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Zibeline n°26 en PDF

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AmbiguïtésLe spectacle joue les effets organiques de la passion.La noble princesse antique est une femme qui se débat<strong>en</strong>tre les murs de sa cellule, et passe par des mom<strong>en</strong>tsd’int<strong>en</strong>se abandon au désir charnel. La mise<strong>en</strong> scène joue aussi sur l’ambiguïté sexuelle : undoute plane sur l’attirance <strong>en</strong>tre Hippolyte et Théramène,à peine plus vieux qu’Hippolyte, contrairem<strong>en</strong>tà l’image conv<strong>en</strong>ue du précepteur.La perplexité du spectateur est réelle, notamm<strong>en</strong>tface à cet étrange objet am<strong>en</strong>é puis laissé dans uncoin de la scène et qui se remplit peu à peu d’eau. Sic’est une allégorie du temps tragique, pourquoi cettecouleur verte ? Perplexité <strong>en</strong>core devant Panope traitéecomme une déesse antique, une sorte de Pythie énigmatique.Pourquoi cette insistance sur les «h» aspirés ?Pourquoi une Aricie excitée et fébrile pour interpréterle personnage pudique de Racine ?On est à la limite de l’outrance sans jamais y sombrer.Ce qui reste quand tout ce blanc se dissout dans l<strong>en</strong>oir, c’est une profusion d’images qu’on a <strong>en</strong>vied’interroger.JULIEMalaiseR<strong>en</strong>dre la mort de Phèdre à ce point organique laissecomme un truc au fond du v<strong>en</strong>tre. On ne sait pas. Onhésite. Monter Racine aujourd’hui ? On ne sait toujourspas pourquoi. On a la désagréable impression que lethéâtre se substitue à l’arène : il faut du sang, de laviol<strong>en</strong>ce, laisser le public voyeur se repaître. Le problèmeest peut-être qu’il n’y a plus de règles du jeu,et que, comme pour Rousseau déjà, le théâtre estjuste un tricheur ? Peut-être parle-t-on mieux du théâtreaujourd’hui que l’on ne sait le faire. Ou <strong>en</strong> faire. Il nousfaudrait au moins trois juges.SOLENEDionysos et ApollonDes crimes affreux se tram<strong>en</strong>t dans un décor et descostumes blancs d’une grande unité. Les alexandrinss’accommod<strong>en</strong>t de cris d’horreur, de douleur ou dejoie. L’expression du désordre dionysiaque mêlé à laperfection apollini<strong>en</strong>ne se retrouve dans la mort dePhèdre où pureté et horreur du sang se conjugu<strong>en</strong>t.Contradictoires <strong>en</strong>core le désir de mort et l’instinct devie qui pouss<strong>en</strong>t Phèdre à se débattre et lutter, les plansd’Œnone pour sauver sa maîtresse quand tout estperdu, les projets d’Aricie et Hippolyte alors que ledestin continue de remplir son bac.Le désordre que Jouvet appelle de ses vœux est bi<strong>en</strong>le dionysiaque mêlé à l’apollini<strong>en</strong>. R<strong>en</strong>aud Marie Leblanc<strong>en</strong> fait la condition de l’apparition sur scène de lapuissance tragique.JOHANNA© X-D.RAlice’n’rollAprès 15 jours de résid<strong>en</strong>ce de créationde leur «tragi-conte baroqu’n roll»sur le monde étrange de l’<strong>en</strong>fance etde la difficile et irréparable perte d’innoc<strong>en</strong>ce,le joyeux collectif On voit taculotte Madame Véro a prés<strong>en</strong>téune 1 re étape de travail au Théâtre desDoms. 9 jeunes comédi<strong>en</strong>s belges sortisde l’INSAS, regroupés autour d’unprojet collectif de bout <strong>en</strong> bout : AliceMalone ou l’<strong>en</strong>fant poussée tordue. Ilsnous prévi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, ce que nous allonsvoir est inachevé et cette Alice, loin decelle de Lewis Carroll, n’est qu’un prétexteau délire. Alice vit au 286 e étaged’une tour triste et sombre, avec sagrand-mère, son chat, ses deux sœurs…et ses angoisses. «C’est notre petitmonstre à nous tous, celui qui a poussétordu, fait de toutes les peurs que l’onnous a transmises, des idéaux de perfectionimpossibles à atteindre, de nos19VivantÉcrit, mis <strong>en</strong> scène et interprété par Jean-Vinc<strong>en</strong>t Brisa, Molière, une passion pr<strong>en</strong>dle parti de retracer l’œuvre du dramaturge «à travers sa passion, ses convictions,son <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t, son militantisme.» Sur scène Molière et l’acteur dialogu<strong>en</strong>t, Brisase faisant le passeur de cette parole vivifiante.La représ<strong>en</strong>tation de Molière, une passion a été reportée au 4 fév à 20h30Théâtre des Halles (Avignon)04 90 85 52 57www.theatredeshalles.com/////////////////////////////////////////////////////////////culpabilités, de nos rêves, de nos déceptions,de nos luttes quotidi<strong>en</strong>nes». On ale privilège de suivre <strong>en</strong> direct le fragileprocessus de recherche qui se jouedevant nous. Les comédi<strong>en</strong>s, énergiqueset culottés, transform<strong>en</strong>t lesDoms <strong>en</strong> karaoké géant (l’<strong>en</strong>voûtantSweet Dreams de Marilyn Manson sefrotte à un Freddy Mercury déchainé)pour prés<strong>en</strong>ter cette Alice, pas modeste,qui veut avoir sa part de bonheur etqui se transforme <strong>en</strong> Iphigénie pouramuser la galerie. Réussira-t-elle às’émanciper ? On a hâte de découvrirl’aboutissem<strong>en</strong>t du spectacle, quipourrait ressembler à un manifeste dela révolte qui accouchera de la vraieAlice Malone, «pas l’avatar pleurnicheuse».La fin nous laisse donc sur sa faim.C’est bon signe.Cette étapede travail a étéprés<strong>en</strong>tée au Théâtredes Doms (Avignon)le 17 décembrePhèdre a été vu par les étudiants d’hypokhâgneà la Criée. Il sera joué à la Passerelle, ScèneNationale de Gap (05), le 19 janvier,et au Théâtre de Grasse (06), les 28 et 29 janvier.

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