13.07.2015 Views

Cahier spécial Mouvement - Centre culturel suisse

Cahier spécial Mouvement - Centre culturel suisse

Cahier spécial Mouvement - Centre culturel suisse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

THOMAS HIRSCHHORN.Empêcheur de tourner en rond,Thomas Hirschhorn pratiqueson art dans tous les espacespossibles et considère la questionde l’institution artistique commecaduque. Monuments éphémères,sculptures précaires, interventionsdirectes… Thomas Hirschhornutilise des matériaux du quotidienet construit ses œuvres commedes interpellations politiques.(Photo de Thomas Hirschhorn,tirée de l’exposition Swiss-SwissDemocracy, 2004)BIOGRAPHIE / NÉ ÀGENÈVE EN 1944, APRÈS UNE FORMATION D’ARCHITECTE, DANIEL DEROULET DEVIENT INFORMATICIEN. DEPUIS 1997, IL SE CONSACRE À L’ÉCRITURE. IL ARÉCEMMENT PUBLIÉ L’ENVOL DU MARCHEUR (LABOR ET FIDES, 2004), L’HOMME QUITOMBE (BUCHET CHASTEL, 2005), CHRONIQUE AMÉRICAINE (METROPOLIS, 2005).questions. Peut-on déjà enterrer toute référencenationale ? La conscience de chaque artiste est-elle asseznomade pour pouvoir se passer de la maison commune quereprésentait la nation ? Dans la mondialité qui est l’état présentde la planète, l’art croît-il hors sol ?Comme quelques autres pays, la Suisse ne s’étaitconstruite ni pour défendre une langue ni pour honorer uneimpératrice ou un président. Elle était issue d’une volontépolitique de réunir plusieurs cultures. Quant à eux, lesartistes peuvent se passer d’un discours national, secontenter de légèreté, voire de dérision. Mais l’Etat national,lui, ne peut se passer d’un discours <strong>culturel</strong>. Il ne sauraitfaire l’économie de la sauvegarde du patrimoine au fondd’une bibliothèque et d’un musée, fussent-ils nationaux.Sans la culture vivante, il programme sa propre dissolution.C’est peut-être ce qui a commencé. Tout en douceur, sanscrispation, avec une autodérision quasi belge.En 1968, dans l’heureuse Helvétie frigorifiée, rien ne s’étaitpassé. Quelques banderoles, quelques uniformes policiersdéfraîchis, mais pas de nouvelle Résistance à la française etpas de fraction armée rouge clandestine à l’allemande.Mais en 1980, quand plus personne ne s’y attendait, est néchez la jeunesse zurichoise un mouvement de révolte d’unebelle intensité. Vite réprimé par les forces dites de l’ordre.Ce mouvement-là, contre la guerre froide, n’imitait pasl’action gauchiste, c’était un élan pour une autre vie, avec debeaux slogans, taillés sur mesure. Son journal s’appelaitBrise-glace, Zurich était la banquise et sa devise : « Rasezles Alpes qu’on voie la mer ». Vingt-cinq ans plus tard, cetteexigence maximale va s’exaucer. Sous le massif alpin, deuxgigantesques tunnels sont en construction. L’un auGothard, record mondial de 57 km, l’autre dans le prolongementdu Simplon. A travers eux, les trains qui relientl’Europe du Nord au Sud passeront comme l’éclair. LaSuisse sera court-circuitée. En moins de temps qu’il n’enfaut pour s’en plaindre. La vue se dégagera en direction dela mer. Et le pays sera enfin tel que ses dissidents l’ont toujoursrêvé : impertinent jusqu’à l’évanescence.Daniel de Roulet

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!