des drapés, desattitudes, visages qui émerg<strong>en</strong>t de l’ombre… Regardezle buste de César (évidemm<strong>en</strong>t sur la couverture !), lafinesse des traits : l’ombre acc<strong>en</strong>tue le tracé dum<strong>en</strong>ton, le creux des joues, l’arête de l’arcadesourcilière, aiguisant un regard que l’on press<strong>en</strong>t d’uneintellig<strong>en</strong>ce subtile et ironique. Regard d’autant plusextraordinaire qu’un autre cliché le montre dans leseaux vertes du fleuve, impassible. On est alors frappépar l’incroyable dureté de ces yeux qui, grands ouvertset vides, ont l’air de défier l’éternité.Luc Long évoque le «réalisme exacerbé de ce visage»,explique sa fascinante mobilité par «la légère asymétriedes profondes rides naso-labiales.» Les autres sculpturesconnaiss<strong>en</strong>t le même traitem<strong>en</strong>t, l’objectif les asurprises sous tous les angles, têtes féminines desVénus, minois p<strong>en</strong>sifs de jeunes filles, mais aussifragm<strong>en</strong>ts de chapiteaux aux motifs florauxdélicatem<strong>en</strong>t variés, volutes, foisonnem<strong>en</strong>t de tiges etde feuilles d’acanthe, fleurs isolées qui s’épanouiss<strong>en</strong>tavec légèreté aux bandeaux des architraves, doigtsimpati<strong>en</strong>ts qui att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t un signal invisible poureffleurer <strong>en</strong>fin les cordes sil<strong>en</strong>cieuses d’une cithare…Statues de bronze, comme ce gaulois captif aux épaulesqui ne s’inclin<strong>en</strong>t pas, ou la sublime victoire dorée,toute d’élan, aéri<strong>en</strong>ne sur son pied de danseuseindi<strong>en</strong>ne. Et la collection de vases, d’amphores, depièces, et les objets du quotidi<strong>en</strong>…Ne p<strong>en</strong>sez pas qu’ils nous soi<strong>en</strong>t livrés seuls, dans lanudité de leur simple beauté. Chacun est analysé, lesconditions de sa découverte, son époque, sesfonctions, les secrets de sa fabrication (à cire perduepour les bronzes, par exemple, soudures révélées pargammagraphie…) ; une étude comparative avecd’autres représ<strong>en</strong>tations disséminées dans les muséesdu monde <strong>en</strong>tier est m<strong>en</strong>ée, apportant une nouvelleinterprétation. Ainsi, Pascale Picard livre unemagistrale analyse du Gaulois captif, interrogeantl’œuvre, l’insérant dans l’histoire, le mesurant avecd’autres représ<strong>en</strong>tations, mosaïque, statue d’albâtre,pièces… Elle émet <strong>en</strong>suite des hypothèses quant à lafonction de ce type de statue, établissant unremarquable parallèle <strong>en</strong>tre le mythe qui opposeMarsyas et Apollon, et le barbare vaincu par Rome.Pour r<strong>en</strong>dre compte de la somme impressionnante ducatalogue, il faudrait aussi évoquer les aquarelles, lesschémas, les plans, les graphiques, l’énormebibliographie… les <strong>en</strong>jeux de la ville double, Arelateduplex (Arles, la double), les problèmes de restaurationdes bois gorgés d’eau… le regard effrayant des siluresqui guett<strong>en</strong>t les plongeurs, gardi<strong>en</strong>s des mystères dufleuve… Un superbe ouvrage de référ<strong>en</strong>ce, animéd’un souffle passionné.MARYVONNE COLOMBANICelui qui croyait à son mytheIl n’y a ri<strong>en</strong> de bi<strong>en</strong> nouveau à évoquer la métaphoresolaire attachée à Louis XIV mais, dans le cabinet descuriosités que s’attach<strong>en</strong>t à constituer MathildeBéjanin et Hubert Naudex, elle pr<strong>en</strong>d une dim<strong>en</strong>sionqui dépasse le simple symbole.Le 5 septembre 1638, le soleil, dit-on, se rapprochade la terre. Dans le palais-neuf des Bourbons, peuavant midi, un <strong>en</strong>fant naît, il a déjà deux d<strong>en</strong>ts, qui ledestin<strong>en</strong>t à dévorer le monde… Le futur Louis XIVvoit ainsi le soleil s’intéresser à sa naissance. Onconnaît la suite ! Mais ce que l’on sait moins c’estl’influ<strong>en</strong>ce capitale de ce thème astral surl’architecture, le pavillon de Marly (aujourd’huidisparu) et les douze pavillons, bi<strong>en</strong> plus petits, «égaux<strong>en</strong> grandeur, <strong>en</strong> distance les uns des autres, <strong>en</strong> situation et<strong>en</strong> symétrie», autant de satellites symboliques. Lesdouze maisons du soleil, qu’il parcourt toute l’année.Le château de Marly était la retraite dans laquelleLouis le Grand allait se délasser, comme le soleil aupalais de Thétis !L’astronome Vinc<strong>en</strong>te Coronelli à la demande duCardinal d’Estrée, construisit deux globes, l’un céleste(représ<strong>en</strong>tant l’état du ciel le jour de la naissance duroi) l’autre terrestre. À l’extrémité du jardin de Marly,les deux derniers pavillons seront transformés parMansart pour accueillir chacun une sphère.Proportions considérables, à la mesure du roi pourlequel elles sont conçues, quatre mètres de diamètre !(elles sont aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale deFrance).Le ciel de Louis XIV prés<strong>en</strong>te des plans, desreconstitutions virtuelles de ces représ<strong>en</strong>tations célestesqui port<strong>en</strong>t <strong>en</strong> elles toute la symbolique d’un règne etla conception particulière du pouvoir, cont<strong>en</strong>ue dansle concept de la monarchie absolue. Analyses fines,anecdotes, le livre aborde l’histoire sous un angl<strong>en</strong>ouveau et passionnant. Pirouette finale, paradoxed’un règne qui se voulut solaire, la France connut unpetit âge glaciaire <strong>en</strong> 1675 ! L’année de la mort du roi,1715, il y eut une éclipse totale du soleil…Un livre précieux, tant par son organisation, la beautéde la photographie, que l’originalité de son approche.MARYVONNE COLOMBANILe Ciel de Louis XIVMathilde Béjanin et Hubert NaudeixEd. Honoré Clair, 32 eurosCésar, le Rhône pour mémoireEd Actes Sud/Musée départem<strong>en</strong>tal Arles Antique,39 euros

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