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Zibeline n°26 en PDF

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LA CRIÉE | LE MERLAN THÉÂTRE 15Merci à la Criée et au Merlan d’avoir conçu une programmation aussi intellig<strong>en</strong>te :les quatre pièces de Pippo Delbono se répond<strong>en</strong>t et se complèt<strong>en</strong>t, laissant <strong>en</strong>fin percevoirla variété d’une œuvre, et son unité pourtant, fondée sur une révolte intacte et une empathieconfondante. Seule frustration : le peu de places offertes au public…Ecce PippoSoirée d’ouverture, unique à plus d’untitre. Les Récits de juin, loin d’être unsimple stand up assis, éclair<strong>en</strong>t magistralem<strong>en</strong>tle travail de Pippo Delbonoet ont constitué une remarquableintroduction aux spectacles suivants.Pippo, sa vie, son œuvre… Ce pourraitêtre le titre de ces récits égr<strong>en</strong>ésp<strong>en</strong>dant 1h30 : histoires de famille,naissance de la vocation, passion etmaladie, r<strong>en</strong>contres, avec Pepe, avec Bobo… Delbono revi<strong>en</strong>t sur les grands mom<strong>en</strong>tsde son exist<strong>en</strong>ce, avec un humour décapant et une rage de vivre communicative. Ilmontre là, sur un plateau presque vide, comm<strong>en</strong>t chacun de ces mom<strong>en</strong>ts a nourrison humanité, et la création de cette œuvre si atypique, <strong>en</strong> croisant récits de vie etlecture ou déclamation de textes. Lui qui veut «faire de la vie un théâtre» donne defait un brillant échantillon d’art dramatique, rappelant que cet art est avant toutcelui de l’incarnation. Une voix, un corps, qui se cri<strong>en</strong>t, qui se montr<strong>en</strong>t, qui se donn<strong>en</strong>tau spectacle… et auxquels on reste susp<strong>en</strong>du.FRED ROBERTRécits de Juin a été vu à la Criée le 5 janvJour de colère© Jean-Louis FernandezÀ mort, Amorrr…Une chambre de l’esprit, une chambredes rêves. L’ultime att<strong>en</strong>te. Pippo Delbonot<strong>en</strong>te avec Questo buio feroceune échappée dans cet <strong>en</strong>tre-deuxmystérieux et tant redouté, cet instantoù l’on passe de vie à trépas. Sur unescène comme maculée de blanc, despersonnages aux corps troublants habit<strong>en</strong>tles instants de cette méditation.Sobre mais pourtant explosif, le décor<strong>en</strong>voûte tant il acc<strong>en</strong>tue tout ce qui s’yjoue, tout ce qui s’y trouve, comme cescostumes magnifiquem<strong>en</strong>t carnavalesqueset fellini<strong>en</strong>s.Avec peu de mots maisbeaucoup de douleur et de joie pures,des formes apparaiss<strong>en</strong>t au détour d’uncarnaval macabre, d’une crucifixion oud’une danse. Le spectacle est d’uneinfinie beauté, d’une force incroyable, iljoue sur des contrastes imp<strong>en</strong>sablesoù les contraires définis par notre culturese côtoi<strong>en</strong>t dans une merveilleusedisgrâce. Ce qui devrait déranger donnedes frissons d’émotion, ce qui devraiteffrayer nous ravit et nous apaise.Monsieur Delbono et ses acteurs ontle génie de se donner à aimer au borddu gouffre.CLARISSE GUICHARDQuesto buio ferocea été vuau Gymnase les 6et 7 janv© Agnès MellonL’<strong>en</strong>fance de l’art : j’<strong>en</strong>fourche mon balai,à dada-à dada, je pars à la guerre, jeles tue tous et au passage, je réinv<strong>en</strong>tele théâtre. État de grâce pour cet opusmodeste -à peine 1h10 de tragédietirédu cœur de l’H<strong>en</strong>ri V de Shakespearepar un Pippo Delbono travaillé icipar l’ess<strong>en</strong>tiel. Que veul<strong>en</strong>t les rois,même ceux à couronne de galette ? Dudivertissem<strong>en</strong>t, c’est bi<strong>en</strong> connu et quoide mieux pour cela que la France avecses beaux champs de bataille (là flonflons,farandoles, lampions, élégancedéliée du pays dont on a toujours unecertaine idée) ! Azincourt sinon ri<strong>en</strong> !Pippo-Enrico (dieu que c’est beau Shakespeare<strong>en</strong> itali<strong>en</strong>) trépigne, éructe,gros bébé <strong>en</strong> rangers saisi par la démesuresur les planches usées du théâtrede la guerre : deux acteurs et une petitetroupe de figurants inspirés font et défontdans l’ombre et la lumière, le noirdes costumes et le blanc de la chair, lesarabesques et les figures du combat ;sil<strong>en</strong>ce, l<strong>en</strong>teur déployée ou fureur de lamusique sacrée install<strong>en</strong>t avec une simplicitéqui va droit au cœur le requiemcorps mêlés ; cris muets de la boucheconvulsée du roi, cavalier-cheval à l’év<strong>en</strong>tailsanglant et macabre géométrie descorps à terre dis<strong>en</strong>t le prix à payer pourla victoire. C’est tout. Les morts se relèv<strong>en</strong>tcomme au théâtre mais ils sontfatigués...MARIE-JO DHOEnrico V a été joué au Merlandu 9 au 12 janv© Agnès MellonJusqu’à l’osLa M<strong>en</strong>zogna, dernière création de Pippo Delbono, est une sorte de quintess<strong>en</strong>ceun peu ratée de son théâtre : les temps morts sont interminables, la musique estbalancée trop fort de peur que l’émotion s’échappe, les tableaux se succèd<strong>en</strong>tsans dialectique ni rythme interne, simplem<strong>en</strong>t apposés. Bi<strong>en</strong> sûr au Gymnase ledécor <strong>en</strong> échafaudage cachait bi<strong>en</strong> des choses, empêtrait le mouvem<strong>en</strong>t. Iln’empêche, par mom<strong>en</strong>ts c’est construit vraim<strong>en</strong>t light, on y compte les corps quipass<strong>en</strong>t, les répétitions. Et puis par mom<strong>en</strong>ts voilà que ça vous happe, l’effroi,l’émotion, celle si vraie, criante, qui transpire de cette troupe bancale et sublimesi profondém<strong>en</strong>t humaine, compassionnelle, révoltée. Quelque chose au fond quin’a ri<strong>en</strong> à voir avec le théâtre mais avec la vie, avec ce que l’on éprouve face à lasouffrance, la mort, face à l’immonde aussi, la guerre capitaliste, la décad<strong>en</strong>ce desclasses dominantes, la domination sexuelle, le voyeurisme, Jérôme Bosch, lescorps qui brûl<strong>en</strong>t vifs et se tord<strong>en</strong>t. La mise à nu est là, la vie. Ou l’ess<strong>en</strong>ce duthéâtre peut-être, une© Agnès Mellonimm<strong>en</strong>se et irrépressiblecatharsis qui nouspermettrait <strong>en</strong>fin de voirla souffrance du mondeet, <strong>en</strong> pleurant, del’éteindre.AGNÈS FRESCHELLa M<strong>en</strong>zogna a étéjoué au Gymnasedu 14 au 17 janv

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