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Zibeline n°26 en PDF

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16 THÉÂTRE JEU DE PAUME | MARTIGUES | ROUSSETDe sil<strong>en</strong>ce et de pluieIl pleut depuis 40 jours, mais la fermefamiliale des Cheutié n’a ri<strong>en</strong> d’unearche. Les quatre frères s’y retrouv<strong>en</strong>t,<strong>en</strong> cette veille de Toussaint qui ti<strong>en</strong>t del’apocalypse. Il y a longtemps que leursroutes s’étai<strong>en</strong>t séparées. Le hasard,les intempéries les rassembl<strong>en</strong>t. Atmosphèrelourde r<strong>en</strong>due par les éclairagesd’Orazio Trotta, clair obscur, pans d’ombres.Les sil<strong>en</strong>ces s’appesantiss<strong>en</strong>t.Les personnages s’affirm<strong>en</strong>t, aiguis<strong>en</strong>tleurs différ<strong>en</strong>ts, leurs rancœurs. Rivalitésd’héritages, partages des bi<strong>en</strong>scertes, mais il est un legs plus dramatique,qu’ignor<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core nos protagonistesaveuglés par le secret de leur naissance,et le rôle véritable de leur pèrep<strong>en</strong>dant la deuxième guerre mondiale.La tragédie affleure dans le drame bourgeois,les actes des morts vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tClamans in deserto...Coup de froid sur Martigues ce jeudi 7janvier ! Était-ce une expéri<strong>en</strong>ce rareet réussie d’interaction sournoisesalle/plateau ? On nous avait prév<strong>en</strong>us«gardez vos manteaux, y a des v<strong>en</strong>ts quicouliss<strong>en</strong>t.» Public clairsemé par leprincipe de précaution météo face à lapièce de Koltès la plus bouillante et laplus vache qui soit : dans Le Retour auDésert on se hait <strong>en</strong> famille <strong>en</strong>trequatre murs, on complote pour fairesauter le bar de l’arabe du coin (débutdes années soixante dans la ville degarnison de l’est de la France où est nénotre auteur) et aussi on a fort à faireavec les rev<strong>en</strong>ants, forcém<strong>en</strong>tprénommés Mathilde.La sœur refoulée arrive d’Algérieréclamer sa part d’héritage et Marie(oui oui), épouse bi<strong>en</strong> morte du frèr<strong>en</strong>e ménage pas ses apparitionsénigmatiques... Catherine Marnassemble trouver dans ce textefoisonnant et dans les conditions de sacréation (au Brésil , dans unedistribution bilingue) un écho à sesréflexions de dame de théâtre sur«l’impureté» fondatrice et fertile, chèreaussi à Koltès : français, portugais etparfois arabe, se doubl<strong>en</strong>t, se crois<strong>en</strong>t,langues proférées par les acteursjumeaux ou projetées sur les grandsmurs mobiles qui dessin<strong>en</strong>t l’ici etl’ailleurs, parfait, parfait… La tragédiese joue dans des affrontem<strong>en</strong>tschorégraphiés à la West Side Story, trèsbi<strong>en</strong>, très bi<strong>en</strong>... Brel et Lili Bonnichepouss<strong>en</strong>t leur vigoureuse et populairechansonnette, bi<strong>en</strong> vu...Cette vulgarité boulevardière restehésitante avec une Mathilde plusCarm<strong>en</strong> que Jacqueline Maillan (pourqui a été créé le rôle) mais pourquoipas... Mais le public ne bronche pas,ne rit pas, frissonne dans l’air glacial ;sur la scène alors ça se dérègle un peu,à peine perceptible, comme quelquechose d’aigrelet, une pointe de pasmûr, de moins de cœur à l’ouvrage. Onsait que c’est pas juste mais c’estcomme ça, le vrai théâtre dép<strong>en</strong>d dessoirs…MARIE-JO DHOLe Retour au Déserta été donné aux Salins les 7 et 8 janv© cie Parnas© Pierre Grosboishanter les personnages qui trouv<strong>en</strong>tdes échappatoires diverses. Les cadavresde bouteilles <strong>en</strong>vahiss<strong>en</strong>t le plateau, etJean-Pierre Darroussin campe superbem<strong>en</strong>tun solitaire aigri, bougon,frustre, taciturne, qui ne cesse delancer des piques amères à ses frères,Pascal Elso, fébrile, ne sachant àquelle femme se vouer, Patrick Bonnel,aux jeux de jambes excessifs, PhilippeRisler, le plus jeune, qui porte <strong>en</strong>lui, innocemm<strong>en</strong>t, le nœud de latragédie. La belle Flor<strong>en</strong>ce Payrospermettra la réitération du crime fondateur.Sur le canevas tragique de lapièce se tisse aussi une satire quidénonce les dérives mafieuses desfamilles à la tête de certaines régions.Le texte d’Alain Gautré, magnifiquem<strong>en</strong>técrit, se met au service de cessil<strong>en</strong>ces au cœur desquels tant de faitsse dissimul<strong>en</strong>t. Qualités remarquables,qui font regretter le manque de rythmeet d’allant de l’<strong>en</strong>semble, les sil<strong>en</strong>cesn’étai<strong>en</strong>t pas toujours habités : il n’yeut que de rares mom<strong>en</strong>ts de grâce.MARYVONNE COLOMBANILa Chapelle <strong>en</strong> Brie a été jouédu 15 au 19 décau Jeu de Paume, AixDe la modernitédu PithécanthropeMettre <strong>en</strong> scène, seul, lelivre désopilant de Lewissur l’évolution, Pourquoi j’aimangé mon père, t<strong>en</strong>aitd’une sorte de pari que l’onpouvait croire impossible.En fait, par l’intellig<strong>en</strong>te mise<strong>en</strong> scène de Patrick Lavalet la prés<strong>en</strong>ce extraordinairede Dami<strong>en</strong> Ricour,l’humour de l’ouvrage estparfaitem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>du. Pour© X-D.R.introduire le propos, ErnestGrass<strong>en</strong>troope, confér<strong>en</strong>cier, évoque l’évolution du paléolithique inférieur. Lascène du tableau de l’évolution donne le ton du spectacle : Dami<strong>en</strong> Ricour se transforme<strong>en</strong> homme du paléolithique, devi<strong>en</strong>t tour à tour le père, les fils, la mère, l’oncleVania, la belle et piquante Griselda, passant de l’un à l’autre avec une aisancestupéfiante. Ainsi dans le même mouvem<strong>en</strong>t de marche, il peut incarner quatrepersonnages à la fois.Que dire des bruitages ? (Non ! pas de bande son ! le comédi<strong>en</strong> produit tout !). Lataille des pierres, la chasse au mammouth, sont des morceaux d’anthologie ! MadamePithécanthrope peut fredonner avec ses lèvres protubérantes et son délicieuxbalancem<strong>en</strong>t «quel bonheur d’avoir un mari bricoleur», l’oncle Vania proche dugibbon clamer «back to the trees», nous suivons avec bonheur toutes les av<strong>en</strong>turesde ces «martyrs du progrès» qui «jou<strong>en</strong>t avec le feu». Quel passage drolatique<strong>en</strong>core que celui, historique, où le mot est attribué à la chose ! Et si «ce n’est pasla beauté qui va sauver le monde», comme l’affirme le père devant les œuvres deson fils, l’humour certainem<strong>en</strong>t le fera !MARYVONNE COLOMBANIPourquoi j’ai mangé mon père a été joué au Théâtre de Rousset le 14 janv

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