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Zibeline n°26 en PDF

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52 LIVRES LITTÉRATUREAvec v<strong>en</strong>ts et maréesLe sixième roman d’Olivier Adam plonge à nouveaule lecteur plus que cons<strong>en</strong>tant dans son univers siparticulier de bleus à l’âme, de cieux d’orage et defamilles à la dérive. Le titre déjà propose tout unprogramme de rafales glacées, d’averses acérées,métaphores des adversités de la vie.Depuis que sa femme Sarah a disparu, l’exist<strong>en</strong>ce dePaul Anders<strong>en</strong> est ainsi, soumise à des v<strong>en</strong>ts contraires,auxquels il t<strong>en</strong>te de résister. En quittant la banlieueparisi<strong>en</strong>ne pour retrouver Saint-Malo, sa ville natale :«ici j’allais pouvoir recoller les morceaux et repr<strong>en</strong>dre pied,nous arracher les <strong>en</strong>fants et moi à cette douleur poisseusequi nous clouait au sol depuis des mois» ; <strong>en</strong> s’occupantde Clém<strong>en</strong>t et Manon, à moins que ce soit eux qui nes’occup<strong>en</strong>t de lui, «il y avait si longtemps qu’elle et sonfrère me t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t debout» ; <strong>en</strong> rouvrant les yeux sur lemonde et les g<strong>en</strong>s al<strong>en</strong>tour. Histoire d’être prêt auréveil…À fleur de peau et d’émotion, ce roman parle d’amour,de souffrance, de deuil, et d’espoir malgré tout. Lalangue concrète et lyrique d’Adam emporte dans sahoule. La mer, le ciel, leurs variations et leursintermitt<strong>en</strong>ces sont au cœur du récit, comme desmiroirs de l’âme humaine, comme des pointsd’ancrage aussi, où trouver un équilibre, mêmeinstable. Ce que reflète la phrase finale, symbolique :«… bi<strong>en</strong>tôt la pluie allait s’abattre sur les maisons aucoude à coude, frottées les unes aux autres, serrées <strong>en</strong> retraitde la mer, poussées à l’eau par le pays tout <strong>en</strong>tier,susp<strong>en</strong>dues juste au-dessus, <strong>en</strong> lisière, marginales etfragiles, m<strong>en</strong>acées mais debout.»À lire à grandes goulées, comme on pr<strong>en</strong>d un bol d’airdu large.FRED ROBERTT’as voulu voir Ost<strong>en</strong>de…Il règne une ambiance à la Brel dans le dernier paru dela collection Collatéral, une collection qui fait voyager<strong>en</strong> images et <strong>en</strong> mots. Cette fois, cap sur le bout del’est, c’est ce qu’Ost<strong>en</strong>de veut dire, et bonjour platpays, nuages et nostalgie, même si ce sont les parolesd’une chanson de Caussimon qui sont mises <strong>en</strong>exergue.Les photographies de Cyrille Derouineau égrèn<strong>en</strong>tau fil des pages la mélancolie désuète et suave d’uneville où le vide semble roi : plages presque désertes,bancs vides face à la mer, parasols solitaires ou transatsr<strong>en</strong>versés, néons nocturnes qui brill<strong>en</strong>t pour qui ? Justeparfois quelques touristes plus tout jeunes qui sehât<strong>en</strong>t sous la pluie, quelques oiseaux et bateaux <strong>en</strong>partance aussi. À contempler ces vues, on se s<strong>en</strong>tvraim<strong>en</strong>t au bout, d’un lieu, d’une époque.Dans ce no man’s land de la morte saison, ciel bas etmer de plomb, six auteurs de romans noirs se sontL’épopée du chaosL’homme et l’<strong>en</strong>fant march<strong>en</strong>t vers le Sud, anonymes.Dans un monde post-apocalyptique, on ne sait quand,où certains choisiss<strong>en</strong>t de se supprimer pour ne pasdépérir, tandis que d’autres sombr<strong>en</strong>t dansl’anthropophagie. L’homme a fait son choix. Celui dela survie coûte que coûte. La si<strong>en</strong>ne, et celle de son fils.Sans nuire à autrui. Malgré le pire. Malgré le voyagedantesque. Malgré le froid, la faim, les multiples périlsqui les guett<strong>en</strong>t au hasard du chemin sur une terreanéantie. On suit page après page ces deux âmesmeurtries, dernières traces d’humanité, avecl’espérance désespérée que la vie repr<strong>en</strong>ne ses droits,que tout recomm<strong>en</strong>ce… ou qu’une mort fulguranteles achève au plus vite.Ce livre, c’est l’insout<strong>en</strong>able mis <strong>en</strong> mots. Avec dessil<strong>en</strong>ces, des soupirs, de brefs échanges transis. Dansune poésie de l’effroi qui dit l’amour filial infini et seglissés à l’aise. Entre les photos ils ont tissé leurs mots.Six nouvelles, qui parl<strong>en</strong>t d’amours perdues et depassés glorieux, de vieux <strong>en</strong> goguette ou <strong>en</strong> désarroi, decontrats, de trafics et de passages <strong>en</strong> fraude. MarcusMalte, Didier Da<strong>en</strong>inckx, Jean-Bernard Pouy,Marc Villard, Michel Quint et Jean-Hugues Oppeloffr<strong>en</strong>t au lecteur des textes inédits, que les imagessembl<strong>en</strong>t leur avoir inspirés. Et on navigue avec eux,jusqu’à se noyer dans ce bout du monde où rôd<strong>en</strong>tfantômes et malfrats.FRED ROBERTOst<strong>en</strong>de au bout de l’estéd Le bec <strong>en</strong> l’air, Collatéral, 19,50 eurosCyrille Derouineau et Marcus Malte prés<strong>en</strong>teront lelivre à la librairie Histoire de l’œil le 22 janvier à19h00, dans le cadre des Itinérances littéraires del’association Libraires du Sud.teinte de religiosité. Visage émacié, silhouettefantomatique, l’<strong>en</strong>fant héritier du feu devi<strong>en</strong>tl’incarnation de l’espoir. Dans un parallèle troublant,l’auteur a dédié cet ouvrage à son fils, comme pour luitransmettre l’étincelle dans un monde déliquesc<strong>en</strong>t.En 2007, McCarthy a reçu le prix Pulitzer pour cetteœuvre saisissante, tout récemm<strong>en</strong>t adaptée au cinémapar J. Hillcoat. Si on peut se passer d’aller voir le film,on n’aurait aucune excuse à ne pas plonger dans laprose sombre et magnifique du grand romancieraméricain : La route vi<strong>en</strong>t de paraître <strong>en</strong> poche.MARION CORDIERLa RouteCormac Mc Carthycoll. Points, 6,80 eurosDes v<strong>en</strong>ts contrairesOlivier Adaméd de l’Olivier, 20 euros

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